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16 février 2022 3 16 /02 /février /2022 15:07

 

 

https://agone.org/aujourlejour/sur-lassassinat-de-camillo-berneri-et-de-francesco-barbieri

 

Assassinat de Camillo Berneri à Barcelone au mois de mai 1937

Lundi 21 Octobre 2019

L’assassinat de Camillo Berneri et de Francesco Barbieri dans la nuit du 5 mai au 6 mai 1937 ne fut rendu public que le 8 mai 1937, dans le Boletín de Información de la Confédération Nationale du Travail (CNT) et de la Fédération Anarchiste Ibérique (FAI). En raison sans doute de l’appel à la trêve lancé le 6 mai 1937, les détails du meurtre ne furent rapportés par Solidaridad Obrera que le 11 mai 1937, quelques jours après la fin des combats. Personne n’a jamais pu établir formellement qui furent les véritables responsables de la mort de Camillo Berneri et de Francesco Barbieri.

Il y a trois versions plausibles. À l’époque, la plupart des sources proches des anarcho-syndicalistes attribuèrent les assassinats aux communistes staliniens. Camillo Berneri n’avait cessé de susciter leur hostilité par ses critiques de la politique communiste en Espagne. Dans un article publié dans Guerra di Classe, un journal anarcho-syndicaliste italien que Camillo Berneri et d’autres libertaires italiens de la Casa Malatesta à Barcelone publiaient depuis le mois d'octobre 1936, Camillo Berneri soutint que l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) avait envoyé des armes et des cadres en Espagne pour contrôler la lutte des antifascistes et pour entraver le développement de la révolution sociale dans la lutte armée contre le fascisme. D’après Rudolf Rocker, cet article suscita les protestations de l’ambassadeur soviétique à Barcelone, certainement le consul général, Vladimir Antonov-Ovseïenko, et dès lors les agents de Moscou lui vouèrent une haine mortelle.

Compte tenu du conflit de longue date entre, d'une part, Camillo Berneri et les anarcho-syndicalistes et, d'autre part, les communistes staliniens et les méthodes employées par ceux-ci pour liquider leurs adversaires politiques, il est naturel qu’ils aient été accusés. Selon Augustin Souchy, Camillo Berneri et Francesco Barbieri furent tués dans les circonstances suivantes, « Mercredi 5 Mai 1937, vers 17 heures, douze hommes arrivèrent chez eux, pour moitié des Mossos d'Esquadra, les policiers du gouvernement catalan, et pour l’autre moitié des militants du Parti Socialiste Unifié de Catalogne (PSUC) et, semble- t-il, des militants de l'Union Générale des Travailleurs (UGT), portant des brassards rouges. Le chef du groupe, quand on lui demanda son nom, montra sa carte d’identification qui portait le numéro mille cent neuf. Deux membres du groupe restèrent dans l’appartement pour faire une nouvelle fouille. Pendant la nuit du Mercredi 5 Mai au Jeudi 6 Mai 1937, Camillo Berneri et Francesco Barbieri furent tués par des balles de mitrailleuse, comme l’indique l’autopsie. C’était un meurtre froidement calculé. Les indices sont irréfutables. Camillo Berneri et Francesco Barbieri ont été assassinés en tant qu’anarchistes, par des Mossos d'Esquadra et par des membres du PSUC, c’est-à-dire par le Parti Communiste d'Espagne (PCE) affilié à Moscou ».

Cette version coïncide avec celle d'Enrico Arrigoni, le correspondant du journal anarchiste américain Cultura Proletaria qui, comme Augustin Souchy, se trouvait à Barcelone à l’époque. Il affirme également avoir été présent au côté des femmes de Camillo Berneri et de Francesco Barbieri lorsqu’elles identifièrent les corps de leurs maris atrocement mutilés.

Plusieurs semaines après les événements, un article paru le 29 mai 1937 dans le Grido del Popolo, l’organe du Parti Communiste Italien (PCI) en France, sembla accréditer la thèse selon laquelle Camillo Berneri aurait été assassiné par les communistes staliniens. L’article s’efforçait surtout de trouver les responsables des événements du mois de mai 1937 à Barcelone. Camillo Berneri lui-même y était accusé à tort d’avoir fait partie des supposés éléments incontrôlables qui, explique l’article, provoquèrent le soulèvement sanglant contre le gouvernement de Front Populaire en Catalogne. En tant que membre des provocateurs, poursuivait l’article, Camillo Berneri a reçu ce qu’il méritait pendant cette révolte. Si l’article ne suggérait nullement que les communistes staliniens soient intervenus dans la mort de Camillo Berneri, il témoignait bel et bien de la détestation qu’il suscitait chez eux. Il reflétait également l’idée communiste commune à l’époque selon laquelle l’élimination et même le meurtre de militants opposés au Front Populaire pouvaient se justifier. Depuis la guerre, plusieurs auteurs ont accepté la version d’une responsabilité des communistes staliniens dans le meurtre de Camillo Berneri, notamment son gendre Vernon Richards, Abad de Santillán, Pier Carlo Masini et Alberto Sorti.

La version anarchiste officielle de l’assassinat de Camillo Berneri fut présentée par le comité national de la CNT. Dans un manifeste publié au mois de juin 1937, le comité national de la CNT accusa le parti séparatiste catalan Estat Catalá d’avoir déclenché la tragédie des événements du mois de mai 1937 et, par extension, la mort de Camillo Berneri et de Francesco Barbieri. D’après ce manifeste, Camillo Berneri avait été tué parce qu’il disposait d’informations détaillées sur les activités des fascistes italiens en Espagne et dans d’autres pays méditerranéens. Le manifeste laissait entendre que les hommes qui avaient arrêté Camillo Berneri et Francesco Barbieri n’étaient pas des membres du PSUC, mais des éléments profascistes d’Estat Catalá déguisés en policiers qui travaillaient avec la police secrète de Benito Mussolini.

Plus récemment, après de très longues recherches sur le sujet, l’historien Carlos Rama a présenté une variante de la théorie de la conspiration fasciste dans plusieurs publications. Pour résumer, Carlos Rama pense que le plus probable est que Camillo Berneri ait été assassiné par des franquistes de la cinquième colonne sur ordre de la police secrète de Benito Mussolini. Pour appuyer sa thèse, Carlos Rama souligne que l’historien italien Pier Carlo Masini a découvert des documents dans le Casellario Politico Central du ministère de l'intérieur en Italie qui prouvent que, pendant son séjour à Barcelone, Camillo Berneri était sous la surveillance constante d’agents italiens. Ces agents, poursuit Carlos Rama, peuvent avoir infiltré les rangs des groupes anarcho-syndicalistes italiens qui opéraient à Barcelone. Carlos Rama explique que l’intérêt que la police secrète de Benito Mussolini portait aux mouvements de Camillo Berneri était compréhensible. Camillo Berneri était connu pour ses écrits antifascistes, par exemple son Mussolini à la Conquête des Baléares, mais on le disait aussi impliqué dans une conspiration pour assassiner Benito Mussolini. À cet égard, il est important de noter que nous avons des preuves concrètes attestant de la présence et des activités d’agents de la police secrète de Benito Mussolini à Barcelone pendant la guerre civile. Nous savons désormais, par exemple, qu’une lettre de Jean Rous à Léon Trotsky fut interceptée par des agents de la police secrète de Benito Mussolini, puisqu’elle fut découverte des années après dans les archives de la police italienne.

Bien évidemment, la théorie de Carlos Rama remet en question la conviction encore très forte chez de nombreux anarchistes que Camillo Berneri a été tué par les communistes staliniens. Mais certains libertaires, comme Joan García Oliver, soutiennent une thèse similaire à celle de Carlos Rama. Dans son autobiographie Eco de los Pasos, en 1978, Joan García Oliver remarque que les anarchistes accusèrent instinctivement le PSUC d’avoir assassiné Camillo Berneri et Francesco Barbieri en raison de leur haine intense des communistes staliniens.

Mais pour lui, dans la confusion qui régnait à Barcelone pendant les journées du mois de mai 1937, des agents de la police secrète de Benito Mussolini peuvent avoir mis sur pied une telle opération. Il souligne également que l’exécution de Camillo Berneri présente des similitudes frappantes avec celle de ses compatriotes Carlo et Nello Rosselli, qui furent tués en France peu après les événements du mois de mai 1937 par des cagoulards français sur ordre de la police secrète de Benito Mussolini. Le New York Times du 24 septembre 1944 affirme que le meurtre de Carlo et de Nello Rosselli a été ordonné par le comte Galeazzo Ciano.

Dans une lettre à Burnett Bolloten du mois de juillet 1979, Federica Montseny écrit que l’assassinat de Camillo Berneri demeure et demeurera un mystère. Elle est parvenue à cette conclusion après en avoir discuté avec Carlos Rama, « selon Carlos Rama, les auteurs de l’assassinat auraient tout aussi bien pu être des fascistes que des communistes staliniens. Benito Mussolini ne pardonna jamais à Camillo Berneri les campagnes antifascistes que notre malheureux camarade mena pendant ses années d’exil en France et l’acte commis un mois plus tard, au mois de juin 1937, par les tueurs à gages du fascisme qui assassinèrent Carlo et Nello Roselli à Paris, en réalité à Bagnoles de l’Orne, dans les circonstances horribles que nous connaissons, suscite un certain nombre de suspicions. D’ailleurs, Camillo Berneri s’est plus distingué par ses attaques contre le fascisme que par son opposition aux communistes staliniens. Le doute que Carlos Rama a semé en moi lors de nos conversations m’oblige, comme un cas de conscience, à ne pas considérer cette question comme définitivement tranchée ».

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16 février 2022 3 16 /02 /février /2022 14:25

 

 

https://www.franceameriquelatine.org/nicaragua-mourir-en-prison-hasta-siempre-hugo-torres-communique-collectif/

 

Communiqué commun du Collectif de Solidarité avec le Peuple du Nicaragua (CSPN), du Comité Nicaragua Occitanie (CNO), de France Amérique Latine (FAL), de Terre et Liberté pour Arauco (TLA) et du Centre Tricontinental

Lundi 14 Février 2022

Depuis leur arrestation au mois de mai et au mois de juin 2021, les organisations de défense des droits humains et leurs familles alertaient sur le sort des prisonniers politiques embastillés par le régime de Daniel Ortega et de Rosario Murillo afin de continuer d’exercer le pouvoir absolu.

Le pire était à craindre pour certains d’entre eux en raison de leurs conditions inhumaines de détention, de leur âge et de leur état de santé, et le pire s’est effectivement produit. Samedi 12 Février 2022, nous avons appris la mort en prison du général à la retraite Hugo Torres Jiménez, héros de la révolution, militant historique du Front Sandiniste de Libération Nationale (FSLN) et cofondateur du Mouvement de Rénovation Sandiniste (MRS).

Les circonstances exactes de sa mort restent encore obscures. Le 17 décembre 2021, ses codétenus avaient alerté sur la détérioration de son état de santé. Hugo Torres n'avait pas été emmené à l’hôpital militaire, comme cela aurait été logique étant donné son statut d'ancien militaire, mais à l’hôpital de la police. Il était ainsi maintenu dans une condition de détenu à la merci de ses geôliers. Depuis cette date, plus aucune nouvelle de lui n’avait filtré.

Ironie de l’histoire et mesquinerie suprême du caudillo, Hugo Torres faisait partie du commando qui, en 1974, avait obtenu la libération d’une vingtaine de prisonniers sandinistes, parmi lesquels Daniel Ortega.

Hugo Torres avait également participé en 1978 à l’assaut du Palais National, il était le commandant numéro un de l’opération, qui avait permis la libération de cinquante prisonniers du FSLN, en compagnie notamment de Dora Marian Téllez, elle était la commandante numéro deux de l'opération, elle aussi emprisonnée et condamnée il y a quelques jours à huit ans de prison. Elle fait aussi partie des détenus dont l’état de santé suscite de grandes inquiétudes. Il s’agit notamment des détenus les plus âgés, comme Edgard Parrales, ancien ambassadeur du Nicaragua auprès de l'Organisation des Etats Américains (OEA) à l’époque de la révolution, qui a soixante dix neuf ans. Cette situation doit cesser.

Hugo Torres a dû subir une ultime épreuve et finir sa vie prisonnier d’une nouvelle dictature contre laquelle il s’était élevé, après avoir combattu celle d'Anastasio Somoza les armes à la main dans les années 1970. Nous garderons de lui le souvenir d’un homme intègre, libre et fidèle à ses convictions.

Nous partageons la douleur de la famille, des proches et des compagnes et compagnons de militance d’Hugo Torres et nous leur manifestons notre solidarité.

Nous nous joignons à l’appel des proches, des défenseurs des droits humains et de l’opposition politique et sociale à la dictature pour exiger une enquête indépendante sur les circonstances exactes de la mort d’Hugo Torres.

Nous demandons la libération immédiate et sans conditions de tous les prisonniers politiques, au nombre de cent quatre-vingt-trois, selon les derniers chiffres.

Nous demandons l’abandon des poursuites menées au nom de lois iniques.

Nous demandons le rétablissement des droits constitutionnels de tous les nicaraguayens.

Nous demandons, de toute urgence, pour tous les prisonniers, l’accès à l’équipe médicale de leur choix afin de recevoir les soins appropriés à leur état de santé.

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15 février 2022 2 15 /02 /février /2022 18:18

 

 

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Camillo_Berneri

 

BIOGRAPHIE DE CAMILLO BERNERI

Camillo Berneri, né le 20 mai 1897 à Lodi en Italie et mort dans la nuit du 5 mai au 6 mai 1937 à Barcelone en Espagne probablement assassiné par des staliniens du Parti Socialiste Unifié de Catalogne (PSUC), est un philosophe, écrivain et militant communiste libertaire italien.

Militant des Jeunesses socialistes, il devient anarchiste pendant la première guerre mondiale. Professeur de philosophie dans un lycée, il est contraint à l'exil après la victoire de Benito Mussolini.

Au mois de juillet 1936, après le coup d'état du général Francisco Franco en Espagne, il forme avec Carlo Rosselli et Mario Angeloni une colonne combattante, la section italienne de la Colonne Ascaso. Il jouit alors d'un grand prestige dans le mouvement libertaire international et d'une autorité certaine dans le mouvement libertaire espagnol.

Durant les journées sanglantes de Barcelone, le 5 mai 1937, avec Francesco Barbieri, il est arrêté par la police aux ordres des staliniens et il est retrouvé mort le 6 mai 1937, assassiné par la police politique soviétique. Pour l'historien français Michel Dreyfus, spécialiste de l’histoire du mouvement ouvrier, « les communistes staliniens ont très probablement assassiné l'anarchiste Camillio Berneri et en tout cas ils ont applaudi à son assassinat ».

L'idée selon laquelle, pour Camillo Berneri, la guerre d'Espagne ne pouvait être gagnée qu'en menant à son terme la révolution sociale et sa dénonciation du caractère contre-révolutionnaire du stalinisme, pourrait expliquer son mystérieux assassinat.

Né à Lodi en 1897, Camillo Berneri passe son enfance en suivant sa mère, maîtresse d’école, dans ses différentes mutations à Palerme, à Milan, à Cesena, à Forlì et à Reggio d'Émilie. C’est là que, très jeune, il rejoint un cercle des Jeunesses Socialistes.

En 1915, il en démissionne, publiant une lettre ouverte, « le mouvement socialiste a commencé sa descente désastreuse vers les bases de l’égoïsme destructeur, suivant ainsi la trajectoire de la puissance morale du christianisme, qui devint puissant grâce à ses martyrs et qui tomba dans la décadence lorsque les sacrifices de ses partisans cessèrent. Il nous faut un nouvel essor et un retour au temps où aimer une idée voulait dire ne pas craindre la mort et ne pas sacrifier toute la vie à une soumission complète ». Il s'engage dans l'anarchisme.

Le 4 janvier 1917, il épouse civilement à Gualtieri, Giovanna Caleffi, une ancienne élève de sa mère à l’École Normale de Reggio d'Émilie. Trois mois après son mariage, il est appelé sous les drapeaux, bien que réformé parce que convalescent après une très grave maladie. Après quelques mois passés à l’Académie de Modène, il est envoyé en résidence surveillée à Pianosa pour insubordination puis renvoyé dans ses foyers. Congédié en 1919, il commence de collaborer assidûment à la presse anarchiste, participant ensuite à la constitution de l’Union Anarchiste Italienne (UAI).

Il commence à écrire sous le pseudonyme de Camillo da Lodi dans plusieurs périodiques libertaires, Umanità Nova, Pensiero e Volontà, Avvenire Anarchico, la Rivolta et Volontà. Il se lie d'amitié avec Errico Malatesta et Luigi Fabbri.

Après la première guerre mondiale, il termine ses études à l’université de Florence, tout en continuant à s'impliquer dans la presse anarchiste. Diplômé en philosophie, il devient professeur de philosophie dans un lycée.

Lorsque le fascisme prend le pouvoir, il refuse de prêter fidélité, en tant que fonctionnaire, au régime de Benito Mussolini. Il maintient des contacts avec les antifascistes florentins qui éditent le journal Non Mollare. L'activité de Camillo Berneri est très intense au sein de l'UAI.

En 1926, il est contraint à l'exil, avec sa compagne et militante Giovanna Caleffi, ainsi que ses filles Marie-Louise Berneri et Giliana Berneri, toutes les deux sont des militantes anarchistes.

Il s'installe en France. Arrêté une première fois au mois d’avril 1927, après la conférence internationale de l’Hay les Roses, il est dès lors étroitement surveillé par la police. Le 11 décembre 1928, il est expulsé de France et, jusqu’en 1930, il ne cessa d’être harcelé par les polices belges, françaises, hollandaises, allemandes et luxembourgeoises, au cours d’exils et de séjours successifs en prison. Il n’obtient un permis de séjour en France qu’en 1935, peu avant de partir pour l’Espagne. Il continue toutefois de publier abondamment dans la presse anarchiste de langue italienne en Suisse, aux États-Unis et en France.

Malgré toutes ses contraintes morales et physiques, cette période lui permet de lire des ouvrages sur des sujets aussi divers que les sciences, la psychologie et le finalisme. Il rédige des articles et des brochures antireligieuses ou sur l'émancipation des femmes. Il termine également une thèse qui fut publiée, le Juif Antisémite où il étudie l’assimilation forcée ou volontaire des juifs. André Spire, poète et sioniste, jugea le livre de première importance. Mais ses écrits les plus importants sont « l’Espionnage Fasciste à l’Etranger » et « Mussolini à la Conquête des Baléares ».

Il écrit également sur l'anarchisme où il défend des positions personnelles. « Il faut sortir du romantisme. Voir les masses, dirai-je, en perspective. Il n’y a pas le peuple, homogène, mais les foules variées et séparées en catégories. Il n’y a pas la volonté révolutionnaire des masses, mais des moments révolutionnaires, dans lesquels les masses sont un énorme levier », écrit-il en 1927. « Si nous voulons arriver à une révision potentielle de notre force révolutionnaire non négligeable, il faut nous débarrasser des apriorismes idéologiques et de la remise à demain commode du règlement des problèmes tactiques et constructifs. Je dis constructifs parce que le plus grand danger d’arrêt et de déviation de la révolution est dans la tendance conservatrice des masses », écrit-il en 1930.

Lorsque la guerre civile espagnole éclate, Camillo Berneri est un des premiers à rejoindre la Catalogne, centre de l'activité des libertaires regroupés au sein de la Confédération Nationale du Travail (CNT). Avec Carlo Rosselli et d'autres antifascistes italiens, ils forment une colonne qui sera intégrée dans la colonne Ascaso sur le front d’Aragon. Il prend part à la bataille de Monte Pelado du 28 août 1936, « nous avons défendu la position à cent trente contre six cent environ, aguerris et disposant de forts moyens, pendant quatre heures de lutte », et à la bataille d’Huesca du 3 septembre 1936.

Inadapté aux fatigues du front, il s'emploie aux débats et aux tâches politiques publiant à Barcelone à partir du 9 octobre 1936 l'hebdomadaire de langue italienne Guerra di Classe. Très tôt, il est de ceux qui affirment que seule la lutte anticapitaliste peut s’opposer au fascisme et que le piège de l’antifascisme signifie l’abandon des principes de la révolution sociale. Il ne cesse de répéter que la révolution doit être gagnée sur le terrain social et qu’elle ne le sera pas sur le terrain militaire. Il s’oppose ainsi à la militarisation des milices qu’il voit comme la première victoire des forces étatiques. Contre ceux qui défendent l'idée de vaincre Francisco Franco d'abord, il milite en faveur d'une liaison étroite entre la guerre et la révolution sociale, « gagner la guerre est nécessaire, mais nous ne gagnerons pas la guerre en restreignant le problème aux conditions strictement militaires de la victoire, mais en les liant aux conditions politiques et sociales de la victoire ».

C'est la substance de ses nombreux articles et discours dont sa lettre ouverte à la ministre anarchiste de la santé Federica Montseny qui, avec deux autres anarchistes, participent au gouvernement de Francisco Largo Caballero et dans laquelle il s'inquiète des discours éloquents et des articles brillants tenus ou écrits par les ministres anarchistes emprisonnés dans une stratégie de position, « l’heure est venue de se rendre compte si les anarchistes sont au gouvernement pour être les vestales d'un feu sur le point de s'éteindre ou bien s'ils y sont désormais seulement pour servir de bonnet phrygien à des politiciens flirtant avec l'ennemi ou avec les forces de restauration de la république de toutes les classes. Le dilemme de la guerre ou de la révolution n'a plus de sens. Le seul dilemme est celui de la défaite ou de la victoire contre Francisco Franco grâce à la guerre révolutionnaire ».

Il devient journaliste pour la radio de la CNT et de la Fédération Anarchiste Ibérique (FAI) et il réalise des transmissions vers l'Italie. Dans le livre Pensée et Bataille, en 1936, il formule des commentaires critiques sur la situation, mettant en garde contre le risque d'un putsch des communistes staliniens ou s'étonnant du gouvernementalisme anarchiste. Il fait des propositions politiques multiples même s'il n'est pas entendu, proclamation de l'indépendance du Maroc, coordination des forces militaires et augmentation progressive de la socialisation.

En cela, Camillo Berneri s'expose à la répression des communistes staliniens installés en force dans le nouveau gouvernement de Juan Negrín. « Depuis quelque temps, nous avons fréquemment des victimes dans notre camp, ici, à cause des staliniens », écrit-il au mois de janvier 1937.

Ses deux derniers textes sont « Nous et le POUM » publié par l’Adunata dei Refrattari, hebdomadaire anarchiste italo-new-yorkais, sans doute parce que la défense critique que faisait Camillo Berneri n’était pas publiable au mois d’avril et au mois de 1937 en Espagne, et un discours, le 3 mai 1937 à la radio de la CNT et de la FAI pour l’Italie, à l’occasion de la mort d’Antonio Gramsci, « le militant tenace et digne que fut notre adversaire Antonio Gramsci, convaincu qu’il a apporté sa pierre à la construction de la nouvelle société ».

Le 5 mai 1937, Camillo Berneri et Francesco Barbieri, un compagnon anarchiste, sont emmenés par une dizaine d'hommes en civil, porteurs d’un brassard rouge, et par des policiers. Leurs corps sont retrouvés le 6 mai 1937, criblés de balles et atrocement mutilés, vraisemblablement par la police républicaine ou par les communistes staliniens italiens et espagnols. Un article, paru le 29 mai 1937 dans l’organe du Parti Communiste Italien (PCI) en France, écrit que « Camillo Berneri, militant incontrôlé, est responsable du sanglant soulèvement contre le front populaire espagnol. La révolution démocratique, à laquelle aucun antifasciste ne refusera le droit à l’autodéfense, s’est fait justice sur la personne de Camillo Berneri ». La compagne de Camillo Berneri élèvera les enfants d'Antonio Cieri, lui aussi tombé en Espagne.

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15 février 2022 2 15 /02 /février /2022 17:31

 

 

https://www.contretemps.eu/front-national-algerie-colonialisme-le-pen/

 

Biographie de Pierre Sergent

Né en 1926, élève au lycée Henri IV, membre avec son frère d’un réseau de résistance, il appartient en 1943 au corps-franc Liberté, formé de lycéens et qui, dénoncé, sera en grande partie démantelé. Au mois de juin 1944, il rejoint un maquis en Sologne. En 1947, il entre à Saint-Cyr et il fonde la revue des élèves de Saint Cyr. Il se lie d’amitié avec Arnaud et Bertrand Gorostarzu, futurs activistes de l’Organisation Armée Secrète (OAS). Il participe aux deux guerres coloniales en Indochine et en Algérie.

Partisan de l’Algérie française, il soutient les émeutiers lors de la semaine des barricades du 24 janvier au 2 février 1960 à Alger et il est en contact avec deux chefs des émeutiers, Pierre Lagaillarde et Joseph Ortiz, futurs fondateurs de l’OAS à Madrid. Il est affecté au premier Régiment Etranger de Parachutistes (REP), commandé par le commandant Hélie de Saint-Marc et basé au camp de Zéralda. Il participe au putsch des généraux dans la nuit du 21 avril au 22 avril 1961. Il est en contact avec le lieutenant Roger Degueldre, futur chef des tueurs de l’OAS des commandos Delta, avec le colonel Yves Godard, créateur de l’organigramme de l’OAS et membre du conseil supérieur de l’OAS, et avec le colonel Jean Gardes, ancien responsable du cinquième bureau d’Alger chargé de l’action psychologique, chef de la branche de l’OAS dite de l’Organisation des Masses (OM) et membre du conseil supérieur de l'OAS.

Pierre Sergent est présent au mois d'avril et au mois de mai 1961 à la réunion qui se tient à Alger et qui va relancer l’OAS après l’échec du putsch. Sont présents Daniel Godot, Jean Gardes, Jean Jacques Susini, Jean Claude Perez, Paul Gardy et Roger Degueldre. II s’interroge sur l’opportunité de livrer les combats en Algérie, « puisque l’Algérie c’est la France, c’est à Paris qu’il faut se battre », pour obtenir le retrait de Charles de Gaulle et pour obtenir un changement de gouvernement. Cependant, l’OAS va rencontrer des difficultés d’implantation, en particulier parce qu’elle est loin d’avoir la même implantation qu’en Algérie.

Pierre Sergent va bénéficier du réseau mis en place par Jacques Carpentier, responsable de l’Union Royaliste d’Algérie (URA) pour faire passer clandestinement des militaires d’Alger en Métropole. Il arrive à Paris le 3 juin 1961. Il n’a pas de projet très précis. Ses préoccupations sont essentiellement matérielles, planques, argent et faux papiers, et liées à la clandestinité, car les cadres de sa mission n’ont pas été définis.

Il est pris en charge par les royalistes de la Restauration Nationale, « je longe la rue Croix des Petits-Champs et je cherche le numéro dix. Rapide coup d’œil en arrière, je sonne, un battant de la porte cochère s’ouvre automatiquement. Au second étage de cet immeuble vétuste dont l’escalier est faiblement éclairé, je lis sur une porte Aspects de la France. C’est là. Pierre Juhel et Louis-Olivier de Roux, président de l’Action Française me procurent mon premier logement clandestin en Métropole ».

Il reprend la structuration de l’OAS en Algérie. Jean-Marie Curutchet dirige l’Organisation des Renseignements et des Opérations (ORO), il est secondé par Daniel Godot, par Laurent Laudenbach, responsable de l’Action Psychologique et Propagande (APP), patron des éditions de la Table Ronde et rédacteur à l’Esprit Public, vitrine légale de l’OAS en Métropole, par Hubert Bassot, Raoul Girardet, Jules Monnerot, Jean Brune, Philippe Héduy, Philippe Marçais, Marcel Kalflèche et Nicolas Kayanakis, responsable de l’OAS Métropole Jeune. Pierre Sergent s’oppose à André Canal, dit le Monocle, chef de la troisième mission, qui revendique l’autorité entière sur l’OAS Métropole.

Considéré comme déserteur à compter du 20 avril 1961, Pierre Sergent est condamné à mort par contumace par le Tribunal Militaire Spécial. Le 20 mai 1961 à Rome, il crée le comité exécutif du Conseil National de la Résistance (CNR) présidé par Georges Bidault, avec Antoine Argoud et Jacques Soustelle qui a en charge les relations extérieures. Il se réfugie en Suisse puis en Belgique. Après l’arrestation d’Antoine Argoud, Pierre Sergent prend la direction du CNR. Le 31 juillet 1968, il bénéficie de la loi d’amnistie et il rentre en France au mois d’octobre 1968. Il prend alors la direction du Mouvement Jeune Révolution (MJR), créé en 1966 par des anciens de l’OAS Métropole. Le MJR déclare que « Pierre Sergent est pour nous le symbole du combat qui continue contre le régime gaulliste. Nous voulons offrir au pays une troisième voie entre un capitalisme et un communisme également dépassé et nous militons pour la formation d’un Front Révolutionnaire, qui a maintenant un chef, Pierre Sergent ».

En 1969, il s’éloigne du MJR. Au mois de juin 1969, Pierre Sergent et Pierre Durand, ancien trésorier adjoint de la campagne de Jean Louis Tixier Vignancour, lancent le Défi avec Claude Joubert, un ancien de l’OAS Métropole et un ancien présentateur du journal télévisé. Il participe à la campagne de Valéry Giscard d’Estaing lors des élections présidentielles de 1974. En 1983, il adhère au Centre National des Indépendants et des Paysans (CNIP).

En 1985, il rejoint le Front National et il est chargé d’implanter le mouvement dans les Pyrénées Orientales. Il est élu député des Pyrénées Orientales en 1986, sous l’étiquette du Rassemblement National de Jean Marie Le Pen. Il siège également au conseil régional du Languedoc et il permet, avec sept autres élus frontistes, l’élection de Jacques Blanc à la présidence de l’assemblée régionale. Il est candidat en 1989 aux élections municipales à Perpignan et aux élections européennes sur la liste Europe et Patrie. En 1990, il soutient, en désaccord avec la ligne du Front National, l’intervention militaire en Irak. Pro-sioniste, il soutient Israël. En 1992, il est réélu au conseil régional de la région Languedoc-Roussillon. Il meurt au mois de septembre 1992.

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15 février 2022 2 15 /02 /février /2022 17:01

 

 

https://www.revolutionpermanente.fr/Jerome-Rodrigues-libere-solidarite-face-a-la-repression-exigeons-l-abandon-de-toutes-les-charges

 

Jérôme Rodrigues libéré, solidarité face à la répression, exigeons l’abandon de toutes les charges

Interpellé Samedi 12 Février 2022, dans le cadre de la journée de mobilisation du convoi de la liberté à Paris, Jérôme Rodrigues a été enfin libéré Lundi 14 Février 2022. Face à la répression, le soutien doit être le plus large envers lui et l'ensemble des manifestants réprimés.

Interpellé puis placé en garde à vue Samedi 12 Février 2022 pour organisation de manifestation interdite et participation à un groupement formé en vue de commettre des violences, Jérôme Rodrigues a finalement été libéré Lundi 14 Février 2022 après près de quarante-huit heures d’enfermement et un passage en comparution immédiate.

Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, Jérôme Rodrigues s’est exprimé juste après sa sortie du tribunal avec émotion, « on m’accuse d’avoir fait un appel à la solidarité pour que les personnes puissent avoir de l’essence et pour qu’ils puissent se nourrir pendant le convoi. C’est interdit en France. On mérite la prison pour cela. Ils traitent d’enculés tous les prisonniers. Les prisons sont inhumaines. Je suis un opposant politique qui va devenir un prisonnier politique ». D’après le Parisien, Jérôme Rodrigues a été convoqué par procès-verbal à une audience qui devrait avoir lieu le 8 juillet 2022 devant la dixième chambre du tribunal correctionnel de Paris.

Cette offensive répressive contre une figure du mouvement des Gilets Jaunes s’inscrit dans la continuité de l’acharnement subi par Jérôme Rodrigues, éborgné le 26 janvier 2019 par un tir de Lanceur de Balles de Défense (LBD) et régulièrement interpellé depuis trois ans. Dans ce cadre, il est fondamental d’exprimer notre solidarité contre cette répression politique. Toutes les organisations du mouvement ouvrier et du mouvement social doivent exiger le retrait de toutes les charges contre Jérôme Rodrigues.

En outre, cette arrestation très symbolique n’est pas isolée. Le week-end du Samedi 12 Février et du Dimanche 13 Février 2022, ce sont des centaines de personnes qui ont été verbalisées et interpellées dans le cadre des manifestations du convoi de la liberté. Face à l’autoritarisme du gouvernement et à cette répression, il faut également exiger la libération de tous les interpellés et leur amnistie.

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15 février 2022 2 15 /02 /février /2022 15:28

 

 

https://alencontre.org/societe/pfizer-modern-position-monopolistique-brevets-et-profits.html

 

Pfizer, Moderna, position monopolistique, brevets et profits

Par John Nichols

La pandémie de coronavirus a exigé un sacrifice partagé des infirmières, des chauffeurs de bus, des enseignants et d’autres travailleurs de première ligne pendant près de deux ans, mais Pfizer ne sacrifie rien du tout.

Depuis qu’il a produit le premier vaccin contre le coronavirus qui a été largement distribué aux Etats-Unis et dans d’autres pays riches, le géant pharmaceutique a le vent en poupe. Le groupe a écoulé en 2022 deux milliards et trois cent millions de doses. Il a été largement crédité d’avoir produit des vaccins qui ont sauvé des vies et qui se sont avérés très efficaces contre les infections à coronavirus. Pourtant, alors même que la société a mené la lutte contre le coronavirus dans les pays riches, elle détient une position monopolistique sur les vaccins, empêchant les pays à faible revenu d’accéder à sa technologie novatrice, tout en enrichissant ses actionnaires à des niveaux que les défenseurs de l’équité en matière de vaccins qualifient d'obscènes. Selon Oxfam, la société réalise jusqu’à un million de dollars de bénéfices par heure sur les ventes de vaccins et ses dirigeants se vantent que les revenus vont augmenter de manière exponentielle en 2022.

Qualifiant l’année 2021 d'année charnière pour l’entreprise et prévoyant des ventes de plus de cinquante milliards de dollars cette année pour son vaccin contre le coronavirus et un nouveau médicament thérapeutique, le Paxlovid, le Président Directeur Général (PDG) de Pfizer, Albert Bourla, a déclaré Mardi 8 Février 2022 que les opportunités créées en ce moment de pandémie ont fondamentalement changé son entreprise pour toujours.

Il ne plaisante pas. Avec un résultat net considérablement amélioré par les bénéfices des vaccins contre le coronavirus, le chiffre d’affaire global de Pfizer a doublé pour atteindre plus de quatre vingt un milliards de dollars en 2021 et l’entreprise cherche à l’accroître jusqu’à cent deux milliards de dollars en 2022. Selon les experts, il est pratiquement certain que Pfizer dépassera les vingt deux milliards de dollars de bénéfices de 2021 avant la fin de 2022.

Les revenus annuels de Pfizer sont désormais supérieurs au Produit Intérieur Brut (PIB) de la majorité des pays, selon une analyse des données de la Banque Mondiale réalisée par le groupe Global Justice Now, « si Pfizer était un pays, il aurait le soixante sixième PIB mondial, devant des pays comme l’Ethiopie, le Kenya, le Ghana, le Guatemala, Oman et le Luxembourg ».

Après avoir amassé autant d’argent et avec encore plus d’argent dans le futur, nous pourrions penser que Pfizer pourrait enfin envisager la notion de sacrifice partagé. Détrompez-vous.

Pfizer continue de résister aux appels qui lui demandent d’accorder une licence pour sa technologie des vaccins, affirmant, dans une déclaration faite à Bloomberg au mois de novembre 2021, que « l’industrie est déjà en bonne voie pour produire suffisamment de vaccins pour le monde entier ». Les défenseurs des droits de l’homme affirment que la résistance du fabricant de médicaments a sapé les efforts visant à développer des traitements moins coûteux pour les populations des pays pauvres. Entre-temps, au 21 décembre 2021, Pfizer n’avait fourni qu’un pour cent de ses vaccins aux pays à faible revenu, selon Oxfam.

Lorsque Pfizer a publié Mardi 8 Février 2022 ses résultats financiers concernant les ventes de vaccins contre le coronavirus, Robbie Silverman d’Oxfam a déclaré que « les résultats de Pfizer montrent clairement comment la société a utilisé son monopole pour enrichir ses actionnaires aux dépens de près de la moitié de la population mondiale qui n’a toujours pas accès aux vaccins qui pourraient lui sauver la vie. Des milliers de personnes en Afrique meurent chaque jour du coronavirus parce que des entreprises comme Pfizer ont privilégié les profits plutôt que de sauver des vies et cela rapporte à Pfizer, qui engrange jusqu’à un million de dollars de bénéfices par heure. Il est obscène que nous ayons permis à des entreprises pharmaceutiques comme Pfizer de faire passer leurs profits avant le bien de l’humanité, alors que la pandémie s’éternise. Aucune société ne devrait décider de qui vit et de qui meurt ».

Robbie Silverman a raison. Oxfam et des groupes tels que la People’s Vaccine Alliance ont fait pression contre les entreprises qui ont produit les vaccins les plus efficaces contre le coronavirus et contre les gouvernements qui pourraient réglementer ou influencer ces entreprises pour qu’elles partagent la technologie et pour qu’elles soutiennent les efforts visant à une distribution plus équitable des vaccins qui sauvent des vies. Les élus américains, dont le sénateur Bernie Sanders, se sont joints à d’autres leaders progressistes du monde entier pour demander la fin de ce que Bernie Sanders a qualifié de profit obscène, « il est temps pour ces sociétés pharmaceutiques de partager leurs vaccins avec le monde et de commencer à contrôler leur cupidité. Trop, c’est trop » ;

Il y a eu quelques progrès. Moderna a annoncé au mois d’octobre 2020 qu’elle ne ferait pas valoir les brevets sur son vaccin pendant la pandémie et, un an plus tard, elle a mis fin momentanément à un conflit sur la paternité du vaccin avec le gouvernement des Etats-Unis pour éviter toute distraction des importants efforts du public et du privé en cours pour faire face aux variants émergents du coronavirus, y compris Omicron. La semaine dernière, la British Broadcasting Corporation (BBC) a rapporté que des scientifiques sud-africains avaient créé une copie du vaccin Moderna, une initiative qui, selon eux, pourrait contribuer à augmenter les taux de vaccination en Afrique.

Mais ce n’est pas un progrès suffisant, expliquent les militants qui se concentrent sur les conditions de vaccination dans les pays les plus pauvres du monde. Après que le président Joseph Biden soit revenu sur la position de l’administration de Donald Trump et qu’il ait soutenu les efforts visant à renoncer aux droits de propriété intellectuelle pour les vaccins contre le coronavirus, l’Union Européenne et des pays européens comme la Suisse, selon Global Justice Now, bloquent les efforts internationaux visant à permettre aux pays à revenu faible et intermédiaire de fabriquer des vaccins et d’augmenter les approvisionnements mondiaux.

Le mécontentement face à l’incapacité de Pfizer à donner la priorité aux soins de santé plutôt qu’aux profits n’a fait que croître ces derniers jours. « A l’heure actuelle, des milliards de personnes n’ont pas accès aux vaccins et aux traitements contre le coronavirus », a déclaré Mardi 8 Février 2022 Tim Bierley de Global Justice Now, « beaucoup d’entre eux se trouvent dans des pays disposant des installations nécessaires à la fabrication de vaccins à Acide Ribo Nucléique (ARN) messager, mais la protection jalouse de son brevet par Pfizer y fait obstacle et, en conséquence, nous voyons chaque jour des milliers de morts qui auraient pu être évités ».

Etant donné que le partenaire de Pfizer, Biontech, a mis au point son vaccin grâce à un financement par emprunt auprès de la Banque Européenne d’Investissement (BEI), organisme public, et à une subvention d’environ cinq cent millions de dollars du gouvernement allemand et que l’entreprise a bénéficié de généreux accords contractuels avec les gouvernements des pays riches, les militants ont reproché au géant pharmaceutique de ne pas se plier lorsqu’il s’agit de partager des formules de vaccins susceptibles de sauver des vies.

« Le développement de vaccins à ARN messager aurait dû révolutionner la réponse mondiale contre le coronavirus, mais nous avons laissé Pfizer priver une grande partie du monde de cette innovation médicale essentielle, tout en arnaquant les systèmes de santé publique avec une majoration exorbitante des dépenses », a déclaré Tim Bierley, « ce n’est rien d’autre que du mercantilisme pandémique qui permet à Pfizer de faire des profits alors que ses vaccins ont été refusés à tant de personnes. Pfizer est aujourd’hui plus riche que la plupart des pays. Il a fait plus qu’assez d’argent avec cette crise. Il est temps de suspendre la propriété intellectuelle et de briser les monopoles sur les vaccins ».

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14 février 2022 1 14 /02 /février /2022 17:39

 

 

https://www.contretemps.eu/front-national-algerie-colonialisme-le-pen/

 

Biographie de Jean-Jacques Susini

Né en 1933, Jean-Jacques Susini entre très tôt en politique. En 1948, il adhère au Rassemblement du Peuple Français (RPF) de Charles de Gaulle et il devient responsable du groupe étudiant d’Alger. En 1956, il est séduit par les sirènes du poujadisme. À Lyon, il participe à des groupes francs pour contrer la propagande du Front de Libération Nationale (FLN). Il se rapproche du groupuscule néofasciste Jeune Nation de Pierre Sidos et de Dominique Venner, puis il fonde le Mouvement Nationaliste Etudiant (MNE) qu’il va exporter en Algérie.

À Alger il prend contact avec le cafetier poujadiste Jo Ortiz et il adhère au Front Nationaliste Français (FNF) dont il rédige les tracts et les communiqués. Jean Jacques Susini théorise l’idée de l’installation d’une dictature militaire et de la création d'un état fort sans parlement. En 1959, il est élu président de l’Association Générale des Etudiants d’Alger (AEGA) avec l’appui de Pierre Lagaillarde. Après le rappel à Paris du général Jacques Massu, suite à sa déclaration dans la presse allemande dans laquelle il déclare ne plus comprendre la politique de Charles de Gaulle en Algérie et dans laquelle il envisage une intervention de l’armée, Jean Jacques Susini déclare que « s'il le faut, les algérois iront chercher Jacques Massu à Paris. L’armée d’Afrique qui a libéré la métropole est prête à se libérer elle-même ».

Arrêté après la semaine des barricades au mois de novembre 1960, il s’enfuit et il se réfugie à Madrid, dans l’Espagne de Francisco Franco. Il y retrouve le général Raoul Salan, Pierre Lagaillarde, Jo Ortiz et Marcel Ronda et il participe à la création de l’Organisation Armée Secrète (OAS) dont il est responsable de la branche Action Psychologique et Propagande (APP). Il déclare que « Charles de Gaulle est le premier créateur de l’OAS ». Lors du putsch des généraux, Jean-Jacques Susini est de retour à Alger. Après l’échec du putsch, Jean Jacques Susini participe, à Alger, à la réunion de relance de l’OAS avec le Général Paul Gardy, le colonel Yves Godard, le capitaine Pierre Sergent et les lieutenants Roger Degueldre et Daniel Godot, avec le soutien de l’industriel André Canal dit le Monocle.

Une direction collégiale est mise en place sous la direction de Raoul Salan. Trois branches sont créées, l’Organisation des Masses (OM) dirigée par Jean Gardes, l’Organisation des Renseignements et des Opérations (ORO) de Jean-Claude Pérez et le Comité Politique (CP) de Paul Gardy et de Jean Jacques Susini. En réalité, le tandem de Raoul Salan et de Jean Jacques Susini va devenir le moteur de l’OAS. Les jugements relatifs à Jean Jacques Susini sont très divers, voire opposés. Pour Paul Hénissart, « il avait l’obsession d’une insurrection populaire qui ferait naître une armée de soldats-citoyens sur le modèle de l’armée israélienne et qui emploierait les méthodes d’organisation des groupes fascistes ». Quant à Anne Loesch, « Jean Jacques Susini est le prototype du mafiateur, une sorte de petit duc de Talleyrand sans imagination ».

Après la signature des accords d’Évian du 18 mars et du 19 mars 1962, l’OAS est à la recherche d’un accord avec le FLN. Jean Jacques Susini et Jean Gardes prennent contact avec Abderrah Farès, président de l’exécutif provisoire, et le docteur Chawki Mostefaï, membre de l’exécutif. La position de Jean Jacques Susini se résume à la paix en Algérie par la réconciliation dans l’honneur et la dignité. Une trêve des attentats est décrétée à partir du 31 mai 1962 et elle va être rompu le 7 juin 1962 par l’OAS qui pratique la politique dite de la terre brûlée. Un accord est annoncé le 17 juin 1962 qui stipule, entre autres, la reconnaissance des accords d’Évian et la participation des européens à la force de l’ordre locale. C’est un échec. Cet accord aggrave les tensions au sein de l’OAS et il est refusé par l’OAS d’Oran.

Jean Jacques Susini est condamné deux fois à la peine de mort par contumace par la Cour de Sureté de l’État. Il se réfugie en Italie et, en 1964, il lance à Genève un nouvel hebdomadaire avec Hubert Bassot, Raoul Girardet et Jacques Laurent, Cent Soixante-Huit Heures, en référence à la durée des barricades à Alger en 1960. Il rentre clandestinement en France en 1967 et il bénéficie de l’amnistie prononcée en 1968. Au mois d’avril 1969, il reprend ses études de médecine et de sciences économiques, il reprend ses activités politiques et il crée la Fédération du Sud des Français Rapatriés, avec Marcel Zagamé, un ancien de Jeune Nation, un des organisateurs du FNF et de ses groupes armés en Algérie, et avec Louis Bertolini, le capitaine Benoît de l’OAS. Les mêmes lancent au mois de mai 1969 l’Association des Anciens Détenus et Exilés Politiques (AADEP).

Soupçonné d’avoir participé à des braquages dans le midi de la France entre le mois de juin 1969 et le mois de janvier 1970, Jean Jacques Susini va connaître de nouveaux démêlés avec la justice. Il est interpelé et gardé à vue dans l’affaire de l’enlèvement à Malakoff, le 28 décembre 1968, de Raymond Gorel, ancien trésorier de l’OAS. Le corps de Raymond Gorel est coulé dans le béton et jeté dans la Méditerranée. Jean Jacques Susini est inculpé au mois d’octobre 1972 pour recel de cadavre et il est remis en liberté provisoire au mois de septembre 1974.

Cet épisode lui vaut de profondes inimitiés chez les anciens militants de l’OAS, en particulier les militants de l’Association pour la Défense des Intérêts Moraux et Matériels des Anciens Détenus Politiques (ADIMMADP), dont Jean Gardes a été président. En 1982, Jean Jacques Susini est directeur général de la Société d’Etudes et de Gestion en Sécurité (SEGS). En 1987, il est Président Directeur Général (PDG) de la SEGS.

En 1997, Jean Jacques Susini adhère au Front National et il devient membre du bureau politique et secrétaire de la fédération des Bouches du Rhône du Front National. Il est très populaire, comme Pierre Sergent, au sein du Front National en raison de son passé à l’OAS. En 1997, il se présente aux élections législatives, dans la cinquième circonscription de Marseille. Il est battu au second tour des élections législatives de 1997 par Guy Hermier, candidat du Parti Communiste Français (PCF). En 1999, il se présente aux élections européennes. En 1998, il est élu conseiller régional de la région Provence Alpes Côte d’Azur (PACA). Après la scission du Front National, il est chargé par Jean Marie Le Pen de contrer Bruno Mégret à Marseille. Il est l’auteur d’une histoire de l’OAS aux éditions de la Table Ronde, dont le premier tome a été publié en 1963. Il meurt au mois de juillet 2017. Bruno Gollnisch le considère comme un grand nom du combat national.

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14 février 2022 1 14 /02 /février /2022 16:52

 

 

https://www.courrierinternational.com/article/blocage-un-pont-strategique-rouvert-entre-les-etats-unis-et-le-canada

 

Un pont stratégique rouvert entre les États-Unis et le Canada

Bloqué depuis une semaine par des partisans du convoi de la liberté, le pont Ambassador, première liaison commerciale entre les États-Unis et le Canada, a été rouvert après une intervention policière pour déloger les manifestants. Parallèlement, un accord aurait été négocié avec les camionneurs qui occupent Ottawa.

« Le pont Ambassador a rouvert Dimanche 13 Février 2022, près d’une semaine après que des manifestants opposés aux restrictions contre le coronavirus aient interrompu les échanges quotidiens sur cette importante liaison commerciale entre le Canada et les États-Unis », rapporte le journal canadien Globe and Mail, Lundi 14 Février 2022.

La police a arrêté vingt-cinq à trente personnes, Dimanche 13 Février 2022. Les Forces De l’Ordre (FDO) sont intervenues à Windsor pour débloquer l’accès au pont du côté canadien, deux jours après qu’une injonction judiciaire à l’encontre des manifestants a pris effet, rappelle le Globe and Mail, qui ajoute que les manifestations et les blocages routiers continuaient à d’autres endroits du pays, dont des points de passage frontaliers en Alberta et dans le Manitoba.

Comme le souligne le journal, « la mise à l’arrêt du pont Ambassador a illustré l’impact que peuvent avoir un petit nombre de protestataires déterminés, environ deux cents, selon le maire de Windsor, sur une voie frontalière par laquelle transitent quotidiennement des centaines de millions de dollars de biens. Après quelques jours de blocage, des usines automobiles de l’Ontario se sont mises à fonctionner au ralenti ou ont annoncé des fermetures temporaires ».

La situation a poussé les milieux d’affaires à demander une intervention des autorités, Vendredi 11 Février 2022, tandis que le gouverneur de l’Ontario, Doug Ford, décrétait l’état d’urgence.

En parallèle, le maire d’Ottawa a annoncé avoir négocié un accord avec les camionneurs opposés à l’obligation vaccinale qui occupent le centre de la capitale depuis la fin du mois de janvier 2022. Les camions devraient quitter les quartiers résidentiels Lundi 14 Février 2022 en échange d’une rencontre avec le maire, Jim Watson, qui avait lui aussi décrété l’état d’urgence. L’accord a finalement été confirmé par Tamara Lich, figure de proue du mouvement, qui l’avait pourtant démenti quelques heures plus tôt, a rapporté le Toronto Star dans la nuit du Dimanche 13 Février au Lundi 14 Février 2022.

De son côté, le gouvernement fédéral canadien envisage d’avoir recours à ses pouvoirs d’urgence pour faire face aux manifestations à Ottawa, a fait savoir le ministre de la protection civile, William Blair, cité par Radio-Canada. Ce dernier a mis la pression sur Ottawa, jugeant l’inaction de la police assez inexplicable.

Radio-Canada signale enfin que les contre-manifestations se sont intensifiées à Ottawa. Samedi 12 Février 2022, des centaines de personnes ont protesté. Dimanche 13 Février 2022, un groupe a bloqué une intersection importante pour empêcher des véhicules de se joindre au convoi principal au centre-ville.

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14 février 2022 1 14 /02 /février /2022 15:06

 

 

https://www.revolutionpermanente.fr/Repression-le-RAID-et-un-helicoptere-expulsent-un-immeuble-occupe-a-Calais

 

Le RAID et un hélicoptère expulsent un immeuble occupé à Calais

Alors que des militants du collectif Calais Logement Pour Tous (CLPT) occupaient un immeuble voué à la démolition depuis Jeudi 3 Février 2022 pour dénoncer la situation des migrants dans la zone portuaire, une équipe du RAID a été envoyée par hélicoptère Vendredi 11 Février 2022 pour les déloger, une répression inacceptable symptomatique de la politique xénophobe du gouvernement.

Cela faisait huit jours que l’immeuble comptant quarante logements était occupé par des militants luttant pour la réquisition de logements vides pour fournir un toit aux migrants et pour réclamer la fin des expulsions et du démantèlement des lieux de vie des personnes exilées.

L’occupation avait commencé Jeudi 3 Février 2022, cinq jours plus tard, des équipes suréquipées de policiers des Compagnies Républicaines de Sécurité (CRS), de la Police Nationale et des Brigades Anti Criminalité (BAC), ont commencé à entourer l’immeuble empêchant toute entrée de nourriture, d’eau et de médicaments.

Au total, lors de ces huit jours de mobilisation autour de l’immeuble de la rue d’Ajaccio, vingt-deux camions de policiers des CRS, de la Police Nationale, des BAC et du RAID, ont été déployés. Les militants ont reçu une centaine de grenades lacrymogènes en plus des nombreux coups de matraques qui leurs ont été donnés et des tirs de Lanceurs de Balles de Défense (LBD) qu’ils ont reçu. Cette forte répression aura blessé de nombreux militants.

Vendredi 11 Février 2022, le tribunal de Boulogne-sur-Mer a fourni une ordonnance autorisant l’évacuation de l’immeuble et un nouveau pallier dans la répression a été franchi. Ce feu vert du tribunal a entraîné l’intervention d’une équipe du RAID et d'un hélicoptère de la gendarmerie.

Face à cette incroyable répression, nous apportons toute notre solidarité aux militants de CLPT et nous revendiquons avec eux la fin de toutes les expulsions de lieux de vie à Calais, la fin du harcèlement policier des personnes exilées et bloquées à la frontière, la régularisation des squats de la ville et la réquisition des logements vides pour y loger des personnes qui n’en ont pas. Face aux politiques xénophobes et criminelles du gouvernement, l’urgence est à l’ouverture des frontières et à la régularisation des sans-papiers.

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14 février 2022 1 14 /02 /février /2022 14:37

 

 

https://www.morningstaronline.co.uk/article/defining-moment-1972-miners-strike

 

Le moment décisif de la grève des mineurs britanniques de 1972

Williams Granville se souvient des événements mémorables de Saltley Gate il y a cinquante ans qui ont apporté la victoire aux mineurs mais qui lui ont fait perdre son manteau Crombie de couleur claire, un cadeau d'anniversaire de sa mère.

Le gaz a eu deux fois un impact puissant sur moi. La première fois était une visite scolaire en 1954 à l'usine à gaz à l'extrémité est d'Eastbourne, dans le Sussex. Le site est maintenant un supermarché Tesco.

C'était un jour d'été, mais l'expérience d'être enfermé à l'intérieur de la sombre et caverneuse cokerie est encore ancrée dans mon esprit, tout comme les mots du responsable du Gas Board qui, alors que nous visitions les autres installations, vantait les merveilles scientifiques de la distillation, processus qui, outre le coke, produit une multitude de sous-produits, goudron de houille, ammoniac, colorants et bien plus encore.

À l'époque, le gaz de houille ou de ville et ses dérivés variés soutenaient de larges pans de l'activité industrielle, éclairaient nos rues, chauffaient nos chambres et chauffaient nos aliments. Notre société était encore, comme Georges Orwell l'observait dans son essai de 1937, Down the Mine, fondée sur le charbon.

Dix-huit ans plus tard, la dépendance de l'économie britannique au charbon a été mise à l'épreuve lorsque le National Union of Mineworkers (NUM) s'est mis en grève à minuit le 8 janvier 1972.

À ce moment-là, le projet d'une décennie visant à convertir les maisons britanniques au gaz de la mer du Nord, lancé en 1967, était bien avancé et la domination du charbon en tant que source d'énergie a été supplantée par l'expansion massive des importations de pétrole.

Le gouvernement d'Edward Heath et les médias pensaient certainement que le NUM allait se cacher, le Times prédisant seulement une perturbation marginale de l'industrie et du commerce dans son ensemble.

Le Daily Mail était également clair, « cela leur fera plus de mal que cela ne nous fait de mal. Peu de gens pensent que les mineurs resteront dehors assez longtemps pour incommoder le public ».

Ce qui s'est passé appartient maintenant à l'histoire. Bien que le vote en faveur de la grève ait été de cinquante-neuf pour cent, juste au-dessus des cinquante-cinq pour cent requis en vertu des nouvelles règles convenues lors de la conférence annuelle du NUM à Aberdeen le 6 juillet 1971, les deux cent quatre-vingt mille mineurs des deux cent quatre-vingt-neuf mines ont apporté un soutien solide.

Au lieu de faire des piquets de grève passivement à l'extérieur de leurs fosses, les mineurs se sont déployés dans tout le pays pour cibler partout où le charbon était distribué ou consommé. Les centrales électriques, les ports et les dépôts de charbon ont été bloqués.

Comme l'a souligné Arthur Scargill, l'un des principaux organisateurs à l'époque, l'intention claire était d'attaquer les points vulnérables, les points d'énergie, les centrales électriques, les dépôts de coke, les dépôts de charbon et les points d'approvisionnement.

La tactique des piquets volants développée par les mineurs du Yorkshire lors des grèves non officielles de 1969 et de 1970 a été transférée sur la scène nationale. Ces actions, soutenues par des étudiants, d'autres syndicalistes et le grand public, ont été extrêmement efficaces et les stocks de charbon ont été fortement réduits.

Après un temps relativement doux, une vague de froid à la fin du mois de janvier 1972 a révélé l'impact que les mineurs avaient alors qu'ils coupaient régulièrement l'approvisionnement en charbon et en coke à travers le pays.

Le Central Electricity Generating Board a réduit la tension sur tout le réseau national et trois centrales électriques ont été complètement fermées. Il était clair que l'économie du charbon commençait à s'effondrer.

Ainsi, pour une seconde fois, des événements autour d'une autre usine à gaz ont joué un rôle formateur dans ma vie. Cinquante ans après Saltley Gate, ce sont mes souvenirs de témoin oculaire des événements qui ont conduit à l'étonnante expérience de solidarité industrielle qui s'y est déroulée.

Au mois d’août 1971, je suis allé à Birmingham pour travailler pour l'International Socialist, précurseur de ce qui est aujourd'hui le Socialist Workers Party (SWP).

Au cours de la première semaine de la grève des mineurs de 1972, j'ai regardé la carte des mines les plus proches et je suis allé à Rugeley dans le Staffordshire avec un jeune militant de l’International Socialist au chômage, John Brown. Nous avons pris contact avec des mineurs de Lee Hall Colliery qui faisaient du piquetage devant les centrales électriques de Rugeley. Deux des jeunes mineurs étaient intéressés par ce que nous avions à dire et ils se sont impliqués, venant prendre la parole lors de réunions que nous avons organisées à Birmingham et dans le Black Country pour soutenir la grève.

Le dépôt de coke du West Midlands Gas Board entre Saltley et Nechells à Birmingham a échappé à l'attention du Midlands NUM pendant les deux premières semaines de la grève.

La veille de l'arrêt, sur une page intérieure du Birmingham Sunday Mercury, parmi d'autres articles liés à la grève, il y avait un rapport d'un responsable du Gas Board confirmant qu'il y avait des stocks de coke d'au moins cent mille tonnes au dépôt de Windsor Street du Gas Board à Saltley. « Nous serions disposés à vendre le coke aux marchands de charbon, sous réserve que des installations de chargement soient disponibles », a-t-il déclaré.

Cela semblait enfreindre les directives convenues entre le gouvernement et le NUM de n'approvisionner que les clients prioritaires tels que les hôpitaux et les personnes vulnérables, mais le Gas Board a fait valoir que celles-ci ne s'appliquaient pas car, contrairement à d'autres dépôts de coke tels que l'usine Coalite à Grimethorpe, celui-ci appartenait à une autre industrie non impliquée dans la grève.

Le résultat a été que, au début du mois de février 1972, plusieurs centaines de camions de toute l'Angleterre et du Pays de Galles faisaient la queue tôt le matin devant le dépôt et, le 3 février 1972, le Birmingham Evening Mail a publié un article sur les files d'attente, accompagné de photographies des files de camions.

Le secrétaire du Midlands NUM, Jack Lally, avait tenté en vain de négocier avec le Gas Board pendant plus de quinze jours. Vendredi 4 Février 1972, il envoya des piquets de grève au dépôt de coke, mais leurs efforts pour arrêter les camions furent limités.

D'autres piquets sont venus à Birmingham en réponse aux appels du bureau national du NUM, dont Arthur Scargill, qui s'est rendu Samedi 5 Février 1972 à Birmingham et qui a rencontré Frank Watters, l'organisateur du Communist Party of Great Britain (CPGB), au Star Club, le siège du CPGB, et à sa librairie sur Essex Street dans le centre-ville.

Toutes sortes d'éléments au sein des structures syndicales de Birmingham se sont réunis pour assurer la victoire finale à Saltley.

Je veux mentionner Alan Law, le responsable à plein temps de la branche de transport routier TGWU. Je me souviens de réunions de branche, lorsque des questions importantes survenaient, qui ne se déroulaient pas dans une salle exiguë d'un pub, mais dans un cinéma à Newtown.

Alan Law avait une réputation dans les médias qui rappelait l'ancien leader américain des Teamsters, Jimmy Hoffa, car une grève de ses membres pouvait rapidement perturber l'économie des West Midlands et au-delà.

À Saltley, les membres de sa branche ont joué un rôle clé, comme l'écrit Frank Watters dans ses mémoires, « Alan Law s'inquiétait du bien-être des centaines de mineurs que nous devions maintenant héberger. Ils se sont arrangés pour que deux cents lits soient trouvés par leurs propres militants. Un autre geste, comme je l'ai dit, fut d'envoyer un camion de pâtés au steak et aux rognons. Une telle abondance de bonne nourriture a non seulement remonté le moral des piquets de grève, mais je n'oublierai jamais de voir des camions briseurs de grève entrer dans le dépôt de coke avec des steaks et des tartes aux rognons dégoulinant du visage des chauffeurs ».

Alors que les chauffeurs de camion du TGWU ont tenu compte des piquets de grève et se sont détournés, des entreprises non syndiquées ont été utilisées, les chauffeurs étant payés de cinquante à soixante livres sterling par jour plus une prime de cinquante livres sterling pour chaque chargement.

À partir du Lundi 7 Février 1972, chaque jour a vu une escalade avec plus de mineurs et de partisans sur la ligne de piquetage, mais aussi plus de policiers avec des instructions claires pour garder les portes ouvertes et pour laisser passer les camions. Une action de solidarité décisive et plus large était nécessaire.

Un chapitre du livre d'Andy Beckett, « Close the Gates when the Lights Went Out », en 2009, couvre ces événements mémorables à Birmingham. Andy Beckett ne cesse de se référer à Roger Harper. Il s’agit en fait d’Arthur Harper, responsable de Tractors and Transmissions, une usine britannique de Leyland sur Drews Lane dans le nord-est de Birmingham.

Ses quatre mille huit cents travailleurs avaient la distinction au début des années 70 d'être parmi les mieux payés et les mieux organisés du tentaculaire groupe britannique Leyland dirigé à l'époque par Lord Stokes. Arthur Harper était également président du comité de district de Birmingham East Union of Engineering Workers (UEW).

C'était un homme petit et trapu, à la poitrine en tonneau et fortement bâti qui portait un costume moulant, qui marchait avec une jambe de force confiante, qui parlait avec un fort accent du Black Country et qui, m'a-t-on dit, était délibérément épaissi, comme un stratagème de négociation avec la direction. Il portait aussi fièrement ses ailes de parachutiste au revers de sa veste en dehors du travail. A l'intérieur, il portait sa salopette bleue.

Au mois de février 1972, Arthur Harper joua un rôle crucial dans la mobilisation des ouvriers du génie de Birmingham pour soutenir les mineurs assiégés, ce qui aboutit à la fermeture par la police des portes du dépôt de coke de Nechells le 10 février 1972.

Par une coïncidence de calendrier, une réunion régulière du comité de district de l'AUEW Est le 8 février 1972 a été une roue clé dans le rouage qui a fait avancer l'action de solidarité. Arthur Harper, en tant que président, a décidé qu’Arthur Scargill serait autorisé à parler, il a lancé un appel passionné de quarante minutes et il a obtenu le soutien du comité.

Le 9 février 1972, une revue trimestrielle des délégués syndicaux du district d'urgence a été appelée et trois cents délégués ont approuvé un appel d’Arthur Harper à diriger des manifestations à Saltley. Deux autres syndicats clés, le TGWU et le Syndicat National des Constructeurs de Véhicules, ont pris des décisions similaires pour soutenir les actions de solidarité.

J'étais à Saltley à peu près sans interruption du 7 février au 10 février 1972 mais, après toutes les arrestations, les flux et les reflux en termes de bataille entre les piquets de grève, les conducteurs de camions briseurs de grève et la police, ce qui s'est passé le Jeudi 10 Février 1972 était en dehors de ce monde, une expérience que vous ne pouvez pas effacer.

Alors que plus de six mille ouvriers du génie défilaient sur la colline derrière leurs bannières syndicales en scandant « fermez les portes », le chef de la police de Birmingham, Sir Derrick Capper, s'est incliné devant l'inévitable et, Jeudi 10 Février 1972 entre 10 heures 42 et 10 heures 45, les récits varient et, pour être honnête, le fait de regarder l’heure était la chose la plus éloignée dans mon esprit à ce moment-là, il a ordonné la fermeture des portes.

Derrick Capper a déclaré plus tard que c’était le pire jour de sa vie. Arthur Harper a répondu que c’était le plus beau jour de sa vie depuis qu’il avait été démobilisé.

C'est Franck Watters, je pense, qui a décrit Saltley comme la cerise sur le gâteau de la grève des mineurs de 1972. À ce moment-là, le gouvernement d’Edward Heath savait que la partie était terminée et que les mineurs étaient sur le point de remporter une grande grève qui a effacé les souvenirs de 1926.

Sur une note personnelle triviale, je n'ai qu'un seul regret à propos de ces jours mémorables à Saltley. Pour mes dix-huit ans, ma mère s’est rendue au grand magasin démoli depuis longtemps au bas du Moor à Sheffield et elle m'a acheté un élégant manteau Crombie de couleur claire.

Mercredi 9 Février 1972, au milieu des piquets de grève et de la police, j'ai été soudainement tiré par derrière et un policier a saisi mon manteau. Il a réussi à déchirer soigneusement les coutures à l'arrière alors que je tombais au sol. Bêtement, je n'ai pas pensé à le recoudre. Il est parti dans une poubelle.

Avant Saltley, Arthur Scargill avait commencé à établir une réputation régionale en tant que mineur organisé et militant du Yorkshire lors des grèves non officielles de 1969 et de 1970. Il avait trente-quatre ans lorsque Saltley l'a projeté de manière spectaculaire sur la scène nationale à la fois dans le mouvement syndical et les médias.

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