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27 août 2017 7 27 /08 /août /2017 16:36

 

 

http://www.lemonde.fr/europe/article/2017/08/20/un-ecrivain-critique-du-president-turc-interpelle-en-espagne_5174279_3214.html

 

Un écrivain, critique du président Recep Tayyip Erdogan, interpellé en Espagne

 

Allemand d’origine turque, Dogan Akhanli faisait l’objet d’un mandat d’arrêt émis par Interpol à la demande d’Ankara. Dimanche 20 Août 2017, il a été placé en libération conditionnelle.

L’écrivain allemand d’origine turque Dogan Akhanli, arrêté à la demande d’Ankara, a bénéficié Dimanche 20 Août 2017 d’une libération conditionnelle. Critique de l’homme fort d’Ankara, Recep Tayyip Erdogan, Dogan Akhanli avait été interpellé, Samedi 19 Août 2017, à Grenade, en Espagne. Il faisait l’objet d’un mandat émis par Interpol à la demande de la Turquie. Son avocat s’est félicité sur Facebook de la libération de son client. « La bataille valait la peine », écrit Ilias Ulyar, précisant que l’écrivain « est libéré à condition de rester à Madrid ».

Cette arrestation s’inscrit dans le cadre d’une « traque ciblée contre les détracteurs du gouvernement turc vivant à l’étranger en Europe », avait déclaré un peu plus tôt l’avocat au magazine allemand Spiegel, qui a le premier fait état de cette information.

La chancelière allemande Angela Merkel s’est félicitée de cette remise en liberté, soulignant que la Turquie ne devait pas abuser d’Interpol.

L’arrestation de Dogan Akhanli est « malheureusement l’un des nombreux cas d'allemands contre lesquels la Turquie a lancé des poursuites », a-t-elle poursuivi.

Un représentant du ministère des affaires étrangères allemand avait fait savoir que Berlin était en contact avec les autorités espagnoles pour exiger d’être impliqué dans la procédure, tout en soulignant qu’aucune extradition ne devait avoir lieu. Tout pays peut émettre une notice rouge auprès d’Interpol mais la Turquie va désormais devoir convaincre la justice espagnole du bien-fondé d’une demande d’extradition.

Cet épisode devrait contribuer encore un peu plus à la dégradation des relations entre Berlin et Ankara, déjà très tendues en raison de la répression engagée dans son pays par le président Recep Tayyip Erdogan, y compris contre des personnes possédant la nationalité allemande, depuis qu’il a échappé à une tentative de coup d'état au mois de juillet 2016.

Dogan Akhanli, emprisonné dans les années 1980 en Turquie pour ses activités d’opposant, notamment pour avoir dirigé un journal classé à gauche, a fui son pays en 1991. Il vit et travaille à Cologne depuis 1995.

Au début du mois d'août 2017, le journaliste et écrivain turc Hamza Yalçin avait lui aussi été arrêté et placé en détention en Espagne, en application d’un mandat d’arrêt international émis par la Turquie, qui l’accuse d’avoir insulté le président Recep Tayyip Erdogan et d’être lié à un groupe d’extrême gauche illégal.

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27 août 2017 7 27 /08 /août /2017 16:24

 

 

L'armée irakienne parachève la reconquête de Tal Afar (Reuters)

 

Les forces gouvernementales irakiennes ont reconquis la quasi-totalité de Tal Afar, dernier bastion urbain du groupe Etat Islamique dans le nord-ouest de l'Irak, annonce l'armée irakienne Dimanche 27 Août 2017 dans un communiqué.

Les combats contre les djihadistes sont désormais confinés à un petit quartier à la périphérie de la ville.

Tal Afar, située entre la frontière syrienne et Mossoul, reconquise au début du mois de juillet 2017, était le dernier grand objectif de l'opération de reconquête lancée par les forces irakiennes avec le soutien de la coalition formée par les Etats-Unis, trois ans après la proclamation par l'Etat Islamique d'un califat à cheval sur l'Irak et la Syrie.

Après huit jours de combats, les vingt neuf quartiers de la ville même ont été repris aux djihadistes et les derniers combats concernent seulement le secteur d’al Ayadiya, faubourg à onze kilomètres au nord-ouest de Tal Afar proprement dit, où les djihadistes qui ont fui le centre de la ville se sont réfugiés, a déclaré le général Yahya Rassoul, porte-parole de l'armée irakienne.

Les autorités de Bagdad attendent la chute d’al Ayadiya pour proclamer leur victoire, dit l'armée irakienne.

L'offensive contre Tal Afar a commencé Dimanche 20 Août 2017. On estimait à quelque deux mille le nombre de djihadistes retranchés dans l'agglomération avant le déclenchement des opérations et ils ont fait face au feu de cinquante mille militaires.

Des habitants qui ont fui Tal Afar quelques jours avant l'offensive avaient déclaré à Reuters que les djihadistes avaient l'air épuisés et peu nombreux.

Des dizaines de milliers de personnes ont fui la ville dans les semaines avant l'offensive. Les civils qui y sont toujours pris au piège sont menacés de mort par les hommes de l'Etat Islamique, déclarent des Organisations Non Gouvernementales (ONG) caritatives et des habitants qui ont pu s'échapper.

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27 août 2017 7 27 /08 /août /2017 16:13

 

 

A Marseille, Jean-Luc Mélenchon sonne la mobilisation des insoumis (Reuters)

 

Jean-Luc Mélenchon a appelé Dimanche 27 Août 2017 à une mobilisation générale du peuple pour, le Samedi 23 Septembre 2017, s'opposer au « coup d’état social et au coup d’état antidémocratique » d'Emmanuel Macron à travers la réforme du code du travail, chantier phare du début de quinquennat du président de la république.

« Le Samedi 23 Septembre 2017, il faut que le peuple déferle à Paris contre le coup d’état social et contre le coup d’état antidémocratique qui s'organise contre lui », a affirmé Dimanche 27 Août 2017 le leader du Mouvement de la France Insoumise (MFI) en clôture des premières universités d'été du mouvement qu'il a initié.

« Assez de bavardages, assez de discussions et plus d'action, c'est vôtre tâche à vous autres les insoumis », a-t-il ajouté devant plus de deux mille personnes. « Pas de blabla, du combat », a-t-il résumé.

Le député des Bouches-du-Rhône a évoqué une fabuleuse mise en jambes à Marseille, sa terre d'élection, où se sont rassemblé durant quatre jours plus de trois mille militants du MFI.

Les ordonnances qui doivent réformer le code du travail sont au centre des préoccupations de l’ancien candidat au premier tour des élections présidentielles.

Jean-Luc Mélenchon a ainsi annoncé le report de la convention nationale de son mouvement au mois de décembre 2017, alors qu'elle devait initialement se tenir au mois d’octobre 2017.

« Nous voulons pouvoir jeter toutes nos forces sans en distraire une seule goutte dans la bataille contre le code du travail », a-t-il indiqué en proclamant l'état de mobilisation générale du peuple.

« Arrêtez tout le reste, cela ne sert à rien. Battez vous pour cela », a-t-il lancé à la foule réunie au coeur du Panier, le plus ancien et l'un des plus populaires quartiers de Marseille.

Jean-Luc Mélenchon veut encore profiter du rassemblement du Samedi 23 Septembre 2017 pour réclamer la titularisation immédiate des emplois aidés ou encore la suppression du statut des travailleurs détachés qui, dit-il, est la ruine de la sécurité sociale.

« La sécurité sociale c'est, comme le code du travail, la prunelle de nos yeux. C'est tout cela qui sera présent le Samedi 23 Septembre 2017 », a-t-il prévenu.

Le leader du MFI surfe sur les récents sondages qui expriment une forte baisse de la popularité du président de la république et font de son mouvement la première force d'opposition au gouvernement.

« C'est à nous de marcher devant et nous devons agir en pleine responsabilité de notre nouvelle situation. C'est à dire que nous devons être prêts à gouverner à tout instant. S'il le fallait, demain matin, nous saurions quoi faire et avec qui le faire », a-t-il assuré.

« La vague dégagiste qui est passée sur le pays va reprendre et s'amplifier. Elle a rendez-vous le Samedi 23 Septembre 2017. C'est le moment d'exprimer dans la démocratie de la rue la leçon des élections que vous portiez avec vos bulletins de vote et avec vos abstentions aussi », a-t-il lancé.

Le gouvernement doit présenter Jeudi 31 Août 2017 les ordonnances réformant le code du travail.

Avant la journée de mobilisation du MFI, la Confédération Générale du Travail (CGT) a appelé à manifester le Mardi 12 Septembre 2017 et d'autres syndicats pourraient lui emboîter le pas en fonction du contenu exact des ordonnances.

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27 août 2017 7 27 /08 /août /2017 15:43

 

 

http://www.elmundo.es/cataluna/2017/08/26/59a06f6ce2704e1a798b4615.html

 

Indépendantisme au dessus des victimes

 

Carles Puigdemont demande à ne pas magnifier les sifflements contre le roi et contre Pablo Iglesias en disant qu’ils font partie de la liberté d'expression

 

La manifestation en faveur des victimes de l'attaque djihadiste qui a coûté la vie à seize personnes à Barcelone et à Cambrils s'est terminée par une attaque contre le roi et le gouvernement espagnol orchestrée par l'indépendantisme catalan. Felipe VI, le président de l'exécutif, Mariano Rajoy, et les membres de son cabinet, ont été hués dans le Paseo de Gracia à Barcelone par des milliers de personnes stratégiquement situées à la tête de la manifestation qui, conformément à la demande de l'Assemblée Nationale Catalane (ANC), ont participé à la marche avec des drapeaux catalans.

Des applaudissements ont accompagné le roi dans sa visite il y a une semaine dans la capitale catalane pour exprimer sa solidarité avec les victimes. Les barcelonais ont spontanément remercié la présence de Felipe VI et de Letizia dans l'hommage aux morts des Ramblas, ainsi que dans les hôpitaux dans lesquels les blessés ont été transférés. Cependant, Samedi 26 Août 2017, la capacité logistique du souverainisme a réussi à transformer la manifestation en mémoire des victimes en une attaque non dissimulée contre le chef de l’état, Mariano Rajoy, et contre les membres de son gouvernement.

Deux heures avant le début de la manifestation, des centaines de personnes portant des badges sécessionnistes attendaient dans le Paseo de Gracia que se forme le carré de tête des autorités, alors que des dizaines de volontaires distribuaient des pancartes sur lesquelles étaient écrits des slogans en catalan, en castillan et en anglais, « Felipe, nous voulons la paix, nous ne voulons pas de trafic d’armes » ou « Mariano, nous voulons la paix, nous ne voulons pas vendre des armes ».

Samedi 26 Août 2017, quelques minutes avant 18 heures, Carles Puigdemont a été accueilli par des applaudissements et des cris de « président » et « indépendance » à la manifestation, mais les souverainistes réservaient un accueil très différent aux représentants de l’état. La vice-présidente du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria, a reçu des sifflets, qui ont augmenté lorsque Mariano Rajoy a fait son apparition et qui ont atteint leur apogée lorsque, à la dernière minute et selon le protocole, Felipe VI a rejoint la manifestation pour devenir le premier roi d'Espagne à participer à une manifestation publique.

« Dehors le Bourbon » et « nous n’avons pas peur, nous ne voulons pas du roi » étaient quelques-uns des cris que Felipe VI a supporté pendant l’heure qu’a duré la manifestation. L'ANC, l’Omnium et les autres entités qui rejetaient la présence du roi et du gouvernement dans la marche, ont déployé une grande banderole qui a été érigée au-dessus des cinq cent mille personnes qui manifestaient à Barcelone et sur laquelle on pouvait lire « vos politiques, nos morts », avec une photographie de Felipe VI et du roi d'Arabie Saoudite, Salman bin Abdulaziz.

Le climat a commencé à se crisper Vendredi 25 Août 2017, le jour où le président du gouvernement catalan a décidé de rompre l'unité en accusant le gouvernement espagnol de faire de la politique avec la sécurité des catalans et en avertissant que « je ne vois pas comment l’état peut arrêter » le référendum. En outre, à la veille de la manifestation du Samedi 26 Août 2017, le président de l'ANC, Jordi Sànchez, a dit à ses militants que « la meilleure réponse à la présence du chef de l’état à la manifestation du Samedi 26 Août 2017, ce sont des milliers de drapeaux catalans avec un crêpe noir ».

« Ce ne devrait pas être une manifestation de drapeaux », a réfuté Ada Colau quelques heures avant le début de la manifestation, mais la maire de Barcelone a échoué dans sa tentative de dépolitiser une marche qui avait déjà commencé à être déformée quand la Candidature d’Unité Populaire (CUP) avait menacé de la quitter en raison de la présence du roi.

Le conflit de drapeaux s'est effectivement produit et les drapeaux catalans se sont imposées à la fois par le nombre et par la présence des médias, en particulier dans les reportages de la télévision publique catalane. Certains manifestants avec des slogans espagnols sont entrés dans le conflit qui a brouillé le souvenir des victimes pour remercier le roi pour sa présence à Barcelone en connaissant l’accueil que l'indépendantisme avait conçu pour le recevoir. « Espagne contre le terrorisme, merci le roi », disait une banderole qui a parcouru le Paseo de Gràcia entre des sifflets menaçants.

A l'ombre de ce genre de répétition de la Diada dans laquelle, parfois, a dérivé la manifestation, est restée la reconnaissance des barcelonais aux forces de sécurité, aux pompiers, aux services de santé, aux commerçants, aux chauffeurs de taxi et aux voisins qui ont aidé les victimes de l'indignation de masse à Barcelone.

Les camionnettes de la Garde Urbaine de Barcelone étaient couvertes de fleurs, la police autonome catalane a été acclamée aux cris de « Mossos, Mossos » et les familles des victimes en tête de la manifestation ont reçu la chaleur du public.

Cette reconnaissance a été rendue possible grâce à une opération de sécurité énorme et visible. Les snipers avec des mitaines disposés sur les toits des bâtiments du centre-ville ont contrôlé le cours de la manifestation alors que d'autres mesures plus spectaculaires empêchaient toute tentative d'imiter l'attaque des Ramblas, comme la fourniture de bus croisés sur la chaussée entourée d'agents pour empêcher l'accès des véhicules à la zone où la foule se rassemblait.

La manifestation a pris le ton d'un hommage alors que les milliers de barcelonais qui avaient été relégués à la fin de la manifestation, loin des autorités et des polémiques partisanes, avançaient vers la place de la Catalogne.

Là, l'icône « no tinc por » reprise comme si une seule voix était chantée pour finir par filtrer à travers les Ramblas, ou des milliers de personnes, après la dissolution de la manifestation, voulaient se déplacer pour honorer les victimes du coup djihadiste. Pour marcher de haut en bas, comme les victimes avant d'être attaquées et comme les barcelonais ont l'intention de continuer à faire malgré la menace terroriste.

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26 août 2017 6 26 /08 /août /2017 13:56

 

 

http://www.lemonde.fr/societe/article/2017/08/25/a-calais-de-l-eau-au-goutte-a-goutte-pour-les-migrants_5176417_3224.html

 

A Calais, de l’eau au goutte à goutte pour les migrants

 

Les robinets et les latrines installés par l'état ne règlent pas la question sanitaire, selon les associations.

 

Par Victor Chaix, envoyé spécial du Monde à Calais

 

Vendredi 25 Août 2017

 

Sur un sol boueux jonché de déchets, des migrants boivent à tour de rôle, nettoient leurs vêtements et tentent de se laver, tout habillés. Originaires d’Afghanistan ou de la Corne de l’Afrique, ils sont regroupés autour des quelques robinets autorisés depuis plusieurs jours par la préfecture, rue des Verrotières, à Calais, à deux pas des petits campements éphémères qui se font et se défont depuis le démantèlement de la jungle au mois d'octobre 2016. C’est là que l’association Help Refugees distribue un déjeuner chaque jour. Un peu plus loin, autour d’une rampe de distribution d’eau potable, une dizaine de migrants tente de boire dans leurs mains sans poser les pieds dans le marécage qui s’est créé en dessous.

Ces quelques robinets installés au mois d'août 2017 sont le résultat de la bataille judiciaire engagée par les associations humanitaires contre l'état. Le 31 juillet 2017, le conseil d'état a confirmé l’ordonnance du tribunal administratif de Lille, qui avait ordonné à l'état et à la commune de mettre en place des mesures sanitaires d’urgence, comme la création de points d’eau et de toilettes.

Le conseil d'état soulignait alors que les exilés étaient exposés à des traitements inhumains et dégradants à Calais, soulignant notamment que « la prise en compte des besoins élémentaires des migrants en ce qui concerne leur hygiène et leur alimentation en eau potable demeure manifestement insuffisante ». Depuis des semaines, les associations reprochaient aux forces de l’ordre de les empêcher, par un harcèlement quotidien, de distribuer eau et nourriture et d’aider les migrants à accéder à des douches.

Dix toilettes mobiles et cinq robinets ont aussi été installés route de Saint-Omer, à côté des locaux du Secours Catholique, et un dispositif mobile de dix latrines, huit toilettes, trois points d’eau et deux rampes de distribution d’eau potable, a été déployé, encadré par l’association de la Vie Active.

La préfecture du Pas de Calais assume de privilégier des équipements mobiles, dans « l’objectif de non reconstruction d’un campement sur le Calaisis et pour éviter un flux incontrôlé de migrants ». Le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, qui ne veut plus que Calais soit un abcès de fixation, avait fait état au mois de juin 2017 de ses craintes que l’installation de douches et de sanitaires ne créé un appel d’air. Le cabinet du préfet confirme vouloir « éviter tout point de fixation, tout est mis en place pour éviter la reconstruction d’un campement ».

Les associations, de leur côté, dénoncent une application à minima de la décision de justice, alors que sept cent cinquante migrants campent à Calais, des jeunes hommes pour l’essentiel. « La situation est risible et pitoyable. Nous ne pouvons pas nous satisfaire de ce dispositif », s’indigne Vincent de Coninck, chargé de mission au Secours Catholique. Pour les humanitaires, les moyens déployés par l’état ne permettent pas d’améliorer la situation sanitaire des migrants à Calais.

Comme Vincent de Coninck, Stéphane Duval, directeur de la Vie Active en charge du développement humanitaire, souligne en particulier que la question des douches reste un mystère. Rien n’est prévu à ce stade. Or, la question des douches est centrale pour de bonnes conditions sanitaires, alors que de nombreux migrants souffrent de la gale et d’autres maladies de la peau, explique Franck Esnée, coordinateur régional de Médecins Du Monde (MDM).

Pour l’humanitaire, les autorités « jouent sur les mots en prétendant proposer des douches thérapeutiques ». En effet, les migrants les plus vulnérables, selon les termes de la préfecture, bénéficient déjà d’un accès à la douche. C’est une distinction absurde, selon Franck Esnée, car « tous les migrants à Calais sont vulnérables ».

Dans ces conditions, Philemon, un migrant érythréen, essaie très fort de rester propre et en bonne santé. Arrivé il y a quatre mois, ce jeune homme de dix neuf ans explique que son dernier point sanitaire, effectué par MDM, remonte à deux semaines. « Nous voulons juste partir d’ici et arriver en Grande Bretagne », soupire-t-il, épuisé.

Fawrid, lui, a vingt quatre ans et il est originaire d’Afghanistan. Il est à Calais depuis deux mois, avec son petit frère. Il décrit des conditions très mauvaises, ce qui lui a causé une forte toux il y a quelques jours. Lui a eu de la chance. Un de ses amis lui a procuré des médicaments.

« Les policiers sont après nous », déclare-t-il, plein de ressentiment, « ils ont volé ma tente et mon sac de couchage ». Il explique vouloir à tout prix arriver en Grande Bretagne car, en France, « il n’y a pas de justice et il n’y a pas de droits de l’homme ».

« Les migrants se trouvent dans un état de dénuement et d’épuisement et souffrent de divers troubles liés à une mauvaise hygiène ainsi que de graves souffrances psychiques », soulignait le conseil d’état le 31 juillet 2017. Ce n’est pas sûr que la réponse de l’état inverse le diagnostic. Affaiblis par des mois de voyage sur les routes de l’exil et mal nourris, la majorité des migrants de Calais dorment moins de quatre heures par nuit, selon une enquête publiée par l’Auberge des Migrants, Lundi 21 Août 2017.

En cause, l’absence de tentes ou d’abris, mais aussi le harcèlement policier nocturne dont les trois quarts se disent victimes, confiscation de couvertures, voire dispersion à coups de gaz au poivre, dénoncé le 26 juillet 2017 par l’Organisation Non Gouvernementale (ONG) Human Rights Watch (HRW). Le 14 juin 2017, le défenseur des droits, Jacques Toubon, avait, lui aussi, déploré des atteintes aux droits « d’une exceptionnelle et inédite gravité » contre les migrants de Calais.

Signe des conditions de vie toujours très difficiles dans les campements du Calaisis, les violentes rixes entre les migrants ont repris ces derniers jours. Des bagarres impliquant jusqu’à cent cinquante exilés ont opposé des afghans et des éthiopiens à coups de couteau, de bâtons et de projectiles. Des violences notamment exacerbées par l’absence d’abris et de douches, soulignent les humanitaires.

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25 août 2017 5 25 /08 /août /2017 18:29

 

 

http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2017/08/25/le-franco-palestinien-salah-hamouri-une-nouvelle-fois-arrete-par-israel_5176438_3218.html

 

Le franco palestinien Salah Hamouri une nouvelle fois arrêté par Israël

 

L’activiste de trente deux ans a fait partie des prisonniers palestiniens échangés, en 2011, contre le soldat Gilad Shalit.

 

Par Claire Bastier, correspondante du Monde à Jérusalem

 

Le répit aura été de courte durée pour Salah Hamouri. Ce franco palestinien de trente deux ans, détenu entre 2005 et 2011 en Israël, a de nouveau été arrêté par les forces de l’ordre israéliennes à son domicile de Jérusalem-Est, Mercredi 23 Août 2017. Transféré et interrogé par la police, il serait soupçonné de « s’être réengagé dans des organisations politiques illégales », rapporte Sahar Francis, avocate palestinienne et directrice de l’association Addameer pour la défense des droits des prisonniers palestiniens. Afin de poursuivre l’interrogatoire, le tribunal de première instance a décidé de prolonger sa détention jusqu’au Dimanche 27 Août 2017. Les juges décideront alors d’une éventuelle mise en examen.

L’annonce de l’arrestation du jeune activiste a aussitôt été relayée sur les réseaux sociaux francophones. Dans un communiqué, l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) a dénoncé un acte « inadmissible et insupportable » et elle a appelé à une « mobilisation immédiate et massive » par le biais d’une pétition.

Sur sa page Facebook, l’épouse française de Salah Hamouri, Elsa Lefort, interdite d’entrer sur le territoire israélien depuis le mois de janvier 2016, a demandé « à la France d’agir avec conviction pour protéger et obtenir la libération de notre concitoyen qui subit une fois de plus l’arbitraire israélien ». Le consulat général de France à Jérusalem suit le dossier de très près avec Paris et se mobilise pour assurer une protection consulaire à Salah Hamouri, a confié au Monde un diplomate français sur place.

Salah Hamouri, de mère française et de père palestinien, n’en est pas à sa première interpellation. En 2005, il avait été accusé d’avoir projeté de tuer le rabbin séfarade Ovadia Yossef, le fondateur du parti ultra orthodoxe Shas, et d’appartenir au Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP), un mouvement nationaliste palestinien de gauche engagé dans la lutte armée contre Israël.

Salah Hamouri a toujours clamé son innocence. Après trois années de détention administrative, incarcération sans inculpation ni procès, le jeune homme avait été condamné par un tribunal militaire israélien à sept ans de prison, au mois d’avril 2008. Il avait accepté de plaider coupable afin de réduire sa peine, envisagée dans un premier temps à quatorze ans de détention.

En France, des comités de soutien s’étaient alors créés et mobilisés pour réclamer sa remise en liberté. Au mois d’août 2009, le président de la république française, Nicolas Sarkozy, avait adressé une demande de libération anticipée pour Salah Hamouri au gouvernement israélien. Ce geste de clémence avait été refusé par le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. Le comité israélien de réduction des peines avait jugé trop dangereux de libérer le jeune homme de vingt quatre ans.

Finalement, Salah Hamouri avait fait partie du millier de prisonniers palestiniens échangés au mois de décembre 2011 contre Gilad Shalit, le soldat franco-israélien capturé par un commando palestinien au mois de juin 2006 au sud de la bande de Gaza.

Depuis sa sortie de prison, Salah Hamouri suivait un cursus en droit à l’université al Qods à Jérusalem. Dimanche 20 Août 2017, trois jours avant son arrestation, il venait de passer l’équivalent palestinien du concours du barreau.

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25 août 2017 5 25 /08 /août /2017 18:16

 

 

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2017/08/24/luisa-ortega-commence-le-grand-deballage-sur-la-corruption-au-venezuela_5176023_3222.html

 

Au Venezuela commence le grand déballage sur la corruption

 

L'ancienne procureure générale, Luisa Ortega, en fuite à l’étranger, dit avoir de quoi mettre en cause le président chaviste Nicolas Maduro.

 

Par Paulo Paranagua

 

Luisa Ortega, l'ancienne procureure générale du Venezuela en fuite à l’étranger, a commencé à déballer ses dossiers contre le régime de Nicolas Maduro. Invitée à Brasilia à une réunion de procureurs des pays du MERCOSUR, l’union douanière sud-américaine, elle a accusé le président vénézuélien, Mercredi 23 Août 2017, de tirer un profit personnel de l’aide alimentaire distribuée à ses concitoyens. A en croire l’égérie du chavisme dissident, une entreprise mexicaine appartenant à Nicolas Maduro est le principal fournisseur des denrées contenues dans les rations des Comités Locaux d'Approvisionnement et de Production (CLAP), remises à ceux qui détiennent le carnet de la patrie.

Limogée par l'assemblée constituante élue dans des conditions controversées, Luisa Ortega a également accusé le capitaine Diosdado Cabello, considéré comme le numéro deux du régime, d’avoir touché cent millions de dollars, soit quatre vingt cinq millions d’euros, de pots-de-vin à travers une entreprise espagnole appartenant à ses cousins. Cet argent serait lié aux marchés obtenus au Venezuela par le géant brésilien du Bâtiment et des Travaux Publics (BTP), Odebrecht, impliqué dans un vaste réseau de corruption en Amérique Latine et en Afrique.

Luisa Ortega assure détenir « beaucoup de preuves, concrètement, dans l’affaire Odebrecht, qui mettent en cause de nombreux hauts responsables vénézuéliens, à commencer par le président de la république ». L'état vénézuélien a payé trois cent milliards de dollars, soit deux cent cinquante quatre milliards d’euros, pour une douzaine de chantiers inachevés, comme le métro de Caracas ou le pont sur le lac Maracaibo. La magistrate dissidente s’est dite prête à communiquer ces preuves aux autorités d’autres pays en mesure d’enquêter.

« J’ai reçu des menaces sur ma vie », a-t-elle affirmé pour expliquer son départ à l’étranger en compagnie de son mari, le député German Ferrer, lui aussi un dissident du chavisme, dont la cour suprême du Venezuela a ordonné l’arrestation. Alors que Caracas prétend saisir Interpol pour obtenir leur détention, la Colombie et le Brésil ont assuré qu’ils pourraient bénéficier de l’asile politique.

Le remplaçant de la chaviste dissidente désigné par le pouvoir, Tarek William Saab, a balayé ces accusations, « tout ce que peut dire une ancienne procureure générale qui, en près de dix ans, n’a lancé aucune action contre aucun des personnages dont elle parle maintenant, n’a aucune validité ».

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25 août 2017 5 25 /08 /août /2017 18:03

 

 

http://www.elnacional.cat/es/efemerides/republicanos-catalanes-liberan-paris-nazis_185181_102.html

 

Les républicains catalans dans la libération de Paris

 

Par Marc Pons

 

Vendredi 25 Août 2017

 

En ce jour de 1944, il y a soixante treize ans, la neuvième compagnie de la division blindée du général Philippe Leclerc entrait dans Paris et libérait la capitale française des nazis allemands qui l’avaient occupé le 14 juin 1940, pendant quatre ans, deux mois et dix jours. La neuvième compagnie, connue sous le nom de la Nueve, se composait principalement de soldats républicains catalans qui étaient partis en exil en France à la fin de la guerre civile espagnole entre 1936 et 1939. Concentrés dans les camps d’Argelès sur Mer et de Saint Hippolyte du Fort, ils ont été recrutés par l’armée française de la libération, commandée par le général Charles de Gaulle, et formés dans la colonie française du Tchad.

La Nueve a été formée par des combattants expérimentés par trois ans d’une guerre dure, essentiellement des catalans, des valenciens, des galiciens et des canariens. Bien que la compagnie était commandée par l’officier français Raymond Dronne, sous le commandement du général Philippe Leclerc, les soldats républicains de la Nueve étaient sous les ordres directs du capitaine Amado Granell Mesado, né à Benicarlo, dans le pays valencien, en 1898, qui, pendant la guerre civile espagnole, avait atteint le grade de commandant de l'armée populaire de la république. Dans cette compagnie, se sont distingués de nombreux combattants catalans comme par exemple Fermí Pujol, qui avait atteint le grade de sergent dans la légion étrangère.

Dans la nuit du 24 août au 25 Août 1944, le char de combat Ebro, qui portait le drapeau de la Catalogne et le drapeau républicain espagnol, était le premier à entrer dans le centre historique de Paris. C’était le 24 août 1944 à 22 heures 30 et, immédiatement après, les autres chars de combat de la Nueve, qui avaient atteint le centre de Paris en passant par la porte d'Italie, les Gobelins, le Panthéon et Notre Dame, en finissaient avec les dernières résistances des occupants nazis, dans une lutte qui durait toute la nuit.

Aux premières heures de la matinée du 25 août 1944, quand elle apprenait la libération de Paris, la population descendait dans les rues pour acclamer les républicains de la deuxième division blindée du général Philippe Leclerc.

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25 août 2017 5 25 /08 /août /2017 17:07

 

 

http://www.lemonde.fr/attentat-a-barcelone/article/2017/08/25/la-catalogne-garde-le-cap-sur-l-independance_5176407_5173500.html

 

La Catalogne garde le cap sur l’indépendance

 

Malgré les attentats, Barcelone ne dévie pas de son projet de référendum d’autodétermination le premier octobre 2017.

 

Par Isabelle Piquer, envoyée spéciale du Monde à Barcelone

 

Les attentats n’ont rien changé. Le gouvernement catalan a toujours l’intention de convoquer un référendum unilatéral d’autodétermination le premier octobre 2017. Son porte-parole, Jordi Turull, l’a de nouveau confirmé, Jeudi 24 Août 2017, en invoquant la nécessité de maintenir la « normalité pour faire échec au terrorisme ».

Barcelone est d’autant plus décidé à continuer sur la voie de la sécession qu’il considère la gestion des attentats, en particulier le bon travail de la police régionale, comme un succès qui légitime ses revendications. « Nous avons démontré que notre capacité de réponse est bien celle d’un état », assure un responsable catalan.

Pas de changement de cap, donc, la future loi de référendum, dévoilée le 4 juillet 2017 par le président catalan, Carles Puigdemont, et qui doit permettre d’organiser un scrutin en urgence, devrait être présentée devant le parlement régional au début du mois de septembre 2017, quelques jours avant la diada, la fête nationale de Catalogne, le 11 septembre 2017, lors de laquelle est prévue une gigantesque manifestation en faveur de l’indépendance.

Le gouvernement du conservateur Mariano Rajoy s’oppose fermement à ce référendum qu’il considère comme illégal, puisque non prévu par la constitution de 1978. Il est décidé à saisir le Tribunal Constitutionnel qui, au mois de novembre 2014, avait déjà suspendu une consultation citoyenne sur l’indépendance. Mariano Rajoy a aussi fait savoir aux fonctionnaires qu’ils seraient radiés s’ils participaient au processus menant à une éventuelle indépendance.

Depuis les attentats du Jeudi 17 Août 2017, Madrid et Barcelone ont pourtant essayé de donner une image d’unité. Mariano Rajoy et Carles Puigdemont ont fait de leur mieux pour ne pas sembler trop tendus devant les caméras. Mais la trêve a été de courte durée. C’est dans le cadre de l’enquête que sont apparues les premières dissensions.

Mardi 22 Août 2017, le principal syndicat de la Guardia Civil et de la police nationale a dénoncé un manque de coordination avec la police catalane, les Mossos d’Esquadra, affirmant qu’elles avaient été exclues des investigations, afin de transmettre « l’image d’un état catalan qui se suffirait à lui-même ».

Barcelone a, en retour, accusé Madrid de ne pas lui avoir fourni le casier judiciaire d’Abdelbaki es Satty, l’imam de Ripoll qui aurait embrigadé les membres de la cellule djihadiste et qui avait été condamné à quatre ans de prison en 2010 pour trafic de drogue.

Le conseiller de l’intérieur du gouvernement catalan, Joaquim Forn, a reconnu que, en 2015, la police de Vilvorde, en Belgique, avait transmis à un agent des Mossos d’Esquadra ses soupçons concernant l’imam, qui avait essayé de s’installer dans la petite localité belge, et ses possibles liens avec des groupes terroristes. Ne s’agissant que d’une communication informelle, l’information n’était jamais remontée, a expliqué Joaquim Forn, qui a dénoncé une campagne pour salir la réputation de la police catalane.

Les Mossos d’Esquadra sont en première ligne du conflit entre le gouvernement de Mariano Rajoy et les indépendantistes. Si la justice espagnole ordonne la fermeture des bureaux de vote ou la saisie des urnes le jour du référendum, ce sera à eux d’exécuter la décision judiciaire prise à Madrid. « Que feront-ils, suivre les ordres de Madrid, comme le demande la loi, ou obéir à leurs cadres, par ailleurs très proches de la cause indépendantiste », s’interroge Pablo Simon, professeur à l’université Carlos Tres et cofondateur du think tank Politikon, qui estime que les attentats « ont contribué à rompre un équilibre déjà très précaire » entre Madrid et Barcelone.

« Dans l’état actuel des choses, la récupération politique, de part et d’autre, était inévitable », ajoute Pablo Simon. « Les Mossos d’Esquadra ont mieux géré la communication, en utilisant comme porte parole Josep Lluis Tapero, qui a donné une image de bon technicien », estime le politologue. Avec sa voix calme et ses informations précises lors des points de presse, Josep Lluis Tapero est devenu une figure très populaire en Catalogne. On vend même des tee-shirts à son effigie.

Toute cette semaine, Madrid a préféré rester au second plan. « La gestion des attentats de Madrid en 2004 a laissé une trace très profonde au sein du Parti Populaire », explique Pablo Simon. La décision du premier ministre de l’époque, José Maria Aznar, d’accuser l’organisation séparatiste basque Euskadi Ta Askatasuna (ETA) s’était traduite par une cuisante défaite de Mariano Rajoy, alors candidat des conservateurs, face au candidat du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE), José Luis Rodriguez Zapatero.

Samedi 26 Août 2017 doit avoir lieu à Barcelone un gigantesque rassemblement contre le terrorisme sur la place de Catalogne, organisé par la mairie et par le gouvernement catalan. Mariano Rajoy, ainsi que les responsables des principaux partis politiques ont prévu d’y assister.

Ce sera sûrement la dernière occasion de voir ensemble, sur une même photographie, des responsables qui vont durement s’affronter dans les semaines qui viennent.

Même la Candidature d’Unité Populaire (CUP) y sera. La petite formation anticapitaliste catalane, qui fait partie de la coalition indépendantiste, avait en principe annoncé qu’elle boycotterait l’événement si le roi Felipe VI et le premier ministre espagnol y participaient. Après les attentats, le roi a fait le tour des hôpitaux pour rendre visite aux blessés et il a assisté, Dimanche 20 Août 2017, à une grande messe à la Sagrada Familia en hommage aux victimes. La Maison Royale n’a confirmé que Vendredi 25 Août 2017 dans la matinée la présence du roi au rassemblement du Samedi 26 Août 2017.      

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24 août 2017 4 24 /08 /août /2017 19:00

 

 

http://www.lemonde.fr/m-actu/article/2017/08/18/sacco-et-vanzetti-et-l-amerique-s-en-prit-a-ses-migrants_5173870_4497186.html

 

Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti, quand l’Amérique s’en prit à ses migrants

 

Il y a quatre-vingt-dix ans, deux immigrants italiens étaient exécutés, aux Etats-Unis, à l’issue d’un procès à charge. La mort de ces deux militants anarchistes a une nouvelle résonance avec les mouvements xénophobes qui agitent le pays.

 

Par Maxime Robin

 

Vendredi 18 Août 2017

 

Quatre-vingt-dix ans ont passé depuis l’exécution de Nicola Sacco et de Bartolomeo Vanzetti, sorte d’affaire d'Alfred Dreyfus à l’américaine. Le contexte des années 1920 ressemblait à celui d’aujourd’hui, en plus brûlant encore, avec l’arrivée de millions de migrants fuyant la misère, des inégalités sociales sordides, des attentats meurtriers, un gouvernement xénophobe et un Ku Klux Klan au sommet de sa puissance. Sans oublier de nouveaux médias, qui raccourcissent les distances et échauffent les esprits, le parallèle avec l’actualité est tentant.

L’affaire de Nicola Sacco et de Bartolomeo Vanzetti, c’était l’Amérique réactionnaire accusant l’immigration de masse, en particulier les Italiens, considérés comme une race inférieure. En 1920, Nicola Sacco, jeune père de famille, et Bartolomeo Vanzetti, vendeur de poissons au regard doux et aux splendides moustaches, sont accusés du braquage d’une usine et d’un double meurtre dans le Massachusetts.

Le procès est une mascarade, dans laquelle trempe l’élite White Anglo Saxon Protestant (WASP) de Boston, y compris des cadres de Harvard. Des preuves balistiques sont fabriquées et des témoignages sont inventés. Dans une ambiance cocardière, les cercueils des soldats américains revenaient encore des tranchées françaises, les questions du procureur tournent autour de leur fidélité à la bannière étoilée, alors que Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti, anarchistes convaincus, avaient fui au Mexique pour éviter la conscription.

Au fil d’un procès perdu d’avance, le duo s’aperçoit qu’il représente une cause qui le dépasse. La défense exploite un climat de lutte ouvrière dans le pays pour monter une stratégie à la Jacques Vergès.

Elle veut faire exploser le cadre du procès et elle veut mettre le capitalisme américain en accusation aux yeux du monde. La presse à grand tirage et la radio transforment l’affaire en feuilleton du bien contre le mal et elle transforme les condamnés en martyrs. Leur exécution par la chaise électrique, le 23 août 1927, entraîne des émeutes à Paris, à Tokyo et en Afrique du Sud, et elle signe peut-être les grands débuts de l’antiaméricanisme.

Nous savons aujourd’hui que Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti n’étaient pas les anarchistes fleurs bleues décrits par les grandes plumes de l’époque, John Dos Passos, Upton Sinclair et Romain Rolland. En quête d’un idéal pur, ils fréquentaient des durs de durs, adeptes de l’action violente et de l’assassinat politique. Les attaques anarchistes visaient des procureurs et des industriels, jusqu’au ministre de la justice. Une bombe explose à Wall Street le 16 septembre 1920. Elle tue trente huit personnes et elle blesse deux cent personnes.

Les travaux de Michael Topp confirment que Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti se trouvaient sur les lieux de plusieurs attentats lors de leur déclenchement et qu’ils connaissaient personnellement plusieurs de leurs auteurs. Ce qui n’en fait pas, pour autant, les coupables du braquage et du double meurtre pour lesquels ils ont été condamnés.

« Leur appartenance au groupe anarchiste a joué un rôle crucial dans l’issue du procès », souligne Michael Topp, historien des mouvements sociaux à l’université du Texas à El Paso et auteur d’un ouvrage sur l’affaire en 2004.

Entre 1880 et 1920, les États-Unis ont absorbé vingt millions d’immigrants en grande partie venus d’Europe. Il y avait parmi eux quatre millions d'italiens dans le collimateur des anglo-saxons, qui les pensaient inassimilables. À New York, les irlandais, arrivés avant eux et à qui l’on n’avait fait aucun cadeau, les forçaient à prier dans les caves des églises. Dépeints comme sales, criminels et violents, ces italiens d’hier étaient en quelque sorte les latinos américains et les musulmans d’aujourd’hui. « L’atmosphère actuelle du pays est similaire à l’ère de Nicola Sacco et de Bartolomeo Vanzetti », selon Michael Topp, « les immigrants, surtout ceux aux croyances considérées comme suspectes, ne sont pas les bienvenus. Si un procès équivalent avait lieu aujourd’hui, je ne suis pas sûr qu’il provoquerait une telle révolte ».

Des quatre millions d’italiens de la grande migration, la moitié repartira, certains seront victimes de rafles et de déportations de masse. L’autre moitié réalisera le rêve américain. Leurs descendants ont plutôt voté pour Donald Trump en 2016. « Je dirais à soixante pour cent pour Donald Trump et à quarante pour cent pour Hillary Clinton, comme les autres blancs. Le vote italo-américain est devenu un vote de blancs », explique Richard Alba, sociologue des migrations, qui a grandi dans le Bronx et dont le grand-père est sicilien. Richard Alba incite à la prudence sur ces questions. A la suite de plusieurs générations de mariages mixtes, on n’est plus vraiment italo-américain à cent pour cent. C’est un signe d’intégration totale. « De nombreux descendants d’immigrés italiens votent à droite », ajoute Michael Topp, « pour certains, ce n’est pas un basculement. Benito Mussolini était populaire dans la communauté jusqu’à l’entrée en guerre de l’Italie. Pour d’autres, il s’agit d’un tournant à droite, personnel ou générationnel, qui a sans doute à voir avec un sentiment d’appartenance à la nation ».

Un hommage est organisé à Boston, Mercredi 23 Août 2017 par la Nicola Sacco and Bartolomeo Vanzetti Commemoration Society. Il n’attirera pas des foules de millenials américains. Ceux-ci ont d’autres causes à défendre aujourd’hui, même si l’affaire soulève des questions intemporelles sur les libertés civiles, l’indépendance de la justice et les droits des immigrés aux États-Unis. Elle reste un mythe, où s’entrechoquent l’Amérique telle qu’elle aime se voir et l’Amérique telle qu’elle se comporte.

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