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18 février 2018 7 18 /02 /février /2018 16:17

 

 

https://blogs.mediapart.fr/nils-andersson/blog/180218/il-y-soixante-ans-paraissait-la-question-dhenri-alleg

 

Il y a soixante ans, paraissait la Question d'Henri Alleg

 

Par Nils Andersson

 

Dimanche 18 Février 2018

 

À la mémoire d’Henri Alleg, Gilberte Alleg, Léo Matarasso et Jérôme Lindon.

 

« Dans cette immense prison surpeuplée, dont chaque cellule abrite une souffrance, parler de soi est comme une indécence. Au rez-de-chaussée, c’est la division des condamnés à mort. Ils sont là quatre-vingts, les chevilles enchaînées, qui attendent leur grâce ou leur fin. Et c’est à leur rythme que nous vivons tous. Pas un détenu qui ne se retourne le soir sur la paillasse à l’idée que l’aube peut être sinistre et qui ne s’endort sans souhaiter de toute sa force qu’il ne se passe rien. Mais c’est pourtant de leur quartier que montent chaque jour les chants interdits et les chants magnifiques qui jaillissent toujours du cœur des peuples en lutte pour leur liberté ». Ainsi commence la Question.

Henri Alleg est, depuis 1951, le directeur d’Alger Républicain. Au mois de septembre 1955, le journal est interdit, décision reconnue illégale par le tribunal administratif d’Alger, mais l’interdiction n’est pas levée.

Henri Alleg poursuit son activité militante. Au mois de novembre 1956, pour échapper aux mesures d’internement administratif prises contre les collaborateurs d’Alger Républicain, il passe dans la clandestinité.

Le 7 janvier 1957, Robert Lacoste, ministre résident, en vertu des pouvoirs spéciaux adoptés par l'assemblée nationale française, transfère les pouvoirs de police à l’armée. Le 8 janvier 1957, Jacques Massu entre dans Alger avec huit mille parachutistes et il proclame la loi martiale. C’est le début de la bataille d’Alger. La torture comme moyen de terreur devient méthode de guerre en application des thèses de la guerre contre-révolutionnaire du colonel Charles Lacheroy.

Le 12 juin 1957, Henri Alleg veut contacter Maurice Audin. Maurice Audin a été arrêté le 11 juin 1957. Ce sont des policiers qui ouvrent la porte. Henri Alleg est transféré à el Biar, lieu de torture. Henri Alleg y est supplicié. Il est soumis à un interrogatoire au pentothal. Il résiste à ses tortionnaires. Après un mois, il est transféré au camp de Lodi, lieu où l’on n’a plus d’existence. Henri Alleg parvient à faire parvenir en France une copie de sa plainte pour torture remise au procureur général d’Alger. Gilberte Alleg, la femme d'Henri Alleg, alerte la presse et la Ligue des Droits de l'Homme (LDH). Les risques de disparition lors d’une évasion sont alors grands. Gilberte Alleg publie dans l'Humanité et dans l'Express une lettre ouverte, « si mon mari est encore vivant, il est en danger de mort ». Son engagement et sa ténacité vont permettre le transfert d’Henri Alleg, à la fin du mois d'août 1957, à la prison de Barberousse.

C’est le début de l’histoire de la Question. Léo Matarasso, un des avocats d'Henri Alleg, lui demande de témoigner sur les tortures subies. « Tous ici peuvent en témoigner », répond Henri Alleg. « Oui, mais tous ne savent et ne peuvent écrire », rétorque Léo Matarasso qui le convainc de l’importance qu’il décrive les supplices infligés à de milliers d’algériens. Des précautions doivent être prises. La première est de mettre au courant ses deux frères de cellules qui acceptent de protéger les temps où il écrit et qui aident à cacher les pages de papier de toilette sur lesquelles, d’une fine écriture, Henri Alleg relate la barbarie.

Sortir les feuilles de la prison va être le rôle du collectif des avocats communistes, Léo Matarasso, Roland Rappaport et Pierre Braun. En France, Gilberte Alleg déchiffre les petites lettres, elle tape le manuscrit et elle commence la recherche d’un éditeur. Le témoin est incontestable, le texte est de qualité, les faits sont avérés et les noms des tortionnaires sont désignés, mais Gilberte Alleg et Léo Matarasso reçoivent une succession de refus bien intentionnés. Il est envisagé de publier le texte sous la forme d’un cahier du Secours Populaire. Léo Matarasso s’obstine. Il faut trouver un éditeur. Le manuscrit est remis à Jérôme Lindon qui dirige les Éditions de Minuit. Jérôme Lindon a publié au mois d’octobre 1957 « pour Djamila Bouhired ». Dans ce livre, Georges Arnaud et Jacques Vergès dénoncent les tortures subies par une militante algérienne. Ce document ouvre le front éditorial contre la guerre d’Algérie, les saisies asphyxiant les quotidiens, les hebdomadaires et les revues s’opposant à la guerre, le livre va dès lors jouer un rôle d’information sur les événements d’Algérie normalement dévolu aux médias.

Jérôme Lindon accepte de publier avec empressement le témoignage d’Henri Alleg, « interrogatoire sous la torture ». Adepte des titres courts, il l’intitule la Question. Soulignons que, sans Jérôme Lindon, aucun éditeur n’aurait alors publié le livre qui fut à la guerre d’Algérie ce que fut la photographie de Nick Up d’enfants brûlés au napalm lors de la guerre du Vietnam. Longtemps après, Jérôme Lindon me dira que « les éditeurs français engagés lors de la guerre d’Algérie se comptent sur les doigts de la main ».

Le livre paraît le 18 février 1958. Désignant des tortionnaires, des poursuites judiciaires sont certaines, Jérôme Lindon engage là le sort de sa maison d’édition encore fragile. Ayant connaissance du dossier de Djamila Bouhired, travaillant à ce moment avec Pierre Vidal-Naquet sur « l’affaire Maurice Audin », un français assassiné par ses tortionnaires, avec la Question, écrit Anne Simonin, « Jérôme Lindon va déployer toute son efficace pour donner une forme politique à la dénonciation de la torture ».

Dès sa parution, une diffusion militante est organisée au travers du Comité pour Maurice Audin déjà en activité, du Centre du Landy, qui publie « témoignages et documents », publication semi-clandestine, de la LDH, du Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP), de syndicats et de réseaux anticolonialistes.

Le 20 février 1958, dans France Observateur, Edgar Morin écrit que « ce n’est pas seulement la relation terrifiante de la torture, c’est aussi l’épopée vécue de la résistance à la torture ». Le 21 février 1958, dans l’Humanité, André Wurmser appel à lire la Question. Le 27 février 1958, France Observateur publie des extraits du livre et l’hebdomadaire est saisi.

Le 6 mars 1958, Jean-Paul Sartre publie dans l’Express « une victoire », celle du torturé contre le tortionnaire, dans lequel il écrit « qu’une seule chose nous paraissait impossible, qu’on pût faire crier un jour des hommes en notre nom. Impossible n’est pas français. Henri Alleg vient d’arracher la torture à la nuit qui la couvre. Approchons-nous pour la regarder en plein jour ». La presse de la « contre-propagande française », pour reprendre les termes de Jacques Soustelle, dénonce et commente. Le 15 mars 1958, soixante six mille exemplaires ont été vendu. Le 19 mars 1958, le tirage global de la Question est de soixante treize mille exemplaires. Des traductions anglaises, italiennes, suédoises et néerlandaises sont déjà parues. Le 20 mars 1958, Jérôme Lindon fait afficher dans Paris des affiches grand format, montrant le visage d’Henri Alleg, en noir la couverture du livre barrée avec la phrase de Jean Paul Sartre, « Henri Alleg a payé le prix le plus élevé pour avoir le droit de rester un homme ». Le 27 mars 1958, le commandant Henri Giraud, juge d’instruction au tribunal des forces armées fait saisir la Question « pour participation à une entreprise de démoralisation de l’armée, ayant pour objet de nuire à la défense nationale ». La police judiciaire procède aux éditions, chez l’imprimeur, le brocheur, le diffuseur et dans les librairies, à la saisie d’environ huit mille exemplaires.

André Malraux, Roger Martin du Gard, François Mauriac et Jean-Paul Sartre, rendent publique une adresse solennelle au président de la république dans laquelle ils protestent contre la saisie de l’ouvrage d’Henri Alleg, la Question, et contre toutes les saisies et atteintes à la liberté d’opinion et d’expression qui l’ont récemment précédée. Ils demandent que la lumière soit faite, dans des conditions d’impartialité et de publicité absolue, sur les faits rapportés par Henri Alleg. Ils somment les pouvoirs publics, au nom de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, de condamner sans équivoque l’usage de la torture, qui déshonore la cause qu’elle prétend servir. Absurde mesure du gouvernement pour faire taire la vérité, l’impossible silence sur la Question sera la seconde victoire d’Henri Alleg, mais aussi celle de Léo Matarasso, de Gilberte Alleg et de Jérôme Lindon.

La saisie de la Question ouvre un autre chapitre. Malgré la saisie et l’interdiction de plus de trente livres et malgré les poursuites, les condamnations, les pressions et les attentats, le front éditorial, notamment les Éditions de Minuit et les Éditions François Maspero, mettra la censure en échec. Demeure aujourd’hui encore l’interrogation de Pierre Vidal-Naquet dans la Raison d’État, « comment fixer le rôle, dans l’état futur, de la magistrature, de l’armée ou de la police, si nous ne savons pas d’abord comment l’état, en tant que tel, s’est comporté devant les problèmes posés par la répression de l’insurrection algérienne, comment il a été informé par ceux dont c’était la mission de l’informer, comment il a réagi en présence de ces informations et comment il a informé à son tour les citoyens ».

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17 février 2018 6 17 /02 /février /2018 16:40

 

 

Recensement inédit des sans-abris à Paris sur fond de polémique (Reuters)

 

La ville de Paris organise dans la nuit du Jeudi 15 Février au Vendredi 16 Février 2018 une opération inédite de recensement des sans-abris afin d'adapter l'offre d'hébergement d'urgence, sur fond de désaccord entre l’état et les associations sur les personnes en situation de grande exclusion.

Cette nuit de la solidarité, qui s'inspire d'opérations similaires menées à Bruxelles, New York ou Athènes, doit permettre le « décompte anonyme de nuit des personnes en situation de rue », explique la mairie socialiste, qui veut connaître « leurs besoins pour adapter les réponses proposées ».

Plus d'un millier de bénévoles vont être mobilisés entre le Jeudi 15 Février 2018 à 20 heures et le Vendredi 16 Février 2018 à une heure du matin dans trois cent cinquante quartiers de la capitale.

La dernière enquête, menée par l'Institut National des Statistiques et des Etudes Economiques (INSEE), remonte à 2012. Vingt huit mille huit cent personnes sans domicile avaient alors été recensées, un chiffre en hausse de quatre vingt quatre pour cent par rapport à 2001.

En l'absence de recensement officiel, les associations se basent depuis sur leurs maraudes pour établir des estimations. Selon le Service d’Aide Médicale Urgente (SAMU) social, chargé de gérer les hébergements d'urgence pour les sans-abris via le numéro 115, entre deux mille cinq cent et trois mille personnes dorment chaque nuit dans la rue.

L'organisation, qui pointe un système saturé face au nombre de demandes d'hébergement, fait état « d'une réponse positive sur trois demandes pour les hommes, une réponse positive sur huit demandes pour les femmes et une réponse positive sur quinze demandes pour les couples ».

La nuit de la solidarité est organisée quelques semaines après la polémique soulevée par le député de la République En Marche (REM) de Paris, Sylvain Maillard, qui a affirmé que « même dans les cas de grand froid, certains Sans Domicile Fixe (SDF) ne souhaitent pas être mis à l'abri ».

Ces propos avaient déclenché la colère des associations, déjà échaudées par la confusion née des déclarations du secrétaire d’état à la cohésion des territoires, Julien Denormandie, laissant penser que seule une cinquantaine d'hommes isolés dormaient dans la rue en Île-de-France.

Le secrétaire d’état avait par la suite précisé qu'il avait voulu parler du nombre de personnes qui se voient refuser une offre d'hébergement faute de places.

Le président de la Fédération des Acteurs de la Solidarité (FAS), Louis Gallois, avait dénoncé, avant la mise au point de Julien Denormandie, des propos insupportables et il avait déploré la volonté politique de minorer le nombre de SDF.

« Je pense que les préfets se sentent liés par l'engagement pris par le président qu'il n'y ait plus personne à la rue à la fin de l’année 2017 », avait-il dit, en référence au discours d'Emmanuel Macron au mois de juillet 2017 à Orléans où il avait souhaité qu'il n'y ait « plus personne dans les rues et dans les bois d’ici la fin de l’année 2017 ».

Interrogé sur cet engagement, Mardi 13 Février 2018, le chef de l’état a précisé qu'il parlait de l'accueil des migrants et qu’il ne parlait pas des sans-abris, tout en reconnaissant ne pas avoir réussi.

« Il y a une vraie difficulté pour convaincre et il y a des publics fragiles qui sont en dehors des politiques publiques mises en place », a-t-il dit lors d'une rencontre avec les journalistes de l’association de la presse présidentielle.

« Face à cela, il ne s'agit pas de faire quelque polémique que ce soit », a-t-il ajouté, « je crois que nous cherchons tous la même finalité, il faut donc l'organiser ».

Le chef de l’état a demandé au gouvernement de mettre au point, avec les associations et les travailleurs sociaux, une méthode permettant « de mieux prendre en compte ceux en situation de besoin afin de faire évoluer au cours de l'année les plans de création de logements ».

En 2017, plus de deux milliards d'euros ont été consacrés à l’hébergement d’urgence, dont deux cent soixante seize millions d’euros pour assurer la continuité de l’accueil y compris en période hivernale.

Au début du mois de février 2018, face à la vague de froid, le gouvernement a annoncé l'ouverture de mille places supplémentaires d'hébergement d'urgence, dont six cent cinquante places en Ile-de-France, pour les personnes SDF.

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17 février 2018 6 17 /02 /février /2018 16:20

 

 

https://www.amnesty.fr/presse/amnesty-international-france-aif-et-lanafe-association

 

Procès de Martine Landry, report de l’audience au 11 avril 2018

 

Amnesty International France (AIF) et l'Association Nationale d'Assistance aux Frontières pour les Etrangers (ANAFE) réitèrent leur soutien à Martine Landry dont le procès pour délit de solidarité a été une seconde fois reporté au 11 avril 2018 par le tribunal correctionnel de Nice.

« Je suis convaincue de la justesse de mon action à la frontière car je n’ai fait qu’appliquer le droit. Les milliers de messages de soutien que j’ai reçus m’ont beaucoup émue et me donnent de la force », témoigne Martine Landry.

A ses côtés, plus que jamais mobilisées, nos deux organisations espèrent une relaxe.

« L’avant-projet de loi contre l'asile et l'immigration ignore la question de la fin du délit de solidarité et, pour l’heure, le ministre de l'intérieur n’a toujours pas répondu à notre demande de modification de la loi sur ce point », déclare Sylvie Brigot-Vilain, directrice d’AIF.

A l’occasion du conseil des ministres du Mercredi 21 Février 2018, nous attendons du gouvernement qu’il modifie le projet de loi notamment pour rendre impossibles les poursuites pénales contre les personnes qui viennent en aide, par solidarité et souci du respect des droits humains, aux personnes exilées.

Nos organisations réitèrent leur demande d’instaurer une politique migratoire protectrice des personnes exilées et de celles et ceux qui leur apportent une aide humanitaire.

« Malgré les condamnations des autorités françaises par le tribunal administratif de Nice, dont la dernière date du 22 janvier 2018, concernant les pratiques illégales de refoulement des mineurs en Italie, la France ne cesse de bafouer quotidiennement les droits fondamentaux des mineurs », souligne Alexandre Moreau, président de l'ANAFE.

Nous rappelons que l’intervention de Martine Landry à la frontière a été dictée par le renvoi illégal vers l’Italie de deux mineurs isolés étrangers en dépit de la protection dont ils auraient dû bénéficier en tant que mineurs.

Martine Landry est membre d’Amnesty International depuis 2002. Elle est également référent régional pour la région Provence Alpes Côte d’Azur (PACA) sur la question des réfugiés et des migrants depuis 2011 et elle a été chargée d’une mission d’observation en zone d’attente pour AIF. En parallèle, elle participe aux missions militantes de conseil aux demandeurs d’asile et d’accompagnement dans l’accès à leurs droits, missions pour lesquelles elle a bénéficié de plusieurs formations.

Par ailleurs, en dehors de ses activités pour AIF, Martine Landry est engagée au sein de différentes associations locales et nationales pour la défense des migrants et des réfugiés dont l'ANAFE.

Travaillant avec l'ANAFE depuis de nombreuses années dans le cadre de sa mission d’observation en zone d’attente pour AIF, Martine Landry est membre individuelle de l'ANAFE depuis 2017. Elle participe activement à la mission d’observation de l'ANAFE à la frontière franco-italienne.

Il lui est reproché d’avoir facilité l’entrée de deux mineurs étrangers en situation irrégulière. Elle risque jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et trente mille euros d’amende.

Le 28 juillet 2017, la police italienne a renvoyé, à pied, deux mineurs isolés étrangers vers la France. Martine Landry les a récupérés au poste frontière de Menton Vintimille du côté français pour les accompagner à la Police Aux Frontières (PAF), munie des documents attestant de leur demande de prise en charge par l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE). Les deux mineurs, tous deux âgés de quinze ans et d’origine guinéenne, ont par la suite été pris en charge par l’ASE.

Le 31 juillet 2017, Martine Landry s’est rendue à la PAF de Menton suite à l’interpellation et au transfert de onze migrants. Ce jour-là, elle se voit remettre une convocation pour une audition le 2 août 2017. Le lendemain, Martine Landry reçoit une convocation du tribunal correctionnel de Nice. Elle devait être jugée le 8 janvier 2018 pour « avoir facilité l’entrée de deux mineurs étrangers en situation irrégulière, en ayant pris en charge et convoyé pédestrement ces deux mineurs du poste frontière du côté de l'Italie vers le poste frontière du côté de la France ». Son audience a été initialement renvoyée au 14 février 2018 puis une fois de plus renvoyée au 11 avril 2018.

Le 29 octobre 2002, la France a ratifié le protocole contre le trafic illicite de migrants par terre, mer et air, additionnel à la convention de l'Organisation des Nations Unies (ONU) contre la criminalité transnationale organisée. Ce texte définit le trafic illicite de migrants comme « le fait d’assurer, afin d’en tirer, directement ou indirectement, un avantage financier ou un autre avantage matériel, l’entrée illégale dans un état d’une personne qui n’est ni un ressortissant ni un résident permanent de cet état ».

En posant la condition d’en retirer un avantage financier ou un autre avantage matériel, les auteurs de ce texte ont clairement entendu exclure les activités des personnes apportant une aide aux migrants pour des motifs humanitaires ou en raison de liens familiaux étroits.

L’intention n’était pas, dans le protocole, d’incriminer les activités de membres des familles ou de groupes de soutien tels que les organisations religieuses ou non gouvernementales. Cette intention est confirmée par les travaux préparatoires des négociations en vue de l’élaboration de la convention de l'ONU contre la criminalité transnationale organisée et des protocoles s’y rapportant.

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17 février 2018 6 17 /02 /février /2018 16:02

 

 

http://www.lemonde.fr/international/article/2018/02/15/polemique-a-moscou-sur-des-mercenaires-russes-tues-par-la-coalition-americaine-en-syrie_5257594_3210.html

 

Polémique à Moscou après la mort de mercenaires russes en Syrie

 

L'opinion publique s'inquiète des frappes aériennes américaines qui ont tué pour la première fois des combattants russes au service de Damas

 

Par Isabelle Mandraud, correspondante du Monde à Moscou

 

Que s’est-il passé dans la nuit du Mercredi 7 Février au Jeudi 8 Février 2018 dans la région de Dair al Zor dans l’est de la Syrie ? Plus d’une centaine d’hommes armés combattant pour le régime syrien ont péri et des dizaines d’autres ont été blessés lors d’une offensive ratée destinée à s’emparer d’un site gazier sous contrôle des Forces Démocratiques Syriennes (FDS), une alliance arabo-kurde soutenue par Washington, et de militaires américains qui se trouvaient sur place.

La présence de nombreux mercenaires de nationalité russe parmi les victimes déclenche une vive polémique à Moscou. Beaucoup considèrent qu’il s’agit des plus graves affrontements indirects entre la Russie et les Etats-Unis depuis la fin de la guerre froide.

Mercredi 7 Février 2018 vers 23 heures, plusieurs unités gouvernementales syriennes, rassemblées dans le village de Khasham, à environ huit kilomètres de l’Euphrate, s’apprêtent à passer à l’offensive, soutenues par des chars et de l’artillerie. Elles visent l’usine Coneco, toute proche, lorsque l’aviation de la coalition dirigée par les américains lance ses raids et bombarde la colonne.

Des frappes défensives, assure aussitôt le ministère de la défense des Etats Unis, qui avance le nombre d'une centaine de victimes et de trois cent à quatre cent blessés, tout en se disant incapable de déterminer si des russes se trouvaient sur place. Jeudi 15 Février 2018, pour la première fois, Maria Zakharova, porte-parole du ministre russe des affaires étrangères, a admis du bout des lèvres la mort de cinq personnes vraisemblablement russes.

La liste devrait s’allonger. « Ce que nous avons vu venir, c’était une unité de la taille d’un bataillon », détaillait, Mardi 13 Février 2018, Jeffrey Harrigian, commandant des forces aériennes américaines, en décrivant une attaque de forces ennemies contre une position connue des FDS. « La coalition a agi en état de légitime défense », affirmait-il alors, « nous avons immédiatement contacté les responsables russes sur la ligne téléphonique de déconfliction pour les alerter ».

Deux jours après ces événements, dans la même région, quinze autres ressortissants russes travaillant pour une société de sécurité privée ont aussi été tués par l’explosion inexpliquée d’un dépôt d’armes à Tabiya Jazira, selon l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH).

A Moscou, très vite, le sénateur Franz Klinsevitch, ancien vice président de la commission de la sécurité et de la défense du conseil de la fédération russe, dénonce des opérations militaires américaines sans précédent.

« C’est une agression », affirme-t-il, Jeudi 8 Février 2018. En parallèle, Igor Strelkov, l’ancien leader des volontaires russes engagés dans la guerre du Donbass, dans l’est de l’Ukraine, déplore sur son blog la perte insensée de plusieurs de ses anciens camarades en Syrie.

Depuis, des noms et des visages de mercenaires russes tués sur les lieux des affrontements sont apparus sur les réseaux sociaux, Kiril Ananiev de Moscou, Alexeï Ladiguine de Riazan, Stanislav Matveiev, Igor Kosotourov et Rouslan Gabrilov de Sverdlovsk, Vladimir Loguinev de Kaliningrad et Alexeï Tchikhov de Nijni Novgorod.

Interrogé à plusieurs reprises, Dmitri Peskov, porte parole du Kremlin, a jusqu’ici botté en touche. La Russie n’est pas concernée, fait-il valoir, puisque ses forces armées ne sont pas impliquées. Selon plusieurs sources, des bléssés ont cependant bien été rapatriés dans des hôpitaux de Moscou et de Saint Pétersbourg. Un proche d’Igor Strelkov, Mikhaïl Polinkov, a publié un enregistrement audio dans lequel un homme se présente comme un des mercenaires présents sur les lieux du bombardement et il donne le nom du bataillon, le bataillon Carpates.

« Nous étions sept cent hommes », raconte-t-il, « nous avons traversé l’Euphrate Samedi 3 Février 2018 et nous nous préparions. Mercredi 7 Février 2018 vers 23 heures, nous nous sommes alignés en colonne pour mener l’assaut quand les frappes ont commencé. C’était Grozny en 1994 », ajoute-t-il, en référence à la capitale tchètchène lors de la première guerre sanglante contre la Russie.

« Si des pertes massives de citoyens russes ont bien eu lieu en Syrie, le pouvoir, y compris le chef des forces armées de la fédération de Russie, est tenu de l’annoncer au pays et de déterminer qui est responsable », s’insurge Grigori Iavlinski, candidat démocrate libéral à la prochaine élection présidentielle en Russie, sur son compte Twitter.

« Pourquoi des citoyens russes participent-ils à des opérations militaires en Syrie malgré les déclarations du président et du ministre de la défense concernant le retrait des forces armées russes de ce pays et la fin de la guerre civile en Syrie », poursuit-il sur son site de campagne, « la menace d’un affrontement militaire direct accidentel ou délibéré, entre la Russie et les Etats Unis, augmente ».

Cité par l’agence Interfax, Vitali Naoumkine, conseiller principal du gouvernement russe sur la Syrie, admet que la Russie est mécontente de ce qui s’est passé. Mais, ajoute-t-il, « nous n’avons pas toute l’information. Ce sont des citoyens russes que l’état n’a pas envoyé là-bas ». Selon lui, Moscou n’a donc « jamais pris la responsabilité de leur protection ».

Connu sous le nom générique de groupe Wagner, une compagnie de sécurité privée qui a œuvré en Ukraine et en Syrie, les mercenaires russes n’ont pas d’existence légale en Russie. Leurs liens avec le pouvoir sont pourtant évidents.

Leur leader s’était ainsi pris en photographie au côté du président Vladimir Poutine lors d’une réception au Kremlin au mois de décembre 2016. Les combattants russes présents dans les unités gouvernementales syriennes visées Jeudi 8 Février 2018 par les frappes de la coalition américaine sont pour la plupart des anciens du groupe Wagner, mais ils feraient désormais partie d’une nouvelle société baptisée Europolice, sous contrat avec le régime de Bachar al Assad.

Créée en 2016 dans la banlieue de Moscou selon le site d’information Fontanka, cette entreprise aurait plutôt ressemblé à une coquille vide à ses débuts avant de voir son capital brutalement augmenter l’année suivante.

Désormais dirigé par Oleg Ierokhine, un ancien des forces spéciales du ministère de l’intérieur, elle aurait pour mission de reprendre le contrôle des champs pétroliers, moyennant une partie de leurs revenus, pour le compte du régime syrien. Car Damas entend bien préparer, avec ses alliés, la reconstruction du pays.

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17 février 2018 6 17 /02 /février /2018 15:05

 

 

Treize russes et trois entités inculpées d'ingérence dans l'élection américaine (Reuters)

 

Une agence russe de l'internet, deux autres entités russes et treize ressortissants russes se sont immiscés dans le processus électoral américain de 2014 à 2016, dans le cadre d'une opération multiforme visant à soutenir le candidat républicain Donald Trump et à dénigrer son adversaire démocrate Hillary Clinton, ont déclaré Vendredi 16 Février 2018 les services du procureur spécial Robert Mueller, dans l'acte d'inculpation.

A Moscou, le ministère russe des affaires étrangères a qualifié d'absurdes ces nouvelles accusations d'ingérence.

« Treize personnes ont interféré dans les élections américaines, treize contre des services de renseignement américain dotés de milliards de dollars, contre les services de renseignement et de contre-espionnage et contre les dernières technologies, c’est absurde », a écrit sur Facebook Maria Zakharova, porte-parole du ministère des affaires étrangères russe.

Pour Paul Ryan, le président républicain de la chambre des représentants, « ces russes se sont livrés à une attaque malveillante et systématique contre notre système politique ».

Les responsables démocrates, comme Nancy Pelosi, leader du groupe démocrate à la chambre des représentants, ont appelé Donald Trump à mettre en oeuvre des sanctions contre la Russie.

L'acte d'inculpation visant trois entités et treize russes, qui compte trente sept pages, décrit une conspiration visant à interférer dans l'élection américaine.

Le document de justice décrit une opération, baptisée Projet Lakhta, s'étalant sur plusieurs années et dotée de financements importants, qui a débuté au mois de mai 2014.

Le document d'inculpation dévoile un niveau de sophistication et de préparation plus important que ce que l'on savait jusqu'à présent des ingérences russes.

Des russes ont illicitement volé des numéros de sécurité sociale et des dates de naissance d’américains afin d'ouvrir des comptes sur la plate-forme de paiement PayPal et pour poster des messages sur les réseaux sociaux sur la base de fausses identités.

Les acteurs de cette conspiration ont créé de fausses identités sur internet pour diffuser des messages clivants. Ils se sont rendus aux Etats-Unis pour recueillir des renseignements et ils ont même organisé des rassemblements politiques en se faisant passer pour des américains, lit-on dans le document d'inculpation.

L’agence de recherche russe de l'internet « s'est assigné comme objectif stratégique de semer la discorde au sein du système politique américain, notamment lors de l'élection présidentielle américaine de 2016 », lit-on également.

Certains des accusés, se faisant passer pour des américains, ont approché des personnes associées à l'équipe de campagne de Donald Trump, alors candidat républicain, sans que ces personnes sachent à qui elles avaient affaire.

Cet acte d'inculpation recoupe pour l'essentiel les conclusions d'une évaluation effectuée au mois de janvier 2017 par la communauté américaine du renseignement qui avait conclu à une ingérence de Moscou dans l'élection dont l'objectif était de favoriser Donald Trump, le candidat républicain qui a remporté une victoire surprise face à Hillary Clinton.

« Ces inculpations viennent rappeler que les personnes ne sont pas toujours ce qu’elles disent être sur le réseau internet », a déclaré Vendredi 16 Février 2018 Rod Rosenstein, vice-ministre américain de la justice.

« Cet acte d'inculpation dit que les conspirateurs russes veulent favoriser la discorde aux Etats-Unis et saper la confiance de l'opinion dans la démocratie. Nous ne devons pas les laisser réussir », a-t-il dit.

Rod Rosenstein a déclaré que les treize russes et les trois entités inculpées pour ingérence dans les élections américaines s'étaient livrés à une guerre de l'information.

Il a ajouté que rien ne permettait, au vu des chefs d'inculpation, de dire qu'un américain s'était en connaissance de cause engagé dans les manoeuvres d'ingérence dans les élections. Ces inculpations, a-t-il poursuivi, montrent que les russes veulent semer la discorde aux Etats-Unis.

Le président Donald Trump a été tenu informé des inculpations annoncées Vendredi 16 Février 2018, a dit la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders. La Russie nie toute ingérence dans la campagne électorale américaine. Donald Trump, quant à lui, dément toute collusion entre Moscou et son équipe de campagne.

Le directeur du National Intelligence Dan Coats a déclaré Mardi 13 Février 2018 devant la commission des renseignements du sénat qu'il avait déjà eu en sa possession des éléments montrant que la Russie visait maintenant les élections de mi-mandat, qui auront lieu au mois de novembre 2018.

« Il est clair que les Etats-Unis subissent une attaque », a dit Dan Coats lors de son audition annuelle sur les menaces dans le monde.

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16 février 2018 5 16 /02 /février /2018 17:47

 

 

La Confédération Générale du Travail (CGT) appelle à la mobilisation à la Société Nationale des Chemins de Fer (SNCF) le 22 mars 2018 (Reuters)

 

La CGT, syndicat majoritaire à la SNCF, a appelé Vendredi 16 Février 2018 les salariés de la SNCF à se mobiliser le 22 mars 2018 contre les projets de réforme du groupe public après la remise d'un rapport qui prône notamment une remise en cause du statut de cheminot.

« Nous appelons à manifester le 22 mars 2018 », déclare dans les colonnes du Parisien Laurent Brun, secrétaire général de la fédération des cheminots de la CGT, ajoutant que « je ne serai pas le secrétaire général de la fédération des cheminots de la CGT qui enterrera le statut ».

Le premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé Jeudi 15 Février 2018 son intention de réunir la semaine prochaine tous les acteurs concernés par la réforme de la SCNF après la remise au gouvernement d'un rapport de l'ancien Président Directeur Général (PDG) d'Air France, Jean-Cyril Spinetta, qui fait quarante trois recommandations pour redresser le transport ferroviaire.

Il propose entre autres d'examiner la pertinence de maintenir des lignes peu utilisées, d'envisager de ne plus embaucher sous le statut de cheminot et d'enrayer l'expansion des lignes des Trains à Grande Vitesse (TGV). Il suggère aussi d'autoriser la SNCF à recourir à des plans de départs volontaires, qui pourraient concerner cinq mille personnes.

« C'est un rapport qui n'est pas surprenant venant d'une commande d'un gouvernement qui veut casser la SNCF et le service public, tous les services publics », a dit sur France Inter Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, en faisant allusion aux annonces récentes sur la possibilité de plans de départs volontaires dans la fonction publique.

« Ce que propose le rapport, c'est accentuer cette casse », a-t-il ajouté, « il faudra qu'on m'explique en quoi le statut des cheminots est la cause des problèmes et des incidents que rencontrent aujourd'hui bon nombre de voyageurs ».

Philippe Martinez a dit en outre ne rien attendre de la concertation promise par le gouvernement, déclarant que « la concertation va s'ouvrir mais dans un cadre déjà bien figé, puisque c'est le rapport de Jean Cyril Spinetta qui est le cadre de la concertation. Ce genre de concertation, comme on dit trivialement, c'est du pipeau ».

Dans le Parisien, Laurent Brun menace le gouvernement de grèves dures s'il veut engager une épreuve de force avec les cheminots.

« S'il reste sur une logique d'éclatement du système ferroviaire, de suppression de lignes, de casse des droits sociaux, d'augmentation des coûts pour les collectivités et de filialisation du fret, on se dirige vers des grèves dures ».

La date du 22 mars 2018 retenue pour ce mouvement de protestation à la SNCF coïncide avec une journée de mobilisation dans la fonction publique à l'appel de sept des neufs syndicats du secteur contre les projets de réformes du gouvernement.

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16 février 2018 5 16 /02 /février /2018 17:31

 

 

https://www.humanite.fr/robin-renucci-nous-declarons-present-nous-rendre-coupables-de-delit-de-solidarite-650376

 

https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/blog/150218/lettre-de-robin-renucci-la-ministre-de-la-culture

 

Les artistes s'adressent à la ministre de la culture

 

Mardi 13 Février 2018

 

Des directeurs et des directrices de théâtres et d’institutions et des personnalités du monde des arts et de la culture d’horizons différents apportent une réponse au discours de Françoise Nyssen, ministre de la culture, aux Biennales Internationales du Spectacle (BIS) de Nantes, Mercredi 17 Janvier 2018.

 

Vous avez convié certains d’entre nous à la fin de l’automne à un dîner pour parler de nos différentes actions auprès des exilés qui cherchent actuellement refuge en France.

Nous vous avons proposé alors d’organiser une commission dont nous étions prêts à prendre la charge afin d’établir un dialogue avec le ministère de l'intérieur. Nous avons insisté sur la nécessité et l’urgence d’ouvrir ce dialogue entre les artistes, les acteurs culturels et le ministère de l'intérieur, dialogue sans lequel tous nos efforts et tout notre travail en direction des milliers d'exilés restent une goutte d’eau dans l’océan des violences qu’ils subissent aujourd’hui sur notre territoire, dans cette France qui pour eux représentait pourtant la patrie des droits de l’homme et une terre d’asile et de refuge et qui n’est plus aujourd’hui, pour ces femmes, ces enfants et ces hommes, qu’un endroit de violence et de rejet. Notre demande est restée lettre morte.

Vous avez lancé récemment un appel au milieu culturel et artistique pour faciliter aux éxilés l’accès à la culture, pour développer des ateliers artistiques avec eux et pour les aider à patienter le long des files d’attentes administratives.

Sachez que voici des mois et des années que nous menons ces actions et que nous faisons, nous, artistes, acteurs et actrices culturelles, tout ce qui est en notre pouvoir pour soulager la misère et l’impact des violences subies, à tous les endroits où nous pouvons agir, que ce soit en tant que directeurs de structures culturelles et de lieux de création, que ce soit en tant qu’artistes. Quels que soient nos moyens, nous sommes des milliers en France à tenter d’agir avec d’autres citoyens et des associations qui luttent quotidiennement pour aider, soutenir et accompagner ces vies blessées, ces parcours meurtris, ces frères et ces sœurs humaines qui ont tout perdu et tout laissé derrière eux, non pas pour profiter des pavés dorés de notre république, mais par nécessité vitale. On ne quitte pas son pays, ceux qu’on aime, son histoire et sa vie, par envie de confort, mais parce qu’on ne peut pas faire autrement.

Nous ne menons pas ces actions parce que nous sommes artistes et gens de culture, nous le faisons parce que nous sommes avant tout des citoyens qui, comme des milliers d’autres citoyens, de tous bords et de tous milieux, voient en ces exilés des frères et des sœurs humaines en souffrance. Nous le faisons en ayant chaque jour un peu plus honte de notre pays et de la façon dont ce pays que nous aimons et dont nous défendons avec fierté et force l’expression culturelle trahit ses engagements, sa devise et son histoire, et ampute son avenir.

Nous le faisons en ressentant de la honte devant l’étonnement et le désespoir de ces femmes et de ces hommes qui ne parviennent pas à comprendre que ce soit cela, la France, un pays où on fait la chasse aux éxilés et aux réfugiés, où on brutalise des enfants, où on use de la matraque contre eux et où on détruit les pauvres tentes dans lesquelles se réfugient des familles, ces tentes posées au milieu de l’hiver glacé sur l’asphalte de nos grandes villes, au milieu de nos illuminations de Noël.

On ne mène pas un atelier de théâtre, de danse, d’art plastique, d’écriture ou de vidéo, avec des enfants en exil pour ensuite les remettre dehors dans le froid sans se soucier de ce qu’ils mangeront le soir et s’ils dormiront dans la rue. On n’accueille pas des femmes et des hommes à un spectacle ou à un film pour ensuite les mettre à la porte sans se soucier de la faim et de la peur qui les tenaillent. On ne monte pas une chorale avec des femmes et des enfants pendant des mois pour ensuite leur tourner le dos quand ils reçoivent contre toute attente une injonction de reconduite à la frontière, vers la prison, la faim, les tortures, le viol ou une mort certaine.

Non, on ne fait pas du théâtre ou de la musique avec des femmes, des enfants et des hommes dans cette situation, en se contentant de leur apporter un peu de la culture française.

Non, on ne leur ouvre pas les portes de notre culture. Ce sont des rencontres et des échanges permanents d’une richesse et d’une complexité infinie, qui nous bousculent autant qu’eux alors. C’est magnifique, puissant et fragile. Et dans cette rencontre, comme dans toutes formes d’art véritable, ce qu’on rencontre avant tout, c’est l’humain. Chaque personne que nous rencontrons ainsi est une personne avec sa vie, son parcours, sa richesse et ses blessures, et ce n'est pas un numéro ou une statistique. Chaque personne rencontrée alors devient un frère ou une sœur et cela nous engage humainement.

Un frère ou une sœur et encore d’avantage un enfant, on ne le laisse pas à la rue une fois la rencontre faite. On ne le laisse pas se débrouiller seul devant des policiers qui chargent et qui gazent et devant des circulaires qui font la chasse à l’homme. Non, on l’aide comme on peut, on l’accompagne, on l’héberge, on lui ouvre nos théâtres, nos salles de répétition et nos maisons, pour le protéger de la rue et de ses violences, on évite les contrôles de police avec lui, on le fait changer de domicile en pleine nuit quand on sait qu’il va y avoir une descente de police, on monte des dossiers et des recours, on le cache, on l’aide à circuler et à trouver de quoi manger et on noue des solidarités avec le policier qui vous prévient anonymement qu’une personne va être arrêtée, avec l'enseignant qui fait l’impossible pour empêcher qu’un enfant soit retiré de son école et qui passe son temps libre à donner bénévolement des cours de français, avec la famille qui va accueillir chez elle un mineur isolé sans papier et tenter de l’accompagner dans la jungle administrative actuelle et avec le médecin qui va soigner sans rien demander en retour et surtout pas des papiers.

Aujourd’hui il ne s’agit pas de faire des ateliers de théâtre ou de dessin. Aujourd’hui, nous luttons contre les pouvoirs publics, contre les injonctions et les blocages kafkaïens des administrations, contre les contrôles, contre les refus de protection des mineurs et contre les violences policières.

Aujourd’hui, nous nous retrouvons dans l’obligation morale de désobéir pour compenser l’indignité d’une politique migratoire parmi les plus inhumaines de notre histoire contemporaine.

Aujourd’hui, nous sommes, nous, artistes, acteurs et actrices du monde de la culture, en lutte et en résistance contre l'état français, par solidarité humaine et par fierté d’être de ce pays, non pas de la France qui rejette, pourchasse, violente et opprime les plus démunis et les plus pauvres, celles et ceux qui demandent aide et assistance, mais la France terre d’asile, la France pays des droits humains et la France telle que l’ont imaginée ces milliers d’éxilés et ces milliers de personnes fuyant la violence sous toutes ses formes et qui trouvent ici une violence qu’ils ne comprennent pas et qui les terrorise. Nous le faisons aussi parce que l’histoire nous jugera et que le jugement de nos enfants et de nos petits enfants sera terrible si nous ne faisons rien.

Aujourd’hui nous sommes devenus, par la force des choses, coupables de délit de solidarité et nous sommes passibles de sanctions pour aider et soutenir de toutes les manières possibles des personnes en souffrance qui sont pourchassés de manière inique par l'état français. Aujourd’hui, donc, nous nous dénonçons.

Votre appel au milieu de la culture et de l’art nous permet de nous avancer à la lumière et d’affirmer haut et clair ce que nous faisons aujourd’hui. Nous sommes fiers et heureux de vous compter parmi nous, comme résistante à la violence actuelle instaurée par l'état, car nous comptons sur vous pour aller au bout de la logique de votre appel.

Ainsi nous vous invitons à nous prêter main forte en exigeant l’ouverture d’un réel dialogue avec le ministère de l’intérieur, d’exiger que ses circulaires ne viennent pas détruire tout ce que nous tentons de mener jour après jour et d’exiger au contraire que tous les moyens soient mis en place pour soutenir l’effort des citoyens et des citoyennes qui chaque jour partout dans ce pays œuvrent pour tenter de suppléer avec leurs faibles moyens aux manquements de l'état.

Nous demandons à l'état d’ouvrir un véritable dialogue avec la société civile et avec toutes celles et tous ceux qui œuvrent auprès des réfugiés dans notre pays pour réfléchir et pour mettre en œuvre concrètement des solutions d’accueil.

Nous en appelons à un réveil de la conscience de celles et de ceux qui ont été élus par le peuple face à ce drame humain et sociétal que l'état orchestre à l’intérieur de ses frontières.

Nous vous appelons à soutenir nos actions en permettant qu’elles ne soient pas annihilées par des contre-mesures de répression d'état et à peser de tout votre poids pour cela.

Si notre appel n’est pas entendu, sachez que nous poursuivrons notre action et que nous déclarons à présent nous rendre coupables de délit de solidarité.

 

Premièrs signataires

 

Samuel Churin, Jean-Louis Comolli, Béatrice Dalle, Rokahya Diallo, Virginie Despentes, Denis Gravouil, Robert Guediguian, Jean-Luc Nancy, Mariana Otero, Robin Renucci, Eric Fassin,

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16 février 2018 5 16 /02 /février /2018 16:48

 

 

Libéré, le journaliste germano-turc Deniz Yucel a regagné Berlin (Reuters)

 

Le journaliste germano-turc Deniz Yucel, détenu depuis un an pour terrorisme et dont le sort empoisonnait les relations entre Berlin et Ankara, a été remis en liberté dans l'attente de son procès, a-t-on appris Vendredi 16 Février 2018.

Correspondant du journal die Welt, Deniz Yucel, quarante quatre ans, avait été arrêté sous l'accusation de propagande en faveur d'une organisation terroriste. Une accusation qu'il dément.

L'agence de presse officielle Anatolie rapporte que la justice turque a reconnu les accusations portées contre lui et passibles de dix huit ans de prison, mais elle a accepté de le libérer jusqu'à la date de son procès.

Le sort de Denis Yucel avait alourdi les relations entre la Turquie et l'Allemagne, déjà mal en point à la suite de la répression du coup d’état militaire manqué du mois de juillet 2016.

Le ministre allemand des affaires étrangères, Sigmar Gabriel, avait estimé en début de semaine que son incarcération était le plus gros obstacle aux relations entre Berlin et Ankara. Il a émis l'espoir Vendredi 16 Février 2018 que le journaliste soit autorisé à quitter la Turquie.

Le Premier ministre turc, Binali Yildirim, avait laissé entendre Mercredi 14 Février 2018 que la libération du reporter était imminente.

Après sa libération, Deniz Yucel a pris aussitôt la direction de l'Allemagne. Un journaliste de Reuters a vu son avion atterrir à l'aéroport Tegel de Berlin et la chaîne de télévision publique ARD a rapporté qu'il avait débarqué de l'appareil.

« C'est une belle journée. Deniz Yücel est libre », a déclaré à la presse le chef de la diplomatie allemande, Sigmar Gabriel.

« Je peux vous assurer qu'il n'y a pas eu d'accords ni de tractations en lien avec son retour », a-t-il dit.

La chancelière Angela Merkel s'est félicitée elle aussi de sa libération, mais elle a appelé Ankara à garantir des procédures judiciaires rapides pour d'autres ressortissants allemands toujours détenus dans les prisons turques.

« Je suis heureuse, comme beaucoup d'autres personnes, qu'il ait pu sortir de prison aujourd'hui », a dit la chancelière, qui avait eu Jeudi 15 Février 2018 un entretien à Berlin avec Binali Yildirim.

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16 février 2018 5 16 /02 /février /2018 16:33

 

 

http://www.elmundo.es/espana/2018/02/14/5a84255f468aeb474d8b459d.html

 

La déclaration unilatérale d’indépendance n’était pas cosmétique

 

Mercredi 14 Février 2018

 

La déclaration unilatérale d'indépendance de la Catalogne n’avait pas un caractère symbolique, comme l'a dit devant le juge du Tribunal Suprême l’ancienne présidente du parlement catalan Carme Forcadell. Elle n’avait même pas une valeur strictement politique, comme l’a dit l'ancien vice-président du gouvernement catalan, Oriol Junqueras, en prison préventive, devant le magistrat. La déclaration unilatérale d’indépendance n'a pas été une simple opération cosmétique, mais elle a été une véritable tentative de déclarer la Catalogne comme une république indépendante de l’Espagne, comme l’a admis, Mercredi 14 Février 2018, l’ancienne présidente du groupe de la Candidature d’Unité Populaire (CUP) au parlement catalan, Mireia Boya, qui a comparu pendant un peu plus d'une heure et quinze minutes devant le juge du Tribunal Suprême qui instruit l'enquête relative au référendum du premier octobre 2017, Pablo Llarena.

L’ancienne députée indépendantiste, qui a été entendue par le Tribunal Suprême en qualité d’accusée, a répondu avec ces arguments aux questions du magistrat, pour savoir si la déclaration unilatérale d’indépendance était ou n’était pas cosmétique, comme l’ont déclaré les autres inculpés.

Mireia Boya a clairement indiqué que, lorsque le parlement catalan a approuvé la déclaration d'indépendance, il cherchait à ce qu’elle soit réellement effective, comme l’ont déclaré au Mundo des sources juridiques qui ont participé à l’interrogatoire.

En quelques secondes, Mireia Boya a contredit l'alibi des autres accusés du processus et les arguments des quatre personnes qui sont toujours en prison, Oriol Junqueras, Joaquim Forn, Jordi Sánchez et Jordi Cuixart, qui ont défendu le caractère symbolique de la déclaration unilatérale d’indépendance adoptée le 27 Octobre 2017 pour pouvoir sortir de prison.

Mireia Boya, que le juge Pablo Llarena accuse de délit de rébellion, sédition et détournement de fonds, pour son implication présumée dans le processus, a clairement indiqué que les députés de la CUP ont voté en faveur de la déclaration parce que les bases de leur parti l'exigeaient.

La militante indépendantiste, qui est la première personne de la CUP qui comparaît devant Pablo Llarena, sa camarade Anna Gabriel étant convoquée Mercredi 21 Février 2018 après le report de son interrogatoire qui était également prévu Mercredi 14 Février 2018, a seulement répondu aux questions de son avocat et du juge, refusant de répondre aux questions de l’accusation représentée par Vox et par les responsables du parquet.

Mireia Boya a accusé les forces de sécurité de l’état d'avoir fait la chasse aux indépendantistes pendant les jours qui ont précédé le premier octobre 2017, selon des sources juridiques qui ont participé à l’audition. Ces mêmes sources ont indiqué que l'ancienne députée indépendantiste a tenté de convaincre le juge que la destruction des véhicules de la Guardia Civil pendant les évènements du 20 septembre et du 21 septembre 2017 était une invention des journalistes.

L’ancienne députée de la CUP a même demandé des explications au juge relatives à une de ses interviews, publiée dans le Mundo du 22 octobre 2012, sur la situation en Catalogne. En 2012, Pablo Llarena était président de l’audience régionale de Barcelone et il avait répondu à ce journal que le problème entre la Catalogne et l'Espagne devait avoir une solution essentiellement politique. Le juge a répondu à Mireia Boya que cette déclaration ne s’était pas produite comme elle l’avait dit.

Mireia Boya est entrée dans le bâtiment du Tribunal Suprême accompagnée par ses sympathisants avec le poing levé, disant que la constitution de l’état espagnol était un mur et que le peuple se mobilisait contre les murs. Elle a dit qu’il n’y avait jamais eu de violence en Catalogne en raison du processus. « Le peuple a été exemplaire », a dit l’indépendantiste catalane devant les journalistes rassemblés à la sortie du Tribunal Suprême.

Elle a dit que quatre vingt pour cent des catalans voulaient organiser un référendum et que les indépendantistes ont gagné le référendum. Mireia Boya a profité de la présence des médias pour rappeler « qu’il y a encore quatre prisonniers politiques en prison ». En ce sens, elle a revendiqué leur libération et elle a accusé le gouvernement de les séquestrer.

L’ancienne députée de la CUP a quitté le Tribunal Suprême sans que le juge n'applique de mesures de précaution contre elle et sans que ni le parquet ni Vox ne demandent des mesures de précaution contre elle. Cependant, il convient de noter que l'accusation publique pourrait exiger l'emprisonnement de Mireia Boya, après l’audition de sa camarade Anna Gabriel, si elle demande la même mesure contre elle.

Les prochaines convocations devant le juge Pablo Llarena seront celles de Marta Rovira, secrétaire générale d’Esquerra Republicana de Catalunya (ERC), et de Marta Pascal, coordinatrice générale du Parti Démocrate Européen de CATalunya (PDECAT), Lundi 19 Février 2018, et celle de l’ancien président du gouvernement catalan, Artur Mas, Mardi 20 Février 2018.

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15 février 2018 4 15 /02 /février /2018 20:32

 

 

Le congrès des Etats Unis enquête sur un ancien responsable de la Maison Blanche (Reuters)

 

Le congrès des Etats Unis a ouvert une enquête pour savoir si la Maison Blanche était au courant des antécédents de violences conjugales de l'ancien secrétaire du personnel Rob Porter, poussé à la démission la semaine dernière.

« Je vais poser directement la question au Federal Bureau of Investigation (FBI) et j'attends qu'il me donne une réponse », a dit Mercredi 14 Février 2018 sur Cable News Network (CNN) Trey Gowdy, président républicain de la commission de la chambre des représentants chargée du suivi de l'action gouvernementale.

Rob Porter, quarante ans, a démissionné Mercredi 7 Février 2018 après avoir été accusé par ses deux anciennes épouses de violences conjugales. Ce dernier a nié les faits.

Mais pour le républicain Trey Gowdy, l'administration de Donald Trump était au courant des accusations contre l'ancien secrétaire du personnel.

« La chronologie n'est pas en faveur de la Maison Blanche », a dit Trey Gowdy au sujet des rapports indiquant que le FBI avait prévenu à plusieurs reprises l'équipe de Donald Trump des accusations contre Rob Porter et que ce dernier ne devait pas avoir accès à certaines informations.

Le directeur du FBI Christopher Wray a dit Mardi 13 Février 2018 devant les membres de la commission que les antécédents de Rob Porter avaient été vérifiés au mois de juillet 2017 et qu'un rapport plus détaillé a été transmis à la Maison Blanche au mois de novembre 2017.

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