INTERVIEW D EREN KESKIN PAR IRFAN AKTAN
Le site www.kedistan.net publiait récemment la traduction en français d’une très longue interview d’Eren Keskin.
Vous trouverez simplement ci-dessous la présentation de cette interview par les gestionnaires du site.
La traduction en français de cette interview est disponible en intégralité si vous consultez le site www.kedistan.net à l’adresse ci-dessous.
Bernard Fischer
http://www.kedistan.net/2017/09/11/eren-keskin-aller-etranger-aller-prison
Eren Keskin, « plutôt qu’aller à l’étranger, je vais aller en prison »
Nous avons considéré essentiel de traduire cette interview d’Eren Keskin, avocate et militante des droits humains en Turquie, par le journaliste Irfan Aktan, qui embrasse l’ensemble des questions de justice, d’aujourd’hui et d’hier.
Au delà même de l’hommage qu’il faut rendre à cette femme et à son combat, revenir sur les procédures, les enquêtes d’injustice en cours et le fonctionnement ubuesque des institutions judiciaires à travers son regard acéré, constitue une archive incontournable vers laquelle nous aurons malheureusement souvent l’occasion de renvoyer dans les mois à venir.
Attendons-nous également à devoir organiser, pour elle aussi, un soutien conséquent lors de ces procès à répétition à venir, bien qu’elle-même ait une vision très réaliste des désormais réactions européennes sans convictions.
Une interview d’Eren Keskin par Irfan Aktan, publiée en turc par Gazete Duvar, Vendredi 8 Septembre 2017
Qui aurait pu penser qu’Eren Keskin, qui a subi des attaques armées dans les années 1990, emprisonnée seulement parce qu’elle a utilisé le mot Kurdistan et qui a perdu de nombreux amis dans des assassinats non résolus, une défenseure des droits humains qui a participé à des procès de torture, d’agressions et de viols, préférerait ces années là à celles d’aujourd’hui ? Ce qu’on pense impossible peut arriver.
L'avocate Eren Keskin dit que, malgré toute leur noirceur, les années 1990, c’était mieux qu’aujourd’hui. Et elle s’étonne de se l’entendre dire.
Les droits humains se forgent en les défendant et ce qu’on appelle la dignité humaine prend vie à la hauteur de ces conquêtes. Et celles-ci voient le jour, grâce aux luttes menées par certaines personnes courageuses, malgré les menaces d’exil, de prison et de mort. En effet, les défenseurs des droits humains, qui ont voué leur vie à élever la dignité humaine en Turquie, sont actuellement sous la menace et l’oppression, comme jamais.
L'avocate Eren Keskin, qui est une des figures emblématiques de la lutte pour les droits humains en Turquie, doit affronter cent quarante trois différents procès ouverts à son encontre. Suite aux procès ouverts avec la fin du processus de paix, elle risque des dizaines d’années de prison et des amendes allant jusqu’à huit cent mille livres turques, près de deux cent mille euros. Eren Keskin, qui a déjà commencé à payer certaines amendes déjà confirmées, est devant le danger d’emprisonnement à court terme.
Eren Keskin, ayant été pendant trois ans la directrice éditoriale symbolique d'Ozgur Gundem, est interlocutrice de tous les procès ouverts à l’encontre du journal depuis la fin du processus de paix et elle est pourtant déterminée à ne pas faire un pas en arrière.
Eren Keskin, qui a fait face depuis les années 1990 aux attaques armées, aux peines de prisons et aux menaces de mort, avec un grand courage et une persistance et qui continue à défendre les droits humains, a envoyé à la retraite beaucoup de présidents de la république, de premiers ministres et de ministres de l’intérieur et de la justice, mais elle en est toujours au même point. Maintenant, tendons l’oreille à cette courageuse avocate qui a dévoué sa vie à la défense des droits humains de tous les milieux opprimés et à élever la dignité humaine.