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26 juillet 2013 5 26 /07 /juillet /2013 20:37

 

Vous trouverez ci-dessous la deuxième et dernière partie d’une interview d’Hossam al Hamalawi relative à la situation politique actuelle en Egypte après le coup d’Etat militaire de l’armée égyptienne et la destitution du président Morsi.

 

L’interview est disponible en totalité à l’adresse ci-dessous.

 

Bernard Fischer

 

http://www.alencontre.org/moyenorient/egypte/la-revolution-egyptienne-a-t-elle-avorte.html

La révolution égyptienne a-t-elle avorté ?

 

Lundi 15 Juillet 2013

 

Entretien avec Hossam el-Hamalawi

 

Bassam Haddad. Pouvez-vous nous dire un peu plus au sujet des coalitions réelles ? Pas coalition, on m’a en fait corrigé sur le fait qu’il ne s’agissait pas d’une coalition. Mais pouvez-vous nous parler ou analyser pour nous ce que sont les éléments et groupes opposés à Morsi ? Car il y a une certaine confusion qui règne au sujet de leur composition. Et pouvez vous nous dire si tout le monde se situe toujours à la même page qu’il était avant le 2 ou 3 juillet 2013 ?

 

Hossam al Hamalawi. Il y avait quelque chose comme un arc-en-ciel ou plutôt il y avait une coalition arc-en-ciel. Le camp qui était opposé à Morsi comprenait en fait ce méli-mélo de groupes. Ceux qui se sont alignés contre Morsi étaient composés des partis d’opposition du Front National de Salut (et qui inclurait le parti al Tayyar al Shabi d’Hamdeen Sabahi, le parti al Dustur d’al Baradei ainsi que des restes du régime Moubarak représenté par Amr Moussa et d’autres.

 

Même parmi le camp des anti Morsi, il y avait sans aucun doute aussi une présence de fouloul (les détritus de l’ancien régime) représenté par des partisans d’Ahmed Chafik (le général Ahmed Chafik, candidat à la présidentielle), des partisans de feu le général Omar Souleiman et d’autres éléments de la classe supérieure égyptienne qui sont en fait contre les frères musulmans (mais qui sont en faveur du retour de l’ancien régime ou du régime Moubarak tel qu’il était).

 

Mais je ne dirai pas que c’était ceux qui étaient aux commandes. Cela serait une grave erreur que de dire que c’était les contre-révolutionnaires qui se trouvaient au sommet ou qui étaient les fers de lance du mouvement.

 

La campagne Tamarod, qui a gagné tant de publicité et de célébrité autant en Egypte qu’à l’étranger était au début une campagne décentralisée. La seule chose qui lui a donné un petit air de centralisation fut, peut-être, lorsque les médias se concentrèrent sur les cofondateurs, les trois cofondateurs, de cette initiative. Mais dans de nombreux gouvernorats et provinces ce sont des groupes politiques et révolutionnaires différents qui prirent en charge la tâche de récolter les signatures des gens dans les rues. Il ne s’agissait pas de quelque opération internet.

 

Certaines furent réalisées en coordination avec le comité centralisé de Tamarod et d’autres initiatives réalisées d’une façon complètement indépendante. Ce serait donc une chose difficile que de mettre le doigt sur ce que pense exactement Tamarod. Je veux dire, quel Tamarod ? Songez-vous au Tamarod des trois cofondateurs ainsi qu’à leur page facebook officielle ? Ou pensez-vous aux activistes locaux présents sur le terrain ?

 

Dire donc que les activistes avaient dès le début l’intention de remettre le pays aux militaires serait aussi faux. Vous devez vous pencher sur les déclarations des différents groupes révolutionnaires qui participèrent à ce mini soulèvement contre Morsi. A la fin de la journée, même si les militaires sont toujours là dehors, le camp des anti-Morsi est en train d’être infiltré.

 

Bassam Haddad. En fait il est en train de se diviser en différentes fractions. Mais afin de faire quoi ?

 

Hossam al Hamalawi. Cela se fonde sur l’orientation politique. Ou, pour le dire différemment, il est en train de se diviser le long des lignes de force suivantes, soutiendrez-vous la feuille de route de l’armée ? Allez-vous soutenir les concessions au parti salafiste al Nour (lequel est la seule force islamiste qui se soit alliée aux militaires sur ce coup, elle est pourtant maintenant plus ou moins en dehors de cette alliance) ? Lorsque l’armée réprime les manifestants islamistes, allez-vous soutenir la boucherie de ces manifestants ou allez-vous la dénoncer ? Et si vous dénoncez cela, cela signifie-t-il que vous soutenez Morsi ? Ou vous placez-vous en fait autant contre Morsi et l’armée ?

 

Ce qui est ma position ainsi que celle des Révolutionnaires Socialistes dans ces événements. C’est la raison pour laquelle la coalition anti-Morsi s’effrite.

 

Mais je pense que c’est en fait une chose positive. Ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Il y a des gens qui ont grimpé dans le wagon qui ne méritaient pas d’être là en premier lieu. Ils méritent en fait de se trouver en prison, si vous me le demandez, en raison de leur participation dans les crimes de l’ancien régime de Moubarak.

 

Nous ne devons pas être démoralisés par le fait que les militaires disposent toujours du pouvoir. Vous pouvez constater que parmi les gens, les illusions se dispersent progressivement, même lorsqu’ils transportent toujours des portraits d’al Sissi dans les manifestations, en raison des dernières décisions de faire revenir d’anciennes personnalités notoires du régime Moubarak afin qu’ils détiennent des positions ministérielles, douchant les espérances, y compris des activistes Tamarod. Ces derniers pensaient qu’ils pourraient mettre en place certains réformateurs populistes (c’est-à-dire des personnalités de l’opposition) à ces mêmes positions en ce moment.

 

C’est pour cela que nous participons aux manifestations partout où nous le pouvons. Ce n’est pas pour quelque position « droit de l’hommiste » ou « libéraliste ». Il s’agit plutôt d’une orientation qui consiste soit à trahir la révolution, en se plaçant main dans la main avec la machine de répression de Moubarak, contre laquelle nous nous sommes rebellés, soit à adopter une position intégralement indépendante, autant contre l’armée que contre les frères musulmans.

 

Je dirai donc aux partisans de la révolution égyptienne qui sont à l’étranger, ce que vous pouvez faire c’est de continuer à faire circuler les informations au sujet des abus de l’armée qui se déroulent ici. Ce n’est pas quelque chose que nous devrions saluer ou dont on devrait se féliciter.

 

Nous avons aussi besoin que les syndicats indépendants de travailleurs de l’étranger émettent des déclarations de solidarité avec les grévistes égyptiens qui sont en grève dans les usines, autant à propos de questions liées à des revendications et problèmes immédiats et locaux que pour se débarrasser des vieilles figures corrompues qui appartiennent à la dictature de Moubarak.

 

Et je peux peut-être ici faire référence à la position honteuse de l’Independent Federation of Trade Unions (IFTU-EFITU) qui a joué un rôle politique et économique très positif à de nombreuses reprises auparavant. Mais la direction de la fédération, qui est influencée par le nassérisme, a décidé de se compromettre avec les militaires.

 

Ils ont décidé qu’ils suspendraient les grèves et qu’ils pousseraient les travailleurs à « produire plus », ce qui correspond à la propagande nationaliste qui s’oppose aux grèves et aux actions des travailleurs afin prétendument d’améliorer les standards sociaux des travailleurs égyptiens. Dieu merci, la fédération, qui est en fait une bureaucratie, n’a pas tant de contrôle sur les militants et cadres de base au sein de la confédération et que celle-ci ne dispose pas encore du contrôle ou, du moins d’une position dirigeante, du mouvement ouvrier égyptien.

 

La plupart de grèves qui se sont produites l’ont été parce qu’elles ne sont pas organisées par la fédération ou un quelconque groupe politique. Elles étaient spontanées, organisées localement par des activistes de la base de ces usines. Et je m’attends qu’il en soit encore ainsi.

 

Traduction de la rédaction du site www.alencontre.org

 

Entretien publié le 11 juillet 2013 sur le site Jadaliyya mené par son coéditeur, Bassam Haddad. Hossam al Hamalawi est l’un des animateurs des Révolutionnaires Socialistes (RS) en Egypte.

 

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