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Deux cent défilés à travers la France pour dire « non à l’austérité »
PARIS (Reuters) - Plus de deux cent soixante dix mille manifestants, selon la CGT, ont défilé mardi en France pour
dénoncer le récent plan d'austérité du gouvernement lors d'une mobilisation ponctuée par des perturbations limitées dans les transports.
Près de deux cent défilés ont eu lieu à travers le pays à l'appel de cinq syndicats (CGT, CFDT, FSU, Unsa et Solidaires)
qui organisaient leur première journée interprofessionnelle depuis le conflit des retraites en 2010.
La manifestation parisienne a réuni vingt cinq mille personnes, selon les syndicats, et seize mille d'après la
préfecture de police.
Les organisations syndicales, qui ne s'attendaient pas à une mobilisation comparable à celle de l'automne 2010, ont
néanmoins jugé le niveau des manifestations encourageant.
Les syndicats critiquent le dispositif de douze milliards d'euros annoncé le 24 août par le gouvernement pour réduire le
déficit public, le jugeant "injuste et inéquitable" et réclament des mesures pour le pouvoir d'achat et l'emploi.
Les organisations, qui sont restées sur l'échec de la mobilisation contre la réforme des retraites, reconnaissent qu'il
est difficile de mobiliser en période pré électorale mais estiment que les salariés doivent se faire entendre.
"Si les salariés se laissent faire maintenant, leur situation va encore empirer", a déclaré le secrétaire général de la
CGT, Bernard Thibault, qui a défilé en tête du cortège à Marseille, qui a réuni trente mille personnes, selon les organisateurs, cinq mille trois cent d'après la police.
"Il y a bien sûr le mot d'ordre national contre l'austérité, mais il y a aussi les menaces qui pèsent par exemple sur
l'emploi industriel, notamment ici dans les Bouches-du-Rhône", a-t-il ajouté.
François Chérèque, le dirigeant de la CFDT, a préféré participer à un "flashmob" devant la bourse de Paris plutôt que de
se joindre au défilé dans la capitale.
FRONT SYNDICAL DÉSUNI
Les militants CFDT ont placé douze cartons portant chacun l'inscription "cent millions d'euros" en face de deux cartons
de même valeur pour souligner la différence entre les un milliard deux cent mille euros de la taxe sur les mutuelles et les deux cent millions attendus de la surtaxe sur les hauts
salaires.
François Chérèque voit dans la taxe sur les mutuelles "la mesure la plus injuste" de ce "premier plan de rigueur que
nous impose le gouvernement".
A Nantes, dix mille personnes ont défilé contre les mesures du plan d'austérité gouvernemental d'après les
organisateurs, contre quatre mille cent selon la police.
"Nous sommes plutôt satisfaits, car la période n'était pas facile pour lancer un appel à la mobilisation. Avec la baisse
du pouvoir d'achat, c'est financièrement compliqué de faire grève", a dit Isabelle Mercier, responsable CFDT en Loire-Atlantique.
A Toulouse, près de six mille personnes, selon les organisateurs, trois mille deux cent selon la police, ont défilé dans
les rues du centre ville en fin de matinée derrière une banderole géante sur laquelle on pouvait lire "Non à la crise !".
Les manifestants étaient sept mille à Lyon, selon les organisateurs et trois mille cinq cent d'après la police. "Les
actifs, chômeurs et retraités sont en train de s'appauvrir à cause des mesures gouvernementales", a dit Gilbert Debard, policier récemment retraité, qui défilait avec l'Unsa.
A Bordeaux, les organisateurs revendiquent douze mille manifestants et la police en a dénombré quatre mille huit
cent.
Cette journée interprofessionnelle était boudée par trois autres syndicats (FO, CFE-CGC, CFTC).
"Le front syndical n'est pas uni", a relevé sur LCI le ministre de la Fonction publique, François Sauvadet, avant de
défendre la politique de réformes du gouvernement.
Le Parti socialiste, qui prépare le deuxième tour de sa primaire pour la présidentielle, a apporté son soutien à cette
journée de mobilisation, de même que le Front de gauche.
Dans les transports, où seuls la CGT et les syndicats Sud appelaient à la grève, les perturbations sont restées
limitées.
Trois TGV sur quatre circulaient en moyenne, selon la SNCF. Sur le réseau transilien en Ile-de-France, le trafic moyen
aux heures de pointes était proche de deux trains sur trois. Deux trains sur trois circulaient également sur le réseau régional TER. Le trafic sur Eurostar et Thalys était normal.
Dans l'agglomération parisienne, le trafic était quasiment normal sur le métro et la plupart des lignes de RER, à
l'exception du RER B, sur lequel deux trains sur trois circulent, a indiqué la RATP.
Dans les écoles, seuls la CGT, Sud éducation et le Snuipp, ont appelé à la grève, mais uniquement pour permettre aux
enseignants d'aller manifester. En conséquence, le ministère de l'Education nationale recensait seulement 2,45% de grévistes dans le premier degré.