Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 décembre 2018 5 14 /12 /décembre /2018 16:25

 

 

Double camouflet pour Donald Trump au sénat des Etats Unis (Reuters)

 

Le sénat des Etats Unis a infligé Jeudi 13 Décembre 2018 un double camouflet à Donald Trump en reconnaissant le prince héritier d'Arabie Saoudite comme responsable de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi et votant une résolution demandant un arrêt de l'aide militaire au pouvoir saoudien.

Ces deux votes du sénat des Etats Unis restent largement symboliques car, pour entrer en vigueur, ils devraient obtenir une majorité à la chambre des représentants, toujours dominée par les républicains jusqu'à l'installation du nouveau congrès au mois de janvier 2019.

Ils constituent malgré tout une condamnation claire de la position adoptée par Donald Trump à l'égard de l'Arabie Saoudite, pays qu'il considère comme un allié indispensable pour contenir l'influence de l'Iran au Moyen-Orient et pour réguler les cours mondiaux du pétrole.

Par cinquante six voix contre quarante et une, les sénateurs américains se sont prononcés en faveur d'un arrêt de l'aide militaire américaine au pouvoir saoudien dans la guerre qu'il mène contre les milices chiites houthies, alignées sur l'Iran, au Yémen.

C'est la première fois qu'une des deux chambres du congrès demande l'arrêt d'une intervention militaire à l'étranger en vertu du War Powers Act. Adoptée en 1973 pendant la guerre du Vietnam, cette loi limite les pouvoirs du président concernant les interventions militaires à l'étranger lorsqu'il n'a pas l'aval du congrès.

Sept sénateurs républicains ont joint leurs voix aux élus démocrates pour approuver cette proposition de loi à laquelle Donald Trump a dit qu'il opposerait son veto présidentiel.

Les sénateurs se sont ensuite prononcés à l'unanimité pour dénoncer le prince héritier Mohammed Ben Salman comme le commanditaire de l'assassinat du journaliste et opposant Jamal Khashoggi, tué et démembré dans les locaux du consulat saoudien d'Istanbul le 2 octobre 2018.

Le président américain a refusé pour l'instant de condamner le régime saoudien, faisant valoir l'importance des liens stratégiques et économiques entre l'Arabie Saoudite et les Etats-Unis. Les autorités saoudiennes ont promis l'achat d'armements américains pour plus de cent milliards de dollars.

En s'appuyant sur des documents, la Central Intelligence Agency (CIA) a acquis la conviction avec un haut degré de certitude que Mohammed ben Salman est le commanditaire de l'assassinat de Jamal Khashoggi dans les locaux du consulat saoudien à Istanbul au début du mois d'octobre 2018.

La justice saoudienne affirme que le prince héritier ne porte aucune responsabilité dans cette affaire et qu'il n'était pas au courant de ce meurtre qui est, selon elle, l'oeuvre d'un groupe d'éléments incontrôlés.

Malgré les éléments fournis par les services du renseignement américain, Donald Trump refuse mettre en cause le prince héritier qui est le dirigeant de fait de l'Arabie Saoudite.

Partager cet article
Repost0
14 décembre 2018 5 14 /12 /décembre /2018 16:12

 

 

https://www.liberation.fr/planete/2018/12/12/espagne-une-hausse-du-salaire-minimum-pour-calmer-les-ardeurs-catalanes_1697401

 

Une hausse du salaire minimum pour calmer les ardeurs catalanes

Par François Musseau, correspondant permanent de Libération à Madrid

Pedro Sánchez a annoncé Mercredi 12 Décembre 2018 une hausse de vingt deux pour cent du salaire minimum. Une annonce forte qui vise à obtenir le soutien des partis indépendantistes catalans pour rester au pouvoir.

Sous la pression des Gilets Jaunes, Emmanuel Macron, entre autres mesures, a décidé d’augmenter le Salaire Minium Interprofessionnel de Croissance (SMIC) de cent euros. Pris dans la nasse catalane, Pedro Sánchez s’est résolu Mercredi 12 Décembre 2018 à l’augmenter du double. En d’autres termes, le président du gouvernement espagnol s’emploie ainsi à élever le salaire minimum espagnol de vingt deux pour cent, soit la hausse la plus importante depuis 1977. A partir du premier janvier 2019, le salaire minimum espagnol passera de huit cent cinquante huit à mille cinquante euros, soit un déboursement de trois cent quarante millions d’euros pour les caisses de l'état. « Un pays riche ne peut avoir des travailleurs pauvres », a déclaré Pedro Sánchez qui évoque cette mesure depuis l’été dernier. Celle-ci a aussitôt été saluée par son rival politique, quoique actuellement son grand allié parlementaire, Podemos, par son leader Pablo Iglesias, « il était temps que notre pays fasse un geste social, à la fois réel et symbolique, pour montrer qu’il se préoccupe des couches les plus défavorisées ». Et un des porte-parole de cette formation de la gauche radicale, la troisième de la chambre des députés, de fustiger, sur la deuxième chaîne de la télévision espagnole,  « l’indifférence sociale d'Emmanuel Macron, une des causes de l’explosion contestataire des Gilets Jaunes, une rébellion que nous voulons éviter en Espagne ».

Si Pedro Sánchez n’a pas, lui, à affronter une pareille fronde, il doit faire face à une menace permanente de la part des indépendantistes catalans, au pouvoir dans la région, et dont les leaders les plus notoires se trouvent en prison, dans l’attente d’un jugement pour rébellion ou sédition contre l'état espagnol, une charge qui tient à l’organisation du référendum illégal et interdit du premier octobre 2017. Sa décision de rehausser au plus vite le salaire minimum est directement liée à l’épée de Damoclès sécessionniste qui pèse au-dessus de son fragile mandat.

Avec seulement quatre vingt quatre députés, le président du gouvernement espagnol est sur la sellette alors qu’il doit impérativement boucler sans tarder son budget annuel. Or, avec la féroce opposition de la droite du Parti Populaire et de Ciudadanos, le seul soutien en la matière des radicaux de Podemos lui est insuffisante.

Il lui faut l’appui des deux formations catalanes séparatistes, Esquerra Republicana de Catalunya (ERC) et Parti Démocrate Européen de CATalogne (PDECAT), le parti de l’ancien président du gouvernement catalan, Carles Puigdemont, réfugié en Belgique pour éviter les sanctions de la justice espagnole. Quant aux nationalistes basques du Partido Nacionalista Vasco (PNV), ils conditionnent leur vote du budget à l’assentiment des catalans.

Les partis catalans approuvent théoriquement le budget à forte coloration sociale de Pedro Sánchez, mais à la seule condition que le pouvoir central se soumette à leur revendication incessante, la tenue d’un référendum d’auto détermination en Catalogne. Une requête relancée la semaine dernière avec insistance par Quim Torra, l’actuel président du gouvernement catalan, au vu d’enquêtes d’opinion accordant une légère majorité en Catalogne aux partisans du divorce avec l’Espagne. Or, étant donné que le gouvernement espagnol du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) ne peut accéder à une telle exigence, le blocage politique est total. « En décidant d’augmenter le pouvoir d’achat des couches populaires, Pedro Sánchez essaie de mettre les indépendantistes catalans au pied du mur afin qu’ils acceptent de voter son budget », souligne le site Infolibre. De manière stratégique, Pedro Sanchez officialisera la hausse de vingt deux pour cent du salaire minimum lors du conseil des ministres du 21 décembre 2018 qui, une fois n’est pas coutume, aura lieu à Barcelone.

La conjoncture catalane pourrait être favorable au pouvoir central. Depuis une marche sociale à Barcelone, le 29 novembre 2018, réunissant médecins, personnel sanitaire, professeurs et fonctionnaires administratifs, la région est sur les charbons ardents. Ces secteurs dénoncent des coupes claires dans les budgets de l’enseignement et de la santé depuis 2011 et ils réclament une amélioration de leurs conditions, notamment la récupération des heures supplémentaires non payées en 2013 et 2014.

Les fonctionnaires de Catalogne étant les seuls des dix sept régions espagnoles à ne pas avoir touché ce manque à gagner. A en croire le gouvernement du PSOE, à Madrid, l’approbation du budget souhaité supposerait aussi la hausse des retraites de deux cent mille catalans. En face, les indépendantistes emmenés par Quim Torra, qui a mis le feu aux poudres en se réclamant de la voie slovène, une nation qui a obtenu son indépendance en 1991 dans le sang, rétorquent que, en cas de sécession, la Catalogne récupérera sa souveraineté fiscale et donc sociale. Si au mois de janvier 2019 Pedro Sánchez ne réussit pas à arracher le soutien des séparatistes catalans pour l’approbation de son budget, il sera obligé d’annoncer des élections générales anticipées, certainement pour le mois de mai 2019.

Partager cet article
Repost0
13 décembre 2018 4 13 /12 /décembre /2018 20:16

 

 

http://www.leparisien.fr/politique/gilets-jaunes-plusieurs-mouvements-maintiennent-l-appel-a-manifester-samedi-13-12-2018-7967826.php

 

Gilets Jaunes, plusieurs mouvements maintiennent l’appel à manifester Samedi 15 Décembre 2018

Samedi 15 Décembre 2018, des Gilets jaunes seront de nouveau dans la rue pour le cinquième acte de leur mobilisation.

Les appels du gouvernement n’y changeront rien, les Gilets Jaunes maintiennent leur projet de manifester Samedi 15 Décembre 2018 à travers la France. Les personnes qui se sont jusqu’ici mobilisées à travers la France manifesteront Samedi 15 Décembre 2018, a déclaré Maxime Nicolle, lors d’un point de presse symboliquement organisé devant la salle du jeu de Paume à Versailles, dans le département des Yvelines, un des hauts lieux de la révolution de 1789, sans attendre les mesures pour le pouvoir d’achat qu’Édouard Philippe devait annoncer Jeudi 13 Décembre 2018 dans l’après-midi.

« Non seulement les personnes sont plus mobilisées que jamais », mais, à la suite de l’allocution du président de la république et des promesses qui ont pourtant été faites, « des personnes qui ne participaient pas » au mouvement jusqu’ici auraient décidé de le rejoindre, a affirmé Maxime Nicolle, l’un des porte-paroles d’une partie du mouvement. Un jeune homme qui a, par ailleurs, suscité la controverse en paraissant mettre en doute le caractère terroriste de la fusillade de Strasbourg.

A ses côtés, se trouvait Priscilla Ludosky, auto entrepreneuse qui avait lancé la pétition contre la hausse de taxes sur les carburants à l’origine de la contestation lancée au début du mois de novembre 2018 et qui a recueilli un million cent quarante mille signatures à la date du Jeudi 13 Décembre 2018. Ces Gilets Jaunes jugent insuffisantes les annonces présidentielles. Ils appellent le gouvernement à aller bien plus loin dans la baisse des impôts et des taxes, disant les français « épuisés par une pression fiscale colossale », et à accepter le principe de référendums sur des questions proposées par la population.

Le mouvement des Gilets Jaunes sans Etiquette appelle lui aussi à se mobiliser Samedi 15 Décembre 2018 partout en France à 14 heures et il invite ses soutiens à participer « au grand rendez-vous sur les Champs-Elysées, pacifique et festif, prévu Lundi 31 Décembre 2018 pour que, en 2019, des efforts effectifs sur les revendications soient immédiatement engagés ».

Dénonçant une récupération politique de l’attentat de Strasbourg pour faire taire le mouvement des Gilets Jaunes, des députés du Mouvement de la France Insoumise (MFI) ont annoncé qu’ils manifesteraient, Samedi 15 Décembre 2018.

A l’inverse, d’autres figures de la protestation ont appelé à cesser les manifestations et les blocages. Après Jacline Mouraud qui avait salué des avancées, Benjamin Cauchy, des Gilets Jaunes Libres, a estimé que « le temps du dialogue est venu. Nous préférerions que le Samedi 15 Décembre 2018 soit l’occasion pour les Gilets Jaunes et plus largement pour les citoyens français d’aller rencontrer tous les élus », a-t-il dit sur BFM Télévision.

Partager cet article
Repost0
13 décembre 2018 4 13 /12 /décembre /2018 19:46

 

 

https://www.change.org/p/pour-un-référendum-d-initiative-citoyenne

 

Pour un Référendum d'Initiative Citoyenne (RIC)

Le RIC, c’est la possibilité pour le peuple, cent mille personnes, par exemple, de se poser à lui-même les questions qu’il juge importantes et ensuite d’y répondre, à la majorité, en décidant effectivement et en passant au-dessus de ses représentants du moment. Cette institution existe déjà, avec des gardes fous, en Suisse, en Italie, au Venezuela et dans de nombreux états américains.

Constatant la soumission des gouvernements successifs aux lobbys, nous estimons essentiel de nous doter d'un outil durable qui permettra aux différentes revendications du peuple d’aboutir. Nous vous proposons de nous unir autour d’une seule et unique revendication, le RIC.

Il faut préciser qu’il en existe quatre sortes, très complémentaires, étudiez et enrichissez les exemples.

Par référendum législatif, les citoyens seraient appelés à se prononcer pour une loi, que les députés ne veulent pas, par exemple un RIC législatif pour l’interdiction des paradis fiscaux.

Par référendum abrogatoire, les citoyens seraient appelés à se prononcer pour l’abrogation, totale ou partielle, d’un traité, d’une loi ou d’un acte ayant valeur de loi.

Par exemple, un RIC abrogatoire pour annuler la loi travail, pour abroger les ordonnances d'Emmanuel Macron, pour invalider la loi pour la hausse de la Contribution Sociale Généralisée (CSG), ou encore pour supprimer les lois de désindexation des salaires et des retraites. La liste est longue des lois scélérates que le peuple pourra détruire grâce au RIC.

Par référendum constituant, les citoyens pourraient réviser eux-mêmes leur constitution.

Par exemple, un RIC constituant pour changer le statut des élus et des ministres, pour régler leurs salaires et leur totale absence de privilèges, pour établir leur véritable responsabilité, pour garantir leur honnêteté, en imposant par exemple un casier judiciaire vierge aux candidats à l’élection, ou encore pour sortir le traité de Lisbonne de notre constitution.

Par référendum révocatoire, les citoyens pourraient obtenir, à tout moment, la destitution d’un représentant, d’un élu, d’un ministre ou encore d’un haut fonctionnaire. Nous vous laissons imaginer des exemples.

Le fait de nous concentrer sur cet unique objectif présente plusieurs avantages importants.

Pour les Gilets Jaunes, c’est plus facile de rester très soudés, très unis et très déterminés jusqu’au bout, autour d’une seule idée, surtout si elle est très simple et très importante. Les Gilets Jaunes n’auront qu’un seul argumentaire à travailler pour préparer leurs futurs débats. Le RIC est facile à défendre. La démocratie, c’est le peuple qui décide, donc le RIC est fondamentalement démocratique, point barre.

Pour les politiciens, c’est beaucoup plus difficile de nous priver du RIC l’air de rien, en nous accordant d’autres choses moins importantes.

En plus, ce sera même très gênant pour les politiciens et pour les journalistes d'argumenter contre le RIC et ils y seront contraints si le RIC est la seule revendication. Comment vont-ils arriver à cacher qu’ils sont profondément antidémocratiques, si nous n’avons qu’une seule revendication, fondamentalement démocratique ?

Et puis, surtout, le RIC, c’est la puissance populaire établie durablement et donc le chemin enfin possible vers toutes les revendications actuelles des Gilets Jaunes et même de beaucoup plus encore, plus tard, pas à pas.

Pour que le peuple devienne enfin souverain, soyons unis par et pour une idée forte, votez et partagez.

Partager cet article
Repost0
13 décembre 2018 4 13 /12 /décembre /2018 19:24

 

 

https://fr.reuters.com/article/topNews/idFRKBN1OC27H-OFRTP

 

Peines de prison pour sept personnes ayant aidé des migrants (Reuters)

Le tribunal correctionnel de Gap, dans le département des Hautes-Alpes, a prononcé Jeudi 13 Décembre 2018 des peines de six à douze mois de prison, dont deux peines de prison ferme, contre le groupe des sept de Briançon reconnus coupables d’avoir permis l’entrée sur le territoire français de plusieurs personnes en situation irrégulière.

La justice a condamné deux des prévenus à douze mois d’emprisonnement, dont quatre mois de prison avec sursis, pour des faits de violence et de rébellion contre les forces de l’ordre. Les cinq autres accusés ont écopé de six mois de prison avec sursis.

Les sept accusés ont été reconnus coupables d’avoir facilité l’entrée irrégulière d’une vingtaine d’étrangers par la frontière italo-française au-dessus de Briançon, le 22 avril 2018, lors d’une marche contre le blocage du col de l’Echelle, le 21 avril 2018, par des membres de Génération Identitaire, un groupuscule d’extrême droite hostile à l’arrivée des migrants.

« Le seul droit qu’on leur a laissé est celui de faire appel, ce que nous ferons probablement », a dit à Reuters l’un de leurs avocats, Philippe Chaudon.

Il a qualifié d’extrêmement violente la décision de la justice pour des personnes qui n’avaient jamais été condamnées.

Le tribunal a en partie suivi les réquisitions du procureur qui, à l’audience, avait réfuté l’existence d’une délinquance solidaire qui reviendrait à assimiler l’aide irrégulière à l’entrée sur le territoire à une aide humanitaire.

« Le tribunal de Gap avait le choix entre la solidarité et la mort. Il a fait le choix de la mort pour les exilés qui traversent la frontière », a lancé à la sortie du tribunal l’un des condamnés, devant une foule de deux cent personnes venues les soutenir.

Ce jugement intervient au lendemain d’une décision de la cour de cassation, Mercredi 12 Décembre 2018, annulant la condamnation du militant Cédric Herrou, un agriculteur du sud-est de la France engagé dans l’aide aux migrants.

Partager cet article
Repost0
13 décembre 2018 4 13 /12 /décembre /2018 19:09

 

 

https://www.liberation.fr/france/2018/12/13/gilets-jaunes-la-cgt-ne-peut-pas-detourner-le-regard-de-cette-colere-sociale_1697647

 

La CGT ne peut pas détourner le regard de cette colère sociale

A la veille de la manifestation prévue Vendredi 14 Décembre 2018 par la Confédération Générale du Travail (CGT), des militants de la CGT appellent leur organisation à rejoindre le mouvement des Gilets Jaunes. Quelques figures du syndicat ont déjà signé la pétition, dont Xavier Mathieu, Thierry Defresne, Reynald Kubecki et Ghislaine Tormos.

Il règne dans le pays une atmosphère de lutte et une colère contre la vie chère, contre l’injustice fiscale et contre Emmanuel Macron, avec au centre le mouvement des Gilets Jaunes. Si nous avons été un certain nombre à émettre des réserves sur ce mouvement dans un premier temps, sur son programme limité à la question des taxes et sur ses rapports avec l’extrême droite, plus personne ne peut douter aujourd’hui qu’il s’agit d’un mouvement populaire et d’un ras-le-bol général qui dépasse largement la question des carburants et qui n’a rien à voir avec l’extrême droite, même si celle-ci aimerait pouvoir le récupérer.

Sous les gilets jaunes, ce sont nos collègues, nos amis et notre entourage. Souvent des travailleurs précaires, hors des grandes villes, de petites entreprises, ou privés d’emplois, des travailleurs qui n’arrivent pas à boucler les fins de mois, comme beaucoup d’entre nous. Ce sont en grande partie ceux que nous n’arrivons pas à organiser dans nos syndicats, à entraîner dans nos luttes habituelles et autour de nos mots d’ordre traditionnels, et cela doit nous interroger.

La CGT, et les militants de terrain que nous sommes, ne peuvent pas détourner le regard de cette colère sociale. Il faut regarder la réalité en face. Le mouvement de blocage a commencé, il faudrait l’élargir et y apporter nos méthodes, celles de la grève, et nos revendications, pour une augmentation générale de salaires, pensions et allocations, une fiscalité qui taxe fortement le patronat et les riches et pas les plus pauvres, et qui serve à développer un service public de haut niveau.

S’il y a une part de méfiance à l’égard des syndicats chez les Gilets Jaunes, certains commencent à se rendre compte que, pour bloquer le pays et faire reculer Emmanuel Macron, les blocages et les manifestations ne suffiront pas, et ils commencent à demander du soutien aux organisations à l’échelle locale.

La CGT est à la croisée des chemins. Ou bien la CGT tourne le dos à ce mouvement et la majorité de travailleurs qui le compose, ce qui approfondira sans doute la crise du syndicalisme que nous connaissons et ce qui facilitera la tâche de l’extrême droite pour canaliser le désarroi des classes populaires, ou bien nous cherchons à converger et à réaliser le tous ensemble qui est dans l’imaginaire collectif depuis les grèves de 1995, pour que le mouvement ouvrier relève la tête et pour qu'il inverse le rapport de force.

A l’image de certaines de nos structures CGT, nous devons investir la mobilisation en cours et nous devons chercher des convergences, pas seulement dans le discours mais en l’organisant réellement. C’est entièrement et dès maintenant que nous devons être aux côtés des Gilets Jaunes, en prenant en compte la dynamique réelle du mouvement, plutôt que de séquencer des initiatives en vue d’une hypothétique journée de grève au début de l'année 2019, comme le propose le bureau confédéral de la CGT du 26 novembre 2018. Non pas dans l’objectif d’aller négocier à la place des Gilets Jaunes, mais comme un premier pas dans la construction d’un rapport de force, qui doit être suivi d’un appel à une première journée nationale de grève, Vendredi 14 Décembre 2018, dans la perspective d’un mouvement reconductible, seul moyen de faire plier Emmanuel Macron.

Premiers signataires

Thierry Defresne, Vincent Duse, Jean Yves Lesage, Xavier Mathieu, Michael Wamen

Partager cet article
Repost0
12 décembre 2018 3 12 /12 /décembre /2018 19:27

 

 

L'ancien avocat de Donald Trump condamné à trois ans de prison (Reuters)

 

Michael Cohen, l'ancien avocat personnel de Donald Trump, a été condamné Mercredi 12 Décembre 2018 à trois ans de prison ferme par un tribunal de Manhattan pour une série de délits commis lors de la campagne présidentielle américaine de 2016.

Le juge William Pauley a reconnu Michael Cohen coupable d'avoir acheté pour le compte de Donald Trump le silence de deux femmes qui affirmaient avoir eu une relation extra conjugale avec l'homme d'affaires.

Michael Cohen, qui a plaidé coupable au mois d'août 2018 de ces chefs d'accusation, affirme avoir agi à la demande de Donald Trump qui redoutait que de telles révélations soient de nature à affaiblir sa candidature à l'investiture républicaine.

Ces versements d'argent constituaient, selon le ministère public, des infractions aux règles de financement des campagnes électorales.

Le juge Pauley a assorti la condamnation d'une amende de cinq cent mille dollars et de la restitution d'un million quatre cent mille dollars détournés des finances de la campagne de Donald Trump pour acheter le silence des deux femmes qui accusaient le milliardaire.

Michael Cohen, cinquante deux ans, a reconnu avoir versé cent trente mille dollars à l'actrice de films pornographiques Stormy Daniels et avoir organisé le versement de cent cinquante mille dollars à Karen Mac Dougal, un modèle qui posait pour le magazine Play Boy.

« C'est ma faiblesse et ma loyauté aveugle à cet homme qui m'ont conduit à choisir le chemin de l'obscurité au détriment de la lumière », a déclaré Michael Cohen lors de l'audience. « Je pensais qu'il était de mon devoir de couvrir ses mauvais agissements », a-t-il dit, se référant à Donald Trump.

Michael Cohen a également plaidé coupable au mois de novembre 2018 de mensonge lors de son audition devant le congrès dans le cadre de l'enquête parlementaire ouverte sur l'ingérence russe dans l'élection présidentielle de 2016. Michael Cohen avait notamment menti sur le projet de construction d'une tour Trump à Moscou, entreprise que le magnat de l'immobilier poursuivait depuis plusieurs années.

Les contacts avec des représentants russes concernant ce projet n'avaient pas cessé au mois de janvier 2016 comme l'affirmait Donald Trump, mais ils s'étaient poursuivis jusqu'à l'été 2016, alors que le magnat avait remporté les élections primaires républicaines.

Michael Cohen, entendu comme témoin dans l'enquête sur l'ingérence russe, a accepté de coopérer avec le procureur spécial Robert Mueller qui mène les investigations depuis un an et demi sur cette affaire.

Les avocats de Michael Cohen avaient demandé dans leurs conclusions que leur client soit exonéré de toute peine d'emprisonnement. Ils ont expliqué que les infractions qu'il avait commises s'expliquaient par une farouche loyauté à l'égard de Donald Trump.

L'un des avocats de Michael Cohen a demandé au juge William Pauley de faire preuve de clémence, insistant sur le courage de son client qui a accepté de coopérer avec le procureur Robert Mueller.

« Bien que Michael Cohen ait promis d'aider les investigations à venir, c'est une chose que le tribunal ne peut pas prendre en considération pour l'instant », a répondu le magistrat.

Donald Trump affirme qu'il n'y a pas eu de collusion entre son équipe de campagne et les autorités russes et il répète régulièrement que le procureur Robert Mueller mène contre lui une chasse aux sorcières.

Son nouvel avocat personnel, l'ancien maire de New York, Rudy Giuliani, considère que l'achat du silence de Stormy Daniels et de Karen Mac Dougal ne constitue pas une violation des règles sur le financement des campagnes électorales.

Rudy Giuliani soutient que ces versements d'argent visaient à protéger la réputation de Donald Trump et qu'ils auraient été faits même si celui-ci n'avait pas été candidat à l'investiture républicaine.

Partager cet article
Repost0
12 décembre 2018 3 12 /12 /décembre /2018 19:12

 

 

http://clubpolitiquebastille.org/spip.php?article229

 

Réunion du Club Politique Bastille (CPB)

Samedi 15 Décembre 2018 à 17 heures

8 Impasse Crozatier 75012 Paris RER Gare de Lyon

Le mouvement des Gilets Jaunes est historique. Nous n’espérions pas un tel événement. Nous en discuterons bien évidemment lors de notre prochaine réunion. Faisons en sorte d’être plus nombreux.

Partager cet article
Repost0
12 décembre 2018 3 12 /12 /décembre /2018 19:03

 

 

https://fr.reuters.com/article/topNews/idFRKBN1OB22Z-OFRTP

 

La cour de cassation annule la condamnation de Cédric Herrou (Reuters)

La cour de cassation a partiellement annulé Mercredi 12 Décembre 2018 la condamnation prononcée en appel contre l’agriculteur et défenseur des migrants à la frontière transalpine, Cédric Herrou, il y a près d’un an et demi.

L’agriculteur Cédric Herrou avait été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour aide à l’immigration clandestine au mois d'août 2017 par la cour d’appel d’Aix-en-Provence.

Les juges se sont fondés sur la nouvelle version du Code de l'Entrée et du Séjour des Etrangers et du Droit d'Asile (CESEDA), amendé au mois de septembre 2018 à la suite d’une décision du conseil d'état sur le délit de solidarité, qui a élargi les exemptions pénales pour les personnes qui aident les migrants dans un but exclusivement humanitaire.

« Dans la mesure où, dès son interpellation, Cédric Herrou a invoqué le caractère humanitaire de son action, il convient que le juge du fond réexamine les faits au regard des nouvelles dispositions de l’article 622 », peut-on lire dans l’arrêt de la cour de cassation.

Les juges renvoient les parties devant la cour d’appel de Lyon pour que l’intéressé y soit à nouveau jugé concernant ces infractions.

La condamnation pour installation sur le terrain d’autrui sans autorisation reste maintenue, Cédric Herrou ayant utilisé un site appartenant à la Société Nationale des Chemins de Fer (SNCF) à Saint-Dalmas-de-Tende, inoccupé depuis de nombreuses années, pour loger certains des migrants recueillis.

Partager cet article
Repost0
11 décembre 2018 2 11 /12 /décembre /2018 20:42

 

 

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2018/12/10/introduction-gilets-jaunes-des-clefs-pour-comprendre/

HTTPS://WWW.SYLLEPSE.NET/GILETS-JAUNES-_R_37_I_754.HTML

 

Introduction, Gilets Jaunes, des clefs pour comprendre

Lundi 10 Décembre 2018

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

Nous sommes le peuple

Un nouvel acteur, sorti de nulle part, est apparu sur la scène politique et sociale, les Gilets Jaunes. Dans une société française assommée par des décennies d’austérité et désespérée par les défaites et par les reculs sociaux, le mouvement des Gilets Jaunes a sonné l’alarme sociale et il a donné le premier coup d’arrêt à la politique d’appauvrissement et de dislocation sociale menée par les pouvoirs successifs.

Ce mouvement délibère, il propose et il agit. À la verticalité jupitérienne et à la délégation de pouvoir, il oppose l’horizontalité démocratique, « les Gilets Jaunes qui bloquent les routes en refusant toute forme de récupération politique s’inscrivent confusément dans le prolongement du combat des sans-culottes de 1792 à 1794, des citoyens-combattants de février 1848, des communards de 1871 et des anarcho-syndicalistes de la Belle Époque », écrit Gérard Noiriel.

Suspicieux, d’aucuns ont choisi de se focaliser sur les manifestations de racisme, d’islamophobie ou de sexisme qui ont pu émailler le mouvement. L’extrême-droite est certes en embuscade et elle tente d’imprimer sa marque sur le mouvement. Invité sur les plateaux de télévision, un Gilet Jaune du Vaucluse affirme ainsi souhaiter le remplacement d’Emmanuel Macron par le général Pierre de Villiers et la nécessité de chasser les immigrés.

Dans une France qui a vu Marine Le Pen recueillir trente quatre pour cent des voix au premier tour des dernières élections présidentielles et un pays où la discrimination raciale structurelle est si ancrée, comment un mouvement aussi large, constitué et enraciné localement en si peu de jours, pourrait-il, ici ou là, échapper aux relents de haine et de division instillés par l’extrême droite et les politiques mises en œuvre ? Dans tout mouvement de masse, des revendications et des postures basées sur la recherche de boucs émissaires, en l’occurrence les personnes migrantes, émergent. C’est, nous semble-t-il, en étant tous et toutes ensemble dans le mouvement qu’elles peuvent être repoussées. Il est décisif que le mouvement ne se laisse pas détourner de son centre de gravité, solidarité, justice sociale et démocratie.

Interloqués, déconcertés et éberlués, commentateurs et journalistes interrogent les citoyens insurgés, parfois de façon comminatoire, « qui êtes-vous et que voulez-vous ». Nous sentons leurs difficultés à saisir les réponses qui se sont faites jour derrière le rejet des taxes, « nous sommes le peuple et nous voulons tout et tout de suite ». C’est manifestement excessif pour celles et ceux qui dans leur candeur pensent que les parisiens se sont levés le matin du 14 juillet 1789 en se disant « si nous allions prendre la Bastille et proclamer la république ».

Pour les élites au pouvoir, les gens d’en bas doivent rester à leur place et l’inconcevable est en train de se produire. Un nouveau sujet politique et social est en voie de constitution et affirme sa légitime souveraineté, le peuple des salariés du privé et du public, des privés d’emploi, des retraités, des jeunes et des auto-entrepreneurs pauvres. Il s’est doté de sa marque de fabrique, de ses espaces de discussion et de décision, il agit selon ses propres modalités et il impose son propre rythme.

Pour ceux et celles qui avaient douté de ce qui avait commencé il y a deux ans, les voilà les nouvelles Nuits Debout et leur composition sociale dément les affirmations sur la passivité et le chacun pour soi dépolitisé.

Hier, isolé, chacun vivait sa précarité comme une souffrance individuelle et avait pu céder au fatalisme. L’irruption du mouvement des Gilets Jaunes a d’ores et déjà changé cette pesanteur écrasante. Au-delà des tensions internes normales, la mise en commun et la reconnaissance des mêmes douleurs sociales ont créé un fort sentiment d’appartenance commune à une sorte de tiers état du vingt et unième siècle qui se cristallise dans la détestation d’un président de la république qui, à lui seul, prend le visage des deux cents familles maîtresses de l’économie et de la politique françaises à l’époque du Front Populaire.

Une conscience sociale, certains diraient une conscience de classe, fermente dans cette fraternité qui s’est installée. Cette nouvelle communauté sociale a créé son drapeau, le Gilet Jaune qui rend visibles les invisibles d’hier. Porté sur les épaules, arboré derrière le pare-brise ou brandi à bout de bras, il a fait reculer le pouvoir néo libéral et il compte bien le faire reculer encore.

Les femmes aussi sont sur les ronds-points et les blocages, au premier rang des manifestations et dans les prises de parole. Présentes sur les plateaux de télévision, elles donnent au mouvement un visage inhabituel car trop souvent dans les mouvements sociaux ce sont les hommes qui parlent. Elles sont là et elles ne passent pas inaperçues, elles disent leur situation et leurs engagements. Premières victimes de la précarité, du chômage et du temps partiel imposé, les femmes en Gilets Jaunes dénoncent la condition qui leur est faite dans la société. Elles sont une force vitale du mouvement.

Quant aux plus jeunes, s’ils ont souvent montré la voie, comme en 1968 ou plus récemment en 2006 contre le Contrat Première Embauche (CPE), aujourd’hui ce sont les Gilets Jaunes qui ont ouvert la brèche. La contestation lycéenne qui secoue actuellement les centaines d’établissements scolaires s’inscrit dans ce contexte. À sa manière, elle reflète les préoccupations de leurs familles et de leurs proches, le chômage, la précarité et les fins de mois difficiles sont aussi leur quotidien. La répression du mouvement lycéen vise à faire peur. Pour éviter la contagion et pour empêcher la jonction entre la jeunesse scolarisée et le mouvement des Gilets Jaunes, le pouvoir tente d’écraser dans l’œuf la contestation.

Excédé par un Gilet Jaune, un politicien a pu s’exclamer, un tantinet méprisant, « mais c’est la démocratie des ronds-points que vous voulez ». Trop tard, pourrait-on lui répondre, une nouvelle construction démocratique est déjà à l’œuvre. Elle se cherche, elle tâtonne et elle expérimente.

Aux péages, sur les ronds-points, aux bords des routes et des zones industrielles et commerciales, des citoyens se sont approprié l’espace public comme lieu d’existence sociale collective. Cabanes Jaunes, Quartiers Généraux Jaunes, Maisons Jaunes du Peuple et mini Zones A Défendre (ZAD), sont apparus qui ne sont pas sans rappeler le mouvement Occupy Wall Street aux États-Unis et l’occupation de la place Tahrir en Égypte lors du printemps arabe.

Ainsi les Gilets Jaunes ont construit leurs propres parlements locaux où les actions se coordonnent, les blocages s’organisent et les débats se déroulent. Un nouveau lien social émerge qui brise l’isolement et le silence en affrontant le pouvoir de l’argent et son état.

Forts de leur légitimité, contre cet état, les Gilets Jaunes imposent leurs lieux de manifestations, leurs modalités d’action et leurs revendications. Depuis plusieurs semaines, un nouveau pouvoir populaire, sera-t-il temporaire, organise la circulation routière et il en a pris le contrôle, imposant par-ci par-là la gratuité des autoroutes.

Parti de la question de la taxation inique des carburants et non, comme certains ont voulu le faire croire, contre l’écologie, le mouvement des Gilets Jaunes a élargi sa vision commune des problèmes qu’il affronte. Désormais, c’est le fonctionnement global de la société qui est interrogé, ainsi que le concentre parfaitement le slogan « fin du monde, fin de mois, même combat ».

Les maîtres des informations s’étonnent que le retrait de cette taxation qui a mis le feu aux poudres n’arrête pas le mouvement. L’action en commun donne en effet confiance et elle forge l’expérience d’une communauté. La domination qui pèse chaque jour sur les dominés et les exploités est en partie effacée par le nombre et les échanges entre égaux. L’humiliation si souvent ressentie comme un obstacle à la discussion et à la parole s’estompe avec l’action commune. Le goût et l’habitude viennent pour définir les buts du moment et ceux des jours à venir. Il en était de même dans tous les grands mouvements populaires, en 1936, en 1968 et en 1995.

Des cahiers de doléances sont élaborés. À sa manière, et évidemment avec des ambiguïtés, ce mouvement qui se dit apolitique redonne à la politique un contenu et une exigence que nous avions oublié. Le partage des richesses, l’augmentation du Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance (SMIC) d’au moins trois cent euros, la revalorisation des minimas sociaux à mille euros minimum, le droit au travail, la transformation des institutions, la démocratie directe, le contrôle des élus et la gestion des moyens, des finances publiques, des services publics et des logements, sont soumis à la discussion publique. On va même jusqu’à exiger la fin des négociations secrètes puisque désormais les exigences démocratiques s’appuient sur les merveilles de la technologie. Un programme s’élabore en pointillé, jour après jour, chacun peut et doit y retrouver ses aspirations et la solution aux problèmes de la vie quotidienne et de l’organisation de la cité.

Le mouvement des Gilets Jaunes refuse souvent l’aide des syndicats, et à fortiori des partis, qu’il considère, à tort ou à raison, comme susceptibles de se substituer à leur auto-organisation. Il refuse la structure pyramidale commune aux organisations existantes et la délégation de pouvoir. Pour autant, certaines organisations syndicales et associatives ne sont pas restées indifférentes. Nombre de leurs membres sont présents sur les ronds-points, les structures territoriales et de site semblant les plus promptes à dialoguer avec ce mouvement inédit.

Cette irruption ne peut effacer en un instant les profondes et multiples divisions qui frappent le salariat de ce pays. Elle met néanmoins en lumière le processus d’adaptation des lieux et des modalités du combat syndical hérités du siècle passé aux nouvelles conditions de l’exploitation. La puissance et la profondeur de cette mobilisation contre le gouvernement ainsi que les tensions et les débats qu’elle génère ne peuvent que faciliter la cristallisation de l’alliance progressiste nécessaire pour stopper la main trop visible des multinationales et des prédateurs. Les gilets rouges, verts et roses, qui ont commencé à faire leur apparition pourraient en être les prémices. Malgré les hésitations et les doutes, voire les désaccords, certaines équipes d’animation des organisations syndicales sont nombreuses dans les régions à s’être engagées aux côtés des Gilets Jaunes. Les documents que nous publions ici le montrent. La très grande différence quant à la réalité de la mobilisation citoyenne, entre Paris d’une part et le reste du pays d’autre part, explique en partie les réserves exprimées au plan national par ces organisations qui, même quand elles sont fédéralistes, sont lourdement marquées par le centralisme parisien.

Insaisissable et incontournable, le mouvement a donc de quoi surprendre. Certains de ses représentants sont contestés dès leur nomination, d’autant que, à côté des porte-paroles autoproclamés, ce sont le pouvoir ou les médias qui prétendent les sélectionner. Pour endiguer la demande démocratique, le Château invente des dispositifs pour recueillir les doléances dans les préfectures et les sous-préfectures qui, après des synthèses, seraient transmises aux services gouvernementaux. Ils veulent utiliser à leur profit l’initiative prise par certains maires de petites communes qui pensaient faire de leur mairie la maison commune où le tiers état aurait pu s’assembler pour débattre et pour déposer ses cahiers de doléances.

Osons rêver d’autre chose, des assemblées primaires locales et des états généraux dotés de tous les moyens d’information, de communication et de délibération de notre temps. Osons rêver, avec la Réunion, d’une extension à toutes les colonies. Osons rêver, avec la Belgique, d’une extension européenne de cette dynamique démocratique.

Le mouvement des Gilets Jaunes se donne le temps d’une respiration démocratique et il ne cède en rien sur les agendas et les calendriers qu’on veut lui imposer. Il exprime, à sa façon, les possibilités d’une organisation autogérée de la société et d’un autogouvernement populaire.

Fidèles à la vocation des éditions Syllepse de « donner les moyens aux acteurs, individuels et collectifs, du mouvement social de publier leurs contributions », nous avons voulu réunir ici des textes et des déclarations, parmi beaucoup d’autres, qui nous ont semblé éclairants des questions sociales, démocratiques et écologiques, que le mouvement des Gilets Jaunes a mises, au sens propre comme au sens figuré, sur la place publique.

Gratuit, ce livre électronique est fait pour circuler le plus largement possible.

Cette première contribution des éditions Syllepse au mouvement social en cours ne peut pas offrir une image entière de ce mouvement en mouvement en raison de l’ampleur de celui-ci.

Que cet ouvrage soit imparfait, nous le reconnaissons volontiers. Nous nous en réjouissons même, car le mouvement des Gilets Jaunes dans sa diversité et les questions qu’il nous pose ne peuvent tenir dans un seul livre.

Partager cet article
Repost0