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23 janvier 2022 7 23 /01 /janvier /2022 17:12

 

 

https://www.wsws.org/fr/articles/2022/01/17/pers-j17.html

 

Stewart Rhodes et les Oath Keepers accusés de conspiration séditieuse

L’arrestation du leader fasciste des Oath Keepers, Stewart Rhodes, et de dix autres militants du groupe, accusés de conspiration séditieuse, discrédite totalement l’affirmation selon laquelle le 6 janvier 2021 n’était qu’une simple manifestation indisciplinée et n'était pas une conspiration de Donald Trump pour renverser le résultat des élections présidentielles du mois de novembre 2020 et pour établir une dictature.

Les faits exposés dans l’acte d’accusation déposé Jeudi 13 Janvier 2022 par les procureurs fédéraux montrent clairement que les Oath Keepers constituaient un élément crucial des plans opérationnels qui visaient à empêcher par la violence la certification constitutionnelle du collège électoral. Ces plans ont été à deux doigts de réussir.

« Après les élection présidentielles », indique l’acte d’accusation, « Elmer Stewart Rhodes a conspiré avec ses coaccusés pour s’opposer par la force au transfert légal du pouvoir présidentiel. Les Oath Keepers ont coordonné des voyages à travers le pays pour se rendre à Washington District of Columbia, ils se sont équipés de diverses armes, ils ont revêtu un équipement de combat et tactique et ils ont prévu d’utiliser les armes à feu pour soutenir leur complot qui visait à empêcher le transfert juridique du pouvoir présidentiel ».

L’acte d’accusation note que Stewart Rhodes a créé des Quick Reaction Teams (QRT) qui ont été déployées dans toute la ville le 6 janvier 2021. Elles ont installé une base et un dépôt d’armes dans un hôtel d’Arlington, en Virginie, et elles se sont préparées à ce que Stewart Rhodes a appelé un combat sanglant et désespéré. Les membres des QRT se sont préparés pour le 6 janvier 2021 en s’entraînant à la guerre non conventionnelle et elles ont discuté de la possibilité que leurs actions impliquent un conflit armé et une guérilla.

Mercredi 6 Janvier 2021 vers 14 heures 30, les forces des Oath Keepers se sont déployées en formation de type Special Weapons And Tactics (SWAT) et elles ont monté les marches du Capitole. La foule a pénétré dans le Capitole Mercredi 6 Janvier 2021 à 14 heures 38 après une brève confrontation avec la police.

Une fois à l’intérieur, le groupe s’est divisé en deux, une partie tentant d’entrer dans la salle du sénat et l’autre se dirigeant vers la chambre des représentants, à la recherche de la présidente de la chambre des représentants, Nancy Pelosi. Ils n’ont pas trouvé la présidente Nancy Pelosi et ils ont finalement quitté le bâtiment. Une autre équipe d’intervention rapide est entrée dans le Capitole par le côté opposé environ une demi-heure plus tard. D’autres forces sont restées stationnées juste à l’extérieur de la ville dans des équipes QRF. Les équipes QRF étaient préparées à transporter rapidement des armes à feu et d’autres armes à Washington District of Columbia, en soutien aux opérations visant à utiliser la force pour arrêter le transfert juridique du pouvoir présidentiel.

L’objectif des Oath Keepers était clairement d’enlever et de détenir ou de tuer des membres du Congrès. Dans les jours précédant le 6 janvier 2021, Stewart Rhodes a acheté pour plus de vingt mille dollars d’armes et d’équipements pour les QRT. Au mois de décembre 2020, il a acheté un viseur d’armement et des lunettes de vision nocturne pour sept mille dollars afin de les utiliser le 6 janvier 2021 et, au début du mois de janvier 2021, il a dépensé quinze mille dollars supplémentaires pour des armes, des munitions, des viseurs et un bipied. Ce sont des articles utilisés par les escadrons d’assassinat et d’enlèvement.

L’arrestation de Stewart Rhodes et de dix autres Oath Keepers pour conspiration séditieuse soulève la question de savoir de qui les QRT recevaient-ils des ordres. Donald Trump lui-même a ordonné à ses partisans paramilitaires fascistes d’attendre et de se tenir prêts, lors d’un débat avec Joseph Biden au mois de septembre 2020, et l’acte d’accusation montre clairement que Stewart Rhodes et les autres conspirateurs ont agi à plusieurs reprises en sachant qu’ils suivaient les instructions de Donald Trump.

Aussi significatives que soient ces arrestations, les Oath Keepers n’étaient qu’une composante de la conspiration qui s’est jouée le 6 janvier 2021. Au sein de l’état, un réseau d’acteurs puissants a contribué à garantir que les QRT et les manifestants auraient l’occasion d’encercler le Congrès et de capturer des sénateurs et des représentants. Au lendemain de l’élection du 3 novembre 2020, Stephen Bannon, conseiller de Donald Trump, a mis en place un centre de commandement à l’hôtel Willard, où Michael Flynn, Roger Stone, Rudy Giuliani, John Eastman, avocat de Donald Trump, et d’autres conspirateurs, se sont réunis pour coordonner le plan de Donald Trump pour rester au pouvoir.

Le 6 janvier 2021, cent cinquante membres républicains du Congrès ont voté contre la certification des résultats de l’élection, déclenchant des règles de débat qui garantissaient que l’obligation constitutionnelle prendrait des heures. Le 5 janvier 2021, John Eastman et Sidney Powell, les avocats de Donald Trump, ont déposé une demande de dernière minute pour que la Cour Suprême mette en pause la certification, une demande qui est restée en suspens pendant toute la journée du 6 janvier 2021.

Dans l’après-midi du 6 janvier 2021, Donald Trump a encouragé la foule de ses supporters à marcher sur le bâtiment du Capitole pendant que le décompte électoral avait lieu. La police du Capitole n’a opposé aucune résistance sérieuse aux manifestants et les militaires sont restés à l’écart pendant cent quatre-vingt-dix-neuf minutes, permettant à l’attaque d’avoir lieu. Des reportages récents montrent maintenant que le département de la sécurité intérieure a systématiquement minimisé les menaces crédibles et qu’il a laissé le Capitole sans défense. Donald Trump a calculé que le Parti Démocrate ne ferait rien pour inciter la population à s’opposer au coup d’état, car les démocrates se trouvaient davantage terrifiés par l’opposition sociale qui éclaterait d’en bas, si la population connaissait le danger de ce qui se passait.

Le complot a échoué non pas à cause d’une quelconque action des institutions étatiques ou des démocrates, mais à cause de problèmes tactiques et du hasard. Les QRT de Stewart Rhodes et les groupes de manifestants en colère sont passés à quelques minutes ou secondes de la capture des membres du Congrès. S’ils avaient réussi, il ne fait aucun doute que les démocrates auraient négocié leur libération par le biais d’un règlement permettant à Donald Trump de rester au pouvoir.

L’acte d’accusation indique clairement que Stewart Rhodes et ses QRT n’ont pas agi seuls. Stewart Rhodes a des relations de haut niveau, il était un invité accrédité à la Conservative Political Action Conference (CPAC) de 2021 et nous savons déjà que deux des autres militants des Oath Keepers arrêtés sont d’anciens gardes du corps de Roger Stone, confident de Donald Trump et participant des réunions de l’hôtel Willard. Les faits rendus publics dans l’acte d’accusation ne sont que la partie émergée de l’iceberg.

Le gouvernement de Joseph Biden n’a toujours pas pris de mesures sérieuses contre les principaux conspirateurs qui sont en liberté et qui planifient activement leurs prochaines tentatives de prise de pouvoir.

Le principal d’entre eux est Donald Trump, qui prononcera un discours lors d’un rassemblement à Florence, dans l’Arizona, Samedi 15 Janvier 2022, et qui devrait célébrer le premier anniversaire du 6 janvier 2021. Selon ses conseillers, Donald Trump continuera à affirmer que les élections présidentielles du mois de novembre 2020 ont été volées et que le 6 janvier 2001 était une manifestation patriotique contre la fraude électorale. Les conseillers affirment que le rassemblement de Florence marque le début de la campagne électorale de Donald Trump pour les élections de mi-mandat et qu’il organisera des rassemblements dans tout le pays avant le mois de novembre 2022.

Beaucoup de ceux qui ont participé au coup d’état seront présents au rassemblement du Samedi 15 Janvier 2022. Le Président Directeur Général (PDG) de My Pillow, Mike Lindell, qui a exhorté Donald Trump à imposer la loi martiale en 2021, est un invité de marque, tout comme deux membres du Congrès, Paul Gosar et Andy Biggs, tous deux impliqués dans la campagne fasciste Stop the Steal, ainsi qu’un législateur de l’état de l’Arizona, Mike Finchem, qui est un militant des Oath Keepers. La présidente du Parti Républicain de l’Arizona, Kelli Ward, qui a soutenu la tentative de coup d’état et qui a précédemment exhorté les électeurs républicains à se battre jusqu’à la mort pour Donald Trump, prendra également la parole.

Avec cette liste, Donald Trump envoie un message clair selon lequel la conspiration pour prendre le pouvoir ne s’est pas terminée avec l’échec du 6 janvier 2021. Au lieu de cela, ils espèrent mythifier le 6 janvier 2021 comme un nouveau départ. Pendant ce temps, le Parti Républicain et Steven Miller, conseiller de Donald Trump, sont engagés dans un effort systématique pour restreindre le droit de vote afin de mieux se préparer aux futurs vols d’élections.

Un sondage réalisé Mercredi 12 Janvier 2022 par Quinnipiac affirme qu’une majorité significative du pays estime probable qu’un autre 6 janvier 2021 soit actuellement en préparation. Le danger de la dictature demeure. Il est urgent que la classe ouvrière soit mise au courant de ce qui s’est passé le 6 janvier 2021 afin qu’elle puisse mobiliser sa formidable force sociale pour arrêter les complots de Donald Trump.

Dans ces conditions, les démocrates en appellent au bipartisme avec leurs collègues républicains, tandis que le rédacteur en chef de Jacobin et membre de la direction des Democratic Socialists of America (DSA), Bhaskar Sunkara, offre ses services pour aider les démocrates à endormir les travailleurs en disant que le 6 janvier 2021 était exagéré et que ce n’était pas un coup d’état.

Dans un article récent du Guardian, Bhaskar Sunkara a écrit que le 6 janvier 2021 a montré que la classe dirigeante est loin d’être prête à abandonner ouvertement les normes démocratiques libérales et il attaque les critiques de gauche contre les démocrates en affirmant qu’elles aident les forces réactionnaires à devenir encore plus agressives.

De l’extrême droite à la pseudo-gauche, l’ensemble de l’establishment politique ment aux travailleurs afin de minimiser le danger de la dictature et facilite ainsi les complots de Donald Trump. Mais un autre processus se déroule dans la classe ouvrière. Partout dans le monde, des grèves et des protestations sociales se développent contre la politique mortelle de retour au travail de l’élite dirigeante, ainsi que contre les bas salaires et l’impact de l’inflation. Ces premières luttes importantes doivent être liées à la lutte pour la défense des droits démocratiques et à une lutte contre l’ensemble du système capitaliste. Pour que cela se produise, la classe ouvrière doit prendre conscience à la fois du véritable danger de la dictature et de son pouvoir révolutionnaire pour l’arrêter.

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