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31 mars 2020 2 31 /03 /mars /2020 10:26

 

 

https://www.liberation.fr/planete/2020/03/30/mort-de-manolis-glezos-statue-grecque-de-la-resistance_1783610

 

Mort de Manolis Glézos, statue grecque de la résistance

Au premier plan de la contestation contre la dictature jusqu'en 1974, cheville ouvrière de la gauche radicale en Grèce, le héros national s'est éteint Lundi 30 Mars 2020 à quatre vingt dix sept ans. Il était devenu célèbre dès 1941 en décrochant le drapeau nazi de l'Acropole.

Le 17 novembre 2019, Manolis Glézos, cheveux longs blanchis par le temps, est photographié, main droite sur sa canne, poing gauche levé. Il assiste à la commémoration du soulèvement de l’Ecole Polytechnique. Le 17 novembre 1973, des jeunes grecs se soulevaient contre une junte arrivée au pouvoir en 1967 avec l’aide des américains et qui n’allait le quitter qu'au mois de juillet 1974. Des chars avaient envahi Athènes pour mater la contestation et la répression avait fait plus de cent morts. Tous les ans, Manolis Glézos allait saluer leur mémoire. Cette scène qui semblait éternelle ne sera plus. Manolis Glézos est mort Lundi 30 Mars 2020 à quatre vingt dix sept ans.

C’est d’abord dans la résistance contre l’occupant nazi qu’il s’engage. Il n’a alors que dix huit ans. Le 30 mai 1941, il gravit le sommet de l’Acropole avec Apóstolos Sántas pour détacher le drapeau nazi qui flottait sur la ville depuis l’entrée des troupes allemandes à Athènes au mois d'avril 1941. Et le premier résistant, selon le mot du général Charles de Gaulle, multiplie les actions de résistance. D’ailleurs, Manolis Glézos est arrêté à plusieurs reprises et jeté en prison. Atteint de tuberculose, il parvient quand même à s’échapper avec d’autres camarades. Ce mot, il le répétait dans les entretiens où il mettait systématiquement en avant la dimension collective de l’engagement et refusait toute glorification de sa personne.

Au fil des années, Manolis Glézos devient la figure de la résistance à toute forme d’oppression. Pendant la guerre civile, de 1946 à 1949, il se bat aux côtés des communistes. Il reste membre de ce parti, le parti communiste grec (KKE), malgré son interdiction. En 1959, il est même arrêté pour espionnage après avoir rencontré illégalement un dirigeant du KKE. Une campagne internationale de mobilisation s’ensuit. Pablo Picasso réalise alors un croquis en soutien au héros de l’Acropole qui fait la une de l’Humanité. L’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) imprime un timbre à son effigie.

Rien n’y fait. Manolis Glézos croupit dans les geôles grecques pendant trois ans. L’homme a la tête dure et les convictions chevillées au corps. Il y poursuit quand même ses activités politiques. Il parvient même à être élu député en 1961. Dès 1967, l’icône nationale est de nouveau au premier plan de la contestation contre la dictature. Le scénario se répète, arrestations, tortures et exil pendant quatre ans sur des îles-bagnes égéennes. Jusqu’à l’installation de la démocratie en 1974, Manolis Glézos a été condamné vingt huit fois pour son activité politique, il a été condamné à mort à trois reprises et il a passé au total seize ans de sa vie en prison et en exil.

En 2010, quand la crise grecque éclate, Manolis Glézos renoue avec la résistance, à l’austérité cette fois. Il prévient qu’elle mène à la destruction des services publics et au délabrement des hôpitaux publics. Il prône la démocratie directe renforcée, comme il l’a fait sur son île de Naxos. Il porte ses idées au parlement européen où il est élu député en 2012 pour Syriza, la coalition de la gauche radicale grecque dont il est l’une des chevilles ouvrières. Mais il rompt avec Syriza au mois d'août 2015 après qu'Alexis Tsipras ait signé un accord avec l’Union Européenne.

Manolis Glézos expliquait alors avec précision les raisons de ce désaccord à ceux qui lui rendaient visite dans son antre athénien aux allures de musée et de bibliothèque. Et il remettait à ses invités son Livre Noir de l’Occupation dans lequel il avait listé les pertes humaines et économiques liées à cette période. La version est bilingue. « Pour ne pas oublier et pour faire savoir », disait-il.

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