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17 mars 2015 2 17 /03 /mars /2015 20:41

http://www.syriza-fr.org/2015/03/15/la-bataille-de-la-gauche-atteint-deja-un-seuil-limite-un-pas-en-arriere-serait-desastreux

La bataille de la gauche atteint déjà un seuil limite, un pas en arrière serait désastreux

Dimanche 15 Mars 2015

Interview avec le ministre de la restructuration de la production, de l’environnement et de l’énergie, Panagiotis Lafazanis, dans le journal du dimanche « La Presse Libre » donnée à Dimitri Gatsios.

Dimitri Gatsios. En octobre 2014, vous avez déclaré que le gouvernement Syriza « va supprimer le mémorandum et ses lois en vigueur dans une nuit et par un acte législatif, avec la même façon qu’on nous les a brutalement imposés ». Qu’est-ce qui s’est passé pour qu’on ait oublié cette déclaration ? Vous pensez que la dure réalité était plus forte que la volonté du parti avant les élections ou que le gouvernement a reculé devant les prêteurs en ce qui concerne plusieurs de ses engagements ?

Panagiotis Lafazanis. Je n’ai jamais déclaré que nous allions supprimer le mémorandum dans une nuit, sauf dans les cas où on a mal interprété ce que j’ai parfois dit. Personnellement, j’avais toujours souligné que les mémorandums et ses lois en vigueur devraient être abrogées par un gouvernement de Syriza et non avec « un coup de force » en l’espace d’une nuit, comme les lois votées et adoptées par les gouvernements mémorandaires, mais avec des procédures parlementaires normales, avec respect des règlements de l’assemblée nationale et de la constitution. Le premier acte de notre nouveau gouvernement était d’arrêter immédiatement la mise en œuvre du mémorandum, qui était déjà en cours. Les mesures d’austérité et les taxes qui étaient prêtes à mettre en œuvre par l’ancien gouvernement de la Nouvelle Démocratie et du Pasok ont été jetées à la poubelle après les élections. Notre engagement sur l’abolition totale des mémorandums et leurs lois reste entièrement valable, malgré les grandes difficultés post électorales et les chantages brutaux de l’extérieur, et il sera totalement mis en œuvre très prochainement. L’abolition complète des mémorandums consiste un lieu d’identité pour Syriza et une condition indispensable pour une voie cohérente et progressive dans une perspective de croissance à long terme du pays.

Dimitri Gatsios. Est-ce qu’il y a pour le gouvernement un scénario d’élections anticipées ou d’un référendum pour que la Grèce reste dans la zone euro, si les négociations aboutissent à une impasse ?

Panagiotis Lafazanis. Le seul scénario pour le gouvernement, c’est de faire tout son possible pour affronter l’intransigeance allemande cynique, qui est suivie par les cercles les plus réactionnaires de l’Union Européenne, afin de mettre pleinement en œuvre, et avec la plus grande cohérence et stabilité, son programme radical. Notre véritable objectif est que les négociations parviennent à un accord positif. Nous n’accepterons pas aucun accord avec les dits partenaires qui annulerait dans la pratique notre orientation anti-néo-libérale et progressive. En tout cas, nos engagements programmatiques seront mis en œuvre jusqu’à la fin et tout le monde dans l’Union Européenne devrait en être informé.

Dimitri Gatsios. Combien d’eau va mettre dans son vin l’aile gauche de Syriza, étant donné le renversement des annonces électorales du parti et l’acceptation des conditions, qui pourraient être caractérisées comme mémorandaires?

Panagiotis Lafazanis. Vous devez savoir que l’aile gauche n’est pas un parti informel dans le parti de Syriza. Au contraire, l’aile gauche représente une tendance dans Syriza, qui est basée sur certains paramètres idéologiques en respectant pleinement les principes statutaires du parti. Comme vous le savez très bien, l’aile gauche a présenté ses propres opinions particulières sur les décisions de l’Euro-groupe lors du récent comité central du parti et qui, d’une manière très succincte, ont été soumises au vote. Par conséquent, je vous assure que l’aile gauche, ne mettra pas d’eau dans son vin. En ce qui concerne Syriza, il donne un grand combat pour débloquer le pays de toutes les formes de tutelle néocoloniale et il n’a pas l’intention de mettre en œuvre des mémorandums et des termes mémorandaires. La bataille de la gauche dans notre pays et pour notre pays est inégale et nous avons atteint un point crucial. Dans cette phase cruciale, nous devons montrer la plus grande détermination et audace, en coupant tous les ponts d’un recul qui serait désastreux. L’audace et les pas en avant sont les seules options qui existent non seulement pour le gouvernement mais aussi pour le pays.

Dimitri Gatsios. Comment évaluez-vous la performance du ministre des finances, Yanis Varoufakis, dans les négociations ?

Panagiotis Lafazanis. Les négociations ne sont pas une affaire personnelle de Yanis Varoufakis et sont souvent très mal comprises par de nombreux médias. Les négociations avec l’Union Européenne ne sont pas une pièce personnelle en un acte, bien que Yanis Varoufakis donne fortement sa couleur personnelle, mais elles évoluent dans un contexte où le premier ministre lui-même et les organismes gouvernementaux ont la responsabilité principale. Ces négociations sont en cours. Leurs premiers résultats ont été discutés dans le groupe parlementaire et le comité central du parti, où j’ai eu l’occasion de présenter et d’exprimer mon point de vue particulier. Mais les négociations sont en cours et elles ont pris la forme d’un thriller, avec le côté allemand appliquant des tactiques qui nous rappellent des mauvais moments. En ces heures nous devons tous soutenir le gouvernement pour qu’il soit capable de rester debout et inamovible pour défendre et mettre en œuvre la volonté exprimée par le peuple grec aux dernières élections, il n’y a pas d’autre option pour le gouvernement.

Dimitri Gatsios. Vous avez dit que pour parvenir à un accord on doit mettre sur la table le scenario de sortie de la zone euro. Mais cela n’est pas arrivé. Un tel plan aurait-il dû être mis en place ?

Panagiotis Lafazanis. Pour parvenir à un accord, nous avons besoin de beaucoup de choses. Cette phase que nous vivons actuellement est très délicate et cruciale et, en tout cas, ce n’est pas le bon moment pour exprimer mes opinions en public, relativement à la zone euro. Ce que je voudrais vivement souligner est que les négociations ne se sont jamais effectuées dans des pièces hermétiquement fermées ou autour de tables luxueuses. Les négociations s’effectuent avec les peuples au premier plan et sur la base de liens formés en dehors des réunions à huis clos. En ces heures et en ce qui concerne l’issue de cette tentative, la présence des facteurs populaires, le développement de grandes luttes populaires dans notre pays et la présence d’un grand mouvement de solidarité entre les peuples européens sont très importantes pour aider la formation d’un large front uni. Un front qui revendiquera la défaite des politiques d’austérité et du pillage néo-libéral en Grèce et en Europe.

Dimitri Gatsios. A votre avis, les six euros supplémentaires par jour, donnés comme pension alimentaire, aux travailleurs de la société public d’électricité (DEH), comme prévu dans la nouvelle convention collective, sont-ils corrects ?

Panagiotis Lafazanis. Personnellement, je n’avais absolument aucune implication dans la discussion et la négociation de la nouvelle convention collective signée par la direction de DEH et la fédération générale du personnel (GENOP). La convention collective était prête avant que je n’occupe le poste ministériel et ainsi je ne pouvais pas avoir d’autre rôle que de respecter le résultat final, dans nos principes non-négociables pour les libres négociations collectives, sans ingérences gouvernementales. Tout autre choix serait extrêmement nuisible et plutôt anti démocratique tout en posant davantage de problèmes que ceux qu’il voudrait prétendument résoudre. Au-delà, tout ce que nous devons comprendre, c’est que le syndicalisme libre et sans aucune tutelle, avec la pleine liberté sur les négociations collectives, sont les pierres angulaires de la démocratie, de la liberté et de la protection des droits des travailleurs, avec lesquelles nous pouvons construire une nouvelle perspective dans notre pays. Les décrets gouvernementaux sont toujours faciles. La partie la plus difficile est d’agir comme une société démocratique.

Dimitri Gatsios. Est-ce que c’est possible qu’on puisse couvrir le vide économique qui a été créé par l’augmentation des dettes échues à plus de deux milliards d’euros vers la société public d’électricité (DEH), et de quelle manière ?

Panagiotis Lafazanis. DEH, comme une entreprise publique qui est le principal secteur stratégique de l’économie grecque, a beaucoup souffert des politiques mémorandaires et elle est mise à rude épreuve par les doctrines néo libérales dures dans le secteur de l’énergie et les options de sa privatisation qui, heureusement, sont définitivement annulées. Malgré les difficultés et les autres problèmes, l’entreprise reste debout et lucrative. Nous croyons que la reconstruction de DEH, à laquelle nous allons rapidement procéder, lui permettra de jouer beaucoup plus efficacement son rôle stratégique de développement dans l’économie pour une solution progressiste afin de sortir de la crise.

Dimitri Gatsios. Si la commission européenne donne le feu vert pour vendre le gestionnaire de réseau de distribution de gaz naturel (DESFA) à la société azerbaïdjanaise Socar, vous serez d’accord ?

Panagiotis Lafazanis. Je vais répéter encore une fois que nous attendons la décision finale de la commission européenne de la concurrence, formelle ou informelle, afin que notre gouvernement détermine sa position finale sur le sujet de DESFA. En tout cas, nous allons procéder dans les meilleurs intérêts nationaux et populaires et bien sûr avec les principes par lesquels nous dirigeons le secteur de l’énergie.

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