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Festival des Passeurs d'Humanité de la Vallée de la Roya du Jeudi 18 Juillet 2019 au Dimanche 21 Juillet 2019
La vallée de la Roya s’étire le long de la Roya depuis Vintimille en Italie jusqu’au Col de Tende en France. Pour s’y rendre depuis Nice, nous allons d’abord parcourir quarante kilomètres en France, puis vingt cinq kilomètres en Italie, puis à nouveau trente huit kilomètres en France et après avoir traversé villages italiens et français, arriver au Col de Tende d’où on peut basculer à nouveau en Italie vers Limone. Cette vallée, pour l’essentiel partie intégrante du Comté de Nice fut rattachée à la France en 1860, sauf les villages de Tende et de La Brigue qui eux ne le furent qu’en 1947 après la deuxième guerre mondiale par voie référendaire. D’où une histoire mouvementée des habitants de cette vallée qui sans changer de lieu et d’habitation virent bouger les frontières et changèrent de nationalité.
Cette vallée fut depuis des millénaires comme toutes les vallées un lieu de passage. Et dans ce cas particulier un passage entre l’Italie et la France emprunté pour la route du sel et par des milliers de travailleurs et dernièrement par des personnes fuyant la guerre, la misère et le réchauffement climatique, et cherchant espoir pour reconstruire leur vie et de nouveaux projets.
Le département des Alpes-Maritimes refuse contrairement à beaucoup d’autres de prendre sa part de solidarité en ouvrant des centres d’accueil. Ce sont donc des habitants qui suppléent aux carences de l’état et qui expriment ainsi leur hospitalité aux migrants en leur donnant à manger, en les soignant, en les hébergeant et en les aidant à déposer leur demande d’asile.
Mais ceux qui expriment leur droit citoyen de solidarité sont traqués, contrôlés, menacés et poursuivis, pour certains d’entre eux, pour aide au passage de frontière à personnes en situation irrégulière. Nous savons ce qu’il en est pour Cédric Herrou et de nombreux militants de l'Association Roya Citoyenne. Le stupide règlement de Dublin obligeant les migrants à déposer leur demande d’asile dans le premier pays de l’espace Schengen traversé est non seulement coûteux, inefficace mais injuste et source de tensions.
Pour ceux qui connaissent et aiment cette vallée et ses splendeurs époustouflantes c’est toujours un choc de la redécouvrir avec ses multiples frontières hier effacées et aujourd’hui militarisées.
Le Festival des Passeurs d'Humanité vise à faire prévaloir la réflexion sur les enjeux migratoires dans un climat paisible et serein. L’humanité s’est elle jamais construite autrement que par les passages, les partages, les rencontres et les migrations ? Et chaque fois que des sociétés ont prôné la fermeture sur des identités plus ou moins réelles ou supposées, cela ne s’est-il pas très mal terminé ?
Le festival est une manifestation de dialogue, permettant aux ambivalences de s’exprimer et refusant d’enfermer dans des cases définitives qui que ce soit. L’avenir de nos enfants ne sera jamais dans les méfiances, les haines et les guerres. La fraternité est notre seul avenir viable.
Le festival de cette année développe trois thèmes
Le thème de l’hospitalité avec des échanges de pratiques, en France et dans le monde. Nous accueillerons l’anthropologue Michel Agier, des élus comme Damien Carême, maire de Grande Synthe, des élus italiens, des militants de l’accueil de la Roya, du Briançonnais, du Pays Basque et de Calais.
Le thème des frontières. Nous accueillerons la très documentée et belle exposition réalisée par le Musée National de l’Histoire de l’Immigration et des historiens comme Yvan Gastaud et Daniela Trucco et un débat philosophique sur l’avenir des frontières avec Catherine Wihtol de Wenden.
Enfin le troisième thème est que nous voulons montrer que, dans cette vallée aussi, le monde de demain s’invente dans de nouveaux modes de vie et de production.
Philosophie, histoire, sociologie, écologie, gastronomie, viticulture, sport, musique et littérature comme formes d’ouverture et de passages entre les cultures avec de nombreux artistes.
Ce sont quatre jours de rencontres, de découvertes et de fêtes qui vous attendent
Jacques Perreux, président de l'Association des Amis de la Roya
L’équipe d’organisation n’est formée que de bénévoles. Nous recherchons des bénévoles pour la durée du festival afin d’en assurer le bon déroulement. C’est aussi une façon dynamique, conviviale et utile de vivre le festival.
Jeudi 18 Juillet 2019
Petit déjeuner. Sylvie Deshors, autrice en résidence dans la Roya, est principalement attachée au genre de la fiction, du roman policier et de la littérature jeunesse et jeune adulte. Ses textes s’appuient sur de nombreuses références sociales et politiques contemporaines.
Fenêtres ouvertes. Luca Giliberti, sociologue de l'université de Gênes étudie « Les réseaux de solidarité avec les migrants dans la vallée de la Roya ». Claire Rodier est juriste au Groupe d'Information et de Soutien des Travailleurs Immigrés (GISTI) et cofondatrice du réseau euro-africain Migreurop. Elle travaille plus particulièrement sur les politiques européennes d’immigration et d’asile. Elle a participé à de nombreuses publications sur ces thèmes, collaboré à l’Atlas des Migrants en Europe, aux éditions Armand Colin, réédité en 2012, et coordonné, avec Emmanuel Terray, l’ouvrage collectif Immigration, Fantasmes et Réalités, aux éditions de la Découverte, en 2008.
Michel Agier, anthropologue, directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) et chercheur à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD). Il dirige l’ouvrage collectif « Un Monde de Camps », aux éditions de la Découverte en 2014, « Les Migrants et Nous, Comprendre Babel », aux éditions du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) en 2016 et « L’Etranger qui vient, Repenser l’hospitalité », aux éditions du Seuil en 2018.
Controverse. Enzo Barnaba est un romancier sicilien familier de l’Afrique et historien. Il a poursuivi des études de langue et littérature françaises à Naples et à Montpellier et des études d’histoire à Venise et à Gênes. Il a enseigné le français et la littérature française dans différents lycées de la région de Venise et de Ligurie et il a travaillé en tant que lecteur d’italien au sein de l’université d’Aix-en-Provence. Il a également été enseignant-attaché culturel à Abidjan, à Shkoder et à Niksic. Il vit aujourd’hui à Grimaldi di Ventimiglia où la Riviera italienne s’unit à la française. Il a écrit « Mort aux Italiens, 1893, le Massacre d’Aigues-Mortes », aux éditions Editalie en 2012.
Migrando. Seul en scène. Carla Bianchi s’attaque avec humour aux a priori et aux contradictions autour du thème d’actualité de la migration. Qu’est-ce qui peut lier l’avenir d’un petit village à l’abandon et le destin d’un bateau de cinquante migrants ? Ce qui a toujours été présenté comme un problème pourrait-il être aujourd’hui la solution ? Tout va se jouer lors de ce conseil municipal où les villageois ont une heure pour décider s’ils vont les accueillir ou non.
Vendredi 19 Juillet 2019
Petit déjeuner. Après des études de lettres puis de management, Marion Gachet Dieuzeide vit différentes expériences associatives en France et à l’étranger. En 2017, elle fait un voyage de quatre mois en Europe à la rencontre des personnes et des associations venant en aide aux personnes exilées. Sur sa route elle croise Cédric Herrou qu’elle décide de rejoindre dans la Roya pour l’aider au camp, à l’animation de la communauté, à la communication, aux partenariats et à la gestion de projets.
Daniela Trucco, est docteure en science politique de l'université de Gênes et de l'université de Nice Sophia Antipolis, maîtresse de conférences en science politique, sociologie et langue et civilisation Italienne, et chercheuse associée au laboratoire ERMES de l'université de la Côte d’Azur. Elle s’intéresse aux processus de construction des frontières sociales, juridiques et politiques de la nation, à partir notamment du cas italien. Elle a écrit « jeunes, musulmans et italiens, ou presque, représentations de la citoyenneté et rapport au politique d’un groupe d’enfants d’immigrés à Gênes » dans Pôle Sud en 2015 et « prendre en charge et mettre à l'écart, la ville, la frontière et le camp à Vintimille », aux éditions de la Découverte en 2018.
Yvan Gastaut est maître de conférences à l'université de Nice. L'histoire des immigrations, des relations interculturelles et du racisme dans l’espace méditerranéen, la mémoire et mise en scène de l’interculturel dans l’espace public et l’histoire coloniale et des décolonisations européennes sont ses principaux thèmes de travail. Il a publié notamment « Nice Cosmopolite », aux éditions Autrement en 2010, « allez la France, football et immigration, histoires croisées », avec Claude Boli et Fabrice Grognet, aux éditions Gallimard en 2010.
Forum de l’hospitalité avec les accueillants du Briançonnais, du Pays Basque et de Calais, avec Cédric Herrou, Damien Carême et la Roya Citoyenne.
Samedi 20 Juillet 2019
Le monde de demain s’invente aussi dans la Roya, rencontres avec des agriculteurs, apiculteurs, artisans, bergers, botanistes et astronomes de la vallée.
Cinéma, « La Tête Haute », c'est l’histoire d’une vallée magnifique et paisible en bordure de l’Italie. Et puis un jour, surgit l’inattendu. Des dizaines, bientôt des centaines de migrants, font irruption sur la route et sur les chemins. Une fois retombés les feux de l’actualité, que reste-t-il de cette aventure extraordinaire qui voit l’engagement des uns, les doutes des autres, la désobéissance civile des plus motivés et la sourde hostilité des silencieux ? Qu'en reste-t-il ? C’est là que commence ce film. Thierry Leclère est journaliste. Il est aussi auteur et réalisateur de documentaires. Longtemps grand reporter à Télérama, il écrit aujourd’hui, notamment, pour la revue XXI et il enseigne le journalisme. Ses reportages, comme ses films à la télévision, traitent souvent de l’histoire post coloniale, des migrations et de la France multiculturelle. Débat avec le réalisateur et les acteurs du film.
Catherine Wihtol de Wenden est docteure en science politique. Elle a été consultante pour divers organismes dont l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE), la commission européenne, le Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR) de l'Organisation des Nations Unies (ONU) et le Conseil de l’Europe. Depuis 2002, elle préside le Comité de recherche pour les migrations de l'association internationale de sociologie. Elle a été membre de la commission nationale de déontologie de la sécurité entre 2003 et 2011. Elle est également membre du comité de rédaction des revues Hommes et Migrations, Migrations Société et Esprit. Juriste et politiste, elle a mené de nombreuses enquêtes de terrain sur les relations entre les migrations et la politique en France. Ses recherches comparatives portent sur les flux, les politiques migratoires et la citoyenneté en Europe et dans le monde.
Etienne Balibar, philosophe et professeur émérite à l'université de Paris-Ouest Nanterre, ancien élève de Louis Althusser et de Jacques Derrida.
Apéritif Théâtre, Siriki Traoré et Mohamed Koné, après deux ans d’errance sans papiers, ils sont convoqués à la préfecture de police pour récupérer leur récépissé de demande de régularisation. L’attente dans ce couloir du temps est longue. Les deux jeunes majeurs en profitent pour exhumer de leur mémoire quelques souvenirs d’ici et d’ailleurs. Ils racontent avec humour, finesse et pudeur, leurs traversées, le pourquoi de leur voyage, ce qu’ils ont laissé derrière eux, leurs rêves et leurs espoirs. Ils vous offrent un grand moment d’humanité et démontrent que les fins ne sont pas toujours celles qu’on attend.
Dimanche 21 Juillet 2019
Randonnée poétique au col de Tende pour l’Europe dont nous rêvons.
Apéritif Danse, quand on se retrouve entre nous, chacun reprend sa place. Dans ce spectacle, Manon Avram interroge le thème de l’hospitalité. Elle met en scène des jeunes gens venus de différents pays du monde arrivés à Marseille après un long périple pour avoir fuit leur pays d’origine souvent en guerre. Elle questionne leur histoire et sa propre présence en tant qu’artistes et citoyenne. Elle s’interroge sur cette incroyable envie de vivre et de rêver, cet incroyable besoin de reconstruire sur les décombres.