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2 février 2015 1 02 /02 /février /2015 20:59

http://www.liberation.fr/politiques/2015/01/27/grigny-les-politiques-a-couteaux-tires_1190038

Grigny, les politiques à couteaux tirés

Par Rachid Laïreche

Mardi 27 Janvier 2015

Pour le député socialiste de l’Essonne Malek Boutih, la commune est responsable du parcours d’Amedy Coulibaly

Samedi 10 Janvier 2015, le député socialiste de la dixième circonscription de l’Essonne, Malek Boutih, présente ses vœux à Sainte-Geneviève-des-Bois, commune voisine de Grigny.

Face au public, le député laisse de côté l’union nationale des politiques après les attentats et lâche froidement que « je le crois, et je l’ai dit, qu’Amedy Coulibaly soit originaire de Grigny n’est pas le simple fait du hasard. Il y a dans cette ville une acceptation et une organisation de la violence et de la corruption qui explique en grande partie pourquoi ce genre de territoire échappe à l’ordre républicain. Un ignoble nazi est issu de cette circonscription. Dans une ville où, je le dis et je pèse mes termes, des responsables, y compris des élus, pactisent avec le mal, les voyous, les délinquants et la corruption. Voilà ce qui mine notre pays ».

Le discours du député socialiste arrive par ricochet à l’oreille du maire communiste de Grigny. Surpris, Philippe Rio rétorque quelques jours plus tard que « je n’avais déjà pas d’estime politique pour Malek Boutih, mais là, je n’ai plus aucune considération républicaine pour lui ». Le maire annonce dans la foulée une plainte en diffamation contre le député de sa circonscription. Lequel ne s’en inquiète pas et l’attend même avec impatience.

Depuis, plus de quinze jours se sont écoulés, mais l’animosité entre Philippe Rio et Malek Boutih est toujours là. Au bout du fil, le maire de Grigny préfère parler, dans un premier temps, de sa ville, des projets, et des problèmes qu’il rencontre « au quotidien », comme ces professeurs qui ne sont pas nommés dans certains collèges ou l’absence d’un commissariat de plein exercice. Avant de revenir sur Malek Boutih, « j’ai toujours été dans l’union nationale, et c’est lui qui l’a brisée. Cet homme est un anti communiste primaire, un homme du passé qui a une haine de lui-même ». Avant d’ajouter que « Malek Boutih est un néo conservateur qui reçoit le soutien de Marine Le Pen et de l’extrême droite. Alors qu’il a été élu grâce aux nombreuses voix de Grigny. Les gens lui ont fait confiance, et il les a trahis. Malek Boutih, c’est le Jacques Doriot du Parti Socialiste, ce n’est pas mon député ».

« Nazisme ». Ces derniers jours, plusieurs responsables politiques de gauche ont pointé les récentes sorties de Malek Boutih. L’ancien président de SOS Racisme, entre 1999 et 2003, juge que les derniers attentats sont le fait d’une « nouvelle forme de nazisme, l’islamo-nazisme » et demande la mise sous tutelle par l’état de certains quartiers difficiles. Ses propositions trouvent des échos favorables de l’UMP au Front National.

L’intéressé confirme ses propos et assure ne pas regarder ses nouveaux soutiens, « je ne fais pas cela pour les applaudissements, mais parce que j’en ai marre du concours des formules creuses après chaque événement tragique. La mairie de Grigny, comme d’autres villes de banlieue, a laissé la culture de la pauvreté s’installer. C’est pour cela qu’il y a des forces politiques qui essaient de se structurer contre la république. La situation est très dangereuse ».

Puis, il conclut, « où est passé l’argent de la politique de la ville ? Il faudrait faire une enquête pour savoir. Mais, de toute manière, je ne crois plus en la politique de la ville, c’est un échec majeur. Et c’est de la faute de tout le monde et de tous les partis, même les socialistes et les communistes. Dans certains quartiers, les habitants votent à quatre-vingt pour cent, voire à quatre-vingt-dix pour cent pour la gauche et, lorsqu’il y a un problème, on fait genre de regarder ailleurs. Nous avons une responsabilité supérieure aux autres parce que les gens ont voté pour nous ».

« Combattre ». La suite, le maire Philippe Rio a sommé Malek Boutih par courrier d’aller au bout de ses accusations et de lui livrer les « identités des prétendus élus impliqués, si des élus de ma ville entretiennent de telles relations, il me faut les connaître pour les combattre », a-t-il ajouté. Pendant ce temps à Grigny, les habitants se désolent du spectacle offert par leurs élus, tout en cherchant des solutions pour dévier les regards tournés vers leur ville. Lors des dernières élections municipales, plus de cinquante pour cent de la population était restée à la maison. Pas sûr que cette querelle rapproche les politiques des habitants.

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