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14 août 2008 4 14 /08 /août /2008 20:18

Sur les Champs-Elysées en plein été, des sans-papiers continuent leur action


 

PARIS (AFP)


 

 

En plein coeur de l'été, une quarantaine de travailleurs clandestins en grève poursuivent leur action sur la plus célèbre avenue de Paris, les Champs-Elysées, déterminés à obtenir des papiers.

 

Tous les jours, les grévistes du Bistro Romain et du Quick, deux restaurants des Champs-Elysées, installent leurs chaises, quelques drapeaux du syndicat CGT et deux tirelires bricolées dans des seaux sur l'avenue investie par les touristes.


"On veut juste rester en vue", explique Abdulaye Diabi, 25 ans, employé depuis 2002 dans une entreprise de nettoyage, sous-traitant pour Quick.


Certains touristes regardent sans s'arrêter, d'autres sourient à la vue de la banderole "Il n'y a pas que le carpaccio qui est à volonté, les jours de grève aussi!", mais rares sont ceux qui s'arrêtent pour donner quelques pièces.


"On rassemble 15 euros au maximum. C'est moins qu'avant l'été, où ça pouvait atteindre 80 euros par jour", raconte M. Diabi.


"Les touristes étrangers ne comprennent pas. Avant, on avait mis une affiche en anglais sur le magasin mais la direction nous a demandé de l'enlever", explique-t-il.


"Mais on ne se fera pas oublier, parce que la CGT nous aide", assure son collègue Kalilou Fissourou.


Plusieurs centaines de salariés clandestins ont entamé un mouvement de grève en région parisienne le 15 avril, à l'initiative du syndicat et d'une association de soutien aux sans-papiers.


Si la CGT s'est félicitée début août d'avoir obtenu la régularisation par le travail de 850 sans-papiers (753 selon le ministère de l'Immigration), environ 650 autres dossiers qu'elles a déposés avec l'association Droits Devant sont toujours en attente dans les préfectures de la région parisienne.


"Pendant l'été, les examens de dossiers continuent, mais au ralenti. On nous a promis de nouvelles convocations après le 15 août", assure Christophe Cosmano, délégué CGT du Bistro Romain des Champs-Elysées, où 32 salariés occupent depuis le 20 mai une partie du deuxième étage du restaurant.


A l'autre bout de Paris, loin des boutiques de luxe, d'autres sans-papiers redoutent, eux, d'être oubliés et réclament l'appui de la CGT.


Depuis le 3 mai, 1.300 sans-papiers du collectif parisien Coordination 75 occupent une annexe de la Bourse du Travail, dans le centre de Paris. Le syndicat a finalement accepté de les aider à déposer de leur côté 600 dossiers mais pour l'instant, ils n'ont obtenu aucune réponse.


Depuis trois semaines, plusieurs centaines d'entre eux manifestent deux fois par semaine "pour ne pas être oubliés et mettre la pression" sur les autorités, explique Sissoko Anzoumane, porte-parole de la coordination.


Mercredi, ils étaient près de 200 à défiler, essentiellement des salariés isolés travaillant dans le nettoyage ou le bâtiment.


"On ne perd pas notre temps, il faut montrer qu'on est toujours là", insiste Aminata Bakayoko, une femme de ménage de 40 ans, avant de crier son impatience: "Y en a marre! Des papiers pour tous!".


"Ca nous soulage aussi la tête", explique-t-elle. "Il faut y croire, mais c'est pas toujours facile, parce que c'est très, très long".


Il y aurait en France entre 200.000 et 400.000 étrangers en situation irrégulière, dont la majorité a un travail.

 

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