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25 mars 2020 3 25 /03 /mars /2020 12:36

 

 

https://alencontre.org/asie/chine/coronavirus-et-si-loms-avait-ecoute-taiwan.html

https://www.letemps.ch/opinions/coronavirus-loms-avait-ecoute-taiwan

 

Coronavirus, si l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) avait écouté Taïwan ?

Par Frédéric Koller

Samedi 21 Mars 2020

Face au coronavirus, Taïwan est le premier état à prendre des mesures et à tirer la sonnette d’alarme. Mais personne n’a entendu les autorités de l’île, muselées par Pékin et par l’Organisation des Nations Unies (ONU).

S’en sort-on mieux face au coronavirus sans l’OMS ? L’expérience de Taïwan dans sa lutte contre le coronavirus pourrait le suggérer. L’île avec laquelle l’organisation internationale a coupé presque tout contact depuis 2016 sous la pression de Pékin est l’un des territoires les moins frappés par la pandémie, avec une centaine de cas confirmés et un mort. L’économie taïwanaise est pourtant imbriquée avec celle de la Chine et des centaines de milliers de taïwanais travaillent sur le continent. Alors comment ont-ils évité le pire ?

Dès le 31 décembre 2019, soit trois semaines avant que les autorités chinoises et celles de l’OMS à leur suite ne donnent l’alerte d’une transmission humaine d’un nouveau coronavirus, Taïwan est le premier état à passer à l’action. Pourquoi? Parce qu’à Taipei, contrairement à Pékin, on écoute les médecins lanceurs d’alerte de Wuhan. Aussitôt, des contrôles de santé sont effectués sur les passagers en provenance de cette ville. Il faut dire que l’île de vingt trois millions d’habitants a appris à se méfier. En 2003, elle fut l’une des principales victimes du Syndrome Respiratoire Aigu Sévère (SRAS) hors de Chine, avec trente sept morts. Un traumatisme qui avait amené les autorités à réorganiser leur système d’alerte sanitaire.

Dès le premier janvier 2020, Taïwan se prépare donc à une possible épidémie. Lorsque le premier cas se présente, le 21 janvier 2020, Taipei active son mécanisme de commandement unifié pour coordonner son action gouvernementale et le ministère de la santé tient quotidiennement une conférence de presse. La stratégie des autorités est claire, prévention, information, transparence, dépistage, isolement des cas suspects et production de matériel de protection et recherche.

L’île, qui n’a pas accès aux informations de l’OMS et qui, selon ses diplomates, se voit refuser par Pékin la séquence génétique du coronavirus, obtient l’aide du Japon et des Etats-Unis pour y voir clair. Elle teste en ce moment un kit de dépistage qui pourrait déterminer en quinze minutes si l’on est porteur ou non du virus, au lieu de quatre heures actuellement. Taïwan se distingue surtout par le haut degré de confiance de sa population dans ses autorités.La présidente Tsai Ing Wen vient d’être largement réélue et son vice-président, Chen Chien jen, est un épidémiologiste qui était ministre de la santé lors de l’épisode du SRAS.

L’expérience de l’île démocratique est aux antipodes de la méthode de Pékin. Plutôt que de communiquer, le gouvernement chinois a d’abord censuré l’information sur le virus. Lorsqu’il a été trop tard, Pékin a alors déclenché une mobilisation de masse, n’hésitant pas à emmurer ses concitoyens situés dans les zones les plus sensibles. Alors que Taipei responsabilise sa population, Pékin l’embrigade. La Chine est à ce jour le pays qui enregistre le plus de morts dans le monde avec l’Italie. C’est pourtant les leçons de ce modèle que mettent en avant non seulement les dirigeants communistes, mais aussi la direction de l’OMS et de nombreux scientifiques, y compris dans les universités suisses, pour lutter contre le virus en Europe.

Il est évident que le rôle de l’OMS est crucial dans le combat mené actuellement contre la pandémie. Il n’y a aucun doute que le partage d’informations entre pays que permet l’organisation basée à Genève est primordial pour freiner la propagation du coronavirus. Si l’OMS avait bien voulu écouter les autorités taïwanaises et leurs alertes dès la fin du mois de décembre 2019 et partager leur expérience, cela aurait peut-être permis de gagner de précieuses semaines dans la prise de conscience de la catastrophe en préparation. L’intervention de Pékin pour étouffer non seulement la voix de ses médecins mais aussi celle de Taïwan se révèle irresponsable. Le silence de l’OMS sur les données transmises par Taipei n’est pas moins incompréhensible.

La mise en quarantaine politique de l’île voulue par la Chine fait partie d’une chaîne de causalités qui vont amener à la mise en quarantaine sanitaire de l’ensemble de la planète. Si l’on cherche des recettes adaptées à nos sociétés pour stopper la progression du virus, c’est du côté de Taipei qu’il faut lorgner plutôt que de celui de Pékin.

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