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22 février 2020 6 22 /02 /février /2020 15:21

 

 

https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/ceci-pourrait-etre-mon-dernier-texte-pendant-l-epidemie-de-covid-19-les-lanceurs-d-alerte-disparaissent-les-uns-apresles-autres_3833885.html

 

« Ceci pourrait être mon dernier texte », pendant l'épidémie de coronavirus, les lanceurs d'alerte disparaissent les uns après les autres

Depuis le début de l'épidémie, plusieurs journalistes indépendants, dissidents politiques et lanceurs d'alerte ont été interpellés. Beaucoup ont été assignés à résidence ou placés en quarantaine forcée.

Fang Bin n'a plus donné signe de vie depuis quinze jours. L'homme d'affaires chinois, reconverti en journaliste indépendant pour couvrir l'épidémie de coronavirus à Wuhan, a disparu, le 9 février 2020. La Radio Télévision d’Hong Kong (RTHK) croit savoir qu'il a été interpellé chez lui.

Des pompiers auraient fracturé sa porte pour ouvrir le passage à des policiers en civil, détaille la chaîne. « Fang Bin a révélé la réalité de l'épidémie que le gouvernement voulait taire », accuse un de ses proches, interrogé par France Info, « il s'est battu pour la vérité. Les autorités n'ont pas accepté qu'un homme les défie de la sorte ».

Pour rassurer les chinois et le reste du monde sur sa gestion de l'épidémie, le régime s'est engagé dans une bataille de l'information. Lors d'un discours prononcé le 3 février 2020 et publié douze jours plus tard par l'agence de presse chinoise, Xi Jinping a proclamé une guerre populaire qui doit s'appuyer sur la stabilité sociale. Le président chinois a promis de sévir contre ceux qui profitent de l'épidémie pour lancer des rumeurs.

Cette déclaration s'est traduite par une explosion de la censure sur les réseaux sociaux et par l'interpellation quasi systématique de ceux qui tentent de la braver. Le cas le plus emblématique est celui du médecin Li Wenliang, le lanceur d'alerte qui a révélé au monde l'existence de l'épidémie quand les autorités locales tentaient encore d'en dissimuler l'ampleur. Avant de succomber à la maladie, contractée dans l'hôpital où il travaillait, il avait été interpellé et il avait été forcé à signer un procès-verbal dans lequel il avouait avoir perturbé l'ordre social en colportant des rumeurs.

Avant de disparaître, Fang Bin a lui aussi été accusé par les autorités chinoises de répandre des fausses informations en raison d’une vidéo postée sur You Tube, dont l'accès est bloqué en Chine, le premier février 2020. Sur les images filmées dans un hôpital de Wuhan, nous pouvons voir le reporter compter les corps disposés dans des sacs mortuaires, à l'intérieur d'une camionnette. Nous suivons Fang Bin dans les couloirs de l'hôpital, où il rencontre un homme en sanglots. « C'est mon père », gémit ce dernier, prostré devant la dépouille d'un homme âgé que les médecins n'ont pas pu ranimer. Bouleversante, la séquence suscite une vague d'émotions sur les réseaux sociaux.

Quelques heures après la mise en ligne de ces images, le journaliste citoyen reçoit la visite des autorités chez lui. « Qui êtes-vous », demande Fang Bin aux hommes équipés de masques et de combinaisons postés derrière sa porte, tout en filmant la scène. « Vous vous êtes rendu dans un lieu très dangereux. Vous auriez pu être infecté » par le virus, disent-ils. « Ma température est normale », réplique le journaliste, exigeant qu’ils lui montrent un mandat d'inspection. Les hommes masqués finissent par interpeller Fang Bin, hors caméra.

Ce n'est pas une première pour l'homme d'affaires. Avant de couvrir l'épidémie de coronavirus à Wuhan, Fang Bin s'était déjà engagé contre le gouvernement chinois. « Il a milité pour la défense des pratiquants du Falun Gong, un mouvement spirituel réprimé en Chine, et il est venu en aide à des activistes détenus par le gouvernement. Par le passé, Fang Bin a déjà été détenu par les autorités pendant plusieurs mois. Il connaît les méthodes de la police, c'est pour cela qu'il a filmé l'interpellation. Le gouvernement est sous pression et l'opinion publique est avec lui », a dit un ami de Fang Bin à France Info.

A sa libération, le lendemain, il raconte son interrogatoire au Los Angeles Times. D'après son récit, les hommes qui ont frappé à sa porte n'étaient pas des médecins, mais bien des policiers, qui l'ont accusé de recevoir de l'argent d'organisations étrangères pour faire ses vidéos. Son matériel électronique a été confisqué et Fang Bin a été sommé d'arrêter de répandre la panique. Fang Bin continue de mettre en ligne des vidéos, jusqu'à sa disparition, le 9 février 2020.

Chen Qiushi n'a plus donné de nouvelles à ses proches depuis le 6 février 2020. L'avocat de formation de trente quatre ans, est journaliste indépendant depuis 2019, quand il s'est rendu à Hong Kong pour documenter les manifestations pour la démocratie. A la fin du mois de janvier 2020, il parvient à se rendre à Wuhan, juste avant le placement de la ville en quarantaine. Avec son smart phone monté sur une perche à selfie, il se rend dans les hôpitaux et il filme les conditions de prise en charge des patients, le manque de masques et de matériel de dépistage.

L'exercice est périlleux. En Chine, les reporters doivent disposer d'un certificat officiel, délivré aux seuls journalistes qui travaillent pour des titres de presse autorisés. « Ces journalistes indépendants devraient être encouragés et protégés pour produire de l'information accessible à tous, mais le gouvernement leur impose une censure stricte », regrette Renee Xia, directrice de l'Organisation Non Gouvernementale (ONG) Chinese Human Rights Defenders (CHRD), basée à Washington. Banni des réseaux sociaux chinois, Chen Qiushi contourne la censure grâce à un Virtual Private Network (VPN), un logiciel qui permet de modifier sa géo localisation, pour poster ses vidéos sur Twitter et sur You Tube. « C'est un homme très courageux. Malgré les risques, il estime que son devoir de journaliste consiste à foncer en première ligne dès qu'il se passe un événement, pour voir et témoigner de la vérité », a dit un ami de Chen Qiushi à France Info.

A Wuhan, Chen Qiushi se sent rapidement menacé. « J'ai peur. Devant moi, il y a le virus et, derrière moi, il y a le pouvoir chinois. Aussi longtemps que je serai dans cette ville, je continuerai à témoigner », dit-il, au bord des larmes, dans une vidéo publiée le 30 janvier 2020, « je vais être direct. Je vous emmerde. Je n'ai pas peur de la mort. Vous pensez vraiment que j'ai peur de vous, le parti communiste ».

Conscient des risques, son entourage correspondait très régulièrement avec lui pour s'assurer qu'il était en sécurité. Lorsqu'il ne répond plus, des amis se rendent dans son appartement mais ils trouvent porte close, comme l'explique dans une vidéo Xu Xiaodong, un champion de Mixed Martial Arts (MMA) qui gravite autour du journaliste.

Inquiète, sa mère lance un appel à l'aide sur les réseaux sociaux. Elle est finalement contactée par les autorités, qui lui annoncent que son fils a été placé en quarantaine pour des raisons médicales. Pour ses proches, le motif de sa disparition est autre. « Je lui ai parlé juste avant et il était en bonne santé, ils veulent juste le faire taire », accuse son ami. Sa quarantaine devait prendre fin le 19 février 2020, mais le trentenaire n'a toujours pas donné signe de vie.

Difficile de savoir combien de chinois ont, comme eux, disparu. Contrairement à Chen Qiushi et Fang Bin, de nombreux lanceurs d'alerte et critiques du pouvoir ont été arrêtés sans attirer l'attention des médias occidentaux. C'est le cas de l'ancien prisonnier politique Ren Ziyuan, interpellé le 13 février 2020 pour avoir critiqué en ligne la gestion de l'épidémie par le pouvoir chinois. Xu Zhiyong, autre figure de la contestation chinoise, a été arrêté le 15 février 2020.

Selon un décompte de CHRD, en date du 7 février 2020 et qui n'a pas pu être actualisé depuis, trois cent cinquante et une personnes ont été punies pour propagation de fausses rumeurs sur le coronavirus. « Beaucoup de ces affaires ont donné lieu à des détentions administratives allant de trois à quinze jours », explique Renee Xia, la directrice de CHRD.

« Nombreuses sont les personnes qui, après avoir posté des messages critiques sur internet, ont été emmenées au poste de police, où elles ont été questionnées, intimidées ou assignées à résidence sous prétexte d'une mise en quarantaine », a dit Renee Xia, directrice de CHRD, à France Info.

Le juriste Xu Zhangrun, un des rares intellectuels à avoir remis en cause publiquement la politique de Xi Jinping, en a fait les frais. D'après le Guardian, l'universitaire a été privé de ses moyens de télécommunication à son retour à Pékin, après un séjour dans sa province natale. « Il a été confiné chez lui au prétexte qu'il devait être placé en quarantaine », a affirmé un témoin au journal britannique.

Mesure sanitaire ou tentative de musellement, deux semaines avant d'être assigné à résidence, Xu Zhangrun avait publié un essai passionné sur la gestion de l'épidémie, dans lequel il dénonçait un régime corrompu ayant favorisé l’inefficacité et le chaos. Conscient des risques encourus, il concluait son texte en écrivant qu’il était maintenant facile de prévoir que « je vais faire l'objet de nouvelles sanctions. En fait, ceci pourrait bien être mon dernier texte ».

Une prémonition partagée par Fang Bin. Juste avant de disparaître, le journaliste indépendant a publié sur sa page You Tube une étrange vidéo de treize secondes. On n'y voit rien d'autre qu'un message inscrit sur une feuille de papier, « résistez, citoyens. Reprenez le pouvoir au gouvernement et rendez-le au peuple ».

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22 février 2020 6 22 /02 /février /2020 14:49

 

 

https://fr.reuters.com/article/idFRKCN20G0FB

 

Coronavirus, le nombre de cas de contamination ralentit en Chine (Reuters)

L’épidémie de coronavirus a causé cent neuf morts supplémentaires en Chine continentale, Vendredi 21 Février 2020, ont rapporté les autorités sanitaires locales, Samedi 22 Février 2020, ce qui porte à deux mille trois cent quarante cinq le nombre de décès liés à l’épidémie depuis que celle-ci s’est déclarée dans le centre du pays.

Dans son bilan quotidien, la Commission Nationale Chinoise de la Santé (CNCS) a fait état de trois cent quatre vingt dix sept nouveaux cas de contamination en Chine continentale, Vendredi 21 Février 2020, où soixante seize mille deux cent quatre vingt huit personnes ont été diagnostiquées porteuses du virus depuis l’apparition du virus.

Il s’agit d’un nombre de cas supplémentaires inférieur à celui du Jeudi 20 Février 2020. Selon les données officielles, huit cent quatre vingt neuf nouveaux cas d’infection avaient été recensés Jeudi 20 Février 2020 dans le pays.

Les autorités sanitaires de la province du Hubei, foyer de l’épidémie, ont indiqué Samedi 22 Février 2020 que le virus avait causé cent six morts supplémentaires, Vendredi 21 Février 2020, dans la province. Elles ont dit avoir confirmé trois cent soixante six cas quotidiens supplémentaires de contamination, contre six cent trente et un cas quotidiens supplémentaires, Jeudi 20 Février 2020.

Cette crise sanitaire, dont les répercussions sur la croissance mondiale inquiètent de plus en plus, devrait figurer au coeur des discussions de la réunion des ministres des finances et des gouverneurs des banques centrales des pays du groupe des vingt, Samedi 22 Février et Dimanche 23 Février 2020 à Ryad, a déclaré le gouverneur de la Banque Centrale du Japon, Haruhiko Kuroda.

A l’échelle mondiale, l’épidémie concerne vingt six pays et territoires en dehors de la Chine continentale et elle a fait seize morts.

L’Italie a enregistré Vendredi 21 Février 2020 un premier décès lié à l’épidémie de coronavirus. Il s’agit d’un homme âgé de soixante dix huit ans qui était hospitalisé dans la ville de Padoue, en Vénétie, une région du nord de l’Italie, selon l’agence italienne ANSA.

La Corée du Sud a signalé, Samedi 22 Février 2020, cent quarante deux nouveaux cas de contamination, portant le total à trois cent quarante six cas, dont la plupart se trouvent à Daegu, ville de deux millions cinq cent mille habitants, où un événement de super propagation s’est produit dans une église, selon les autorités.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la fenêtre d’opportunité permettant de contenir la propagation internationale de l’épidémie du coronavirus de Wuhan est en train de se refermer.

« Même si la fenêtre d’opportunité se rétrécit, nous avons encore une possibilité de contenir l’épidémie », a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, auquel des journalistes demandaient si la détection de nouveaux cas de contamination au Liban et au Canada et de nouveaux morts en Iran constituaient un tournant dans l’épidémie.

« Si nous gâchons cette occasion, nous aurons alors un sérieux problème entre les mains », a-t-il ajouté.

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21 février 2020 5 21 /02 /février /2020 16:20

 

 

Vous trouverez ci-dessous l’éditorial du numéro spécial hors série de la revue des Mondes du Travail relatif à l’actuel mouvement social en France. Ce numéro spécial est disponible en totalité à l’adresse ci-dessous.

http://lesmondesdutravail.net/2013/wp-content/uploads/2020/02/MondesduTravail_hors_serie.pdf

Eloge de la grève

Elle ne ressemble en rien au droit à la paresse, être en grève représente au contraire un sacrifice. Il n’y a que ses passagers clandestins pour qui elle représente l'opportunité de bénéficier des conquêtes sans prise de risque.

Il y a certainement mille façons de faire grève. Le premier principe consiste à désobéir et à refuser que se poursuive une activité dans laquelle on est engagé. Au dix neuvième siècle, refuser de se faire embaucher constituait déjà un mode de rébellion, une manière de faire grève. Les bourses du travail, berceau du syndicalisme français, sont nées du refus de se faire employer par certains patrons comme d’être soumis à des intermédiaires, d’ou le délit de marchandage.

La première grève générale, selon le sociologue afro-américain William Edward Burghardt du Bois, fut celle des esclaves qui, au début du dix neuvième siècle, fuyaient en masse les plantations de coton pour tenter de vivre une vie ailleurs.

La grève, ce n’est pas seulement refuser de travailler. On peut la faire sur le tas, en croisant les bras sur le lieu de travail, en faisant un sit-in comme les ouvriers de l’automobile aux Etats-Unis dans les années 1930, en faisant la grève du zèle ou en faisant la grève bouchon.

Dans beaucoup de pays, ce mode d’action est codifié, soumis à des règles et à une obligation de préavis. En Grande-Bretagne, grâce à Margaret Thatcher, l'intention de faire grève doit être majoritaire avant de pouvoir avoir lieu. Dans d’autres pays, elle représente toujours un droit, y compris individuel.

La grève est une dissidence et une sédition, même si elle peut se faire au nom d’un travail bien fait. En cela, elle exprime la rupture avec les automatismes sociaux qui forment notre quotidien. Elle exprime le choix de la liberté de dire non, une sorte de subjectivité rebelle, même si ce choix implique une répression, des sanctions, une perte de salaire ou la mise à l’index par des listes noires.

Pour agir de la sorte, il faut que le quotidien soit rendu insupportable. Les premières grèves furent sauvages ou impromptues, subversives car déstabilisant l’ordre établi, et à ce titre toujours sévèrement réprimées.

Leur reconnaissance légale, en 1864 en France, a donné lieu à leur codification dans le cadre du mouvement ouvrier dont elles deviennent le principal mode d’action, proprement révolutionnaire, de l'appel à la grève générale. Les grèves de 1936 et de 1968 sont symptomatiques de leur pouvoir de transformation sociale et politique.

Massives, elles ont la capacité à agréger les colères et les revendications. Tant que possible, les pouvoirs en place les ont en partie domestiquées.

En Allemagne, les grèves ont lieu quand rien n’est obtenu à la table des négociations. En France, du fait d’une structuration antagoniste des relations sociales, le pouvoir patronal ne se partage pas, il faut faire grève pour ouvrir la possibilité de négocier. Hélas, ce mode d’action ritualisé et légalement normalisé, s’enferme dans un carcan qui lui enlève son caractère subversif, seule source de changement dans le rapport de force qui oppose le capital et le travail.

La grève a une dimension éminemment collective. Elle fabrique et elle nourrit le collectif qui en retour lui donne sa force. Mais cette dynamique est systématiquement jugulée par les mécanismes d’individualisation et d’atomisation du monde du travail. On cache l’antagonisme sous des appellations euphémisantes, voire insultantes, les salariés et les subordonnés sont devenus les collaborateurs et les syndicats sont devenus les partenaires sociaux. On parle d’employeurs et d’organisations représentatives, de relations professionnelles ou de dialogue social. Mais derrière ces mots, l’antagonisme existe toujours, pas en permanence, mais il ressurgit tôt ou tard.

La grève est ainsi plurielle, mais au-delà des différences qui la travaillent, ce refus d’alimenter la plus-value est assurément une ouverture pour l’imaginaire. Un moment où les travailleurs se donnent enfin l’opportunité de penser leurs vies. Ne pas perdre sa vie à la gagner. Gagner le droit à vivre sa vie.

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21 février 2020 5 21 /02 /février /2020 16:00

 

 

https://www.revolutionpermanente.fr/Chine-Un-regime-nefaste-qui-humilie-la-population-sous-pretexte-de-lutte-contre-le-virus

 

Un régime néfaste qui humilie la population sous prétexte de lutte contre le virus

Des personnes ligotées en pleine rue et la criminalisation des gestes les plus banals, après les mesures spectaculaires, place à la répression de la population, notamment les plus pauvres.

Vendredi 21 Février 2020

Le monde a été mis en état d’alerte face à la peur d’une épidémie internationale d’un virus inconnu. Le monde a été aussi impressionné par les mesures spectaculaires et drastiques mises en place par le régime chinois pour contenir l’épidémie de coronavirus. En effet, le pouvoir central chinois a décidé de mettre en quarantaine d’abord la ville de Wuhan, épicentre de l’épidémie, et ensuite l’ensemble de la province du Hubei, soixante millions de personnes, une mesure radicale sans doute jamais vue dans l’histoire de l’humanité. Parallèlement à cela, des usines ont été fermées, les jours fériés du nouvel an lunaire ont été prolongés et deux hôpitaux ont été construits en quelques jours.

Cependant, l’envers du décor de cette action spectaculaire des autorités chinoises semble être des plus néfastes, notamment pour les populations les plus pauvres. Nous avions déjà pointé que c’est effectivement la classe ouvrière, les pauvres urbains et les paysans, les plus exposés au virus. Nous avons récemment également pointé comment cette épidémie mettait à nu les fragilités et les contradictions du régime chinois. Mais il existe un autre aspect lié à ces deux derniers qui a très peu de couverture dans les médias occidentaux pour le moment, la répression, les violations accentuées des droits de la population et surtout les humiliations auxquelles le pouvoir soumet les classes populaires.

Évidemment, la censure des réseaux sociaux chinois n’est pas pour rien dans ce lock-out médiatique à propos de la répression. Cependant, ces derniers jours de plus en plus de vidéos tournent sur les réseaux sociaux comme Twitter où les capacités de censure du pouvoir de Pékin sont moins importantes. Ainsi, nous pouvons avoir accès à un petit aperçu des conditions dans lesquelles se trouve la population mise sous quarantaine dans la province du Hubei.

Dans plusieurs vidéos, nous pouvons voir en effet des scènes de répression où la police s’attaque à des personnes ne portant pas de masque dans les lieux publics. Ainsi, sur une vidéo, nous pouvons voir des personnes ligotées entre elles et amenées par la police en pleine rue car elles ne portaient pas de masque, une humiliation publique pour l’exemple.

Sur une autre vidéo, un homme âgé est arrêté par la police qui lui demande pourquoi il ne porte pas de masque. Le vieil homme a beau leur expliquer qu’il en a un, qu’il habite à côté et qu’il est sorti brièvement de chez-lui, il sera amené à un hôpital pour subir des tests et, comme punition, il y sera retenu pendant quatorze jours. Il ne pourra finalement même pas prévenir sa famille.

Mais les humiliations et la répression vont plus loin. Sur une autre vidéo, nous pouvons voir un homme attaché à une colonne et être réprimandé par un agent de police. Sur une autre vidéo, nous pouvons voir un groupe de voisins attraper un homme, l'attacher aussi à une colonne et l'obliger à mettre un soutien gorge comme masque.

Un nombre important de vidéos montre également la traque des autorités chinoises contre les joueurs de Mahjong, un jeu de société très populaire ressemblant aux dominos. Les autorités ont interdit de jouer au Mahjong, car il s'agit d'un jeu collectif et donc une source potentielle de transmission du virus. Les images de la répression sont très violentes. Nous pouvons voir souvent des policiers arriver dans des maisons, confisquer les jetons et ensuite procéder à la destruction des tables de jeu du Mahjong. 

Mais l'humiliation et la répression contre les secteurs populaires ne s'arrête pas là. Des vidéos montrent des policiers, avec une claire haine de classe, piétiner et détruire les marchandises d'un marché improvisé de légumes, alors même qu'il y a des pénuries de certains aliments à cause des difficultés liées à la quarantaine  

Tous les étals de vendeurs de légumes ont été violemment détruits par la police. Il y a une interdiction stricte de vendre ou d'acheter des légumes en dehors du circuit centralisé des autorités, même pendant les ruptures.

En effet, cette répression est le pendant d'une politique très spectaculaire, mais qui n'a démontré en rien son efficacité contre l'épidémie. Les symboles les plus parlants de cela sont sans doute les images de l'hôpital construit en quelques jours où on voit l'eau tomber du plafond et les patients sur des lits flanqués de seaux pour retenir l'eau coulant du plafond.

Mais précisément cette répression combinée à une épidémie qui pour le moment ne faiblit pas, rendant encore plus insupportable le caractère arbitraire du régime chinois, pourrait devenir une cause de contestation sociale. Il est encore trop tôt pour l'affirmer, mais les tensions sociales récentes à Hong Kong et dans d'autres régions du pays montrent que les autorités ne sont pas à l'abri d'une contestation plus large de la légitimité de leur pouvoir.

Dans ce contexte, les déclarations du nouveau ministre français de la santé, Olivier Véran, ne peuvent relever que du cynisme et elles sont révélatrices de la nature de classe du gouvernement d'Emmanuel Macron. Il a ainsi déclaré au micro de France Inter que « la Chine a un système sanitaire de grande qualité et qu'ils ont une capacité de réactivité démontrée notamment en réalisant l'exploit de construire un hôpital de grande taille en quelques jours. La Chine a pris ses responsabilités en mettant en place des mesures de confinement très rapidement. Je ne suis pas sûr que ce serait possible de réaliser tout cela dans un pays dans lequel les réseaux sociaux seraient ouverts ».  

Mais alors, si ces mesures sont tout à fait ce qu'il fallait faire, pourquoi ce ne serait pas possible de les appliquer dans un pays où les réseaux sociaux seraient ouverts ? Précisément parce que ces mesures relèvent d'une logique de prévention et de lutte contre l'épidémie, comme les images qui commencent à arriver nous le montrent.

Quoi qu'il en soit, une chose est sûre, tôt ou tard les travailleurs, les classes populaires et les paysans chinois, se réveilleront et feront payer très cher toutes ces humiliations aux autorités de ce régime néfaste.

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21 février 2020 5 21 /02 /février /2020 15:05

 

 

https://fr.reuters.com/article/idFRKBN20F0PU

 

Coronavirus, l'épidémie se propage hors du foyer principal (Reuters)

Plus de deux cent cas de pneumonie due au nouveau coronavirus ont été diagnostiqués dans deux prisons chinoises et une centaine d'autres ont été décelés en Corée du Sud, ont fait savoir Vendredi 21 Février 2020 les autorités sanitaires, ce qui alourdit le bilan de l'épidémie hors de la province chinoise du Hubei, son foyer principal.

L’annonce de la présence de malades parmi les détenus et la découverte d’une trentaine de nouveaux cas dans un hôpital de Pékin ont mis fin à seize jours consécutifs de recul du nombre quotidien de nouveaux cas chinois hors de cette province, où le virus est apparu au mois de décembre 2019.

Au total, trois cent quatre vingt seize cas et quatre morts ont été dénombrés dans la capitale chinoise. Dans son bilan quotidien, la Commission Nationale Chinoise de la Santé (CNCS) a fait état de huit cent quatre vingt neuf nouveaux cas décelés Jeudi 20 Février 2020 en Chine continentale, alors que trois cent quatre vingt quatorze nouveaux cas avaient été recensés Mercredi 19 Février 2020.

Sur ce total, deux cent cinquante huit cas ont été enregistrés hors du Hubei, dont deux cent trente quatre cas dans deux prisons, l’une située dans la province septentrionale de Shandong et l’autre dans la province orientale de Zhejiang.

Plusieurs membres de l’administration locale, jugés responsables de la propagation du virus, ont été démis de leurs fonctions, selon des médias locaux. En Chine continentale, le bilan s’élève désormais à soixante quinze mille quatre cent soixante cinq cas et deux mille deux cent trente six morts.

Selon le bureau politique du Parti Communiste Chinois (PCC), qui s’est réuni autour du président Xi Jinping, le pic de l’épidémie n’a pas encore été atteint.

Xu Nanping, vice-ministre des sciences et de la technologie, a annoncé que les essais cliniques du premier vaccin chinois débuteraient à la fin du mois d'avril 2020, ce qui correspond aux échéances des recherches menées dans d’autres pays. D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), un vaccin pourrait être commercialisé dans un an et demi.

Les autorités sanitaires espèrent que l’arrivée d’un temps plus chaud dans l’hémisphère nord ralentira entre-temps la progression de l’épidémie.

Cette crise sanitaire, dont les répercussions sur la croissance mondiale inquiètent de plus en plus, devrait figurer au coeur des discussions de la réunion des ministres des finances et des gouverneurs des banques centrales des pays du groupe des vingt, Samedi 22 Février et Dimanche 23 Février 2020 à Ryad, a déclaré le gouverneur de la Banque Centrale du Japon, Haruhiko Kuroda.

« Nous observons l’impact de cette épidémie avec une vive préoccupation et nous surveillons de près les risques baissiers », a-t-il déclaré devant le parlement japonais à Tokyo avant de s’envoler pour Ryad.

A l’échelle mondiale, l’épidémie concerne vingt six pays et territoires en dehors de la Chine continentale, et elle a fait quinze morts.

La Corée du Sud est la plus touchée avec deux cent quatre cas, dont cent ont été confirmés, Vendredi 21 Février 2020. La plupart des malades se trouvent à Daegu, ville de deux millions cinq cent mille habitants, où un événement de super propagation s’est produit dans une église, selon les autorités.

Treize cas supplémentaire ont par ailleurs été confirmés en Iran, où le bilan s’élève désormais à dix huit contaminations et quatre morts, et un premier cas a été signalé au Liban.

Deux premiers morts, un couple d’octogénaires, avaient également été enregistrés Jeudi 20 Février 2020 parmi les passagers du Diamond Princess, navire de croisière en quarantaine dans le port japonais de Yokohama depuis le 3 février 2020 et principal foyer de l’épidémie hors de Chine continentale, avec plus de six cent trente cas d’infection.

Le débarquement des passagers dont les tests se sont avérés négatifs a commencé Mercredi 19 Février 2020 et plusieurs centaines d’entre eux devraient quitter le paquebot, Vendredi 21 Février 2020.

A Tokyo, qui se prépare à accueillir les jeux olympiques d’été au mois de juillet 2020, la municipalité a décidé d’annuler ou de reporter tous les grands événements prévus en intérieur au cours des trois prochaines semaines, selon l’agence de presse JIJI. En Europe, six cas supplémentaires ont été découverts en Italie.

A la veille de la réunion des ministres des finances des pays du groupe des vingt à Ryad, le Fonds Monétaire International (FMI) a jugé qu’il était trop tôt pour évaluer les conséquences de cette crise sanitaire sur la croissance mondiale.

« Nous espérons encore que les répercussions se manifesteront sous la forme d’une courbe en V », soit une forte baisse en Chine suivie d’un net rebond une fois que le virus aura été maîtrisé, a déclaré la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, « mais nous n’excluons pas qu’il puisse y avoir un scénario différent, comme une courbe en U avec un impact qui dure un peu plus longtemps ».

Le ministère chinois du commerce, qui a prévenu Vendredi 21 Février 2020 que les exportations et les importations de la deuxième puissance économique mondiale chuteraient au mois de janvier et au mois de février 2020, a annoncé qu’il envisageait des mesures de soutien financier supplémentaires pour soutenir les entreprises face à l’impact de l’épidémie.

En France, le gouvernement a maintenu sa prévision d’un impact limité de l’épidémie sur la croissance et il a annoncé une série de mesures pour soutenir les entreprises françaises pénalisées.

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21 février 2020 5 21 /02 /février /2020 11:50

 

 

https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/blog/210220/hommage-aux-obseques-de-michel-lequenne-par-catherine-samary

 

Obsèques de Michel Lequenne

Hommage de Catherine Samary

Mercredi 19 Février 2020

Tu m’as impressionnée dès que je t’ai connu lors de mon adhésion à la quatrième internationale en 1963, militant du petit Parti Communiste Internationaliste (PCI) qui était alors sa section. J’y avais été recrutée dans le cadre d’un entrisme combattif mené dans l’Union des Etudiants Communistes (UEC) par ceux qui dirigeaient le courant dit krivinien, Alain et Hubert Krivine présents à cet hommage. Quelques années plus tard la Jeunesse Communiste Révolutionnaire (JCR) que nous avions construite décidait de fusionner avec le PCI pour former, après les événements du mois de mai 1968, la Ligue, comme l’appellent François Coustal et Hélène Adams qui te citent tant de fois dans leur livre.

 C’est au sein de cette nouvelle section française de la quatrième internationale reconnaissant le droit de tendance, que je me suis retrouvée avec toi dans la  troisième tendence en 1973, particulièrement tournée vers  les nouvelles couches d’un prolétariat en grande transformation et la jeunesse, comme le rappelle Robi Morder dans un hommage qu’il te rend.

Comme tu le dis dans ton « histoire sans fard du trotskisme », la troisième tendance ne fut jamais une fraction, ce mode de fonctionnement que tu as tant dénoncé et qui a ravagé bien des composantes du trotskisme, ce fractionnisme dans le comportement et la pensée, qui fut une des raisons essentielles de notre opposition avec toi à l’unification avec les courants qui le pratiquaient.

Tu as soutenu le droit des militantes à se réunir en groupes Sand pour mieux comprendre et combattre des rapports d’oppression des femmes et ta conception non fractionniste de la troisième tendance m’a aidée à surmonter l’idée fausse que l’expression de divergences, y compris avec toi, sur les modes de fonctionnement ou les idées exprimerait un manque de loyauté à des causes communes ou conduirait fatalement à la fin des proximités affectives.

Plusieurs types de clivages et divergences divisaient ceux qui se revendiquaient du trotskisme et au-delà, notamment sur la façon de lutter dans et contre le capitalisme à toutes les échelles territoriales où il règne, dans une logique transitoire s’opposant à la fois à l’enlisement réformiste et au révolutionnarisme abstrait et sectaire, mais aussi sur le positionnement politique dans les rapports mondiaux depuis la stalinisation de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS). Tu as régulièrement dénoncé divers campismes.

En substance, il s’agissait de rejeter les catégories politiques d’un monde bipolaire où il aurait fallu s’aligner sans critique sur l’URSS stalinisée contre l’impérialisme, quand d’autres s’alignaient au contraire sur le soit-disant monde libre. Nous étions nombreux à partager ton analyse du stalinisme comme contre-révolution dans la révolution et de sa bureaucratie comme une monstrueuse et criminelle excroissance. Excroissance, disais-tu, « en cela que la bureaucratie ne peut se reproduire dans l'affirmation de fins propres, mais qu’il lui faut être parasitaire du prolétariat, déguisant ses fins sous les siennes, même quand elle parvient au pouvoir juchée sur ses épaules ». C’est exactement pourquoi la notion de classe n’est pas évidente. Mais c’est secondaire par rapport à d’autres affirmations communes.

Il ne s’agissait pour toi  ni d’une nouvelle classe fondamentale historiquement nécessaire, ni d’un capitalisme d'état, mais le produit de circonstances historiques spécifiques et des conditions générales de toute révolution prolétarienne avec ses dangers organiques bureaucratiques internes au mouvement ouvrier y compris ses organisations d’avant-garde.

Le rejet du campisme signifiait ne jamais renoncer à combattre des idéologies réactionnaires, les rapports d’oppression et de domination et donc le bureaucratisme au sein du mouvement ouvrier, des partis et des états se réclamant du socialisme, y compris dans nos propres rangs.

Mais contre bien des courants et analyses se réclamant du trotskisme, pour qui l’histoire des révolutions du vingtième siècle s’est arrêtée avec la stalinisation de l’URSS, tu considérais, comme la majorité de la quatrième internationale, et parfois avant elle, que la révolution yougoslave et la révolution chinoise furent de vraies révolutions et facteurs de crise du stalinisme et de sa stratégie de construction du socialisme dans un seul pays, même si la stalinisation de l’URSS et le bureaucratisme ont pesé sur ces révolutions et les suivantes, de diverses façons. Associant l’analyse et la pratique révolutionnaire, tu étais fier d’avoir été délégué par la quatrième internationale pour diriger la brigade Jean Jaurès en Yougoslavie après la rupture entre Josip Broz Tito et Joseph Staline en 1948.

Loin de figer l’histoire, tu disais que « la victoire du printemps de Prague aurait signifié à court terme une poussée formidable de masse en URSS pour une nouvelle et plus décisive déstalinisation que les despotes du Kremlin n'auraient pu endiguer » et c’est vrai aussi des événements de 1980 et de 1981 en Pologne. C’est ce qui fondait l’optimisme d’Ernest Mandel. Trente ans après la chute du mur et l’unification allemande, un retour sur tout ce passé, son histoire à trous et ses utopies concrètes,  est encore à faire avec le regard des perdants, comme dirait Walter Benjamin, Michaël Löwy ou Daniel Bensaïd.

Tu as souligné l’apport de ce dernier  qui avec « une lente impatience », s’efforçait de proposer un balayage historique des dernières décennies et d'en penser le sens, « acteur, en tant que dirigeant de la LCR et de la quatrième internationale, il n'a jamais cessé d'être l'analyste des événements qu'il vivait et capable de rectifier sa vision à la lumière d'événements dont nombre furent déconcertants. Sa limite est celle que, comme nous, il réfère à l'effet Del Dongo à Waterloo. Les fumées de tout ce qui explose nous cachent les effets potentiels du choc des forces en  présence ».

C’est pour échapper aux fumées de Waterloo que les uns et les autres tentent de s’organiser collectivement, certains notamment mais jamais exclusivement dans la quatrième internationale, comme moi et bien d’autres qui sont ici ou voudraient y être. Mais notre petite internationale ne prétend plus depuis des années être le parti mondial de la révolution et elle affirme que le changement d’époque après la chute du mur de Berlin et la dissolution de l'URSS et le scénario spécifique de restauration capitaliste  qui a marqué ce tournant qui n’a pas encore été analysé comme il le doit, exigent une nouvelle internationale éco-socialiste, pluraliste, luttant contre tous les rapports d’oppression et tirant toutes les leçons du passé et du présent.

Nous pouvons partager avec toi cette conclusion tout en considérant que nos faibles forces peuvent être un outil précieux pour cette tâche et sans recette sur le comment la réaliser.

Ta mémoire, tes écrits nous restent précieux, au revoir Michel, Ramos, Hofmann.

Martine et Delphine, à vos côtés, avec tristesse mais en gardant dans nos têtes le rire de Michel.

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20 février 2020 4 20 /02 /février /2020 18:05

 

 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/02/19/chine-l-empire-du-controle_6030084_3232.html

 

Chine, l’empire du contrôle

Editorial du Monde

Sous le couvert de la gravité de la crise du coronavirus, les autorités chinoises renforcent la surveillance de masse et elles étendent les mesures restrictives des libertés, donnant l’image d’un empire qui évoque plus Big Brother que celle d’une puissance ascendante respectueuse des règles universelles.

Pendant l’épidémie, la répression continue. L’arrestation, ces derniers jours, de deux figures de premier plan de l’opposition chinoise confirme les craintes de nombreux experts, qui redoutent que le régime de Xi Jinping ne mette à profit la peur suscitée dans la population par la contamination du coronavirus pour renforcer durablement le contrôle de la société chinoise.

L’universitaire Xu Zhiyong, quarante six ans, connu pour militer pour l'état de droit en Chine et déjà emprisonné de 2014 à 2017, a été arrêté, Samedi 15 Février 2020, à Canton, chez une avocate auprès de laquelle il s’était réfugié. Selon le Guardian de Londres, un autre universitaire de renom, Xu Zhangrun, privé de cours depuis qu’il a critiqué, en 2018, la réforme de la constitution permettant à Xi Jinping de devenir président à vie, a été assigné à résidence à Pékin sans pouvoir communiquer avec l’extérieur.

En pleine guerre du peuple contre le coronavirus, les autorités chinoises, sous le couvert de la gravité d’une situation sanitaire exceptionnelle, renforcent la surveillance de masse et étendent les mesures restrictives des libertés. La pratique systématique du confinement, assurée par le quadrillage d’innombrables volontaires aussi bien que par le recours aux technologies de reconnaissance faciale et d’intelligence artificielle, est largement soutenue par une population prise de panique. Elle a donné lieu, cependant, à des dérapages hors de tout cadre juridique, comme le blocage total de voies d’accès, l’interdiction faite à des habitants de regagner leur domicile ou la diffusion de données personnelles de patients.

Après une première période où certaines critiques ont pu s’exprimer sur la gestion de la crise, la censure a été renforcée et, au début du mois de février 2020, les autorités ont annoncé un contrôle accru des réseaux sociaux. L’appareil de propagande du Parti Communiste Chinois (PCC) a été prié de guider l’opinion publique et de renforcer le contrôle de l’information. Selon l’organisation China Human Rights Defenders, à la date du Vendredi 7 Février 2020, trois cent cinquante et une personnes avaient été punies pour propagation de fausses rumeurs sur le coronavirus. L’expulsion des trois correspondants du Wall Street Journal, annoncée Mercredi 19 Février 2020, confirme cette tendance.

La contradiction entre la récente amélioration des chiffres sur la propagation de l’épidémie et le renforcement de la surveillance amène à s’interroger sur les véritables objectifs de celle-ci. Vise-t-elle seulement à protéger la santé de la population, ou permet-elle aussi de limiter encore la liberté des citoyens ? Ces limitations disparaîtront-elles avec l’épidémie ou bien seront-elles intégrées au dispositif ordinaire ? La multiplication des mesures récentes décrites plus haut, ainsi que les nouveaux avertissements lancés aux médecins, ou les cours organisés dans certaines villes de la province du Hubei, épicentre de l’épidémie, pour rééduquer ceux qui osent sortir de chez eux sans autorisation ne sont certainement pas de bon augure.

Cette inquiétude est renforcée par les récentes révélations, par plusieurs médias, dont le Monde, sur l’ampleur de la répression des musulmans ouïgours dans la province chinoise du Xinjiang, sous prétexte d’un programme de déradicalisation à grande échelle. Le recours massif à des bases de données de fichage de la population pour aboutir à l’internement d’un million de personnes au Xinjiang, ajouté à la surveillance de masse due au coronavirus, donne l’image d’un empire du contrôle qui évoque plus Big Brother que celle d’une puissance ascendante respectueuse des règles universelles.

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20 février 2020 4 20 /02 /février /2020 17:39

 

 

http://lesmondesdutravail.net/2013/wp-content/uploads/2020/02/MondesduTravail_hors_serie.pdf

 

Le collectif éditorial de la revue des Mondes du Travail a pris la décision de participer au vaste mouvement social contre le démantèlement du modèle social français, dont la réforme des retraites fait partie au même titre que l’ouverture à la concurrence de services publics, la réforme du lycée ou la future Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR).

La revue des Mondes du Travail s’associe au mouvement des revues scientifiques qui se sont mises en grève. Son action participe à la mobilisation du monde de l’enseignement supérieur et de la recherche qui s’oppose à la précarisation des conditions d’exercice du métier d’enseignant-chercheur et au démantèlement du service public de l’enseignement et de la recherche.

Notre engagement prendra la forme de la grève active. Ce mode d’action appartient au même répertoire que les contre cours au lycée ou à l’université, la tenue de séminaires d’université populaire, les coupures de courant d’électricité ou encore le redémarrage de la production sous contrôle ouvrier. Nous avons choisi ce mode d’action car notre activité, qui a toujours été bénévole, a tout intérêt à se poursuivre en se situant désormais explicitement du côté du mouvement social.

Les sciences sociales sont d’abord des sciences dialogiques et ne peuvent réellement exister qu’en ouvrant des champs de réflexion en lien avec les questions qui agitent la société. Les mobilisations et les grèves de l’hiver 2019-2020 nous offrent l’occasion de démontrer qu’un engagement peut se pratiquer sans renoncer à l’indépendance d’esprit ni à l’ambition scientifique.

Nous publions par la présente un numéro spécial hors série sur format numérique. Un tirage papier est prévu pour le mois de mars 2020 et le bénéfice des ventes sera versé aux caisses de grève.

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20 février 2020 4 20 /02 /février /2020 17:27

 

 

GREVE GENERALE ET POLITIQUE DES APPAREILS

Le site et l'association des Arguments Pour la Lutte Sociale (APLS) organisaient au début du mois de février 2020 une réunion publique nationale à Paris relative à l'actuel mouvement social en France. Vous trouverez ci dessous une transcription de mon intervention dans cette réunion. Une synthèse des rapports introductifs et de toutes les interventions de la discussion sont disponibles si vous consultez le site d'APLS aux adresses ci dessous.

Bernard Fischer

 

https://aplutsoc.files.wordpress.com/2020/02/aplutsoc_2020-02-02_dc3a9bats.pdf

https://aplutsoc.files.wordpress.com/2020/02/aplutsoc_2020-02-02_introductions.pdf

 

GREVE GENERALE ET POLITIQUE DES APPAREILS

Bernard Fischer remercie Dan La Botz pour son article sur la guerre en Iran dont il s’étonne qu’APLS ne l’ait pas publié. Il remarque que la grève était, de fait, limitée à la Société Nationale des Chemins de Fer (SNCF) et à la Régie Autonome des Transports Parisiens (RATP), qu’il n’y a pas eu de grève générale et que les incantations ne servent à rien. Il considère que la grève générale et l’auto-organisation relèvent du discours pour les jours de fête et de la propagande, qu’il différencie de l’agitation, de nature à aider le mouvement. De ce point de vue, il note que plus les syndicats sont en crise, moins il y a d’auto-organisation et que les assemblées générales, loin d’être une forme d’organisation des grévistes, étaient étroitement cadrées par l’intersyndicale. Il n’y a pas eu de phénomène massif de débordement des appareils à la différence de ce qui s'était produit en 1986. Il met en avant la nécessité de l’agitation sur le verrou que représente l’intersyndicale et sur la dénonciation des appareils, du dialogue social et de la conférence de financement. Il considère également centrale la question de la répression policière en particulier contre les jeunes et du glissement vers un état policier.

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20 février 2020 4 20 /02 /février /2020 17:12

 

 

https://fr.reuters.com/article/topNews/idFRKBN20E0KU

 

Coronavirus, déclin des nouveaux cas en Chine, deux morts au Japon et un mort en Corée du Sud (Reuters)

La Chine a fait état Jeudi 20 Février 2020 d'une forte diminution du nombre quotidien de cas supplémentaires de contamination au coronavirus, dont le bilan hors de Chine continentale s'est alourdi avec le décès de deux passagers du navire de croisière placé en quarantaine dans le port japonais de Yokohama et d'une personne en Corée du Sud.

Un couple d’octogénaires, un homme de quatre vingt sept ans et une femme de quatre vingt quatre ans, qui se trouvaient à bord du Diamond Princess est mort à cause du virus.

La Corée du Sud a annoncé de son côté le premier décès dans le pays d’une personne infectée au nouveau coronavirus, ce qui porte à onze le nombre de cas mortels hors de Chine continentale, ainsi que vingt deux autres cas de contamination liés à des offices religieux à Daegu. Il y a désormais quatre vingt deux personnes infectées par le virus en Corée du Sud.

Le maire de Daegu, Kwon Young Jin, a demandé aux deux millions cinq cent mille habitants de la ville de rester confinés chez eux. Au moins quatre vingt dix personnes ayant assisté aux services religieux, sur un millier de personnes, présentent des symptômes du coronavirus.

« Nous sommes face à une crise sans précédent », a déclaré Kwon Young Jin à la presse, « nous comptons faire passer des tests à tous les fidèles de cette église ».

Des scientifiques qui ont étudié en Chine les prélèvements pharyngés et nasaux de dix huit patients infectés par le coronavirus ont dit que le virus agissait davantage comme la grippe que comme les coronavirus parents et qu’il pouvait être transmis par des personnes contaminées ne présentant pas encore de symptômes.

Les résultats préliminaires de ces tests, publiés Mercredi 19 Février 2020 par le New England Journal of Medicine, suggèrent que le nouveau coronavirus pourrait se propager plus facilement qu’envisagé.

« Si c’est confirmé, c’est très important », a déclaré Gregory Poland, chercheur à la clinique Mayo dans le Minnesota, qui n’a pas été impliqué dans cette étude.

Alors que les derniers bilans communiqués en Chine continentale laissent à penser que l’épidémie ralentit, il est difficile de déterminer dans quelle mesure le déclin du nombre de nouveaux cas quotidiens de contamination relève de la nouvelle méthode de diagnostic ou d’une baisse du nombre de personnes contractant le virus.

Les autorités chinoises considèrent désormais qu’un cas de contamination est confirmé après analyse génétique et non plus seulement à l’aide de radiographie des poumons.

L’épidémie a causé cent quatorze morts supplémentaires Mercredi 19 Février 2020 en Chine continentale, ont rapporté les autorités sanitaires locales, Jeudi 20 Février 2020, ce qui porte à deux mille cent dix huit le nombre de décès causés par le virus dans le pays.

Dans son bilan quotidien, la Commission Nationale Chinoise de la Santé (CNCS) a fait état Jeudi 20 Février 2020 de trois cent quatre vingt quatorze cas quotidiens supplémentaires de contamination, contre mille sept cent quarante neuf cas quotidiens supplémentaires, Mercredi 19 Février 2020. Selon ses chiffres, il y a désormais soixante quatorze mille cinq cent soixante seize patients en Chine continentale.

Au Japon, le gouvernement fait face à d’importantes critiques pour sa gestion de l’épidémie sur le navire de croisière Diamond Princess, plus important foyer de contamination hors de Chine continentale.

Un groupe d’environ cinq cent passagers ont débarqué Mercredi 19 Février 2020 et six cent citoyens japonais et étrangers devaient quitter à leur tour Jeudi 20 Février 2020 le bateau placé en quarantaine le 3 février 2020 dans le port de Yokohama, près de Tokyo.

Le Diamond Princess, navire du croisiériste américain Carnival Corp, transportait initialement trois mille sept cent passagers et membres d’équipage. La plupart des personnes contaminées ont été transférées dans des hôpitaux.

Plusieurs centaines de passagers évacués Mercredi 19 Février 2020 du bateau ont à nouveau été placés en quarantaine une fois arrivés dans leurs pays respectifs, l’Australie et Hong Kong ayant par exemple décidé d’isoler leurs ressortissants pendant deux semaines supplémentaires.

Alors même que débutait le débarquement des passagers, Mercredi 19 Février 2020, les autorités japonaises ont indiqué avoir confirmé soixante dix neuf cas supplémentaires de contamination à bord du Diamond Princess, portant à au moins six cent vingt le nombre de personnes infectées.

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