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15 septembre 2015 2 15 /09 /septembre /2015 17:43

http://www.grey-britain.net/2015/09/12/jeremy-corbyn-prend-les-renes-dun-labour-repeint-en-rouge

Jeremy Corbyn prend la direction d’un parti travailliste repeint en rouge

Par Nathanaël Uhl

Samedi 12 Septembre 2015

La seule inconnue était l’ampleur de la victoire, majorité dès le dépouillement ou à l’issue du recollement des préférences sur les bulletins des candidats éliminés.

Comme nous vous l’avons annoncé dans ces colonnes dès le mois de juin 2015, Jeremy Corbin est le nouveau leader du parti travailliste. Le socialiste incarnant les espoirs de la gauche travailliste l’emporte avec 59,5 % des voix, deux cent cinquante et un mille quatre cent dix-sept voix, dès le premier tour, devant Andy Burnham, candidat de centre-gauche. Il dispose d’une majorité nette et donc d’une légitimité inattaquable. La participation, avec quatre cent vingt-deux mille six cent soixante-quatre voix, soit presqu’un électeur britannique sur cent, atteint 76,3 %.

Surtout, Jeremy Corbyn l’emporte dans les trois collèges, le collège des adhérents directs, celui des membres affiliés des syndicats et celui des supporters à trois livres.

Yvette Cooper, la candidate du camp de Gordon Brown, obtient la troisième place.

Liz Kendall, la favorite du camp blairiste, a reconnu en retenant ses larmes une défaite amère, dès Jeudi 10 Septembre 2015. Elle obtient à peine 4,5 % des voix.

Après la gifle infligée par Sadiq Khan à Tessa Jowell, dans la désignation du candidat travailliste à la mairie de Londres, les blairistes sont laminés politiquement. La victoire de Sadiq Khan, qui bénéficiait du soutien des syndicats, a donné, Vendredi 11 Septembre 2015, un signe avant-coureur confirmant la victoire annoncée de Jeremy Corbyn. L’exigence d’un renouveau tant dans les pratiques que dans le programme a porté les candidats alternatifs. La victoire de Jeremy Corbyn revêt une ampleur plus importante que celle de Tony Blair en 1994, le brillant futur premier ministre, entre 1998 et 2007, l’avait emporté par cinquante-sept pour cent des voix contre près de soixante pour cent pour Jeremy Corbyn.

Dans une analyse, le tabloid de centre-gauche The Mirror confirme que c’est bien le blairisme qui est battu en brèche. Drôle de coïncidence, l’annonce de la victoire de Sadiq Khan s’est en effet produite dans le Royal Festival Hall, un complexe d’arts où Tony Blair avait promis « un avenir plus brillant » après le « nettoyage » du parti travailliste. Aujourd’hui, celui qui a gagné trois élections générales et ceux qui lui sont associés de près ou de loin encaissent défaite après défaite.

Et la victoire de Jeremy Corbyn, dès la sortie du dépouillement, constitue la plus cruelle d’entre-elles. « Battling Tony » avait en effet mis tout son poids dans la balance pour faire battre le candidat socialiste. Avec la deuxième position d’Andy Burnham, la gauche travailliste fait un carton plein.

Les blairistes sont donc sur le recul. Leur annonce, partagée par Yvette Cooper, de ne pas participer au shadow cabinet dirigé par Jeremy Corbyn contribue à les isoler mais aussi à les faire passer pour de mauvais perdants. D’autant que le nouveau patron des travaillistes avait depuis longtemps joué l’apaisement. Plus question de faire élire les membres du shadow cabinet et, surtout, pas de chasse aux sorcières. Le membre du parlement pour Islington North se veut le champion de l’unité du parti.

Son équipe a d’ailleurs lancé, dès le début de la semaine, une pétition en ligne sur le thème « l’unité est notre mot d’ordre ». Elle a recueilli plus de neuf mille signatures en moins de trois jours.

Cette campagne reprend une adresse de Jeremy Corbyn à ses anciens challengers.

« Quel que soit celui ou celle qui remporte le leadership doit travailler inlassablement chaque jour pour forger le parti travailliste comme parti uni et victorieux. Faisons de la politique, ne faisons pas de critique personnelle. Les partisans de chaque candidat doivent mettre avancer dans cet esprit positif, dans l’intérêt de notre parti ».

Des mots qu’il a repris dans son discours de leader, lors de la conférence nationale extraordinaire réunie Samedi 12 Septembre 2015 au Queen Elizabeth Two Center.

Jeremy Corbyn a d’ailleurs été accueilli par le Red Flag, le Drapeau Rouge, l’hymne historique du parti travailliste, à son arrivée sur les lieux. Cette démarche vise à caractériser les éventuels opposants à venir comme ceux qui rejettent la démocratie interne et se mettent en position de « fraction », un gros mot dans le vocabulaire travailliste. Il joue ce faisant sur du velours. Le think tank blairiste Progress, avec son financement propre et sa machine à former des cadres, est déjà considéré comme un « parti dans le parti », ce qui hérisse le poil de l’adhérent lambda.

La bataille préventive sur la question de l’unité vise aussi à libérer les mains de Jeremy Corbyn qui aura bien d’autres chats à fouetter. Son premier challenge aura lieu en 2016 à l’occasion des élections locales. Il devra absolument gagner Londres et ne pas encaisser une nouvelle défaite en Ecosse, ancienne terre d’élection travailliste où le parti travailliste est réduit à sa plus simple expression. C’est d’ailleurs dans cette optique que le vétéran a consacré trois jours de sa campagne aux hautes terres britanniques, y dévoilant ses propositions les plus fortes afin de se réconcilier un électorat ouvrier qui semble préférer désormais le discours anti-austérité du Scottish National Party (SNP) à celui du parti travailliste. Le membre du parlement pour Islington-North espère que son agenda politique, marqué par le refus de l’austérité et une politique de relance largement inspirée de John Maynard Keynes, sera de nature à ramener au bercail cet électorat boudeur.

Dans ces tâches, Jeremy Corbyn devrait être aidé par Tom Watson, nouveau leader du groupe parlementaire du parti travailliste, qui confirme sa dynamique. Il a été élu au troisième tour du dépouillement avec 50,7 % des suffrages et cent quatre-vingt-dix-huit mille huit cent soixante-deux voix. Ce familier de l’appareil travailliste est reconnu comme un organisateur hors pair par tout un chacun. Il a également participé à toutes les batailles internes du parti travailliste ces vingt dernières années, jouant un rôle majeur dans le remplacement de Tony Blair en cours de mandat par Gordon Brown. Tom Watson est reconnu pour être totalement dévoué à son parti.

Il a annoncé, dès le début de sa campagne, qu’il travaillerait pour le leader élu, quel qu’il soit.

Avec Jeremy Corbyn, il partage d’avoir été formé à la vieille école, celle du terrain. Ils auront déjà cela en commun. Tom Watson a d’ailleurs commencé son discours de remerciement lors de la conférence en remerciant le syndicat des mineurs, plus qu’un symbole, un retour aux sources.

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