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22 mai 2016 7 22 /05 /mai /2016 16:37

INTERVIEW D HUGO MELCHIOR PAR YVES JUIN

Vous trouverez ci-dessous la première partie d’une longue interview d’Hugo Melchior par Yves Juin relative au mouvement social contre la loi travail.

L’interview est disponible en totalité si vous consultez le site internet d’Ensemble à l’adresse ci-dessous.

Bernard Fischer

https://www.ensemble-fdg.org/content/soyons-fiers-de-ce-que-nous-avons-fait-depuis-2-mois-et-demi

Soyons fiers de ce que nous avons fait depuis deux mois et demi

Notre camarade Hugo Melchior est l'un des animateurs en vue du mouvement sur Rennes. Il a été victime d'une mesure d'interdiction de manifestation. Il a bien voulu répondre longuement à nos questions et tirer un premier bilan de deux mois et demi de lutte, au moment où se met en place un comité de soutien à toutes les victimes de la répression.

Yves Juin. Peux-tu nous expliquer pourquoi le préfet t'a interdit l'accès au centre-ville de Rennes pendant quinze jours et comment as-tu réagi ?

Hugo Melchior. Mardi 17 Mai 2016 vers 9 heures 30, deux membres de la Brigade Anti Criminalité (BAC) et un brigadier chef de police sont venus chez moi pour me remettre en mains propres un procès-verbal signifiant mon interdiction de séjour de ce jour jusqu’au Lundi 30 Mai 2016 à 6 heures du matin dans le centre-ville de Rennes. Ils sont restés dix minutes à peine, le temps que je signe le procès-verbal. Il n’y a eu aucun problème de ce côté là. J’ai également reçu une carte signifiant les délimitations géographiques de cette interdiction. Concrètement, cela veut dire que je ne peux pas, par exemple, me rendre à la gare pour prendre le train, ni aller à la mairie pour effectuer des démarches administratives et bien entendu, et c’est cela qui est visé prioritairement par cette mesure d’interdiction de séjour dans une partie du territoire de la commune de Rennes, participer à des manifestations de rue avec mes camarades contre la loi travail. Comble de l’ironie, le tribunal administratif que j’ai saisi par la médiation de mon avocate Vendredi 20 Mai 2016 dans l’espoir de faire casser cet arrêté préfectoral se trouve, lui-même, dans la zone interdite.

Ainsi, ma liberté d’aller et venir, pourtant considérée dans la constitution française comme une liberté publique fondamentale, liberté consubstantielle de la citoyenneté, mais d’abord de l’humanité, comme le stipule le treizième article de la déclaration universelle des droits de l’homme, est désormais subordonnée à cette interdiction de territoire, et cela jusqu’au Lundi 30 Mai 2016. Cette remise en cause de cette liberté fondamentale, avec celle de pouvoir manifester librement, découle d’un arrêté de la préfecture, acte administratif, et par là-même d’une décision du ministère de l’intérieur qui instrumentalise sans vergogne le contexte d’état d’urgence et la « menace terroriste » pour tenter d’entraver la vie quotidienne des militants politiques un peu trop insolents et agitateurs à son goût. Cet acte administratif est scandaleux par nature car, en y recourant, l’autorité vous met devant le fait accompli. Contrairement à un procès au pénal, il n’y a pas la possibilité de contester en amont la décision, ni de demander l’organisation d’un débat contradictoire.

En ce qui me concerne, encore une fois, il ne s’agit pas simplement d’une simple interdiction de manifester, d’une interdiction ponctuelle, seulement le temps des manifestations de rue contre la loi travail, comme ce fut le cas pour les militants de Paris concernés par des arrêtés préfectoraux. Il s’agit d’une interdiction absolue, permanente, vingt quatre heures sur vingt quatre, qui concerne une zone spatiale étendue et qui s’étend sur une longue période, en l’occurrence quatorze jours. Si je devais contrevenir à l’arrêté et pénétrer dans la zone interdite pour aller manifester par exemple, je risque d’être appréhendé par la police, puis faire l’objet de poursuites sur le plan pénal avec la possibilité d’être condamné au maximum à six mois d’emprisonnement et sept mille cinq cent euros d’amendes, en application du treizième article de la loi du 3 avril 1955.

Pour justifier d’une telle mesure profondément liberticide et vexatoire à mon encontre, qui ne repose en réalité que sur des présomptions, le procès-verbal fait clairement référence à mon passé de militant révolutionnaire, puisqu’il est indiqué dans le procès-verbal que je suis « défavorablement connu pour des activités politiques passées ». En effet, j’ai commencé à militer en septembre 2005 au sein de la section jeune de la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR) à Rennes et j’ai été amené à jouer un rôle important dans tous les mouvements étudiants entre 2006 et 2010. Au cours des ces différentes mobilisations, je n’ai eu de cesse de vouloir me mettre au service du mouvement ouvrier et des luttes étudiantes et de proposer mes savoir-faire et mes ressources avec pour seul désir d’être utile à ma classe et à mon camp, celui des travailleurs, de tous les opprimés et de tous celles et ceux qui ne supportent plus la pourriture capitaliste et veulent rompre avec elle d’urgence. Actuellement doctorant en histoire, chargé de cours à la deuxième université de Rennes, j’ai de nouveau décidé d’assumer un engagement total au sein de mon université dans le cadre de la mobilisation contre la loi travail, qui constitue une nouvelle étape dans le processus de réorganisation néo libérale du travail en cours depuis les années 1980. En décidant d’entreprendre une telle réforme scélérate, que même la droite décomplexée au pouvoir n’avait pas osé mettre en œuvre, les décideurs socialistes ont démontré, une fois encore, qu’ils n’étaient rien d’autre que les gardiens intérimaires de l’ordre productif néo libéral.

De plus, il est souligné, dans ce procès-verbal, ma « participation à des manifestations ayant joué un rôle omniprésent dans l’organisation de manifestation ayant engendré un trouble à l’ordre public à Rennes ». Il est indéniable à nouveau que j’ai pris part à l’organisation, aux côtés d’autres militants du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), d’Ensemble et du Mouvement des Jeunes Communistes de France (MJCF), mais également d’étudiants non encartés, des nombreuses manifestations qui se sont succédées à Rennes, depuis le début du mois de mars 2016, contre la loi travail sur la ville de Rennes. Clairement, c’est cette activité militante quotidienne, débridée et intense qui a été visée par le ministère de l’intérieur cherchant, en s’attaquant à moi de la sorte, par cette mesure extra judiciaire, à faire un exemple et tenter de diffuser la peur au sein du secteur militant à Rennes. Le procès-verbal rappelle, enfin, mes déclarations sur les réseaux sociaux sur la question de la violence politique et par là-même le fait d’avoir assumé publiquement la nécessité de ne pas subordonner le répertoire d’actions au seul respect du cadre de la légalité et aux seules manifestations de masses, même si elles sont évidemment une condition nécessaire à l’inversion du rapport des forces en faveur du mouvement social. Il nous faut assumer le fait de recourir à des actions de blocage économique, à des grèves actives et prolongées, et de manière générale à tout ce qui peut contribuer, y compris les émeutes de rue, à rendre le climat intenable pour le gouvernement contre lequel nous nous battons depuis maintenant deux mois qui n’a de cesse de répéter qu’il ne cédera pas. C’est ce que j’appelle la « stratégie de la tension », c’est-à-dire la capacité d’articuler opportunément massification et radicalité. Si la violence seule et minoritaire est évidemment impuissante et peut-être même contre-productive, cette « stratégie de la tension » se caractérise d’abord par le refus du légalisme et du pacifisme intégral. En effet, je considère qu’en dernière instance l’état n’a pas le monopole de la violence physique légitime et que nous devons être prêts à nous défendre physiquement et collectivement contre nos ennemis que sont les décideurs et de manière générale tous les militants de l’économie politique. Car, une fois pour toute, la politique n’est pas un pique-nique, ni un dîner de gala, encore plus quand l’on prétend défendre un projet politique révolutionnaire.

Quand j’entends les déclarations du candidat Jean-Luc Mélenchon, qui reprend sans vergogne la même rhétorique policière du Parti Communiste Français (PCF) de l’année 1968, renvoyant dos à dos la violence politique dont font usage certains militants politiques et celle de ceux chargés de sauvegarder l’ordre établi et la propriété capitaliste, j’ai la nausée. Il est profondément choquant de l’entendre dire que les fameux « casseurs » seraient des alliés objectif du pouvoir et par là-même, si on va jusqu’au bout de la réflexion, des ennemis du mouvement en cours.

Ainsi, il est certain qu’à défaut de pouvoir me poursuivre sur le plan pénal, le ministère de l’intérieur est obligé pour m’atteindre de recourir à l’arme de la coercition administrative et ainsi me faire payer le prix de mon engagement en faveur de la défense des droits collectifs des travailleurs remis en cause par ce projet de loi inique. On limite la liberté de circulation d'un individu au nom de sa « dangerosité potentielle » en tant que militant révolutionnaire, sans qu'on n'ait rien à lui reproché à part ses idées subversives.

Mais être attaqué de la sorte par l’état, quelle plus belle reconnaissance de la justesse de son engagement politique. Au moins, cela prouve que l’état sait reconnaître ses vrais ennemis, celles et ceux qui veulent subvertir radicalement la société capitaliste. J’espère vraiment que, Lundi 23 Mai 2016, la préfecture et le ministère de l’intérieur connaîtront un camouflet mémorable. En effet, si l'arrêté liberticide devait être cassé ce jour là par le tribunal administratif, cela représenterait une défaite politique pour les décideurs qui comprendraient, alors, qu'on ne peut pas en toute impunité, sous couvert d’état d'urgence, user de méthodes exécutoires pour tenter d'entraver l’action des militants politiques.

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22 mai 2016 7 22 /05 /mai /2016 15:49

http://www.revolutionpermanente.fr/La-casse-de-Valls-pour-briser-la-greve-des-raffineurs-Des-piquets-de-greve-pour-l-auto-defense

Trois dépôts de carburant débloqués

La « casse » de Manuel Valls pour briser la grève des raffineurs.

Des piquets de grève pour l’auto-défense

Vendredi 20 Mai 2016

Le gouvernement est passé de la parole aux actes. Après soixante douze heures de grève et de blocage des raffineries et des dépôts de carburant, Manuel Valls a déployé d’impressionnantes forces de police pour disperser plusieurs piquets qui bloquaient plusieurs dépôts pétroliers. À Lorient, ce sont plus de cent cinquante Compagnies Républicaines de Sécurité (CRS) lourdement armés qui ont été débarqués pour faire face à quelques centaines de manifestants, quinze fourgons de CRS ont été dépêchés pour évacuer le site du dépôt de carburants Rubis, à Grand-Quevilly près de Rouen, et une cinquantaine de gendarmes mobiles ont chargé pour débloquer le dépôt de Vern-sur-Seiche.

Par Damien Bernard

Quoi qu’en dise le gouvernement et son secrétaire d'état aux transports, Alain Vidalies, après seulement soixante douze heures de grève et de blocage des expéditions, le risque de pénurie de carburant, ou plutôt de désorganisation de l’acheminement de pétrole, était déjà bien d’actualité.

En témoigne notamment les nombreuses mesures de rationnement et de restrictions qui ont été adoptées par les très nombreuses préfectures, le grand ouest et le nord étant particulièrement touchés. Pourtant, à y regarder de plus près, ce qui a mis le feu aux poudres pour le gouvernement, c’est bien la décision des assemblées générales de raffineurs de l’arrêt de la production dans les trois plus grandes raffineries de France.

Quatre raffineries à l’arrêt total illimité, des dépôts pétroliers bloqués, en grève

La France compte huit raffineries, propriétés des grandes multinationales Total, Esso et Petroineos. Total détient en quelque sorte le monopole du marché du raffinage en France, avec l’exploitation de cinq des plus grosses raffineries, dont trois parmi les plus importantes sont totalement à l’arrêt.

Pour exemple, « seul le dépôt de Brest va continuer à alimenter un peu le grand ouest ».

Situé près du Havre, en Seine-Maritime, la première raffinerie de France, Gonfreville-L’Orcher, qui produit près de douze millions de pétrole brut par an, est en arrête illimité. Port Jérôme Gravenchon, en Seine-Maritime, propriété d’Esso, douze millions de pétrole brut, est elle aussi à l’arrêt total. De même pour Donges, en Loire-Atlantique, onze millions de pétrole brut.

Dans les Bouches-du-Rhône se concentrent trois raffineries, dont l’arrêt illimité reste pour le moment en discussion, le Lavera, dix millions de pétrole brut, la Mède, sept millions de pétrole brut, et Fos-sur-Mer, sept millions de pétrole brut. Près de Lyon, la raffinerie de Feyzin, propriété de Total, est en arrêt total, cinq millions de pétrole brut. L’unique raffinerie d’Île de France en Seine-et-Marne, Grandpuits, reste bloquée, l’arrêt est lui aussi en discussion, cinq millions de pétrole brut.

Ce sont aussi plus de cinquante dépôts pétroliers qui visent à stocker du brut ou des produits pétroliers, répartis sur l’ensemble du territoire. Plus d’une dizaine d’entre eux ont été bloqués, notamment par les salariés en grève eux-mêmes, des routiers solidaires, des manifestants contre la loi travail, ou encore des activistes du mouvement des Nuits Debout. Ces dépôts de stockage de produits provenant notamment des raffineries sont également stratégiques pour le réapprovisionnement des stations-service du département.

Dépôts pétroliers, une première attaque pour casser la grève

« Les services publics doivent fonctionner » a affirmé le ministre de l'intérieur Bernard Cazeneuve, Vendredi 20 Mai 2016 sur la première chaîne de la télévision française, en référence au déblocage par la répression de certains dépôts de carburant en France. De la sorte, le gouvernement a mis la menace qu’il avait proférée à exécution, se disant prêt à faire lever par les forces de l’ordre les barrages visant les ports, raffineries et aéroports.

Dans un premier temps, ce sont donc les dépôts pétroliers bloqués qui ont été visés. Selon la préfète de la région Normandie, l’intervention des forces de l’ordre « devrait permettre de réapprovisionner en essence les stations-service du département ». Ainsi, plusieurs fourgons de CRS se sont rendus Vendredi 20 Mai 2016 sur le site du dépôt de carburants Rubis à Grand-Quevilly, près de Rouen, pour réprimer et lever le barrage instauré par des manifestants opposés à la loi travail.

Une autre évacuation était prévue sur la commune de Saint-Nicaise dans le même département. Cependant, le soutien de la population a permis de faire reculer les CRS. Selon le mouvement des Nuits Debout, « c’est grâce au soutien des voisins et des personnes présentes à l’extérieur qui protestaient que les CRS sont partis ». En Ille-et-Vilaine, ce sont les gendarmes mobiles qui ont été chargés de débloquer le dépôt de Vern-sur-Seiche pour évacuer les routiers solidaires des raffineurs.

Ils étaient une cinquantaine à réprimer pour évacuer les manifestants qui occupaient les lieux depuis Mercredi 18 Mai 2016. Au dépôt de Lorient, les gendarmes mobiles ont débarqué et chargé avec une violence terrible contre les manifestants au milieu d’un vaste nuage de gaz lacrymogènes.

Ces derniers avaient érigé trois piquets avec des barrages en guise de défense.

Attaquer le maillon faible des dépôts, pour attaquer les raffineries ensuite

Après trois journées de grève et de blocage de la production dans l’ensemble des raffineries du groupe Total, la Confédération Générale du Travail (CGT) et la CGT Force Ouvrière du groupe Total ont appelé à durcir le mouvement à travers une grève illimitée, incluant l’arrêt illimité et complet des installations et l’arrêt des travaux et des expéditions des produits, soit un blocage total de la production, mais aussi de l’expédition des produits déjà transformés.

C’est dans ce contexte que les dépôts pétroliers revêtent pour les travailleurs un intérêt central pour maximiser l’effet de l’arrêt de la production dans les raffineries, dans le but de paralyser un secteur stratégique pour le fonctionnement de l’économie à un niveau plus accéléré. Et le gouvernement l’a bien compris, en déployant d’ores et déjà ses forces de répression contre eux pour disperser les blocages, touchant d’une certaine façon l’un des maillons faible de la chaîne.

Mais c’est bien la production et le raffinage qui constituent le cœur stratégique d’une des plus grandes multinationales françaises, Total, premier bras de l’impérialisme français. Pourtant, le gouvernement, même s’il a déjà menacé les raffineurs, n’est pas encore passé au stade du déblocage des raffineries.

Le blocage du stockage des dépôts pétroliers, combiné à un arrêt total de la production des raffineries, est bien la hantise du gouvernement, qui a bien peur de voir se rouvrir une dynamique comme la grève contre la réforme de retraite de Nicolas Sarkozy, dans laquelle les raffineurs ont joué un rôle politique central dans la perspective de le généralisation de la grève, une perspective qui n’a pu aboutir du fait de la politique de la désaccélération de la lutte de l’intersyndicale, qui avait abandonné les raffineurs, permettant ainsi la répression.

Bientôt la réquisition des raffineurs comme en 2010

Un arrêt total du raffinage du pétrole, comme actuellement dans quatre des plus grandes raffineries française, touche clairement les intérêts stratégiques de Total et du gouvernement de François Hollande. Thierry Defresne, secrétaire général du syndicat CGT Total Normandie, explique « qu'il faut savoir qu’entre le moment où on l’arrête, qu’on la redémarre et qu’on met des produits en conformité sur le marché, il se passe plus d’une dizaine de jours. Donc là, on peut considérer que les marchés autour de la raffinerie de Normandie ne seront pas alimentés pendant les dix prochains jours ».

Cela pose d’autant plus problème pour le gouvernement que pour les travailleurs. Déclencher l’arrêt de la production pour dix jours révèle une énorme détermination et une franche combativité. « Les salariés sont plus que jamais motivés, même ceux qui au départ étaient plutôt réticents. On franchit un cap dans la mobilisation. Notre but n’est pas de générer une pénurie mais d’obtenir le retrait de cette loi et de repartir sur des bases saines de dialogue social. Il faut que le gouvernement entende les raisons du refus », a déclaré à l’Agence France Presse (AFP) Eric Sellini, coordinateur CGT du groupe Total.

C’est dans ce contexte qu’en 2010 le gouvernement avait tenté de réquisitionner des raffineurs pour briser leur grève, qui a duré durant trois semaines, alors qu’il était accompagné par les cheminots, les dockers, ainsi que d’autres secteurs du public et du privé. Pour cela, il est notamment passé par plusieurs étapes, de la réquisition pour « maintenir la sécurité du site, classé Seveso » pour notamment « livrer du fuel aux services publics », dont la police qui répriment ces mêmes raffineurs. C’est ensuite que le gouvernement est passé à la réquisition pour permettre les livraisons aux clients de Total.

Des piquets de grèves pour lutter contre la répression et les réquisitions

Alors que la dernière journée de mobilisation a vu un rebond limité dans la rue et alors que l’escalade de la répression et des provocations visaient essentiellement la jeunesse et la rue, il attaque désormais le blocage des dépôts pétroliers, ainsi que les piquets de grève mis en place par les manifestants, routiers et salariés. Ces piquets sont des moyens d’auto-défense qui seront une des conditions vitales pour le développement de grèves illimité des raffineurs, mais aussi des cheminots et d’autres secteurs qui pourraient entrer dans la bagarre.

Dans ce contexte, notamment marqué par un état d’urgence et un climat de répression bien supérieur à celui de 2010, former des piquets de grève, préparés pour faire face à la répression et aux réquisitions que le gouvernement n’hésitera pas à user pour briser la grève pendant ses dix jours incompressibles d’arrêt, sera un organe fondamental de défense face aux moyens de répression de l’état et à l’atteinte au droit de grève qu’il tentera d’imposer à travers les réquisitions.

Pour gagner, il faudra un « tous ensemble »

Les raffineurs sont résolument déterminés à faire reculer la loi travail. Pourtant, l’isolement le taraude, c’est par exemple ce qui avait mis fin à leur grève reconductible en 2010. Il sera ainsi d’autant plus nécessaire que les cheminots en lutte généralisent la grève reconductible et massifient la mobilisation alors que les directions syndicales de la CGT et du Syndicat Unitaire et Démocratique (SUD) notamment tergiversent, en n’appelant pas clairement à une grève reconductible qui dépasse les grèves de quarante huit heures toutes les semaines.

C’est aussi le secteur des routiers pour le moment en pointe et notamment très solidaire des raffineurs qui ont conjointement bloqué des dépôts pétroliers et des raffineries. De la même façon, les directions syndicales, notamment la CGT Force Ouvrière a appelé à démobiliser pour reporter la lutte, tandis que la CGT a mis le frein pour repartir en lutte le seul lundi. Les dockers, qui ont démontré toute leur forces au Havre, sont toujours aussi déterminés et auront un rôle clé à jouer dans la situation.

De même que la fonction publique qui avait joué un rôle important en 2010. Pourtant leurs directions syndicales préfèrent pour le moment rester sur des revendications sectorielles, ne souhaitant pas se lier à la mobilisation contre la loi travail. Mais c’est aussi la jeunesse qui a joué un rôle prépondérant dans la première phase et qui aura un rôle déterminant notamment pour faire que la pointe avancée du mouvement ouvrier, parti pour une reconductible durable, puisse entraîner d’autres secteurs.

Pour mettre en musique l’ensemble des secteurs, des cadres d’auto-organisation de la lutte sont tout sauf illusoire, comme le montre l’exemple de l’assemblée générale interprofessionnelle organisée Jeudi 19 Mai 2016 place de la République à Paris. Avancer vers ce type d’organisme, comme ce que représenter les assemblées générales interprofessionnelles de 2010, dès maintenant, en lien avec les comités de grève et les équipes syndicales combatives, peut être un élément décisif dans la suite des événements. Pour faire reculer François Hollande et sa loi travail, c’est bien d’un « tous ensemble » dans la grève reconductible qu’il faut tendre à généraliser dont on a besoin.

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21 mai 2016 6 21 /05 /mai /2016 19:33

http://www.resistanceinventerre.wordpress.com/2016/03/17/culture-le-crepuscule-des-intellectuels-francais-de-zola-a-houellebecq

http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/03/14/le-crepuscule-des-intellectuels-francais_4882337_3232.html

D'Emile Zola à Michel Houellebecq, le crépuscule des intellectuels français

Par Nicolas Truong

Jeudi 17 Mars 2016

Hier, Jean-Paul Sartre exhortait ses contemporains à combattre aux côtés des damnés de la terre.

Aujourd’hui, face à la crise des réfugiés, des chroniqueurs hebdomadaires prônent la fermeture des frontières. Lors des grandes grèves de 1995, Pierre Bourdieu défendait les cheminots réunis à la Gare de Lyon, parce qu’ils luttaient contre « la destruction d’une civilisation ».

A présent, la réforme du code du travail ou la prolongation de l’état d’urgence sont acceptées par l’intelligentsia dans une relative indifférence. Mais comment en est-on arrivé là ? Comment est-on passé d'Emile Zola à Michel Houellebecq, d'Albert ­Camus à Michel Onfray, de Michel Foucault à Alain Finkielkraut et de Jean Paul Sartre à Eric Zemmour, c’est-à-dire, pour tous ceux que ce glissement désespère, de la défense des opprimés à celle des barbelés, de l’éloge de la diversité à celui de l’identité ?

Dans un livre érudit et autobiographique, politique et polémique, « la fin de l’intellectuel français, d’Emile Zola à Michel Houellebecq », l’historien israélien Shlomo Sand se penche sur l’histoire d’un déclin et l’aventure d’une déchéance. Pourtant, ce fils de femme de ménage qui savait à peine lire et d’un militant communiste qui ne dépassa pas l’école primaire, a longtemps rêvé de faire partie du sérail. Adolescent, il a même souhaité devenir l’un de ces mandarins portraiturés par Simone de Beauvoir. Mais ce partisan de la cause palestinienne n’a cessé de déchanter. Jeux troubles lors de la collaboration, aveuglement face au stalinisme ou aux pathétiques engouements maoïstes, la statue de l'intellectuel français se mit rapidement à s'effriter.

Seuls quelques phares, tels l’écrivain surréaliste André Breton, la philosophe chrétienne Simone Weil et le marxiste libertaire Daniel Guérin, auxquels il dédie son ouvrage, ont su s’engager dans le siècle sans se compromettre. Et continuent à le guider dans la bataille des idées, à l’aider à se ressourcer au lendemain des combats perdus et des révolutions manquées.

Puisque l’intellectuel français préfère aujourd’hui la posture réactionnaire à la rhétorique révolutionnaire, Shlomo Sand trace sa généalogie et dresse quelques typologies. A la fois étranger et familier de notre pays, il insiste sur la singulière centralité de Paris où les écrivains français publient, rayonnent et protestent.

Ainsi fait-il observer que l'existentialisme ou le structuralisme ne sont pas nés en France mais dans sa capitale, contrairement à tant de mouvements intellectuels décentralisés à l'étranger, comme la théorie critique de Francfort ou l'école sociologique de Chicago.

Ainsi rappelle-t-il également la bienveillance du pouvoir à l’égard des mandarins et normaliens, bien au-delà des clivages idéologiques, comme en atteste la célèbre phrase de Charles de Gaulle à propos de Jean Paul Sartre qui appelait les soldats français à refuser de servir en Algérie et que la droite voulait faire taire, « on n’emprisonne pas Voltaire ».

Sans vouloir tomber dans la complainte du « c’était mieux avant », Shlomo Sand cible, dans deux chapitres assassins, les idéologues du « tout fout le camp ». Certes, le crépuscule de l’intellectuel critique est évident depuis la mort de Jean Paul Sartre, de Claude Bourdieu et de Michel Foucault.

D’autant que l’ultra médiatisation des intellectuels a largement domestiqué cette figure de la contestation. Mais l’auteur n’accepte pas que le déclinisme ait aujourd’hui remplacé le progressisme et que l’islamophobie ait supplanté l’antiracisme.

Polémiste outrancier

Marqué par la judéophobie dont fut victime une partie de sa famille, Shlomo Sand traque la manifestation de la pensée islamophobe française. De son point de vue, elle se manifeste dans « soumission », le roman de Michel Houellebecq qui, soutient-il, susciterait la réprobation générale si l’on y remplaçait le mot « musulman » par celui de « juif ».

Elle se manifeste dans le Charlie Hebdo de Philippe Val qui, assure-t-il, caricaturait l’islam comme le faisaient les journaux antisémites de l’entre-deux-guerres avec le judaïsme. Elle se manifeste dans le slogan « je suis Charlie, enfin, derrière lequel se cachait une façon finalement assez peu fraternelle de dire je suis français, c’est-à-dire membre de l’Europe blanche ».

Mais l’analyste distancié se fait polémiste outrancier. Plus péremptoire encore que le démographe Emmanuel Todd, Shlomo Sand n’a même plus besoin de cartographie pour soutenir que c’est l’islamophobie qui fit défiler des millions de personnes le Dimanche 11 janvier 2015, non plus inconscientes de leur comportement de « catholiques zombies » cette fois-ci, mais mues par leur franche xénophobie. Son aversion pour le thème de l’identité lui fait oublier que la fièvre identitaire gagne la planète entière et non pas qu’une poignée de néo céliniens cathodiques. Qu’elle touche aussi les mouvements « décoloniaux », comme le Parti des Indigènes de la République (PIR), dont Shlomo Sand reprend sans recul la rhétorique identitariste, qualifiant Alain Finkielkraut et Eric Zemmour de « souchiens ».

Guidé par sa haine de la haine de l’autre, il ne voit pas que les anciens cadres de pensée, le culturalisme comme le post colonialisme, peinent à saisir notre chaos. S’il montre comment l’anti islamisme a remplacé l’anti communisme chez certains intellectuels néo conservateurs, Shlomo Sand se contredit lui-même en leur accordant une place démesurée et en ne citant aucun des jeunes auteurs qui tentent de redessiner une figure de l’intellectuel engagé.

Surtout, Shlomo Sand réalise en pratique ce qu’il dénonce en théorie. Et il ne parvient à se départir de la nostalgie d’un âge d’or perdu de la contestation. Fidèle au début de son livre, il n’aurait pas dû s’éloigner de la recommandation de son maître André Breton, « en matière de révolte, aucun de nous ne doit avoir besoin d’ancêtres ».

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21 mai 2016 6 21 /05 /mai /2016 18:48

http://www.reporterre.net/Le-dialogue-inattendu-entre-policiers-et-manifestants-de-Nuit-debout

Le dialogue inattendu entre policiers et manifestants du mouvement des Nuits Debout

Mercredi 18 Mai 2016, alors que la manifestation « contre la haine anti-flic » rassemblait place de la République à Paris les principaux syndicats des forces de l’ordre, un étonnant dialogue s’est noué entre deux policiers de la Fédération de la Police de la Confédération Générale du Travail (CGT) et des participants aux rassemblements de la Nuit Debout parisienne.

Regards croisés sur les violences en manifestation.

Leurs drapeaux rouges passent presque inaperçus au milieu des étendards bleus d’Alliance, syndicat majoritaire de la police nationale, déployés Mercredi 18 Mai 2016 de 11 heures à 14 heures place de la République. On ne les entend pas pas quand Jean-Claude Delage, secrétaire général du premier syndicat policier, évoque la « chienlit des groupes ultra-radicalisés violents » sous de bruyants applaudissements.

Peu après 14 heures, Axel Ronde, secrétaire général de la CGT Police Île-de-France, et Alexandre Langlois, secrétaire général de la CGT Police, s’éclipsent de l’esplanade soigneusement bouclée par des barrières pour aller à la rencontre de participants du mouvement des Nuits Debout, devant le boulevard de Magenta. « Ils ont pris contact avec nous pour nous demander si on voulait bien les rencontrer », explique Axel Ronde à Reporterre.

« Nous avons répondu oui, évidemment. Nous imaginions ce rassemblement comme un moment de rencontre entre policiers et citoyens ».

Cela n’a pas été le cas. Triple contrôle policier pour accéder à l’espace enclos autour de la statue, passants et journalistes sans carte de presse refoulés, « comment Michel Cadot, le préfet de police de Paris, a-t-il pu autoriser un rassemblement policier dans ce lieu », s’insurge un homme aux longs cheveux gris. C’est à nous, nous l’occupons depuis des semaines ».

« C’est une privatisation de l’espace public. En parallèle, le collectif Urgence Notre Police Assassine (UNPA) a été interdit de rassemblement », critique un autre. « C’était une provocation », estime un troisième. La présence sur la place de la députée du Front National du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen et de son collègue Gilbert Collard, député du Front National du Gard, ne passe pas, « vous vous rendez-compte que ce rassemblement s’apparente à un meeting du Font National ».

Mais très vite, les participants aux rassemblements de la Nuit Debout parisienne entrent dans le vif du sujet dans la discussion avec le syndicaliste policier qui a été vers eux. Les témoignages de violences policières affluent . Un jeune homme à la barbe bien taillée remonte son pantalon, dévoilant la bande de gaze qui lui enveloppe le bas de la jambe. « Un éclat de grenade de désencerclement est entré dans ma jambe à cinq centimètres de profondeur. Elle a été lancée à hauteur d’homme et a éclaté à trente centimètres de moi, à un moment où nous étions encerclés autour de la station de métro Solférino », témoigne-t-il. « J’ai pris vingt et un jours d’arrêt de travail ».

Mâchoire endolorie et cicatrice de brûlure

Un autre jeune homme s’est pris « des coups de genou sur le crâne et la mâchoire par des policiers », lors d’un sit-in devant l’assemblée nationale. Une jeune femme montre la cicatrice qu’elle porte à la joue gauche, souvenir d’une grenade reçue le Jeudi 28 Avril 2016. « La police interdit qu’on reparte avec des preuves, des déchets de grenades de désencerclement par exemple, précise le jeune homme blessé à la jambe. Les manifestants se font systématiquement fouiller et les indices sont confisqués ». L’interrogation est unanime, comment de telles violences policières peuvent-elles avoir lieu ?

Pour Alexandre Langlois, si on trouve « toujours des gens irresponsables », les principaux coupables sont les donneurs d’ordres.

« Les groupes violents sont clairement identifiés avant les manifestations. Pourtant, rien n’est fait », dénonce-t-il. « Parfois, nous voyons des manifestants s’équiper de casques et d’armes juste devant nous et aucun ordre n’arrive. Le 8 avril 2016, on a poussé une Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS) pour que des personnes violentes puissent rejoindre la place. Évidemment, le soir même, c’est parti en vrac. Après, tout ceci est instrumentalisé au niveau politique ».

Pour autant, les interdictions de manifester délivrées par la préfecture de police ne sont pas la solution, estime le représentant de la Fédération de la Police de la CGT, « cela excite les tensions parce que, soit ces gens-là n’ont rien fait, et nous n’avons pas à interdire à quelqu’un de manifester. Soit ils ont déjà commis un acte dangereux et répréhensible par la loi. Dans ce cas, il faut les déferrer devant la justice ». En attendant, « nous pourrions imaginer un système où les gens sont fouillés et où les armes de destination sont confisquées, comme avant les concerts », imagine le syndicaliste.

« Encercler une foule, cela ne devrait plus exister »

Les ordres ne sont pas toujours adaptés, poursuit Alexandre Langlois, « encercler une foule, cela ne devrait plus exister. C’est dans les manuels et même les livres d’histoire, toutes les manifestations qui ont dérapé, c’est à cause de nasses dont les gens ne pouvaient plus sortir ».

Mais là encore, la responsabilité des policiers est limitée, juge le syndicaliste, car « les collègues sur le terrain n’ont pas de vision d’ensemble. Si les donneurs d’ordres leur demandent de bloquer une rue, ils ne savent pas si toutes les autres rues sont bloquées ». Pour ce qui est de l’usage des armes, le commandement serait également en cause, considère-t-il, « normalement, les réponses sont graduées, mais actuellement certains donneurs d’ordres ne respectent malheureusement pas ce principe. Ce qui entraîne des blessés des deux côtés et attise les tensions ».

Le syndicaliste a assisté au procès de son collègue jugé pour avoir brutalisé un élève du lycée Henri Bergson, et l’audience l’a conforté dans ses convictions. « Notre collègue, âgé de vingt six ans, n’avait suivi aucune formation en maintien de l’ordre. Pourtant, on l’a habillé comme un CRS et on l’a confronté à une situation de stress à laquelle il n’avait pas été formé », raconte Alexandre Langlois. « Cela n’excuse pas son geste. Mais c’est lui qui va être jugé, alors que son supérieur va pouvoir continuer à mettre des collègues inexpérimentés dans cette position ».

Face à ces dérapages, « il faut écrire aux donneurs d’ordres », appelle Alexandre Langlois. Dubitatif, un participant aux rassemblements de la Nuit Debout parisienne intervient, « mais pourquoi la police accepte-t-elle de se soumettre à ces normes ? Pourquoi ne porte-t-elle pas plainte elle-même ». « A partir du moment où l’on a une arme sur le côté, il faut refuser les ordres absurdes et illégaux », renchérit un autre.

« Il y a des collègues qui ont peur »

Ce n’est pas toujours facile, réplique le syndicaliste, « il y a des collègues qui ont peur. On retrouve cette situation dans de nombreux secteurs professionnels, où des gens ne peuvent plus supporter leurs donneurs d’ordres mais continuent à travailler pour eux en essayant de faire du mieux qu’ils peuvent localement ». Car la placardisation menace les fonctionnaires un peu trop rétifs. « Quand on m’a demandé de réaliser des perquisitions administratives suite à la proclamation de l’état d’urgence, j’ai accepté mais j’ai également prévenu que j’allais rédiger un rapport expliquant pourquoi ces opérations étaient scandaleuses et totalement illégales », témoigne Alexandre Langlois. « Du coup, j’ai été retiré du dispositif ».

Pas question pour autant d’abandonner le combat. « J’espère faire changer les choses en interne. Si tout le monde déserte le bateau, il n’y aura plus personne pour le faire avancer. C’est un rapport de force, il ne faut pas abandonner », insiste le syndicaliste qui évoque un « mouvement en train de se créer », en contact avec le mouvement des Nuits Debout et « à construire dans la durée », sans en dire plus. Il entrevoit toutefois « une bonne nouvelle, la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) et la cour de justice européenne commencent à réagir et à condamner régulièrement la France pour ces violences. Le défenseur des droits a également critiqué l’usage de certaines armes et préconisé l’interdiction des Flash-Ball au mois de juillet 2015 ». « Mais son avis n’est que consultatif », regrette un participant aux rassemblements de la Nuit Debout parisienne.

La discussion s’achève dans une ambiance détendue. Deux jeunes femmes remercient les policiers d’avoir accepté de nouer le dialogue.

« Nous voulions même vous distribuer des tracts de la lettre du préfet Maurice Grimaud ». « Nous avons compris que vous étiez des camarades, engagés comme nous », apprécie le jeune homme blessé à la jambe. « En fait, c’est ton collègue d’Alliance qu’il faudrait là et qu’il voit avec ses yeux tous ceux qui se sont fait éborgner et blesser. Si tu as son numéro, c’est le moment ».

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21 mai 2016 6 21 /05 /mai /2016 14:57

http://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/ille-et-vilaine/rennes/un-militant-rennais-interdit-de-centre-ville-rennes-1000111.html

Un militant de Rennes interdit de centre-ville

Hugo Melchior fait partie des quatre vingt trois personnes interdites de manifester par arrêté en France. Des rues du centre-ville lui sont interdites. Il prévoit de faire appel de cette décision.

Par Stéphane Grammont

Mercredi 18 Mai 2016

Cinquante trois personnes ont fait l’objet d’une interdiction de participer aux manifestations contre la loi travail en France. Une démission prise par arrêté préfectoral sur ordre du ministère de l'intérieur.

Bernard Cazeneuve a indiqué qu’il s’agissait « d'une mesure circonstanciée, proportionnée et non pas une interdiction générale et absolue de manifester ».

Parmi les cinquante trois personnes visées, il y a un rennais, Hugo Melchior. Cet étudiant de la deuxième université de Rennes, doctorant en histoire, avait déjà participé au mouvement contre le Contrat Première Embauche (CPE) de 2006. Il fait partie des « visages » du mouvement étudiant contre la loi travail.

« Cela s’inscrit dans la politique répressive d’ensemble qui est conduite par le gouvernement depuis plusieurs semaines, que ce soit à Rennes ou ailleurs » a réagit Hugo Melchior, « je paie mon engagement depuis dix ans avec le CPE, et depuis deux mois contre la loi travail ».

Certains de ces arrêtés ont été levés par la justice administrative à Paris. Hugo Melchior va également déposer un recours au tribunal administratif de Rennes.

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21 mai 2016 6 21 /05 /mai /2016 14:32

https://www.hrw.org/fr/news/2016/05/19/grece-insecurite-et-insalubrite-dans-les-hotspots-pour-refugies

Insécurité et insalubrité dans les centres d'accueil et d'identification pour réfugiés

Des femmes et des enfants y vivent dans la peur, sans protection et sans abri décent

La police manque à son devoir de protection des personnes lors des fréquents épisodes de violence qui se produisent dans les centres fermés se trouvant sur les îles grecques, également connus sous le nom de centres d'accueil et d'identification, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch.

Les centres ont été mis en place afin d’accueillir et d’identifier les demandeurs d’asile et les migrants et de gérer leur demande. Aucun des trois centres que Human Rights Watch a visités à Samos, Lesbos et Chios, à la mi-mai 2016, ne sépare les femmes seules des hommes adultes sans lien de parenté et les trois sont insalubres et fortement surpeuplés.

« Dans les camps de réfugiés en Europe, les femmes et les enfants qui ont fui la guerre font face à une violence quotidienne et vivent dans la peur », a indiqué Bill Frelick, directeur de la division des droits des réfugiés à Human Rights Watch. « L’absence de protection policière, la surpopulation et l’insalubrité créent une atmosphère de chaos et d’insécurité dans les camps insulaires grecs clôturés par du fil barbelé ».

Lors des visites effectuées du 9 au 15 mai 2016, Human Rights Watch a constaté que les trois sites étaient fortement surpeuplés avec des pénuries importantes en matière d’hébergement et se trouvaient dans un état de saleté et d’insalubrité notoire. Les longues queues formées par les réfugiés dans l’attente d’une nourriture de mauvaise qualité, la mauvaise gestion et le manque d’informations contribuent à l’atmosphère chaotique et instable dans les trois centres, a déclaré Human Rights Watch.

Le 13 mai 2016, une bagarre entre près de deux cent hommes a éclaté et s’est poursuivie pendant plusieurs heures dans le centre d’accueil de Vathi sur l’île de Samos, un centre de deux cent cinquante lits qui comptait neuf cent quarante cinq personnes ce jour-là. Lors de sa visite du centre le 14 mai 2016, Human Rights Watch a vu des taches de sang sur les sols et les vêtements, des trous dans les abris contre lesquels des pierres avaient été jetées ainsi que du verre brisé et d’autres détritus à la suite des altercations. Les chercheurs ont également constaté des ecchymoses et des lacérations sur le visage et le corps d’hommes et de femmes. De nombreux habitants du camp ont indiqué que la police chargée de la sécurité du site est partie lorsque la bagarre a éclaté.

D’après le personnel humanitaire travaillant auprès de Boat Rescue, organisation non gouvernementale néerlandaise qui dispense des soins de santé sur le site, quatorze personnes ont été hospitalisées, certaines d’entre elles avec des bras et jambes cassés.

Human Rights Watch a été dans l’obligation d’écourter sa visite du 14 mai 2016 à Vathi pour des problèmes de sécurité, mais a revisité le site le 15 mai 2016.

Les habitants du camp et les prestataires de services ont déclaré que Vathi est tous les jours le théâtre de bagarres et que la police se replie lorsque les rixes éclatent et n’intervient pas pour protéger les gens. Le Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR) de l'Organisation des Nations Unies (ONU), qui était présent lors des trois jours de visite de Human Rights Watch, a indiqué que Vathi n’a aucun directeur de camp.

Personne ne paraissait être en charge de l’administration du site les jours où Human Rights Watch a visité le camp. Les habitants des deux autres camps, Moria sur l’île de Lesbos et Vial sur l’île de Chios, ont également indiqué que la police n’intervient pas dans les bagarres.

Malgré un arrêté policier qui ordonne à tous les agents de police travaillant auprès des réfugiés et des migrants de garantir la protection et la sécurité des femmes et des enfants, les centres de Chios et de Samos n’ont aucune section séparée pour les femmes seules, les familles ou les femmes avec enfants. Human Rights Watch a observé des enfants non accompagnés et des familles vivant dans les zones communes à Moria. Moria dispose de sections pour les enfants et les familles mais ces sections ne sont pas assez grandes pour accueillir l’ensemble des femmes et des enfants du centre.

Les femmes ont signalé des cas fréquents de harcèlement sexuel dans les trois centres. « Les hommes se saoulent et essaient d’entrer dans nos tentes chaque nuit », a expliqué une jeune érythréenne célibataire de dix neuf ans qui vit dans le centre de Vathi. « Nous sommes allées voir la police et avons demandé à être placées dans une zone du camp éloignée de celle des hommes qui essaient d’abuser de nous, mais la police a refusé de nous aider. Nous avons fui notre pays pour cette même raison et, ici, dans ce camp, nous avons peur de quitter notre tente ». Les femmes du centre de Moria sur l’île de Lesbos et du centre de Chios ont fait part de problèmes similaires et ont exprimé de profondes inquiétudes pour leur sécurité et celle de leurs enfants.

Depuis l’accord migratoire du 20 mars 2016 conclu entre l’Union Européenne et la Turquie, les autorités grecques arrêtent automatiquement tous les demandeurs d’asile et les migrants. Le 2 avril 2016, le parlement grec a adopté en toute hâte une loi qui permet une « restriction de la liberté de circulation » générale sur les nouvelles arrivées à l’intérieur des sites fermés aux points d’entrée aux frontières, comme les îles, pendant une période pouvant aller jusqu’à vingt cinq jours pendant l’accueil et l’identification. Le HCR et plusieurs agences d’aide non gouvernementales ont suspendu un grand nombre d’activités lorsque les centres ont été transformés en centres de détention, même si le HCR continue de surveiller les conditions de vie dans les camps et de fournir des services limités.

Les centres d’accueil et d’identification sont en principe administrés par le service de premier accueil du gouvernement grec, sous l’autorité du ministère en charge de la politique migratoire. Deux agences européennes ont une présence plus visible, FRONTEX, l’agence européenne pour la gestion des frontières extérieures, qui réalise les premiers entretiens pour l’inscription et l’analyse de nationalité et les opérations de relevé d’empreintes digitales en collaboration avec la police grecque, et le bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO) qui mène des entretiens d’admissibilité et soumet au service grec d’aide à l’asile des recommandations sur l’admissibilité pour la procédure d’asile. Le service d’aide à l’asile est également présent sur les sites, même si ses bureaux de Vathi étaient fermés les jours où Human Rights Watch a visité le camp. La police grecque est chargée de la sécurité du camp.

Les autorités grecques et européennes doivent prendre des mesures immédiates pour garantir la sécurité et la protection des femmes et des enfants dans les centres ainsi que de tous les autres habitants des camps, a indiqué Human Rights Watch. Il faut s’assurer que les femmes, les enfants et les familles dorment en toute sécurité et que des toilettes et des sanitaires séparés de ceux des hommes seuls leur sont réservés. La Grèce ne doit pas détenir des personnes dans des sites surpeuplés et insalubres.

La détention générale de tous les demandeurs d’asile et migrants dans des sites fermés n’est pas justifiée compte tenu des options moins restrictives qui existent et cette détention s’apparente à une détention arbitraire. Les centres d'accueil et d'identification sur les îles grecques doivent être transformés en camps ouverts avec des services et des mesures de sécurité appropriés, a indiqué Human Rights Watch.

Nulle personne ayant exprimé le souhait de demander l’asile ne doit être détenue dans des sites insulaires en l’absence de preuves justifiant que la détention s’impose et à des fins ou pour des motifs légitimes, par exemple si la personne représente une menace spécifique et particulière pour la sécurité.

Les pays européens doivent accélérer la procédure d’exécution des obligations qui leur incombent en vertu du mécanisme de relocalisation d’urgence. Ils doivent rapidement libérer un nombre suffisant de places et faciliter la relocalisation des demandeurs d’asile dont les prétentions ont été jugées acceptables par les centres d'accueil et d'identification des îles grecques. Des circonstances individuelles comme les liens familiaux doivent également être prises en compte.

« Lorsque la Grèce détient des personnes dans des conditions de surpeuplement impropres aux animaux et ne leur assure pas la protection policière fondamentale, cela crée un climat dans lequel la violence se développe », a déclaré Bill Frelick. « Même si l’Union Européenne n’est pas directement responsable de la sécurité des camps, nous avons été affligés de voir le personnel de FRONTEX fuir en toute hâte le camp de Vathi au moment où les tensions ont dégénéré le 14 mai 2016. L’Union Européenne et la Grèce doivent immédiatement remédier à cette situation honteuse, mettre rapidement fin à la détention arbitraire et garantir le traitement humain des personnes placées sous leur contrôle ».

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20 mai 2016 5 20 /05 /mai /2016 19:44

Les parlementaires turcs font un pas vers la levée de l'immunité (Reuters)

Les parlementaires turcs ont approuvé Vendredi 20 Mai 2016 la levée de leur immunité judiciaire dans le cadre d'une réforme constitutionnelle que l'opposition pro-kurde juge destinée à la priver de représentation nationale.

Le texte a été adopté par trois cent soixante seize voix sur cinq cent cinquante, soit neuf voix de plus que la majorité des deux tiers requise pour modifier la loi fondamentale sans en passer par un référendum.

Le président Recep Tayyip Erdogan accuse le parti démocratique des peuples (HDP), troisième force politique du pays, d'être la vitrine politique des séparatistes kurdes.

« Mon pays ne veut pas voir de coupables siéger au parlement. Par-dessus tout, il refuse de voir au parlement ceux qui soutiennent le groupe terroriste séparatiste », a-t-il déclaré, Vendredi 20 Mai 2016, évoquant le parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), lors d'un déplacement à Rize, sur la mer Noire.

Pour ses adversaires, cette initiative fait partie de la stratégie de Recep Tayyip Erdogan pour chasser le HDP du parlement et pour renforcer le parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir afin d'obtenir l'instauration d'un régime présidentiel qu'il réclame.

Selahattin Demirtas, co-président du HDP pour qui la levée de l'immunité va entraîner de nouvelles violences, a promis de faire le nécessaire pour obtenir son abrogation.

La réforme doit donc permettre d'engager des poursuites judiciaires contre des parlementaires qui font déjà l'objet d'une enquête. Sont concernés cent trente huit élus dont cent un appartiennent au HDP et au parti républicain du peuple (CHP), première force de l'opposition.

Le HDP fait valoir que la grande majorité de ses cinquante neuf députés risquent d'être envoyés en prison, principalement pour des raisons politiques, ce qui pourrait finir par priver le parti de représentation nationale.

A Berlin, le gouvernement allemand a fait part de sa préoccupation face à ce qu'il perçoit comme une « polarisation croissante » du débat politique en Turquie. « Cette question figurera clairement parmi les points dont la chancelière Angela Merkel discutera à Istanbul en marge d'un sommet humanitaire avec le président turc », a dit le porte-parole du gouvernement allemand, Steffan Seibert.

La chancelière allemande Angela Merkel est attendue Lundi 23 Mai 2016 en Turquie. « Une rencontre bilatérale est prévue », a précisé son porte-parole.

La Turquie s'est lancée au mois de juillet 2015 dans une « guerre synchronisée » contre les djihadistes de Syrie et les séparatistes kurdes, malgré la trêve proclamée deux ans et demi plus tôt. Depuis, les violences se multiplient dans la région.

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20 mai 2016 5 20 /05 /mai /2016 19:31

http://www.arretsurimages.net/breves/2016-05-18/Voiture-police-incendiee-a-Paris-recits-divergents-id19895

Voiture de police incendiée à Paris, récits divergents

Par Justine Brabant

Mercredi 18 Mai 2016

Que s'est-il passé, quai de Valmy à Paris, en marge de la manifestation de policiers dénonçant la « haine anti-flics » ? Une voiture de police a été incendiée, mais les versions ont un temps divergé sur le sort réservé aux policiers, ont-ils été agressés par de nombreux manifestants, ou seulement par quelques uns ? En quelques heures, les vidéos et photographies postées sur les réseaux sociaux ainsi que les témoignages de journalistes sur place ont permis de reconstituer le fil des événements.

La préfecture de police a-t-elle diffusé une version exagérée de l'incendie d'une voiture de police Mercredi 18 Mai 2016 à Paris, quai de Valmy ?

Dans le récit de la préfecture, notamment repris par l'Agence France-Presse (AFP) dans ses dépêches, « cent à cent cinquante participants, à la contre-manifestation visant à dénoncer les violences policières, se trouvaient sur le quai de Valmy quand ils ont croisé cette voiture de police. Une quinzaine d'entre eux se sont alors mis à taper avec des barres de fer sur le véhicule et ont tenté de faire sortir de force les deux fonctionnaires qui étaient à l'intérieur, avant de jeter un cocktail Molotov par la lunette arrière brisée, selon la même source. Les deux policiers se sont extirpés du véhicule et ont pu s'enfuir », peut-on ainsi lire dans un compte-rendu réalisé par le site du Point à partir de dépêches de l’AFP.

Plus loin, le préfet lui-même, cité entre guillemets, ajoute qu'il condamne « très fermement l'action violente dirigée à l'encontre des policiers qui n’ont pu s'échapper que dans des conditions extrêmes face à une agression d'une grande brutalité ». Une version des faits que l'on peut comparer à une vidéo des mêmes événements, mise en ligne par le journaliste Hugo-Pierre Gausserand.

La vidéo montre bien des policiers sortant de leur voiture alors que l'incendie est déjà déclenché, de la fumée sort de l'arrière du véhicule dans les premières secondes du film. Mais elle semble également infirmer la version de la préfecture sur la question de « la grande brutalité » de l'agression des policiers. On voit un participant faire sortir, sans violence particulière, une policière assise sur le siège passager. Au second plan, un autre policier semble lui aussi s'éloigner de la voiture sans être pris particulièrement à partie.

C'est quelques heures plus tard qu'une autre vidéo, filmée sous un autre angle, a documenté la violence de l'agression, en particulier un premier coup de pied porté contre la vitre côté conducteur, à quelques centimètres du visage du policier, puis l'attaque répétée du même policier à coups de bâton. Il montre également comment la vitre arrière a été brisée et le fumigène qui a déclenché l'incendie introduit à l'intérieur du véhicule. Le policier attaqué sort brièvement son arme de service alors qu'il se trouve dans la voiture, puis la range et fait face à l'homme qui l'attaque à mains nues.

Quelques heures plus tôt, d'autres témoignages et images avaient déjà semblé étayer l'hypothèse de l'agression physique des policiers, bien qu'ils mettaient le récit de la préfecture en doute sur d'autres points. Il s'agit en particulier d’une série de photographies publiées sur le site de l'Observateur, ainsi que du témoignage d'un reporter du journal présent sur place, Lucas Burel. Premier constat, l'engin qui a servi à mettre le feu à la voiture n'est pas un cocktail Molotov, ainsi que l'assure la préfecture, mais un fumigène, jeté par l'homme à gauche de la photographie par la lunette arrière de la voiture, qui vient d'être cassée par le deuxième homme, au centre.

Second constat, les personnes qui s'en sont prises à la voiture ne seraient pas « une quinzaine », comme avancé également par la préfecture, mais « quatre ou cinq », selon Lucas Burel. Quid de l'attitude des assaillants vis-à-vis des policiers eux-mêmes ? Pas de réponses sur les photographies, mais le journaliste de l'Observateur témoignait notamment de coups donnés à un manifestant proposant son aide à un policier blessé par d'autres manifestants, « j’ai tenté d'aider le policier qui avait une énorme entaille au front en lui proposant une compresse. D'autres manifestants m'ont frappé », témoigne ce dernier, cité par l'Observateur.

Une autre journaliste a recueilli le témoignage d'un manifestant, peut-être le même, qui a pris « des coups de poing » lorsqu'il a voulu aider l'un des policiers. Faustine Vincent, du Monde, rapporte ainsi « qu’un ancien secouriste des rassemblements de la Nuit Debout parisienne a soigné l'un des deux policiers blessés quand les casseurs ont incendié leur voiture, « il y avait deux policiers dans la voiture incendiée. L'homme était blessé à l'arcade. La femme était choquée. Après j'ai été agressé par des manifestants à coups de poings car j'avais soigné un policier. Ils m'ont dit que j’aurais dû le laisser crever ».

Le parquet de Paris a annoncé Mercredi 18 Mai 2016 en milieu d'après-midi avoir ouvert une enquête pour « tentative d'homicide volontaire ».

Mise à jour du Mercredi 18 Mai 2016 à 21 heures, mention et lien de la seconde vidéo, qui montre directement les coups portés à l'un des policiers.

Mise à jour du Jeudi 19 Mai 2016 à 10 heures du matin, précision sur le fait que le policier sort brièvement son arme de service alors qu'il est encore dans son véhicule, contrairement à ce que nous écrivions dans une précédente version de cette brève.

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20 mai 2016 5 20 /05 /mai /2016 19:09

http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/05/17/nuit-debout-est-un-rassemblement-plus-diversifie-qu-on-ne-le-dit_4920514_3232.html

Les rassemblements de la Nuit Debout parisienne sont des rassemblements plus diversifiés qu’on ne le dit

Par Stéphane Baciocchi, chercheur en sciences sociales à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), Alexandra Bidet, chercheuse au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Pierre Blavier, chercheur à l'EHESS, Manuel Boutet, chercheur à l'université de Nice, Lucie Champenois, chercheuse à l'Ecole Nationale Supérieure (ENS) de Cachan, Carole Gayet-Viaud, chercheuse au CNRS, et Erwan le Méner, chercheur à l'EHESS.

Sur le mouvement des Nuits Debout, nous avons tout entendu, « la moyenne d’âge est de vingt cinq ans », « un entre-soi de bobos parisiens », « aucun vrai prolétaire », mais « une bourgeoisie blanche urbaine », « des Sans Domicile Fixe (SDF) et des punks à chien qui boivent de la bière », « un rassemblement d’étudiants déclassés, de militants de l’ultra-gauche et de semi-professionnels de l’agitation et de la propagande ». Ces énoncés, souvent tranchants, mobilisent des catégories toutes faites, disent quoi penser, clament ce que le mouvement est, doit ou ne doit pas devenir, et hiérarchisent les endroits ou les moments de la place, le « vrai » et le « faux » mouvement des Nuits Debout. Nous plaidons ici pour une autre approche, commencer par établir les faits, en enquêtant collectivement.

Depuis les premiers jours du mouvement des Nuits Debout, une trentaine de chercheurs se sont relayés à Paris, place de la République. Nous y avons travaillé durant six soirées, entre le 8 avril et le 13 mai 2016, de 17 heures à 22 heures 30. A ce jour, près de six cent personnes ont répondu à notre questionnaire. Contrairement à nos craintes, les refus de participer à l’enquête ont été rares, les personnes rencontrées, même de culture anarchiste, ont plutôt perçu l’enquête comme un prolongement de leur propre questionnement et l’occasion de contribuer à une description mieux fondée que celles des observateurs pressés qui saturent les médias.

L’analyse de ces données, produites parallèlement à une ethnographie, commence à peine.

Mais les trois cent vingt huit premiers questionnaires exploités dissipent déjà bien des idées reçues sur les gens « debout » au cours des premières semaines du mouvement.

Sont-ils des jeunes ? Non, les personnes présentes n’ont pas principalement la vingtaine. La palette des âges est en réalité très large et varie suivant les heures. Entre 18 heures et 18 heures 30, par exemple, la moitié de la population a plus de trente trois ans. Et une personne sur cinq a plus de cinquante ans.

Sont-ils des hommes ? La population sur la place est bien aux deux tiers masculine. Cela peut s’expliquer en partie par le lieu, un espace public urbain, et les horaires tardifs, qui ne favorisent pas la présence des femmes, du fait de possibles engagements familiaux et de l’exposition au harcèlement de rue. Cette distribution inégale est l’objet de réflexions et d’actions au sein du mouvement, en commissions féministes comme en assemblée générale.

Sont-ils des parisiens ? Le Figaro affirme que les gens viennent « d’abord des quartiers centraux de Paris ». Or les quartiers les plus représentés sont plutôt ceux de l'est parisien et trente sept pour cent des participants habitant en Ile-de-France viennent en fait de banlieue. Un participant sur dix n’habite même pas en région parisienne.

Le mouvement est-il un entre-soi de diplômés, sans catégories populaires ? En première approximation, oui, la majorité des participants est diplômée du supérieur long, soixante et un pour cent, alors que ce n’est le cas que du quart de la population française. Mais l’image se brouille à y regarder de plus près, le taux de chômage est de vingt pour cent parmi les participants, soit le double de la moyenne nationale, et on compte seize pour cent d’ouvriers parmi les actifs, trois fois plus qu’à Paris et autant que dans l’Ile-de-France prise dans son ensemble.

Le mouvement est-il une fête apolitique ? Plus d’un tiers des personnes a participé à une manifestation contre le projet de loi travail. La proportion des enquêtés déclarant avoir déjà été membre d’un parti politique est même remarquable dans un contexte de désaffection militante, elle est de dix sept pour cent. Et vingt deux pour cent ont déjà cotisé à un syndicat. Les engagements citoyens, associatifs ou caritatifs sont également très représentés, plus de la moitié en a eu un ou plusieurs, aide aux réfugiés, aide aux sans-papiers, maraudes, associations de parents, associations de quartier, associations de défense de l’environnement, soutien scolaire, festivals et cafés associatifs.

Le mouvement est-il une foule amoureuse d’elle-même ? L’émotion vive, le frisson dans le dos de « l'être ensemble » sont loin de primer, la palette des engagements et des ambiances est plus large. Prendre au sérieux le fait que ce mouvement est un rassemblement de place, c’est admettre que la présence, si discrète, distraite ou ponctuelle soit-elle, vaut participation, flâner le long des stands et diffuser auprès d’amis ou de collègues des mails, des photographies ou des vidéos. Certains viennent pour la première fois, parfois de loin, « pour regarder » et se tenir au courant, ou pouvoir dire qu’ils y ont été, d’autres viennent observer, explorer, voir s’ils peuvent être saisis par le mouvement et être utiles.

Deux enquêtés sur trois ont apporté du matériel ou des denrées, donné de l’argent, pris la parole en assemblée générale ou participé à une commission. Une participation active et assidue aux commissions, prise de notes ou statut de « référent », peut aussi devenir un engagement à temps plein. Près de dix pour cent des enquêtés sont même devenus des quasi-permanents. En leur sein, les mondes professionnels associés au numérique et les ouvriers sont sur-représentés.

Vingt pour cent pour la transformation en parti politique

Le mouvement est-il un phénomène sans lendemain ? Il est étonnant que, pour être jugée utile, l’ouverture d’espaces de débats citoyens sur les affaires communes doive promettre de déboucher sur autre chose qu’elle-même. Comme si la politique ne valait qu’à l’horizon d’un but, l’accès au pouvoir et ses échéances. C’est d’autant plus étonnant que le goût du politique et la participation à la gestion des affaires communes sont ce dont on déplore souvent le supposé reflux. S’agissant du devenir du mouvement des Nuits Debout, seules vingt pour cent des personnes enquêtées les 28 avril et 11 mai 2016 ont déclaré souhaiter la transformation en parti politique. Beaucoup hésitent, tiraillés entre le désir « que cela prenne forme », le refus des formes partisanes déjà connues et le sentiment que l’expérimentation doit se poursuivre.

Le mouvement est-il l'expression d'une impossible lutte globale ? C’est là un autre préjugé, l’insistance sur le « commun » entraverait l’extension du mouvement et la construction de revendications. Pourtant, la pluralité des causes et des positions et la difficile réductibilité à l’unité ou à l’homogénéité militante, avec les tensions qu’elles entraînent, sont aussi une caractéristique positive du mouvement.

Notre matériau montre une formidable capacité à faire coexister des références politiques et culturelles diverses, allant du poète Louis Aragon à Mère Teresa ou Coluche, en passant par les chanteurs Georges Brassens, Renaud, Bob Marley, les films de Ken Loach ou de Jean-Luc Godard, les écrits de l’essayiste Naomi Klein, d’Adam Smith ou de Karl Marx, et une multitude d’autres. Certaines de ces références sont déjà internationales et la posture revendicative les traverse largement. De plus, si les horizons se situent surtout à gauche, malgré une déception générale à l’égard de l’actuel gouvernement, on rencontre jusqu’à des élus locaux de partis de droite.

Une sympathie en marche

A Paris, les publics du mouvement des Nuits Debout sont donc bien plus variés qu’on ne l’a dit. Ils ont en partage des formes de participation citoyenne diversifiées, l’écoute des autres et l’imagination d’un avenir commun n’étant pas des moindres. Une limite à l’extension du mouvement réside probablement dans la perception qu’en ont ceux qui se suffisent de descriptions univoques. Voulant clore la question de ce qu’il est, ils s’interdisent la possibilité d’être surpris par le mouvement.

Au contraire, ceux qui s’engagent le plus payent de leur personne pour contribuer à le façonner.

D’autres, quoique sympathisants, n’osent pas venir faire l’expérience, parfois parce qu’ils ne s’en sentent pas la capacité, temporelle ou physique, comme cette dame âgée qui voudrait manifester davantage sa sympathie, « vous êtes là pour Nuit debout ? ». « Oui, j’aimerais bien. Mais je suis trop vieille, moi, vous savez. Je ne peux pas rester debout comme cela si longtemps ».

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20 mai 2016 5 20 /05 /mai /2016 17:47

Le carburant rationné dans le nord-ouest à cause des grèves (Reuters)

Le mouvement de grève contre le projet de loi travail dans le secteur pétrolier, à l'appel de la Confédération Générale du Travail (CGT) et de la CGT Force Ouvrière, fait tache d'huile et commence à se faire sentir aux pompes dans un grand quart nord-ouest de la France.

Les préfectures de Loire-Atlantique, d'Orne et de Sarthe ont décrété Vendredi 20 Mai 2016 des limitations pour l'achat de carburant, alors que les salariés de plusieurs raffineries et dépôts de carburant ont voté une grève reconductible ou illimitée.

La préfecture de Seine-Maritime a annoncé dans la soirée avoir demandé aux forces de l'ordre de procéder au déblocage d'un dépôt de carburant situé dans la commune de Grand-Quevilly et précisé que l'opération s'était déroulée dans le calme.

« Elle devrait permettre de réapprovisionner en essence les stations-services du département de façon à satisfaire les besoins des services prioritaires de sécurité et de secours mais aussi de l'ensemble de la population », explique la préfecture.

Le secrétaire d’état aux transports a assuré le matin sur France Info qu'il n'y avait pas de risque à ce stade de pénurie de carburant, mais admis que vingt pour cent des stations autour du Havre et de Rouen étaient fermées.

Ses services ont annoncé dans l'après-midi que des arrêtés avaient été pris pour autoriser la circulation des camions ce week-end, afin de réapprovisionner les stations services.

Encore faut-il que ces camions puissent faire sortir du carburant des raffineries et des dépôts.

« L'objectif est l'arrêt de toutes les raffineries en France. C'est un appel à la grève illimitée », a déclaré à Reuters le délégué central CGT de Total Raffinage Pétrochimie, Thierry Defresne.

« Le but n'est pas de créer la pénurie, c'est d'obtenir le retrait de la loi travail », a-t-il ajouté.

Il a précisé que les salariés de la raffinerie Total de Normandie, à Gonfreville-l'Orcher, dans le département de la Seine-Maritime, avaient voté à cinquante six pour cent pour l'arrêt complet des installations. Ceux de la raffinerie Total de Grandpuits, en Seine-et-Marne, ont voté la reconduction de la grève pour soixante douze heures, a-t-il ajouté.

La raffinerie Total de Donges, près de Nantes, a suivi le mouvement en reconduisant l'arrêt des expéditions pour une semaine supplémentaire, jusqu'au Vendredi 27 Mai 2016.

Thierry Defresne a ajouté que les expéditions à partir du site de stockage des Flandres, à Dunkerque, sous contrat avec la société anonyme de gestion des stocks de sécurité (SAGESS), organisme de gestion des stocks stratégiques, sont bloquées depuis le Jeudi 19 Mai 2016.

Selon le secrétaire fédéral de la branche pétrole de la CGT, Emmanuel Lépine, « plus rien ne sort » du site de stockage pétrolier de la Compagnie Industrielle Maritime (CIM), au Havre, un des principaux points d'entrée du pétrole brut et des carburants importés en France.

« Les salariés ont décidé d'entrer en grève illimitée. C'est important parce que c'est un site qui alimente à la fois Grandpuits et l'aéroport de Roissy », a-t-il dit à Reuters.

La préfecture de Loire-Atlantique a annoncé que les véhicules de moins de trois tonnes cinq cent kilogrammes ne pouvaient pas acheter plus de vingt litres de carburant. Pour ceux de plus de trois tonnes cinq cent kilogrammes, la limite est de quarante litres.

Le préfet de l'Orne a pour sa part décidé de limiter à vingt litres les achats de carburant pour les voitures et à cinquante litres pour les poids lourds, face à la ruée des automobilistes sur les pompes pour constituer des réserves.

Sa collègue de la Sarthe a, quant à elle, interdit l'achat de carburant dans des bidons, « pour tenir compte des difficultés d'approvisionnement plus importantes dans les départements voisins ».

« Il n'y a pas de risque de pénurie à court terme », a dit Vendredi 20 Mai 2016 Alain Vidalies. « Evidemment, si cela durait des semaines, la question se poserait ».

La question d'un recours aux forces de l'ordre pour débloquer des dépôts de carburant pourrait « naturellement se poser en cas de difficulté majeure mettant en cause le fonctionnement de l'économie française », a-t-il ajouté.

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