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25 décembre 2017 1 25 /12 /décembre /2017 16:29

 

 

Carles Puigdemont veut revenir en Catalogne le plus tôt possible (Reuters)

 

Carles Puigdemont a invité Samedi 23 Décembre 2017 le gouvernement espagnol à le laisser rentrer à temps pour la séance inaugurale de la nouvelle législature catalane, le 23 janvier 2018, afin qu'il puisse être élu à la présidence de la région.

« Je veux revenir en Catalogne le plus tôt possible. Je voudrais revenir dès maintenant. Ce serait une bonne nouvelle pour l'Espagne », a déclaré le dirigeant séparatiste dans un entretien accordé à Reuters.

Le leader de Junts per Catalunya s'est exilé à Bruxelles après la proclamation unilatérale d'indépendance du 27 octobre 2017 ayant entraîné la dissolution, à l'initiative de Madrid, de l'exécutif qu'il présidait.

Même si Madrid a renoncé depuis au Mandat d'Arrêt Européen (MAE) qui le visait, il fait toujours l'objet d'un mandat d'arrêt dans son pays pour avoir organisé le référendum d'indépendance du premier octobre 2017 jugé illégal par les autorités centrales puis pour avoir proclamé l'indépendance de la région.

Avec soixante dix élus, les partis séparatistes ont obtenu Jeudi 21 Décembre 2017 la majorité absolue des sièges au parlement local lors des élections législatives anticipées convoquées par le gouvernement central, mais on ignore si Carles Puigdemont et les dirigeants du mouvement placés en détention pourront y siéger.

Prié de dire s'il compte assister à la séance inaugurale du 23 janvier 2017, il répond que « ce serait naturel. Si je ne suis pas autorisé à être investi président, ce sera une anomalie majeure pour le système démocratique espagnol. Je suis le président du gouvernement régional et je le resterai si l'état espagnol respecte les résultats du vote », ajoute-t-il.

Carles Puigdemont s'était dit prêt, au lendemain du scrutin, à dialoguer avec le gouvernement espagnol et à étudier toutes les propositions de son président Mariano Rajoy.

« Si l'état espagnol a une proposition pour la Catalogne, nous devrons l'écouter », redit-il à Reuters.

Vendredi 22 Décembre 2017, Mariano Rajoy s'est dit ouvert à un dialogue, mais le président du gouvernement espagnol a implicitement rejeté la perspective d'une rencontre rapide avec Carles Puigdemont, disant attendre l'issue des procédures post électorales.

Les négociations sur la formation d'un nouvel exécutif devraient débuter après les fêtes de fin d'année, soit à partir du 6 janvier 2018. La nouvelle assemblée de Catalogne devra voter la confiance au nouvel exécutif avant le 8 février 2018.

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25 décembre 2017 1 25 /12 /décembre /2017 16:06

 

 

FREEDOM IS A CONSTANT STRUGGLE

 

Vous trouverez ci-dessous la première partie d'une longue interview d'Angela Davis par la revue Ballast. L'interview est disponible en totalité si vous consultez le site internet de la revue Ballast à l'adresse ci dessous.

 

Bernard Fischer

 

https://www.revue-ballast.fr/angela-davis-sengager-demarche-dintersectionnalite/

 

S’engager dans une démarche d’intersectionnalité

 

Interview d'Angela Davis

 

Lundi 18 Décembre 2017

 

Activiste, essayiste et ancienne professeure en Californie, Angela Davis figura, en 1970, sur la liste des dix fugitifs les plus recherchés par le Federal Bureau of Investigation (FBI) et fut par deux fois candidate à la vice-présidence des États-Unis pour le Communist Party of United States of America (CPUSA), qu’elle quitta en 1991. Nous l’avions interviewée dans les colonnes de notre premier numéro, soucieux, comme la militante marxiste, féministe, antiraciste et végane qu’elle est, de porter une parole critique ouverte à tous les fronts. C’est tout naturellement que nous entamons cette semaine thématique consacrée aux résistances afro-américaines avec elle. L'un de nos membres l’a rencontrée à de nombreuses reprises, dans le cadre d’un ouvrage paru aux éditions Haymarket Books. Nous avons traduit l’une de ces rencontres, ayant pour fil rouge les connexions possibles entre luttes antiracistes, féministes et contre l'impérialisme.

 

Question. Vous militez depuis des décennies. Qu’est-ce qui vous fait continuer ?

 

Réponse. Nous n’avons pas d’autre possibilité que de rester optimistes. L’optimisme est une nécessité absolue, même si ce n’est qu’un optimisme de la volonté, allié, comme disait Antonio Gramsci, au pessimisme de l’intelligence. Ce qui me fait continuer, ce sont les nouveaux modes de collectivité. Je ne sais pas si j’aurais survécu en l’absence de mouvements de résistance collective et de communautés de lutte. Quoi que je fasse, je m’y sens toujours directement reliée. Nous vivons dans une ère où il faut encourager le sens du collectif. Notamment parce que le néolibéralisme tente de forcer les gens à se penser uniquement en termes individuels et non collectifs. C’est dans la collectivité que nous trouvons des réservoirs d’espoir et d’optimisme.

 

Question. Le racisme est-il un problème systémique ?

 

Réponse. Tout à fait. C’est un phénomène très complexe. Il y a des éléments structurels très importants dans le racisme et, bien souvent, ils ne sont pas pris en compte quand nous débattons de la fin du racisme ou du combat que nous menons contre lui. Il y a aussi l’impact sur le psychisme. C'est là qu’intervient la persistance des stéréotypes. Pendant des siècles, les noirs ont été représentés comme des sous-hommes et des criminels. Ces systèmes de représentation sont visibles dans l’ensemble des modes de communication et en particulier dans les médias. Ils façonnent en partie les interactions sociales et ils font donc perdurer les stéréotypes. La question qui se pose est de savoir pourquoi, jusqu’à aujourd’hui, il n’y a pas eu d’effort sérieux de compréhension de l’impact du racisme sur les institutions et les attitudes individuelles. Tant que nous ne pourrons pas répondre au racisme par une approche large de ce type, les stéréotypes perdureront. En observant l’histoire des luttes antiracistes aux États-Unis, nous constatons qu’aucun changement notable n’est attribuable uniquement au pouvoir présidentiel, aussi progressiste qu’il ait voulu être. Toutes les évolutions passées résultent de mouvements de masse, depuis l’époque de l’esclavage jusqu’à la guerre de sécession, dans laquelle c’est l’implication des noirs qui a réellement déterminé l’issue du conflit. Nous avons cru qu’Abraham Lincoln y a campé le rôle principal. Il a aidé à la cause mais le changement vient de ces esclaves, femmes et hommes, et le rôle des femmes n’est pas reconnu, qui ont décidé eux-mêmes de s’émanciper et de rejoindre l’armée de l'union, sans parler du mouvement abolitionniste. Lors du mouvement de lutte pour les droits civiques, nous avons constaté que ce sont ces mouvements qui ont poussé les gouvernements à agir. Je ne vois pas pourquoi les choses seraient différentes aujourd’hui. Les mouvements ont besoin de temps pour se développer et mûrir. Ils ne se produisent pas spontanément. Ils apparaissent comme le résultat d’un dur travail d’organisation, qui s’effectue la plupart du temps en coulisse. Je dirais que ces vingt dernières années, il y a eu un effort permanent d’organisation des luttes contre les violences policières, le racisme, les prisons et le complexe carcéral industriel. La conscience politique est bien plus élevée dans nombre de communautés que ce que nous croyons. Il y a une compréhension populaire des liens entre les violences policières racistes et les questions systémiques. Le complexe carcéral industriel n’est pas sans points communs avec le système des prisons secrètes et de la torture, utilisés par la Central Intelligence Agency (CIA), comme cela a été révélé. Les bases existent pour construire un mouvement mais, en l’état, je ne dirais pas qu’il en existe un qui soit organisé.

 

Question. Quelles leçons, en la matière, avez-vous tiré des années 1960 et 1970 ?

 

Réponse. Nous avons appris dans ces années-là que les mouvements de masse peuvent provoquer des changements systémiques. Si nous considérons toutes les lois devenues effectives, le Civil Rights Acts, par exemple, ou le Voting Rights Act, nous voyons bien que tout cela ne découle pas d’un président qui aurait pris des mesures extraordinaires. C’est un aboutissement porté par des gens qui ont lutté et qui ont manifesté. Je me souviens que, en 1963, durant la période de lutte pour les droits civiques, avant la marche sur Washington, il y a eu une croisade des enfants à Birmingham, en Alabama. Les enfants s’étaient organisés pour faire face aux puissants canons à eau et à la police de Bull Connor. Il y a bien sûr eu des opposants à cette manifestation, même Malcolm X estimait qu’il n’était pas opportun que des enfants soient confrontés à un tel danger, mais ces derniers voulaient participer. Et ces images d’enfants faisant face aux chiens et aux canons à eau ont fait le tour du monde. Cela a contribué à ce qu’une conscience globale émerge contre la brutalité du racisme. Cela a constitué une avancée extraordinaire. Nous oublions souvent le rôle qu’ont joué les plus jeunes pour briser le silence masquant le racisme. Mais ce n’est pas, en définitive, le type de changement dont nous avons réellement besoin. Nous n’avons toujours pas assisté à la transformation économique et à d’autres changements structurels nécessaires pour commencer à éradiquer le racisme.

 

Question. Comment les mouvements populaires peuvent-ils faire pression contre les politiciens les plus hostiles ?

 

Réponse. Lyndon Johnson, le président de l’époque, était l’un de ces hommes politiques complètement hostiles. Il fermait les yeux sur le racisme. C’est pourtant sous son gouvernement que des lois importantes ont été votées. Les mouvements peuvent donc forcer des politiciens hostiles à prendre des mesures. Prenons l’exemple de l’Afrique du Sud. Qui aurait pu penser que Frederik de Klerk aurait pris la position qu’il a finalement adoptée ? Ce résultat a été le fait des mouvements au sein du pays, soutenus par le mouvement sud-africain hors du pays et par une campagne de solidarité internationale.

 

Texte inédit en français, traduit de l’anglais par Jean Ganesh, pour Ballast, en collaboration avec Frank Barat, coauteur, avec Angela Davis, de « freedom is a constant struggle, Ferguson, Palestine and the foundations of a movement », publié en anglais aux éditions Haymarket Books en 2015.

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24 décembre 2017 7 24 /12 /décembre /2017 17:48

 

 

La justice américaine annule partiellement les restrictions de Donald Trump (Reuters)

 

Un juge fédéral de Seattle a partiellement bloqué Samedi 23 Décembre 2017 les dernières restrictions mises en place par le président Donald Trump à propos de l'accueil des réfugiés.

Le 24 octobre 2017, l'administration de Donald Trump a de facto interrompu l'accueil des réfugiés venant de onze pays pour une période de quatre vingt dix jours qui expire à la fin du mois de janvier 2018, le temps d'examiner le contexte en matière de sécurité.

Les pays concernés sont l'Egypte, l'Iran, l'Irak, la Libye, le Mali, la Corée du Nord, la Somalie, le Soudan du Sud, le Soudan, la Syrie et le Yémen.

Ensemble, ils représentent plus de quarante pour cent des admissions de réfugiés aux Etats-Unis ces trois dernières années.

Le juge fédéral James Robart a jugé que l'administration de Donald Trump avait le droit de faire le point sur le contexte sécuritaire, mais qu'elle ne pouvait pas arrêter le traitement des dossiers ni l'admission des réfugiés de ces onze pays pendant cet intervalle, tant que les réfugiés en question ont un lien authentique, de bonne foi, avec les Etats-Unis.

Dans le cadre des nouvelles restrictions mises en place, l'administration de Donald Trump a également arrêté un programme de rapprochement familial pour les réfugiés, le temps de la mise en place de nouvelles procédures de contrôle en matière de sécurité.

Le juge James Robart a ordonné au gouvernement américain de reprendre le programme.

Les groupes de défense des réfugiés ont salué la décision du juge James Robart.

Le département de la justice a fait savoir son désaccord avec la décision du juge et il a indiqué « être en train d'évaluer les prochaines étapes ».

James Robart, un juge nommé par l'ancien président George Bush, est sortit de l'anonymat au mois de février 2017 en suspendant temporairement la première version du décret de Donald Trump.

Le jugement rendu Samedi 23 Décembre 2017 par le juge James Robart est la deuxième défaite judiciaire de l'administration de Donald Trump en deux jours.

Vendredi 22 Décembre 2017, une cour d'appel a estimé que l'interdiction de voyages visant les ressortissants de six pays musulmans ne devait pas être appliquée aux personnes ayant une « relation de bonne foi crédible avec les Etats-Unis ».

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24 décembre 2017 7 24 /12 /décembre /2017 17:30

 

 

INTERVIEW D ANGELA DAVIS

 

Vous trouverez ci-dessous la deuxième et dernière partie d’une longue interview d’Angela Davis par la revue Ballast. L’interview est disponible en totalité si vous consultez le site internet de la revue Ballast à l’adresse ci-dessous.

 

Bernard Fischer

 

https://www.revue-ballast.fr/angela-davis-sengager-demarche-dintersectionnalite/

 

S’engager dans une démarche d’intersectionnalité

 

Interview d'Angela Davis

 

Lundi 18 Décembre 2017

 

Activiste, essayiste et ancienne professeure en Californie, Angela Davis figura, en 1970, sur la liste des dix fugitifs les plus recherchés par le Federal Bureau of Investigation (FBI) et fut par deux fois candidate à la vice-présidence des États-Unis pour le Communist Party of United States of America (CPUSA), qu’elle quitta en 1991. Nous l’avions interviewée dans les colonnes de notre premier numéro, soucieux, comme la militante marxiste, féministe, antiraciste et végane qu’elle est, de porter une parole critique ouverte à tous les fronts. C’est tout naturellement que nous entamons cette semaine thématique consacrée aux résistances afro-américaines avec elle. L'un de nos membres l’a rencontrée à de nombreuses reprises, dans le cadre d’un ouvrage paru aux éditions Haymarket Books. Nous avons traduit l’une de ces rencontres, ayant pour fil rouge les connexions possibles entre luttes antiracistes, féministes et contre l’impérialisme.

 

Question. Vous avez fait allusion un jour au fait que l’élection de Barack Obama a pu, d’une certaine manière, représenter un obstacle en la matière.

 

Réponse. Il faut dorénavant envisager la politique des noirs dans un sens plus large. Nous ne pouvons pas la penser aujourd’hui de la même manière que nous le faisions auparavant. Sous de nombreux aspects, la lutte des noirs aux États-Unis sert d’emblème à toutes les luttes pour la liberté. Dès lors, dans la sphère politique ayant trait à la question noire, je dois également inclure les luttes de genre ou celles contre la répression de l’immigration. Je trouve qu’il est important de se référer à ce que nous nommons souvent la tradition radicale noire. Elle est liée non seulement aux noirs, mais à tous ceux qui luttent pour la liberté. Il faut donc considérer dans cette optique le futur comme ouvert. Il est évident que la liberté des noirs, dans un sens restreint, n’a pas encore été conquise, compte tenu notamment du fait qu’une très large part de cette communauté est plongée dans la pauvreté et qu’un nombre incroyablement disproportionné de noirs est en prison, pris dans les mailles du complexe carcéral industriel. Mais il faut aussi prendre en compte la population latino américaine et la population indigène, les américains d’origine. Il nous faut voir la manière dont le racisme contre les musulmans a prospéré en se fondant sur le racisme contre les noirs. Tout est beaucoup plus compliqué aujourd’hui. Je ne dirai jamais qu’il faut envisager uniquement la libération des noirs, notamment au vu de l’émergence d’une classe moyenne noire. Barack Obama est emblématique de cette ascension des individus noirs, non seulement en politique, mais aussi dans les hiérarchies économiques. Et cela ne va pas nécessairement transformer les conditions de vie de la majorité des noirs. En Afrique du Sud, l’ascension d’un secteur noir de la population, très puissant et très riche, une bourgeoisie noire, si vous voulez, n’a jamais vraiment été prise en compte. La possibilité d’une telle ascension n’a pas été envisagée, en tout cas pas publiquement, pendant la période de lutte contre l’apartheid. Nous pensions qu’une fois que les noirs auraient conquis le pouvoir économique et politique, la liberté économique serait alors instaurée pour tous. Nous voyons que ce n’est pas nécessairement le cas. Nous retrouvons la même situation aux États-Unis. Je me suis par ailleurs fréquemment rendue au Brésil ces derniers temps et ce pays est à la veille d’avancées majeures en ce qui concerne le racisme. Ils ont l’opportunité de choisir de suivre l’exemple des États-Unis ou de l’Afrique du Sud, ou bien d’opter pour une voie qui prenne davantage en compte le facteur économique. Un élément que nous pouvons observer dans la période récente et que je trouve extrêmement important est le développement de campagnes de solidarité qui ont fait converger différentes luttes. Les palestiniens, qui se sont inspirés des luttes des noirs aux États-Unis, devraient en retour les inspirer dans la poursuite de leur lutte pour la liberté. Et peut-être les palestiniens peuvent-ils prendre conscience des problèmes inhérents au fait d’estimer que l’accession d’individus noirs au pouvoir peut tout changer. Ce qui va mener les palestiniens à la liberté sera autrement plus compliqué que l’accession à l’argent.

 

Question. Que peuvent apporter au mouvement de libération palestinien le féminisme noir et la lutte des noirs ?

 

Réponse. Je ne crois pas que j’exprimerais cela ainsi, parce que je pense que la solidarité implique toujours une sorte de mise en commun. Aux États-Unis, nous avons tendance à nous croire les meilleurs en tout. Cette position de donneur de leçons vis-à-vis de tous ceux qui luttent de par le monde ne me convient pas. Je crois au partage des expériences. Les avancées du féminisme noir, tout comme celles des féminismes des femmes de couleur, peuvent proposer des idées, des expériences et des analyses aux palestiniens. Et, réciproquement, ces féminismes ont à apprendre de la lutte des palestiniens et des féministes palestiniennes. Je songe par exemple à la notion d’intersectionnalité qui a caractérisé ces types de féminisme, selon laquelle on ne peut pas simplement considérer le genre comme isolé de la race, de la classe, de la sexualité, de la nationalité, des capacités et de toute une variété de questions. Les palestiniens, ou les personnes impliquées dans la lutte palestinienne, ont donné de cela une expression qui a contribué à ce que, aux États-Unis, les gens donnent à la notion d’intersectionnalité une acception plus large.

 

Question. En quoi la lutte pour la Palestine a-t-elle changé au cours des dernières années ?

 

Réponse. Des changements vraiment importants se sont produits. La question de la liberté palestinienne a été marginalisée bien trop longtemps. C'est ainsi que bien des gens aux États-Unis sont considérés comme progressistes, sauf en ce qui concerne la Palestine. Je reprends le terme de la militante Rebecca Vilkomerson, qui parle des Progressive Except Palestine, pour désigner les progressistes à l’exception de la Palestine. Aujourd’hui cela change. L’impact du sionisme, jusqu’ici envahissant, perd de sa force. Sur tous les campus universitaires, l’organisation des Students for Justice in Palestine connaît un réel essor. Elle rassemble aujourd’hui un grand nombre de personnes qui ne sont pas forcément des palestiniens, des arabes ou des musulmans, et qui en sont devenus des membres actifs. Le sujet palestinien est de plus en plus présent dès lors qu’il est question, plus largement, de justice sociale. Selon ma propre expérience, je devais toujours m’attendre à des résistances ou des oppositions lorsque j’abordais ce sujet auparavant. Il est désormais de plus en plus admis. C’est lié à ce qui se passe en Palestine même et à l’essor du mouvement de solidarité avec la Palestine dans le monde et pas seulement aux États-Unis. Ici, c’est lié en particulier au nombre croissant de gens qui s’associent aux mouvements noirs, amérindiens et latino américains, et qui ont incorporé la Palestine dans leurs plateformes de revendication. J’ai parlé aux manifestants de Ferguson des tweets des militants palestiniens qui donnaient des conseils sur la façon de gérer cela. La connexion directe que facilitent les réseaux sociaux a également joué un rôle.

 

Question. Comment les étudiants envisagent-ils leurs relations avec le monde extérieur, surtout depuis que les universités sont devenues des institutions d’élite ? L’université de Californie à Los Angeles (UCLA) en fournit un bon exemple.

 

Réponse. Certainement, l'UCLA a historiquement été le centre de tout un ensemble de luttes liées à la communauté, au sens large du terme. Mon propre combat s’y est mené. Mais aujourd’hui, les oppositions étudiantes qui contestent les frontières de l’université et la tentative d’en faire un bastion de l’élitisme néolibéral sont extrêmement importants. Dans le cas de l’organisation Students for Justice in Palestine, le fait d’associer les campus de tout le pays à la campagne pour le Boycott, le Désinvestissement et les Sanctions (BDS) n’a pas seulement renforcé le mouvement pour le BDS, cela a permis aux étudiants de remettre en cause la privatisation des prisons. Et, sur de nombreux campus ayant lutté contre les entreprises qui profitent de l’occupation de la Palestine, les luttes ont également ciblé les entreprises profitant de la privatisation des prisons. Ces deux questions sont, sur de nombreux points, intimement associées et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.

 

Question. En quoi le mouvement pour la cause palestinienne est-il similaire, ou différent, de celui qui s’opposait autrefois à l’apartheid ?

 

Réponse. Il y a beaucoup de similarités entre les deux. La campagne pour le BDS a choisi de suivre la voie tracée par la lutte anti-apartheid, dans une perspective de solidarité plus globale, par la méthode du boycott de masse. La différence réside dans l’existence d’un lobby sioniste puissant. Il y avait évidemment à l’époque l’influence d’un puissant lobby pro-apartheid, mais pas celle du lobby sioniste, dont l’emprise s’étend jusqu’aux églises noires. L'état d’Israël a déployé des efforts significatifs pour recruter des représentants noirs. J’ignore s’il y eut le même niveau de sophistication à l’époque du mouvement contre l'apartheid. Il ne fait pas de doute que l'état d’Israël a appris de ce mouvement. Mais, en même temps, je ne pense pas que nous n'ayons jamais vu, au niveau de la base, une affinité avec la lutte en Palestine telle qu’elle existe aujourd’hui dans les groupes militants. J’ai eu l’occasion de participer à une table ronde lors de la conférence de l'association nationale d’études des femmes (NWSA). Cette dernière n’avait jamais pris position sur la question palestinienne. Lors d’une grande plénière rassemblant peut-être deux mille cinq cent personnes, durant un débat sur la Palestine, quelqu’un a demandé que l’on vote publiquement l’adoption par la NWSA d’une position forte de soutien à la campagne pour le BDS. Quasiment tout le monde s’est levé. C’est complètement nouveau. Il y avait peut-être dix ou vingt personnes qui sont restées assises, les applaudissements duraient et cela a été une expérience très exaltante. Il faut constamment faire des connexions. Lorsque nous luttons contre la violence raciste, que ce soit à Ferguson, pour Michael Brown ou pour Eric Garner à New York, nous ne devons pas oublier ce qui nous relie à la Palestine. Il faut s’engager dans une démarche d’intersectionnalité à plusieurs niveaux. Il faut toujours mettre l’accent là-dessus pour que les gens se rappellent que rien n’arrive de manière complétement isolée. Quand nous voyons la police réprimer une manifestation à Ferguson, il faut aussi penser à la police et à l’armée israélienne réprimant les manifestations dans les territoires occupés.

 

Question. Quel est le plus grand succès en matière de féminisme que vous avez pu observer au cours de votre vie ?

 

Réponse. Tous les mouvements, y compris féministes, sont à leur apogée dès lors qu’ils commencent à affecter la vision et la perspective de ceux qui ne leur étaient pas nécessairement associés. Les féministes radicales, ou les féministes antiracistes radicales, sont importantes parce qu’elles ont influencé la manière dont nous pensons aujourd’hui les luttes en faveur de la justice sociale, surtout chez les jeunes. Plus personne, au sein du mouvement antiraciste, ne peut avancer qu’il est possible de remporter la victoire tant que la manière dont interviennent le genre, la sexualité, la classe et la nationalité, n’est pas pris en considération dans les luttes antiracistes. Autrefois, les luttes pour la liberté étaient perçues comme étant des luttes masculines. La liberté pour les noirs était réduite à la liberté de l’homme noir. Il suffit de voir des figures comme Malcolm X et bien d’autres. Mais ce n’est plus possible aujourd’hui. D’ailleurs, le féminisme n’est pas une manière de voir que seules les femmes devraient adopter. Cela doit, de plus en plus, être la manière de voir adoptée par tous les genres. La tradition radicale noire doit désormais s’engager dans les luttes contre le racisme antimusulman, il est sans doute le racisme aujourd’hui le plus virulent.

 

Texte inédit en français, traduit de l’anglais par Jean Ganesh, pour Ballast, en collaboration avec Frank Barat, coauteur, avec Angela Davis, de « freedom is a constant struggle, Ferguson, Palestine and the foundations of a movement », publié en anglais aux éditions Haymarket Books en 2015.

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24 décembre 2017 7 24 /12 /décembre /2017 17:21

 

 

https://fr.reuters.com/article/topNews/idFRKBN1EI084-OFRTP

 

Benoît Hamon accuse Emmanuel Macron de faire la chasse aux sans-papiers (Reuters)

 

La politique migratoire d‘Emmanuel Macron « bafoue les droits fondamentaux » et s‘annonce comme « la plus répressive que notre pays ait connue depuis des décennies », déclarent Benoît Hamon, ancien candidat du Parti Socialiste au premier tour des élections présidentielles, et des membres de son mouvement dans une tribune publiée dans le Journal Du Dimanche (JDD) du Dimanche 24 Décembre 2017 et intitulée « Emmanuel Macron fait la chasse aux sans papiers ».

Le gouvernement est critiqué, y compris au sein de sa majorité, pour une circulaire censée rendre plus efficace sa politique d‘asile en instituant des contrôles des étrangers hébergés dans les centres d‘accueil d‘urgence. Son projet de loi sur l‘immigration et l‘asile, attendu au début de l’année 2018, attise aussi les inquiétudes.

« Sous l’apparat d’une politique humaniste, le gouvernement d’Emmanuel Macron et d’Edouard Philippe est en train d’adopter la politique migratoire la plus répressive que notre pays ait connue depuis des décennies », écrivent les signataires de la tribune intitulée « Emmanuel Macron fait la chasse aux sans-papiers ».

« En matière migratoire, même Nicolas Sarkozy n’avait pas osé », estiment-ils.

Ils dénoncent dans la circulaire du ministère de l’intérieur, « un texte infâme et le risque d’une banalisation de la délation des personnes sans papiers. Qu’est-ce qui nous garantit qu’on ne demandera pas demain aux professeurs de dénoncer des familles ou aux médecins de dénoncer leurs patients? Il s’agit d’une violation sans précédent des droits fondamentaux », estiment-ils.

« Nous sommes aux côtés des associations qui dénoncent cette politique. Elle est indigne car l’état organise, à travers elle, une concurrence des misères qui consiste à libérer des places occupées par des sans-papiers au profit d’autres qui en seraient plus dignes », poursuivent-ils.

Des associations d‘aide aux sans-abris ont saisi le défenseur des droits pour dénoncer la décision du gouvernement de mettre en place des équipes mobiles d‘agents des préfectures et de l‘Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (OFII) pour contrôler les résidents des centres d‘accueil d‘urgence.

« Les centres d‘hébergement d‘urgence sont des espaces sanctuarisés », rappellent les signataires, « nous appelons de nos vœux une politique migratoire respectueuse des droits humains ».

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24 décembre 2017 7 24 /12 /décembre /2017 16:58

 

 

http://www.eldiario.es/politica/Ayuntamiento-Madrid-agrieta-Montoro-frota-manos_0_719878057.html

 

Le conseil municipal de Madrid se divise, Cristobal Montoro se frotte les mains

 

Les divergences entre Izquierda Unida à Madrid et la maire de Madrid, Manuela Carmena, sur la manière de répondre à l'intervention du trésor, se terminent par une crise du gouvernement municipal

 

Le conseiller Carlos Sanchez Mato était devenu une référence dans la lutte contre la politique économique du gouvernement central

 

Manuela Carmena a accepté l'application de la réduction des investissements pour 2018 incluse dans le nouveau Plan Economique et Fiscal (PEF) exigé par Cristobal Montoro et elle a exigé la discipline de vote de son équipe

 

Lundi 18 Décembre 2017

 

Aujourd'hui, le conseil municipal de Madrid est plus faible qu'hier et Cristóbal Montoro est plus heureux.

Les divergences sur la manière de traiter le plafond des dépenses, la règle des dépenses et, en fin de compte, le cadre de politique économique dicté par le gouvernement central aux municipalités, se sont terminées par une crise gouvernementale à Madrid.

Manuela Carmena a destitué son conseiller pour l'économie, le dirigeant d’Izquierda Unida Carlos Sanchez Mato, après que l'organisation ait réclamé à la maire, Dimanche 17 Décembre 2017, de reporter la séance plénière du conseil municipal pour que les bases d’Ahora Madrid votent sur les coupes de Cristobal Montoro. Sinon, ses trois conseillers seraient absents de la séance plénière.

Izquierda Unida de Madrid n'a pas voulu voter les réductions d'investissement pour 2018 imposées par Cristobal Montoro. Manuela Carmena a demandé la discipline de vote. Les trois conseillers municipaux d’Izquierda Unida ne sont pas seuls dans ce cas. Ils sont accompagnés par les militants sociaux regroupés autour de Ganemos Madrid et aussi les conseillers municipaux Pablo Carmona, Rommy Arce et Montse Galcerán.

En conclusion, le conseil municipal est divisé, Ahora Madrid s’effrite, le pari de la convergence et des candidatures d'unité populaire rate un examen clé, les relations entre Izquierda Unida de Madrid et la maire passent par leur pire moment et, pendant ce temps, Cristóbal Montoro se frotte les mains.

Cristobal Montoro se frotte les mains parce qu’il considère que le conseil municipal de Madrid, le principal exemple de contre pouvoir municipal, a éclaté dans une crise interne et parce que le PEF et son cadre économique, d'une manière ou d'une autre, finiront par être appliqués, la victoire est double.

Il reste moins d'un an et demi avant les élections municipales de 2019 et la route est difficile pour Manuela Carmena et Ahora Madrid. Comment cela affectera-t-il la décision de Manuela Carmena de se représenter ? Quelles conséquences cela aura-t-il sur la capacité de répéter le débordement de 2015 qui a conduit Manuela Carmena à Cibeles? Sera-t-il possible de rétablir les relations avec Izquierda Unida Madrid et les secteurs des militants regroupés autour de Ganemos qui se sont opposés frontalement à Cristobal Montoro, Manuela Carmena et Podemos ?

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23 décembre 2017 6 23 /12 /décembre /2017 20:51

 

 

https://www.ensemble-fdg.org/content/garavan-une-marche-de-solidarite-et-despoir

 

Une marche de solidarité et d'espoir

 

Il y avait plus de mille participants, Samedi 16 Décembre 2017, au rassemblement en gare de Menton-Garavan et à la marche organisée vers la frontière franco-italienne par le Collectif Solidarité Migrants du département des Alpes Maritimes, rassemblant aux côtés de l'Association Roya Citoyenne (ARC) plusieurs dizaines d'associations et de syndicats, soutenu par les forces politiques de gauche et entre-autres par Ensemble.

Un succès appréciable et encourageant, qui doit beaucoup à la mobilisation citoyenne dans l'hexagone et la présence de participants venus de nombreuses régions et en particulier d'Occitanie, de Rhône-Alpes-Auvergne et d'Ile de France, merci à eux et à elles.

Un succès appréciable et encourageant, dans une situation particulièrement difficile, faite d'inhumanité de la part de l'état dont les politiques publiques honteuses sont productrices de xénophobie et de racisme dans une population partagée entre le rejet et l'accueil fraternel des migrants.

En deux temps, des prises de parole très écoutées, avec des témoignages des migrants d'abord et des sans-papiers, des organisations telles que le Syndicat des Avocats de France (SAF), les cheminots de la Confédération Générale du Travail (CGT), l'Union Juive Française pour la Paix (UJFP) présente avec deux banderoles, ou l'Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l'Action Citoyenne (ATTAC), et des forces politiques, le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) qui avait fortement mobilisé, Ensemble, le Mouvement de la France Insoumise (MFI) et Europe Ecologie Les Verts (EELV), auxquelles il faut ajouter le Parti Communiste Français (PCF) et des libertaires, sans prise de parole.

Une suite à ce rassemblement et à cette marche sera donnée à Nice à l'hôtel Splendid, Lundi 18 Décembre 2017 à 19 heures 30, avec une réunion publique organisée par le Collectif Solidarité Migrants des Alpes Maritimes, centrée sur la question de l'accueil des migrants par les collectivités locales, avec la présence de maires de plusieurs communes dans lesquelles cet accueil est assuré, ce qui n'est pas le cas dans les Alpes-Maritimes, dont les maires ont été invités à la réunion publique du Collectif Solidarité Migrants des Alpes Maritimes.

Ces diverses initiatives du Samedi 16 Décembre 2017 et du Lundi 18 Décembre 2017 dans les Alpes-Maritimes ont été conçues pour donner tout son sens à la journée internationale des migrants du Lundi 18 Décembre 2017.

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23 décembre 2017 6 23 /12 /décembre /2017 20:29

 

 

https://www.politis.fr/articles/2017/12/tragedie-a-la-grecque-a-la-mairie-de-madrid-38148/

 

http://www.cadtm.org/Tragedie-a-la-grecque-a-la-mairie

 

Tragédie à la grecque à la mairie de Madrid

 

Jérôme Duval, du Comité pour l'Abolition de la Dette du Tiers Monde (CADTM), revient sur l'éviction de l'adjoint aux finances à la mairie de la capitale espagnole, coupable d'avoir voulu résister à l'injonction à l'austérité par le pouvoir central.

 

Balayant le Parti populaire au pouvoir depuis vingt-quatre ans dans la capitale, Ahora Madrid, la coalition dite du changement, avait pris d’assaut la municipalité lors des dernières élections municipales du 24 mai 2015, avec trente deux pour cent des voix et vingt sièges de conseillers municipaux. Le ministre espagnol des finances et de la fonction publique, Cristóbal Montoro, qui excelle dans la transposition des règles budgétaires européennes d’austérité au niveau municipal du royaume d'Espagne, obtient la soumission de la ville la plus endettée, jusqu’ici emblème des politiques alternatives au gouvernement central, tout en fissurant le nouveau pouvoir municipal Ahora Madrid, aujourd’hui en pleine crise politique.

La maire, Manuela Carmena, a décidé Lundi 18 Décembre 2017 de destituer son adjoint aux finances, Carlos Sánchez Mato, quelques heures avant une session plénière d’une cruciale importance, celle devant décider l’approbation ou non du Plan Economique et Financier (PEF) pour les années 2017 et 2018 fixant les grandes lignes budgétaires de la ville. Or ce PEF inclut des coupes, exigées par le ministre des finances Cristobal Montoro, de plus de cinq cent trente trois millions d’euros, dont une grande partie dans les secteurs afférents aux droits sociaux, l’emploi et l’équité, soit treize pour cent du budget. Refusant de se soumettre, l’adjoint aux finances avait prévu de ne pas assister au vote, refusant de défendre un PEF contraire aux principes de solidarité qu’il défend.

Depuis qu’il est à son poste à la mairie, Carlos Sánchez Mato a toujours placé la population madrilène au cœur de sa politique économique, avant les intérêts financiers des créanciers. Voilà sans aucun doute la véritable raison de sa destitution, aboutissement d’une longue querelle avec le ministre Cristobal Montoro. Pourtant, pendant ses deux années et demie de mandat, Carlos Sánchez Mato et son équipe ont démontré qu’une autre politique économique était possible.

La municipalité a dégagé un surplus budgétaire de plus d’un milliard d’euros l’année passée et, malgré la gestion libérale calamiteuse du gouvernement précédent du Parti Populaire qui avait fait exploser la dette municipale au sommet stratosphérique de sept milliards sept cent millions d’euros en 2012, Carlos Sánchez Mato était parvenu à la réduire à trois milliards cinq cent millions d'euros au deuxième trimestre de cette année 2017, soit moitié moins. Une perspective de genre avait même été introduite dans les budgets. Mais l’augmentation de soixante treize pour cent des dépenses sociales que Carlos Sanchez Mato s’évertuait à placer en priorité, n’était pas du goût du ministre et de son arsenal législatif.

Manuela Carmena a été claire envers son équipe municipale, avertissant qu’elle accepterait uniquement les votes en faveur du PEF, les responsables allant contre cette décision devront en assumer les conséquences. Lors du vote du Lundi 18 Décembre 2017, le PEF a été approuvé grâce aux votes du Parti Populaire et de quatorze conseillers d'Ahora Madrid, soit un total de trente quatre voix pour le PEF. Le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) et Ciudadanos ont voté contre, soit seize voix contre le PEF, et six conseillers d'Ahora Madrid ont décidé de ne pas prendre part au vote, avec à leur tête Carlos Sánchez Mato.

Parmi ces derniers, les conseillers Guillermo Zapata, Celia Mayer et Javier Barbero, qui qualifient, dans un communiqué de leur organisation Madrid Cent Vingt Neuf, scission de Ganemos, les derniers événements de grave erreur à même de mettre en danger la confluence qui a porté au pouvoir le gouvernement de Madrid et ils laissent entrevoir le possible abandon de leurs responsabilités à la mairie. Car destituer Carlos Sánchez Mato revient à se soumettre aux règles illégitimes de Cristobal Montoro et oblige Manuela Carmena à trahir son propre programme, impossible à réaliser dans de telles conditions.

Cristobal Montoro, avec sa gestion intrusive, peut s’enorgueillir de voir approuvé un PEF bien cantonné à sa doctrine libérale qui marquera d’une manière ou d’une autre l’avenir économique de la capitale. Il peut aussi se réjouir d’avoir réussi à ce que la mairie de Madrid, principal moteur du contre-pouvoir municipal avec Barcelone, soit prise dans une crise interne aux conséquences irréversibles à l’approche des prochaines élections municipales de 2019. La victoire est double comme le souligne le journaliste Andres Gil.

Au-delà des résonances de tragédie à la grecque, rappelons-nous l’épisode fatal de la capitulation d'Alexis Tsipras, la crise au sein du gouvernement municipal de Manuela Carmena, après la destitution de Carlos Sánchez Mato, fait planer la menace d’une rupture au sein de la coalition la plus importante de l'état espagnol, Unidos Podemos, formée en vue des élections générales de 2016 par les partis Podemos et Izquierda Unida au niveau national. En effet, Izquierda Unida n’apprécie guère le soutien du leader de Podemos, Pablo Iglesias, qui affirmait dans une interview à la radio Cadena Ser « qu'il y a une loi sur les dépenses, celle de Cristobal Montoro, à laquelle nous devons nous opposer au parlement. Cependant, il est logique que les municipalités se conforment à la loi, même si nous ne l’aimons pas ». Ce qui fait dire à Izquierda Unida que Pablo Iglesias « affirme une chose au parlement et accepte son contraire à Madrid ».

S’il ne faut pas sous-estimer les dommages collatéraux du séisme politique, il ne faut pas non plus imaginer une soumission aveugle face à la capitulation de Madrid de la part de toutes les forces progressistes arrivées au pouvoir dans nombre de villes d’Espagne en 2015. Aussitôt les réactions ne se sont pas fait attendre. Plusieurs adjoints aux finances de plusieurs villes, Cadix, Badalona, Oviedo, Puerto Real et Ripollet, ont publié une tribune, « moi aussi je suis Carlos Sánchez Mato », affichant leur solidarité et leur refus de soumission aux diktats austéritaires. Une rencontre du réseau des municipalités contre la dette illégitime est prévue à Rivas, près de Madrid, au début du mois de février 2018 et elle portera le débat sur les enjeux et les limites des politiques municipales progressistes face à l’intransigeance d’un gouvernement central qui est prêt à tout pour en découdre avec toute proposition alternative qui émane de ces forces municipales.

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23 décembre 2017 6 23 /12 /décembre /2017 19:53

 

 

http://www.elmundo.es/cataluna/2017/12/23/5a3d7195468aeb81678b456f.html

 

Les résultats de Catalunya en Comu hypothèquent Pablo Iglesias

 

Samedi 23 Décembre 2017

 

Ada Colau a passé son premier examen de vérité dans les urnes avec un parti créé et configuré à sa mesure, avec une coalition électorale consolidée et des candidats connus, avec une référence finale, contrairement à ce qui s’était passé dans les élections générales dans lesquelles le candidat était Pablo Iglesias, et avec une gestion très concrète de toute la crise catalane à examiner.

La coalition de Catalunya en Comu a été engloutie par la question identitaire Jeudi 21 Décembre 2017 et elle a obtenu un résultat très en deçà de ses attentes, avec la ville de Barcelone comme paradigme de son naufrage, passant de la première place dans les élections municipales à la cinquième place maintenant, de vingt cinq pour cent des voix à neuf pour cent des voix. Les onze conseillers municipaux de 2015 seraient aujourd'hui quatre.

La polarisation a pesé sur la coalition de Catalunya en Comu, mais il convient de rappeler que la question indépendantiste était la question centrale à laquelle avait déjà été confronté le parti violet dans les élections catalanes de 2015 et d’où il était mal sorti, dans des conditions très difficiles et sans l'implication d’Ada Colau, mais au moins il l'avait fait avec trois sièges de plus que maintenant. Les huit députés du Jeudi 21 Décembre 2017 sont très peu pour un prix aussi élevé.

Dans ce contexte de collision de trains, Podemos a tout misé sur Ada Colau et sur le discours équidistant entre la déclaration unilatérale d'indépendance et l'application de l'article cent cinquante cinq, flirtant avec le mouvement indépendantiste et tournant le dos à toute action gouvernementale contre Carles Puigdemont. Et maintenant, alors qu’il voit que sa position a déjà causé de graves problèmes de compréhension en Espagne, avec de fortes critiques parmi ses cadres et une chute libre alarmante dans les sondages, sa position n'a même pas fonctionné en Catalogne, où elle a été incapable de rompre avec la politique des blocs et où elle n’est maintenant plus pertinente, parce qu’elle ne participera pas aux décisions, comme nous l’avions supposé, et qu’elle n'aura aucun poids pour marquer les futures lignes politiques. Elle sera seulement la voix d'une gauche pure au jour le jour dans le nouveau parlement.

Pablo Iglesias a sous-traité la position sur la Catalogne à Ada Colau et maintenant le résultat de Catalunya en Comu hypothèque l'avenir de Podemos, parce que les intérêts ne coïncident pas, comme le reconnaissent certains dirigeants. Le discours ambigu et complaisant avec les indépendantistes restreint ses ambitions en Espagne, en échange d'un résultat de huit sièges, c'est-à-dire rien.

Mais cela pourrait être pire. Les membres de Podemos assurent que le fait de ne pas participer aux décisions est le meilleur des scénarios, car tous les autres scénarios sont mauvais. Être la clé implique de choisir. Le veto contre Ciudadanos et les critiques contre le Parti Socialiste Catalan (PSC) vont dans le sens d'Esquerra Republicana de Catalunya (ERC) ou bien dans le sens de nouvelles élections.

Donc, malgré le mauvais résultat, il y a un soulagement à Podemos. Parce que regarder ERC n'aurait pas été compris par une grande partie de l’électorat national de Podemos.

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23 décembre 2017 6 23 /12 /décembre /2017 19:05

 

 

http://www.elmundo.es/cataluna/2017/12/22/5a3cd8d3ca4741ee5d8b4590.html

 

Mise en examen de Marta Rovira, Artur Mas, Anna Gabriel et Marta Pascal

 

Vendredi 22 Décembre 2017

 

Le juge Pablo Llarena a décidé la mise en examen pour rébellion de la secrétaire générale d’Esquerra Republicana de Catalunya (ERC), Marta Rovira, de la présidente du groupe parlementaire de la Candidature d’Unité Populaire (CUP), Mireia Boyá, de la porte-parole de la CUP, Anna Gabriel, du président du Parti Démocrate Européen de CATalogne (PDECAT), Artur Mas, de la coordinatrice générale du PDECAT, Marta Pascal, et de la présidente de l'Association des Municipalités Indépendantes (AMI), Neus Lloveras i Massana. Le juge a pris sa décision Lundi 18 Décembre 2017 et il l’a notifiée aux personnes concernées.

Dans sa décision, Pablo Llarena explique que l'enquête menée jusqu'à présent indique que les faits qui ont été étudiés ont été organisés sous la direction et la coordination d'un groupe de personnes comprenant les présidents et les porte-paroles des groupes parlementaires indépendantistes du parlement catalan dissous, ainsi que les présidents et les secrétaires généraux des partis politiques indépendantistes et la présidente de l'AMI. Le point de départ des soupçons est l’appartenance des accusés au Comité Stratégique, figurant dans le document saisi Enfocats, considéré comme la feuille de route de l’indépendantisme.

Mais les soupçons ne se basent pas seulement sur ce document. Il y a une « autre série d'éléments qui pourraient corroborer ce qui est inclus dans ce document ». D'une part, les nouveaux accusés « sont identifiés comme participants à certaines des réunions censées avoir servi à concevoir le processus de rupture qui fait l'objet de l'enquête, puisqu'ils sont inclus dans le document saisi pendant la perquisition effectuée au domicile de Josep Maria Jové Llado ».

Pablo Llarena ajoute que, selon le récent rapport de la Guardia Civil, tous ces nouveaux accusés semblent avoir eu une participation importante et significative dans le processus pour lui apporter le soutien politique nécessaire à sa réalisation et pour le mener à son terme. La CUP est pour la première fois impliquée dans la rébellion par la mise en examen de Mireia Boya et d’Anna Gabriel. Selon le rapport des enquêteurs, la formation a profité du fait que Junts pel Si avait besoin des voix de ses députés au parlement pour accélérer les étapes vers l'indépendance, selon les informations rassemblées par Enfocats.

Les six nouvelles mises en examen portent à deux cent quatre vingt six le total des enquêtes du Tribunal Suprême dans l'affaire de rébellion. La liste comprend les membres du gouvernement catalan destitué, une partie du bureau du parlement, les leaders des trois formations qui ont impulsé le processus, PDECAT, ERC et CUP, et les principaux responsables des organisations civiles indépendantistes, Association Nationale Catalane (ANC), Omnium Culturel et AMI. La liste pourrait être élargie, car la Guardia Civil attribue les activités délictuelles à d'autres niveaux inférieurs. À leur sujet, le juge du Tribunal Suprême ne s’est pas prononcé. Il pourrait les poursuivre plus tard ou laisser les autres tribunaux prendre l'affaire, le treizième tribunal d’instance de Barcelone ou bien la troisième chambre de l’Audience Nationale.

Le Tribunal Suprême examinera la détention d’Oriol Junqueras le 4 janvier 2018

Le Tribunal Suprême examinera le recours contre la détention préventive présenté par l'ancien vice-président du gouvernement catalan Oriol Junqueras le 4 janvier 2018 lors d'une audience publique et il lui a demandé d'être présent lors de cette audience.

L’examen de l'appel devant la chambre pénale du Tribunal Suprême aura lieu le 4 janvier 2018 à 10 heures 30. Le tribunal demande dans la décision, dont le juge Miguel Colmenero est le rapporteur, la présence d’Oriol Junqueras.

Le juge Pablo Llarena a décidé de maintenir en détention préventive l'ancien vice-président du gouvernement catalan, ainsi que l'ancien ministre de l’intérieur Joaquim Forn et les leaders indépendantistes Jordi Sanchez et Jordi Cuixart, mais il a laissé en liberté sous caution les autres accusés. Il l'a fait parce qu'il a identifié un risque de récidive grave. Oriol Junqueras a fait appel de cette décision.

Dans son recours, Oriol Junqueras a demandé sa libération parce que son emprisonnement avait « des effets très effectifs dans le domaine de la campagne électorale » et il a insisté sur son engagement en faveur de « scénarios de dialogue et de résolution bilatérale » des conflits.

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