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7 avril 2008 1 07 /04 /avril /2008 22:03

Il était une fois la LCR à Foix

 

Envoyé spécial à Foix GILBERT LAVAL

 

QUOTIDIEN : lundi 7 avril 2008

 

«Ça a fait son petit effet…» Denis Seel reste sobre quand il commente le résultat des élections municipales à Foix. Ce professeur de lettres, militant de la LCR, y a réalisé 10,85 % des voix au premier tour, s’est maintenu et s’y est fait élire le dimanche suivant. Un coup «terrible» selon un des plus vieux militants du Parti socialiste : «Sur cette terre d’Ariège où j’ai toujours vu le PS dominer, c’est peut-être une première brèche dans ses fortifications.»

 

«Denis Seel est le seul de la liste "Vraiment à gauche !" à être passé», relativise la fédération ariégeoise du PS, où l’on rappelle que malgré quatre listes présentes au second tour, Jean-Noël Fondere l’a emporté avec 44,52 % des voix. Et tant qu’à faire, les socialistes de Foix ont aussi raflé les 15 postes de titulaires et les 5 postes de suppléants à la communauté de communes. Avec l’aval des élus Verts et même le vote positif du seul élu UMP de ce nouveau conseil.

 

La LCR, elle, s’est un peu énervée devant le «spectacle attristant» d’un «déni de démocratie». Le fait nouveau est qu’elle ne se lamente plus tout à fait dans le désert. Pourtant, les amis ariégeois d’Olivier Besancenot ne sont pas si nombreux. «Nous ne sommes qu’une dizaine de militants dans l’Ariège et peut-être trois dans la ville de Foix, admet Denis Seel, en précisant que ce n’est pas l’arithmétique qui l’a porté au conseil municipal. C’est plutôt que nous avons le discours de gauche que le PS ne tient plus.»

 

Comme sur la situation de la seule usine de la ville, celle de Siemens Continental.

L’équipementier automobile, qui emploie 400 personnes à Foix, envisage malgré ses actions grimpant en bourse de licencier. Au cas où les dégraissages se produiraient sur le site, Denis Seel demande le remboursement de la taxe professionnelle dont la ville l’exonère. Le maire socialiste ne veut pas en entendre parler, qui fait le pari que ces licenciements auront lieu en Allemagne. «Ma proposition ne fait que suivre les recommandations de la candidate PS à la présidentielle Ségolène Royal», poursuit l’élu LCR, en se défendant de tout «gauchisme».

 

C’est d’ailleurs la construction d’un «grand parti vraiment de gauche» qu’il vise. Le trouble de quelques militants PS vient de ce que le PCF pourrait finir par leur préférer ces militants «jeunes et résolument engagés du bon côté». Le premier pas est fait. Il n’y a plus d’élus du PCF au conseil municipal. Le sortant communiste Jean-Pierre Icre explique que le PS leur a bien proposé de refaire liste commune, mais avec une représentation moindre que dans de la dernière mandature et une obligation de voter sans jamais rechigner les budgets. Ni une ni deux, la trentaine de militants communistes de Foix ont choisi de constituer une liste commune avec Denis Seel. Et pour bien marquer la rupture avec les vieilles habitudes, Jean-Pierre Icre a même souhaité que le leader de la LCR conduise cette liste.

 

Mais les habitudes ont la vie dure. Les socialistes ne se sont ainsi pas démenés pour empêcher l’UMP André Trigano de présider la communauté de communes de Pamiers. En échange, le conseiller général de Saverdun, président ariégeois de l’UMP, a voté pour le PS Augustin Bonrepos à la tête du département. Il y a toujours eu un «socialisme cassoulet à la mode ariégeoise», selon le mot d’un maire voisin de Foix. Un caillou LCR vient juste de tomber au milieu de ses haricots.



http://www.liberation.fr/actualite/politiques/319734.FR.php

© Libération

 

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