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24 janvier 2012 2 24 /01 /janvier /2012 14:29

 

http://www.paris.reelledemocratie.net/node/985

 

Appel des indignés de Paris pour lancer une constituante

 

Les indignés de Paris ont décidé que ce pays a besoin d’une nouvelle constitution. Ils appellent à lancer les débats et la consultation avec la population par un référendum pour une constituante qui s’adresse à tous les habitants et à tous les citoyens.

Les parisiens iront, notamment avec ce mandat, à la première rencontre nationale des Indignés qui se tient du 4 au 5 février à Clermont-Ferrand

 Nous participons tous au changement. La constituante est un outil de ce changement. La votation du référendum pour une constituante, dont on compte mettre en place la campagne dès Février 2012 (comme pour la votation citoyenne pour la Poste), indiquera si la population voudra ou ne voudra pas que l'on change de Constitution.

Cela dépend de nous, de chacun.

Après de longues discussions, plus de deux mois dans la région parisienne, les décisions pour se lancer ont été prises le 11 décembre 2011 à Paris-La Défense (trente huit personnes), le 6 janvier 2012 à Paris-Nord (trois cent personnes) et le 22 janvier à l'Assemblée Générale de Paris  (soixante personnes). Les Assemblées de Paris-Belleville et Paris-Montreuil ne se sont pas encore prononcées. De plus, Paris, en tant que ville, n'est pas la première à prendre cet engagement, elle n'est seulement, à notre connaissance, que la cinquième. 

Cette campagne sera débattue à Clermont-Ferrand les 4 et 5 Février pour la première rencontre nationale du mouvement.

L’appel parisien à la constituante adopté le 22 janvier 2012

Appel des indignés de Paris pour lancer une constituante

 Après Metz, Quimper, Nantes et Lyon, l'Assemblée Générale de Paris, décide de se lancer dans le processus de référendum pour une constituante ce Dimanche 22 janvier 2012, comme réponse à la question souvent posée "que voulez-vous ?" et à laquelle nous répondons toujours "la démocratie réelle maintenant ! "

  Nous voulons qu'enfin le peuple lui-même soit décisionnaire.

Ce n'est pas aux gens de pouvoir d'écrire les règles du pouvoir. 

Parce que "nos rêves n'entrent pas dans leurs urnes" nous vous appelons, dans  toutes les villes et villages, à participer au référendum pour un processus constituant

Nos buts seront ceux que chacun  d'entre vous co-élaborera et co-organisera pour écrire une nouvelle constitution, sortir de l'ancienne politique, changer de système économique et institutionnel et mettre en place une démocratie réelle.  

Habitants, citoyens, nous vous appelons à ne pas attendre les présidentielles mais à mener d'ores et déjà campagne pour venir au référendum  et répondre à la question :

Voulez vous une nouvelle constitution écrite par et pour le peuple ? Oui ? Non ? 

Partout,  du 14 au 22 avril et du 28 avril au 6 mai,  dans les villes et les villages, les  quartiers, sur chaque campus, devant chaque entreprise, dans tous les  lieux de passage, faisons fleurir des bureaux de votes, des assemblées, et faisons germer la démocratie.   

Des cahiers de "doléances" - propositions, indignations - permettront à ceux qui le souhaitent de contribuer à cette réflexion collective. 

Que là où les indignés ne se sont pas encore regroupés, se créent dès maintenant des comités  pour une constituante : à charge pour eux de commencer déjà leur campagne et d'animer les débats dans les rues, sur les places et, parfois, à l'abri. 

Nous avons laissé dormir 1789 dans les Musées. Nous  l'en sortons maintenant pour le changement. 

Nous appelons tous ceux qui le souhaitent, à nous  rejoindre et à participer activement au changement démocratique que nos vieilles institutions sont incapables d'entendre. 

Que les pouvoirs tremblent car ce peuple, uni, ne sera jamais vaincu ! 

Nous proposons, à tous ceux qui veulent faire vivre ce projet, de nous réunir à Clermont le 4 et le 5 février et le 7 et le 8 avril à Paris.  Nous y ferons le point avec les villes et les villages, sur l'avancement du référendum et pour préparer l'après référendum.

 

 

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23 janvier 2012 1 23 /01 /janvier /2012 21:11

 

http://fr.news.yahoo.com/premi%C3%A8re-r%C3%A9union-du-parlement-%C3%A9gyptien-depuis-la-r%C3%A9volution-084117865.html

 

Première séance houleuse au nouveau parlement égyptien

 

LE CAIRE (Reuters) - La chambre basse du parlement égyptien issue des premières élections libres de l'après-Moubarak a tenu lundi sa séance inaugurale dans une ambiance rendue parfois houleuse par la forte domination des islamistes.

 

Bien qu'ils détiennent près de la moitié des sièges via leur parti Liberté et Justice (PLJ), les Frères musulmans se sont engagés à coopérer avec l'ensemble des forces politiques mais aussi avec les généraux assurant l'intérim à la tête du pays depuis le renversement d'Hosni Moubarak, le 11 février 2011, par un soulèvement populaire.

 

Quasiment un an jour pour jour après la première grande manifestation du 25 janvier 2011 contre l'ancien "raïs", plusieurs milliers d'activistes se sont rassemblés près du parlement, derrière un cordon de police, pour exprimer leur crainte d'une confiscation du pouvoir par une alliance de circonstance entre islamistes et militaires. "A bas le gouvernement militaire", ont-ils scandé.

 

La première séance plénière de l'Assemblée du peuple a été ouverte par Mahmoud al Saka, 81 ans, membre du parti Wafd, officiant comme président provisoire en sa qualité de doyen des députés.

 

"J'invite l'honorable assemblée à se lever et à réciter la fatiha (ndlr, la prière musulmane) en mémoire des martyrs de la révolution du 25 janvier (...) parce que c'est le sang des martyrs qui nous a conduits à ce jour", a-t-il déclaré.

 

Après avoir prié en silence, les élus ont prêté serment, certains arborant des écharpes jaunes en signe de protestation contre les procès militaires visant des milliers de civils.

 

VOTE RAPIDE

 

C'est alors que l'ambiance consensuelle de recueillement s'est évaporée. L'élu islamiste chargé de lire le serment des élus envers la nation et ses lois, Mamdouh Ismaïl, a ajouté ses propres mots ("tant que cela ne contrevient pas à la loi divine"), ce qui a conduit le président à lui demander de réciter à nouveau le serment sans ajout personnel.

 

Un vif échange a ensuite éclaté lorsque les députés se sont attelés à leur première tâche: élire le président de l'assemblée.

 

Un élu opposé à la désignation de Mohamed Saad al Katatni, candidat choisi par les Frères musulmans, a tenté de s'adresser à la chambre pour présenter sa candidature, ce que les députés islamistes ont empêché par un vote rapide. Secrétaire général du PLJ, Katatni a été élu président de l'Assemblée du peuple.

 

"Nous annonçons au peuple égyptien et au monde que notre révolution continue et que nous n'arrêterons pas tant que tous les objectifs de cette révolution n'auront pas été atteints", a-t-il lancé par la suite aux élus en s'engageant à faire preuve d'objectivité envers tous les parlementaires.

 

Les adversaires des Frères musulmans comparent la domination de la confrérie sur l'assemblée à celle exercée avant la révolution par le Parti national démocratique (PND) d'Hosni Moubarak, systématiquement vainqueur d'élections manifestement truquées.

 

Contrairement au PND, le PLJ ne dispose cependant pas d'une majorité absolue, ce qui va le contraindre à chercher des alliances.

 

"Aujourd'hui, nous reprenons la révolution. Nous avons perdu un an. Il nous reste du travail", affirme ainsi Kamal Abou Etta, figure du milieu syndical et membre du parti laïque Karama.

 

Parmi les manifestants rassemblés devant le parlement, Rasha Adel a crié sa désillusion : "Ce parlement est mort, c'est un fiasco. Comment pouvons-nous avoir un parlement avec une vieille constitution ?"

 

Avec la chambre haute (choura), qui sera élue en plusieurs phases de fin janvier au 22 février, l'Assemblée du peuple doit constituer une commission de cent membres chargée de rédiger une nouvelle Constitution définissant les pouvoirs du président et du parlement dans la nouvelle Egypte.

 

FORUM

 

Interdits mais tolérés pendant plusieurs décennies, les Frères musulmans ont remporté trente huit pour cent des voix et disent contrôler quasiment la moitié des quatre cent quatre vingt dix huit sièges de l'assemblée, quelques scrutins partiels devant être ré-organisés. Ils ont devancé les salafistes d'Al Nour, avec lesquels ils contrôlent plus des deux tiers des sièges attribués au scrutin de liste au sein de la chambre basse du parlement.

 

Le parti laïque Wafd et le Bloc égyptien sont arrivés aux troisième et quatrième places.

 

La coalition "La Révolution continue", dominée par les organisations de jeunes, a obtenu moins d'un million de voix et seulement sept sièges à la chambre basse.

 

Les Frères musulmans se sont cependant engagés à n'exclure personne des travaux de l'assemblée.

 

"Nous allons coopérer avec tout le monde: avec les forces politiques à l'intérieur et à l'extérieur du parlement, avec le gouvernement intérimaire et avec le conseil militaire jusqu'à ce que nous parvenions à la sécurité avec une élection présidentielle", a promis Essam al Erian, l'un des dirigeants du PLJ.

 

L'armée qui assure l'intérim via un Conseil suprême des forces armées (CSFA) a promis de restituer le pouvoir aux civils à l'issue de l'élection présidentielle prévue au mois de juin, mais certains soupçonnent les militaires de vouloir conserver les leviers dont ils se sont emparés.

 

La session parlementaire de lundi a ressuscité une assemblée qui, au début du vingtième siècle, était un forum plein de vie au sein duquel s'exprimaient les aspirations nationales de députés contestant le pouvoir du monarque et le protectorat britannique.

 

Cette voix indépendante s'est éteinte en 1952 avec le coup d'Etat de Gamal Abdel Nasser, ouvrant l'ère d'un pouvoir assumé par les militaires.

 

Selon certains observateurs, les généraux du CSFA n'abandonneront le pouvoir qu'après avoir obtenu l'assurance des Frères musulmans et des autres partis politiques qu'ils ne seront pas jugés pour la mort de manifestants.

 

Le ministère public a requis la peine de mort début janvier contre Hosni Moubarak, poursuivi pour sa responsabilité présumée dans la mort de huit cent cinquante personnes tuées lors de la révolution.

 

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23 janvier 2012 1 23 /01 /janvier /2012 20:57

 

http://www.fr.news.yahoo.com/la-syrie-rejette-la-nouvelle-feuille-route-la-073331129.html

 

Damas dénonce un complot de la Ligue arabe

 

 

BEYROUTH (Reuters) - La Syrie a rejeté lundi la nouvelle "feuille de route" adoptée la veille par les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe, qui invite le président Bachar al Assad à déléguer ses pouvoirs à son vice-président.

 

"La Syrie rejette les décisions du conseil ministériel de la Ligue arabe (...) et considère qu'il s'agit d'une violation de sa souveraineté nationale et d'une ingérence flagrante dans sa politique intérieure", dit l'agence de presse officielle syrienne, citant une source officielle qui parle de "complot contre la Syrie".

 

Comme prévu, la Ligue arabe réunie au Caire a en outre prolongé d'un mois la mission des observateurs déployés fin décembre pour veiller à la mise en oeuvre d'un premier plan, bien que leur présence n'ait pas mis fin à la répression.

 

Les autorités syriennes n'ont pas réagi à cette décision, mais le crédit de la mission a été largement entamé par la décision de l'Arabie saoudite, qui a rappelé ses observateurs en invitant la communauté internationale à exercer "toute la pression possible sur Damas".

 

Outre la mise à l'écart du chef de l'Etat, le nouveau plan de la Ligue arabe recommande la formation d'un gouvernement d'union nationale qui serait chargé d'organiser des élections législatives et présidentielle anticipées.

 

"Le fait que les pays arabes proposent une intervention aussi claire et qu'ils donnent (à Bachar al Assad) l'ordre de se retirer assorti d'une procédure pour le faire montrent combien sa crédibilité et sa légitimité sont entamées dans la région", juge le politologue beyrouthin Rami Khouri.

 

VÉRIFIER, PAS ENQUÊTER

 

"Le gouvernement syrien n'a appliqué aucune des dispositions du plan de sortie de crise arabe", a quant à lui regretté Saoud al Fayçal, chef de la diplomatie saoudienne, justifiant la décision de Ryad de rappeler ses observateurs.

 

"Après l'arrivée de la mission, l'intensité des violences a commencé à baisser", a en revanche affirmé le général Mohamed al Dabi, chef de la mission, lors d'une conférence de presse organisée au siège cairote de la Ligue.

 

"Notre travail était de vérifier ce qui se passe sur le terrain, pas d'enquêter", a poursuivi l'officier soudanais, précisant que les observateurs avaient recensé cent trente six décès tous bords confondus pendant la durée de leur mission.

 

Cette mission, entamée le 26 décembre, consistait à veiller à la mise en oeuvre d'un premier plan qui prévoyait le retrait des forces militaires déployées dans les villes, la libération des opposants et l'ouverture d'un dialogue avec leurs représentants. Damas l'a accepté le 2 novembre, mais la répression, dont le bilan s'élève désormais à cinq mille morts, selon l'Onu, s'est poursuivie sans discontinuer.

 

"Nous invitons la communauté internationale à prendre ses responsabilités et cela concerne nos frères des Etats islamiques et nos amis de Russie, de Chine, d'Europe et des Etats-Unis", a poursuivi le prince Fayçal.

 

Les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont étendu lundi leurs sanctions (gel des avoirs et interdiction de délivrance de visas) à vingt deux personnalités et huit organisations syriennes.

 

REJETÉ SEULEMENT PAR LE LIBAN

 

Les divergences entre les vingt deux Etats membres ont pesé sur les débats, mais le Liban a été le seul à rejeter le plan adopté dimanche. L'Algérie s'est par ailleurs opposée à une saisine du Conseil de sécurité de l'Onu.

 

"Nous étions venus discuter du rapport des observateurs de la Ligue arabe (...) et subitement, cette décision a été mise sur la table", s'est indigné Adnane Mansour, ministre libanais des Affaires étrangères, interrogé lundi à son retour à Beyrouth.

 

"Hier, nous avons appelé à un cessez-le-feu de la part des deux parties, mais pour faire cesser les meurtres, nous nous sommes focalisés sur les autorités syriennes. Il n'est pas possible de continuer ainsi sans appeler les deux parties (à stopper les violences)", a-t-il poursuivi.

 

Le Conseil national syrien (CNS, opposition en exil), s'est en revanche félicité du plan de la Ligue. "Cela confirme que les pays arabes considèrent aujourd'hui que le régime tyrannique de Bachar al Assad est fini et qu'il doit être remplacé", a estimé son chef de file Bourhan Ghalioun, au Caire.

 

Interrogé sur les sanctions que la Ligue arabe à décidé d'infliger à Damas, le Premier ministre qatari, Hamad ben Djassem al Thani, président du comité chargé de la Syrie, a déclaré qu'elles seraient imposées par l'intermédiaire du Conseil de sécurité de l'ONU.

 

Or, la Russie et la Chine, qui ont déjà fait usage de leur droit de veto pour écarter un projet de résolution condamnant la répression syrienne, restent hostiles aux sanctions.

 

"La réalité, c'est que le bain de sang n'a pas cessé, que la machine à tuer est toujours à l'oeuvre et que la violence s'est répandue partout", a poursuivi le chef du gouvernement qatari.

 

Aux Nations unies, le représentant allemand, Peter Witig, a déclaré lundi à la presse que les décisions prises au Caire par la Ligue pouvaient "changer la donne, y compris pour le Conseil de sécurité".

 

"La Ligue arabe a décidé de demander l'aval du Conseil de sécurité pour ses propositions. Les membres du Conseil ne peuvent ignorer cette demande ou s'y opposer facilement".

 

"Nous croyons qu'une action ferme de la part du Conseil de sécurité est aujourd'hui plus nécessaire que jamais, un message clair destiné à la fois au peuple et aux dirigeants syriens", a-t-il dit.

 

Selon l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme, basé à Londres, sept civils ont été tués lundi et douze ont péri dimanche.

 

L'agence Sana signale quant à elle la mort du général Hassan al Ibrahim et d'un deuxième officier, tués par des insurgés dans la province de Damas et fait état de onze morts à Homs, haut lieu de la contestation, dans le Centre.

 

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23 janvier 2012 1 23 /01 /janvier /2012 18:56

 

http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/01/23/gilles-jacquier-une-mort-qui-eveille-les-plus-vifs-soupcons_1633385_3218.html#xtor=AL-32280515

 

Gilles Jacquier, une mort qui éveille les plus vifs soupçons

 

LEMONDE.FR | 23.01.12 | 17h57  •  Mis à jour le 23.01.12 | 18h32

 

Après le drame, est venu le temps de la commémoration. Ce lundi 23 janvier, confrères journalistes, amis et famille se réunissaient au théâtre éphémère de la Comédie Française pour rendre un hommage collectif à Gilles Jacquier. Si les mémoires gardent de lui l'image d'un grand reporter aguerri, récompensé par le prix Albert Londres, sa mort laisse un goût amer à ceux qui l'accompagnaient, ce mercredi 11 janvier, à Homs.

 

Les premiers témoignages des journalistes présents sur place laissent entrevoir les circonstances obscures de cette attaque, en plein chaos syrien. Au sein même de l'Elysée, on laissait, dès le lendemain du drame, poindre le doute : "Nous penchons pour une manipulation", indiquait une source proche du président, citée par Le Figaro, qui faisait remarquer que l'accident "tombe plutôt bien pour un régime qui cherche à décourager les journalistes étrangers et à diaboliser la rébellion".

 

La semaine suivante, le même quotidien cite d'autres sources anonymes – qui seraient issues de l'opposition syrienne à Paris pour l'une, de la Ligue arabe pour l'autre –, et attribueraient la responsabilité du drame à une "bavure" de l'Armée syrienne libre. Celle-ci a aussitôt démenti. L'information venait en tout cas corroborer la position de Damas, qui crie depuis le premier jour à l'attentat terroriste – soit à la faute des opposants au régime de Bachar Al-Assad.

 

Derrière ces divergences, viennent les versions de ceux qui étaient présents, sur place, aux côtés de Gilles Jacquier. Ces dernières retracent le fil tortueux des événements qui ont précédé et suivi la mort du journaliste de France 2. Et surtout, posent des questions qui restent aujourd'hui grandes ouvertes. Alors que le parquet de Paris a annoncé l'ouverture d'une enquête, deux reporters, Jacques Duplessy et Steven Wassenaar, vont porter plainte pour tentative d'assassinat. Un autre confrère présent à Homs, Sid Ahmed Hammouche, répond ainsi sans embage au quotidien suiss La Liberté : "Concluez-vous au traquenard ?" " Oui. Je dirais même qu'il s'agit d'un crime d'Etat. Avec du recul, on se pose beaucoup de questions."

 

Que faisaient Gilles Jacquier et les journalistes à Homs ?

 

Loin de l'expédition clandestine, le reportage de Gilles Jacquier pour l'émission "Envoyé spécial" était autorisé par les autorités syriennes, et facilité par la sœur Agnès Marie de la Croix, personnalité ambiguë qui affiche son soutien au régime. Jeudi 19 janvier, l’émission de France 2 revient sur cette religieuse, qui joue un rôle-clé pour faire entrer des journalistes étrangers en Syrie. Mais étape après étape, le programme prévu – centré autour de Bachar Al-Assad et de son régime à Damas – tombe à l'eau.

 

Il est finalement décidé que l'équipe de journalistes parte à Homs, chose que refusent Gilles Jacquier et le journaliste reporter d'images Christophe Kenck, selon Thierry Thuillier, directeur des rédactions de France Télévisions. "Mère Agnès le prend mal", explique Christophe Kenck dans "Envoyé spécial". Menacés d'expulsion, ils finissent par accepter. Elle, par contre, refuse de se joindre au voyage.

 

Plus tard, à Beyrouth, la religieuse livrera une autre version de cet épisode, assurant avoir tout fait pour assurer la sécurité des journalistes : "Elle nous aurait même conseillé de prendre des gilets pare-balles pour nous rendre à Homs et de ne pas traîner dans la ville après 15 heures. Des paroles que nous n'avons jamais entendues…", expliquent Sid Ahmed Hammouche et Patrick Vallélian, deux journalistes suisses présents sur place, dans L'Hebdo.

 

A Homs, que faisaient-ils dans ce quartier de Hadara ?

 

Une fois à Homs, l'équipe de journalistes a l'intention de voir de l'intérieur la situation dans les hôpitaux. Elle est prévenue qu'il est dangereux d'évoluer dans certains quartiers de cette ville, épicentre de la contestation et de la répression, après 15 heures, mais quitte son hôtel à 14 h 30. Rapidement, changement de programme : "Nous voulions visiter un hôpital, mais on nous a emmenés vers une petite place, près d'une école", explique Patrick Vallélian, dans un autre entretien à L'Hebdo. Les reporters suisses découvrent plus tard avec étonnement que l'hôpital de la ville, où ils avaient prévu de se rendre, se situait en fait "à l'opposé de notre position, soit au nord de cette cité d'un million d'habitants".

 

Les journalistes se retrouvent donc dans ce quartier de Hadara – quartier alaouite, la minorité à laquelle appartient Bachar Al-Assad –, sans en avoir pris la moindre initiative, selon le témoignage sonore du journaliste de Ouest-France Jacques Duplessy. "J'ai l'impression qu'on était attendus", avance-t-il.

 

Que se passe t il alors ?

 

Il est 15 heures. Des mini-manifestations en faveur du régime éclatent. Les journalistes, entrés dans leurs véhicules pour partir vers l'hôpital, sont bloqués par l'une d'entre elles.

 

Des gens invitent des journalistes "à sortir des voitures" pour leur tenir un discours contre les rebelles. Ils "semblaient en mission commandée ", se souvient un des deux journalistes suisses. Soudain, une première déflagration. Selon France Télévision, malgré la réticence des journalistes, "la foule va rouvrir les portes [des voitures], extraire les journalistes, et le journaliste reporter d'images Christophe Kenck sera même conduit vers les futurs lieux d'impact des tirs", poussé par la taille.

 

Les journalistes suisses, méfiants, restent aux véhicules. Ils racontent ces hommes – un jeune au pull blanc, un militaire... – qui reviennent plusieurs fois à la charge pour les inciter à se rendre là où tombent les obus. Ils voient, sur les toits, "des hommes qui bougent", probablement des snipers. Et, nerveux, se collent aux militaires pour ne pas être visés.

 

Pendant ce temps, une deuxième, puis une troisième explosion retentit. Dans la plus grande confusion, Gilles Jacquier est monté sur le toit d'un immeuble, entraîné par des Syriens. En sortant, un quatrième tir le touche de plein fouet, et le tue.

 

Quelle arme a tué Gilles Jacquier ?

 

Dans l'émission "Envoyé spécial", le journaliste spécialiste de l'armée Pierre Servent pense qu'il s'agit d'un obus de mortier, tiré, donc, à l'aveugle et d'une portée maximale de trois kilomètres. Il pourrait provenir autant des insurgés, qui pourraient viser les militants pro-régime, que de l'armée syrienne, qui possède aussi des positions à portée du quartier alaouite, selon l'émission.

 

Toutefois, s'il s'agit bien d'un obus de mortier, cela pose question : "les déserteurs de l'Armée syrienne libre (ASL) sont équipés de lance-roquettes, plus rarement de mortiers, dont le maniement est plus compliqué", explique un article du Monde.

 

Enfin, rien n'exclut que d'autres armes aient été utilisées. Selon les journalistes suisses, le corps de Gilles Jacquier est resté "intact, avec quelques impacts ronds visibles sur son cœur. Des impacts incompatibles avec une mort par grenade ou mortier", s’interrogent ils dans L'Hebdo.

 

En tout cas, le sentiment d'avoir été pris pour cible est omniprésent chez les journalistes. Pour la compagne du reporter, Caroline Poiron, en en reportage photo pour Paris Match, "c'est un guet-apens". "On nous a fait venir à cet endroit-là, les tirs étaient précis et, d'ailleurs, il n'y a eu aucun autre grosse destruction dans le quartier. Ce n'était pas une ligne de front", témoigne Jacques Duplessy dans Le Parisien.

 

Que faisaient les agents de la sécurité censés protéger les journalistes ?

 

Les journalistes étaient escortés par des policiers syriens qui ne les ont pas suivis sur les lieux des tirs. Dès la première explosion, "autour de nous, la sécurité, dense quelques minutes plus tôt, s'est évanouie ", remarquent les journalistes suisses dans L'Hebdo. "Ce n'est rien. Ce sont des bombes sonores", leur dit l'un des policiers. "Les rares hommes de la sécurité restés à notre hauteur nous surprennent par leur nonchalance. L'un d'eux rit. Un autre plaisante", continuent les reporteurs suisses.

 

Dans l’hôpital, pourquoi cette insistance des autorités syriennes à emporter le corps ?

 

Une fois à l'hôpital, les journalistes entourant le corps de Gilles Jacquier subissent le harcèlement des autorités locales syriennes, qui veulent emporter le corps à Damas ou l'autopsier immédiatement. "Patrick Vallélian donne l'alerte aux autorités françaises et suisses tout en pesant de tout son corps contre la porte pour repousser les assauts des médias et des autorités locales", relate L'Hebdo.

 

Etrange aussi, cette intervention de deux observateurs de la Ligue arabe qui, selon les journalistes suisses, viennent constater le décès du journaliste mais refusent de rester à l'hôpital, préférant "aller manger à l'hôtel". Ou encore ce faux médecin, dont témoigne Sid Ahmed Hammouche dans La liberté.

 

A 21 heures, l'ambassadeur de France Eric Chevallier arrive avec une unité de forces spéciales françaises. L'escorte quitte l'hôpital sous les bruits de tirs et les slogans de manifestants hostiles à la France, qui se sont massés autour du bâtiment.

 

Quel intérêt aurait le régime de Bachar al Assad à tuer un journaliste étranger ?

 

A l'hôpital, les journalistes doivent repousser avec virulence deux équipes de la télévision officielle syrienne, qu'ils soupçonnent de vouloir instrumentaliser la mort du reporter français. Peu après le crime, celle-ci évoque en effet, avant toute enquête, la responsabilité des "terroristes" dans cette affaire.

 

Jacques Duplessy voit d'autres raisons pour lesquelles le régime de Bachar Al-Assad pourrait trouver son intérêt dans cet incident : "Répondre par des faits au discours de Bachar Al-Assad mardi, où il disait que les médias occidentaux étaient responsables de la situation", mais aussi "dissuader d'autres journalistes" de rendre compte de la situation en Syrie.

 

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22 janvier 2012 7 22 /01 /janvier /2012 15:39

 

http://www.mediarabe.info/spip.php?article2068

 

Mardi 22 Novembre 2011


Par Stefano B.C. (Rome)

 

Comment le régime de Bachar al Assad exploite t il des religieux qu’il avait corrompus et protégés ?

 

Une plainte aurait été déposée contre sœur Agnès-Mariam de la Croix pour escroquerie et bloquée par le régime

 

Le régime syrien est aux abois. Lâché par la Ligue arabe, soumis aux pressions occidentales et régionales, notamment turques, Bachar al Assad recourt à certains chrétiens de service et des Services pour le défendre médiatiquement en Europe. Mais la supercherie ne passe pas. Des voix s’élèvent d’ores et déjà pour demander aux autorités de sanctionner ces religieux, et ceux qui placent le centre catholique d’information, au Liban, au service du dictateur syrien.

 

Encore sous le choc provoqué par la politique contre-nature prônée par le Patriarche maronite Béchara Raï, qui ne cesse de défendre le régime syrien et le Hezbollah et de contredire les principes historiques de l’Eglise fondés sur la souveraineté du Liban et son indépendance, les Libanais ont assisté, ébahis, à la transformation du Centre Catholique d’Information, à Beyrouth, en une agence de presse favorable au régime de Bachar Al-Assad.

 

Le Centre Catholique d’Information, bras médiatique du Patriarcat, a ainsi accueilli, samedi 19 novembre, Sœur Agnès-Mariam de la Croix, une religieuse d’origine palestinienne installée en Syrie depuis le début des années 1990, et qui est devenue une porte-parole du régime tournée vers l’Occident chrétien, dans l’objectif de peser sur les opinions publiques, en multipliant les mensonges et en concentrant ses interventions sur les « menaces » potentielles ou virtuelles qui pourraient viser les Chrétiens d’Orient au lendemain de la chute du régime du Baas en Syrie. Mais en réalité, cette religieuse n’est qu’une opportuniste protégée par le régime qui s’en sert comme caution chrétienne. Elle avait déjà « littéralement mis la main » sur le couvent Saint Jacques de Qâra qu’elle préside et restaure depuis 1993, avec le soutien du régime. Selon des sources proches de l’Eglise à Rome, l’évêché Melkite Catholique, propriétaire du couvent Saint Jacques (Mar Yacoub), aurait déjà porté plainte contre la « religieuse usurpatrice » pour tenter de récupérer ses biens. Mais en vain ; le régime syrien a bloqué la plainte. Le résultat est que la religieuse est réduite au rang « d’esclave médiatique de Bachar Al-Assad ».

 

Voici en vidéo quelques extraits de la conférence de presse, diffusée par la télévision syrienne, la télévision OTV (de Michel AOun), et Al-Manar (du Hezbollah)

 

Dans cette vidéo, Sœur Agnès-Mariam affirme avoir effectué une tournée en Syrie, en compagnie de « journalistes indépendants venus de plusieurs pays européens, arabes et américains, pour prendre connaissance des faits réels sur le terrain ». Selon son constat, « la délégation (comprenant Thierry Meyssan et Marc Georges notamment), s’est rendue dans les régions sensibles et visité les hôpitaux où elle a vérifié ce que les agents de sécurité et des militaires avaient subi comme actes terroristes ».

 

Selon la religieuse-usurpatrice, « les journalistes détiennent les vrais noms des gens qui ont été assassinés, décapités, blessées et mutilés sans que ces derniers sachent pourquoi. Ces mêmes victimes font l’objet d’une machination diabolique en montant leurs photos et séquences pour les exploiter via des médias tendancieux pour dire à la fin qu’ils étaient victimes des actes des forces de sécurité et de l’armée ».

 

La religieuse-journaliste-reportrice affirme que « le Centre Catholique d’Information - qui a sponsorisé son périple - dispose de plus de huit cent tués, tous des forces de sécurité, au moment où un pseudo-centre de droit de l’homme syrien, se trouvant à Londres, gonfle tous les jours le bilan des morts sans être capable de fournir leurs noms ». Elle ajoute que « certains médias enfoncent les gens dans la tromperie et la duperie et ceci est inacceptable, car il existe une déontologie de travail dans le monde de la presse, mais malheureusement cette éthique professionnelle n’existe plus chez ces médias qui annoncent des nouvelles inexistantes sur le terrain. Ces médias tentent de nous faire comprendre qu’il existe en Syrie uniquement deux composantes : la première, constituée de méchants, c’est-à-dire l’armée et les forces de sécurité, appelées aussi Chabiha, et la deuxième, ce sont les manifestants pacifiques comme les agneaux revendiquant la liberté, la démocratie et les droits de l’homme », a encore ajouté, la religieuse, non sans ironie.

 

Mais les propos de la religieuse, qui n’est ni journaliste ni politicienne, perdent leurs valeurs et leur crédibilité, puisque non seulement ses liens avec le régime ne sont plus un secret pour personne, mais surtout, parce que sa conférence de presse a été cautionnée par un prêtre libanais connu pour ses « liens avérés avec les Services syriens du temps d’Emile Lahoud, l’ancien président libanais nommé par Damas entre 1998 et 2007 ». Ce prêtre, assis à la tribune du Centre Catholique d’Information, est également connu au Liban pour ses faiblesses devant l’argent, et à l’étranger, pour les mauvais souvenirs que ses aventures en tous genres avaient laissé. Celui qui est devenu président de la Commission épiscopale pour les médias, l’instance du Patriarcat qui supervise le Centre Catholique d’Information, avait en effet déjà été évincé de la direction d’une importante institution caritative au Liban pour des pratiques qualifiées pour le moins « d’opaques » ! Ceux qui l’ont connu se souviennent certainement de ses passages à l’étranger et des scandales qu’il a gravés dans leur mémoire (…). D’autres n’auront pas non plus oublié son séjour « tumultueux » dans un autre pays lointain et les ravages qu’il y a causés.

 

Les téléspectateurs ont également été scandalisés, samedi, par Agnès-Mariam qui était flanquée d’une brochette de personnes controversées, autoproclamées journalistes, comme Thierry Meyssan (Réseau Voltaire), Marc Georges, proche de Dieudonné Mbala Mbala (qui avait soutenu Kadhafi et Ahmadinedjad), et l’américain Webster Griffin Tarpley, (selon lequel les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis étaient un complot interne et/ou sioniste). Ces personnalités ont la particularité d’être liées au réseau Voltaire, mis à la disposition de l’Iran, de la Syrie et du Hezbollah depuis au moins cinq ans pour diffuser leur politique dans le monde.

 

Les journalistes qui ont accompagné la religieuse sont venus d’Italie, de Belgique, de France, d’Espagne, des Etats-Unis, ainsi que des Libanais et des Algériens. Ils ont eu aussi mis l’accent sur le fait que « l’objectivité exige de dire que les groupes armés sont derrière les actes terroristes ciblant l’armée et les forces de l’ordre pour affaiblir le régime syrien ». Unanimement, ils ont affirmé avoir visité les villes de Homs, Banias, Tartous, et autres, mais ils n’ont jamais vu l’armée tirer sur la population et tuer le peuple. Par contre, ils assurent avoir vu des gangs armés et cagoulés qui tuaient les militaires. Ils ont aussi vu des snipers. Sans doute, les prières de la religieuses ont protégé la délégation des snipers ! Le célèbre Marc Georges affirme avoir parlé avec les soldats blessés et que les seules manifestations rencontrées étaient des marches de soutien au régime et non de l’opposition. « Les seuls martyrs que nous avions vus étaient des soldats et non des civils. Les chaines comme al-Jazzera, al-Arabiya et la BBC parlent comme celui qui répète une récitation qui n’a aucune relation avec la réalité », a-t-il conclu.

 

Selon nos sources, le Vatican s’apprête à se saisir du dossier de la religieuse et du prêtre, deux cas particuliers qui viennent s’ajouter aux affaires qui secouent l’Eglise maronite depuis l’arrivée du Patriarche Raï à sa tête. Les Libanais s’interrogent « pourquoi la conférence de presse n’a pas été organisée au siège du syndicat des journalistes, ou du syndicat des rédacteurs ? Pourquoi l’Eglise et ses institutions cherchent-elles à s’impliquer dans un conflit qui n’est pas le leur, et soutenir de surcroît une dictature qui a littéralement détruit le Liban sur la tête de ses habitants durant quinze ans, avant de l’occuper et de le vassaliser quinze autres années ? » Pour toutes ces raisons, des voix s’élèvent déjà à Rome pour demander au Saint Siège d’interdire au Centre Catholique d’Information de contribuer au mensonge d’Etat et de défendre la dictature syrienne. Parmi ceux qui ont connu le président de la Commission épiscopale pour les médias, et qui sont au courant de ses aventures à l’étranger, estiment que « ce religieux n’a du titre que l’habit, et encore, quand il le met ! Selon eux, « le prêtre semble inconscient que celui qui a une maison en verre ne doit pas lancer les cailloux chez les voisins ». Ils regrettent qu’il soit devenu, avec la religieuse syrienne, la honte de la chrétienté.

 

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22 janvier 2012 7 22 /01 /janvier /2012 15:04

 

http://www.fr.news.yahoo.com/les-nouvelles-autorités-libyennes-plus-en-plus-contestées-141953080.html

 

Les nouvelles autorités libyennes de plus en plus contestées

 

BENGHAZI, Libye (Reuters) - La Libye risque d'être entraînée dans "un puits sans fond" si la contestation violente des nouvelles autorités se poursuit, a averti dimanche à Benghazi le président du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil, conspué la veille par des manifestants.

 

Peu après, le numéro deux du CNT, Abdoul Hafiz Ghoga, présentait sa démission. Lui-même avait été pris à partie par de jeunes manifestants jeudi soir à Benghazi, capitale de la Cyrénaïque et berceau de l'insurrection anti-Kadhafi l'an dernier.

 

S'adressant dimanche à des journalistes dans un hôtel de Benghazi, Moustapha Abdeljalil a souligné la gravité de la situation.

 

"Nous avons affaire à un mouvement politique qui peut entraîner le pays dans un puits sans fond", a-t-il dit. "Derrière ces manifestations, il y a quelque chose de néfaste pour le pays."

 

"Il faut laisser plus de temps au gouvernement et il faut que ce gouvernement ait l'argent pour conduire les réformes. Il y a des retards, peut-être, mais nous ne sommes au travail que depuis deux mois. Il faut laisser sa chance au gouvernement, il faut lui donner au moins deux mois."

 

Moustapha Abdeljalil a précisé qu'il avait rencontré des dirigeants religieux et des manifestants pour discuter de leurs revendications.

 

"DÉGAGE, DÉGAGE !"

 

Il a ajouté avoir accepté la démission du numéro un du conseil municipal de Benghazi, Saleh el Ghazal, dont le successeur, a-t-il dit, ne sera plus désigné par les autorités mais sera élu.

 

Le président du CNT doit présenter dans la journée la loi électorale qui permettra d'installer d'ici six mois une assemblée nationale.

 

Samedi soir, une foule en colère réclamant la démission du gouvernement a envahi le siège du CNT à Benghazi.

 

Lorsque Moustapha Abdeljalil est sorti pour haranguer la foule, des manifestants lui ont lancé des bouteilles en plastique vides, obligeant les forces de l'ordre à tirer des grenades lacrymogènes. "Dégage, dégage !", scandaient les protestataires lorsque le chef du CNT a pris la parole avant de se replier à l'intérieur du bâtiment.

 

Jeudi soir, c'est le vice-président du CNT qui avait été pris à partie par des étudiants à l'université de la ville. Abdoul Hafiz Ghoga avait été entouré et bousculé par une foule de manifestants en colère, avant d'être secouru et mis à l'abri.

 

Ghoga a annoncé dimanche sur Al Djazira sa démission "pour le bien de la nation".

 

"Malheureusement, le consensus en vue de défendre les intérêts de la nation n'existe plus. Une atmosphère de haine s'est installée (...) Je ne veux pas que cette atmosphère perdure et contrarie les efforts du Conseil national de transition", a-t-il dit.

 

Ces incidents illustrent le mécontentement d'une partie de la population qui exige la révocation des personnalités liées à l'ancien régime encore à des postes de responsabilités.

 

Les manifestants de Benghazi exigent également une totale transparence sur les dépenses publiques, notamment sur la destination des fonds libyens gelés à l'étranger pendant la guerre civile et dont une partie a été débloquée après la chute de Mouammar Kadhafi.

 

 

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22 janvier 2012 7 22 /01 /janvier /2012 11:38

 

 

http://www.fr.news.yahoo.com/human-rights-watch-pr%C3%B4ne-le-dialogue-avec-les-101115227.html

 

Human Rights Watch prône le dialogue avec les islamistes

 

NEW YORK (Reuters) - Human Rights Watch invite dans son rapport annuel les démocraties occidentales à surmonter leur aversion pour les mouvements islamistes d'Afrique du Nord et au Moyen-Orient pour établir le dialogue et les encourager à respecter les droits de l'homme.  

Les soulèvements démocrates du "printemps arabe", écrit Kenneth Roth, directeur de l'organisation, ont montré que les grandes puissances ne pouvaient plus se permettre de soutenir "une cohorte d'autocrates arabes" pour préserver leurs intérêts.  

"La communauté internationale doit (...) prendre langue avec l'islam politique quand il exprime une préférence majoritaire.  

"Les partis islamistes sont réellement populaires dans une bonne part du monde arabe, notamment parce que de nombreux Arabes considèrent l'islam politique comme l'antithèse des régimes autocratiques.

  "Partout où émergent des gouvernements issus de la mouvance islamiste, la communauté internationale doit les encourager et, si besoin, faire pression pour qu'ils respectent les droits fondamentaux, exactement comme les partis et les gouvernements qui se réclament du christianisme en Europe sont censés le faire", poursuit-il en préambule de ce rapport de six cent quatre vingt dix pages publié dimanche.

 

UNE APPROCHE "TIMIDE ET INCERTAINE"

 

Les islamistes d'Ennahda ont remporté les législatives d'octobre en Tunisie, tout comme le Parti liberté et justice mis sur pied par les Frères musulmans en Egypte, qui a devancé les salafistes plus radicaux de Nour.  

Kenneth Roth invite en outre les démocraties occidentales à se montrer plus fidèles à leurs principes dans leur approche de la région. "Cela implique en premier lieu de prendre clairement le parti des réformateurs démocrates, y compris en abandonnant les alliés autocrates", recommande-t-il, saluant la fermeté des Etats-Unis et de l'Union européenne à l'égard de Mouammar Kadhafi, renversé puis tué en Libye.  

Hésitants au début de la crise, Washington et Bruxelles ont finalement opté pour la voie des sanctions face au régime de Bachar al Assad, se félicite le directeur de HRW.  

"Ailleurs, cependant, l'approche occidentale des soulèvements de la région a été plus timide et incertaine", dit-il, déplorant l'attitude de la France à l'égard de Zine ben Ali en Tunisie et la réticence des Etats-Unis à lâcher Hosni Moubarak en Egypte.  

"De la même façon, les gouvernements occidentaux n'ont donné aucune suite significative aux meurtres de manifestants commis par le gouvernement du président yéménite Ali Abdallah Saleh, qu'ils considèrent comme un rempart contre Al Qaïda dans la péninsule arabique", souligne-t-il.

 

 

 

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21 janvier 2012 6 21 /01 /janvier /2012 20:57

 

Vous trouverez ci-dessous la deuxième et dernière partie d’un long message de Bernard Sichère relatif à l’histoire du maoïsme français. Le message est disponible en totalité si vous consultez le site www.laregledujeu.org à l’adresse ci-dessous.

 

Bernard Fischer


http://www.laregledujeu.org/2010/04/11/1217/mai-68-mao-badiou-et-moi

 

Mai 1968, Mao, Badiou et moi

 

Par Bernard Sichère

 

Le style, c’est l’homme

 

Je parlais de boue et de mort : c’est le point-clé, pour qui du moins veut discuter sans rester dans les généralités. De ce militantisme maoïste, il faut bien rendre compte, puisque ceux qui sont venus par la suite sont en droit de savoir ce en quoi nous avons cru, ce que nous avons fait, et de quoi nous sommes fiers ou honteux. Quid de l’UCF, organisation rivale de la Gauche prolétarienne dirigée principalement par Alain Badiou ? Quelqu’un, dans l’article d’Eric Conan publié par Marianne (27 fevrier – 5 mars) déclare que Badiou n’a pas de sang sur les mains parce qu’il n’en a pas eu l’occasion, tandis qu’un autre, Michel Schneider, le définit comme un « maître pervers ». Autant la seconde de ces qualifications ne me paraît pas hors de propos, autant la première demande des explications. Soyons clairs : je n’ai pas de plaintes à formuler, je n’ai jamais subi là autre chose que ce que j’ai volontairement accepté (cela me semble la signification exacte du mot « engagement »). La première chose qui me semble évidente est que l’UCF, tout comme la Gauche prolétarienne, était une organisation sectaire, sévère dans son fonctionnement, souvent impitoyable dans sa discipline, et d’autant plus fermée sur elle-même que son rapport effectif à la réalité du monde ouvrier était passablement problématique. Que beaucoup, dans sa composition, aient été de jeunes intellectuels explique bien de choses, tout autant que la quasi-absence en son sein d’implantation ouvrière à la différence de ce qui avait lieu à la Gauche Prolétarienne, laquelle comptait dans ses rangs pas mal d’établis en usine (ce qui est évidemment tout à leur honneur puisque, lorsque la débâcle s’annonça, les petits chefs de la CGT ne leur firent aucun cadeau et leur firent salement payer la frousse qu’eux-mêmes avaient éprouvée).

 

Quand on ne dirige presque rien à l’extérieur, comment ne pas se concentrer sur la domination à l’intérieur ? Les trois intellectuels qui allaient demeurer si longtemps à la tête de l’UCF (outre Badiou, Natacha Michel et Sylvain Lazarus, sans compter l’économiste Pierre-Noël Giraud) tenaient leurs troupes par l’argumentation, en quoi Badiou avait bien sûr une longueur d’avance sur les autres et s’imposait facilement à des gens plus jeunes que sa dialectique séduisait, mais aussi par une discipline de fer (la même, je crois, régnait dans la plupart des organisations maos) et un style qu’Eric Auzoux et Michel Schneider ont parfaitement décrit : le style militaire propre à une organisation qui se voulait clandestine et s’estimait détentrice à elle seule d’une vérité adamantine. En regard de ceux qui furent souvent mal traités et qui pour certains le disent aujourd’hui, je pense avoir été clairement ménagé. Raison de plus pour que, me tournant vers un passé de passion, d’amitiés fortes, j’évoque ceux qui donnèrent à cette organisation tant de leur temps, de leur talent et leur jeunesse même, alors que pour beaucoup d’entre eux ils n’étaient pas encore entrés dans la vie active et parfois vivaient chichement : qu’on me pardonne si je pense à eux aujourd’hui avec plus d’émotion qu’à ceux qui, au sommet, voyaient en eux d’abord une masse de manœuvre, tout en gérant habilement par ailleurs leur carrière universitaire. Ce qui me frappe le plus dans les textes de Badiou n’est pas à vrai dire que sans cesse il nous ramène à la chose politique comme au noyau dur de sa pensée, mais que, des actions menées par ces gens souvent admirables qui s’épuisèrent sans compter sous sa direction, il ne soit sous sa plume pratiquement jamais question. Il y aurait donc d’un côté la majesté des concepts et de l’autre le dur labeur des gens de peine et des hommes de peu ? Ce n’est pas l’idée, personnellement, que j’avais retenue de Mai 68 : j’avais cru en une transformation profonde, au contact des révoltes populaires, de la fonction intellectuelle, celle que Foucault par exemple incarnait à l’époque en intervenant dans les prisons et les asiles psychiatriques comme aux côtés des ouvriers de Solidarnosc en Pologne : nous étions décidément loin du compte.

 

Sortir de l’organisation : le rire et les larmes

 

Je sais comment je suis entré dans cette organisation : à la suite d’un article que Sollers avait accepté de publier dans Tel Quel et qui concernait le tollé que j’avais suscité au lycée Janson de Sailly en annonçant dès le début de l’année que j’allais parler de Sade. Vint une réplique maoïste à mon texte, des rencontres, des pourparlers. Je sais également comment j’en suis sorti avec d’autres, dans une phase de désillusion qu’avait fini par susciter l’impossibilité d’obtenir certains débats et la multiplication incessante de « bilans » solennels, alors que nos pratiques s’enlisaient dans une absence manifeste de résultats. Il semblait, en somme, que l’accentuation sectaire du discours répondait à la raréfaction des effets produits dans le réel. Elément déclencheur, le drame que vécut alors notre ami François Balmès accéléra une révolte qui couvait depuis un bon moment. Un violent épisode délirant avait conduit à son internement sans qu’il nous soit possible d’en savoir plus : nous avions des comptes à demander, qu’on nous refusa (en l’occurrence Pierre-Noël Giraud, économiste et cadre dirigeant). A distance des évènements, je demeure personnellement convaincu, tout comme François M. qui lui aussi le connut et l’aima, que par une sorte de sainteté qui lui était consubstantielle, il prit alors sur lui la folie de tous pour nous permettre de l’exorciser une bonne fois.

 

Reste qu’on ne « sortait » pas de cette organisation, conformément à des statuts que je n’avais d’ailleurs jamais vus mais qui devaient bien exister quelque part : l’intimidation, essentielle pour qui veut demeurer le maître, devait jouer jusqu’au bout. Nous avons donc été officiellement « exclus », moi et le groupe des étudiants de Nanterre dont j’étais proche, pour « massisme et spontanéisme.» Ce jargon sans doute fait rire après coup, mais la violence et la tension, elles, furent très fortes, et je vis autour de moi bien des personnes blessées, abîmées, pour lesquelles on n’eut aucun égard. En langage clair, nous n’étions pas assez dirigeants, trop à l’écoute et à la remorque des « masses ».

 

De masses, à vrai dire, nous n’en avions guère vues, et c’était sans doute d’avoir un peu trop insisté pour les rencontrer qu’on nous faisait grief, en même temps que de ne pas leur avoir suffisamment imposé nos mots d’ordre, puisqu’il était entendu que nous étions les seuls détenteurs de la « ligne révolutionnaire » (de tout mon militantisme, je ne vis à dire vrai chez nous qu’un seul jeune ouvrier de Renault, fort sympathique au demeurant, qui fit une brève apparition et ne revint jamais.) Quant à ne pas être assez léninistes, qu’on me pardonne si rétrospectivement cette idée me fait rire. A l’époque, avec le groupe de Nanterre, il nous arrivait  souvent de rire entre nous, par détente, loin des chefs et des fâcheux, ce qui, il faut bien le dire, n’était pas très bien vu dans un groupuscule où le plus impeccable sérieux était requis en vue d’une tension révolutionnaire sans défaut (je ne crois pas qu’on ait beaucoup rigolé non plus  dans la Gauche Prolétarienne sous la férule de Benny Levy), et où certains idiots pouvaient lancer froidement en pleine réunion que l’homosexualité était bien, comme le disaient les camarades chinois, une « perversion bourgeoise » (il y a des cons partout, il y en eut aussi chez les maoïstes.) Mobilisation permanente face à un ennemi omniprésent et absolument haïssable, en vue du grand soir au cours duquel les comptes allaient enfin se régler : cela en effet ne prête guère à la blague.

 

Ce rire-symptôme, c’est au fond ce qui m’aura le plus manqué durant tout le temps où l’engagement militant m’éloigna de Tel Quel : j’en retrouvai la bienfaisance libératoire en renouant avec Sollers et Pleynet les fils d’une amitié depuis jamais démentie. Si d’ailleurs je songe rétrospectivement à la réunion au sommet entre les états-majors de l’UCF et de Tel Quel à laquelle je fus confié au tout début de mon engagement, je crois à une explication très simple de son échec : s’il est impossible de nier qu’il y eut en l’occurrence guerre au sommet entre deux fortes personnalités, le fait que Sollers se soit moqué de Badiou citant « le camarade Staline » en lui répondant par « le camarade La Fontaine » (« rien ne sert de courir, il faut partir à point »), témoigne assez clairement, je pense, du peu de crédit qu’il accordait à son pathos révolutionnaire, et qu’il avait perçu d’emblée, avec un flair très sûr, qu’un compagnonnage ne serait pas possible pour lui et les siens sous des auspices à ce point dogmatiques, pour ne pas dire un peu fous. Je note au passage que mon dernier échange avec Badiou, faisant boucle d’une manière éloquente avec le début de mon aventure, aura concerné Sade : comme j’objectais à son éloge de la Terreur révolutionnaire française et de Robespierre le cas de Sade, condamné à mort par l’infâme Fouquier-Tinville sous le double chef de « ci-devant » et de « libertin », il me fut répondu que je regardais l’histoire « par le trou de la serrure ». Personnellement, je donnerais tous les romans de Badiou  pour quelques pages du « citoyen Sade », qui eut le courage d’écrire « la vue de la guillotine de ma fenêtre m’a fait plus de mal que toutes les Bastilles imaginables »…

 

Verbiage révolutionnaire ou vraie vie ?

 

« Pourquoi alors êtes-vous parti ? »…  Mais parce que le bon sens n’était décidément pas au rendez-vous et qu’il m’était, comme à d’autres, devenu impossible de ne pas voir l’écart grandissant entre la réalité du monde et la rhétorique autiste qui permettait à Badiou de dissimuler au moyen d’une conceptualité régulièrement remaniée (Badiou est un inépuisable fabricateur de concepts) l’absence de toute effectivité. Ce que cette expérience, qui ne fut certes pas vaine mais qui aurait pu être plus courte, m’aura appris, c’est à juger plus lucidement les hommes et à m’en tenir à ce jugement. Badiou est de toute évidence un homme qui aime dominer les autres (c’est ce que Michel Schneider traduit dans son langage précis d’analyste), et il est également, en politique, celui qui a décidé une fois pour toutes de n’avoir jamais le pouvoir, ce qui lui permet de s’en tenir à une posture de dénonciation radicale parfaitement confortable en ce qu’elle exclut toute mise à l’épreuve (c’est ainsi que je comprends « Badiou n’a pas de sang sur les mains… »). On sait comment la GP s’est finalement dissoute : parce que, mise devant l’éventualité de décider une mise à mort (celle du contremaître Nogrette), elle s’y est clairement refusée. Benny Lévy aura sans doute été un dirigeant tout aussi sectaire que Badiou (il faut relire à cet égard ses entretiens d’alors avec Sartre et Gavi comme avec Foucault), du moins doit-on mettre à son crédit cette décision, qui fait honneur à tous ceux qui l’ont prise en même temps que lui. Nous ne nous sommes pas trouvés, nous, dans la même situation, dieu merci, parce que nos actions, souvent épuisantes, n’étaient pas de ce niveau, ce qui explique d’ailleurs que le nom de la GP soit demeuré dans les mémoires alors que pratiquement personne n’a entendu parler de l’UCF : nous aurons finalement été vertueux plutôt par défaut que par qualité d’âme, car notre discours, lui, était bel et bien violent, tempétueux et constamment guerrier, rhétorique implacable qui s’adressait plutôt à nous-mêmes qu’à un public absent. De fait, au « Groupe Foudre » de piètre mémoire, nos « ennemis » laissèrent à désirer : Macciochi, Gérard Miller, Ariane Mnouchkine… on aurait pu rêver plus ardent combat de classe ! Foucault, quand j’osai le solliciter au téléphone, me rembarra sans ménagement : « Le groupe comment ? Le groupe Moon ? ». Sans commentaire.

 

L’article d’Eric Conan m’aura en tout cas appris un certain nombre de choses, à commencer par le fait, assez cocasse, que Badiou aura fini par s’exclure lui-même de sa propre organisation, cas assez unique, il faut bien le dire, dans les annales du mouvement révolutionnaire. Les écailles lui seraient-elles enfin tombées des yeux quant au caractère fantomatique de l’ « Organisation » au nom de laquelle il s’imaginait régner sur l’ultra-gauche et sur quelques intellectuels en mal de guide ? Personnellement j’en doute, connaissant son incapacité à la moindre mise en cause de sa personne et de sa pensée. On peut en tout cas s’étonner de sa si longue discrétion en tant que dirigeant politique sur les faits d’armes et les pages glorieuses qui seraient à son actif et qui pourraient justifier le ton implacable de ses pamphlets. La radicalité du ton est une chose, encore faut-il que la pratique vienne l’alimenter : recourir à l’emphase guerrière est plus facile que de tenir une arme dans les mains, et je crains bien que Badiou, qui parle allègrement de massacres dans Le Siècle et qui salue sans hésiter ceux des terreurs antérieures, soit surtout un révolutionnaire en chambre. Nous n’avons rien risqué vraiment dans l’UCF, et lui non plus : comment imaginer qu’une organisation clandestine, obsédée par les pseudos, les rendez-vous secondaires, qui avait en cas de coups durs son avocat, maître Vergès, qui jouait en somme à la Résistance, n’ait pas intéressé la police, que celle-ci n’ait pas enquêté sur elle ou décidé de l’infiltrer, et que si elle avait perçu chez nous la moindre menace effective elle aurait hésité à intervenir ?  Comment l’imaginer, quand elle s’est récemment donné le ridicule, et l’odieux, de construire de toutes pièces un complot terroriste en interpellant au mépris de toutes les lois les gentils épiciers de Tarnac ?

 

Que Badiou ait finalement quitté la quasi-clandestinité où son pouvoir de dirigeant politique s’épuisait pour rejoindre les ors de la reconnaissance publique est son choix de philosophe : je n’ai rien à en dire. Libre à lui de pactiser avec les gens qu’hier encore il couvrait de boue, et d’estimer que la grandeur de sa pensée appelle ce revirement stratégique. Il lui sera difficile en tout cas d’empêcher ceux qui l’ont connu différent de lui objecter qu’il fait à son tour de la figuration dans le spectacle médiatique, et que du coup le ton arrogant et comminatoire qui est le sien sonne un peu faux. Comme il lui sera difficile de justifier la présence au premier rang de la claque chargée de l’applaudir en toutes circonstances un gentil délirant comme Mehdi Belaj Kacem (Hegel, « une parenthèse entre Kant et Badiou », vraiment, sans rire ?) ou ce pénible déconneur de Slavoj Zizek, dont on se demande à la suite de quelle manipulation perverse et indigne il a été soudain propulsé et imposé à l’avant-scène comme produit éditorial.

 

Tout reprendre à zéro

 

La vie est dure ces temps-ci pour ceux qui pensent et travaillent vraiment, comme elle est dure pour ceux qui cherchent réellement à changer le monde et à le rendre plus respirable : heureusement que le rire nous reste devant l’imposture. En ce qui me concerne, je ne cède ni à la vanité des regrets, ni au découragement, ni au reniement. Je sais que Mai 1968 a eu lieu, que beaucoup s’en sont réclamés qui n’avaient pas grand chose à voir avec sa puissance de déflagration et d’émancipation. Je sais aussi que beaucoup d’entre nous ont voulu traduire après coup, dans le langage dépassé et inadéquat de la dogmatique marxiste-léniniste, ce qui relevait d’un autre domaine d’être. Ce domaine, c’est celui qu’ont mis en évidence dans les années 1960 les acteurs d’une autre révolution, d’un mouvement de masse tel que les Etats-Unis n’en avaient jamais connu et n’en ont jusqu’à ce jour plus jamais connu : de Kerouac et Ginsberg jusqu’au soulèvement de la jeunesse américaine contre la guerre du Vietnam mais aussi contre l’americain way of life en sa totalité, quelque chose s’est passé de vrai et de libre dont nous n’avons pas encore pris la mesure, que les jeunes d’aujourd’hui ne connaissent pratiquement pas, et dont les soulèvements européens de 1968 ne furent en un sens que des relais tardifs. « Les révolutions ne sont jamais assez révolutionnaires », dit quelque part Heidegger. Badiou comprendrait sans doute : elles ne massacrent pas assez. J’entends (comme Heidegger) la chose autrement : elles ne pensent pas assez loin ni assez haut, elles s’en tiennent à la logique binaire et ruineuse de la haine de l’autre et de la méconnaissance de soi, elles commencent dans l’intimidation ce qui se prolonge inévitablement en terreur, en somme elles ne sont pas suffisamment à la hauteur de ce que réclame l’accord profond de l’homme avec l’être comme avec soi-même. Les magnifiques insurgés américains des années 60 l’ont su, qui croyaient en une vie plus vraie comme en la puissance du poème. La doctrine de l’ « événement » chez Badiou est au fond bien courte, comme sa pensée de l’homme, sa pensée du temps et sa pensée de l’être. Il est bien possible que ce qui est vraiment révolutionnaire avance « sur des pattes de colombe », comme disait Nietzsche, que cela n’ait pas grand chose à voir avec les fusillades et les massacres qui fascinent les intellectuels en mal d’action, mais beaucoup plus avec les éclaircies soudaines et inapparentes d’un autre temps dans le temps, d’une autre histoire dans l’histoire. Il faut apprendre à penser le temps autrement, la politique autrement, l’être autrement. Il faut tout reprendre à zéro.

 

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21 janvier 2012 6 21 /01 /janvier /2012 18:22

 

http://www.blog.mondediplo.net/2012-01-17-Quand-Israel-attaquera-t-il-l-Iran-Il-y-a-deux

Quand Israël attaquera t il l'Iran ? Il y a deux ans

 

Par Alain Gresh

 

Interrogé il y a quelques jours pour savoir quand Israël attaquerait l’Iran, Patrick Clawson, chercheur au Washington Institute for Near East Policy (Winep), un think-tank lié au lobby pro-israélien, répondait : « Il y a deux ans » (cité par Scott Shane, « Adversaries of Iran Said to Be Stepping Up Covert Actions », The New York Times, 11 janvier).

 

Cette déclaration venait après le meurtre à Téhéran d’un jeune physicien nucléaire, qui faisait lui-même suite à plusieurs autres meurtres « mystérieux », dont on s’étonne qu’ils aient été si peu dénoncés par les défenseurs des droits humains — une pétition circule toutefois pour les condamner, « Petition against the Murder of Iranian Scientists »). L’Iran a aussi été victime ces derniers mois de cyber-attaques par le virus Stuxnext (lire Philippe Rivière, « Cyber attaque contre Téhéran », Le Monde diplomatique, mars 2011).

 

Cette escalade est incontestablement le fait d’Israël, qui ne cherche même pas à démentir. En revanche, il est plus difficile de saisir quelle est la stratégie du président Obama. Au moment même où l’administration américaine affirme, haut et fort, sa solidarité totale avec Israël et sa détermination à empêcher l’Iran de se doter de la bombe atomique, les manœuvres militaires entre Israël et les Etats-Unis sont reportées et les explications avancées pour ce report sont loin d’être claires ; Hillary Clinton condamne fermement le meurtre du chercheur à Téhéran ; les services de renseignement « occidentaux » (en fait américains) faisaient filtrer des informations sur la responsabilité du Mossad dans les meurtres des scientifiques iraniens (Karl Vick and Aaron J. Klein, « Who Assassinated an Iranian Nuclear Scientist ? Israël isn’t Telling », Time Magazine, 13 janvier) ; parallèlement, ils divulguaient des informations sur des agents israéliens qui tentent de se faire passer pour des membres de la CIA afin de recruter des combattants sunnites opposés au régime iranien (Mark Perry, « False flags », Foreign Policy, 13 janvier). Enfin, les Etats-Unis ont lancé une sévère mise en garde à Téhéran contre tout blocage du détroit d’Ormuz et mobilisent leurs alliés pour arrêter les achats de pétrole iranien.

 

Comment expliquer ces contradictions ? Gary Sick, un ancien conseiller du président Jimmy Carter, avance deux explications possibles : l’incompétence d’un côté ; de l’autre, un rideau de fumée pour préparer un nouveau dialogue avec Téhéran (« Stealth Engagement », Gary’s choices, 16 janvier 2011). Et il penche pour la seconde.

 

Il relève ainsi les déclarations de Leon Panetta, le secrétaire américain à la défense et ancien directeur de la CIA. Le 2 décembre 2011, celui-ci dressait un tableau catastrophique des conséquences d’une guerre contre l’Iran ; quelques jours plus tard, le 19 décembre sur CBS, il affirmait que l’Iran aurait peut-être une bombe atomique d’ici un an ; enfin le 8 janvier, à la question de savoir si l’Iran voulait la bombe atomique, il répondait… non.

 

Gary Sick met en avant trois facteurs explicatifs à cette apparente incohérence.

 

D’abord, on est en pleine année électorale aux Etats-Unis, avec un Congrès favorable à une escalade des sanctions, notamment contre le pétrole iranien — avec le risque qu’elle soit analysée à Téhéran comme « un acte de guerre ». D’autre part, pour le président Obama, et compte tenu des conséquences d’un conflit dans le Golfe, il est important de retourner à la table des négociations. Enfin, il y a l’extrémisme du gouvernement Netanyahou et son influence aux Etats-Unis, notamment dans la perspective de l’élection présidentielle, même si, comme le rappelle Sick, il existe des réserves face à une aventure militaire — Ron Paul, l’un des candidats à l’investiture républicaine, s’est ouvertement prononcé contre.

 

Dans ces conditions, la stratégie du président Obama serait d’ouvrir une voie de communication avec Téhéran, tout en accompagnant les gestes d’ouverture de déclarations dures à l’encontre du régime iranien. Et il multiplie les pressions sur Israël pour que ce pays ne s’engage pas dans une aventure militaire. Selon Sick, la visite du président du Parlement iranien Ali Larijani à Ankara en janvier et ses déclarations sur une reprise des négociations avec les pays occidentaux, s’inscriraient dans le cadre des tentatives de dialogue lancées par la Maison Blanche.

 

Ces initiatives n’ont pas l’heur de plaire à Nicolas Sarkozy et aux Européens, qui poussent les Etats-Unis à adopter des positions plus fermes, au lieu de jouer le rôle de facilitateur et de favoriser le dialogue. Et qui ne veulent surtout pas entendre parler d’un Proche-Orient débarrassé des armes nucléaires, ce qui impliquerait qu’Israël renonce à la bombe. C’est pourtant la meilleure solution, comme l’expliquent Shibley Telhami et Steven Kull dans un article du New York Times, le 15 janvier.

 

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21 janvier 2012 6 21 /01 /janvier /2012 17:49

 

http://www.blog.mondediplo.net/2012-01-18-Islam-une-police-de-la-pensee-socialiste

 

Islam, une police de la pensée socialiste

 

Par Alain Gresh

 

On le savait depuis longtemps, le Parti socialiste a rompu avec le marxisme sur le terrain économique et ne réclame plus, au mieux, qu’une gestion un peu moins brutale du capitalisme. En pleine crise économique, la plus grave que l’on ait connue depuis 1929, les recettes du candidat François Hollande sont bien timorées et, sur le fond, proches de celles de la droite (n’est-il pas partisan de la « règle d’or » qui interdirait tout déficit budgétaire ?).

 

En revanche, il y a un domaine dans lequel le Parti socialiste se glorifie de son ancrage à gauche : celui de la laïcité. Et, le Sénat étant passé à gauche, il a décidé de s’en servir pour prouver ses convictions et pour s’attaquer une fois de plus au cléricalisme et à la calotte. Pas celle de l’Eglise catholique évidemment – jamais le PS n’a mis en cause, quand il était au gouvernement, le statut particulier de l’Alsace-Moselle et la place qu’y occupent les religions ; le PS ne parle plus non plus de s’attaquer à l’enseignement religieux financé par l’Etat –, mais celle de cette nouvelle Eglise, si puissante dans notre société, dont les membres ont infiltré tous les rouages de l’Etat, du Parlement, du Sénat (on ne compte plus le nombre de ses élus dans cette assemblée), des médias, etc. : celle de ces musulmans qui s’attaquent aux fondements mêmes de notre société.

 

Délaissant donc la crise, le chômage, le mal-logement et autres détails de la vie publique, la nouvelle majorité de gauche au Sénat, dans une de ses premières manifestations d’indépendance, a décidé d’examiner une « Proposition de loi visant à étendre l’obligation de neutralité aux structures privées en charge de la petite enfance et à assurer le respect du principe de laïcité ». Après avoir, en décembre, décrété la neutralité des crèches et des centres de loisirs et de vacances, elle s’attaquait, le 17 janvier, à celle des assistants maternels.

 

L’article adopté est ainsi rédigé : « Art. L. 423-23 A. — À défaut de stipulation contraire inscrite dans le contrat qui le lie au particulier employeur, l’assistant maternel est soumis à une obligation de neutralité en matière religieuse dans le cours de son activité d’accueil d’enfants. »

 

Il est ironique de noter que Françoise Laborde, à l’initiative de ce texte, expliquait le 17 janvier qu’elle aurait « pu préciser qu’il s’agissait, dans cet article, de neutralité religieuse et politique ; cela m’aurait peut-être épargné les mauvais procès en islamophobie ». Mais pourquoi ne l’a-t-elle pas fait ? Pourquoi la mention de la neutralité politique n’est-elle pas précisée ? Faut-il rappeler que la commission Stasi avait proposé l’interdiction du port par les élèves de signes religieux ET politiques ? Si l’Assemblée nationale a réduit l’interdiction aux signes religieux, c’est bien par... islamophobie, quoi qu’en dise Françoise Laborde.

 

Intervenant dans le débat, Esther Benbassa, sénatrice des Verts, demandait ce qu’était la neutralité au domicile d’un assistant maternel : « Une représentation de La Mecque ? Une reproduction d’une annonciation de Fra Angelico ou d’un “Judith et Holopherne” ? Une manière de préparer le repas ? » On pourrait ajouter : faudra-t-il qu’un policier reste en permanence au domicile de l’assistant maternel pour vérifier qu’il ne prie pas cinq fois par jour ? qu’il ne cuisine pas hallal ? qu’il ne lit pas le Coran ?

 

Et si le texte s’était étendu à la neutralité politique, comme prétend le souhaiter Françoise Laborde, aurait-il fallu un policier pour vérifier les lectures subversives ? ou l’absence de portraits de Guevara ou de Gaulle (il est peu probable que quelqu’un affiche un portrait de Hollande) ?

 

Le groupe socialiste s’indigne sans aucun doute quand la police religieuse iranienne vérifie que les femmes sont correctement voilées à Téhéran, mais exige que l’on aille vérifier, au domicile personnel, les convictions de chacun.

 

Il n’y a pas que dans le domaine économique que le Parti socialiste a oublié ses racines marxistes. En 1874, Friedrich Engels épinglait ceux qui avaient « la prétention de transformer les gens en athées par ordre du mufti ». Et, l’année suivante, Karl Marx écrivait : « Chacun doit pouvoir satisfaire ses besoins religieux et corporels sans que la police y fourre son nez. »

 

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