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21 avril 2017 5 21 /04 /avril /2017 17:04

 

https://reporterre.net/Le-premier-tour-mobilise-aussi-dans-la-rue

 

Le premier tour mobilise aussi dans la rue

 

Premier tour social, jour debout et nuit des barricades, différentes initiatives sont prévues le week-end du premier tour des élections présidentielles. Le point commun de ces mouvements sociaux est que le vote ne suffit pas.

« Soyons toutes et tous au rendez-vous avec notre avenir, celui de nos enfants et de nos petits-enfants, reprenons ce qui nous appartient et ne laissons pas notre devenir entre les mains d’une poignée qui décide depuis trop longtemps sans et contre nous ». Ainsi débute l'appel du Samedi 22 Avril 2017, lancé par des organisations syndicales de la Confédération Générale du Travail (CGT) et de l'Union Syndicale Solidaire (USS), mais également des collectifs comme Urgence Notre Police Assassine (UNPA) et des associations comme la compagnie Jolie Môme ou le Droit Au Logement (DAL). Le mot d’ordre de ce premier tour social est simple, « prenons la rue pour imposer notre programme ».

Rendez-vous est donné Samedi 22 Avril 2017 place de la République, à Paris, afin de « porter le programme du mouvement social », explique Gaël Quirante, employé de la poste et militant du Syndicat Unitaire et Démocratique (SUD) de la poste. Abrogation de la loi travail, fin des répressions dans les entreprises et dans les quartiers populaires, défense des services publics et renforcement des acquis sociaux, « quelle que soit l’issue des élections, il y a une nécessité de multiplier les luttes pour se faire entendre et ne pas croire aux belles promesses d’un homme providentiel », poursuit Romain Altmann, du syndicat de l'information et de la communication de la CGT, citant les grèves et les occupations de 1936, « les congés payés et les augmentations de salaires n’étaient pas dans le programme du Front Populaire, c’est la rue qui a obtenu ces droits sociaux ».

« Ce n’est ni à travers les élections ni à travers les institutions que l’on arrive à changer la vie », résume Gaël Quirante, « c’est en établissant un rapport de force ». Pour autant, tous se défendent d’un événement anti-électoraliste. « Il y a parmi nous des abstentionnistes et des votants », précise Loïc Canitrot, de la Compagnie Jolie Môme. « La question n’est donc pas de savoir s’il faut voter ou manifester mais de rappeler que, quel que soit le prochain locataire de l’Élysée, c’est toujours dans la rue que cela se passe ». En cas de victoire de Jean Luc Mélenchon, il faudra donc « pousser le changement par la pression populaire ». Sinon, il s’agira de « constituer un front social pour résister au détricotage programmé des acquis de la jeunesse et du monde social ». Pour le comédien, ce premier tour social s’inscrit en miroir de l’isoloir, « pour changer le système, nous voulons nous retrouver tous ensemble et pas chacun dans son coin avec son bulletin de vote ».

Cette manifestation s’inscrit dans la droite, plutôt la gauche, en l’occurrence, ligne des mobilisations contre la loi travail et de Nuit Debout.

« Nous avons été nombreux au printemps 2016 à réfuter l’idée que cela se réglerait électoralement. Il y a eu une réappropriation du débat politique et de l’espace public par les citoyens, hors du cadre institutionnel », rappelle Loïc Canitrot. Mais la fin abrupte du mouvement, le 15 septembre 2016, sur décision des centrales syndicales, en a dégoûté plus d’un. « Les directions nationales ont enterré un peu vite une mobilisation inégalée et inédite depuis plusieurs années », raconte Gaël Quirante. « Cela nous a renforcés dans l’idée que nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes et nous avons décidé de poursuivre ce travail de convergence des luttes et de constitution d’un front social ».

« Les appareils syndicaux sont frileux par rapport à cette idée de rassemblement unitaire », renchérit Romain Altmann. « Nous avons donc décidé de faire ce travail à partir de la base ». Meetings et réunions publiques s’enchaînent ainsi depuis l’automne 2016, réunissant des militants d’horizons variés. Guyanais en grève, livreurs auto entrepreneurs en lutte contre l’ubérisation ou sans-papiers se retrouvent donc ensemble.

Pour Gaël Quirante, la bataille contre la loi travail a ainsi permis de créer des liens entre des organisations différentes et des fronts de lutte a priori sans relation, « en semant les graines de la convergence des luttes, ce mouvement a remporté une belle victoire ».

Romain Altmann voit dans le premier tour social un point de départ, mais également un aboutissement des luttes menées depuis la loi travail.

« Nous voulons donner un écho à toutes les mobilisations partout en France, pour montrer qu’il n’y a pas de trêve électorale ». Face à une situation sociale dégradée, le syndicaliste observe une forte combativité de la part des citoyens, qui n’attendent plus rien ou presque des politiques. La page Facebook des luttes invisibles recense ainsi chaque jour plus de cent cinquante mobilisations en métropole et en outre-mer.

« Ne pas se satisfaire de l’élection comme seul moyen de participation », c’est également le but d’une autre mobilisation prévue ce week-end, Jour Debout. « De nombreuses personnes ne se satisfont plus du système politique actuel qui consiste à glisser un bulletin dans l’urne et à ne plus rien faire pendant cinq ans », expose Thomas, membre de Jour Debout Paris. « Nous voulons un changement des règles du jeu, donc de la constitution, pour que les citoyens soient vraiment impliqués dans les décisions ».

De même que pour le premier tour social, Jour Debout ne se revendique d’aucun candidat, même si Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon se sont engagés à passer à la sixième république. « Dans l’éventualité où ils seraient élus, il faudrait de toute façon un fort engagement citoyen pour faire pression sur le conseil constitutionnel et les autres institutions qui pourraient bloquer le processus constituant », explique Thomas. D’où l’idée de créer une « forme d’expression nouvelle, citoyenne, non violente et collective », pour réclamer au-delà des élections un chamboulement institutionnel. Casserolades, assemblées à la Nuit Debout et ateliers sont ainsi prévus sur des places publiques partout en France.

L’appel national se décline ainsi dans plusieurs villes sous forme d’actions variées. À Montpellier, Frank Bernard entend avec d’autres présenter toutes les alternatives initiées dans l’agglomération pour faire émerger ce nouveau monde. « Les gens ont besoin de réponses concrètes et d’outils pour savoir comment changer la société au jour le jour », explique-t-il.

Dimanche 23 Avril 2017 à partir de 14 heures, des ateliers de désobéissance civile, des échanges sur les relations entre policiers et citoyens ou des rencontres autour des monnaies libres et locales se tiendront place de la Comédie à Montpellier.

D’autres événements sont prévus partout en France ce week-end, comme la nuit des barricades, lancée par Génération Ingouvernable, Dimanche 23 Avril 2017 à 18 heures place de la Bastille à Paris.

Malgré leur diversité de forme, toutes ces actions s’inscrivent dans une même logique, résumée par Loïc Canitrot, « cette période électorale ne doit pas être un long couloir sans issue. Les gens ne veulent plus être de simples consommateurs de politique par l’intermédiaire du vote ».

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