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7 mai 2008 3 07 /05 /mai /2008 20:29

Envoyé par Karel Kostal de Grenoble, une motion du congrès de Toulouse (1908) d'un parti qui était socialiste:

 

 

Motion d’unanimité du Congrès de Toulouse en octobre 1908

 

 

 

Cette motion dont le rapporteur fut Jean Jaurès -le style de la rédaction du texte porte effectivement bien sa marque- a été votée par 325 voix contre une abstention…Elle fut affichée dans tout le pays à l’issue du congrès !

 

«  Le Parti socialiste, parti de la classe ouvrière et de la Révolution sociale, poursuit la conquête du pouvoir politique pour l’émancipation des prolétaires par la destruction du régime capitaliste et la suppression des classes.

 

Il rappelle sans cesse au prolétariat, par sa propagande, qu’il ne trouvera le salut et l’entière libération que dans le régime collectiviste ou communiste ; il porte cette propagande dans tous les milieux pour susciter partout l’esprit de revendication et de combat. Il amène la classe ouvrière à un effort quotidien, à une action continue pour améliorer ses conditions de vie, de travail et de lutte, pour conquérir des garanties nouvelles, de nouveaux moyens d’action.

 

Précisément parce qu’il est un parti de révolution, précisément parce qu’il n’est pas arrêté  dans sa revendication incessante par le droit, périmé à ses yeux, de la propriété capitaliste et bourgeoise, il est le parti le plus essentiellement , le plus activement réformateur, le seul qui puisse donner à chacune des revendications ouvrières son plein effet, le seul qui puisse faire toujours de chaque réforme, le point de départ et le point d’appui de revendications plus étendues et de conquêtes plus hardies ; et quand il signale à la classe ouvrière, avec l’utilité, la nécessité, la bienfaisance de chaque réforme, les limites que lui impose le milieu capitaliste même, ce n’est pas pour le détourner de l’effort immédiat de réalisation, c’est pour l’amener à conquérir des réformes nouvelles et pour lui rendre toujours présente et sensible, jusque dans l’effort incessant d’amélioration, la nécessité de la réforme totale, de la transformation décisive de la propriété.

 

Cette transformation est préparée par le mouvement même des forces productives.

 

L’évolution du mode de production capitaliste, son extension à toutes les parties du monde, l’accumulation et la concentration des capitaux, les progrès de l’outillage et de la technique mettant à la disposition de l’humanité des forces de production capables de pourvoir largement à tous ses besoins, rendent possible l’émancipation de la classe salariée par la reprise de tous les moyens de production et d’échange, qu’elle met en œuvre actuellement pour le profit d’une petite minorité d’individus et qui seront alors collectivement appliqués à la satisfaction des besoins de la collectivité.

 

Parallèlement  à ce mouvement des forces productives, doit se développer un immense effort d’éducation et d’organisation du prolétariat.

 

C’est dans cet esprit que le Parti socialiste reconnaît l’importance essentielle de la création et du développement des organismes ouvriers de lutte et d’organisation collective (‘syndicats, coopératives, etc.), éléments nécessaires à la transformation sociale.

 

Pour ces combats, pour ces conquêtes, le Parti socialiste emploie tous les moyens d’action, en en réglant l’usage par la volonté réfléchie d’un prolétariat fortement organisé.

 

Le prolétariat progresse et se libère par son effort direct, par son action directe, collective et organisée, sur le patronat et les pouvoirs publics, et cette action directe va jusqu’à la grève générale employée à la défense des libertés ouvrières menacées, à de grandes revendications ouvrières, et à tout effort d’ensemble du prolétariat organisé en vue de l’expropriation capitaliste.

 

Comme toutes les classes exploitées au long de l’histoire, le prolétariat affirme son droit de suprême recours à la force insurrectionnelle ; mais il ne confond pas avec ces vastes mouvements collectifs qui ne peuvent surgir que de l’émotion générale et profonde du prolétariat, des escarmouches où les travailleurs se jetteraient à l’aventure contre les forces de l’Etat bourgeois.

 

Il s’applique d’un effort délibéré, constant, à la conquête du pouvoir politique, il oppose à tous les partis de la bourgeoisie, à leurs programmes ou rétrogrades, ou vagues, ou fragmentaires, la pleine affirmation collectiviste et communiste et l’effort incessant de libération du prolétariat organisé, et il considère comme un devoir essentiel de ses militants de travailler, par l’action électorale, à accroître la puissance parlementaire et législative du socialisme. »

 

 

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