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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 16:24

 

http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/01/18/l-occupation-du-pole-emploi-et-la-solitude-du-chomeur_1630898_3224.html#xtor=AL-32280515

L'occupation du Pôle Emploi et la solitude du chômeur

LEMONDE.FR | 18.01.12 | 15h22  •  Mis à jour le 18.01.12 | 16h29

D'un pas sûr, Leïla Chaibi se dirige vers le Pôle Emploi de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) ; à quelques mètres de l'entrée, elle dissimule hâtivement l'autocollant flanqué sur son manteau. Leïla Chaibi ne se rend pas à cette agence de la région parisienne pour chercher un travail, mais pour l'occuper. Sur l'autocollant qui pointe sous son écharpe : "Spécule ta mère" et le nom de son collectif, "L'Appel et la pioche". Par téléphone, on vient de lui donner la consigne de rester discrète avant que le reste du groupe n'arrive.

 

Comme elle, ils étaient une trentaine à envahir l'agence du Pôle Emploi, après un appel lancé sur internet. Parmi eux, militants et membres de différentes associations de précaires et de chômeurs qui souhaitaient rendre leur voix plus audible, mardi 17 janvier, à la veille du sommet pour l’emploi organisé par l’Elysée, et alors que le taux de chômage s'établit à 9,3 %.

 

Xavier Renou, porte-parole des Désobéissants et coordinateur de cette action, souhaitait rencontrer les salariés du Pôle Emploi et dénoncer la politique de l'Agence : "On leur demande de radier du chômeur (...), on souhaite mettre la pression sur la direction pour changer la polititique de l'emploi." En Bretagne, trois agences ont été occupées, d'autres tentatives ont été observées à Lyon, à Nice, à Bordeaux, à Toulouse ou à Dunkerque..

 

« Casser la solitude du chômeur »

 

Leïla Chaibi, cofondatrice de "L'Appel et la pioche" – un collectif qui organise des événements pour dénoncer la précarité "sur un mode festif", comme des pique-niques dans les supermarchés – vient de connaître une période de chômage avant de trouver un CDD de cinq mois, en faisant jouer ses réseaux.

 

Le collectif rassemble une trentaine de personnes qui ont un profil similaire au sien, essentiellement des jeunes, raconte cette diplômée de l'IEP de Toulouse. "Ce qui est blessant, c'est que j'ai joué le jeu, je n'aurais jamais imaginé me retrouver dans la précarité (...). J'ai bientôt 30 ans, et il est pourtant hors de question que je pense à avoir des enfants", déplore la jeune femme.

 

Lorsqu'elle était au chômage, elle affirme n'avoir eu qu'un seul rendez-vous, en-deçà de la rencontre mensuelle avec un conseiller promise par le Pôle Emploi et n'avoir reçu ses premières indemnités que deux mois et demi après son inscription.

 

Avec un autre membre du collectif, Xavier Duchaussoy, 37 ans, au chômage depuis un an et demi, ils évoquent une paperasserie lourde et le sentiment de se sentir seuls "derrière le combiné". Pour le collectif, ce genre d'actions vise à "casser le sentiment de solitude du chômeur qui est dans un rapport individuel à Pôle Emploi, alors que les salariés peuvent s'appuyer sur les syndicats, les collègues".

 

Les militants arrivent au Pôle Emploi en ordre dispersé. Ils sont moins nombreux que prévu : d'autres associations de chômeurs – l'Association pour l'emploi, Agir contre le chômage et la précarité, le Mouvement national des chômeurs et précaires – ne sont pas de la partie. Ces associations demandaient à participer au sommet social de mercredi 18 janvier et ont été reçues mardi 17 dans l'après-midi par le ministère de travail. Avec, selon les organisateurs, une cinquantaine de militants en moins, l'occupation est moins spectaculaire qu'escomptée.

 

Mais lorsque les militants s'introduisent dans l'agence du Pôle Emploi, les objectifs tout dehors des journalistes sont probablement plus nombreux que les militants, pour ce qui ressemble avant tout à une opération médiatique.

 

« Les conditions de travail ne font que se dégrader »

 

Une grande bâche est jetée sur les ordinateurs destinés aux usagers, pour symboliquement épargner la contagion de la précarité. Les salariés n'ont pas été prévenus, l'occupation de ce Pôle Emploi était une solution de repli et a été décidée dans la matinée.

 

Des conseillères observent l'agitation, avant de regagner leur bureau, au premier étage de l'agence. "Il est où le bureau de la directrice ?", apostrophe un militant. "Là-bas", indique une employée. "Très bien, on va l'occuper !", rétorque le militant. Cette conseillère a tenu à rester anonyme, devant, dit-elle "la censure de la direction". Tendue et visiblement émue, elle estime l'action "bien fondée", mais évoque surtout "des conditions de travail qui ne font que se dégrader".

 

Le Parisien révélait mardi « l’asphyxie » des agences : alors que la direction du Pôle Emploi fait état de cent quinze demandeurs suivis par conseiller, la moyenne tournerait autour de deux cent, avec un record de six cent cinquante cinq pour un conseiller de l'Essonne.

 

Un regard furtif sur les militants, cette conseillère affirme devoir traiter deux cent dossiers : "On a toujours de plus en plus de demandeurs d'emploi à suivre et très peu de temps pour les gérer." "Dans cette agence, des personnes peu qualifiées se présentent à nous, elles parlent mal français et les seuls postes qu'on peut leur proposer sont beaucoup trop exigeants," ajoute-t-elle agacée. "Et [au Pôle Emploi], ils n'embauchent plus que des CDD de six mois", poursuit la conseillère en désignant deux collègues, retranchées dans un bureau sur la coursive.

 

Ces deux agents, qui ont aussi souhaité s'exprimer anonymement, terminent un CDD de sept mois, payé mille deux cent euros net par mois. Sur leur contrat, figurait "embauche pour accroissement d'action", précise une des deux femmes. "On n'a reçu que cinq jours de formation, ce n'est pas assez", explique l'employée, qui affirme s'être formée "sur le tas". Les deux conseillères disent se sentir démunies face au public qu'elles rencontrent, "des gens désespérés".

 

« Je me sens perdue »

 

En bas, l'ambiance s'agite : des policiers viennent de pénétrer dans le bâtiment. Après négociation avec les militants, ils acceptent de partir. D'autres, qui ne portent pas l'uniforme, restent, rapidement dénoncés par les "occupants" qui tentent d'organiser une assemblée générale. "Je ne suis pas des RG !", s'insurge un policier. "Vous avez quelque chose à cacher ?", questionne un autre, resté discrètement à l'arrière de l'assemblée générale après le départ de son collègue.

 

Dans la confusion, les militants demandent tour à tour aux policiers de quitter les lieux, aux médias de ne pas filmer. Ils lancent alors leur discussion sur le fond : partage du temps de travail, répartition des richesses, obligation de l'embauche, et approuvent les messages en remuant la main vers le haut. "On n'est pas obligé de faire cette gesticulation à chaque fois !", conteste une militante.

 

Des demandeurs d'emploi, surpris par l'occupation, observent la réunion, espérant la reprise de l'activité du Pôle Emploi. Certains sont venus pour soutenir l'occupation, après avoir repéré l'appel sur Internet. D'autres, comme Sonia Maazouz, 22 ans, ne s'attendait pas à rencontrer ces militants dans son agence, mais trouve cette occupation "normale". Au chômage depuis un an et demi et titulaire d'un BEP, elle cherche un emploi dans le domaine sanitaire et social. Elle est venue se réinscrire après un déménagement. "Je ne connais même pas le nom de mon conseiller (...), je me sens perdue", lâche la jeune femme.

 

 

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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 15:06

 

http://www.lariposte.com/italie-succes-des-marxistes-au,1728.html

 

Succès des marxistes au congrès de Refondation communiste

 

Le Parti de la Refondation Communiste (PRC), en Italie, a tenu son huitième congrès national du 2 au 4 décembre dernier, soit quelques semaines après la chute ignominieuse de Silvio Berlusconi et la constitution d’un gouvernement de « technocrates » dirigé par Mario Monti. Les discussions du congrès ont naturellement porté sur la faillite qui menace l’Etat italien et sur les conséquences politiques et sociales de cette situation. Le mandat que les « marchés » ont confié à Mario Monti est clair : imposer au peuple italien une politique d’austérité brutale.

 

Dans la phase préparatoire du congrès du PRC, trois documents ont été soumis à la discussion et au vote des sections : celui de la majorité, autour du secrétaire national du parti, Paolo Ferrero ; celui de nos camarades du journal Falce Martello, membres comme nous de la Tendance Marxiste Internationale ; et enfin celui, déposé à la toute dernière minute, d’une opposition hétéroclite qui, pour différentes raisons, ne voulait pas soutenir le document de Falce Martello. Dans les faits, ce sont surtout les deux premiers documents qui étaient au cœur des débats.

 

Tous deux avaient été rédigés avant la chute de Berlusconi. Le document de la direction nationale proposait alors la constitution d’un « front démocratique » avec le Parti Démocratique, qui est issu d’une fusion de l’ancien Parti Communiste Italien et de plusieurs formations de droite. La caractérisation du Parti Démocratique n’est pas simple. Il est toujours perçu par beaucoup de travailleurs italiens comme « de gauche ». Mais en même temps, les milieux capitalistes liés au PD s’efforcent de le transformer en un parti bourgeois stable. Et le fait est que la direction de ce parti se présente comme la plus à même de mettre en œuvre les coupes sociales et les contre-réformes qu’exige le monde des affaires. Aussi nos camarades de Falce Martello se sont-ils fermement opposés à cette idée d’un « front » entre le PRC et le PD. Leur document, intitulé Pour un parti de la classe ouvrière, critique l’idée de se compromettre dans des alliances contre-nature avec le Parti Démocratique – et appelle à tourner résolument le parti vers la classe ouvrière italienne.

 

Une autre différence importante entre le texte de la majorité et celui de Falce Martello concerne le programme du parti. Le premier avance toute une série de réformes fiscales et de mesures visant à « réguler » les marchés, sans toucher à la propriété capitaliste des banques et de l’industrie. A l’inverse, le document de Falce Martelo relie étroitement la lutte pour des réformes à la nécessité d’en finir avec le capitalisme en arrachant les grands leviers de l’économie des mains de la classe dirigeante.

 

Les camarades de Falce Martello ont eu la possibilité de défendre leur document dans plus d’un millier de congrès locaux. Lors du vote des militants, le texte de la majorité a recueilli 13 648 voix (81,3 %), celui de Falce Martello 2248 voix (13,4 %) et le troisième texte 894 voix (5,3 %). Pour la première fois de l’histoire du PRC, les marxistes y constituent donc la principale opposition de gauche. C’est le fruit de plusieurs années d’un travail patient et systématique pour défendre le programme et les idées du marxisme. Mais c’est aussi la reconnaissance du fait que ces dernières années les camarades de Falce Martello ont joué un rôle décisif dans des luttes des travailleurs italiens, notamment parmi les ouvriers de FIAT. Ils ne se sont pas contentés de proposer que le PRC se tourne vers la classe ouvrière en lutte ; ils ont mis cette idée en pratique partout où ils en avaient les forces, avec succès. D’où l’excellent résultat de leur document dans les vingt sept sections d’entreprise du PRC : quarante deux pour cent des voix, en moyenne.

 

Du fait de la baisse des effectifs du PRC, ces dernières années, le Conseil National a été ramené de deux cent quatre vingt à cent cinquante membres. Seize camarades de Falce Martello y ont été élus. Paolo Ferrero a été reconduit à la direction du PRC.

 

Depuis le congrès de 2008, où il avait pris la tête du PRC en s’appuyant sur sa gauche, il a nettement viré vers la droite. La question des rapports avec le Parti Démocratique se reposera dès que des élections législatives seront organisées en Italie. La Riposte soutient pleinement l’orientation stratégique et programmatique des camarades italiens de la Tendance Marxiste Internationale : pas d’alliances avec le Parti Démocratique, vers la classe ouvrière et pour le socialisme !

 

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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 14:52

 

http://www.fr.news.yahoo.com/gr%C3%A8ve-g%C3%A9n%C3%A9rale-contre-laust%C3%A9rit%C3%A9-en-gr%C3%A8ce-la-tro%C3%AFka-095419953.html


Grève générale contre l’austérité en Grèce, la troïka à Athènes

 

ATHENES (Reuters) - Plusieurs milliers de Grecs ont manifesté mardi en direction du parlement à Athènes pour protester contre la politique d'austérité mise en oeuvre sous la surveillance inquiète des créanciers internationaux de la Grèce, menacée de faillite.

 

Cette journée de grève coïncide avec le retour de représentants de la "troïka" des créanciers (Fonds monétaire international, Union européenne et Banque centrale européenne), venus examiner les comptes du pays avant le déblocage éventuel d'une aide de cent trente milliards d'euros.

 

Pour de nombreux Grecs, frappés depuis 2010 par des hausses d'impôts, des baisses de salaire et des coupes claires dans les dépenses publiques, une nouvelle cure d'austérité liée à ce second plan de sauvetage paraît insupportable.

 

"Qu'ils aillent se faire voir. Ils poussent le pays vers l'abîme avec ces mesures. Ils sont en train de liquider la Grèce", s'emporte Yannis Tsalimoglou, docker de 51 ans, dont les revenus ont chuté de trente pour cent en raison de la crise.

 

La Grèce vient d'entrer dans sa cinquième année consécutive de récession, avec un taux de chômage au niveau record de 17,7% au troisième trimestre 2011.

 

"Nous devons résister", affirme Evgenia Panagiou. Cette mère de deux enfants âgée de 52 ans est employée dans le secteur privé. Elle n'a plus été payée depuis octobre. "Pourquoi nous font-ils cela? Ce n'est pas de notre faute. (Les politiciens) ont englouti l'argent et ils continuent à percevoir les mêmes salaires élevés", dit-elle.

 

Aucun métro ne circulait et les ferries étaient à quai mardi en Grèce dans le cadre de cette grève générale. Les journalistes ont cessé le travail et les bus ne circuleront qu'une partie de la journée.

 

"UE, FMI DEHORS"

 

Depuis 2010 et le premier plan de sauvetage mis au point par l'UE et le FMI, des mouvements sociaux identiques ne sont pas parvenus à détourner les dirigeants grecs de la voie de l'austérité tracée par ces créanciers en échange de leur aide.

 

Nommé en novembre à la tête d'un gouvernement de techniciens en raison de la crise politique provoquée par la situation économique, Lucas Papadémos s'est engagé à appliquer tous les remèdes nécessaires pour éviter une faillite.

 

Or, la menace d'un défaut de paiement se rapproche, la Grèce devant rembourser quatorze milliards cinq cent millions d'euros d'emprunts obligataires fin mars.

 

Le gouvernement ne parvient pas à se mettre d'accord avec les investisseurs privés au sujet de l'abandon par ces derniers de cinquante pour cent de la valeur de leurs créances sur la Grèce. Cette "implication du secteur privé" (PSI) est nécessaire pour réduire de cent soixante pour cent à cent vingt pour cent du PIB le poids de la dette grecque.

 

Le FMI et l'UE ont en outre prévenu que, sans cette participation du secteur privé, ils pourraient considérer que la Grèce n'est pas sur la voie d'un rétablissement durable de ses finances publiques et qu'il n'est donc pas opportun de lui verser une nouvelle aide.

 

Les négociations entre le gouvernement grec et le secteur privé sont suspendues depuis vendredi et ne reprendront que mercredi.

 

Dans la manifestation athénienne, on pouvait lire sur une banderole: "UE, FMI, dehors!".

 

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17 janvier 2012 2 17 /01 /janvier /2012 20:41

 

FASE Languedoc Roussillon

10 Bis Rue Dom Vayssette 34 000 Montpellier

Contact : Xavier Marchand : 06 60 65 99 36

xavier.marchand@cualdemeze.fr

 

Communiqué

 

La réunion régionale de consultation provoquée par la Fédération pour une Alternative Écologique-Languedoc Roussillon a réuni des représentants du Parti Communiste Français, du Parti de Gauche, de la Gauche Unitaire, du Nouveau Parti Anticapitaliste et de la FASE.

 

Un riche débat a eu lieu qui démontre l'aspiration profonde à l'unité. Que ce soit dans la population ou dans les forces  à  gauche de la gauche.

 

Il existe une grande Inquiétude devant l'état de l'unité en Languedoc Roussillon. Cette inquiétude concerne l'absence d'accord départemental finalisé du Front de Gauche dans l'Hérault. Elle concerne le manque de contact et de débat entre le Front de Gauche et le NPA. Elle concerne les difficultés existantes dans certaines circonscriptions ou l'esprit unitaire ne prévaut pas totalement.

 

Le NPA a explicité sa position: " le NPA sera présent en tant que tel ou de manière unitaire dans toutes les circonscriptions », ce qui pour la FASE ouvre le champ de l’unité notamment dans l’Hérault.

 

La FASE Languedoc Roussillon considère que le Front de Gauche est un réel début de rassemblement unitaire anti capitaliste. Qu’il doit être soutenu et encouragé, mais que les freins existants dans quelques circonscriptions doivent être fermement combattus.

 

Elle considère que des accords locaux unitaires larges sont préférables dans les circonscriptions ou il serait impossible d'obtenir un accord d'esprit réellement unitaire.

 

Elle considère qu'il faut un accord unitaire sur les législatives dans l’Hérault, et que celui ci doit être finalisé avec l'ensemble des membres et partenaires du Front de Gauche dont la FASE avant d'être rendu public et que l'avis de l’ensemble des forces doit être pris en compte.

 

Elle propose, à l’image de l’accord « Terre de Gauche » du Limousin, de travailler à des accords plus larges encore que le Front de Gauche en incluant partout ou c'est possible le NPA.

 

La FASE Languedoc Roussillon  souhaite que les  consultations se développent rapidement dans  cet objectif. Elle prendra des initiatives en ce sens.

 

L'esprit unitaire doit prévaloir partout.

 

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17 janvier 2012 2 17 /01 /janvier /2012 20:13

 

http://www.fr.news.yahoo.com/le-procureur-philippe-courroye-mis-en-examen-pour-152207054.html

 

Le procureur Philippe Courroye mis en examen pour les « fadettes »

 

PARIS (Reuters) - Un des plus célèbres magistrats français, le procureur de Nanterre (Hauts-de-Seine) Philippe Courroye, a été mis en examen mardi pour avoir fait examiner en 2010 des factures détaillées de téléphones de journalistes, des "fadettes".

 

Le parquet de Nanterre a annoncé lui-même cette mise en examen pour "collecte illicite de données à caractère personnel par un moyen frauduleux, déloyal et illicite et violation du secret des correspondances".

 

"Suite au dépôt d'une plainte avec constitution de partie civile de la société éditrice du Monde et de deux de ses journalistes, le procureur de la République de Nanterre, Philippe Courroye a été mis en examen ce jour", annonce-t-il dans un communiqué publié mardi.

 

Cette mesure ordonnée par la juge d'instruction parisienne Sylvie Zimmermann, très rare concernant un haut magistrat, frappe une figure symbolique de la magistrature en vue depuis plus de vingt ans, qui revendique son amitié avec Nicolas Sarkozy.

 

Le procureur n'évoque aucune démission. Le ministère de la Justice, son autorité de tutelle, n'a pas fait de commentaires mais il est très peu probable qu'il le pousse à partir.

 

C'est la seconde personnalité proche du chef de l'Etat mise en cause dans les affaires de "fadettes" de journalistes, après le patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) Bernard Squarcini, poursuivi depuis octobre dans une affaire voisine.

 

Il est reproché au procureur Courroye des réquisitions délivrées en septembre 2010 à la police afin qu'elle examine les communications de deux reporters du journal Le Monde, Gérard Davet et Jacques Follorou.

 

Il s'agissait alors de savoir qui avait inspiré un article relatant une perquisition chez l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt, au centre d'une enquête qui menace le pouvoir exécutif. Philippe Courroye soupçonnait sa rivale, la présidente de chambre correctionnelle Isabelle Prévost-Desprez.

 

UN DOSSIER DE SEPT CENT PAGES

 

Sur demande du procureur, la police a constitué un dossier de sept cent pages sur les sources des deux journalistes et leurs contacts privés.

 

Gérard Davet estime que ce dossier met au jour une affaire plus vaste. "Ça montre très simplement et très clairement qu'il y a un système en place destiné soit à mettre le couvercle sur les affaires sensibles gênant le camp Sarkozy, soit à nuire à ses opposants", a-t-il dit à Reuters.

 

Le procureur Courroye a engagé une bataille de procédure pour tenter d'échapper à un procès.

 

Il a saisi la chambre de l'instruction en soulevant l'argument selon lequel la juge Zimmermann n'avait à ses yeux pas le droit d'engager ces poursuites. Il considère par ailleurs que le fait de demander des "fadettes" n'est pas juridiquement une violation du secret des correspondances.

 

La cour d'appel de Paris devrait prendre plusieurs mois pour examiner ces demandes.

 

"Cette mise en examen est, au regard du fonctionnement de la justice, d'une extrême gravité puisqu'elle touche au pouvoir d'enquête du procureur de la République, mission qu'il exerce, aux termes de la loi, au service de l'intérêt général", écrit le magistrat dans son communiqué.

 

Le débat juridique tourne jusqu'ici en défaveur de Philippe Courroye. Le 6 décembre dernier, la plus haute juridiction française, la Cour de cassation, a ouvert la voie à sa mise en examen en déclarant son enquête illégale.

 

La Cour de cassation s'appuyait sur des arrêts de la Cour européenne des droits de l'homme présentant la protection des sources journalistiques comme un élément fondamental de la liberté de la presse. Le gouvernement actuel a fait voter une loi à ce sujet en 2010.

 

Philippe Courroye, ancien juge d'instruction anti-corruption passé au parquet, fut jusqu'à cette affaire une véritable icône dans la magistrature, faisant chuter des personnalités de droite comme de gauche ou encore des malfaiteurs, comme le chef des clandestins corses Charles Pieri.

 

L'équipe du candidat socialiste François Hollande estime que sa déchéance est le symbole de ce qu'elle voit comme le dévoiement des institutions sous le quinquennat Sarkozy.

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16 janvier 2012 1 16 /01 /janvier /2012 18:44

 

http://www.fr.news.yahoo.com/deux-reporters-soupçonnent-damas-les-avoir-piégés-172511376.html

 

Deux reporters soupçonnent Damas de les avoir piégés

 

PARIS (Reuters) - Deux reporters présents à Homs, en Syrie, lors de la mort du journaliste de France Télévisions Gilles Jacquier soupçonnent les autorités syriennes et vont porter plainte pour tentative d'assassinat, annoncent leurs avocats.

 

Ces journalistes ont acquis la conviction "qu'ils ont été délibérément conduits par les services de sécurité gouvernementaux dans un lieu dont le bombardement était programmé", écrivent lundi Alexandre Varaut et Vincent de la Morandière dans un communiqué.

 

Pour Jacques Duplessy, journaliste, et Steven Wassenaar, reporter-photographe, "la nature des moyens militaires employés et les conditions dans lesquelles ils ont été dirigés vers la zone de tir, puis isolés, démontrent sans ambiguïté l'intention homicide", ajoute le texte.

 

Une plainte contre X avec constitution de partie civile sera donc déposée devant le doyen des juges d'instruction de Paris pour tentative d'assassinat.

 

Steven Wassenaar, qui a été blessé par l'obus qui a tué Gilles Jacquier, a confié à ses avocats le fragment de métal qui lui a été retiré et qui sera remis à la justice pour déterminer les armes employées.

 

Le parquet de Paris avait annoncé vendredi l'ouverture d'une enquête sur les circonstances de la mort de Gilles Jacquier.

 

L'enquête préliminaire pour homicide volontaire a été confiée à l'Office central de répression des violences aux personnes.

 

Le gouvernement et France Télévisions avaient demandé à la justice de faire toute la lumière sur la mort du journaliste, tué à Homs alors qu'il effectuait un reportage avec l'accord du gouvernement syrien.

 

Thierry Thuillier, directeur des rédactions de France Télévisions, qui a également porté plainte, s'est interrogé sur les circonstances du drame.

 

"Les journalistes faisaient partie d'un convoi sous escorte, très sévèrement encadré. Quand les tirs ont commencé, les militaires syriens ont reculé, laissant seuls et exposés les journalistes. Pourquoi ? Je n'ai pas de réponse. La rédaction, France Télévisions, les familles veulent cette réponse", a-t-il dit dans un entretien publié sur le site de France Télévisions.

 

La France a réclamé la semaine dernière qu'une enquête indépendante ait lieu en Syrie.

 

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16 janvier 2012 1 16 /01 /janvier /2012 18:22

 

http://www.fr.news.yahoo.com/le-mouvement-occupy-monte-ses-igloos-au-forum-172038460.html

 

Le mouvement « Occupy » monte ses igloos au forum de Davos

 

DAVOS, Suisse (Reuters) - Un groupe de manifestants désireux de porter le mouvement "Occupy" au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, a présenté lundi le campement qui doit leur permettre de montrer leur opposition à ce rassemblement des élites politiques, économiques et financières de la planète.

 

Une fois l'installation achevée dans la luxueuse station de sports d'hiver, le "Camp Igloo" devrait comprendre deux grandes tentes chauffées, une cuisine de campagne et une série d'igloos permettant de loger une cinquantaine de personnes, ont indiqué les organisateurs.

 

Le forum annuel de Davos, qui aura lieu cette année du 25 au 29 janvier, a fini par devenir le symbole du capitalisme et de la mondialisation.

 

De son côté, le mouvement "Occupy", né à Wall Street durant l'été 2011, entend notamment dénoncer l'inégale répartition des richesses.

 

"Ce sont les décisions d'une poignée de personnes qui nous ont menés dans la crise de ces dernières années. Aujourd'hui, ces mêmes personnes se présentent comme porteurs de la solution au problème", a commenté le président des Jeunesses socialistes suisses, David Roth, devant les journalistes présents au campement, près de la gare de Davos.

 

"C'est la mauvais solution car elle est antidémocratique et cynique. La démocratie n'est pas seulement le chemin à suivre pour les pays arabes, elle est aussi nécessaire dans les pays occidentaux", a-t-il ajouté.

 

Les organisateurs ont lancé un appel mondial pour venir participer au rassemblement.

 

Une autorisation leur a été accordée pour demeurer sur un parking situé à l'extérieur de l'important dispositif de sécurité prévu pour le forum.

 

David Roth a également indiqué être en contact avec les organisateurs du Forum économique mondial afin de promouvoir le dialogue entre manifestants et délégués de la réunion.

 

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15 janvier 2012 7 15 /01 /janvier /2012 20:35

 

Vous trouverez ci-dessous des citations d’un très long message de Paul Le Blanc relatif à l’histoire du mouvement social aux Etats Unis. Le message est disponible en totalité si vous consultez le site www.alencontre.org à l’adresse ci-dessous.

Bernard Fischer

http://www.alencontre.org/ameriques/americnord/usa/les-ancetres-du-mouvement-occupy.html

Les ancêtres du mouvement Occupy

 

Par Paul Le Blanc

 

Dans les années 1880, lors de la fondation de l’American Federation of Labor (AFL), les militants syndicaux expliquaient dans le préambule de leur constitution: «Une lutte se déroule dans toutes les nations du monde civilisé entre les oppresseurs et les opprimés de tous les pays; une lutte entre le Capital et le Travail qui doit croître en intensité d’année en année et avoir des conséquences désastreuses pour les millions des travailleurs de toutes les nations si [ils] ne s’unissent pas en vue de leur défense commune et de leurs intérêts.»

 

Cela est encore plus vrai aujourd’hui que cela l’était il y a cent vingt cinq ans. Nous devons nous unir – l’immense majorité – pour résister et vaincre notre oppression et notre exploitation collectives.

 

Le mouvement d’occupation qui a balayé notre pays – ces millions d’entre nous qui en font partie et/ou qui s’y identifient – se compose, bien sûr, de quelque chose de plus large que ceux d’entre nous qui ont pu dormir, manger et vivre sur les différents sites d’occupation. Nous sommes nombreux. Nos idées et nos aspirations sont partagées par beaucoup, beaucoup plus encore dans notre pays. Selon les sondages récemment publiés dans le New York Times, environ vingt cinq pour cent des gens aux Etats-Unis s’opposent à ce que nous représentons; environ quarante cinq pour cent sont favorables à nos idées et trente autres pour cent n’en connaissent pas suffisamment pour se prononcer. Il me semble que ce serait un but louable pour notre mouvement de consolider le soutien de ce quarante cinq pour cent, d’y joindre autant que possible ceux qui font partie des trente pour cent d’indécis et même gagner certains du vingt cinq pour cent critique.

 

Je suis convaincu que nous pouvons apprendre quelque chose ayant de la valeur de l’histoire des mouvements sociaux antérieurs. Je vais maintenant offrir quelques phrases de certains des dirigeants passés du mouvement des travailleurs et travailleuses ainsi que du mouvement pour les droits civiques.

 

Avant toute chose, toutefois, nous devons être prudents au sujet de ce que nous entendons par «dirigeants». Ainsi que le déclarait le grand socialiste et organisateur syndical Eugene Victor Debs : «Je ne suis pas un dirigeant syndical. Je ne veux pas que vous me suiviez ou qui que ce soit d’autre. Si vous êtes à la recherche d’un Moïse qui vous conduira hors de ce désert capitaliste, vous resterez exactement là où vous vous trouvez. Je ne vous mènerai pas vers la terre promise si je le pouvais, parce que si je le faisais, quelqu’un d’autre vous en sortira. Vous devez utiliser vos têtes aussi bien que vos mains et vous sortirez vous-même de votre condition actuelle, ainsi que les capitalistes utilisent aujourd’hui vos têtes et vos mains.»

 

Plusieurs années plus tard, Ella Baker – qui travailla avec le NAACP, le Southern Christian Leadership Conference et le Student Nonviolent Coordinating Committee – a expliqué son propre rôle dirigeant d’une façon que Debs aurait apprécié: «Vous ne m’avez pas vu à la télévision, vous n’avez pas vu de nouvelles histoires sur moi. Le genre de rôle que j’ai essayé de jouer a été de ramasser des pièces ou d’assembler des pièces de telle sorte que j’espérais ainsi qu’une organisation pourrait exister. Ma théorie: un peuple fort n’a pas besoin de dirigeants forts.»

 

Les dirigeants authentiques sont ceux et celles qui aident encore et toujours plus les personnes faisant partie du quatre vingt dix neuf pour cent à penser d’une façon critique et à s’organiser eux-mêmes efficacement. Il s’agit là d’une notion très radicale, révolutionnaire. Ella Baker était une révolutionnaire. Elle a souligné que l’intégration raciale en elle-même n’était pas un but suffisant. «Afin qu’en tant que personnes pauvres et opprimées nous devenions une partie de la société qui soit significative », expliquait-elle, « le système dans lequel nous vivons aujourd’hui doit être changé radicalement. […] Cela signifie faire face à un système qui, de lui-même, n’est pas conforme à vos besoins et concevoir des moyens par lesquels vous changerez ce système » Ce que Baker décrit est une lutte de pouvoir par laquelle les quatre vingt dix neuf pour cent se libèrent, de plus en plus et finalement complètement, du pouvoir oppressif des un pour cent.

 

En relation avec ces idées, on peut mentionner les remarques d’A. Philip Randolph, qui a joué un rôle central autant dans le mouvement ouvrier que dans celui des droits civiques. «Le pouvoir et la pression sont à l’origine de la marche pour une justice sociale et pour les réformes. […] Le pouvoir et la pression ne résident pas dans les mains de quelques-uns, d’une intelligentzia, [mais plutôt] ils résident dans et découlent des masses», Randolph insista, en ajoutant: «Le pouvoir est le principe actif des […] masses organisées, des masses unies pour un but précis.»

 

Ces idées ont été développées avec une éloquence particulière par Martin Luther King. Il est utile de s’intéresser à la façon dont il le fait. Voici ses paroles: « Les plantations et le ghetto ont été créés par ceux qui ont le pouvoir autant afin d’y confiner ceux qui n’avaient pas de pouvoir que pour que leur impuissance se perpétue. Le problème de la transformation du ghetto est donc un problème d’affrontement entre les forces qui exigent le changement et celles qui se consacrent à la préservation du statu quo. Une fois ceci posé, le pouvoir bien compris n’est rien d’autre que la capacité d’atteindre un but. Il s’agit de la force nécessaire à entrainer un changement social, politique et économique.»

 

S’inspirant explicitement de l’expérience du mouvement ouvrier, King souligne: «Le pouvoir est la capacité qui rend la majorité puissante […] dire “oui” lorsqu’ils veulent dire “non”. Ceci est le pouvoir […]. Le pouvoir dans ce qu’il a de meilleur c’est l’amour mis en œuvre dans l’exigence de la justice; la justice dans ce qu’elle a de meilleur est le pouvoir corrigeant tout ce qui se dresse contre l’amour […]. Laissez-nous être insatisfaits jusqu’à ce que soit détruit le tragique mur qui sépare la cité extérieure de la richesse et du confort de la cité intérieure de la pauvreté et du désespoir sous les coups de bélier des forces de justice.»

 

Un aspect de ces commentaires de Martin Luther King tient dans la croyance au besoin d’un changement radical, même révolutionnaire, du système – ainsi que le demande, comme nous l’avons vu, Ella Baker. Comme Baker, comme A. Philip Randolph, comme Eugène Debs et d’autres encore, Martin Luther King était convaincu que le système capitaliste, contrôlé par les un pour cent figurant au sommet de celle-ci, devait être remplacé par un système politique et économique dirigé par les quatre vingt dix neuf pour cent.

 

Coretta Scott King, son épouse, a rappelé plus tard que «vers le premier mois de notre rencontre», en 1952, Martin Luther King lui parlait «de travailler dans le cadre de la démocratie pour nous diriger vers un certain type de socialisme», argumentant qu’«un certain type de socialisme doit être adopté par notre société parce que la façon dont elle fonctionne est simplement injuste». Et elle précisa: «La démocratie signifie une justice égale, l’égalité dans tous les aspects de notre société», et elle a indiqué que son mari «savait que le problème fondamental de notre société avait un rapport avec la justice économique, ou […] avec le contraste entre les possédants et ceux qui ne possèdent rien».

 

Une différence significative entre le radicalisme des mouvements ouvrier et pour les droits civiques et le radicalisme de notre propre mouvement d’occupation est que le nôtre – contrairement aux leurs – ne dispose pas actuellement d’une revendication ou d’un ensemble de revendications concrètes, que l’on peut obtenir immédiatement. Le mouvement pour les droits civiques a revendiqué (et finalement obtenu) la fin des lois Jim Crow de ségrégation ainsi que le droit de vote pour les afro-américains dans les Etats du Sud. Le mouvement syndical a revendiqué une reconnaissance des syndicats par les employeurs, des salaires plus élevés, une journée de travail plus brève ainsi qu’une amélioration de leurs conditions de travail.

 

J’aimerais revenir sur cette question du fait que notre mouvement d’occupation n’a pas de revendications concrètes mais, avant, je tiens à souligner un problème quant à restreindre la lutte aux seules prétendues «revendications concrètes».

 

En fait, la direction de l’ancienne American Federation of Labor a tendu à réduire l’ensemble des luttes à un tel caractère de revendications «purement et simplement» concrètes. Le président de la Pennsylvania Federation of Labor, James Maurer (qui se considérait lui-même comme socialiste) a laissé cet enregistrement de l’un des discours de président de l’AFL, Samuel Gompers (1850-1924): «Si un travailleur gagne un dollar et demi pour une journée de travail de dix heures, il vivra à la hauteur de ce un dollar et demi. Il sait qu’un dollar soixante quinze cents améliorera sa condition de vie. Il s’efforce naturellement d’obtenir ce dollar et soixante quinze cents. Une fois qu’il y sera parvenu, il veut deux dollars et plus de temps libre. Il se bat pour l’obtenir. Insatisfait par ces deux dollars, il veut plus encore ; pas seulement deux dollars vingt cinq cents, mais une journée de travail de neuf heures par jour. Il va continuer ainsi à obtenir encore et encore plus jusqu’à ce qu’il obtienne tout ou la valeur totale de ce qu’il a produit.»

 

Malgré une rhétorique qui retient quelque chose de l’ardeur et des conséquences liées à l’ancienne orientation révolutionnaire inscrite dans le préambule de l’AFL, un nombre croissant de dirigeants de l’AFL – au nombre desquels se trouvent Gompers lui-même – commença toutefois à s’embarquer dans une direction différente qui leur a permis de s’adapter aux préjugés de certains travailleurs qualifiés (contre les non-qualifiés, contre les nouveaux immigrés, contre les Blancs et les Asiatiques et les autres gens de couleur, contre les femmes salariées) et, par conséquent, à réaliser des compromis profonds avec certains des plus astucieux représentants du système capitaliste. Une grande partie du mouvement ouvrier est devenue modérée, conservatrice, non démocratique et corrompue.

 

De telles choses – qui prennent racines dans le décalage qui existe entre, d’un côté, les larges idéaux originaux, les engagements radicalement démocratiques et, de l’autre, les luttes étroitement concrètes au jour le jour – ont contribué au déclin de l’esprit et de la puissance des syndicats dans ce pays.

 

En contraste frappant avec cela, existait le radicalisme sans compromis des Industrial Workers of the World (IWW), qui déclaraient en 1905 [année de leur fondation]: «La classe ouvrière et la classe patronale n’ont rien de commun. Il ne peut y avoir de paix aussi longtemps que la faim et le besoin existera parmi les millions de travailleurs, pendant que la minorité, qui compose la classe des patrons, possède tous les biens de la vie. Entre ces deux classes il doit y avoir une lutte qui doit se poursuivre jusqu’à ce que tous les travailleurs du monde s’organisent comme classe, prennent possessions des moyens de productions, abolissent le salariat et vivent en harmonie avec la Terre.»

 

L’organisatrice des IWW Elizabeth Gurley Flynn a expliqué ce qu’elle et d’autres syndicalistes radicaux voyaient comme étant le lien nécessaire entre les luttes concrètes et l’esprit révolutionnaire: «Qu’est-ce qu’une victoire du travail ? Je maintiens qu’il s’agit d’une chose double. Les travailleurs doivent obtenir des avantages économiques, mais ils doivent aussi acquérir un esprit révolutionnaire afin de parvenir à une victoire définitive. Si les travailleurs obtiennent quelques cents de salaire supplémentaire par jour, quelques minutes de travail en moins chaque jour et qu’ils retournent au travail avec la même psychologie, la même attitude envers la société; cela ne serait qu’arriver à un succès temporaire et non à une victoire finale. Des travailleurs qui retournent au travail avec un esprit de conscience de classe, avec une attitude organisée et déterminée envers la société cela signifie, même s’ils n’ont pas obtenus des avantages économiques, qu’ils ont la possibilité de les obtenir dans le futur. En d’autres termes, une victoire du travail doit être économique et elle doit être à caractère révolutionariste.»

 

Cette vision anima nombre d’organisateurs et d’activistes dans les trois grandes grèves générales de 1934 – qui se sont déroulées à Toledo, Minneapolis et San Francisco – qui, durant la Grande Dépression, aida à paver la voie pour le Congress of Industrial Organizations (le CIO). Ces trois victoires ébranlèrent le mouvement ouvrier, particulièrement en raison à l’orientation révolutionnaire de la direction des grèves.

«Notre politique a été d’organiser et de construire des syndicats puissants pour que les travailleurs puissent dire quelque chose au sujet de leurs propres vies et aider au changement de l’ordre actuel des choses en une société socialiste», commenta d’une façon détachée le dirigeant de la grève de Minneapolis, Vincent Raymond Dunne [1889-1070, joua un rôle clé à Minneapolis]. Sur la Côte ouest, Harry Bridges, qui était à la tête de la grande grève des dockers, proposa la vue selon laquelle «la forme capitaliste de la société […] signifie l’exploitation de beaucoup de gens pour le profit et un dédain complet pour leurs intérêts subordonnés à ce profit [et] je ne voyais aucun intérêt pour ce système.»

 

Sortant de la lutte de Toledo, A. J. Muste [1885-1967] commenta: «Dans chaque situation de grève, la politique d’impliquer les forces les plus larges – tous les syndicats, les organisations de chômeurs, les partis politiques et les groupes – doit être appliquée afin de rompre avec le provincialisme syndical; de politiser la lutte; de développer la conscience de classe; de confronter les travailleurs avec les problèmes d’un affrontement avec les agences gouvernementales capitalistes, etc.»

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15 janvier 2012 7 15 /01 /janvier /2012 16:00

 

http://www.m-pep.org/spip.php?article2477  

 

Chronique de Jacques Nikonoff du 9 janvier 2012

 

La marche hongroise vers un fascisme contemporain

 

Les évènements qui se déroulent en Hongrie témoignent de la formation d’un fascisme contemporain. Les institutions de l’Union européenne, qui ont leur part de responsabilité dans cette situation, ne veulent ni ne peuvent intervenir. L’enjeu porte sur la capacité d’un pays de sortir de la crise en dehors des cadres fixés par le FMI et l’Union européenne, à partir de politiques d’extrême droite ou de gauche.

 

C’est un nouveau fascisme contemporain qui se donne à voir en Hongrie

 

Depuis mai 2010, dans ce pays de dix millions d’habitants membre de l’Union européenne depuis 2004, une droite particulièrement réactionnaire est au pouvoir avec le parti Fidesz (Union civique hongroise) dont le leader est Viktor Orban, Premier ministre, après l’avoir déjà été de 1998 à 2002. Une nouvelle Constitution a été votée par le Parlement, sans référendum, dont le contenu traduit la nature fascisante du nouveau régime.  

Ainsi la République a été abolie, puisque la Constitution n’est plus désormais celle de la « République de Hongrie », mais celle de la « Hongrie » tout court. C’est-à-dire un pays qui ne se définit plus par son régime politique mais par une prétendue essence éternelle. La nation hongroise, du coup, incluant les minorités hongroises d’autres pays voisins, même si elles n’ont pas la double nationalité. Le potentiel de déstabilisation nationaliste de toute la région est énorme. Le passé de ce pays est mythifié par les autorités. La Hongrie aurait ainsi une nature transcendante et non politique, faisant disparaître la notion de citoyenneté. Pour Janos Martonyi, ministre hongrois des Affaires étrangères, « Pour moi, comme pour la plupart des Hongrois, la Hongrie, c’est tout simplement la Hongrie » (Le Figaro, 7 et 8 janvier 2012).  

Les premiers mots de cette nouvelle Constitution sont « Dieu bénis le Hongrois ». Ainsi, logiquement, la place de la République à Budapest a-t-elle été débaptisée, et s’appelle désormais place Jean-Paul-II… Logiquement, encore, la nouvelle Constitution appelle à défendre « la vie dès sa conception », menaçant directement le droit à l’interruption volontaire de grossesse ; quant au mariage, il ne peut unir qu’un homme et une femme.  

Il n’y a plus de liberté de l’information en Hongrie depuis la loi du 21 décembre 2010, votée par 256 voix contre 87, entrée en application le premier janvier 2011. Les médias ont été placés sous le contrôle d’un « Conseil national des médias » dont les cinq membres, nommés pour neuf ans, appartiennent au parti au pouvoir ! Ce Conseil pourra, de façon discrétionnaire, exiger des médias qu’ils corrigent des informations qu’il estimera ne pas être « équilibrées politiquement » ou « entravant la dignité humaine ». Il pourra infliger des amendes allant jusqu’à deux cent millions de forints (720 000 euros) pour les télévisions et vingt cinq millions de forints (90 000 euros) pour les journaux ou les sites Internet. Certes, les médias concernés pourront se pourvoir en justice, mais ils devront préalablement avoir publié les rectifications et acquitté les amendes exigées. Ce Conseil pourra aussi participer à la vie interne des rédactions, en exigeant qu’on lui soumette articles ou émissions avant leur diffusion, et ordonner aux journalistes qu’ils dévoilent leurs sources.  

Une réforme électorale taillée sur mesure favorise outrageusement le parti au pouvoir puisqu’elle fait la part belle au parti qui arrive en tête. Le scrutin législatif sera à un seul tour, la droit de vote est accordé aux minorités hongroises des pays voisins, le découpage des circonscriptions est particulièrement favorable au parti Fidesz. Il suffira d’un tiers des voix pour se maintenir au pouvoir. L’opposition, même majoritaire, pourrait ne pas pouvoir accéder au gouvernement. Ainsi, aux prochaines élections, il est peu probable que le nouveau vainqueur dispose à son tour des deux tiers. Il aura les mains liées. C’est comme avec les traités européens : la gauche a les mains liées.  

Un impôt sur le revenu de seize pour cent pour tous a été inclus dans la Constitution. Il revient à supprimer l’impôt sur la fortune et est particulièrement injuste car frappant principalement les catégories modestes. Désormais une majorité des deux tiers au Parlement sera nécessaire pour changer la fiscalité.  

Autres innovations de cette nouvelle Constitution : les sans-abris peuvent être punis de peines de prison, et la majorité parlementaire pourra faire passer ses lois sans débat ! 

Ajoutons que dans de nombreuses villes, les directeurs de théâtre ont été remplacés par des gens proches du pouvoir ou des militants d’extrême droite.  

Ce nouveau fascisme contemporain n’a plus le visage de celui des années 1930 et de la seconde guerre mondiale  

Ce qui se passe aujourd’hui en Hongrie montre le nouveau visage du fascisme contemporain.  

Ce dernier n’a plus besoin d’avoir des chemises de couleur, comme les « chemises noires » du fascisme italien de Mussolini. L’image du fascisme originel de la Seconde Guerre mondiale a changé, le nouveau fascisme n’a pas besoin de ressembler point par point à l’ancien. Le risque est cependant encore plus grand que dans les années 1930, car aujourd’hui toutes les expériences de gauche ont échoué, du « socialisme réel » en passant par le « modèle » social-démocrate et la « gauche plurielle » en France. Le terreau est donc beaucoup plus favorable à l’extrême droite. 

On voit clairement en Hongrie les signes avant-coureurs du fascisme contemporain.  

Cependant, le socle commun à tous les fascismes reste le même : c’est toujours et avant tout le refus de l’égalité des individus, des « races » ou ethnies, et donc des peuples et nations, une identité nationale fantasmée et exacerbée. C’est le refus du droit d’avoir des droits. C’est alimenter l’idée que la crise est d’une telle ampleur que rien ne peut en venir à bout, sauf à revenir à une régénération et une purification nationales. 

C’est la version hongroise du lepénisme. Ainsi, selon Louis Aliot, le numéro deux du FN, « je ne suis pas Hongrois, mais j’ai l’impression que le peuple hongrois a voulu cela. Il a voté pour ses dirigeants et ses dirigeants ont mis en place le programme pour lequel ils ont été élus » (Le Monde, 6 janvier 2012). 

Les institutions de l’union européenne, qui ont leur part de responsabilité dans cette situation, ne veulent ni ne peuvent intervenir  

La presse française, de Libération au Monde en passant par Le Figaro, se demande – ou fait semblant de se demander – pourquoi les institutions de l’Union européennes sont silencieuses face au cas hongrois. Bruxelles semblerait désarmée et son silence serait de plus en plus lourd. Libération du 4 janvier 2012 titre «  Le lâche silence de l’Union européenne ». On peut lire le commentaire pathétique d’un Hongrois : « l’Europe ne nous laissera pas tomber ». Ainsi l’opposition hongroise se tourne vers Bruxelles pour tenter de trouver des soutiens. Quelle illusion ! 

L’Union européenne ne fera rien, comme elle n’a rien fait en 2000 en Autriche. Il s’agissait alors de protester contre l’entrée du parti d’extrême droite de Jörg Haider dans la coalition gouvernementale. La seule sanction prise a été que les fonctionnaires européens n’ont plus serré la main de leurs collègues autrichiens… Jusqu’à présent, le seul dirigeant européen à s’être exprimé est Alain Juppé qui a eu ces fortes paroles : « Il y a un problème en Hongrie ».

 Pourquoi ? Parce que le PPE, parti de Viktor Orban, est majoritaire au sein de l’Union européenne ; parce que l’Union européenne est une alliance basée sur l’économie et non sur un projet politique partagé et qu’elle ne dispose d’aucun instrument juridique pour faire plier la Hongrie ; parce que la seule chose qui intéresse les institutions européennes dans le cas hongrois, c’est le risque de remise en cause de l’indépendance de la banque centrale de Hongrie. 

Le Parti populaire européen (PPE), parti de Viktor Orban, est majoritaire parmi les pays de l’Union européenne, il est aussi la première force du Parlement européen. Dans le PPE, il y a notamment l’UMP de Sarkozy et la CDU de Merkel… Qui est le vice-président du PPE ? C’est Viktor Orban ! 

L’Union européenne est une alliance basée sur l’économie et non sur un projet politique et démocratique partagé, elle ne dispose d’aucun instrument juridique pour faire plier la Hongrie. La Commission européenne s’occupe des choses sérieuses comme maintenir la concurrence libre et parfaite, et pas du reste comme les atteintes aux libertés fondamentales. D’autant que l’Union européenne ne dispose d’aucune capacité juridique d’intervention. D’ailleurs, sauf preuve contraire, les décisions prises pour le pouvoir hongrois ne contreviennent pas aux traités, sauf pour la Banque centrale de Hongrie. Le système de l’UE n’aime pas la démocratie, il n’y a qu’à se rappeler le cas du vrai-faux référendum grec où les dignitaires européens ont hurlé à la mort ! 

Certes, il existe des sanctions possibles définies par l’article 7 du traité de Lisbonne. En cas de non-respect des « valeurs fondamentales » de l’UE, le droit de vote du pays concernés est suspendu au Conseil. La procédure peut s’enclencher sur l’impulsion du Parlement européen ou de la Commission, ou d’un tiers des États membres. Mais en bout de course il faudra rassembler les vingt six autres pays en dehors de la Hongrie. Impossible puisque la majorité des pays de l’UE est dans le même parti que Viktor Orban. Les Verts, témoignant d’un sens aigu de la politique politicienne, y ont fait appel officiellement. Plus prudents, les socialistes ont déclaré : « il faut sérieusement l’envisager ». Cela ne mange pas de pain. 

Une autre solution serait de poser des conditions à l’aide financière. Autrement dit, exiger l’annulation de certaines lois pour que la Hongrie obtienne des aides. Mais des sanctions trop lourdes auraient des conséquences désastreuses pour les banques allemandes et autrichiennes. Un effet domino se produirait alors dans la zone euro, car en Hongrie, quatre vingt pour cent des actifs bancaires sont détenus par des banques étrangères. Ainsi, les craintes sur l’économie hongroise ont fait monter les taux en Autriche. La meilleure carte d’Orban, c’est de menacer d’un défaut (total ou partiel). N’oublions pas que pour réduire la dette, Orban a imposé des taxes de soixante pour cent sur les bénéfices des banques, des télécommunications et de l’énergie, toutes entreprises étrangères.  

Il ne reste en réalité à l’UE qu’une batterie de sanctions en dehors des traités, purement symboliques, comme la condamnation verbale du Fidesz.  

La seule chose qui intéresse les institutions européennes dans le cas hongrois, c’est le risque de remise en cause de l’indépendance de la banque centrale de Hongrie. L’unique décision prise par José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, a été d’envoyer une lettre le 20 décembre 2011 pour s’inquiéter d’un projet de loi sur la Banque centrale hongroise. Trois jours plus tard il suspendait les négociations visant à accorder une ligne de crédit de vingt milliards d’euros à la Hongrie. 

Quel est le contenu de cette loi adoptée le 30 décembre 2011, à propos de laquelle la BCE a émis un avis négatif ? Le président de la Banque centrale de Hongrie ne pourra plus choisir ses adjoints, qui passent de deux à trois, et seront nommés par le chef du gouvernement. Le conseil monétaire, qui décide de la politique des taux d’intérêt, passera de sept à neuf personnes, les deux membres supplémentaires étant, comme quatre autres, nommés par le Parlement. Ces mesures sont tout à fait normales pour un pays qui voudrait recouvrer sa souveraineté monétaire. Pour les oligarques européens, le but de Viktor Orban serait d’utiliser les trente cinq milliards de réserves de change que détient la Banque centrale de Hongrie pour rembourser certaines dettes publiques. Et alors ? 

Ajoutons qu’une autre modification de la Constitution, dont on parle moins, qui a mis en fureur les élites européennes, est que le forint est devenu constitutionnellement la monnaie hongroise, bloquant ainsi pratiquement le passage de ce pays à l’euro.  

Montesquieu doit se retourner dans sa tombe ! Car pour les europiomanes, l’équilibre des pouvoirs inclut désormais l’indépendance de la Banque centrale dans chaque pays ! Pour ainsi, pour Le Monde (4 janvier 2012), la nouvelle Constitution hongroise affaiblit « les instruments de contrôle démocratique – alternance électorale, justice, Cour constitutionnelle ou Banque centrale ». On connaissait le principe de l’équilibre des pouvoirs définit par Montesquieu, entre le législatif, l’exécutif et le judiciaire, base de toute République, mais on ne savait pas que ce principe d’équilibre s’était étendu aux banques centrales qui devaient être, comme la Justice, indépendantes. On croit rêver ? La politique monétaire est toujours un choix politique et ne saurait être plus longtemps retirée des mains des pouvoirs publics. C’est pourquoi, au passage, la proposition faite par certains milieux de gauche d’autoriser la BCE à financer directement les États n’est qu’une fable pour faire dormir les enfants. Ce qu’il faut, c’est sortir de l’ordre monétaire libéral et se réapproprier, à l’échelle nationale, cet instrument décisif de politique économique. 

Quels enjeux autour du cas hongrois  

L’enjeu porte sur la capacité d’un pays de sortir de la crise en dehors des cadres fixés par le FMI et l’Union européenne, à partir de politiques d’extrême droite ou de gauche. Que peut faire un pays seul ? Rien, pour les oligarques européens et leurs relais médiatiques. Le paradoxe, c’est que l’extrême droite, comme devrait le faire la gauche et qu’elle ne fait pas, veut démontrer le contraire.  

L’édito du Monde du 4 janvier 2012 est à cet égard emblématique. Il affirme que l’ « L’Europe ne doit pas laisser dériver la Hongrie ». « Viktor Orban semble avoir décidé que son pays, pourtant gravement atteint par la crise, pouvait s’en sortir seul. Il refuse de se plier aux conditions posées par le l’UE et le FMI pour accorder leur aide. Ces deux institutions ont donc suspendu les pourparlers avec Budapest. Elles ont raison. L’Europe ne doit pas subventionner un pays qui se moque de ses règles. » Tout est dit dans ces quelques lignes : il faut absolument éviter de montrer qu’il est possible pour un pays, seul, de sortir de la crise alors que l’Union européenne n’y parvient pas. Mais c’est la gauche, qui devrait tenir ce discours ! 

Hélas, les Hongrois gardent un très mauvais souvenir de la gauche, et notamment des socialistes héritiers des communistes. Ferenc Gyurcsany, l’ancien Premier ministre socialiste, avait reconnu avoir « menti nuit et jour pour gagner les élections » (Le Figaro, 2 janvier 2012). Ce personnage est un véritable cas d’école des régimes de l’Europe de l’Est. Après avoir été un des dirigeants des jeunesses communistes, il se reconverti dans les affaires après la chute du Mur et devient la cinquantième personne la plus riche de Hongrie. Le Parti communiste Hongrois (PSOH) devient alors social-démocrate et adhère à l’Internationale socialiste. Cela ne pose aucun problème à la grande majorité des dirigeants de ce parti qui étaient adhérents non par conviction mais pour faire carrière. Comme au PS ou au PCF aux heures de sa gloire. 

Tout est prêt pour favoriser l’émergence de ce fascisme contemporain. Sauf si la gauche redevient la gauche !

 

 

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15 janvier 2012 7 15 /01 /janvier /2012 15:42

 

http://www.syrie.blog.lemonde.fr/2012/01/09/un-general-deserteur-en-faveur-dune-zone-sure-en-syrie

 

Un général déserteur en faveur d’une zone sûre en Syrie

 

En ce début d’année 2012, alors que le régime syrien recourt désormais aux attentats contre le peuple pour resserrer autour de lui les rangs de ses partisans et effrayer les opinions publiques internationales, le mouvement de défection de hauts responsables syriens, civils et militaires, semble connaître une soudaine accélération. Après Mohammed Bassam Imadi, ancien ambassadeur de Syrie en Suède, et Mahmoud Sleiman Hajj Hamad, premier inspecteur des finances à la présidence du conseil des ministres et inspecteur financier du ministère de la Défense, c’est un général, Moustapha Ahmed al Cheykh, qui vient de prendre la fuite et de rejoindre les rangs de l’opposition.

Né en 1957 dans le village d 'Atmeh, dans le gouvernorat d’Idlib, étudiant à l’Ecole de Guerre entre 1976 et 1979, spécialiste de la guerre chimique, il a servi dans les forces terrestres syriennes entre 1979 et 1983. En 1980, il a passé une année au Liban, au sein des forces arabes d’interposition. En 1984, il a été nommé officier de sécurité du Centre d’Etudes et de Recherches Scientifiques du ministère de la Défense, avant d’être promu, en 2005, chef de la guerre chimique et officier de sécurité au sein du commandement de la région nord. Il a déserté le 16 décembre 2011 et il a annoncé son ralliement à l’opposition le 6 janvier 2012.  

Cette défection, qui concerne le plus haut gradé de l'armée syrienne à avoir abandonné le régime à ce jour, constitue un coup dur pour le pouvoir syrien. Rien dans ses antécédents personnels et familiaux ne pouvait laisser présager une telle décision. La sensibilité des postes qu'il avait occupés démontre au contraire que l'état-major, mais aussi les plus hautes autorités de l'Etat, avaient en lui comme dans la famille Al Cheykh la plus grande confiance. Le 24 avril 2011, Bachar al Assad avait nommé l'un de ses oncles, le général à la retraite Abdel-Qader al Cheykh, gouverneur de Lattakié. Les rumeurs concernant sa défection, à la fin du mois de novembre, n'ont pas été confirmées. L'un de ses frères, aujourd'hui réfugié comme lui en Turquie, était l'un des responsables de la branche du parti Baath dans le gouvernorat d'Idlib, berceau de la famille.  

Dans une interview donnée le 8 janvier, le général Al Cheykh affirme que de nombreux officiers et sous-officiers de l’armée syrienne souffrent d’une profonde crise morale face aux évènements en cours dans leur pays et au rôle répressif que le régime leur fait jouer. Il estime la proportion de mécontents à quatre vingt dix pour cent de la hiérarchie. Il explique que si les désertions restent rares malgré tout, c’est parce qu’elles sont extrêmement risquées dans un pays où les autorités n’hésitent pas à se venger en s'en prenant à des membres de la famille éloignée. Comme dans son cas, elles sont motivées par le spectacle des exactions commises contre les populations et par l’incapacité ou l’impuissance des cadres de l’armée à exprimer en interne la moindre divergence, et à plus forte raison la moindre critique. Les ordres viennent en effet de la famille présidentielle directement : de Maher Al Assad d’abord, de Asef Chawkat ensuite. Il confirme que le renvoi du ministre de la Défense, Ali Habib Mahmoud, le 8 août 2011, a été provoqué par les plaintes que celui-ci avait formulées concernant sa marginalisation : commandant en chef adjoint de l’armée et des forces armées syriennes, c’était de lui que les ordres devaient émaner, et non du frère ou du beau-frère du chef de l’Etat.  

Selon le général Al Cheykh, il n’y a en Syrie "aucune organisation terroriste". C’est le même mensonge que le régime sert depuis 40 ans à ceux qui veulent bien l’entendre. C’est le régime également qui est l’auteur des attentats terroristes commis à Damas le 23 décembre 2011 et le 6 janvier 2012. Cela aussi, tout le monde le sait. Le chef de l’Etat est d’ailleurs informé de tout, en détail, les ordres étant aujourd’hui donnés par son propre frère, dans le secteur militaire comme dans celui de la sécurité. Les officiers sont réduits au rôle de simples exécutants. Ils n’ont rien à dire dans la décision. Ils doivent obtempérer sans jamais discuter. Nominalement placée sous l’autorité du général Hasan Tourkmani, ancien chef d’état-major puis ancien ministre de la Défense, qui a été sorti de sa retraite, la chambre des opérations de l'armée ne dispose pas d’une plus grande autorité. Même lui reçoit ses ordres de Maher al Assad.  

Le général al Cheykh est favorable à l’instauration en Syrie d’une zone protégée, dans laquelle les familles des soldats et officiers déserteurs pourraient trouver refuge. Il considère que le Conseil de Sécurité de l’ONU devrait se pencher et se prononcer au plus vite sur cette question. Le régime tente de prévenir une telle issue en évoquant une atteinte à la souveraineté de la Syrie. Mais cela n’a pas de sens de la part d'un pouvoir qui se comporte comme le fait le régime syrien vis-à-vis de sa population, et quand lui-même reçoit, pour tuer des Syriens, un soutien militaire et financier de l’Iran et du Hizbollah.  

Selon le général al Cheykh, qui n’a pas encore rejoint l’Armée Syrienne Libre mais qui envisage de le faire, la Syrie ne pourra se débarrasser du pouvoir actuel par un coup d’état. Le régime ne sera renversé que par une opération militaire spécifique visant directement la tête du pouvoir.

 

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