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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 14:49
 
 
L'armée égyptienne lâche du lest mais ne convainc pas Tahrir
 
 
LE CAIRE (Reuters) - Des affrontements se sont poursuivis mercredi dans les rues du Caire, où les manifestants hostiles au pouvoir militaire tournent en dérision l'accord conclu entre l'armée et certains partis, dont les islamistes, pour accélérer le retour de civils à la tête de l'Etat.
 
Depuis le début des protestations il y a cinq jours, le bilan s'élève à trente sept morts, selon Reuters, après la mort d'un homme dans la matinée à Alexandrie, une des autres villes égyptiennes gagnées par ce regain de mobilisation. Le ministère de la Santé compte quant à lui trente deux morts et deux mille blessés.
 
Le haut commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a appelé mercredi à une enquête indépendante sur ces violences.
 
"J'invite les autorités égyptiennes à ne plus faire un usage excessif de la violence contre les manifestants de la place Tahrir et d'ailleurs, et à ne plus utiliser à mauvais escient les bombes lacrymogènes, les balles en caoutchouc et les balles réelles", dit-elle dans un communiqué.
 
Le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, qui dirige le Conseil suprême des forces armées (CSFA) au pouvoir depuis la chute d'Hosni Moubarak en février, a annoncé mardi une accélération du processus de transfert du pouvoir avec la tenue d'une élection présidentielle en juin, soit six mois plus tôt que le calendrier de la transition initialement prévu par les militaires.
 
Mais son geste d'apaisement n'a pas convaincu les milliers de manifestants qui sont restés après le crépuscule sur la place Tahrir, sanctuaire de la contestation en plein coeur du Caire, où de nouveaux incidents se sont produits dans la nuit.
 
Son intervention a au contraire nourri la colère des manifestants, qui ont repris à l'unisson le slogan "Dégage, dégage" qui avait marqué les journées révolutionnaires de l'hiver dernier.
 
"SOYEZ PATIENTS"
 
Après avoir opté ce week-end pour la manière forte, les autorités provisoires semblent avoir abandonné l'idée de déloger les manifestants de la place Tahrir.
 
Le maréchal Tantaoui a confirmé que les élections législatives débuteraient bien lundi et a également promis un gouvernement de "salut national" pour remplacer le gouvernement démissionnaire d'Essam Charaf.
 
Il a par ailleurs proposé l'organisation d'un référendum sur un retrait avancé de l'armée. Cette proposition a provoqué la colère des manifestants, qui redoutent un piège destiné à mobiliser les Egyptiens effrayés par de nouveaux troubles.
 
Après des discussions avec les différentes mouvements politiques, notamment avec les représentants des Frères musulmans autrefois interdits, Tantaoui a modifié l'agenda.
 
En avril, un référendum sur les modifications temporaires apportées à la Constitution par l'armée avait remporté 77% d'approbation. Les généraux bénéficiaient alors encore d'une large popularité pour avoir aidé au renversement de Moubarak.
 
"Il faut attendre et être patients avec l'armée. On ne devrait pas organiser de référendum, c'est une perte de temps", résume Mohamed Rasheed, 62 ans, bijoutier au Caire.
 
Près de la place Tahrir, des accrochages ont eu lieu entre les manifestants et la police anti-émeutes. "Dès que le jour s'est levé, ils ont commencé à tirer parce qu'ils pouvaient nous voir", a déclaré Tareq Zaki, un ébéniste de 32 ans.
 
La police a démenti avoir utilisé des balles réelles, mais la plupart des trente six décès des derniers jours sont dus à des blessures par balles, selon les médecins.
 
A Tahrir, des centaines de manifestants ont passé la nuit sous des tentes ou en plein air.
 
"Nous resterons ici jusqu'à ce que le maréchal parte et qu'un conseil de transition civil le remplace", a déclaré Abdullah Galal, 28 ans. "Il faut changer le régime comme en Tunisie ou en Libye".
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