L'exécutif muscle sa riposte contre les violences (Reuters)
L'exécutif a dévoilé Lundi 18 Mars 2019 sa riposte sécuritaire pour tenter d'endiguer les violences lors des manifestations des Gilets Jaunes qui menacent de faire dérailler l'issue du Grand Débat National (GDN) conçu comme une réponse à quatre mois de mobilisation.
« Les événements survenus à Paris Samedi 16 Mars 2019 sont intolérables », a déclaré le premier ministre Edouard Philippe à la presse à Matignon, « il ne s'agissait pas de manifestants mais d'émeutiers dont l'unique intention était de piller, d'incendier, de détruire et de blesser. Ces actes sont des actes criminels et la réponse doit donc être forte ».
Dès Samedi 23 Mars 2019, les manifestations dans les quartiers les plus touchés par les violences, comme les Champs-Elysées à Paris, la place Pey-Berland à Bordeaux et la place du Capitole à Toulouse, seront donc interdites si des éléments radicaux sont présents. Les forces de l'ordre « procéderont à la dispersion immédiate de tous les attroupements », a dit Edouard Philippe.
Le montant de la contravention encourue pour participation à une manifestation interdite, trente huit euros actuellement, sera quant à lui nettement augmenté.
Concernant la doctrine de maintien de l'ordre, qui avait déjà été modifiée après les violences du premier décembre 2018 sur les Champs-Elysées, elle n'a pas été correctement exécutée, a reconnu Edouard Philippe, et elle sera donc renforcée.
« Pour obtenir l'efficacité sur le terrain que nous n'avons pas obtenue Samedi 16 Mars 2019, le maintien de l'ordre va être réorganisé en accordant une plus grande autonomie aux forces sur le terrain qui seront à Paris placées sous un commandement unifié et dotées d'une large capacité d'initiative », a-t-il précisé.
Les Détachements d’Action Rapide (DAR) vont être transformés en unités anticasseurs « dotées d'une capacité de dispersion et d'interpellation » susceptible d'intervenir rapidement.
Afin de procéder à davantage d'interpellations, des officiers de police judiciaire vont être déployés au plus près du terrain et des moyens supplémentaires de transport vont être mis en place, a poursuivi Edouard Philippe, évoquant également le recours aux drones et aux produits marquants.
Le préfet de Paris Michel Delpuech, sur la sellette depuis plusieurs mois en raison des manifestations, va être remplacé pour par Didier Lallement, préfet de Nouvelle-Aquitaine.
L'exécutif avait promis des mesures fortes face aux critiques de l'opposition de droite fustigeant un laxisme sécuritaire et de commerçants exaspérés.
En quarante huit heures, les réunions de crise se sont multipliées, Dimanche 17 Mars 2019 à Matignon et Lundi 18 Mars 2019 à l'Elysée autour d'Emmanuel Macron, rentré Samedi 16 Mars 2019 de la station de ski de la Mongie, en présence du ministre de l’intérieur Christophe Castaner, du secrétaire d’état à l’intérieur Laurent Nunez et de la ministre de la justice Nicole Belloubet.
A Bercy, le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, a pour sa part reçu Lundi 18 Mars 2019 les organisations professionnelles pour évaluer les conséquences économiques du mouvement, évaluées à cent soixante dix millions d'euros depuis le Samedi 17 Novembre 2018, sans compter le Samedi 16 Mars 2019.
« Trop de commerçants depuis le mois de novembre 2018 ont vu leur outil de travail saccagé », a déclaré Edouard Philippe, annonçant un renforcement du plan de soutien déjà mis en place.
Les annonces du premier ministre, notamment le limogeage du préfet de Paris, ont été accueillies avec scepticisme par l'opposition de droite.
Pour Damien Abad, vice-président des Républicains, « celui dont la responsabilité doit être engagée, c'est le ministre de l’intérieur, ce n'est pas le préfet de police de Paris, qui est un fusible idéal et un lampiste ».
« Comme d’habitude, le gouvernement cherche à se défausser de sa responsabilité. Le préfet de police n’est qu’un fusible censé couvrir l’incompétence flagrante de Christophe Castaner », a abondé sur Twitter Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement National aux élections européennes.
Ces violences arrivent à un moment délicat pour l'exécutif qui, après avoir été pris de court le Samedi 17 Novembre 2018 par l'éruption du mouvement des Gilets Jaunes, espérait pouvoir tourner définitivement la page de la crise à la faveur du GDN qui a pris fin Vendredi 15 Mars 2019.
Multipliant les débats sur le terrain avec des élus, le chef de l’état a notamment repris des couleurs dans les sondages et s'apprête, après une dernière phase de conférences régionales citoyennes, à annoncer une série de mesures disruptives et précises à partir du mois d'avril 2019.
« Ce n'est pas un hasard si les casseurs se remobilisent alors que le débat est un succès », a estimé Edouard Philippe, « ce qu'ils veulent, ce n'est pas les dialogue, leur seule revendication c'est la violence. Les manifestants pacifiques doivent prendre leur distance ».