http://www.madrid15m.org/francia-por-una-sociedad-mas-participativa
Pour une société plus participative
Par Baki Youssoufou, fondateur de www.wesign.it
Tout d'abord, je voudrais dire ici que je parle en mon nom et pas au nom de la mobilisation en France. Mon point de vue est donc celui d'un citoyen déterminé à construire les changements à apporter à la société dans laquelle je dois vivre aujourd'hui et demain. Pour moi, chaque génération construit le monde dans lequel elle évolue et va évoluer, par l'action ou par l'inaction. La participation à mon niveau, avec ma manière et mes compétences, à cette dynamique citoyenne est essentielle pour moi.
En France, nous vivons une époque de grands bouleversements et notre génération a un rôle important à jouer pour notre propre survie. Notre rôle consiste, entre autre, à notre capacité à construire une solidarité active par une empathie universelle à vivre librement et pour notre liberté que nous devons concevoir avec les autres. Nous devons construire les modes actuels de la défense de l'intérêt commun. Il est clairement visible qu'il y a maintenant une rupture complète entre nous, citoyens, et nos élites, qu'elles soient politiques, intellectuelles ou économiques, parce que nous voyons que ces élites ne vivent pas dans le même pays ou sur la même planète que nous.
La crise actuelle née de la loi de Myriam el Khomri, ministre française du travail, n’est rien d'autre que l'expression du sentiment des citoyens contre un gouvernement qui ne prend pas en compte leur point de vue dans ses décisions. Les partis politiques ont renoncé à construire des organisations de masse qui respecteraient un certain nombre de principes démocratiques. Les ministres, ainsi que certains députés, se sont élevés à un niveau de cynisme qui est même du mépris pour leurs concitoyens. Les partis persistent à vouloir garder le contrôle sur leurs structures et sur les citoyens, même si nous voyons que les dogmes et les idéologies qui sont revendiqués n’ont rien à faire de la vie des citoyens et des pratiques démocratiques. Les citoyens ne croient plus aux promesses et aux engagements des dirigeants politiques.
Nous sommes indignés par la situation et par l'incapacité presque originelle de la classe politique française et nous nous exprimons en dehors des cadres politiques traditionnels et militants. Les partis politiques sont trop vieux et leurs pratiques démocratiques deviennent inaudibles. Certains de leurs dirigeants deviennent cyniques et méprisants envers les citoyens. Ils nous méprisent, jeunes ou vieux, parce que nous ne sommes pas allés dans de bonnes écoles et que nous n’avons pas un bon diplôme.
Les grandes structures de la société civile française, les syndicats, les Organisations Non Gouvernementales (ONG) et les entreprises, sont également progressivement dépassés par la nécessité de la transparence des citoyens. Ces organisations traditionnelles ont, par exemple, un problème avec les medias électroniques et leur méfiance envers ces medias les rend suspectes auprès des citoyens, en particulier ceux qui sont nés avec les medias électroniques.
Nous voulons participer pleinement aux décisions qui affectent nos vies, alors que les organisations ont tendance à imposer leurs vues.
Nous voulons participer horizontalement à la prise des décisions, alors que ces structures ont une logique verticale.
Nous voulons co-construire notre avenir, alors que ces structures pensent pouvoir décider, sans nous consulter, ce qui est bon pour nous.
Nous voulons avoir le temps nécessaire pour prendre les décisions qui affectent nos vies et notre avenir, alors que ces organisations donnent toujours l'impression de courir après le temps et laissent de nombreuses personnes au bord de la route.
Nous sommes dans une crise générationnelle et, quand je dis « générationnelle », je ne parle pas des jeunes contre les vieux. Je parle d'une façon de faire de la politique, ceux qui pensent qu'ils ont tout compris et qui décident seuls, sans consulter les citoyens, contre ceux qui pensent que cela a à voir avec les citoyens dans leur diversité.
La principale différence que j'ai avec la classe politique de notre pays est le fait qu’elle partage la même idéologie, tout faire pour exclure les citoyens des cercles de prise de décision, bien sûr, avec des différences sur la façon de le faire. Je soutiens une autre idéologie, fournir les meilleurs moyens pour intégrer le maximum de citoyens dans toutes les décisions qui les concernent. Les médias électroniques nous permettent facilement de le faire si nous en avons la volonté.