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14 avril 2016 4 14 /04 /avril /2016 19:25

http://www.madrid15m.org/francia-por-una-sociedad-mas-participativa

Pour une société plus participative

Par Baki Youssoufou, fondateur de www.wesign.it

Tout d'abord, je voudrais dire ici que je parle en mon nom et pas au nom de la mobilisation en France. Mon point de vue est donc celui d'un citoyen déterminé à construire les changements à apporter à la société dans laquelle je dois vivre aujourd'hui et demain. Pour moi, chaque génération construit le monde dans lequel elle évolue et va évoluer, par l'action ou par l'inaction. La participation à mon niveau, avec ma manière et mes compétences, à cette dynamique citoyenne est essentielle pour moi.

En France, nous vivons une époque de grands bouleversements et notre génération a un rôle important à jouer pour notre propre survie. Notre rôle consiste, entre autre, à notre capacité à construire une solidarité active par une empathie universelle à vivre librement et pour notre liberté que nous devons concevoir avec les autres. Nous devons construire les modes actuels de la défense de l'intérêt commun. Il est clairement visible qu'il y a maintenant une rupture complète entre nous, citoyens, et nos élites, qu'elles soient politiques, intellectuelles ou économiques, parce que nous voyons que ces élites ne vivent pas dans le même pays ou sur la même planète que nous.

La crise actuelle née de la loi de Myriam el Khomri, ministre française du travail, n’est rien d'autre que l'expression du sentiment des citoyens contre un gouvernement qui ne prend pas en compte leur point de vue dans ses décisions. Les partis politiques ont renoncé à construire des organisations de masse qui respecteraient un certain nombre de principes démocratiques. Les ministres, ainsi que certains députés, se sont élevés à un niveau de cynisme qui est même du mépris pour leurs concitoyens. Les partis persistent à vouloir garder le contrôle sur leurs structures et sur les citoyens, même si nous voyons que les dogmes et les idéologies qui sont revendiqués n’ont rien à faire de la vie des citoyens et des pratiques démocratiques. Les citoyens ne croient plus aux promesses et aux engagements des dirigeants politiques.

Nous sommes indignés par la situation et par l'incapacité presque originelle de la classe politique française et nous nous exprimons en dehors des cadres politiques traditionnels et militants. Les partis politiques sont trop vieux et leurs pratiques démocratiques deviennent inaudibles. Certains de leurs dirigeants deviennent cyniques et méprisants envers les citoyens. Ils nous méprisent, jeunes ou vieux, parce que nous ne sommes pas allés dans de bonnes écoles et que nous n’avons pas un bon diplôme.

Les grandes structures de la société civile française, les syndicats, les Organisations Non Gouvernementales (ONG) et les entreprises, sont également progressivement dépassés par la nécessité de la transparence des citoyens. Ces organisations traditionnelles ont, par exemple, un problème avec les medias électroniques et leur méfiance envers ces medias les rend suspectes auprès des citoyens, en particulier ceux qui sont nés avec les medias électroniques.

Nous voulons participer pleinement aux décisions qui affectent nos vies, alors que les organisations ont tendance à imposer leurs vues.

Nous voulons participer horizontalement à la prise des décisions, alors que ces structures ont une logique verticale.

Nous voulons co-construire notre avenir, alors que ces structures pensent pouvoir décider, sans nous consulter, ce qui est bon pour nous.

Nous voulons avoir le temps nécessaire pour prendre les décisions qui affectent nos vies et notre avenir, alors que ces organisations donnent toujours l'impression de courir après le temps et laissent de nombreuses personnes au bord de la route.

Nous sommes dans une crise générationnelle et, quand je dis « générationnelle », je ne parle pas des jeunes contre les vieux. Je parle d'une façon de faire de la politique, ceux qui pensent qu'ils ont tout compris et qui décident seuls, sans consulter les citoyens, contre ceux qui pensent que cela a à voir avec les citoyens dans leur diversité.

La principale différence que j'ai avec la classe politique de notre pays est le fait qu’elle partage la même idéologie, tout faire pour exclure les citoyens des cercles de prise de décision, bien sûr, avec des différences sur la façon de le faire. Je soutiens une autre idéologie, fournir les meilleurs moyens pour intégrer le maximum de citoyens dans toutes les décisions qui les concernent. Les médias électroniques nous permettent facilement de le faire si nous en avons la volonté.

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14 avril 2016 4 14 /04 /avril /2016 18:48

http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/04/13/il-faut-ramener-la-nuit-debout-dans-les-banlieues-et-non-l-inverse_4901381_3224.html

Il faut amener le mouvement de la Nuit Debout dans les banlieues et non l’inverse »

C’est une des petites dernières du mouvement de la Nuit Debout, la commission banlieue. Elle est née Dimanche 10 Avril 2016, croit se souvenir Fahima Laidoudi, « à force d’en parler dans les assemblées générales ». Originaire d’un quartier populaire de Toulon, cette femme de ménage de cinquante trois ans, qui « lutte depuis trente ans », vit et milite aujourd’hui en région parisienne. Depuis le début du mouvement, Jeudi 31 Mars 2016, elle prend la parole tous les soirs pour proposer la création d’un groupe de réflexion chargé de « faire en sorte que le mouvement passe le périphérique » et de coordonner l’action du mouvement des Nuits Debout dans les banlieues.

A l’heure où le mouvement est taxé de « non représentatif, parisien, blanc ou encore bobo », les participants accueillent avec enthousiasme l’intervention de Fahima Laidoudi, Lundi 11 Avril 2016. « Nous ne pouvons pas parler de convergence des luttes si les banlieues ne sont pas intégrées au mouvement », affirme-t-elle au micro de la tribune, saluée par les applaudissements et les sifflets d’approbation de l’assemblée. « Il faut que les banlieues s’y mettent », murmure un homme en tirant sur sa cigarette dans la foule.

Car c’est aussi cela l’enjeu. Près de quinze jours après la première Nuit Debout, on s’interroge sur la suite à donner au mouvement que l’on a peur de voir s’essouffler. « Et maintenant », est une préoccupation grandissante. La stratégie de la commission banlieue est claire, sortir de la place.

« Se démultiplier dans les quartiers est le seul moyen de palier un éventuel essoufflement », estime Fahima Laidoudi. Pour elle, l’échec du mouvement des indignés en France en 2011, auquel elle a participé, s’explique en partie par son incapacité à quitter la place de la Bastille, contrairement aux indignés espagnols qui ont essaimé au-delà de la Puerta Del Sol à Madrid. Surtout, l’objectif n’est pas, selon elle, de ramener la banlieue place de la République mais d’amener la Nuit Debout dans les banlieues.

Crainte de récupération

De l’autre côté du périphérique, à l’université Paris-XIII de Villetaneuse, l’association d’étudiants de la Dream attend de voir. « Si la Nuit Debout en banlieue est une exportation pure et simple du mouvement parisien, cela ne marchera pas. Il faut voir si l’objectif est réellement de créer une dynamique autre part », estime Rached Zehou, ancien vice-président de l’association. Il s’est rendu deux fois place de République et considère que le mouvement va dans le bon sens, comme tous les étudiants rencontrés Mercredi 13 Avril 2016 dans cette université du nord de Paris, mais il se méfie de la récupération dont il pourrait faire l’objet. « Cela fait des années qu’en banlieue on nous dit que les choses vont changer grâce à tel ou tel mouvement qui finit systématiquement par être récupéré à des fins politiques », souffle-t-il.

Même son de cloche du côté de l’Union Nationale des Etudiants de France (UNEF) de l’université Paris-XIII, « les étudiants qui nous approchent pour se renseigner sur le mouvement de la Nuit Debout nous demandent principalement si le mouvement est une initiative citoyenne ou s’il est appelé par une organisation », explique Maeva, secrétaire générale du syndicat qui se rend régulièrement place de la République.

« Quand nous leur expliquons que c’est quelque chose qui vient des gens, ils s’y intéressent ».

La crainte de la récupération d’un mouvement qui se veut sans leader et sans étiquette est partagée par beaucoup. Place de la République, on critique la visite des personnalités politiques ou les intervenants « trop politisés ». La venue de Mohamed Mechmache, fondateur de l’association AC le Feu et tête de liste d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) aux dernières élections régionales en Seine Saint Denis, a notamment fait grincer des dents.

Invité à s’exprimer par les organisateurs qui estimaient que la voix des quartiers populaires n’était pas représentée, il rejette ces critiques, « en aucun cas nous ne nous sommes auto proclamés leaders de quoi que ce soit. Nous sommes venus dire que leurs luttes sont aussi les nôtres, même si les nôtres n’ont pas été les leurs par le passé », affirme-t-il. En 2005, lors des émeutes dans les banlieues, la révolte n’a jamais traversé le périphérique. Le manque de solidarité de Paris envers ses banlieues est toujours dans les mémoires.

Rétablir la confiance

Des rassemblements ont déjà gagné plusieurs autres villes de France.

En banlieue, seule Montreuil a organisé sa Banlieue Debout, le week-end dernier, à l’initiative de lycéens. Vendredi 8 Avril 2016, après un démarrage timide, environ deux cent personnes y ont participé. Le lendemain, un rassemblement improvisé sous la pluie a convergé vers la place de la République faute de monde. Cette semaine, une Nuit Debout est prévue à Saint-Denis et à Marne-la-Vallée, Mercredi 13 Avril 2016, tandis que des réunions préparatoires se tiennent à Saint-Ouen et à Villetaneuse.

A Paris-XIII, Maxime estime qu’un facteur supplémentaire est susceptible de limiter l’engagement des quartiers populaires, cet étudiant en première année de sciences politiques, qui se décrit comme « militant et sympathisant » de l’UNEF, craint que seuls les profils comme le sien ne se sentent concernés par le mouvement en banlieue. « J’ai reçu un mail m’informant de la Nuit Debout à Saint-Ouen, il n’a été envoyé qu’à des gens avec qui je milite », déplore-t-il.

Ces difficultés, Fahima Laidoudi en est consciente. Pour elle, tout l’enjeu est de donner envie aux habitants des quartiers de prendre des initiatives. « Il faudra être patient », prévient-elle. « La majorité des organisations du Jeudi 31 Mars 2016 ont conscience qu’il faut se tourner vers les quartiers populaires. Nous avons la volonté, maintenant il faut se mettre au travail ».

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14 avril 2016 4 14 /04 /avril /2016 18:26

http://www.lalibre.be/actu/belgique/plus-de-200-personnes-ont-passe-une-2e-nuit-debout-a-bruxelles-5707357835702a22d62b6293

Plus de deux cent personnes ont passé une deuxième Nuit Debout à Bruxelles

Jeudi 7 Avril 2016 à 19 heures, au Mont des Arts à Bruxelles, une vingtaine de personnes est présente à l'heure fixée sur l'évènement facebook. Les minutes passent, la foule grandit et l'ambiance est conviviale. Nous sommes encore loin des milliers de personnes mobilisées chaque soir dans les grandes villes françaises, mais le pendant bruxellois des Nuits Debout semble tout de même séduire le peuple belge. Tous sont réunis autour d'une idée commune, faire changer les choses. « C'est ce qui nous amène ici, une volonté de voir du changement dans notre société, quel qu'il soit », lance un participant à la foule assise face à lui. Pendant toute la soirée et jusqu'à une heure du matin, les interventions se succèdent. Certains choisissent de s'exprimer à travers la poésie ou même le rap.

La majorité des participants n'a pas plus de trente ans, mais le profil des orateurs varie. Un jeune de seize ans s'interroge sur l'avenir de notre planète, un ancien policier explique à quel point son métier l'a déçu et un étudiant critique le système capitaliste. Chacun a la parole et personne n'est plus important qu'un autre. Car ici, il n'y pas de hiérarchie et pas de leader.

Des paroles et après

Mais si chacun peut s'exprimer, aucune action concrète n'est décidée.

« C'est le gros problème. Nous sommes là pour faire changer les choses. Mais quand, comment et pourquoi, nous ne le savons même pas. Mais nous voudrions être soutenus », explique Guillaume, l'un des encadrants de l'évènement. Pour l'instant, le rassemblement citoyen permet simplement de créer une assemblée générale où chacun peut s'exprimer. « Nous parlons, nous débattons et nous votons. Nous essayons de nous donner une voix unique et d'être entendus ». Même si le projet reste encore flou, la volonté de créer un monde meilleur est très forte.

Au terme de cette deuxième Nuit Debout bruxelloise, c'est surtout la structure de l'événement qui a été décidée. Les tâches sont réparties pour les prochains rassemblements et l'organisation est plus claire. Afin d'assurer une unité dans le mouvement, certains points plus sensibles ont été abordés, comme le rapport avec les forces de l'ordre. « Nous allons essayer que tout se passe bien et que nous n’ayons pas besoin de la police », explique un jeune ayant participé aux rassemblements de Paris. « Mais tenez vous prêts parce que, dès que nous commencerons à vraiment s'installer avec des infrastructures, ils vont vouloir nous virer. Et nous devrons résister tout en étant pacifiques. Nous devrons être irréprochables pour pouvoir nous faire entendre ».

Parce que les rassemblements vont continuer et surtout tenter de toucher de plus en plus de monde. Liège et Charleroi, dans les prochains jours, Bruxelles ne sera plus la seule à passer la nuit debout.

Même en Espagne, des rassemblements sont prévus.

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14 avril 2016 4 14 /04 /avril /2016 18:11

http://www.retraitloitravail.com/confede

Que fait la Confédération Générale du Travail (CGT)

Texte pour le cinquante et unième congrès de la CGT signé par les adhérents de la CGT Goodyear et des milliers d'autres militants de la CGT

Mais qu'attendent ils pour jeter toutes nos forces dans la bataille contre la loi travail ?

La CGT, c'est notre organisation syndicale, elle est forte de centaines de milliers de militants. Si nous le décidons, dans les conditions actuelles nous sommes capables d'organiser à Paris Jeudi 28 Avril 2016 une manifestation unitaire de plus d'un million de personnes pour arracher le retrait de la loi travail.

Nous savons que, si la CGT joue son rôle, nous allons gagner.

Lorsque notre syndicat mobilise toutes ses forces, nous sommes capables d'empêcher les multinationales qui font des milliards de profits de fermer leurs sites et de détruire nos emplois de participer à la gestion de notre entreprise pour imposer l'investissement et les créations de postes.

Nous sommes capables de reprendre les usines que les actionnaires veulent fermer afin de poursuivre l'activité, maintenir les emplois et créer des entreprises dirigées par ceux qui y travaillent.

Nous sommes capables d'établir une nouvelle répartition de la valeur ajoutée en augmentant les salaires, en diminuant le temps de travail et en prenant le pouvoir économique et social au capital.

Nous sommes capables de refaire de la grève générale massive et du blocage des moyens de production un instrument de la lutte des salariés.

Donc, que fait la CGT, pourquoi n'est elle pas aux avants postes ?

Il faut que cela change et le cinquante et unième congrès doit être le tournant par lequel la CGT reprend possession de ses forces.

Faisons ce que nous sommes capables de faire.

Le cinquante et unième congrès de la CGT à Marseille doit décider l'organisation d'une manifestation nationale d'une ampleur sans précédent, Jeudi 28 Avril 2016, tous ensemble à Paris pour imposer le retrait de la loi de Myriam el Kohmri.

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13 avril 2016 3 13 /04 /avril /2016 18:49

http://www.revolutionpermanente.fr/BanlieuesDebout-Premiere-Nuit-Debout-a-Saint-Ouen-93-dans-un-grand-enthousiasme

Nuit Debout s’exporte dans les banlieues

Première Nuit Debout à Saint-Ouen, dans un grand enthousiasme

Mardi 12 Avril 2016, une première Nuit Debout a rassemblé au moins soixante personnes de façon quasiment spontanée à Saint-Ouen en Seine-Saint-Denis. Le mot avait commencé à circuler au marché de Garibaldi, Dimanche 10 Avril 2016, après que des militants de la place de la République aient été à l’initiative de venir à la rencontre des audoniens pour installer le mouvement de la Nuit Debout dans la ville.

Ce qui devait être un premier rendez-vous de discussion dans un café a vite tourné à une véritable assemblée générale ayant attiré des dizaines de personnes, après que l’appel ait été relayé sur twitter. Rassemblés sur la place devant le square Marmottan au métro Garibaldi, des jeunes audoniens, mais aussi des moins jeunes et des gens venus d’ailleurs, ont répondu à la volonté d’exporter le mouvement de la Nuit Debout en banlieue. Après plus de deux heures d’échanges, rendez-vous a été donné pour reconduire la Nuit Debout le lendemain à 20 heures devant la mairie de Saint-Ouen.

Quand Nuit Debout cherche à s’étendre aux quartiers populaires

Cet appel à étendre le mouvement de la Nuit Debout aux quartiers populaires a été lancé quelques jours seulement après le Jeudi 31 Mars 2016.

Samedi 9 Avril 2016, sur la place de la République à Paris, Almamy Kanouté, du mouvement Emergence, prenait la parole pour inviter à « aller en banlieue, ne pas rester place de la République, parce que nous sommes nombreux à nous poser la question, où est la banlieue ? ».

Et revenant sur son parcours personnel, « je me suis intéressé à la politique parce que localement je sentais du mépris de la part des col-blancs de ma ville. Leur souhait c’était de me voir enfermé dans mon association, organiser des tournois de football et des événements culturels, rester enfermé dans mon quartier. Et le jour où j’ai quitté mon quartier, j’ai rencontré des gens intéressants ». Almamy Kanouté concluait sous un tonnerre d’applaudissements que « si nous réussissons à faire la fusion entre les parisiens et les banlieusards, ils auront peur ».

C’est bien la perspective de cette jonction qui était évoquée ce soir à Saint-Ouen. L’assemblée a duré deux heures trente au cours desquelles les gens ne cessaient d’affluer, certains attirés par la seule pancarte Nuit Debout suspendue à l’entrée du parc, tous ayant entendu parler du mouvement, de près ou de loin. L’assemblée générale a commencé avec un premier tour de parole et de présentation où chacun racontait un peu pourquoi il était là et ce qu’il attendait de la mobilisation.

Contre la loi travail et bien plus, pour un autre modèle de société

Intervention après intervention, la parole se déliait et la colère s’exprimait, contre la loi travail mais bien plus largement, dénonçant les injustices de la société. « Ils veulent faire de nous de la chair à canon pour les élites, une poignée qui décide à la place de tous les autres », s’indignait l’un des présents. « Nous nous battons contre le gouvernement, certes, mais la question c’est surtout de savoir si nous voulons un gouvernement », interrogeait une femme. « Au-delà des différentes luttes, la question qui se pose, c’est celle du pouvoir », rebondissait un troisième, tandis que l’assemblée marquait son accord en tournant les deux mains en l’air. « Quand nous voyons que l’état débloque six cent cinquante millions d’euros pour les salaires des flics, après une seule manifestation, et que, à côté de cela, ils proposent seulement quatre cent millions d’euros pour toute la jeunesse, c’est qu’il y a un problème ». « Nous ne pouvons pas accepter que des personnes dorment dehors alors qu’il y a tant de richesses. Tant qu’une personne dort dehors, nous ne pouvons pas considérer que nous sommes une civilisation », entendait-on encore.

Parmi les sujets mentionnés, se trouvaient la question de l’état d’urgence, de la criminalisation du mouvement social et de la répression des manifestations, qui prennent une teneur toute particulière à Saint-Ouen où policiers et militaires patrouillent devant les lycées. Un débat a eu lieu sur le fait de sortir ou non de l’Union Européenne.

Un axe de discussion amené par de nombreux intervenants était la question du travail et de la précarité, « nous pouvons nous demander si le travail c’est l’émancipation ou si ce n’est pas plutôt l’esclavagisme. Nous nous battons contre une loi, mais contre bien plus, ce qui n’est pas normal c’est qu’on puisse nous faire travailler en Contrat de travail à Durée Déterminée (CDD), ne pas savoir ce que nous deviendrons dans six mois. Ce n’est pas Manuel Valls ou Myriam el Khomri le problème, c’est le système ». Différents témoignages personnels ont aussi ponctué les échanges. « Je travaille à la porte de Saint-Ouen, il y a plein d’entreprises dans le coin et j’aimerais bien qu’à midi, au lieu de manger chacun dans notre coin, nous puissions nous réunir pour discuter. Et puis il ne faut pas oublier qu’à Saint-Ouen il y a Peugeot Société Anonyme (PSA), nous pourrions penser à des actions envers eux aussi. Je travaille dans la fonction publique, j’ai un Contrat de travail à Durée Indéterminée (CDI), mais je sais que dans quelques années, je pourrais me faire virer pour des questions économiques ».

Convergence des luttes

Il a été fait un point sur les luttes en cours et les revendications de différents secteurs, notamment celui des cheminots et de la fonction publique. « Comment peut-on assurer une mission de service public avec des contrats de six mois », s’interrogeait à juste titre un éducateur.

« Il faut refuser le nivellement par le bas », revendiquait une jeune travailleuse. « Si les cheminots ont plus de droits que nous, très bien qu’ils aient des droits. Nous voulons les mêmes et non pas que leurs conditions de travail se dégradent ». Plusieurs interventions allaient ainsi dans le sens de renverser les stéréotypes, qu’il s’agisse de ceux formulés à l’égard des banlieusards, des migrants, des fonctionnaires, des chômeurs ou bien d’autres catégories de la population. « A force, nous regardons dans la gamelle d’à côté, au lieu de voir le pognon que se mettent dans les poches ceux qui sont au-dessus ».

Les oppressions en débat

Un débat intéressant s’est ouvert sur les modalités de prise de parole, avec la préoccupation de veiller à ce que les secteurs opprimés, les femmes, les Lesbiennes, Gais, Bisexuels et Transgenres (LGTB) et les personnes racisées, s’expriment en assemblée générale. Il a été voté de donner la parole en premier lieu à ceux ne s’étant pas encore exprimés dans l’assemblée générale et de veiller à ce que les femmes puissent s’inscrire en priorité pour intervenir, sans pour autant faire de la parité un principe absolu. Ce point qui pouvait sembler technique a ouvert un débat entre ceux qui pensaient qu’on n’avait pas besoin de ce type de règles en assemblée générale, puisque nous partagions l’idée de vouloir construire une société émancipée, et ceux qui défendaient que ce type de pratique était nécessaire dans la mesure où les rapports de domination existent bel et bien dans la société actuelle. Cela est d’autant plus vrai dans la mesure où les inégalités sociales quant à l’accès à l’éducation sont encore plus fortes en banlieue. Il est donc évident que tout le monde n’a pas la même aisance pour s’exprimer et intervenir, même dans une assemblée se voulant émancipatrice.

Et des propositions

Parmi les propositions évoquées lors de cette première Nuit Debout à Saint-Ouen, celle de projeter le film Merci Patron, de mettre en place différentes commissions de réflexion, notamment autour des thèmes des migrants, des banlieues et du logement, et de se solidariser avec la lutte locale contre la fermeture de la bibliothèque Glarner à Saint-Ouen.

Plusieurs rendez-vous militants ont été donnés, la plupart mis en ligne sur le site www.convergence-des-luttes.org. Il y a un rendez-vous Mercredi 13 Avril 2016 à 12 heures devant la salle Barbara derrière la mairie de Saint-Ouen avec les enseignants de Saint-Ouen se battant contre le manque de moyens, la précarité et le non remplacement des profs absents. Ils iront en manifestation jusqu’au ministère de l’éducation nationale. Un second rendez-vous évoqué est celui des cheminots, Mercredi 13 Avril 2016 à 11 heures devant la gare Montparnasse alors que sera négociée la convention collective du rail. Enfin, un hospitalier a mentionné l’initiative Hôpital Debout, qui tiendra sa première assemblée générale Jeudi 14 Avril 2016 à 17 heures place de la République à Paris.

L’assemblée générale s’est terminée à 22 heures 30 dans un grand enthousiasme, avec la volonté d’élargir le mouvement à Saint-Ouen et de réfléchir à des actions pour faire connaître l’initiative et impliquer davantage les classes populaires. Rendez-vous a été donné pour une deuxième Nuit Debout Mercredi 13 Avril 2016 devant la mairie de Saint-Ouen, et les discussions se sont poursuivies tardivement entre certains des présents.

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13 avril 2016 3 13 /04 /avril /2016 18:10

http://www.essonneinfo.fr/91-essonne-info/90701/nuit-debout-debarque-essonne

Le mouvement de la Nuit Debout débarque en Essonne

Vendredi 15 avril 2016, une Nuit Debout sera organisée à Evry sur la place des Terrasses de l’Agora.

C’est un mouvement qui semble grandir de jour en jour. Dans un premier temps cantonnée à la place de la République à Paris, cette manifestation s’est élargie sur le plan géographique pour se développer dans plusieurs grandes villes françaises. Après Strasbourg, Nantes, Metz, Lille, Perpignan ou encore Clermont-Ferrand, le mouvement de la Nuit Debout fait son apparition en Essonne, et plus précisément à Evry. Initié à la fin du mois de mars 2016, ce mouvement de contestation traduisant notamment un refus de la réforme de la loi travail se déroulera Vendredi 15 Avril 2016 sur la place des Terrasses de l’Agora à Evry. « Nous voulons que cela se décentralise et que les gens de banlieue se saisissent de ces débats », explique l’un des organisateurs. Pour cette première Nuit Debout, ceux qui souhaitent échanger sur le sujet de la loi travail ou plus largement sur les institutions politiques et le système économique sont attendus Vendredi 15 Avril 2016 entre 15 heures et 22 heures.

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13 avril 2016 3 13 /04 /avril /2016 17:59

http://www.reporterre.net/De-Rennes-a-Marseille-Nuit-Debout-prend-racine

De Rennes à Marseille, le mouvement Nuit Debout prend racine

Samedi 9 Avril 2016, plus d’une soixantaine de villes françaises, mais aussi belges, espagnoles et allemandes, ont passé la nuit dehors à débattre, dixième nuit de mobilisation pour Paris, cinquième pour les autres. Reporterre fait ce tour d’Europe et de France.

A Rennes, c’était la cinquième nuit d’occupation de l’esplanade Charles de Gaulle, une nuit qui a regroupé près d’un millier de personnes, une nuit indissociable de la journée de mobilisation nationale contre le projet de loi sur le travail. Elle a rassemblé dans la capitale bretonne entre mille sept cent personnes selon la préfecture et quatre mille personnes selon les syndicats, bien moins que la mobilisation du Jeudi 31 Mars 2016 qui avait réuni entre six mille et dix mille personnes. La manifestation du Samedi 9 Avril 2016 s’est soldée par des interpellations et des blessés, dont un photographe-reporter et deux élus de Rennes métropole qui ont reçu des coups de matraque. Au point que le responsable départemental du syndicat Force Ouvrière se réserve « le droit de porter plainte pour violences policières ».

Aux alentours de 18 heures, la Nuit Debout prend le relais sur l’esplanade Charles de Gaulle, la rebaptise « place du peuple », et commence le compte-rendu de la manifestation. Rapidement, deux groupes se forment, l’un va discuter du bilan et des actions à venir, l’autre veut poursuivre les débats en petits groupes. La scission perdurera toute la nuit, un groupe de chaque côté de la place, l’un regroupé autour d’un feu et l’autre plus éclaté entre les différents groupes de discussions.

Pour cette cinquième assemblée générale du mouvement de la Nuit Debout, l’ambiance était bien différente des soirs précédents. La manifestation de la journée, qualifiée de violente, voire très violente par bon nombre de militants, était dans tous les esprits et la violence policière au cœur des échanges. Le public aussi a évolué. Aux premiers jours du mouvement de la Nuit Debout à Rennes, on trouvait surtout des personnes d’une vingtaine d’années en études supérieures, Samedi 9 Avril 2016, il y avait des salariés, des chômeurs, des syndicalistes, des élus, des habitants des quartiers populaires, des jeunes, des vieux et des militants aux horizons et méthodes variés. Le dialogue a eu du mal à se mettre en place, les participants se coupaient la parole et s’énervaient, le ton est monté, les différentes composantes du mouvement ne sont pas parvenues à faire corps et l’assemblée s’est divisée en deux groupes.

Malgré cela, la nuit et sa programmation initiale s’est poursuivie avec la projection de la version courte du documentaire « comme des lions », la distribution du numéro un de la gazette Nuit Debout Rennes, tandis que la radio associative Canal B ouvrait son studio aux personnes présentes et que musiciens et artistes animaient la place.

Une soixantaine de Nuits Debout en France et en Europe

On dénombre pour Samedi 9 Avril 2016 une soixantaine de Nuits Debout en France, mais aussi en Espagne, en Belgique et en Allemagne.

A Bruxelles, il y avait une troisième soirée de rassemblement avec plusieurs centaines de personnes mobilisées.

A Barcelone, quatre vingt personnes se sont réunies selon le groupe organisateur sur les réseaux sociaux.

A Marseille, c’était la deuxième Nuit Debout. La première a eu lieu Jeudi 31 Mars 2016 mais a pris plusieurs jours avant de se lancer dans le mouvement. Samedi 9 Avril 2016, des gradins ont été mis en place pour faciliter la tenue des débats, « nous étions entre trois cent et six cent personnes aux profils très variés », relate au téléphone Gérald. Pour lui, ce qui compte est que « des habitants des quartiers nord sont venus parler de la précarité, nous avons pu échanger et nous voulons approfondir ce lien ». La Nuit Debout espère d’ailleurs se délocaliser dans ces quartiers pour au moins une nuit dans les dix jours à venir.

A Toulouse, Samedi 9 Avril 2016, entre manifestation contre la loi travail, le traditionnel carnaval et Nuit Debout, il était difficile de s’y retrouver mais le rassemblement, qui a commencé Mardi 5 Avril 2016, s’est poursuivi avec l’arrivée de nouveaux visages et la projection de Merci Patron. Plus de quatre cent personnes se sont retrouvées.

A Avignon, près de deux cent personnes se sont regroupées. Le film Merci Patron a été projeté sur la place du palais des papes.

A Lyon, pour cette première Nuit Debout, un millier de personnes se sont rassemblées.

A Rodez, la première Nuit Debout a commencé dès midi. Au fil de la journée, environ deux cent personnes sont passées, selon Antoine, « maintenant, nous voulons multiplier les contacts, se structurer et surtout que les gens sachent que nous serons là, tous les jours, à heure fixe ».

A Metz, c’était la deuxième Nuit Debout. La veille, pour la première, près de quatre cent personnes s’étaient rassemblées, le lendemain une soixantaine. Un recul attribué à une organisation perçue comme trop cadenassée, « c’était une phase test », dit un organisateur. La Nuit Debout a pris un nouveau départ, plus ouvert, Samedi 9 Avril 2016, et compte se tenir chaque jour à 18 heures « sur un temps court afin de se focaliser sur des gros rassemblements le week-end ».

A Rouen, la Nuit Debout a du faire face aux forces de l’ordre pour pouvoir s’installer. Les militants voulaient apporter des constructions et se sont heurtés au refus des autorités. Finalement, au bout de deux heures de tension, la Nuit Debout a eu lieu avec une centaine de participants.

A Dijon, après une première tentative avortée Jeudi 31 Mars 2016, la Nuit Debout a pu se tenir, Samedi 9 Avril 2016. Elle a réuni entre cinq cent et sept cent personnes. Sa force est d’avoir rassemblé au-delà des étudiants, avec la présence des intermittents et de militants de la Confédération Général du Travail (CGT).

A Grenoble, il y avait une belle ambiance.

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13 avril 2016 3 13 /04 /avril /2016 17:26

Nuit Debout, un mouvement sans tête qui continue de marcher (Reuters)

Depuis treize nuits, la place de la République, à Paris, voit plusieurs centaines d'étudiants, militants et curieux se rassembler autour d'une estrade où la parole passe d'anonyme en anonyme, avec en ligne de mire une large contestation du gouvernement et de la « privatisation de la démocratie ».

Le mouvement Nuit Debout, né Jeudi 31 Mars 2016 à l'issue d'une manifestation contre la loi travail, dont le mot d'ordre était « après la manifestation, je ne rentre pas chez moi », entend faire converger des luttes disparates et rappelle, en miniature, les indignés espagnols ou encore le mouvement Occupy Wall Street.

Retrait du projet de loi travail, Zone A Défendre (ZAD) du futur aéroport de Notre-Dame-Des-Landes, ouvriers licenciés de Goodyear, dénonciation globale des patrons et du libéralisme, féminisme et écologie, le mouvement brasse des arguments disparates et suscite l'incompréhension des élites.

« Ce qui nous rassemble, ce sont les injustices que nous subissons tous. Nous devons nous réapproprier ce dont on nous a dépossédés, nous auto-représenter », explique Adèle, trente quatre ans et sociologue de formation à Toulouse, où le mouvement a essaimé, comme dans une cinquantaine de villes de province.

A Paris, lors de l'assemblée générale du Lundi 42 Mars 2016, Lundi 11 Avril 2016 dans le calendrier grégorien, modifié par le mouvement, des étudiants se mélangent avec des encartés au Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) ou encore des ouvriers syndiqués au Syndicat Unitaire et Démocratique (SUD).

Des figures politiques, Eric Coquerel, élu du Parti de Gauche, ou Olivier Besancenot, porte parole du NPA, souvent présent, se font discrètes. Au stand de l’Union Nationale des Etudiants de France (UNEF), une militante en interpelle une autre, « le Parti de Gauche racole les jeunes ».

Grève générale

Pour Albert Ogien, sociologue directeur de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), le mouvement Nuit Debout « reste limité à ces cercles de gens qui depuis des années participent à ces cercles de réflexion, confiné à ces gens à la gauche de la gauche ».

En dépit de son refus de toute hiérarchie, deux figures engagées de longue date se détachent du mouvement, le réalisateur de Merci Patron, un film sur deux salariés d'un grand groupe au chômage, et rédacteur en chef du journal Fakir, François Ruffin, et l'économiste atterré Frédéric Lordon.

Ce dernier s'est prononcé Samedi 9 Avril 2016 à la tribune pour une grève générale, tandis que François Ruffin, qui dénonce la « ponction des actionnaires » sur l'économie française, exhorte lui à « brasser plus large » sur la place de la République et à toucher les banlieues et les campagnes.

En dépit de l'engagement de ses militants, les discours du mouvement de la Nuit Debout prennent garde à tenir à distance partis et syndicats et refusent l'émergence de leaders.

Lundi, à Paris, un syndicaliste SUD de Renault venu témoigner à la tribune s'explique, « nous ne sommes ni pour ni contre les syndicats, c'est une mobilisation populaire et démocratique des travailleurs qui dépasse le cadre syndicaliste ».

Le mouvement, outre son objectif de lutte très large, est loin d'être un phénomène de masse, du moins pour l'instant.

Quand les indignés de la Puerta del Sol ou les manifestants d'Occupy Wall Street étaient des dizaines de milliers en 2011, ils ne sont pour le moment que quelques centaines à Paris, Toulouse ou Lyon.

Albert Ogien, qui reconnaît la filiation du mouvement Nuit Debout avec les indignés, tempère la portée du mouvement dans le contexte français, « pour un mai 1968, il ne faut pas être un millier, il faut tout un pays. En mai 1968, les gens voulaient la révolution, maintenant nous ne savons pas où nous allons. Une occupation ne peut pas durer indéfiniment », ajoute-t-il, en saluant toutefois les efforts du mouvement Nuit Debout pour dépasser la place de la République.

Le mouvement Banlieue Debout, emmené par le fresnois Almamy Kanouté, tente en effet de sortir de l'entre-soi parisien, notamment à Montreuil où ils étaient deux cent, Vendredi 8 Avril 2016.

Agora anonyme

Dans toutes les villes où le mouvement de la Nuit Debout se réunit, le tableau est le même. Le mouvement organise son occupation avec cantines, stands de palettes récupérées et, au centre, l’agora.

Ils étaient peut-être cinq cent, Mardi 12 Avril 2016 à Lyon, sagement assis par terre, dans des vapeurs de cigarettes, de cannabis et de bière.

Sur le côté se tient une scène improvisée où les orateurs, anonymes ou au mieux présentés par leur prénom, se succèdent et tentent de se faire entendre au micro.

L’assemblée utilise ce drôle de langage mis au point dans les rassemblements du mouvement de la Nuit Debout. On agite les mains pour dire qu’on est d’accord. On croise les bras pour voter contre.

Les militants sont divisés en différentes commissions, consacrées chacune à une cause particulière.

Ce soir-là, la commission « politiser l’espace public » raconte ses actions et notamment la distribution de « fausses contraventions sur les pare-brises des voitures avec des vers de Jacques Prévert et le slogan Rêve Général.

Mais ces relents de mai 1968 ne font pas l'unanimité.

« Dans cette affaire, la démagogie jeune et l'emballement médiatique ont fonctionné à plein », affirme-t-il notant que « ces ersatz de mai 1968 sont le symptôme de la fin d'un cycle historique en décomposition », a déclaré le sociologue Jean-Pierre le Goff dans une interview publiée Mardi 12 Avril 2016 dans le Figaro.

La classe politique partagée

Droite et gauche se sont positionnés face au mouvement. Au gouvernement, une tolérance teintée d'avertissement est de mise.

Si le premier secrétaire du Parti Socialiste Jean-Christophe Cambadélis est allé faire un tour incognito place de la République dès les débuts du mouvement, il a depuis dénoncé la violence qui s'y est invitée. La nuance a été reprise par Myriam el Khomri, distinguant Lundi 11 Avril 2016 « liberté de manifester et liberté de casser ».

Lundi 11 Avril 2016, les Compagnies Républicaines de Sécurité (CRS) ont évacué la place de la République et détruit les installations de fortune du groupe, mais le mouvement s'y est depuis réinstallé, soumis à une forte surveillance policière sans pour autant être interdit.

Des membres du gouvernement comme Thierry Mandon et Axelle Lemaire se sont rendus place de la République.

« Il y a une véritable aspiration à un changement, on s'interroge sur la façon de faire de la démocratie, une grande défiance vis-à-vis de tout ce qui représente une institution publique, doublée d'une méconnaissance de leur fonctionnement », a raconté à Reuters la secrétaire d’état chargée du numérique.

« Je vois tout cela comme un laboratoire, une tentative, mais difficile à ce stade de voir sur quoi cela pourrait déboucher ».

A droite, hormis Nathalie Kosciusko-Morizet qui a salué dans les médias « une génération qui se pose des questions », l'opposition au mouvement Nuit Debout est massive.

François Fillon a jugé le mouvement incompatible avec l'état d'urgence toujours en vigueur.

Le Front National qualifie lui dans un communiqué publié Mercredi 13 Avril 2016 la place de la République de « centre opérationnel du saccage de Paris ».

Posée aux manifestants, la question de l'issue du mouvement irrite, « on nous demande de donner un sens à ce mouvement alors que nous sommes en train de le construire. Laissez-nous du temps », réclame Adèle, à Lyon.

A Paris, Pierre, la vingtaine, n'hésite pas, « la grève générale et le blocage de l'économie ».

Faute de revendication précise en dehors du retrait du projet de loi de Myriam el Khomri, l'avenir du mouvement paraît incertain.

Pour François Miquet-Marty, de l'institut de sondages Via Voice, « c'est un mouvement riche en terme d'aspiration démocratique mais pauvre en terme de vision partagée. Il est difficile d'identifier quelle forme cela peut prendre à l'avenir et avec quelle portée politique », dit-il, ajoutant que « pour l'exécutif, c'est quelque chose qu'il serait dangereux de laisser s'amplifier ».

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12 avril 2016 2 12 /04 /avril /2016 16:53

L'armée syrienne, aidée des russes, prépare une offensive à Alep (Reuters)

L'armée de l'air russe et l'armée syrienne se préparent à une offensive commune dans le but de reprendre la ville d'Alep aux rebelles, a annoncé le premier ministre syrien selon des propos rapportés Dimanche 10 Avril 2016 par l'agence russe TASS, alors qu'un responsable de l'opposition jugeait que la trêve était plus que jamais menacée.

De fait, même si l'émissaire de l'Organisation des Nations Unies (ONU), Staffan de Mistura, était attendu à Damas dans le cadre du processus diplomatique en cours, l'accord de « cessation des hostilités » négocié par la Russie et les Etats-Unis semble de plus en plus mis à mal.

Entré en vigueur au mois de février 2016 dans le but de permettre la reprise des négociations sur les moyens de mettre fin à cinq ans de guerre civile, cet accord a depuis été régulièrement violé, les différents camps se renvoyant mutuellement la responsabilité des combats. Mais les combats en cours au sud d'Alep constituent la plus importante remise en cause de cette trêve à ce jour.

Parallèlement, le processus diplomatique n'a enregistré que peu de progrès faute d'un compromis sur l'avenir du président Bachar al Assad, dont la position a été renforcée ces derniers mois par le soutien, y compris militaire, de l'Iran et surtout de la Russie.

Le premier ministre syrien, Wael al Halaki, a déclaré à une délégation de parlementaires russes que les préparatifs de la « libération » d'Alep, plus grande ville de Syrie et capitale économique du pays avant la guerre, étaient en cours. L'agglomération d'Alep est pour l'instant divisée en plusieurs zones contrôlées par le pouvoir ou par l'opposition.

« Ensemble, avec nos partenaires russes, nous préparons une opération pour libérer Alep et contrer tous les groupes armés illégaux qui n'ont pas rejoint ou qui ont rompu l'accord de cessez-le-feu », a dit le chef du gouvernement syrien cité par l'agence TASS.

« L'aviation russe va aider l'armée syrienne dans son offensive terrestre », a déclaré un membre de la délégation russe, Dmitri Sabline, membre de la chambre haute russe, cité par l'agence RIA Novosti.

Le cessez le feu est sur le point de s’effondrer

L'Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH) indiquait Samedi 9 Avril 2016 que des combattants rebelles, y compris des membres du Front al Nosra lié à al Qaïda, avaient lancé un assaut au sud-ouest d'Alep.

L'accord de trêve ne concerne ni les groupes associés à al Qaïda, ni l'Etat Islamique. Moscou a indiqué que ses avions de chasse avaient frappé des cibles près d'Alep après le retrait de la majeure partie de son dispositif aérien le mois dernier.

Des troupes iraniennes et du Hezbollah libanais combattent aux côtés de l'armée syrienne au sud d'Alep tandis que le Front al Nosra est déployé dans la région non loin de positions rebelles.

Selon l'OSDH, trente cinq combattants des deux camps ont été tués en vingt quatre heures dans la zone.

Par ailleurs, Bassma Kodmani, membre du Haut Comité des Négociations (HCN) de l'opposition syrienne, a évoqué « une détérioration très grave » de la situation au cours des dix derniers jours, ajoutant que « le cessez-le-feu est sur le point de s'effondrer ».

Dans un entretien au Journal Du Dimanche, elle estime également que la mission américano-russe chargée de la surveillance du cessez-le-feu est « impuissante ».

Pour Rami Abdoulrahman, le directeur de l'OSDH, « à Alep, on assiste à un véritable effondrement de la trêve ».

Au cours d'un entretien téléphonique, John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov sont convenus Dimanche 10 Avril 2016 de la nécessité de renforcer la coopération entre les Etats-Unis et la Russie pour faire tenir cette « cessation des hostilités », rapporte le ministère russe des affaires étrangères.

L'OSDH a également fait état de combats Dimanche 10 Avril 2016 entre forces gouvernementales et rebelles près de Douma, une ville située au nord-est de Damas et ajouté que des hélicoptères des forces gouvernementales avaient largué des barils d'explosifs sur des zones tenues par les rebelles au nord d’Homs.

Staffan de Mistura, l'émissaire de l’ONU, était attendu à Damas Dimanche 10 Avril 2016 et il doit y rencontrer Lundi 11 Avril 2016 des dirigeants syriens.

Il a annoncé Jeudi 7 Avril 2016 son intention de se rendre à Damas puis à Téhéran et de consulter d'autres pays de la région pour tenter de trouver un terrain d'entente en vue du règlement de la crise syrienne, avant la reprise des discussions entamées à Genève, repoussée au Mercredi 13 Avril 2016.

C'est Mercredi 13 Avril 2016 également que le gouvernement syrien prévoit la tenue d'élections législatives, un scrutin qualifié d'illégitime par un porte-parole de l'opposition.

« Je ne sais pas comment ils peuvent réellement annoncer des élections en Syrie. A Idlib, à Alep, à Daïr al Zor ou à Homs, les gens ne pourront pas aller voter », a dit Salim al Mouslat.

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12 avril 2016 2 12 /04 /avril /2016 16:35

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Je hais les indifférents

Par Antonio Gramsci

Dimanche 11 Février 1917

Je hais les indifférents. Je crois comme Friedrich Hebbel que « vivre signifie être partisans ». Il ne peut exister seulement des hommes, des étrangers à la cité. Celui qui vit vraiment ne peut qu’être citoyen et prendre parti. L’indifférence c’est l’aboulie, le parasitisme et la lâcheté, ce n’est pas la vie. C’est pourquoi je hais les indifférents.

L’indifférence est le poids mort de l’histoire. C’est le boulet de plomb pour le novateur, c’est la matière inerte où se noient souvent les enthousiasmes les plus resplendissants, c’est l’étang qui entoure la vieille ville et la défend mieux que les murs les plus solides et que les poitrines de ses guerriers, parce qu’elle engloutit dans ses remous limoneux les assaillants, les décime et les décourage et quelquefois les fait renoncer à l’entreprise héroïque.

L’indifférence œuvre puissamment dans l’histoire. Elle œuvre passivement, mais elle œuvre. Elle est la fatalité. Elle est ce sur quoi on ne peut pas compter. Elle est ce qui bouleverse les programmes et ce qui renverse les plans les mieux établis. Elle est la matière brute, rebelle à l’intelligence qu’elle étouffe. Ce qui se produit, le mal qui s’abat sur tous, le possible bien qu’un acte héroïque, de valeur universelle, peut faire naître, n’est pas tant dû à l’initiative de quelques uns qui œuvrent, qu’à l’indifférence et à l’absentéisme de beaucoup. Ce qui se produit, ne se produit pas tant parce que quelques uns veulent que cela se produise, mais parce que la masse des hommes abdique devant sa volonté, laisse faire, laisse s’accumuler les nœuds que seule l’épée pourra trancher, laisse promulguer des lois que seule la révolte fera abroger et laisse accéder au pouvoir des hommes que seule une mutinerie pourra renverser. La fatalité qui semble dominer l’histoire n’est pas autre chose justement que l’apparence illusoire de cette indifférence et de cet absentéisme. Des faits mûrissent dans l’ombre, quelques mains, qu’aucun contrôle ne surveille, tissent la toile de la vie collective et la masse ignore, parce qu’elle ne s’en soucie pas. Les destins d’une époque sont manipulés selon des visions étriquées, des buts immédiats, des ambitions et des passions personnelles de petits groupes actifs et la masse des hommes ignore, parce qu’elle ne s’en soucie pas.

Mais les faits qui ont mûri débouchent sur quelque chose, la toile tissée dans l’ombre arrive à son accomplissement et alors il semble que ce soit la fatalité qui emporte tous et tout sur son passage, il semble que l’histoire ne soit rien d’autre qu’un énorme phénomène naturel, une éruption et un tremblement de terre dont nous tous serions les victimes, celui qui l’a voulu et celui qui ne l’a pas voulu, celui qui savait et celui qui ne le savait pas, qui avait agi et celui qui était indifférent. Et ce dernier se met en colère, il voudrait se soustraire aux conséquences et il voudrait qu’il apparaisse clairement qu’il n’a pas voulu lui, qu’il n’est pas responsable. Certains pleurnichent pitoyablement, d’autres jurent avec obscénité, mais personne ou presque ne se demande s'il avait fait lui aussi son devoir, s'il avait essayé de faire valoir sa volonté et son conseil, serait-il arrivé ce qui est arrivé ?

Mais personne ou presque ne se sent coupable de son indifférence et de son scepticisme, de ne pas avoir donné ses bras et son activité à ces groupes de citoyens qui, précisément pour éviter un tel mal, combattaient et se proposaient de procurer un tel bien.

La plupart d’entre eux, au contraire, devant les faits accomplis, préfèrent parler d’idéaux qui s’effondrent, de programmes qui s’écroulent définitivement et d'autres plaisanteries du même genre. Ils recommencent ainsi à s’absenter de toute responsabilité. Non bien sûr qu’ils ne voient pas clairement les choses et qu’ils ne soient pas quelquefois capables de présenter de très belles solutions aux problèmes les plus urgents, y compris ceux qui requièrent une vaste préparation et du temps. Mais pour être très belles, ces solutions demeurent tout aussi infécondes et cette contribution à la vie collective n’est animée d’aucune lueur morale, elle est le produit d’une curiosité intellectuelle, non d’un sens aigu d’une responsabilité historique qui veut l’activité de tous dans la vie, qui n’admet aucune forme d’agnosticisme et qui n'admet aucune forme d’indifférence.

Je hais les indifférents aussi parce que leurs pleurnicheries d’éternels innocents me fatiguent. Je demande à chacun d’eux de rendre compte de la façon dont il a rempli le devoir que la vie lui a donné et lui donne chaque jour, de ce qu’il a fait et spécialement de ce qu’il n’a pas fait. Et je sens que je peux être inexorable, que je n’ai pas à gaspiller ma pitié et que je n’ai pas à partager mes larmes. Je suis partisan, je vis et je sens dans les consciences viriles de mon bord battre déjà l’activité de la cité future que mon bord est en train de construire. Et en elle la chaîne sociale ne pèse pas sur quelques uns, en elle chaque chose qui se produit n’est pas due au hasard et à la fatalité, mais elle est l’œuvre intelligente des citoyens. Il n’y a en elle personne pour rester à la fenêtre à regarder alors que quelques uns se sacrifient et disparaissent dans le sacrifice. Celui qui reste à la fenêtre, à guetter, veut profiter du peu de bien que procure l’activité de peu de gens et passe sa déception en s’en prenant à celui qui s’est sacrifié, à celui qui a disparu parce qu’il n’a pas réussi ce qu’il s’était donné pour but.

Je vis et je suis partisan. C’est pourquoi je hais qui ne prend pas parti. Je hais les indifférents.

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