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5 août 2017 6 05 /08 /août /2017 18:10

 

 

L’assemblée constituante limoge la procureure générale (Reuters)

 

L’assemblée constituante désignée la semaine dernière au Venezuela a révoqué Samedi 5 Août 2017 la procureure générale dissidente Luisa Ortega, une décision dénoncée comme un affront à la démocratie par l'opposition.

Depuis le début du mouvement de contestation au mois d’avril 2017, Luisa Ortega était devenue la principale adversaire du président Nicolas Maduro, issue des rangs du Parti Socialiste Unifié du Venezuela (PSUV). Elle dénonçait les violations des droits de l'homme commises par le gouvernement et l'illégalité des élections constituantes.

La nouvelle assemblée constituante a voté Samedi 5 Août 2017 son limogeage à l'unanimité lors de sa première session, après réception d'une lettre de la cour suprême alliée de Nicolas Maduro l'informant d'un ordre d'arrestation contre Luisa Ortega, accusée de faute grave.

Quelques heures auparavant, des membres de la garde nationale ont pris position autour de son bureau, empêchant la procureure générale d'y entrer.

Luisa Ortega a dit à des journalistes avoir été violentée alors qu'elle tentait d'entrer, précisant qu'un policier l'avait frappée avec un bouclier. Elle a finalement quitté les lieux à moto.

L’assemblée constituante a remplacé Luisa Ortega par le médiateur du pays, Tarek Saab, un allié du gouvernement accusé par l'opposition de fermer les yeux sur ses abus.

Vendredi 4 Août 2017, le parquet général qu'elle dirigeait encore a demandé à la justice d'annuler l'inauguration de cette assemblée en raison de soupçons de manipulation du vote par les autorités.

Les pouvoirs de la nouvelle instance législative sont pratiquement illimités et le limogeage de la procureure générale est vu par les opposants comme une confirmation des ambitions dictatoriales de Nicolas Maduro. Plusieurs pays dont les Etats-Unis ont refusé de reconnaître le corps législatif.

« L'assemblée constituante résout les problèmes politiques de Nicolas Maduro, distribue des quotas et lynche les institutions », estimait le député d'opposition Jose Manuel Olivares après l'annonce du renvoi de Luisa Ortega.

Le MERcado COmun del SUR (MERCOSUR) a annoncé Samedi 5 Août 2017 la suspension du Venezuela jusqu'au rétablissement de la démocratie dans le pays, alimentant la pression sur le président Nicolas Maduro afin qu'il démantèle la nouvelle assemblée constituante.

La chambre est en mesure de réécrire la constitution, de modifier les institutions et d'autoriser Nicolas Maduro à gouverner par décret. Ses membres avaient promis de démettre Luisa Ortega à la première occasion.

Le président Nicolas Maduro assure que cette assemblée apaisera le pays après quatre mois de manifestations antigouvernementales qui ont fait plus de cent vingt morts, dans un pays miné par les pénuries et la récession.

Proche de l'ancien président Hugo Chavez, Luisa Ortega a pris ses distances cette année avec le régime de Nicolas Maduro.

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4 août 2017 5 04 /08 /août /2017 18:19

 

 

Les pertes russes en Syrie plus lourdes que le bilan officiel (Reuters)

 

Dix militaires russes sont morts au combat en Syrie depuis le début de l'année, selon les chiffres fournis par le ministère de la défense à Moscou.

Mais sur la foi de comptes rendus des familles et d'amis des victimes et au vu de ce que disent les autorités locales, Reuters évalue en fait à au moins quarante le nombre de militaires et d'employés de sociétés privées de sécurité russes tombés en Syrie durant cette période.

Sur ces quarante, dix sept sont des militaires et vingt et un sont des employés de sociétés privées. On ignore le statut des deux personnes restantes.

Mercredi 2 Août 2017, le ministère russe de la défense a apporté un démenti cinglant aux informations avancées par Reuters, estimant qu'il s'agissait « d'un mensonge de bout en bout ».

Le total des sept derniers mois dépasse le bilan de trente six militaires et employés de sociétés privées russes morts en Syrie au cours des quinze mois antérieurs à 2017.

Ceci traduirait une hausse importante des pertes au combat, alors même que l'engagement militaire russe entamé au mois de septembre 2015 s'intensifie aux côtés des troupes de Bachar al Assad.

Les autorités russes disent que vingt trois militaires russes sont morts en Syrie pendant quinze mois, mais Reuters a calculé que le bilan des morts était de trente six, en englobant des employés de sociétés sous-traitantes.

La majeure partie des décès signalés par Reuters pour 2017 ont été confirmés par plus d'une personne, dont ceux qui connaissaient le défunt ou les autorités locales. Dans neuf cas, Reuters a pu corroborer par une autre source un décès signalé par les réseaux sociaux ou la presse locale.

L'état-major russe encourage les familles de défunts à ne pas faire état du décès qui les touche, ont déclaré des proches de militaires tués, s'exprimant sous le sceau de l'anonymat.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a tenu Mercredi 2 Août 2017 à affirmer que, s'il y avait des citoyens privés russes combattant aux côtés des forces syriennes, il s'agissait de volontaires qui n’ont rien à voir avec l’état.

Et le ministère de la défense, dans son démenti apporté par son porte-parole, Igor Konachenkov, et reproduit par les agences russes de presse, ajoute que « ce n'est pas la première fois que Reuters cherche à discréditer par tous les moyens l'opération russe visant à détruire les terroristes de l'Etat Islamique et à rétablir la paix en Syrie ».

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4 août 2017 5 04 /08 /août /2017 18:04

 

 

Le procureur spécial sur la Russie forme un grand jury (Reuters)

 

Vendredi 4 Août 2017

 

Le procureur spécial Robert Mueller, nommé au mois de mai 2017 pour diriger l'enquête sur l'ingérence présumée de la Russie dans la campagne présidentielle de 2016 aux Etats-Unis, a constitué un grand jury à Washington, a-t-on appris de deux sources informées.

Le Wall Street Journal, qui a été le premier à rapporter l'information, écrit que la constitution de ce grand jury, qui a entamé ses travaux il y a quelques semaines, illustre le fait que l'enquête non seulement avance mais prend de l'ampleur.

Le président Donald Trump a critiqué la décision de confier une enquête à Robert Mueller, un ancien patron du Federal Bureau of Investigation (FBI), sur les soupçons de collusion entre son équipe de campagne et la Russie, jugeant qu'elle nuisait au pays en le divisant.

« C'est une étape importante dans l'enquête de Robert Mueller », a commenté Paul Callan, un ancien procureur.

« Cela laisserait entendre que Robert Mueller a découvert des informations qui pourraient justifier des poursuites pénales. La question est de savoir contre qui », a-t-il ajouté.

John Dowd, l'un des avocats personnels de Donald Trump, a déclaré « qu’en ce qui concerne l'annonce d'un grand jury, je peux vous dire que le président Donald Trump n'est pas visé par une enquête ».

L'annonce de la constitution de ce grand jury a fait baisser Wall Street et le dollar.

Aux Etats-Unis, un grand jury est un groupe de citoyens qui, réuni à huis clos, étudie les éléments fournis par un procureur dans les dossiers dont il a la charge afin d'établir s'il convient d'entamer des poursuites pénales.

Le procureur Robert Mueller, nommé au mois de mai 2017, pourrait s'appuyer sur lui pour élargir son enquête et lancer par exemple des assignations à comparaître.

Reuters a d'ailleurs appris, après la publication de l'article du Wall Street Journal et sur la foi de sources au fait du dossier, que de telles assignations à comparaître avaient été émises par le grand jury à propos de la rencontre au mois de juin 2016 entre le fils de Donald Trump, une avocate russe et d'autres personnes de l'entourage du chef de la Maison Blanche.

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4 août 2017 5 04 /08 /août /2017 17:53

 

 

VICHY C EST LA FRANCE

 

Robert Duguet écrivait récemment un très long message relatif à l’histoire du Rassemblement National Populaire (RNP) de Marcel Déat et au Parti Populaire Français (PPF) de Jacques Doriot.

 

Vous trouverez ci-dessous le paragraphe de son message relatif au vote des pleins pouvoirs à Philippe Pétain au mois de juillet 1940.

 

Le message est disponible en totalité si vous consultez le blog de Robert Duguet à l’adresse ci-dessous.

 

Bernard Fischer

 

http://socialisme-2010.fr/blog2016/index.php

 

VICHY C EST LA FRANCE

 

Fondamentalement la doctrine planiste ou néo-socialiste condamne le libéralisme parce qu’il a institué l’anarchie sociale, elle rejette la lutte des classes qui en est la conséquence directe et donc le rôle de la classe ouvrière, comme moteur du développement historique. Le révisionnisme dans le mouvement ouvrier commence toujours sur cette question. Les planistes voient dans l’association des experts le groupe social en capacité de sortir la société de la crise qu’elle traverse. En 1931 se fonde le courant du planisme des ingénieurs. Ses fondateurs Gérard Bardet et André Loizillon associent des personnalités issues de polytechnique pour trouver des solutions aux problèmes économiques des années 1930. Les planistes ne se réunissent pas seulement entre experts mais ils vont jouer un rôle incontestable dans la superstructure politique et multiplier des liens avec des hommes politiques appartenant aussi bien aux courants de gauche que de droite et jusqu’à l’extrême droite maurrassienne.

 

Ils revendiquent le « ni gauche ni droite » et ils souhaitent un état dirigé par des experts qui dépossède la représentation parlementaire de ses prérogatives. Les planistes proposent la création d’un conseil des corporations et d’un conseil d'état, institutions qui permettraient de limiter les pouvoirs des députés élus au suffrage universel.

 

Intervenant dans la tragédie de la défaite des armées alliées face à l’offensive allemande du mois de juin 1940, le 10 juillet 1940 est soumise à l'assemblée nationale, incluant à la fois les députés et les sénateurs, une proposition de révision des lois constitutionnelles régissant la troisième république. Il s’agit d’attribuer les pleins pouvoirs constituants au maréchal Philippe Pétain, président du conseil. C’est Pierre Laval qui manœuvre pour faire avaler la pilule. Quatre vingt sept députés refusent, l’arc politique qu’ils représentent est très large. En fait la question de la transmission de tous les pouvoirs au maréchal Philippe Pétain divise tous les partis, du Parti Socialiste de Léon Blum à l’extrême droite maurrassienne. Pour faire litière du reste sur les positions qui seront celles aussi bien de Charles de Gaulle que de François Mitterrand, c’est bien l’assemblée nationale issue du Front Populaire, moins le Parti Communiste Français (PCF) qui avait été dissous et un certain nombre d’élus absents à Vichy ce jour-là, qui commet la trahison. Ce faisant ce vote engage la responsabilité historique de la France en tant que telle, notamment dans l’affaire de la rafle du Vélodrome d'Hiver impliquant directement la police d'état qui suscite encore aujourd’hui les polémiques que nous savons.

 

Lorsque le maréchal Philippe Pétain mettra en place son cabinet, c’est naturellement que les planistes et les néo-socialistes y trouveront leur place. Le syndicalisme confédéré est dissous et remplacé par le système des comités d’organisation,  pilotés par des planistes. La charte du travail instaure des corporations par branches d'activité, dans le but d’associer dans la même communauté d’intérêts patrons et ouvriers et d'éviter ainsi la lutte des classes. La doctrine sociale de l’église servira de prêt à porter idéologique, patrons et ouvriers nous sommes tous des membres du « corps mystique du christ ». L'église catholique présente à Vichy soutiendra le régime. Le cardinal Pierre Gerlier écrira alors que «  Pétain, c'est la France et la France, aujourd'hui, c'est Pétain ».

 

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4 août 2017 5 04 /08 /août /2017 17:22

 

 

http://www.elmundo.es/cataluna/2017/07/31/597e296ae2704e4f608b45d6.html

 

Pablo Iglesias manoeuvre pour renverser le leader de Podemos en Catalogne

 

Lundi 31 Juillet 2017

 

Les cercles demandent une assemblée pour « élire de nouveaux organes de direction »

 

Le secrétaire général de Podemos en Catalogne, Albano Dante Fachin, est sur une corde raide. Au moins trente pour cent de ses cercles territoriaux demandent une assemblée pour « renouveler les organes de direction », comme l'a confirmé lors d'une rencontre avec ce journal le cofondateur du parti violet, Juan Carlos Monedero, qui ne fait pas partie de la direction, mais qui a une influence importante sur la direction nationale.

La position d’Albano Dante Fachin sur le référendum unilatéral annoncé pour le premier octobre 2017, il a demandé de faire campagne en faveur de la participation, et le refus de rejoindre Xavier Domènech et Ada Colau dans leur nouveau parti régional ont provoqué une rupture grave avec l'équipe de Pablo Iglesias et sa propre base qui demande d’inverser les décisions et de changer l’actuelle direction de Podem Catalunya.

En fait, il y avait la semaine dernière une réunion entre Pablo Iglesias et Alberto Dante Fachin, qui s’est terminée avec une profonde divergence et avec l’annonce du leader de Podem Catalunya de soumettre au vote sa position de participation au référendum du premier octobre 2017 et de refus de converger avec Ada Colau et Xavier Domènech. « Nous vous recommandons de convoquer une assemblée citoyenne plénière pour prendre toutes les décisions », a dit le secrétaire à l’organisation de Podemos, Pablo Echenique, surpris par cette nouvelle position d’Alberto Dante Fachin.

« Il y a quelque chose de cassé », a dit Juan Carlos Monedero pour expliquer la situation interne de la section catalane de Podemos, dont la base est prête à imposer un changement de direction en demandant la convocation d'une assemblée citoyenne. Pour ce faire, il est nécessaire d’avoir le soutien de trente pour cent des cercles territoriaux, un minimum déjà atteint, dont des poids lourds comme le leader de l’opposition en Catalogne Jessica Albiach, le sénateur Óscar Guardingo ou le membre du conseil citoyen national Vicenç Navarro.

Ils ont tous les trois signé une lettre aux adhérents, par laquelle ils demandent un changement complet dans le fonctionnement organique de la formation. Juan Carlos Monedero lui-même, qui s’est déplacé à Barcelone et qui était en contact avec les cercles territoriaux ce week-end, soutient également ce changement et appelle à aller plus vite, « il est urgent de renouveler les organes de direction et de récupérer la position par laquelle nous avons gagné les élections » générales en Catalogne.

Plus précisément, il y a trois problèmes qui sont attribués et qui sont reprochés à la direction d’Albano Dante Fachin, le recul sur la question indépendantiste au détriment du débat social en Catalogne, l’approche du faux référendum, que la direction nationale ne partage pas, et le refus de l’unité avec Ada Colau. « Podem Catalunya doit être le centre du nouveau parti », conclut le cofondateur de la formation, qui demande même que le nom du parti violet apparaisse dans ce nouvel espace.

En effet, le refus d'Albano Dante Fachin, soumis à un vote interne, d’intégrer Catalunya en Comú avec d'autres forces comme Initiative pour la Catalogne Verte (ICV), Esquerra Unida i Alternativa (EUiA) et la plateforme municipaliste de la maire de Barcelone, a été le premier désaccord majeur avec Pablo Iglesias, plus proche de Xavier Domènech grâce à leur travail commun au congrès. « Il y avait un manque de dialogue, nous devons le résoudre », a dit Juan Carlos Monedero.

La goutte qui a fait déborder le vase était la position sur le référendum du premier octobre 2017, avec Albano Dante Fachin participant à des réunions avec Carles Puigdemont et même des actions avec la Candidature d’Unité Populaire (CUP), mercredi dernier. « Podem Catalunya est devenu un invité permanent dans les actions de Junts pel Si », a dit Juan Carlos Monedero.

Il a été aussi agacé par les réponses d’Albano Dante Fachin aux critiques de la direction contre le processus, qui ont augmenté les tensions dans le parti. « Il a perdu la capacité de rassembler », a conclu Juan Carlos Monedero.

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3 août 2017 4 03 /08 /août /2017 19:18

 

 

MAREA SOCIALISTA

 

Vous trouverez ci-dessous la première partie d’un long message relatif à l’actuelle situation politique au Venezuela suite à l’élection de l’assemblée nationale constituante de Nicolas Maduro. La deuxième partie est une longue citation de Luisa Ortega Diaz. Elle est disponible à l’adresse ci-dessous.

 

Bernard Fischer

 

https://blogs.mediapart.fr/saintupery/blog/010817/le-chavisme-dissident-denonce-la-neodictature-et-appelle-la-resistance

 

Le chavisme dissident dénonce la néo dictature et appelle à la résistance

 

Mardi Premier Août 2017

 

Pour les voix critiques qui, au sein du chavisme et de la gauche vénézuélienne, dénoncent depuis des mois, voire des années, la dérive autoritaire mafieuse de Nicolas Maduro et du mouvement bolivarien, la farce électorale de l'assemblée constituante est un point de non-retour. Elle est aussi un défi politique et moral majeur pour l’ensemble de la gauche radicale en France et dans le monde.

D’après le Conseil National Electoral (CNE) vénézuélien, huit millions quatre vingt neuf mille trois cent vingt personnes auraient participé le Dimanche 30 Juillet 2017 à l’élection de la nouvelle assemblée nationale constituante convoquée par Nicolás Maduro et contestée et boycottée non seulement par l’opposition, mais par nombre de figures historiques du chavisme, dont plusieurs anciens ministres d’Hugo Chávez. Ce qui veut dire que, au beau milieu de la crise la plus terrible de l’histoire du Venezuela, alors que trois vénézuéliens sur quatre souffrent de malnutrition, que le pays est en proie à une véritable insurrection populaire depuis plus de trois mois et que toutes les enquêtes accordent à Nicolas Maduro entre quinze et vingt pour cent de popularité, le gouvernement serait devenu en quelques semaines, comme par miracle, extraordinairement populaire, et que deux millions quatre cent mille électeurs additionnels seraient venus renforcer les cinq millions six cent vingt deux mille huit cent quarante quatre voix chavistes des dernières élections législatives, qui avaient donné la victoire à l’opposition il y a dix-neuf mois. Ce alors que, malgré l’interdiction fréquente faite à la presse et aux personnes privées de photographier les bureaux de votes, tous les témoignages indépendants concordent pour signaler la très faible participation au scrutin.

Mais avant même le déroulement de cette farce électorale, ce sont les bases de la convocation de cette assemblée constituante monocolore et ultra-minoritaire qui sont totalement viciées. Comme l’explique fort bien le sociologue Edgardo Lander, figure bien connue des milieux altermondialistes et du mouvement social vénézuélien et principal organisateur du Forum Social de Caracas en 2006,  « nous nous trouvons dans une situation où l’on impose un mécanisme d'assemblée constituante qui non seulement est anticonstitutionnel, mais qui repose sur la construction d’un corps électoral élaborée de manière très calculée pour garantir que, indépendamment de l’opinion de la majorité de la population vénézuélienne, le madurisme puisse imposer sa majorité. Cela se fait d’abord par le biais de la surreprésentation des communes les moins peuplées, à savoir qu’une commune de quatre mille habitants peut avoir la même représentation qu’une de huit cents mille habitants. Il ne s’agit pas d’un biais contingent, mais d’un mécanisme totalement calculé. Ensuite, il y a une part de représentation corporative par secteur professionnel faite sur la base de listes dont on ne sait absolument pas d'où elles sortent. Il n’est absolument pas clair qui intègre chaque liste respective et cela introduit une distinction entre citoyens de première catégorie et citoyens de deuxième catégorie, parce que certains citoyens disposent à la fois d’un vote territorial et d’un vote par secteur, tandis que d’autres n’ont qu’un vote territorial, ce qui viole totalement l’idée qu’une personne égale une voix. Tout cela s’est fait sous la table, comme dans un jeu de cartes truqué. Il s’agit d’un mécanisme électoral et d’un projet de constituante fabriqués dans des conditions où le gouvernement part de l’hypothèse qu’il lui est impossible de gagner des élections. C’est le cas du référendum révocatoire réclamé par l’opposition, qui n’a pas eu lieu alors que tous les délais et toutes les exigences requises ont été respectés. Pareillement, le gouvernement a refusé d’organiser l’élections des gouverneurs parce qu’il savait qu’il allait les perdre, même chose pour les élections municipales et même pour les élections syndicales, reportées depuis plus d’un an, et, dans ces conditions, il n’y a aucune garantie que des élections présidentielles aient lieu l’année prochaine. Par conséquent, un gouvernement qui reconnaît qu'il est incapable de gagner des élections au suffrage universel, direct et secret, invente un mécanisme spécialement conçu pour, malgré son absence de majorité, engendrer un système politique qu’il puisse contrôler. C’est bien entendu une violation de toute notion de souveraineté et de démocratie populaire, qui s’impose contre la volonté de la majorité de la population ».

Face à ce qu’il dénonce comme « la plus vaste fraude électorale de notre histoire contemporaine », une des voix les plus respectées du chavisme critique, Nicmer Evans, ancien porte-parole de l’organisation Marea Socialista, appelle à la résistance, « l'inconstituante a été élue et elle va s’installer. Elle délimite le début d’un gouvernement totalitaire supraconstitutionnel qui possède désormais la faculté formelle pour exécuter ses menaces. Il va s’en prendre d’abord à l'assemblée nationale, ensuite à la procureure de la république et tôt ou tard à toute forme de dissidence, quelle que soit sa couleur ou son étiquette. Il est non seulement nécessaire mais indispensable de forger un front antitotalitaire qui permette d’amorcer des définitions tactiques face à l’instauration de cette néo dictature du vingt et unième siècle. À chacun de prendre ses responsabilités, chavistes critiques, chavistes démocratiques, gauche démocratique, dirigeants critiques de l’opposition traditionnelle, secteurs démocratiques de la table d'unité démocratique (MUD) et aussi tous ceux qui ne se reconnaissent dans aucun épithète, sigle ou sobriquet, nous devons tous comprendre que, seuls ou divisés, nous ne pourrons rien faire faire contre le totalitarisme ».

Une autre personnalité chaviste importante, l'ancienne défenseuse du peuple, l'équivalent du défenseur des droits français, Gabriela Ramírez, écrit sur son compte tweeter que le Dimanche 30 Juillet 2017 est « un jour de tristesse pour la démocratie et un coup de poignard contre ceux qui avaient pour mission de la protéger. Tandis que d’aucuns comptent des votes imaginaires et même les célèbrent, le Venezuela compte ses morts et les pleure ».

Le Dimanche 30 Juillet 2017 est effectivement un jour de tristesse pour le peuple vénézuélien. Il est aussi un jour de honte pour la gauche régionale et mondiale. Peut-être pire encore que les défenseurs inconditionnels de la kleptocratie mafieuse et assassine de Nicolas Maduro, dont le nom restera à jamais inscrit dans l’histoire mondiale de l’ignominie idéologique, il y a tous ceux qui, courageusement, préfèrent se taire sur la question, ou bien noyer le poisson à coups d’arguments spécieux et de maquillage grossier des faits, ou encore euphémiser la gravité de la crise et la nature criminelle du régime bolivarien. Visant soi-disant à ne pas désespérer les troupes progressistes ou à ne pas faire le jeu de la droite, ces positions sont d’une irresponsabilité absolue. Ce sont en réalité les tenants de cette politique de l’autruche idéologique qui font le jeu de la droite internationale et d'Emmanuel Macron en France, parce que la droite et Emmanuel Macron vont tout faire pour attaquer et discréditer la gauche radicale sur la question vénézuélienne, avec chaque jour hélas un peu plus d’excellents arguments pour le faire.

En termes absolus, la débâcle vénézuélienne n’est pas nécessairement la crise la plus grave de la région, mais elle est sans conteste la catastrophe idéologique la plus terrible du début du vingt et unième siècle pour la gauche régionale et mondiale. Un siècle après la révolution d'octobre 1917, une bande de voyous sans foi ni loi se prétendant socialistes et n’ayant pour horizon que la survie de leur pouvoir et de leurs immondes trafics, qui se chiffrent en centaines de milliards de dollars évaporés, est en train d’installer une dictature de la matraque et de la faim sur un peuple de trente et un millions cinq cent mille habitants et une bonne partie de la gauche radicale applaudit, tergiverse ou se tait. Cela ne lui sera pas facilement pardonné.

Mais laissons plutôt la parole à la procureure de la république bolivarienne du Venezuela, Luisa Ortega Díaz, figure éminente du chavisme, qui résume assez bien ce qu’il y a à penser de ce qui vient de se passer le Dimanche 30 Juillet 2017 dans une conférence de presse tenue le lendemain depuis le siège du ministère public. Pour Luisa Ortega Díaz, dont Nicolas Maduro vient d’annoncer que, en tant que traîtresse, elle serait une des premières cibles des représailles du gouvernement, le processus de la constituante du Dimanche 30 Juillet 2017 n’a aucune légitimité et elle ne peut qu’en récuser l’origine, la procédure et le résultat.

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3 août 2017 4 03 /08 /août /2017 18:38

 

 

https://www.ensemble-fdg.org/content/jlm-la-france-le-vel-dhiv-et-la-republique

 

Jean Luc Mélenchon, la France, la rafle du Vélodrome d'Hiver et la république

 

Mercredi 26 Juillet 2017

 

Je viens de lire avec une grande attention, une fois n’est pas coutume, le billet du 17 juillet 2017 de Jean Luc Mélenchon sur son blog.

Ce billet est en deux parties. La première partie porte sur les ordonnances du gouvernement pour modifier en profondeur le code du travail. La verve et le talent de Jean Luc Mélenchon s’y expriment avec pédagogie et conviction. Comme à son habitude, quand il aborde ces sujets sous l’angle de la confrontation capital travail, Jean Luc Mélenchon va à l’essentiel et se situe sur une ligne de classe, celle du monde du travail. 

Bien entendu, sur cette partie il y aurait matière à débattre, à compléter ou à contredire sur tel ou tel point, les propos de Jean Luc Mélenchon. Mais le débat contradictoire, parfois virulent, est un héritage du mouvement ouvrier, de sa diversité et de son histoire. Cette discussion est nécessaire, avec la volonté de progresser collectivement sur ces questions. Mais comme je l’ai dit, Jean Luc Mélenchon se situe incontestablement sur le terrain de la lutte des classes en ce qui concerne la loi d'Emmanuel Macron contre le code du travail. Face à l’agression sociale que constituent ces ordonnances, l’urgence est de faire front commun.

Mais ce qui suscite ma réaction, c’est la deuxième partie de son billet et plus particulièrement la fin du billet dans laquelle il réagit à la déclaration d'Emmanuel Macron sur la responsabilité de la France dans la rafle du Vélodrome d'Hiver.

Jean Luc Mélenchon reprend la position traditionnelle de Charles de Gaulle à François Mitterrand selon laquelle Vichy, ce n’était pas la France. Il complète cette position par l’affirmation que « dire que la France, en tant que peuple et en tant que nation, est responsable de ce crime, c’est admettre une définition essentialiste de notre pays totalement inacceptable. La France n’est rien d’autre que sa république ».

Si la France n’est que sa république, nous pourrions convenir que, en 1942, au moment de la rafle du Vélodrome d'Hiver, la république étant abolit par la révolution nationale du maréchal Philippe Pétain, la France n’est pas ce gouvernement.

Mais sur le temps long historique, cette assertion nous amène à considérer que la France disparaît et réapparaît entre 1792 et l’avènement de la troisième république dans les années 1870.

Plus sérieusement et plus proche de 1942, est ce la France, ou pas, qui organise en 1940, avant les pleins pouvoirs donnés à Philippe Pétain, une autre rafle, toujours au Vélodrome d'Hiver ?

Le 15 Mais 1940, le très républicain gouvernement de Paul Reynaud organise l’arrestation de cinq mille femmes. « Avis à la population, les femmes célibataires et mariées sans enfant rejoindront le Vélodrome d'Hiver », voilà l’ordre adressé aux forces de l’ordre par le gouvernement de la république française. L'injonction s'adresse aux immigrées d'origine allemande, juives, communistes et opposantes, toutes celles qui s'étaient réfugiées à Paris, fuyant leur pays sous la botte nazie depuis le milieu des années 1930.

Certes il n’y a pas d’enfants, certes elles ne sont pas toutes juives, mais cinq mille femmes sont entassées au Vélodrome d'Hiver puis transportées au camp d’internement de Gurs dans les Pyrénées Atlantiques.

A l’entrée de ce que fut ce camps, il est rappelé ceci, « ici furent internés vingt trois mille combattants républicains espagnols, sept mille volontaires des brigades internationales, cent vingt patriotes et résistants français, douze mille huit cent soixante juifs immigrés aux mois de mai et de juin 1940, six mille cinq cent juifs allemands du pays de Bade et douze mille juifs arrêtés sur le sol de France par Vichy entre 1939 et 1944. Souvenez- vous ».

Si, ici, il est fait une distinction entre les mois de mai et de juin 1940 et Vichy, il est tout de même difficile de percevoir une différence de nature entre les deux périodes. En tout cas la performance du gouvernement républicain est à souligner.

Tous, ou presque, finirent dans les camps de concentrations ou d’exterminations, rouges ou juifs ou les deux.

En suivant le raisonnement induit par l’argumentation de Jean Luc Mélenchon, on peut se demander quand la France, qui n’est que la république, a-t-elle cessé d’être, en tout état de cause avant la suppression de la république. 

En fait, il suffit de reprendre le fil de la lutte acharnée contre le fascisme et le nazisme pour voir que, de la déclaration du patronat français en 1935, « plutôt Adolf Hitler que le Front Populaire », à la collaboration active de l'état français à la mise en œuvre de la solution finale, il y a une continuité et une lente adaptation aux plus terribles circonstances de la lutte.

Philippe Pétain, ce n’est pas la disparition de la France et de sa république, c’est aussi l’exacerbation de la lutte contre le péril rouge dont le fascisme a été la forme la plus virulente. Dire cela ce n’est nié la spécificité raciste et antisémite du régime nazi.

Mais le patronat allemand n’a pas été le seul à profiter ou à s’adapter à la politique du régime nazi. Les maitres de forge en France se sont coulés par lâcheté ou cynisme, à moins que cela ne soit par intérêt, dans la collaboration. Combien ont-ils été déchus de leurs prérogatives et de leur rang social lorsque, en 1945, la France fut revenue dans la république ?

 Bien entendu la lutte contre le nazisme ne peut se résumé par l’unique lutte des classes. Mais force est de constater que la lutte de classe n’avait pas disparue dans la lutte contre le nazisme.

Bien entendu, La France ne peut être niée, elle existe comme langue, comme pays, comme histoire et comme état. Mais c’est une réalité mouvante, changeant au gré de l’évolution historique et des rapports de force.

Que dire de la république qui tout au long de son histoire incarna à la fois l’espoir d’émancipation de la révolution, la fameuse sociale rêvée par les révolutionnaires du dix neuvième siècle et l’autoritarisme de l'état. Et nous ne parlerons pas de la république coloniale, de ses massacres et de ses guerres.

On objectera qu’il nous faut prendre en compte les valeurs de la république, les conquêtes sociales, la liberté, l'égalité et la fraternité.

Mais ces valeurs et ces conquêtes ne sont que le résultat des luttes sociales. La république ne se rempli d’un contenu social et émancipateur que sous la poussée de la lutte des classes.

Le reste du temps, la république s’incarne dans les politiques concrètes de l'état, elle réprime le salariat révolutionnaire, elle soumet par la violence les peuples à coloniser et elle enferme au Vélodrome d'Hiver les opposants, les réfugiés, les indésirables, les rouges et les juifs.

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3 août 2017 4 03 /08 /août /2017 18:09

 

 

http://www.elmundo.es/cataluna/2017/07/10/59635e3ce2704e49498b45c0.html

Ada Colau est déterminée à faciliter le vote du référendum, sans le soutenir

Lundi 10 Juillet 2017

La maire de Barcelone a demandé à ne pas douter de Barcelone, « ville engagée pour le droit de décider »

Catalunya Comú est seulement pour une mobilisation non contraignante pour le droit de décider et n’appelle pas à la participation

Ada Colau est déterminée à faciliter le développement du référendum que le gouvernement catalan de Junts pel Si et la Candidature d’Unité Populaire (CUP) veulent organiser le premier octobre 2017. Un message envoyé en tant que maire de la ville de Barcelone, une mairie clé qui représente environ un million six cent mille habitants, alors que Catalunya en Comú a considéré la future convocation du gouvernement catalan comme une « mobilisation pour le droit de décider » et décidé de ne pas appeler à la participation. L’ancienne militante est restée prudente et elle a dit qu'il n’y avait aucune garantie que le vote soit « un référendum effectif » s’il était organisé.

« Il n’y a pas de convocation. Nous ne savons même pas s'il y aura des urnes ou s’il n’y en aura pas. Mais ma volonté de participer est très claire », a-t-elle dit en utilisant le double discours qui est généralement utilisé pour se référer à la convocation unilatérale de Junts pel Si et de la CUP. D'une part, elle prend position contre la feuille de route du gouvernement et la gestion particulière de l’ancienne Convergencia. D’autre part, elle réaffirme son attachement au droit de décider et à la plurinationalité pour se démarquer du Parti Populaire, du Parti Socialiste Catalan (PSC) et de Ciudadanos.

« Il y a des raisons de douter, qui ont été exprimées y compris par des membres du gouvernement catalan lui-même, que la proposition du gouvernement pour le premier octobre 2017 soit un référendum effectif », a dit Ada Colau en profitant de la polémique soulevée la semaine dernière au sein de l'exécutif catalan par des déclarations de l’ancien ministre Jordi Baiget, qui a douté publiquement de l’organisation de la consultation.

Cependant, cette avancée calculée de la maire de Barcelone vient après la vague de critiques contre sa position publique contre le référendum du premier octobre 2017. Dimanche 9 Juillet 2017, plusieurs dirigeants et les secteurs liés à Esquerra Republicana de Catalunya (ERC), à la CUP et au Parti Démocrate Européen Catalan (PDEC), ont intensifié leurs messages contre Ada Colau et Xavier Domènech pour dénoncer leurs positions communes avec le PSC, le Parti Populaire et Ciudadanos. 

En fait, Ada Colau n’était pas seule dans sa défense du référendum, Xavier Domènech lui-même a dit qu'il était disposé à voter, tandis que d'autres dirigeants de premier plan de Catalunya en Comú comme son porte-parole, Elisenda Alamany, ou le secrétaire de l'exécutif, Joan Josep Nuet, ont exprimé leur soutien à la consultation « comprise comme une mobilisation ».

Malgré ce clin d’œil clair et public en faveur de la facilitation du référendum à Barcelone, la maire de la capitale catalane a montré qu’elle partageait les critiques contre le référendum et elle a appelé les « souverainistes à être respectueux et à chercher un terrain d'entente pour rendre le référendum effectif ».

Pour sa part, le secrétaire à l’organisation de Podemos, Pablo Echenique, a soutenu la position d’Ada Colau de ne pas entraver la consultation, mais il a minimisé la convocation de l'exécutif de Carles Puigdemont et il l’a même ridiculisé en parlant d’ouvrir les portes des collèges et de mettre les urnes sur les tables. « Il y a très peu de personnes en Espagne et en Catalogne qui comprennent que la consultation du premier octobre 2017 est un exercice obligatoire et qu’elle garantit le droit de décider. Pratiquement personne ne le pense en allant voter », a-t-il dit.

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3 août 2017 4 03 /08 /août /2017 17:59

 

 

http://www.lemonde.fr/international/article/2017/08/03/le-journaliste-loup-bureau-inculpe-en-turquie-pour-terrorisme-une-situation-alarmante_5168264_3210.html

 

Le journaliste Loup Bureau inculpé en Turquie pour terrorisme, une situation alarmante

 

Selon Martin Pradel, l’un de ses avocats, un cap a été franchi par les autorités turques dans la répression des journalistes occidentaux.

 

Par Cécile Bouanchaud

 

L’épreuve de force engagée par les autorités turques contre les journalistes occidentaux a franchi un nouveau palier. Après une semaine de garde à vue, Loup Bureau, journaliste indépendant français de vingt sept ans, a été mis en examen puis incarcéré pour participation à un groupe terroriste, a-t-on appris auprès de ses proches et d’un de ses avocats, Martin Pradel. En ligne de mire des autorités turques, il y a un reportage réalisé en 2013 pour la cinquième chaîne de la télévision française auprès des unités de protection du peuple (YPG), des combattants kurdes en Syrie, une organisation considérée comme terroriste par la Turquie, qui les combat militairement.

La mise en examen de Loup Bureau s’inscrit dans une série d’arrestations arbitraires de journalistes occidentaux sur le sol turc. Depuis le mois de février 2017, le journaliste allemand Deniz Yücel, correspondant du quotidien die Welt en Turquie, est incarcéré pour incitation à la haine et propagande terroriste. Au mois de novembre 2016, le reporter Olivier Bertrand, cofondateur du site des Jours, a été arrêté alors qu’il effectuait un reportage dans la région de Gaziantep. Détenu par la police turque entre le 11 et le 13 novembre 2016, il a finalement été expulsé vers la France sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui.

Huit mois plus tard, le photographe français Mathias Depardon, installé à Istanbul depuis cinq ans a, lui aussi, été arrêté, à Hasankeyf, dans la région de Batman, dans le sud-est à majorité kurde du pays, parce qu’il travaillait sans carte de presse. Malgré un ordre d’expulsion notifié peu après son arrestation, le journaliste a été maintenu un mois en détention avant d’être chassé.

« Cette fois, la situation est bien plus alarmante. Loup Bureau est inculpé. Il est formellement mis en cause par les autorités turques qui emprisonnent en masse les journalistes qui souhaitent faire preuve d’indépendance en parlant de la guerre que mène la Turquie à sa frontière syrienne », estime Martin Pradel, qui a mandaté un avocat sur place pour réclamer la libération du journaliste, lors d’une nouvelle audience qui doit se tenir dans les prochains jours.

Le ministère des affaires étrangères fait savoir qu’il suit « avec la plus grande attention la situation » de Loup Bureau. « L’ambassade de France à Ankara est en contact avec les autorités locales, afin de pouvoir exercer au plus vite la protection consulaire », précise un porte-parole du ministère.

C’est devenu son rituel depuis cinq ans. Chaque été, Loup Bureau prend des billets d’avion pour un périple en solitaire, dans une zone de conflits, une frontière, toujours. Après les zones tribales du Pakistan, l’Egypte lors du printemps arabe et l'est ukrainien à la lisière de la Russie, le jeune homme, en master de journalisme à Bruxelles et déjà diplômé d’une licence de journalisme à l’Institut Universitaire de Technologie (IUT) de Lannion, dans le département des Côtes-d’Armor, a pris la route de la Turquie le 17 Juillet 2017, en direction de la frontière turco-irakienne pour rejoindre les populations kurdes prises entre deux pays et entre deux guerres.

« La plupart de ses reportages portent sur la vie des gens dans des zones frontalières. Il voulait faire un article sur la vie des populations autour de ces frontières, en allant du côté turc et du côté des kurdes irakiens », rapporte son père, Loïc Bureau, professeur d’histoire et de géographie, qui estime que son fils « a sans doute sous-estimé la dangerosité pour un journaliste d’être en Turquie ».

Le 26 juillet 2017, dix jours après son arrivée en Turquie, le journaliste, qui s’était déjà rendu une fois dans le pays en tant que touriste, a été arrêté, à Silopi, dans la province de Sirnak, frontalière de l’Irak et de la Syrie. « Il s’est vu reprocher le fait de travailler sans autorisation en Turquie », rapporte son père, qui a pu l’avoir deux minutes au téléphone, Mardi Premier Août 2017, et qui est tenu informé de la situation de son fils par la cellule de crise du ministère des affaires étrangères.

Durant sa garde à vue, les autorités turques découvrent alors que Loup Bureau, qui a étudié l’arabe pendant un an à l’Institut français du Caire, a réalisé par le passé un reportage au nord de la Syrie auprès des populations civiles kurdes ayant fait le choix de s’engager aux côtés des combattants des YPG qui luttent contre l’Etat Islamique. Une enquête diffusée par la cinquième chaîne de la télévision française en 2013 est accessible en Iigne. Sur une photographie publique publiée sur son profil Facebook, le jeune homme apparaît, l’air décontracté, vêtu d’une polaire noire et d’un pantalon bleu, en compagnie des combattants des YPG en tenue militaire.

« Contrairement à ce que l’on peut lire dans la presse, ce n’est pas cette photographie qui est mentionnée dans l’acte d’accusation visant Loup Bureau, mais seulement le reportage », fait savoir le conseiller du jeune homme qui précise que, dans la législation turque, l’accès au dossier est restreint dans des affaires de terrorisme.

Mardi Premier Août 2017, après une première audience devant un tribunal, le jeune homme a été incarcéré pour une durée de sept jours. La loi turque prescrit que, au terme de cette semaine de détention, le dossier du prévenu soit une nouvelle fois examiné. Un avocat mandaté par Martin Pradel doit se rendre Jeudi 3 Août 2017 à la prison de Sirnak où Loup Bureau est incarcéré depuis Mardi Premier Août 2017. « Nous allons demander sa libération. Nous ne voulons surtout pas que la situation soit celle d’un maintien en détention », prévient Martin Pradel qui envisage différents recours, appel, Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDH) et mécanisme onusien, si la demande de libération n’est pas acceptée.

Dans l’attente d’une décision de justice, des organisations françaises et internationales de journalistes se mobilisent et ont réclamé Jeudi 3 Août 2017 la libération immédiate de Loup Bureau. Dans un communiqué commun, le Syndicat National des Journalistes (SNJ), le SNJ de la Confédération Générale du Travail (CGT) et le syndicat des journalistes de la Confédération Française et Démocratique du Travail (CFDT), soutenus par la fédération européenne des journalistes (EFJ) et la fédération internationale des journalistes (IFJ), ont exigé « que le gouvernement français mette tout en œuvre » pour obtenir sa libération. « Les propos convenus ne suffisent plus », disent-elles.

Pour les trois syndicats, « il est clair que les dirigeants turcs et le président Recep Tayyip Erdogan en tête abhorrent les journalistes étrangers trop curieux et n’hésitent pas à les arrêter pour imposer un mur du silence sur la réalité de ce pays, qui est la plus grande prison au monde pour les journalistes où cent soixante de nos confrères sont derrière les barreaux ».

« Nous ne sommes pas dupes, la seule raison pour laquelle Loup Bureau a été interpellé, c’est parce qu’il est journaliste », confirme Martin Pradel, qui constate que, un an après la tentative de coup d'état, « la Turquie vit une série d’épreuves institutionnelles et souhaite garder un contrôle extrêmement important sur les médias ». « On lui reproche d’avoir essayé de faire son travail et d’avoir couvert la question kurde qui est une question majeure au Proche-Orient », abonde Johann Bihr, responsable du bureau de l'Europe de l’Est et de l'Asie Centrale de Reporters Sans Frontières (RSF).

Le père de Loup Bureau, qui assure que son fils « n’est pas anti-turc », constate lui aussi un changement de positionnement des autorités, évoquant une chasse aux journalistes.

« Ce que j’espère, c’est que la Turquie expédie le problème en lui interdisant d’entrer sur le territoire pendant quelques années, plutôt que de s’entêter à construire un profil de journaliste terroriste », dit-il.

Selon son père, Loup Bureau a trouvé sa vocation à l’âge de dix huit ans, en lisant les récits de guerre du reporter Patrick Chauvel, véritable tête brûlée, connu dans le métier pour aller au plus près du conflit. « Je respecte cette vision qu’il a du journalisme de considérer que l’on ne peut pas traiter un événement sans en être au plus près », commente Loïc Bureau, qui « craint depuis longtemps d’avoir des nouvelles de Loup Bureau dans les médias ».

Patrick Remacle, ancien grand reporter à la Radio Télévision Belge Francophone (RTBF), aujourd’hui professeur à l’Institut des Hautes Etudes des Communications Sociales (IHECS) de Bruxelles, assure que son élève n’est pas une tête brûlée. « Loup Bureau est quelqu'un de réfléchi, qui s’intéresse aux pays en guerre, plus pour souligner l’impact des conflits sur les populations que pour le conflit en tant que tel », insiste le professeur du jeune homme, qui donne en exemple le reportage sur les enfants de Maïdan, réalisé par Loup Bureau au printemps. Et d’ajouter « qu'il doit me rendre un autre travail d’investigation le 21 août 2017, je l’attends avec impatience ».

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2 août 2017 3 02 /08 /août /2017 19:39

 

 

Des réfugiés syriens manifestent devant l'ambassade d'Allemagne à Athènes (Reuters)

 

Une centaine de réfugiés syriens bloqués en Grèce ont manifesté Mercredi 2 Août 2017 aux abords de l'ambassade d'Allemagne à Athènes, en réclamant de pouvoir rejoindre leurs proches dans ce pays.

 

Les manifestants, parmi lesquels des enfants en bas âge, se sont rendus du parlement grec à l'ambassade en brandissant des pancartes en carton avec pour slogan, écrit en anglais, « je veux ma famille » et en scandant qu'ils n'en pouvaient plus d'attendre pour se rendre en Allemagne.

 

Les médias grecs ont rapporté qu'Athènes et Berlin avaient de manière officieuse décidé de freiner la réunification des familles de réfugiés, bloquant ainsi depuis des mois en Grèce des personnes qui ont fui la guerre en Syrie.

 

Soixante mille réfugiés et migrants, essentiellement des syriens, des afghans et des irakiens, sont bloqués en Grèce depuis plus d'un an, à la suite de la fermeture des frontières des pays des Balkans, qui a coupé leur voie pour rejoindre l'Europe de l’ouest et du nord.

 

« Mon message, c'est que nous en avons assez d'attendre et de souffrir », a déclaré une syrienne de quarante et un ans, Malak Rahmoun, installée dans un camp d'accueil en Grèce avec ses trois filles, alors que son mari et leur fils sont déjà à Berlin. « Je n'ai pas vu mon fils depuis deux ans », a ajouté cette mère.

 

Un accord conclu entre Ankara et l'Union Européenne au mois de mars 2016 a considérablement freiné l'afflux de personnes passant en Grèce, mais une centaine de migrants et réfugiés continuent d'arriver néanmoins chaque jour sur les îles grecques de la mer Egée.

 

Onze mille réfugiés et migrants sont passés de Turquie en Grèce depuis le début de l'année 2017, contre cent soixante treize mille en 2016 et près d'un million en 2015. La majeure partie des nouveaux arrivants en 2017 sont des femmes et des enfants, selon les données de l’Organisation des Nations Unies (ONU).

 

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