http://www.snesup.fr/article/appel-de-la-coordination-nationale-des-universites
Appel de la Coordination Nationale des Universités (CNU)
La CNU réunie à Paris, Samedi 5 Mai 2018, a rassemblé des représentants de trente huit établissements de l'enseignement supérieur et de la recherche.
La CNU appelle à la grève illimitée jusqu’au retrait de la loi relative à l'Orientation et à la Réussite des Etudiants (ORE), à l’arrêt de la répression policière dans les universités et à la mise en œuvre d’un plan d’urgence pour la rentrée 2018.
La CNU s’élève solennellement contre l’attitude du gouvernement et de trop nombreux présidents d’université qui, au bout de plus de trois mois de conflit ouvert, ignorent la résistance légitime et n’ont d’autre réponse que la répression, au moins une trentaine d’interventions de la police, souvent violentes et disproportionnées, sur les campus en quelques semaines et dans toute la France, ce qui ne s’était jamais vu.
Nous avons là le signe à la fois de la surdité, de la précipitation et d’un mépris à l’égard de la jeunesse et de la communauté universitaire.
Cette généralisation des interventions policières sur les campus constitue une grave remise en cause des franchises universitaires qui manifeste la volonté de l'état d’imposer par la force sa politique d’exclusion et de ségrégation sociale à la jeunesse.
Outre l’impossibilité technique et humaine de l’appliquer, la loi ORE, imposée autoritairement à la communauté universitaire, est la seule réponse du gouvernement face à un déficit structurel d’investissement.
En effet, le nombre de postes de titulaires est en baisse, tandis que celui des contractuels a triplé ces dix dernières années. Sur la même période, la dépense moyenne par étudiant à l'université n’a cessé de diminuer et, s'il n'y a pas de changement, elle ne cessera de diminuer compte tenu de l’augmentation démographique, il y aura cent mille étudiants en plus d’ici 2020.
La loi ORE constitue une nouvelle attaque contre le service public de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR). Elle a légitimement suscité chez les lycéens, les étudiants et les personnels, un rejet des principes sélectifs qui la guident, des inégalités accrues entre les établissements et les territoires auxquelles elle conduira et des modalités de sa mise en œuvre.
Nous ne protestons pas simplement contre un dispositif de candidatures à l’inscription à l'université, mais contre une série de réformes qui font système et qui vont transformer profondément l'université comme service public et bien commun, réformes du lycée, du baccalauréat et de la licence, remise en cause des statuts des personnels, privatisation de la formation professionnelle et de l’orientation et menaces sur le cadrage national des diplômes et sur le montant des frais d’inscription à l'université.
La CNU demande l’arrêt immédiat des interventions des forces de police sur les campus, le respect par les présidents d’université des franchises universitaires, la fin du recours à des sociétés privées de sécurité et la démission des présidents d’université qui ont participé à la répression policière du mouvement.
La CNU demande le retrait de la loi ORE, l’abandon des dispositifs du type Parcoursup et l’abandon du projet de refonte de l’arrêté licence.
La CNU demande, après le retrait de la loi ORE, l’ouverture de négociations ainsi que la prise en compte des revendications des personnels et des étudiants pour que le service public de l'ESR réponde aux besoins de la jeunesse.
La CNU demande le maintien du baccalauréat comme diplôme national et premier grade universitaire garantissant à tout bachelier le droit de s’inscrire dans la formation et l’établissement de son choix.
La CNU demande l’élaboration d’un plan d’urgence pour les universités avec une augmentation des dotations budgétaires et du nombre de postes de titulaires d’enseignants, de chercheurs et de personnels BIATOSS, condition nécessaire pour l’ouverture de places supplémentaires en premier cycle. Ce plan d’urgence sera financé par la réaffectation aux universités des sommes dédiées au CIR et des crédits annoncés pour le service national universel. Il permettra, en outre, l’alignement des dépenses par étudiant sur celles dont bénéficient les élèves dans les classes préparatoires aux grandes écoles.
La CNU demande la titularisation de tous les contractuels et de tous les vacataires sur mission permanente.
La CNU demande la défense et l’amélioration du statut des personnels de la fonction publique d'état.
Considérant que le rôle des universités est aujourd’hui gravement atteint par leur paupérisation croissante, par la remise en cause du libre accès à l’enseignement supérieur, par le tri social et les inégalités territoriales ainsi que par l’attaque systématique contre la fonction publique et ses missions, la CNU appelle à la grève illimitée et reconductible, avec cessation réelle d’activité.
La CNU appelle à la non tenue des examens et à la rétention des notes.
La CNU appelle à accroître les mobilisations contre les réformes en cours en participant massivement aux assemblées générales, aux manifestations et aux autres initiatives locales ou nationales.
La CNU appelle à soutenir les personnels qui refusent de mettre en oeuvre Parcoursup sous toutes ses formes, commissions, classements et algorithmes.
La CNU appelle à débattre collectivement et à prendre toute mesure utile pour que la question des examens ne soit pas instrumentalisée et ne pénalise aucune étudiant, report, rétention des notes, validation universelle et opposition à toute forme de délocalisation des examens. La CNU rappelle que les jurys d’examen sont souverains.
La CNU appelle à déposer des recours juridiques contre l’ensemble des irrégularités commises au sein des universités.
La CNU appelle à organiser dans chaque université une cérémonie de création d’une nouvelle université, pose de la première pierre, qui aura pour vocation d’accueillir les cent mille bacheliers qui seront refusés dans le supérieur à la prochaine rentrée.
La CNU appelle à construire la convergence des luttes en prenant contact avec les autres secteurs professionnels mobilisés, en participant aux mouvements du Lundi 14 Mai et du Mardi 15 Mai 2018 notamment.
La CNU soutient la journée nationale de mobilisation dans l’éducation et l’enseignement supérieur, Mercredi 16 Mai 2018, et la journée nationale de mobilisation et de grève dans la fonction publique, Mardi 22 Mai 2018.
La CNU se réunira à nouveau Samedi 19 Mai 2018 à Paris.
La CNU est organisée à l’initiative de la Fédération de l'Enseignement, de la Recherche et de la Culture (FERC) de la Confédération Générale du Travail (CGT), du Syndicat National de l'Enseignement SUPérieur (SNESUP) de la Fédération Syndicale Unitaire (FSU), la Fédération de l'Education du Syndicat Unitaire et Démocratique (SUD) et le SNPREES de la CGT Force Ouvrière. Elle est soutenue par l'Union Nationale des Etudiants de France (UNEF).