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22 janvier 2012 7 22 /01 /janvier /2012 11:38

 

 

http://www.fr.news.yahoo.com/human-rights-watch-pr%C3%B4ne-le-dialogue-avec-les-101115227.html

 

Human Rights Watch prône le dialogue avec les islamistes

 

NEW YORK (Reuters) - Human Rights Watch invite dans son rapport annuel les démocraties occidentales à surmonter leur aversion pour les mouvements islamistes d'Afrique du Nord et au Moyen-Orient pour établir le dialogue et les encourager à respecter les droits de l'homme.  

Les soulèvements démocrates du "printemps arabe", écrit Kenneth Roth, directeur de l'organisation, ont montré que les grandes puissances ne pouvaient plus se permettre de soutenir "une cohorte d'autocrates arabes" pour préserver leurs intérêts.  

"La communauté internationale doit (...) prendre langue avec l'islam politique quand il exprime une préférence majoritaire.  

"Les partis islamistes sont réellement populaires dans une bonne part du monde arabe, notamment parce que de nombreux Arabes considèrent l'islam politique comme l'antithèse des régimes autocratiques.

  "Partout où émergent des gouvernements issus de la mouvance islamiste, la communauté internationale doit les encourager et, si besoin, faire pression pour qu'ils respectent les droits fondamentaux, exactement comme les partis et les gouvernements qui se réclament du christianisme en Europe sont censés le faire", poursuit-il en préambule de ce rapport de six cent quatre vingt dix pages publié dimanche.

 

UNE APPROCHE "TIMIDE ET INCERTAINE"

 

Les islamistes d'Ennahda ont remporté les législatives d'octobre en Tunisie, tout comme le Parti liberté et justice mis sur pied par les Frères musulmans en Egypte, qui a devancé les salafistes plus radicaux de Nour.  

Kenneth Roth invite en outre les démocraties occidentales à se montrer plus fidèles à leurs principes dans leur approche de la région. "Cela implique en premier lieu de prendre clairement le parti des réformateurs démocrates, y compris en abandonnant les alliés autocrates", recommande-t-il, saluant la fermeté des Etats-Unis et de l'Union européenne à l'égard de Mouammar Kadhafi, renversé puis tué en Libye.  

Hésitants au début de la crise, Washington et Bruxelles ont finalement opté pour la voie des sanctions face au régime de Bachar al Assad, se félicite le directeur de HRW.  

"Ailleurs, cependant, l'approche occidentale des soulèvements de la région a été plus timide et incertaine", dit-il, déplorant l'attitude de la France à l'égard de Zine ben Ali en Tunisie et la réticence des Etats-Unis à lâcher Hosni Moubarak en Egypte.  

"De la même façon, les gouvernements occidentaux n'ont donné aucune suite significative aux meurtres de manifestants commis par le gouvernement du président yéménite Ali Abdallah Saleh, qu'ils considèrent comme un rempart contre Al Qaïda dans la péninsule arabique", souligne-t-il.

 

 

 

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21 janvier 2012 6 21 /01 /janvier /2012 20:57

 

Vous trouverez ci-dessous la deuxième et dernière partie d’un long message de Bernard Sichère relatif à l’histoire du maoïsme français. Le message est disponible en totalité si vous consultez le site www.laregledujeu.org à l’adresse ci-dessous.

 

Bernard Fischer


http://www.laregledujeu.org/2010/04/11/1217/mai-68-mao-badiou-et-moi

 

Mai 1968, Mao, Badiou et moi

 

Par Bernard Sichère

 

Le style, c’est l’homme

 

Je parlais de boue et de mort : c’est le point-clé, pour qui du moins veut discuter sans rester dans les généralités. De ce militantisme maoïste, il faut bien rendre compte, puisque ceux qui sont venus par la suite sont en droit de savoir ce en quoi nous avons cru, ce que nous avons fait, et de quoi nous sommes fiers ou honteux. Quid de l’UCF, organisation rivale de la Gauche prolétarienne dirigée principalement par Alain Badiou ? Quelqu’un, dans l’article d’Eric Conan publié par Marianne (27 fevrier – 5 mars) déclare que Badiou n’a pas de sang sur les mains parce qu’il n’en a pas eu l’occasion, tandis qu’un autre, Michel Schneider, le définit comme un « maître pervers ». Autant la seconde de ces qualifications ne me paraît pas hors de propos, autant la première demande des explications. Soyons clairs : je n’ai pas de plaintes à formuler, je n’ai jamais subi là autre chose que ce que j’ai volontairement accepté (cela me semble la signification exacte du mot « engagement »). La première chose qui me semble évidente est que l’UCF, tout comme la Gauche prolétarienne, était une organisation sectaire, sévère dans son fonctionnement, souvent impitoyable dans sa discipline, et d’autant plus fermée sur elle-même que son rapport effectif à la réalité du monde ouvrier était passablement problématique. Que beaucoup, dans sa composition, aient été de jeunes intellectuels explique bien de choses, tout autant que la quasi-absence en son sein d’implantation ouvrière à la différence de ce qui avait lieu à la Gauche Prolétarienne, laquelle comptait dans ses rangs pas mal d’établis en usine (ce qui est évidemment tout à leur honneur puisque, lorsque la débâcle s’annonça, les petits chefs de la CGT ne leur firent aucun cadeau et leur firent salement payer la frousse qu’eux-mêmes avaient éprouvée).

 

Quand on ne dirige presque rien à l’extérieur, comment ne pas se concentrer sur la domination à l’intérieur ? Les trois intellectuels qui allaient demeurer si longtemps à la tête de l’UCF (outre Badiou, Natacha Michel et Sylvain Lazarus, sans compter l’économiste Pierre-Noël Giraud) tenaient leurs troupes par l’argumentation, en quoi Badiou avait bien sûr une longueur d’avance sur les autres et s’imposait facilement à des gens plus jeunes que sa dialectique séduisait, mais aussi par une discipline de fer (la même, je crois, régnait dans la plupart des organisations maos) et un style qu’Eric Auzoux et Michel Schneider ont parfaitement décrit : le style militaire propre à une organisation qui se voulait clandestine et s’estimait détentrice à elle seule d’une vérité adamantine. En regard de ceux qui furent souvent mal traités et qui pour certains le disent aujourd’hui, je pense avoir été clairement ménagé. Raison de plus pour que, me tournant vers un passé de passion, d’amitiés fortes, j’évoque ceux qui donnèrent à cette organisation tant de leur temps, de leur talent et leur jeunesse même, alors que pour beaucoup d’entre eux ils n’étaient pas encore entrés dans la vie active et parfois vivaient chichement : qu’on me pardonne si je pense à eux aujourd’hui avec plus d’émotion qu’à ceux qui, au sommet, voyaient en eux d’abord une masse de manœuvre, tout en gérant habilement par ailleurs leur carrière universitaire. Ce qui me frappe le plus dans les textes de Badiou n’est pas à vrai dire que sans cesse il nous ramène à la chose politique comme au noyau dur de sa pensée, mais que, des actions menées par ces gens souvent admirables qui s’épuisèrent sans compter sous sa direction, il ne soit sous sa plume pratiquement jamais question. Il y aurait donc d’un côté la majesté des concepts et de l’autre le dur labeur des gens de peine et des hommes de peu ? Ce n’est pas l’idée, personnellement, que j’avais retenue de Mai 68 : j’avais cru en une transformation profonde, au contact des révoltes populaires, de la fonction intellectuelle, celle que Foucault par exemple incarnait à l’époque en intervenant dans les prisons et les asiles psychiatriques comme aux côtés des ouvriers de Solidarnosc en Pologne : nous étions décidément loin du compte.

 

Sortir de l’organisation : le rire et les larmes

 

Je sais comment je suis entré dans cette organisation : à la suite d’un article que Sollers avait accepté de publier dans Tel Quel et qui concernait le tollé que j’avais suscité au lycée Janson de Sailly en annonçant dès le début de l’année que j’allais parler de Sade. Vint une réplique maoïste à mon texte, des rencontres, des pourparlers. Je sais également comment j’en suis sorti avec d’autres, dans une phase de désillusion qu’avait fini par susciter l’impossibilité d’obtenir certains débats et la multiplication incessante de « bilans » solennels, alors que nos pratiques s’enlisaient dans une absence manifeste de résultats. Il semblait, en somme, que l’accentuation sectaire du discours répondait à la raréfaction des effets produits dans le réel. Elément déclencheur, le drame que vécut alors notre ami François Balmès accéléra une révolte qui couvait depuis un bon moment. Un violent épisode délirant avait conduit à son internement sans qu’il nous soit possible d’en savoir plus : nous avions des comptes à demander, qu’on nous refusa (en l’occurrence Pierre-Noël Giraud, économiste et cadre dirigeant). A distance des évènements, je demeure personnellement convaincu, tout comme François M. qui lui aussi le connut et l’aima, que par une sorte de sainteté qui lui était consubstantielle, il prit alors sur lui la folie de tous pour nous permettre de l’exorciser une bonne fois.

 

Reste qu’on ne « sortait » pas de cette organisation, conformément à des statuts que je n’avais d’ailleurs jamais vus mais qui devaient bien exister quelque part : l’intimidation, essentielle pour qui veut demeurer le maître, devait jouer jusqu’au bout. Nous avons donc été officiellement « exclus », moi et le groupe des étudiants de Nanterre dont j’étais proche, pour « massisme et spontanéisme.» Ce jargon sans doute fait rire après coup, mais la violence et la tension, elles, furent très fortes, et je vis autour de moi bien des personnes blessées, abîmées, pour lesquelles on n’eut aucun égard. En langage clair, nous n’étions pas assez dirigeants, trop à l’écoute et à la remorque des « masses ».

 

De masses, à vrai dire, nous n’en avions guère vues, et c’était sans doute d’avoir un peu trop insisté pour les rencontrer qu’on nous faisait grief, en même temps que de ne pas leur avoir suffisamment imposé nos mots d’ordre, puisqu’il était entendu que nous étions les seuls détenteurs de la « ligne révolutionnaire » (de tout mon militantisme, je ne vis à dire vrai chez nous qu’un seul jeune ouvrier de Renault, fort sympathique au demeurant, qui fit une brève apparition et ne revint jamais.) Quant à ne pas être assez léninistes, qu’on me pardonne si rétrospectivement cette idée me fait rire. A l’époque, avec le groupe de Nanterre, il nous arrivait  souvent de rire entre nous, par détente, loin des chefs et des fâcheux, ce qui, il faut bien le dire, n’était pas très bien vu dans un groupuscule où le plus impeccable sérieux était requis en vue d’une tension révolutionnaire sans défaut (je ne crois pas qu’on ait beaucoup rigolé non plus  dans la Gauche Prolétarienne sous la férule de Benny Levy), et où certains idiots pouvaient lancer froidement en pleine réunion que l’homosexualité était bien, comme le disaient les camarades chinois, une « perversion bourgeoise » (il y a des cons partout, il y en eut aussi chez les maoïstes.) Mobilisation permanente face à un ennemi omniprésent et absolument haïssable, en vue du grand soir au cours duquel les comptes allaient enfin se régler : cela en effet ne prête guère à la blague.

 

Ce rire-symptôme, c’est au fond ce qui m’aura le plus manqué durant tout le temps où l’engagement militant m’éloigna de Tel Quel : j’en retrouvai la bienfaisance libératoire en renouant avec Sollers et Pleynet les fils d’une amitié depuis jamais démentie. Si d’ailleurs je songe rétrospectivement à la réunion au sommet entre les états-majors de l’UCF et de Tel Quel à laquelle je fus confié au tout début de mon engagement, je crois à une explication très simple de son échec : s’il est impossible de nier qu’il y eut en l’occurrence guerre au sommet entre deux fortes personnalités, le fait que Sollers se soit moqué de Badiou citant « le camarade Staline » en lui répondant par « le camarade La Fontaine » (« rien ne sert de courir, il faut partir à point »), témoigne assez clairement, je pense, du peu de crédit qu’il accordait à son pathos révolutionnaire, et qu’il avait perçu d’emblée, avec un flair très sûr, qu’un compagnonnage ne serait pas possible pour lui et les siens sous des auspices à ce point dogmatiques, pour ne pas dire un peu fous. Je note au passage que mon dernier échange avec Badiou, faisant boucle d’une manière éloquente avec le début de mon aventure, aura concerné Sade : comme j’objectais à son éloge de la Terreur révolutionnaire française et de Robespierre le cas de Sade, condamné à mort par l’infâme Fouquier-Tinville sous le double chef de « ci-devant » et de « libertin », il me fut répondu que je regardais l’histoire « par le trou de la serrure ». Personnellement, je donnerais tous les romans de Badiou  pour quelques pages du « citoyen Sade », qui eut le courage d’écrire « la vue de la guillotine de ma fenêtre m’a fait plus de mal que toutes les Bastilles imaginables »…

 

Verbiage révolutionnaire ou vraie vie ?

 

« Pourquoi alors êtes-vous parti ? »…  Mais parce que le bon sens n’était décidément pas au rendez-vous et qu’il m’était, comme à d’autres, devenu impossible de ne pas voir l’écart grandissant entre la réalité du monde et la rhétorique autiste qui permettait à Badiou de dissimuler au moyen d’une conceptualité régulièrement remaniée (Badiou est un inépuisable fabricateur de concepts) l’absence de toute effectivité. Ce que cette expérience, qui ne fut certes pas vaine mais qui aurait pu être plus courte, m’aura appris, c’est à juger plus lucidement les hommes et à m’en tenir à ce jugement. Badiou est de toute évidence un homme qui aime dominer les autres (c’est ce que Michel Schneider traduit dans son langage précis d’analyste), et il est également, en politique, celui qui a décidé une fois pour toutes de n’avoir jamais le pouvoir, ce qui lui permet de s’en tenir à une posture de dénonciation radicale parfaitement confortable en ce qu’elle exclut toute mise à l’épreuve (c’est ainsi que je comprends « Badiou n’a pas de sang sur les mains… »). On sait comment la GP s’est finalement dissoute : parce que, mise devant l’éventualité de décider une mise à mort (celle du contremaître Nogrette), elle s’y est clairement refusée. Benny Lévy aura sans doute été un dirigeant tout aussi sectaire que Badiou (il faut relire à cet égard ses entretiens d’alors avec Sartre et Gavi comme avec Foucault), du moins doit-on mettre à son crédit cette décision, qui fait honneur à tous ceux qui l’ont prise en même temps que lui. Nous ne nous sommes pas trouvés, nous, dans la même situation, dieu merci, parce que nos actions, souvent épuisantes, n’étaient pas de ce niveau, ce qui explique d’ailleurs que le nom de la GP soit demeuré dans les mémoires alors que pratiquement personne n’a entendu parler de l’UCF : nous aurons finalement été vertueux plutôt par défaut que par qualité d’âme, car notre discours, lui, était bel et bien violent, tempétueux et constamment guerrier, rhétorique implacable qui s’adressait plutôt à nous-mêmes qu’à un public absent. De fait, au « Groupe Foudre » de piètre mémoire, nos « ennemis » laissèrent à désirer : Macciochi, Gérard Miller, Ariane Mnouchkine… on aurait pu rêver plus ardent combat de classe ! Foucault, quand j’osai le solliciter au téléphone, me rembarra sans ménagement : « Le groupe comment ? Le groupe Moon ? ». Sans commentaire.

 

L’article d’Eric Conan m’aura en tout cas appris un certain nombre de choses, à commencer par le fait, assez cocasse, que Badiou aura fini par s’exclure lui-même de sa propre organisation, cas assez unique, il faut bien le dire, dans les annales du mouvement révolutionnaire. Les écailles lui seraient-elles enfin tombées des yeux quant au caractère fantomatique de l’ « Organisation » au nom de laquelle il s’imaginait régner sur l’ultra-gauche et sur quelques intellectuels en mal de guide ? Personnellement j’en doute, connaissant son incapacité à la moindre mise en cause de sa personne et de sa pensée. On peut en tout cas s’étonner de sa si longue discrétion en tant que dirigeant politique sur les faits d’armes et les pages glorieuses qui seraient à son actif et qui pourraient justifier le ton implacable de ses pamphlets. La radicalité du ton est une chose, encore faut-il que la pratique vienne l’alimenter : recourir à l’emphase guerrière est plus facile que de tenir une arme dans les mains, et je crains bien que Badiou, qui parle allègrement de massacres dans Le Siècle et qui salue sans hésiter ceux des terreurs antérieures, soit surtout un révolutionnaire en chambre. Nous n’avons rien risqué vraiment dans l’UCF, et lui non plus : comment imaginer qu’une organisation clandestine, obsédée par les pseudos, les rendez-vous secondaires, qui avait en cas de coups durs son avocat, maître Vergès, qui jouait en somme à la Résistance, n’ait pas intéressé la police, que celle-ci n’ait pas enquêté sur elle ou décidé de l’infiltrer, et que si elle avait perçu chez nous la moindre menace effective elle aurait hésité à intervenir ?  Comment l’imaginer, quand elle s’est récemment donné le ridicule, et l’odieux, de construire de toutes pièces un complot terroriste en interpellant au mépris de toutes les lois les gentils épiciers de Tarnac ?

 

Que Badiou ait finalement quitté la quasi-clandestinité où son pouvoir de dirigeant politique s’épuisait pour rejoindre les ors de la reconnaissance publique est son choix de philosophe : je n’ai rien à en dire. Libre à lui de pactiser avec les gens qu’hier encore il couvrait de boue, et d’estimer que la grandeur de sa pensée appelle ce revirement stratégique. Il lui sera difficile en tout cas d’empêcher ceux qui l’ont connu différent de lui objecter qu’il fait à son tour de la figuration dans le spectacle médiatique, et que du coup le ton arrogant et comminatoire qui est le sien sonne un peu faux. Comme il lui sera difficile de justifier la présence au premier rang de la claque chargée de l’applaudir en toutes circonstances un gentil délirant comme Mehdi Belaj Kacem (Hegel, « une parenthèse entre Kant et Badiou », vraiment, sans rire ?) ou ce pénible déconneur de Slavoj Zizek, dont on se demande à la suite de quelle manipulation perverse et indigne il a été soudain propulsé et imposé à l’avant-scène comme produit éditorial.

 

Tout reprendre à zéro

 

La vie est dure ces temps-ci pour ceux qui pensent et travaillent vraiment, comme elle est dure pour ceux qui cherchent réellement à changer le monde et à le rendre plus respirable : heureusement que le rire nous reste devant l’imposture. En ce qui me concerne, je ne cède ni à la vanité des regrets, ni au découragement, ni au reniement. Je sais que Mai 1968 a eu lieu, que beaucoup s’en sont réclamés qui n’avaient pas grand chose à voir avec sa puissance de déflagration et d’émancipation. Je sais aussi que beaucoup d’entre nous ont voulu traduire après coup, dans le langage dépassé et inadéquat de la dogmatique marxiste-léniniste, ce qui relevait d’un autre domaine d’être. Ce domaine, c’est celui qu’ont mis en évidence dans les années 1960 les acteurs d’une autre révolution, d’un mouvement de masse tel que les Etats-Unis n’en avaient jamais connu et n’en ont jusqu’à ce jour plus jamais connu : de Kerouac et Ginsberg jusqu’au soulèvement de la jeunesse américaine contre la guerre du Vietnam mais aussi contre l’americain way of life en sa totalité, quelque chose s’est passé de vrai et de libre dont nous n’avons pas encore pris la mesure, que les jeunes d’aujourd’hui ne connaissent pratiquement pas, et dont les soulèvements européens de 1968 ne furent en un sens que des relais tardifs. « Les révolutions ne sont jamais assez révolutionnaires », dit quelque part Heidegger. Badiou comprendrait sans doute : elles ne massacrent pas assez. J’entends (comme Heidegger) la chose autrement : elles ne pensent pas assez loin ni assez haut, elles s’en tiennent à la logique binaire et ruineuse de la haine de l’autre et de la méconnaissance de soi, elles commencent dans l’intimidation ce qui se prolonge inévitablement en terreur, en somme elles ne sont pas suffisamment à la hauteur de ce que réclame l’accord profond de l’homme avec l’être comme avec soi-même. Les magnifiques insurgés américains des années 60 l’ont su, qui croyaient en une vie plus vraie comme en la puissance du poème. La doctrine de l’ « événement » chez Badiou est au fond bien courte, comme sa pensée de l’homme, sa pensée du temps et sa pensée de l’être. Il est bien possible que ce qui est vraiment révolutionnaire avance « sur des pattes de colombe », comme disait Nietzsche, que cela n’ait pas grand chose à voir avec les fusillades et les massacres qui fascinent les intellectuels en mal d’action, mais beaucoup plus avec les éclaircies soudaines et inapparentes d’un autre temps dans le temps, d’une autre histoire dans l’histoire. Il faut apprendre à penser le temps autrement, la politique autrement, l’être autrement. Il faut tout reprendre à zéro.

 

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21 janvier 2012 6 21 /01 /janvier /2012 18:22

 

http://www.blog.mondediplo.net/2012-01-17-Quand-Israel-attaquera-t-il-l-Iran-Il-y-a-deux

Quand Israël attaquera t il l'Iran ? Il y a deux ans

 

Par Alain Gresh

 

Interrogé il y a quelques jours pour savoir quand Israël attaquerait l’Iran, Patrick Clawson, chercheur au Washington Institute for Near East Policy (Winep), un think-tank lié au lobby pro-israélien, répondait : « Il y a deux ans » (cité par Scott Shane, « Adversaries of Iran Said to Be Stepping Up Covert Actions », The New York Times, 11 janvier).

 

Cette déclaration venait après le meurtre à Téhéran d’un jeune physicien nucléaire, qui faisait lui-même suite à plusieurs autres meurtres « mystérieux », dont on s’étonne qu’ils aient été si peu dénoncés par les défenseurs des droits humains — une pétition circule toutefois pour les condamner, « Petition against the Murder of Iranian Scientists »). L’Iran a aussi été victime ces derniers mois de cyber-attaques par le virus Stuxnext (lire Philippe Rivière, « Cyber attaque contre Téhéran », Le Monde diplomatique, mars 2011).

 

Cette escalade est incontestablement le fait d’Israël, qui ne cherche même pas à démentir. En revanche, il est plus difficile de saisir quelle est la stratégie du président Obama. Au moment même où l’administration américaine affirme, haut et fort, sa solidarité totale avec Israël et sa détermination à empêcher l’Iran de se doter de la bombe atomique, les manœuvres militaires entre Israël et les Etats-Unis sont reportées et les explications avancées pour ce report sont loin d’être claires ; Hillary Clinton condamne fermement le meurtre du chercheur à Téhéran ; les services de renseignement « occidentaux » (en fait américains) faisaient filtrer des informations sur la responsabilité du Mossad dans les meurtres des scientifiques iraniens (Karl Vick and Aaron J. Klein, « Who Assassinated an Iranian Nuclear Scientist ? Israël isn’t Telling », Time Magazine, 13 janvier) ; parallèlement, ils divulguaient des informations sur des agents israéliens qui tentent de se faire passer pour des membres de la CIA afin de recruter des combattants sunnites opposés au régime iranien (Mark Perry, « False flags », Foreign Policy, 13 janvier). Enfin, les Etats-Unis ont lancé une sévère mise en garde à Téhéran contre tout blocage du détroit d’Ormuz et mobilisent leurs alliés pour arrêter les achats de pétrole iranien.

 

Comment expliquer ces contradictions ? Gary Sick, un ancien conseiller du président Jimmy Carter, avance deux explications possibles : l’incompétence d’un côté ; de l’autre, un rideau de fumée pour préparer un nouveau dialogue avec Téhéran (« Stealth Engagement », Gary’s choices, 16 janvier 2011). Et il penche pour la seconde.

 

Il relève ainsi les déclarations de Leon Panetta, le secrétaire américain à la défense et ancien directeur de la CIA. Le 2 décembre 2011, celui-ci dressait un tableau catastrophique des conséquences d’une guerre contre l’Iran ; quelques jours plus tard, le 19 décembre sur CBS, il affirmait que l’Iran aurait peut-être une bombe atomique d’ici un an ; enfin le 8 janvier, à la question de savoir si l’Iran voulait la bombe atomique, il répondait… non.

 

Gary Sick met en avant trois facteurs explicatifs à cette apparente incohérence.

 

D’abord, on est en pleine année électorale aux Etats-Unis, avec un Congrès favorable à une escalade des sanctions, notamment contre le pétrole iranien — avec le risque qu’elle soit analysée à Téhéran comme « un acte de guerre ». D’autre part, pour le président Obama, et compte tenu des conséquences d’un conflit dans le Golfe, il est important de retourner à la table des négociations. Enfin, il y a l’extrémisme du gouvernement Netanyahou et son influence aux Etats-Unis, notamment dans la perspective de l’élection présidentielle, même si, comme le rappelle Sick, il existe des réserves face à une aventure militaire — Ron Paul, l’un des candidats à l’investiture républicaine, s’est ouvertement prononcé contre.

 

Dans ces conditions, la stratégie du président Obama serait d’ouvrir une voie de communication avec Téhéran, tout en accompagnant les gestes d’ouverture de déclarations dures à l’encontre du régime iranien. Et il multiplie les pressions sur Israël pour que ce pays ne s’engage pas dans une aventure militaire. Selon Sick, la visite du président du Parlement iranien Ali Larijani à Ankara en janvier et ses déclarations sur une reprise des négociations avec les pays occidentaux, s’inscriraient dans le cadre des tentatives de dialogue lancées par la Maison Blanche.

 

Ces initiatives n’ont pas l’heur de plaire à Nicolas Sarkozy et aux Européens, qui poussent les Etats-Unis à adopter des positions plus fermes, au lieu de jouer le rôle de facilitateur et de favoriser le dialogue. Et qui ne veulent surtout pas entendre parler d’un Proche-Orient débarrassé des armes nucléaires, ce qui impliquerait qu’Israël renonce à la bombe. C’est pourtant la meilleure solution, comme l’expliquent Shibley Telhami et Steven Kull dans un article du New York Times, le 15 janvier.

 

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21 janvier 2012 6 21 /01 /janvier /2012 17:49

 

http://www.blog.mondediplo.net/2012-01-18-Islam-une-police-de-la-pensee-socialiste

 

Islam, une police de la pensée socialiste

 

Par Alain Gresh

 

On le savait depuis longtemps, le Parti socialiste a rompu avec le marxisme sur le terrain économique et ne réclame plus, au mieux, qu’une gestion un peu moins brutale du capitalisme. En pleine crise économique, la plus grave que l’on ait connue depuis 1929, les recettes du candidat François Hollande sont bien timorées et, sur le fond, proches de celles de la droite (n’est-il pas partisan de la « règle d’or » qui interdirait tout déficit budgétaire ?).

 

En revanche, il y a un domaine dans lequel le Parti socialiste se glorifie de son ancrage à gauche : celui de la laïcité. Et, le Sénat étant passé à gauche, il a décidé de s’en servir pour prouver ses convictions et pour s’attaquer une fois de plus au cléricalisme et à la calotte. Pas celle de l’Eglise catholique évidemment – jamais le PS n’a mis en cause, quand il était au gouvernement, le statut particulier de l’Alsace-Moselle et la place qu’y occupent les religions ; le PS ne parle plus non plus de s’attaquer à l’enseignement religieux financé par l’Etat –, mais celle de cette nouvelle Eglise, si puissante dans notre société, dont les membres ont infiltré tous les rouages de l’Etat, du Parlement, du Sénat (on ne compte plus le nombre de ses élus dans cette assemblée), des médias, etc. : celle de ces musulmans qui s’attaquent aux fondements mêmes de notre société.

 

Délaissant donc la crise, le chômage, le mal-logement et autres détails de la vie publique, la nouvelle majorité de gauche au Sénat, dans une de ses premières manifestations d’indépendance, a décidé d’examiner une « Proposition de loi visant à étendre l’obligation de neutralité aux structures privées en charge de la petite enfance et à assurer le respect du principe de laïcité ». Après avoir, en décembre, décrété la neutralité des crèches et des centres de loisirs et de vacances, elle s’attaquait, le 17 janvier, à celle des assistants maternels.

 

L’article adopté est ainsi rédigé : « Art. L. 423-23 A. — À défaut de stipulation contraire inscrite dans le contrat qui le lie au particulier employeur, l’assistant maternel est soumis à une obligation de neutralité en matière religieuse dans le cours de son activité d’accueil d’enfants. »

 

Il est ironique de noter que Françoise Laborde, à l’initiative de ce texte, expliquait le 17 janvier qu’elle aurait « pu préciser qu’il s’agissait, dans cet article, de neutralité religieuse et politique ; cela m’aurait peut-être épargné les mauvais procès en islamophobie ». Mais pourquoi ne l’a-t-elle pas fait ? Pourquoi la mention de la neutralité politique n’est-elle pas précisée ? Faut-il rappeler que la commission Stasi avait proposé l’interdiction du port par les élèves de signes religieux ET politiques ? Si l’Assemblée nationale a réduit l’interdiction aux signes religieux, c’est bien par... islamophobie, quoi qu’en dise Françoise Laborde.

 

Intervenant dans le débat, Esther Benbassa, sénatrice des Verts, demandait ce qu’était la neutralité au domicile d’un assistant maternel : « Une représentation de La Mecque ? Une reproduction d’une annonciation de Fra Angelico ou d’un “Judith et Holopherne” ? Une manière de préparer le repas ? » On pourrait ajouter : faudra-t-il qu’un policier reste en permanence au domicile de l’assistant maternel pour vérifier qu’il ne prie pas cinq fois par jour ? qu’il ne cuisine pas hallal ? qu’il ne lit pas le Coran ?

 

Et si le texte s’était étendu à la neutralité politique, comme prétend le souhaiter Françoise Laborde, aurait-il fallu un policier pour vérifier les lectures subversives ? ou l’absence de portraits de Guevara ou de Gaulle (il est peu probable que quelqu’un affiche un portrait de Hollande) ?

 

Le groupe socialiste s’indigne sans aucun doute quand la police religieuse iranienne vérifie que les femmes sont correctement voilées à Téhéran, mais exige que l’on aille vérifier, au domicile personnel, les convictions de chacun.

 

Il n’y a pas que dans le domaine économique que le Parti socialiste a oublié ses racines marxistes. En 1874, Friedrich Engels épinglait ceux qui avaient « la prétention de transformer les gens en athées par ordre du mufti ». Et, l’année suivante, Karl Marx écrivait : « Chacun doit pouvoir satisfaire ses besoins religieux et corporels sans que la police y fourre son nez. »

 

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21 janvier 2012 6 21 /01 /janvier /2012 15:57

 

Tunisie 2012 : inquiètudes et espoir

 

Il y a un an l'immolation par le feu de Mohamed Bouazizi, vendeur de légumes dans la petite ville particulièrement déshéritée de Sidi-Bouzid, en Tunisie centrale, marquait le début de la « Révolution pour la dignité » et, plus largement, d'un processus révolutionnaire qui allait s'étendre à plusieurs autres pays de la région. Un an après ce suicide et la fuite de Ben Ali, la Tunisie est toujours en pleine effervescence. Certes, elle s'est donnée une assemblée constituante (élue pour un an) et un gouvernement dominés par le parti islamiste Ennahda. La victoire de ce dernier (cf Rouge et Vert numéro 336) a été nette, mais sans être écrasante, comme en Égypte : 37% des voix et 41% des sièges. Depuis longtemps, grâce à une tradition culturelle et grâce aussi à Bourguiba qui a su favoriser l'émergence d'une société civile, et malgré la dictature de Ben Ali, la société tunisienne est une société réellement plurielle et l'unanimisme dont a bénéficié Ben Ali dans le passé n'était qu'une façade qui a volé en éclats lors des premières élections libres.

 

Cette pluralité de la société tunisienne (dix neuf partis représentés à l'assemblée constituante) est un atout considérable pour le pays. Le parti majoritaire (37% des votants, mais seulement 18% des inscrits) ne pourra pas imposer ses vues, non seulement parce qu'il a besoin de partenaires pour obtenir la majorité à l'assemblée et pour gouverner, mais aussi à cause de la pluralité même de la société qui n'acceptera pas des réformes imposées contre sa volonté. Le parti dominant, Ennahda, doit tenir compte de cette situation particulière de la Tunisie et se donne pour modèle le parti islamiste turc de l'AKP qui a bien été obligé de composer avec l'héritage historique du kémalisme des débuts de la République turque, notamment sur les questions du statut de la femme et de la laïcité. Mais est-ce bien certain ? Une déclaration, dès avant la formation du gouvernement, du futur Premier ministre, Hamadi Jebali (Ennahda), faisant référence au califat et surtout l'omniprésence des cadres de Ennahda à tous les ministères clés (sauf celui de la défense à cause d'un veto étasunien) montrent que la tentation hégémonique de ce parti existe toujours.

 

Un autre phénomène inquiétant est le développement des actions des groupes salafistes (1). Non reconnu comme parti politique et opposé à la tenue des élections, le mouvement salafiste se fait connaître depuis la « Révolution de la dignité » par des actions spectaculaires ou violentes. Parmi les plus connues, on peut citer le 26 juin la manifestation et la vandalisation du cinéma tunisois qui projetait le film de la cinéaste Nadia El-Fani « Laïcité inch'Allah ! ». On peut citer plusieurs déclarations sur la criminalisation de l'athéisme et de la laïcité. On peut citer des agressions au cours de l'été contre des prostituées, des militants politiques, des estivants (notamment pendant le mois de Ramadan). On peut citer la manifestation le 14 octobre à Tunis et dans plusieurs autres villes contre la chaîne « Nessma TV » qui souhaitait projeter le film de Marjane Satrapi « Persépolis ».

 

On peut citer l'occupation, à partir du 6 décembre, de la faculté des lettres de la Manouba à Tunis par une trentaine de militants salafistes (dont seuls cinq ou six étaient étudiants dans cette faculté), suite à un processus de dégradation des relations à l'intérieur de cette faculté : volonté d'étudiantes portant un niqab (2) de le garder en cours, ce qui n'est pas autorisé, insultes (« putes ») contre des enseignantes non voilées par des étudiantes portant un niqab et donc non identifiables, agression physique contre le doyen et des enseignants... Cette occupation a entraîné la fermeture de la faculté par le doyen. Les revendications salafistes portaient officiellement sur deux points, l'autorisation du port du niqab par les étudiantes en cours et pendant les examens et la création d'un lieu de prière à l'intérieur de la faculté.

 

Mais selon le doyen, l'historien Habib Kazdaghli, « Derrière tout cela (…), l'objectif, [c'est] changer l'enseignement, c'est pour cela que la bataille de la Manouba apparaît décisive. » (« Le Monde », 20 décembre 2011). Malgré plusieurs demandes en décembre, c'est seulement après la rentrée de janvier qu'a été mis fin à l'occupation. Suite à une manifestation pacifique le 4 janvier de plusieurs centaines d'étudiants et d'universitaires au ministère réclamant la fin de l'occupation de la faculté de la Manouba, manifestation violemment réprimée (plusieurs blessés), la police est intervenue avec beaucoup de ménagement le 5 janvier et la trentaine de salafistes n'a mis qu'une heure et demi pour quitter les lieux. La rentrée devrait ainsi pouvoir se tenir le lundi 9 janvier.

 

Ce développement des actions salafistes n'est sans doute pas au coeur des problématiques de la majorité des femmes et des hommes de Tunisie, beaucoup plus préoccupés par le chômage qui n'a fait que croître au cours de l'année 2011, ou par les difficultés à remplir quotidiennement le couffin (thèmes que je laisse à notre camarade Jean François Le Dizès, de retour de Tunisie, développer dans le prochain numéro de Rouge et Vert). Néanmoins, elles posent des questions fondamentales pour une démocratie : la liberté de la presse (3), de la création et de la diffusion culturelle, la liberté religieuse, la liberté de l'enseignement et le contrôle de l'Université (la faculté de la Manouba a toujours été une faculté progressiste), le respect des décisions des instances des institutions démocratiques (le Conseil scientifique de la faculté de la Manouba -formé de représentants élus des enseignants, personnels et étudiants- s'était prononcé contre le port du niqab dans les salles de cours et lors des examens et l'avait autorisé dans les autres lieux de la faculté, mais deux étudiantes avaient refusé d'enlever leur niqab), l'instrumentalisation de la notion de liberté par les groupes salafistes (« Grâce à la révolution, nous avons la liberté de nous habiller comme nous voulons ! », en oubliant que toute liberté ne peut s'exercer que dans un cadre donné), ce qui remet au goût du jour le paradoxe de Saint-Just (« Pas de liberté pour les ennemis de la liberté. »), le contrôle du corps des femmes... En fait, ce qui se joue, c'est une lutte frontale entre une conception de la société ouverte, tolérante, démocratique et une autre fermée et réactionnaire. A cela il faut ajouter l'ambiguïté de la position de Ennahda qui n'a jamais condamné la moindre exaction des groupes salafistes, se contentant, parfois, de les « déplorer » et dont le gouvernement a mis plusieurs semaines avant d'accéder à la demande d'évacuation des salafistes de la Manouba. Le chemin vers la démocratie est long et semé d'embuches, espérons que les démocrates et progressistes tunisiens réussissent à contrer ces offensives réactionnaires pour instaurer une véritable démocratie. L'enjeu est évidemment capital pour les Tunisiennes et les Tunisiens, mais aussi pour tous les autres peuples de la région.

 

Jacques Fontaine, dimanche 8 janvier 2012

 

1 Salafisme : le salafisme est un courant proche du wahhabisme et des autres tendances fondées sur une lecture littérale du Coran. Les salafistes appellent à purifier l'islam de toute trace culturelle ou sociale étrangère, ils voient le monde à travers le prisme de la chari'a et récusent les « compromissions » au sein de l'oumma musulmane. Il s'impose (...) parfois comme une passerelle intellectuelle vers l'extrémisme et le djihad planétaire. Source : Sfeir et alii, 2002

 

2 Le niqab est un voile intégral qui couvre l'ensemble du corps et du visage d'une femme. Comme le hidjab, il n'est ni dans la culture ni dans la tradition des pays du Maghreb. Prétendre que ces types de voiles font parie de «l'identité tunisienne » n'est donc qu'une supercherie. Les femmes citadines maghrébines portaient différents voiles, tels le safsari en Tunisie, la m'laya ou le haïk en Algérie, le kaftan au Maroc... Les paysannes ne portaient pas de voile. Le hidjab -voile d'origine proche orientale- est apparu au Maghreb après la révolution iranienne de 1979. Au départ, il était porté par les « soeurs musulmanes » pour qui il était un véritable uniforme militant. Le niqab est apparu beaucoup plus tard avec le même caractère militant.

 

3 Récemment (après la nomination du gouvernement H. Jebali), plusieurs publications ont été censurées en Tunisie, notamment des numéros spéciaux du Nouvel Observateur (Hors série « les Arabes »), du Point (Hors série « Question sur l'existence de Dieu ») et de l'Express (« la grande histoire des peuples arabes »).

 

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20 janvier 2012 5 20 /01 /janvier /2012 21:04

 

 

http://www.mediapart.fr/journal/france/190112/le-senat-decide-dappliquer-une-laicite-de-fer-la-petite-enfance

 

Le Sénat décide d’appliquer une laïcité de fer à la petite enfance

 

Vendredi 20 janvier 2012

 

Par Lénaïg Bredoux

 

Le clivage est profond. La nouvelle majorité sénatoriale a adopté une proposition de loi étendant le principe de laïcité à la prise en charge de la petite enfance. Mais sans parvenir à faire consensus dans ses rangs, y compris au sein du groupe socialiste, sur un terrain pollué par Marine Le Pen et les débats récurrents sur l’interprétation de la loi de 1905.  

Le texte adopté par une poignée de sénateurs, tard dans la soirée de mardi, prévoit que les crèches qui bénéficient d’un financement publique soient soumises à une «obligation de neutralité en matière religieuse».  

Soit la transcription dans la loi de la jurisprudence Baby Loup, du nom de cet établissement dont la directrice avait licencié une salariée qui portait le voile. A l’époque, la directrice avait reçu le soutien de nombreuses personnalités de droite et de gauche, ainsi que de la justice, mais sa décision avait été décriée par une partie de l’opposition et des associations anti-islamophobie.  

Le texte voté mardi par le Sénat stipule également que les crèches confessionnelles peuvent continuer à afficher des signes religieux. Mais si elles bénéficient d’une aide publique, elles doivent accepter d’accueillir tous les enfants.  

Enfin, et c’est la partie la plus polémique du texte, l’article trois prévoit d’étendre l’obligation de «neutralité» aux assistants maternels. Concrètement, soit les nounous n’affichent aucun signe religieux -sur elles, ou bien à leur domicile, par exemple sur les murs-, soit elles doivent stipuler sur leur contrat de travail leurs convictions. Une mesure qui a provoqué une bronca d’une partie des élus de gauche, mais aussi de plusieurs sénateurs UMP. Les débats, entamés le 7 décembre dernier, furent si vifs dans l’hémicycle que le vote avait dû être reporté. Jusqu’à mardi.  

Au final, la proposition a été adoptée par la totalité des radicaux de gauche, à l’origine du texte, la majorité des socialistes et une partie des élus UMP et centristes. Mais les communistes se sont abstenus et les écologistes ont voté contre. Tout comme une partie des sénateurs PS comme le maire de Roubaix, René Vandierendonck, et l’ancien maire de Clichy-sous-Bois, Claude Dilain.

La nouvelle majorité sénatoriale a donc étalé sa profonde division entre, d’un côté, ceux qui estimaient que l’affaire Baby Loup avait illustré un vide juridique et une montée inquiétante des communautarismes, et, de l’autre, ceux qui craignent une montée de l’islamophobie et une restriction de la liberté de conscience. Entre les deux extrêmes, une palette, parfois complexe, de positionnements déjà affichés lors des débats sur les prières de rue, le port du voile à l’école ou les restaurants hallal.

 

Protéger les enfants ?

 

Parmi les tenants d’une laïcité très restrictive, on trouve d’abord les Radicaux de gauche, dont c’est l’ADN politique. Ce sont eux qui sont à l’origine du texte, et plus précisément la sénatrice de Haute-Garonne, Françoise Laborde, auteure d’une première mouture, bien plus radicale encore que le texte adopté. Pour l’élue, il s’agissait de protéger les «jeunes enfants, des êtres particulièrement vulnérables» de tout affichage religieux. Devant ses collègues sénateurs, elle en avait appelé début décembre à la «philosophie des Lumières» et aux «aînés» de 1905, Aristide Briand, Gambetta et Emile Combes.  

Un discours que revendique aussi le parti de Jean-Luc Mélenchon, qui avait présenté début avril, en plein débat UMP sur la laïcité, un projet de loi durcissant celle de 1905 et qui prévoyait, déjà, d’étendre son principe à la petite enfance. «On se réjouit du texte voté par le Sénat, explique Pascale Le Neouannic, secrétaire nationale à la laïcité du Parti de gauche, dépourvu de sénateurs depuis le dernier scrutin. Le fait que la petite enfance soit assumée par le secteur privé ne veut pas dire qu’on fait ce qu’on veut.»  

Selon cette proche de Mélenchon, il ne s’agit pas de «tout cacher» au domicile des assistants maternels, mais de «faire attention dans la salle où on accueille les enfants». «On a le droit de croire, bien sûr, mais sans l’afficher», dit Le Neouannic, avant de comparer un assistant maternel qui ferait du prosélytisme à un «conducteur de train qui ne saurait pas conduire». A la question de savoir si elle juge qu’une assistante maternelle pourrait porter le voile, elle répond: «Cela dépend du voile. Si c’est un fichu traditionnel ou bien si c’est un voile qui revendique une expression religieuse. Dans ce cas, on vous demande de le retirer pour l’enfant.»  

Le PS, lui, est plus nuancé. L’ancien ministre Alain Richard a produit un important travail d’amendements sur le texte des Radicaux de gauche pour l’affiner et, finalement, adoucir les restrictions imposées aux crèches confessionnelles et aux assistants maternels. La loi votée prévoit finalement que les parents doivent être avertis des convictions de leurs employés. «Les assistants maternels devront simplement avoir prévenu les parents. Finalement, ce sont les femmes voilées qui seront les moins touchées car, au premier contact, on sait à quoi s’en tenir... », promet-il.  

L’ancien ministre de Lionel Jospin est en revanche furieux de la polémique suscitée par le vote du Sénat. «Il y a un petit noyau islamiste qui a développé une petite campagne par mail pour dénoncer une loi islamophobe», explique-t-il d’emblée. Il dit avoir subi des pressions et des «menaces électorales».

Dans sa ligne de mire: plusieurs associations, comme le collectif Mamans toutes égales ou la Coordination contre le racisme et l’islamophobie (CRI) qui avait appelé à manifester mardi devant le Sénat. Celle-ci dénonce un «ping-pong islamophobe entre la droite et la gauche»: «Nous refusons que la campagne du Parti Socialiste soit une occasion de chasser sur les terres de l’extrême droite en jetant les musulmanes en pâture à une opinion publique en attente de réponses économiques et sociales.» «Toute la communauté musulmane est en émoi. On prépare une pétition», précise le responsable du CRI, Abdelaziz Chaambi.  

Selon Alain Richard, seule une quinzaine de socialistes étaient en désaccord avec le texte (sur cent quarante). D’eux et de ses partenaires écologistes et communistes, le sénateur dit qu’ils «sont des gens vulnérables à ce type de pressions et qu’ils ont peur de déranger le monde musulman... Le PCF a les chocottes parce qu’ils ne peuvent plus se permettre de perdre des voix. Alors dans les élections, ils prennent ce qu’ils trouvent». Puis il conclut: «Tout cela, c’est un joli progrès du communautarisme!»

 

Une loi islamophobe ?

 

L’argument est balayé par la sénatrice communiste des Bouches-du-Rhône Isabelle Pasquet. Selon elle, son groupe était avant tout soucieux des éventuelles complications induites par le texte, et notamment par l’article trois sur les assistants maternels. «Imaginez un assistant maternel qui signe son contrat mais n’est pas pratiquant à ce moment-là... Son "engagement religieux" peut évoluer au fil du temps. Comment fait-on alors? Si une assistante se met à porter le voile, est-ce un motif de licenciement? Et puis comment mesurer cet "engagement" prévu par le texte? La laïcité doit garder un esprit d’ouverture. Là on enferme trop», détaille l’élue marseillaise.

Ce sont les mêmes arguments qui ont convaincu les socialistes dissidents à ne pas voter le texte. «Non, il ne faut pas laisser Marine Le Pen instrumentaliser la laïcité et Alain Richard a beaucoup travaillé pour échafauder un système séduisant», explique le sénateur et maire de Roubaix René Vandierendonck. Mais il ne se résout pas à l’article sur les assistants maternels: «Le raisonnement juridique est beau mais il se heurte à la réalité. Cela va être une intrusion excessive dans la sphère privée d’une laïcité qui n’a pas lieu d’être.»  

Sans compter, témoigne l’élu du Nord, que «dans ma ville, les gens se sentent agressés par cette disposition». 

Plus radicale encore, la sénatrice Europe Ecologie-Les Verts, Esther Benbassa, rapporteuse sur le vote des étrangers aux scrutins locaux, a bataillé dans l’hémicycle contre l’ensemble du texte. «Il ne faut pas faire de la laïcité une religion, tempête-t-elle. Les gens ne se rendent pas compte qu’ils vont finir islamophobes... A gauche et à droite, c’est à qui fera le plus de zèle! Car qu’on ne me dise pas qu’on a fait cette loi pour les nounous juives avec une perruque ou catholiques avec une croix! C’est une énième loi sur le foulard...» 

Une position partagée par l’ensemble du groupe EELV et par plusieurs experts de la laïcité, comme le chercheur Jean Baubérot. «Après les déclarations de Marine Le Pen, c’est comme si la gauche devait reprendre en main la laïcité mais en hypertrophiant la neutralité de l’espace public prévu dans la loi de 1905. C’est une atteinte aux libertés, explique-t-il. La gauche est un train de se fourvoyer et elle sera forcément perdante car Marine Le Pen sera forcément plus laïco-islamophobe qu’elle!»  

Paradoxalement, pour des raisons en partie tactiques, les sénateurs de droite n’ont pas tous approuvé le texte. 

Une bonne partie d’entre eux s’est abstenue et le représentant du gouvernement, le ministre Philippe Richert, avait appelé à voter contre. Il avait estimé, début décembre, que «les auteurs de la proposition de loi bousculent les grands équilibres établis depuis plus de cent ans autour du principe de laïcité». Tout en défendant l’interdiction du niqab dans l’espace public ainsi que les déclarations de Claude Guéant sur les prières de rue!  

Au final, le texte pourrait rester lettre morte: il n’a quasiment aucune chance d’être examiné par l’Assemblée nationale avant les élections. Et rien ne dit que la prochaine majorité en fasse une priorité. A moins qu’une énième polémique médiatique ne remette le sujet au devant de l’actualité.  

Le texte a été adopté mardi tard dans la soirée. Même avec du retard, nous avons choisi de revenir longuement sur les débats qui ont agité le Sénat parce qu’ils révèlent les difficultés de la gauche à s’accorder face à la stratégie offensive de la droite et de l’extrême-droite sur la laïcité, dans un contexte de stigmatisation des musulmans.  

Toutes les personnes citées ont été jointes jeudi par téléphone. Seul le groupe UMP n’a pas retourné notre appel, ainsi que la sénatrice PRG Françoise Laborde.  

 

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19 janvier 2012 4 19 /01 /janvier /2012 19:22

 

 

Après avoir lu le message adressé par Habib Kazdaghli aux universitaires français, je me suis trouvée dans l'obligation d'apporter des éclairements sur certains points essentiels dans cette affaire.

 

Le problème d'étudiantes portants le Nikab (la burqua) est un problème général qui concerne la quasi-totalité des instituts universitaires en Tunisie. Il s'agit d'un nouveau problème qui a surgit après la révolution dans le contexte du soulagement des libertés personnelles.


Cette liberté personnelle n'a pas été, à ce jour, réglementée par une loi et ce, à cause de l'instabilité politique du pays dans cette étape transitoire. Vue la sensibilité de l'affaire, le gouvernement transitionnel n'a pas voulu prendre une décision ferme dessus. Ce qui est raisonnable en quelque sorte. Les responsables universitaires ont dû alors prendre les choses en main et trouver une solution provisoire à cette question. La plupart ont su traiter le problème avec sagesse et précaution sauf à l'université de Manouba où l'affaire a pris une envergure assez grave. La question qui se pose c'est pourquoi spécialement à cette fac que les choses ont-elles progressé de la sorte? En examinant certaines données, on peut trouver quelques pistes qui nous aideront à trouver une explication. En effet, il est important de signaler que le doyen est un membre actif d'un parti politique (le pôle moderniste) et que ce parti se voit sans pouvoir sur la scène politique, à cause de sa représentation minoritaire à la constituante et à sa non participation au gouvernement.

 

D'autant plus que ses responsables ont exprimé leur mécontentement et leur frustration à l'égard du parti majoritaire : La Nahdha. Ils se sont même placés en tant que 'force de l'opposition' en refusant de travailler d'une façon coopérative pour l'intérêt général du pays. D'autre part, l'affaire du Nikab s'inscrit dans le cadre des libertés religieuses qui a fait l'objet du fameux dilemme islamisme/laïcité qui ne cesse de tourmenter notre pays depuis la révolution. A mon avis, je pense que le doyen ainsi que ses collègues ont traité l'affaire avec parti pris en adoptant une attitude de confrontation, chose qui a encouragé les manifestants à réagir avec violence.


Il est à noter que le parti Nahdha a exprimé, depuis le début des évènements, sa condamnation de la violence (agression du doyen) et a appelé le doyen à appliquer la loi d'une façon ferme pour rétablir l'ordre à l'université. Par ailleurs, il a expliqué qu'il respecte la liberté de porter le Nikab mais à condition que ça ne s'oppose pas à l'application des règlements administratifs nécessaires.
 
Dernière remarque : je ne suis ni Nahdha ni Pôle.

 

S.M., universitaire tunisienne, jeudi 12 janvier 2012

 

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19 janvier 2012 4 19 /01 /janvier /2012 19:09

 

http://www.france-irak-actualite.com/article-la-decision-absurde-d-arreter-l-opposant-algerien-mourad-dhina-97444430.html

 

La décision absurde d’arrêter l’opposant algérien Mourad Dhina

 

 

Mourad Dhina, opposant algérien, un des membres fondateurs du Mouvement Rachad (Droiture), a été interpellé à Orly lundi dernier suite, semble-t-il, à une ancienne demande des autorités algériennes. Il s’apprêtait à rejoindre son domicile en Suisse - où il s’est réfugié en 1995 -  après avoir participé, à Paris, à une réunion du conseil exécutif de l’organisation.

 

Mourad Dhina est physicien, ancien chercheur au CERN (Laboratoire européen pour la physique des particules) et professeur à l’École Polytechnique Fédérale de Zurich.  Il a dirigé le bureau exécutif du Front islamique du Salut (FIS) à l’étranger, organisation à laquelle il a adhéré après l’interruption, en 1992, du processus électoral en Algérie, et qu’il a quitté en 2004 en raison de divergence de stratégie politique. Il est directeur exécutif de la Fondation Alkarama, domiciliée à Genève, qui documente les cas de violations des droits de l’homme dans le monde arabe.

 

Le Mouvement Rachad, fondé en 2007, prône un changement de régime en Algérie par des moyens pacifiques. Il «bannit toute forme d’extrémisme, d’exclusion ou de discrimination et prône la non-violence». L’organisation dispose sur Internet et Eutelsat d’une chaîne de télévision : Rachad TV, dont une des particularités est d’interviewer sans acrimonie des acteurs de la scène politique algérienne, y compris n’appartenant pas à la mouvance islamique.

 

Libérez Mourad Dhina

 

Mourad Dhina risque d’être extradé vers l’Algérie. Dans un communiqué, le Mouvement Rachad demande aux "autorités françaises de libérer immédiatement un militant algérien qui œuvre pacifiquement pour la liberté, la démocratie et l’Etat de droit dans son pays". Il appelle les « partisans de la liberté et des droits de l'homme » à « faire pression sur les autorités françaises pour obtenir sa libération » en précisant bien : « par des moyens pacifiques ».

 

La décision d’arrêter Mourad Dhina est absurde, préhistorique, à l’heure il n’est question, dans les pays arabes, que d’en finir avec l’autoritarisme stérile, la pensée unique, et la corruption. Son incarcération sert les intérêts des forces qui veulent neutraliser les militants hostiles à l’embrigadement, par les services secrets occidentaux, de courants dits «islamistes », comme c’est le cas en Libye, en Syrie et au Liban.

 

 

 

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19 janvier 2012 4 19 /01 /janvier /2012 18:56

 

http://www.fr.news.yahoo.com/une-amende-60-000-euros-pour-un-incendie-151600482.html

 

Une amende de soixante mille euros pour un incendie ayant fait dix sept morts

 

PARIS (Reuters) - Une association et une société de construction ont été condamnées jeudi à Paris à des amendes de trente mille euros chacune pour un incendie qui avait fait dix sept morts dont quatorze enfants en août 2005 dans un immeuble insalubre parisien.

 

Le tribunal correctionnel de Paris a en outre imposé aux deux condamnés, l'association Freha qui gérait l'immeuble et la société Paris Banlieue Construction, à verser solidairement quatre cent quarante quatre mille euros à l'assurance-maladie ainsi que un million six cent mille euros au Fonds de garantie des victimes et un total de près de sept cent mille euros à plusieurs parents de victimes.

 

Les plaignants de ce dossier estimaient que les autorités, qui avaient promis avant la catastrophe aux futures victimes de régler la situation, ont été injustement épargnées et voyaient dans ce procès un symbole.

 

Alors que les loyers et les prix de la pierre ne cessent de grimper à Paris, la fondation Abbé Pierre estime dans son rapport 2011 qu'à côté des cent trente trois mille sans-abri, la France compte environ trois millions cinq cent mille personnes "très mal logées".

 

L'incendie, qui avait frappé un immeuble du treizième arrondissement, boulevard Vincent Auriol, occupé presque exclusivement par des familles immigrées d'origine africaine en situation régulière, est d'origine criminelle, a établi l'instruction. Le ou les auteurs n'ont jamais été identifiés.

 

Jean-Marc Florand, un des avocats des familles de victimes, estime que l'affaire pose un problème plus large qu'une responsabilité de deux personnes morales.

 

"J'ai toujours eu l'impression que ce dossier n'intéressait personne. Jamais l'état de l'immeuble ne permettait à des êtres humains d'habiter dedans. Or, on ne s'est jamais tellement préoccupé des responsabilités en la matière", avait-il dit lors du procès en septembre.

 

Il avait rappelé que l'immeuble n'était pas un "squat" mais un immeuble occupé par des travailleurs en situation régulière, payant leurs loyers et auxquels le préfet de région avait promis un relogement par un courrier officiel avant l'incendie.

 

L'immeuble avait des problèmes de fuites d'eau, de réseau électrique défaillant, était envahi par les rats et présentait des risque de saturnisme du fait de peintures au plomb, mais personne ne s'en est inquiété, a dit Jean Marc Florand.

 

"Il est clair que si on avait élevé des jeunes chiots dans cet immeuble, la SPA se serait constituée partie civile et elle aurait obtenu condamnation car l'immeuble était impropre à l'élevage des chiots", avait ajouté l'avocat.

 

Les deux prévenus du procès, l'association Freha et la société Paris Banlieue Construction, mises en cause pour des aménagements ayant selon l'accusation favorisé la propagation des flammes, pourraient faire appel puisqu'elles se disent boucs émissaires.

 

Cet incendie du boulevard Auriol avait précédé deux autres accidents similaires en 2005 dans des immeubles parisiens occupés aussi par des familles défavorisées qui firent respectivement vingt cinq et sept morts, dont une quinzaine d'enfants.

 

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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 20:50

 

http://www.pressenza.com/npermalink/les-indignes-demandent-la-protection-de-la-justice

 

Les indignés demandent la protection de la justice

 

Les indignés saisissent la justice contre les forces de l'ordre : pour défendre nos droits en justice comme sur les places publiques et faire en sorte que la loi soit respectée par ceux qui sont censés la faire appliquer.

 

Le 4 novembre 2011, sept cent indignés, pacifiques et porteurs d'un message d'avenir démocratique, se sont réunis sur le parvis du quartier d'affaire de La Défense et y ont créé un éphémère village populaire de tentes.

 

A 21 heures 30, une demi-heure après la fin de la manifestation, les forces de l'ordre sont intervenues. De nombreuses personnes ont été frappées sur les membres ; certaines, blessées, se sont vus refuser une assistance médicale ; deux ont été hospitalisées. Par ailleurs, les forces de l'ordre, dans leurs interventions à la Défense, ont systématiquement détruit nos tentes et enlevé notre matériel.

 

L’occupation du parvis de La Défense par les Indignés aura eu lieu du 4 novembre 2011 au 16 décembre 2011, durant lesquels la création d’un lieu d’échange populaire et l’installation d’un campement citoyen a été systématiquement empêché par les charges des forces de l’ordre. (Une liste exhaustive et un résume de vidéos, images et liens, jour par jour, vous serait proposée à la conférence de presse).

 

Le 16 décembre, nous avons été expulsés puis quotidiennement dispersés et empêchés de nous rassembler sur le parvis de la Défense. Certains d'entre nous ont subi des traitements violents et dégradants. Une vingtaine d'indignés ont été arrêtés, mis en garde à vue, et sont convoqués devant le délégué du procureur pour rappel à la loi ou avertissement à partir du 16 janvier. Nous serons présents et solidaires à leurs côtés. L’avocate Brigitte Plaza les défend.

 

Face à ces violations manifestes de nos droits et face à ces intimidations, nous ripostons sur le plan juridique.

 

Nos valeurs et nos attitudes relèvent des droits fondamentaux, consacrées par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, ainsi que par la Convention Européenne des Droits de l’Homme.

 

Nous avons déposé une plainte pour "entrave à la liberté de rassemblement et d'expression, atteinte aux personnes, à leur dignité, à leurs biens, intimidations, coups et blessures, chantage, gazage à bout portant dans les yeux..." auprès du Procureur de la République de Nanterre afin de faire condamner nommément les responsables et permettre à l’avenir une liberté effective de rassemblement.

 

Plus exactement nous portons plainte pour entrave à la liberté d’expression, atteintes volontaires à l’intégrité physique de la personne, vols, destructions de biens, discrimination du fait du refus de recevoir les plaintes et propos injurieux.

 

Une conférence de presse aura lieu le 17 janvier 2012 pour exposer notre démarche, avec des plaignants et Christophe AYELA, avocat au barreau de Paris, qui défend gratuitement l'ensemble des plaignants.

 

Nous avons aussi engagé un référé liberté pour demander au juge administratif d'enjoindre à l'autorité préfectorale de cesser de porter atteinte aux libertés fondamentales. Le juge a confirmé qu'à défaut d'arrêté préfectoral d'interdiction, notre rassemblement déclaré était autorisé. Toutefois il n'a pas jugé recevable la requête car nos nombreux témoignages émanaient des indignés et non de personnes en dehors du mouvement. Considérant que le tribunal aurait dû demander des explications à l'administration, nous avons décidé de nous pourvoir en Cassation auprès du Conseil d'Etat.

 

Qui sommes nous ?

 

Nous sommes des personnes simples et ordinaires. Parmi nous, certains se considèrent progressistes, d’autres plutôt conservateurs. Nous sommes athées, agnostiques ou croyants. Certains ont des idéologies affirmées, d’autres sont apolitiques. Mais nous sommes tous préoccupés et indignés par la situation politique, économique et sociale actuelle.

 

Nous dénonçons les manipulations et les injustices de tout type et nous voulons construire une voie pour sortir de la crise internationale sans violence.

 

Nous valorisons le respect de chacun, la coopération, les relations humaines, la créativité et l’intelligence collective en tant que piliers pour instaurer une véritable souveraineté du peuple. Notre mouvement est un processus pour construire l'autodétermination.

 

Pourquoi faire respecter nos droits ?

 

Parce que le mouvement fait grandir la vague d’espoir qui s'exprime partout dans le monde. Ce mouvement est international et pleinement politique mais a-partisan, horizontal et non violent.

 

Les forces de l'ordre font un usage abusif de la violence à l'encontre de notre mouvement pacifique. Les vidéos sur internet en témoignent largement.

 

Faire respecter nos droits, c'est empêcher qu'on nous fasse taire. Nous sommes les quatre vingt dix neuf pour cent, quand nous ne sommes pas respectés, ce sont tous les citoyens qui sont attaqués.

 

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