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5 février 2018 1 05 /02 /février /2018 20:34

 

 

https://www.humanite.fr/calais-les-passeurs-afghans-ont-suivi-et-ca-explose-649891

 

« Les passeurs afghans ont suivi et cela a explosé »

 

Par Mehdi Fikri

 

La rixe du Jeudi Premier Février 2018 entre migrants afghans et africains, qui a fait une vingtaine de blessés, est la conséquence directe de la gestion sécuritaire de l'état sur place. 

« C’est la police qui a généré cette situation dramatique, les autorités doivent assumer à présent », dénonce Laurent Caffier, militant associatif. 

Deux jours après le plus violent affrontement jamais survenu à Calais, quatre jeunes migrants érythréens blessés par balles étaient toujours entre la vie et la mort ce week-end, selon la préfecture du Pas-de-Calais. 

Au total, vingt-deux migrants ont été blessés, dont cinq par balles, dans ces rixes qui ont éclaté en trois endroits distincts Jeudi Premier Février 2018 entre l’après-midi et le début de soirée. 

Pour le parquet de Boulogne-sur-Mer, il s’agirait d’un règlement de comptes, le ou les individus auteurs des coups de feu « sont arrivés sur la zone de distribution de repas près de l’hôpital où était rassemblée la communauté érythréenne et ils ont immédiatement ouvert le feu ». 

Une douzaine de témoins ont déjà été interrogés, a indiqué le parquet. Une enquête a été ouverte pour tentative de meurtre et un ressortissant afghan de trente sept ans est recherché, soupçonné d’être l’auteur des coups de feu contre les érythréens. 

Des migrants africains et afghans présents à la distribution de nourriture Vendredi 2 Février 2018 à Calais pointaient tous la responsabilité de passeurs armés dans les violences de la veille.

« Les policiers ont fait fermer le lieu de distribution de nourriture de la communauté afghane, situé derrière l'ancien hôpital de Calais, le long de l'autoroute », explique Laurent Caffier, « le résultat est que les afghans sont allés chercher leur repas rue de la Verrotière, sur le point de distribution des africains. Les passeurs afghans ont suivi et cela a explosé ». 

Les forces de l’ordre, qui ont pour consigne de ne pas laisser se réinstaller de point de fixation, ont aussi poussé les passeurs à s’adapter et à charger leurs clients de plus en plus loin de la frontière. 

Le désespoir est encore monté d’un cran, ces derniers mois. 

À Calais, ne restent que les migrants les plus désespérés ou les moins fortunés. 

En ce moment, ce sont surtout des afghans et des migrants de la corne de l’Afrique, des érythréens et des somaliens, qui tentent de gagner la Grande-Bretagne, malgré une forte présence policière.

Les africains, ainsi, « n'ont pas d'argent. Ils essaient de passer par leurs propres moyens. Les mafias leur mettent la pression parce qu'ils montent dans les camions sans payer », raconte Yann Manzi, fondateur d'Utopia Cinquante Six.

Selon les associations, la répression étatique a une conséquence directe.

« Le tout sécuritaire et les barrières renforcent la mainmise des réseaux mafieux », dit Vincent de Coninck, du Secours Catholique. 

Cette ambiance tendue, où les migrants sont repoussés d’un coin à l’autre de la ville par la pression policière, génère des situations délétères, favorables à des dérapages violents. 

Le désespoir est encore monté d’un cran, ces derniers mois.

« Les conditions de vie sont ignobles et les gens sont à bout et exaspérés », ajoute Loan Torondel, de l'Auberge des Migrants.

Il fait état d'une hausse du nombre des migrants depuis deux semaines, après la signature d'un accord avec la Grande Bretagne qui a laissé penser aux mineurs qu'ils passeraient plus facilement la frontière.

La préfecture recense cinq cent cinquante migrants et les associations recensent plus de huit cent migrants. 

La jungle, elle, comptait quelque huit mille personnes avant son démantèlement au mois d’octobre 2016.

Il y cohabitait différentes nationalités dans des quartiers distincts, les afghans sur l’artère principale et les soudanais plus à l’est.

« Les explosions de violence étaient plus rares », explique Vincent de Coninck, « car les gens étaient moins harcelés par les forces de l'ordre et il y a des choses qui pouvaient lisser les tensions, la présence associative et les bénévoles ».

Au lendemain des rixes, le ministre de l'intérieur, Gérard Collomb, s'est saisi de ce drame pour répéter qu'il ne voulait pas de point de fixation à Calais et pour dire que « personne, parmi les migrants qui sont à Calais, n'ira en Grande Bretagne ».

Dimanche 4 Février 2018, le calme semblait être revenu.

« Le message que je veux faire passer, c'est que, si on veut aller en Grande Bretagne, ce n'est pas ici qu'il faut venir », a encore dit le ministre qui, dans la nuit, avait comparé Calais à un mirage et à un mur auquel se heurtent les migrants.

Ce week end, le calme semblait être revenu à Calais, pour combien de temps ?

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