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7 mars 2010 7 07 /03 /mars /2010 17:58

http://www.palestine-solidarite.org/dossier.Irak.Gilles_Munier.020310.htm


http://www.france-irak-actualite.com/article-piege-electoral-en-irak-45892688.html

Piège électoral en Irak

Gilles Munier

Le 7 mars prochain, les Irakiens auront le choix entre voter pour des candidats manipulés par l’Iran ou la CIA - à quelques exceptions près bien sûr - … ou s’abstenir. La chasse aux patriotes lancée par le Comité pour l’Intégrité et la Justice (CIJ) – pro-iranien - a relégué au second plan les préoccupations des Irakiens que sont la double occupation du pays, l’insécurité, la corruption et la misère. Le scrutin ne sera ni plus démocratique ni plus légitime que la mascarade électorale de janvier 2005 (1).

Le CIJ qui a rayé des listes électorales plus de 511 candidats et 14 partis politiques soupçonnés de sympathie envers le parti Baas (2), mène campagne pour purger la société de tous ceux qui rappellent l’époque de Saddam Hussein. Qui sait que plus de la moitié des candidats interdits de se présenter aux législatives sont « chiites », comme le sont la plupart des dirigeants désignés par le jeu de cartes du Pentagone (3)? En Irak, le chiisme n’est pas menacé, quoi qu’en disent les agents de Téhéran. Seules sont en cause les pratiques introduites à partir du 16ème siècle dans le chiisme duodécimain par la dynastie perse safavide, qui permettent aux mollahs khomeynistes d’instrumenter les adeptes de leur secte pour exporter leur « révolution » (4). Ainsi, dans le sud du pays, majoritairement chiite, des conseils provinciaux ont créé leur propre comité pour exclure les fonctionnaires chiites qui ne se plient pas aux desiderata des partis pro-iraniens au pouvoir.

Saleh al-Mutlaq (5), principalement visé par l’Iran, avait le tort de diriger le Front du dialogue national, dont les membres sont issus de toutes les couches sociales, sans distinction d’appartenance religieuse ou ethnique. Le respect que ses prises de position inspire dans le pays donnait un vernis nationaliste à la liste Iraqiya, coalition où il côtoie l’ancien Premier ministre Iyad Allaoui - connu pour son passé baasiste, puis d’opposant pro-occidental à Saddam Hussein (6). Iraqiya est créditée, grâce à Mutlaq, de 22% des suffrages exprimés (7), selon un sondage réalisé pour Al-Hayat. Zafir al-Ani, autre député exclu, porte-parole du Front de l’Accord irakien, avait aggravé son cas il y a quelques mois en s’opposant à l’expulsion des Moudjahidine du Peuple iranien du camp Ashraf.

La débaasification, cocktail américano-israélo-iranien

Le CIJ qui a succédé au Conseil de débaasification créé en 2003 par le gouverneur Paul Bremer, est un organisme conçu avant l’invasion par Salem Chalabi (8), juriste neveu d’Ahmed Chalabi, chef du Conseil national irakien (CNI). Salem était à l’époque très lié à Marc Zell (9), de Zell, Goldberg & Co, « un des cabinets juridiques d’affaires israélien dont la croissance est la plus rapide » (10), avec qui il constitua l’Iraqi International Law Group (IILG) pour introduire les entreprises israéliennes de sécurité sur le marché irakien. Le Conseil de débaasification était dirigé par Ahmed Chalabi et un certain « Jawad » al-Maliki, désigné plus tard Premier ministre sous le nom de Nouri al-Maliki. Selon Ali al-Lami, leur porte-parole… et actuel président du CIJ, 150 000 personnes (professeurs, fonctionnaires, policiers) furent licenciées pour délit d’opinion rien qu’entre mai et septembre 2003.

Après la mise à l’écart des Chalabi - Salem pour l’assassinat de Haithem Fadhil, directeur général du ministère des Finances (11), et Ahmed pour espionnage au profit du Vevak (le service secret iranien), et fabrication de fausse monnaie - « Jawad » al-Maliki relança la campagne anti-bassiste en janvier 2005, juste avant les législatives, en dénonçant la présence de 15 baasistes sur la liste d’Iyad Allaoui (12). Nommé Premier ministre en 1986, il fit voter – non sans difficultés - une nouvelle loi sur la débaasification en prétendant qu’elle faciliterait la « réconciliation » entre chiites et sunnites ! 143 députés étaient présents sur 245… 90 l’approuvèrent. Saleh al-Mutlaq avait quitté la salle avec les députés du Front du dialogue national en signe de protestation. Le Comité pour l’Intégrité et la Justice (CIJ) fut créé peu après, mais les parlementaires ne réussirent jamais à se mettre d’accord sur sa composition. Ali al-Lami en prit la direction d’autorité, en toute illégalité.

Comme en 2005, la fraude sera massive

Dans le camp pro-iranien, on assiste à une belle empoignade. La liste « Etat de droit » de Nouri al-Maliki est créditée de 30% des suffrages, mais n’en cherche pas moins à écraser ses concurrents de l’ « Alliance nationale irakienne (INA) », coalition des partisans d’Ammar al-Hakim et de Moqtada al-Sadr qui ne dépasserait pas les 17%. Comme en 2005, et lors des élections régionales (13), des fraudes massives sont à prévoir. Qasim Daoud, député de la liste chiite INA, estime à 800 000 le nombre de faux électeurs pro- Maliki, notamment sur les listes d’expatriés. Il accuse le Premier ministre d’exclure et de réintégrer des anciens baasistes, selon son bon vouloir, pour engranger des voix sunnites. Sur le terrain, des liasses de dinars, des terres et même des armes sont offertes en fonction de l’importance de l’interlocuteur. L’Irak n’est malheureusement pas prêt de sortir du chaos provoqué par le renversement du Président Saddam Hussein.

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