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28 novembre 2009 6 28 /11 /novembre /2009 21:03

http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/11/25/jeudi-noir-ou-les-squatteurs-surdiplomes-de-la-place-des-vosges_1271827_3224.html


Jeudi noir ou les squatteurs surdiplômés de la place des Vosges

LE MONDE | 25.11.09 | 14h04  •  Mis à jour le 25.11.09 | 20h09

En voisin de la très chic place des Vosges dans le quatrième arrondissement de Paris, Jack Lang n'a pas été le dernier pour les assurer de son soutien. Depuis qu'ils occupent un hôtel particulier du dix septième siècle, vidé en 1963, le collectif Jeudi noir a vu se presser les élus de tous bords.

Mardi 24 novembre, c'était au tour de Cécile Duflot, candidate Europe Ecologie en Ile-de-France pour les élections régionales, de venir saluer les squatteurs de la demeure historique, lieu de naissance de la marquise de Sévigné. Mme Duflot, qui accueille sur sa liste Augustin Legrand, porte-parole des Enfants de Don Quichotte, a salué, à cette occasion, "le courage et l'engagement" de ces jeunes.

Du NPA d'Olivier Besancenot jusqu'à l'UMP, le collectif "des galériens du logement", créé en 2006 pour dénoncer le mal-logement et la flambée des prix des loyers, est soigné par les politiques. "Plusieurs élus nous ont carrément proposé d'installer une permanence au sein du squat. Il n'en est pas question", explique Stéphane Roques, installé depuis le 27 octobre sous les plafonds peints de "la Marquise".

Jeunes, non violents, défendant avec humour des causes qui dépassent les clivages politiques, ses militants ont compris comment attirer la sympathie des élus, de l'opinion publique, et l'intérêt des médias. "Nous sommes de très bons clients, loin de l'image des squatteurs "punks à chien"", reconnaît Manuel Domergue, 28 ans, cofondateur du collectif. Diplômé du Centre de formation des journalistes et de Sciences Po Paris, le jeune homme, avant de se lancer dans les visites festives et impromptues de chambres de bonnes ou la réquisition de logements vacants, s'est bagarré contre l'abus de stages à travers Génération précaire. Avec Julien Bayou, Lionel Primault, Leïla Chaibi, ils forment une petite bande de militants, à l'origine de plusieurs collectifs.

Beaucoup des 200 sympathisants qui gravitent autour d'eux sont non encartés, les autres sont issus de tout le spectre de la gauche. Au fil des années, les convictions politiques des cofondateurs se sont, elles, affirmées. Militant Vert, depuis 2004, Manuel Domergue, aujourd'hui journaliste au mensuel Alternatives économiques, a été assistant parlementaire du sénateur Jean Desessard du même parti. Julien Bayou et Lionel Primault, après avoir fondé une coopérative de communication pour des ONG et des syndicats, se sont présentés sur la liste d'Europe Ecologie aux élections européennes.

Non élus, ils vont bientôt travailler avec une de leurs amies de Jeudi noir, Karima Delli, élue euro-députée au côté de Daniel Cohn-Bendit. Cette "branche verte" a créé, en avril 2008, le collectif Sauvons les riches contre les inégalités de revenus. Leïla Chaibi, diplômée de l'Institut d'études politiques de Toulouse, a fondé de son côté, le collectif l'Appel et la pioche contre la baisse du pouvoir d'achat, au sein du NPA.

Malgré leurs différences politiques, la plupart des "anciens" militent toujours ensemble au sein de Jeudi noir, même s'ils sont moins présents sur le terrain. "La relève est assurée", affirme Manuel Domergue. Stéphane, Solène ou Raphaël, qui occupent l'hôtel particulier de la place des Vosges ont été formés aux techniques du "sous-marin", qui consistent à occuper un bâtiment pendant au moins quarante-huit heures sans se faire remarquer - ce délai permet ensuite de ne plus être expulsé manu militari - ou encore au système "RPR" (réquisition, préemption, récupération, dans le jargon de Jeudi noir).

Stéphane Roques, traducteur littéraire, qui a un peu le "rôle d'intendant en chef" à "la Marquise", ne revendique aucune étiquette politique. Solène, étudiante au conservatoire de Paris, "au départ plutôt proche des idées du NPA ", a un peu changé depuis qu'elle s'est engagée dans Jeudi noir. "Au-delà des clivages politiques, je vois que l'on peut agir concrètement", explique-t-elle.

Libertaire - "mais c'est plus une philosophie" -, Raphaël, en master d'urbanisme, assure que les débats politiques ne sont de toute façon pas au coeur du quotidien de la trentaine d'étudiants et de jeunes travailleurs qui vivent dans le bâtiment. "Nous passons plus de temps à voir comment on peut faire respecter les règles de la vie en commun, à discuter sur nos moyens d'action, qu'à rêver au grand soir."





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