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9 juin 2008 1 09 /06 /juin /2008 20:21
Les Palestiniens critiquent les liens renforcés UE-Israël


LE MONDE | 07.06.08 | 14h19  •  Mis à jour le 07.06.08 | 14h19


JÉRUSALEM CORRESPONDANCE


  Le projet de renforcement des relations entre l'Union européenne (UE) et l'Etat d'Israël, qui doit être débattu lors du prochain conseil des ministres des affaires étrangères des Vingt-Sept, prévu le 16 juin à Luxembourg, se heurte à l'opposition résolue de l'Autorité palestinienne. Dans une lettre envoyée en mai, le premier ministre palestinien, Salam Fayyad, exhorte ses homologues européens à rejeter cette initiative "jusqu'à ce qu'Israël se conforme aux lois internationales et aux droits de l'homme, y compris par le gel de la colonisation".


Initié en mars 2007, à la demande de la ministre des affaires étrangères israélienne Tzipi Livni, ce projet s'intègre dans la politique dite "de voisinage" de l'UE. Il vise à aboutir à une révision à la hausse de l'accord d'association signé en 2000, qui définit le cadre de la coopération entre les deux partenaires. Cette ambition pourrait se traduire par une intégration renforcée d'Israël dans le marché unique et les institutions européennes (présence des ministres israéliens dans les conseils européens, participation d'experts israéliens dans l'ensemble des programmes et des groupes de travail européens), ce qui équivaudrait à conférer à l'Etat juif un statut de quasi-membre de l'UE.


Toujours au stade de la réflexion, ce projet pourrait être, sinon adopté, du moins conforté lors de la réunion du Conseil d'association Israël-UE du 16 juin. Tzipi Livni, qui a fait de ce dossier son cheval de bataille, table sur l'impact conjugué des soixante ans d'Israël et de la présidence française de l'Union européenne, effective à partir du 1er juillet, pour conclure les négociations d'ici à la fin de l'année. Soutien déclaré de l'Etat hébreu, le président français, Nicolas Sarkozy, doit d'ailleurs effectuer une visite dans ce pays entre le 22 et le 24 juin prochain.


Or pour les responsables palestiniens, cette promesse de relations renforcées s'apparente à une récompense indue. Après avoir rappelé que l'un des principes de la politique de voisinage est d'inciter ses bénéficiaires à respecter les droits de l'homme, Salam Fayyad dresse dans sa lettre un rapide relevé des violations israéliennes dans ce domaine, depuis la conférence d'Annapolis, en novembre 2007, qui était censée relancer le processus de paix au Proche-Orient : lancement d'appel d'offres pour 847 nouvelles habitations dans les colonies ; hausse du nombre des barrages routiers en Cisjordanie, qui dépasse désormais 600 ; démolition de 185 bâtiments... "Si l'UE renforçait ses relations avec Israël, écrit le premier ministre palestinien, (...) elle se priverait d'un outil important pour pousser le processus de paix en avant et elle mettrait en péril sa capacité à jouer le rôle politique actif dont la région a besoin."



UN RETARD "TECHNIQUE"



Le lobbying de l'Autorité palestinienne a déclenché les foudres des autorités israéliennes. "Un tel comportement ne fait de bien à personne et mine la confiance dans le processus de paix", a déclaré Mark Regev, le porte-parole du premier ministre Ehoud Olmert. Le gouvernement israélien aurait-il été tenté d'utiliser l'arme financière pour faire taire les critiques ? C'est ce que sous-entendent des responsables palestiniens, alertés par le fait qu'au début de ce mois, contrairement aux précédents, Israël n'avait pas reversé dans les coffres de l'Autorité palestinienne le produit des taxes d'importations qu'il collecte en son nom.


De février 2006 à juillet 2007, le gouvernement israélien avait gelé le transfert de ces sommes qui financent une large partie du budget palestinien, afin de faire pression sur le gouvernement contrôlé par le Hamas après sa victoire aux élections législatives. Aujourd'hui, le cabinet d'Ehoud Olmert évoque un simple retard "technique" et promet que l'argent sera rapidement disponible. De sources concordantes, il semblerait que Bruxelles soit intervenu à ce sujet auprès des autorités israéliennes. "Si un problème technique se résout par une intervention politique, cela tendrait à prouver que le problème en question n'était pas si technique que cela", sourit un diplomate étranger.



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