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22 février 2008 5 22 /02 /février /2008 22:29
Kosovo/indépendance: la tension monte après une nuit de violences à Belgrade
 
BELGRADE (AFP)
 
La tension est montée d'un cran après de violentes émeutes à Belgrade, vivement condamnées par les Occidentaux, et qui ont fait un mort et une centaine de blessés après un rassemblement de masse contre l'indépendance du Kosovo.
 
Un corps carbonisé qui n'avait pas été identifié vendredi matin a été retrouvé à l'ambassade des Etats-Unis, une des principales cibles des émeutiers. L'ambassade a précisé qu'il ne s'agissait pas d'un de ses employés.
 
Les saccages qui ont duré plusieurs heures ont fait 118 blessés dont 30 policiers, alors que trois blessés étaient toujours hospitalisés, selon des sources hospitalières.
 
Des hooligans encapuchonnés, ont provoqué un incendie à l'ambassade américaine, puis s'en sont pris à d'autres missions diplomatiques occidentales, attaqué des restaurants McDonalds et brisé de nombreuses vitrines.
 
Washington et Bruxelles ont rapidement condamné les violences de même que le Conseil de sécurité de l'ONU, qui a rappelé le principe de l'inviolabilité des missions diplomatiques.
 
Le diplomate en chef de l'Union européenne (UE) Javier Solana a averti vendredi que les négociations sur un accord d'association entre la Serbie et l'UE ne pourraient reprendre dans un climat de violence.
 
Cette mise en garde risque de mettre en difficulté le président serbe Boris Tadic qui, malgré son opposition à l'indépendance du Kosovo, est resté favorable à l'intégration de son pays à l'UE.
 
Absent du grand rassemblement de jeudi, M. Tadic avait rapidement appelé au calme à son retour d'une visite en Roumanie, un des pays de l'UE qui refuse de reconnaître le nouvel Etat kosovar.
 
Mais la colère serbe contre l'indépendance du Kosovo a provoqué une vive tension dans les Balkans.
 
Les Serbes bosniaques ont en effet plongé la Bosnie dans l'incertitude en proclamant qu'ils avaient le droit, à terme, de faire sécession, si l'ONU et une majorité des pays de l'UE reconnaissaient l'indépendance du Kosovo.
 
Quelques rares hommes politiques serbes s'interrogeaient sur la réaction tardive de la police qui n'avait pas pris la précaution de protéger à l'avance les ambassades occidentales, alors qu'elles ont déjà été la cible d'émeutiers.
 
Belgrade considère les Occidentaux, Etats-Unis et UE en tête, comme les instigateurs de l'indépendance kosovare, proclamée dimanche dernier.
 
Des commerçants constataient horrifiés vendredi matin les dégâts de la veille alors que des dizaines de magasins ont été dévastés dans le centre de Belgrade.
 
"Ils ont tout volé. Ce n'étaient pas des enfants en colère, mais des monstres", disait devant sa boutique, Dragan, 58 ans. "Ils ont anéanti l'image positive que nous pouvions encore avoir", ajoutait-il.
 
Mais une femme de 50 ans se félicitait des émeutes: "Ils auraient dû faire encore plus de dégâts. L'Occident veut faire de nous des esclaves", déclarait-elle.
 
"Acte de barbarie au centre de Belgrade", a titré le quotidien indépendant Danas.
"Belgrade en flamme, du sang dans la rue", barrait la Une du tabloïde Kurir.
 
Les émeutes sont intervenues après un rassemblement monstre de plus de 150.000 personnes contre l'indépendance, ponctué de discours enflammés.
 
"Le peuple nous demande de donner notre parole : tant que nous sommes en vie le Kosovo est la Serbie", a déclaré le Premier ministre nationaliste, Vojislav Kostunica.
 
"S'il n'y a pas de Kosovo, il n'y aura pas non plus de Serbie", a renchéri l'ultranationaliste Tomislav Nikolic, dont le Parti radical reçoit un écho de plus en favorable dans le public.
 
M. Nikolic a interpellé l'Europe pour qu'elle reconsidère sa position vis à vis du Kosovo.
"Les Serbes peuvent pardonner quand ils ont quelqu'un à pardonner. Mais s'il n'y a personne, alors il n'y a pas de pardon", a-t-il dit.
 
"Les ultranationalistes sont derrière les violences", a accusé le chef du Parti libéral démocrate, Cedomir Jovanovic, pratiquement le seul homme politique serbe favorable à l'indépendance du Kosovo.


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