Le Pakistan tire sur deux hélicoptères américains
MIRANSHAH (AFP)
Des forces de sécurité du Pakistan ont ouvert le feu dimanche sur deux hélicoptères de combat américains qui avaient violé l'espace aérien pakistanais au-dessus des zones tribales
frontalières avec l'Afghanistan, ont annoncé lundi des responsables.
Par ailleurs, les enquêteurs pakistanais traquent une cellule de militants islamistes d'Al-Qaïda à Islamabad, qu'ils soupçonnent d'être à l'origine de l'attentat suicide qui a dévasté samedi le
grand hôtel Marriott en plein coeur de la capitale du Pakistan et tué au moins 60 personnes.
"Des forces pakistanaises ont tiré sur deux hélicoptères de combat américains (...) et les ont forcés à retourner en Afghanistan", a déclaré à l'AFP l'un de ces responsables locaux des services
de sécurité.
"Les hélicoptères sont repartis après les tirs de nos troupes", a confirmé un second responsable.
L'incident a eu lieu dimanche soir près du village de Lwara Mundi, dans le district tribal du Waziristan du Nord, où l'armée pakistanaise se bat contre des combattants islamistes proches des
talibans et d'Al-Qaïda.
Ni les forces armées pakistanaises, ni la coalition internationale conduite par les Etats-Unis en Afghanistan n'ont fait le moindre commentaire.
Washington et Kaboul sont convaincus que les talibans et Al-Qaïda ont reconstitué leurs forces dans ces zones tribales du nord-ouest du Pakistan. Les forces américaines en Afghanistan y
multiplient les tirs de missiles ciblant les combattants fondamentalistes, mais sans épargner des civils, au grand dam d'Islamabad qui proteste en vain.
Le New York Times assurait jeudi que le président George W. Bush avait autorisé secrètement en juillet les forces spéciales américaines à mener des raids terrestres dans ces régions, sans
l'approbation préalable d'Islamabad.
C'est ce qui s'est passé le 3 septembre, quand des hélicoptères américains, et probablement des soldats au sol, ont attaqué un village, tuant, selon Islamabad, 15 civils, dont des femmes et des
enfants.
Pire, ces dernières semaines, les tirs de missiles par des drones américains s'abattent quasi-quotidiennement sur des maisons dans les zones tribales, tuant des combattants d'Al-Qaïda ou des
talibans, mais aussi des civils.
Concernant l'attentat contre l'hôtel Marriott, quatre étrangers tués samedi ont été identifiés parmi les 60 morts recensés: deux Américains, l'ambassadeur tchèque et une Vietnamienne, ont indiqué
lundi des sources hospitalières et diplomatiques.
En outre, Copenhague a annoncé dimanche qu'un membre de ses services de renseignements, qui se trouvait dans l'hôtel au moment de l'attentat, n'avait pas donné signe de vie depuis et qu'il était
activement recherché.
Selon des sources diplomatiques, les corps d'au moins trois personnes que les autorités pensent être des étrangers, n'ont pu être encore identifiés.
Les secouristes fouillaient toujours lundi matin, à la recherche d'éventuels autres corps, les décombres de l'hôtel de 300 chambres, complètement dévasté par la bombe de 600 kg de TNT cachée dans
la benne d'un camion qui a tenté de forcer le barrage de sécurité à l'entrée de l'établissement.
A la suite de cet attentat, la compagnie aérienne British Airways a annoncé lundi la suspension de tous ses vols vers le Pakistan.
La dernière liaison aérienne depuis Londres jusqu'à Islamabad, la seule assurée par la compagnie britannique pour ce pays d'Asie du Sud, remonte à dimanche.
"Notre siège à Londres évalue la situation et, pour le moment, nous ne sommes pas en mesure de donner la moindre date de reprise de nos opérations", a dit le porte-parole.