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8 juin 2015 1 08 /06 /juin /2015 19:43

Revers de l’AKP en Turquie aux élections législatives (Reuters)

Le projet du président turc, Recep Tayyip Erdogan, de renforcer ses pouvoirs apparaît compromis, son parti, l'AKP, ayant perdu sa majorité absolue au parlement, selon les résultats quasi définitifs des élections législatives publiés Dimanche 7 Juin 2015.

Recep Tayyip Erdogan, dirigeant le plus populaire de Turquie, mais aussi le plus controversé, avait dit avant le scrutin espérer une victoire massive pour l'AKP, de façon à pouvoir faire voter une modification de la constitution et transformer le régime parlementaire en place en Turquie en régime présidentiel.

Mais, au lieu de cela, pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir il y a près de treize ans, l'AKP ne sera plus en mesure de gouverner seul. Il devrait ainsi entamer des négociations en vue de former une coalition, tâche qui ne s'annonce guère aisée face à la réticence des partis d'opposition à s'associer avec l'AKP.

Certains n'excluent pas la possibilité de nouvelles élections en cas de blocage.

Après dépouillement de quatre-vingt-dix-huit pour cent des bulletins de vote, le parti pour la justice et le développement (AKP) aurait remporté 40,8% des suffrages, selon la chaîne de télévision CNN Turk, contre 49,8% lors du précédent scrutin.

« Tout le monde devrait voir que l'AKP est le vainqueur de ces élections. Personne ne devrait essayer de transformer une élection perdue », a déclaré le premier ministre, Ahmet Davutoglu, tâchant de faire bonne figure devant des milliers de militants AKP.

La période d'incertitudes qu'ouvrent, a priori, ces élections ont fait plonger la lire turque à plus bas record face au dollar. La devise a perdu plus de quinze pour cent contre le billet vert en raison de l'anticipation d'une telle période.

Le ralentissement de la croissance, la hausse du chômage et la progression de l'endettement des particuliers sont vraisemblablement les causes principales du revers de l'AKP

JOIE DES KURDES

Mais pour les kurdes, qui se sont précipités dans les rues de Diyarbakir, leur bastion du sud-est de la Turquie, en faisant aller des feux d'artifice et en agitant des drapeaux, le scrutin est une grande source de joie.

Le parti démocratique des peuples (HDP) pro-kurde fait son entrée pour la première fois à la grande assemblée nationale de Turquie, le parlement mono caméral, en passant le seuil des dix pour cent des suffrages nécessaires.

Le HDP, crédité d'environ treize pour cent des voix, espère obtenir quatre-vingt sièges sur les cinq cent cinquante que compte l'assemblée, a dit un de ses élus, Sirri Surreya Onder.

Le parti pro kurde a exclu de former un gouvernement de coalition avec l'AKP par la voix de son co-chef de file, Selahattin Demirtas. Celui-ci a également estimé que les résultats des élections mettaient fin au débat sur la mise en place d'un système présidentiel. « Le débat sur la présidence exécutive et la dictature a pris fin en Turquie avec ces élections », a déclaré Selahattin Demirtas lors d'une conférence de presse à Istanbul.

Les résultats partiels montrent que le HDP a réussi à élargir son électorat au-delà des sympathisants de la cause kurde vers le centre gauche et les laïques déçus par Recep Tayyip Erdogan.

La percée du HDP est endeuillée par un attentat qui a fait deux morts et deux cent blessés vendredi lors d'un de ses meetings électoraux à Diyarbakir.

ÉLECTIONS ANTICIPÉES

Bien que la loi fondamentale demande au chef de l’état de rester au-dessus des partis, Recep Tayyip Erdogan n'a pas ménagé ses efforts pour convaincre les électeurs de la nécessité de la réforme constitutionnelle, n'hésitant pas à adopter un ton conflictuel pendant la campagne.

Le revers électoral de l'AKP est aussi celui du premier ministre, Ahmet Davutoglu.

Les deux hommes avaient présenté le scrutin comme un choix entre une « nouvelle Turquie » et un retour à une histoire marquée par des gouvernements de coalition de courte durée, l'instabilité économique et des coups d’état d'une armée dont l'influence a été endiguée par Recep Tayyip Erdogan.

Selon les résultats donnés par CNN, les laïques du parti républicain du peuple (CHP), parti de la gauche kémaliste, seront à nouveau le deuxième groupe à l'assemblée, ayant obtenu environ un quart des suffrages.

Le président du CHP pour Istanbul, Murat Karayalcin, a déclaré que les résultats du scrutin étaient un « non clair » à la présidentialisation du régime voulue par Recep Tayyip Erdogan.

Le parti d'action nationaliste (MHP), parti d’extrême droite, souvent considéré comme partenaire le plus probable de l'AKP s'il devait former une coalition, a obtenu près de seize pour cent des suffrages.

Son chef de file, Devlet Bahceli, a toutefois fermé la porte à tout accord avec l'AKP, déclarant que la Turquie devait organiser de nouvelles élections si le parti au pouvoir se révélait incapable de former une coalition avec d'autres partis d'opposition.

Un haut responsable de l'AKP a de son côté estimé qu'un gouvernement de coalition avec le MHP était improbable et que l'AKP préférait gouverner seul et tenterait de retrouver des soutiens en prévision d'un nouveau scrutin anticipé.

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