Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
15 décembre 2022 4 15 /12 /décembre /2022 19:13

 

 

https://blogs.mediapart.fr/pinar-selek/blog/121222/plusieurs-anniversaires-en-turquie-toujours-le-meme-film-0

 

Plusieurs anniversaires en Turquie, toujours le même film

Par Pinar Selek

Lundi 12 Décembre 2022

En Turquie, le gouvernement actuel vient de fêter son vingtième anniversaire. Lire ses vingt ans à travers d’autres anniversaires dans ce pays permet de mieux comprendre l’actualité, de l’explosion du 13 novembre 2022 à Istanbul, des frappes contre les kurdes et de la répression contre l’opposition.

C’était avant le gouvernement actuel. En 1998, j’ai été arrêtée par la police turque alors que je menais une enquête sur le mouvement kurde. Le but était de m’obliger à livrer les noms de mes interlocuteurs. J’ai refusé. La torture a duré pendant des jours et des nuits. J'ai refusé. Ils ont fini par me jeter en prison dans un état épouvantable. J’y ai rencontré plusieurs femmes torturées et violées. Si j’avais su alors qu’il y avait trente-cinq mille prisonniers politiques et que la torture était systématique, j’aurais mieux compris pourquoi j’ai passé des nuits, durant deux ans et six mois, avec les cris des femmes torturées. 

Le 19 décembre 2000, il y eut l’opération retour à la vie, une répression meurtrière des prisonniers politiques qui s’étaient lancés dans un mouvement de grève de la faim. L’état visait notre isolement total. Ce fut un massacre. J’ai vu mourir mes amis et j’ai entendu leurs cris dans le feu. C’était avant le gouvernement actuel. Le 22 décembre 2000, j’ai été libérée de prison, mais pas du mauvais film qui m’oblige à vivre en exil. Malgré quatre acquittements, je vis, depuis vingt-quatre ans, sous la menace de la prison à perpétuité. Mon procès reflète à la fois la continuité du régime autoritaire en Turquie et les configurations des dispositifs répressifs.

L’année 2022 est le centenaire de la Catastrophe d’Asie Mineure, qui correspond historiquement au massacre et au départ forcé de plusieurs centaines de milliers de grecs. C’est aussi le centenaire du Traité de Lausanne qui a découpé le Kurdistan en quatre. Né du génocide des arméniens et des massacres des grecs et des kurdes, l’état nation turc, nationaliste et militariste, a consolidé sa légitimité au moyen d’un langage mythologique et religieux.

C'est après le troisième coup d’état militaire de 1980 que la résistance du mouvement kurde a provoqué un mouvement populaire transfrontalier et une guerre qui continue jusqu’à maintenant. Par ailleurs, l’émergence et la convergence des nouveaux mouvements sociaux a transformé les modes de mobilisation, les mouvements féministes, écologistes, antimilitaristes et pour la défense des droits des homosexuels, ont formé le nouveau cycle de contestation caractérisé par un pacifisme résistant. Dès ma sortie de prison, j’ai été témoin de la révolution non-structurelle et de renforcement de la répression. Depuis 1992, environ deux mille intellectuels et militants ont été tués. En profitant de la guerre contre les kurdes, l’état profond s’est structuré de manière croissante. Le conseil de sécurité nationale, formé par les militaires, imposait au gouvernement son propre ordre du jour. Pourtant la révolution par le bas a continué.

En 2002, le parti pour la justice et le développement (AKP), néoconservateur et néolibéral, est monté sur la scène, avec le soutien du capitalisme occidental. Sa promesse était de mettre en place un libéralisme économique et politique s’appuyant sur un conservatisme musulman.

En arrivant au pouvoir, il a attaqué le pouvoir du conseil de sécurité nationale turc et il s’est rapproché de l’Union Européenne, en se montrant prêt au dialogue sur les questions arméniennes et kurdes. Même s’ils étaient mêlés aux projets néo-ottomans, ces changements de façade ont suscité, durant les premières années de quinquennat, l’espoir en Europe. Pourtant, sous la conjugaison de multiples effets liés aux alliances économiques et politiques transnationales, nous avons constaté la faillite dans le Proche-Orient des politiques néo-ottomanes de l’AKP, qui s’est trouvé affaibli. Les petites ouvertures se sont refermées rapidement.

Le 19 janvier 2007, Hrant Dink, journaliste arménien qui réclamait la reconnaissance du génocide des arméniens, a été assassiné. En 2009, j’ai quitté la Turquie à la suite de la décision de la cour de cassation qui demandait ma condamnation à la prison à vie. Mais la mobilisation sociale continuait sans faiblir. Les manifestations du parc Gezi en 2013, qualifiées de printemps turc par les médias internationaux, ont fait apparaître sur la scène la révolution par le bas qui était en cours. Mais jusque-là, l’état ne percevait pas ces dynamiques. Dès lors, l’état profond est revenu au galop. L'AKP a fini par s'en accommoder et s’est allié avec les Loups Gris. La Turquie est entrée ainsi dans une période très particulière de son histoire, marquée par la dérégulation économique, juridique et sociale.

Le mouvement démocratique kurde a reçu un coup brutal. Les députés et les maires ont été emprisonnés, il y a eu des confiscations des mairies, des arrestations massives, des assassinats, des procès sans fin, des emprisonnements sans chef d’accusation, des condamnations s’appuyant sur des témoins invisibles et, surtout, les féministes kurdes ont été particulièrement visées. Au mois de janvier 2020, la Turquie comptait quatre-vingt mille prisonniers politiques, des militants, des journalistes, des artistes, des avocats, des écrivains, des universitaires, des députés et des maires. Imaginez un pays qui enferme toutes ces personnes.

Par exemple, en 2022, huit intellectuels, artistes, militants et pacifistes, ont été condamnés soit à la prison à perpétuité, soit à dix-huit ans de prison, pour tentative de renversement du gouvernement par l’organisation des manifestations du parc Gezi en 2013. Quand Sebnem Korur Fincanci, présidente de l’Ordre National des Médecins, a attiré l’attention sur des vidéos de bombes chimiques utilisées par l’état turc contre les kurdes, elle s’est retrouvée en prison. Une stratégie de chaos et de tension accompagnée d’une fibre nationaliste exacerbée se déchaîne. Ce climat empêche une possible alliance électorale entre les kurdes et les kémalistes. Le gouvernement en difficulté sert de carburant à ce sombre répertoire politique.

L’attentat d’Istanbul du 13 novembre 2022 est annonciateur du pire. J’ai suivi cette horreur avec le froid dans le dos. Après avoir immédiatement désigné les kurdes comme coupables, les autorités turques ont lancé l’opération aérienne Griffe Epée dans le nord de l’Irak et de la Syrie, en intensifiant l’usage des armes chimiques. Ils ont tué plusieurs dizaines de personnes, celles qui avaient combattu l’Etat Islamique.

En bénéficiant du feu vert de la Russie et du silence complice de la communauté européenne qui essaie de sauver ses intérêts économiques et financiers à court terme, le gouvernement turc multiplie les attaques, accompagnées d’assassinats des militants et des intellectuels. L’assassinat de la journaliste féministe Nagihan Akarsel, il y a presque un mois, montre que les exilés ne sont pas à l’abri, tant les services turcs sont actifs en Europe. L’année 2023 est prévisible. A l’occasion des échéances électorales, il y aura de nouvelles explosions ou des attentats organisés par les invisibles. Les enquêtes n’aboutiront jamais, comme le complot dont je suis victime.

Recep Tayyip Erdogan célébrera cette année le centenaire de la République de Turquie, en glorifiant le nationalisme kémaliste. Même si les mouvements sociaux dans ce pays sont des plantes qui poussent dans le béton, l’écart entre leurs ressources et ceux du pouvoir est cruel.

Tant que les pays occidentaux ne prendront pas une position claire contre ces crimes, la Turquie ne sortira pas du tunnel d’horreur dans lequel elle est enfermée. La France et l’Europe doivent briser le silence.

Partager cet article
Repost0
15 décembre 2022 4 15 /12 /décembre /2022 18:42

 

 

https://www.lejdd.fr/International/lionel-jospin-sur-lukraine-poutine-doit-perdre-cette-guerre-4153411

 

Lionel Jospin sur l'Ukraine, « Vladimir Poutine doit perdre cette guerre »

L'ancien premier ministre Lionel Jospin, habituellement en retrait de la vie publique, s'élève contre la position sur la guerre en Ukraine défendue par Thierry de Montbrial dans un entretien publié dans le Journal Du Dimanche (JDD) du Dimanche 4 Décembre 2022. Le chercheur et fondateur de l'Institut Français des Relations Internationales (IFRI) prône une politique étrangère réaliste et il confiait au JDD son souhait de voir les occidentaux tenir compte des intérêts vitaux de la Russie.

L’entretien sur la guerre en Ukraine donné par Thierry de Montbrial au JDD la semaine dernière m’a étonné, car le fondateur de l’IFRI passe totalement sous silence les réalités barbares essentielles qui forment la trame du drame ukrainien. Huit ans après son annexion de la Crimée et la guerre du Donbass, la Russie a attaqué à nouveau l’Ukraine, qui ne la menaçait nullement. Elle a tenté de s’emparer du pouvoir à Kiev et, subissant des revers militaires, elle ne cesse de martyriser le peuple ukrainien, qu’elle présente comme un peuple frère.

Cette guerre se déroule en Ukraine, dont les soldats se battent avec courage et intelligence. Quant à leurs frappes ciblées, en mer ou sur terre, elles ne visent que des objectifs militaires.

En face, le comportement de l’agresseur est d’une autre nature. Sur le terrain, les forces russes aux ordres de Vladimir Poutine multiplient les exécutions sommaires, les viols, les actes de torture et les déportations. De loin, elles accablent de bombardements les populations civiles et les infrastructures. Ces actes, qui constituent des crimes de guerre, sont passibles des tribunaux internationaux. Sans l’aide militaire et économique apportée par les États-Unis et ­l’Europe, l’Ukraine serait peut-être menacée d’écrasement.

L’Ukraine de Volodimir Zelensky est un pays démocratique agressé. La Russie de Vladimir Poutine est un régime despotique agresseur. Or le regard de Thierry de Montbrial se pose à l’équidistance de deux états abstraits avec l’indifférence glaciale de la neutralité. La raison qu’il avance pour justifier cette froideur d’analyse est celle du réalisme. J’y reviendrai pour finir.

Doit-on tenir pour exacte l’idée que « l’Europe aurait dû, bien avant cette guerre, prendre le leadership pour bâtir avec la Russie post-soviétique une architecture de sécurité commune ». Encore aurait-il fallu que la ­Russie s’y prêtât. ​Je suis de ceux qui ont estimé que l’extension de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) vers les portes de la Russie et l’installation de missiles n’étaient pas opportunes. Mais cela ne doit pas nous faire oublier que, à partir de 2011 et des manifestations de citoyens russes contre le trucage des élections, Vladimir Poutine a pris résolument un tournant nationaliste et autoritaire qui laissait peu de place, à l’extérieur, pour un dialogue constructif. N’acceptons pas hâtivement l’idée que les européens seraient eux-mêmes responsables de l’agressivité de la ­Russie. ­L’Europe s’est installée dans la dépendance à l’égard du pétrole et du gaz russe. Elle a joué le jeu de l’inter dépendance.​​​ Elle n’a pas joué le jeu de la confrontation.

Risquons-nous, en raison de la disproportion des moyens militaires américains et européens, de nous trouver dans la dépendance à l’égard des États-Unis ? Je ne le souhaite pas. Quand j’étais premier ministre, mon gouvernement a bloqué le retour de la France dans l’organisation militaire intégrée de l’OTAN pour préserver l’autonomie de décision de notre pays chère à Charles de Gaulle. J’ai donc regretté que le président Nicolas Sarkozy ait décidé en 2007 la réintégration. Nous avons aussi, avec le sommet franco-britannique de Saint-Malo au mois de décembre 1998, grâce aux discussions avec nos amis allemands, lancé la politique européenne de sécurité et de défense. D’autres pas en avant ont été faits par la suite. Aller plus loin sera une affaire de volonté nationale et de détermination européenne. Par ailleurs, dans le champ économique, l’Union Européenne doit décider de faire face au protectionnisme américain renaissant.

Voir les occidentaux tenir compte des intérêts vitaux de la Russie peut avoir un sens si la définition de ces intérêts obéit à la rationalité et si les rapports de force recherchés respectent le droit international. Mais si les intérêts de la Russie tels que les conçoit Vladimir ­Poutine impliquent la soumission de l’Ukraine et comportent des menaces pour d’autres nations souveraines de l’ancien empire soviétique, nous ne devons pas l’accepter.

Nous aurons toujours un voisin russe. Mais cette évidence géographique ne règle pas tout. Quelle est la nature de ce voisin à tel ou tel moment de l’histoire ? Et lui-même, quel regard porte-t-il sur nous ?

La brutale et extravagante diatribe lancée le 26 octobre 2022 par Vladimir Poutine contre l’occident dangereux, agressif, immoral, raciste, aveuglé, sale, sanglant et néocolonial, devrait nous avoir instruits. Le président russe se livre en effet à une étrange inversion. Cependant que ses troupes sont en Ukraine, il prétend que la Russie n’a jamais envahi un de ses voisins. Alors que l’Ukraine démocratique progresse vers l’état de droit, ce pays serait un régime nazi et, quand les dirigeants russes agitent la menace nucléaire, c’est la Russie qui se dit menacée.

Revenons pour conclure à la question du réalisme. Être réaliste, ce n’est pas seulement, par principe, reconnaître les intérêts essentiels des autres, même si cela ne nous plaît pas. Être réaliste, c’est d’abord reconnaître la réalité. Le drame ukrainien ne nous place pas devant un soubresaut désagréable et maîtrisé de l’ancienne guerre froide. Il nous confronte à une réalité imprévue, difficile à déchiffrer, car elle est à la fois régressive et inédite. Les lunettes d’Henry Kissinger du temps passé, teintées de cynisme, n’éclaireront guère notre vision.

La guerre en Ukraine nous place devant un enjeu de civilisation pour l’Ukraine, qui veut vivre comme une nation libre, pour l’Europe, qui doit lever la menace que la Russie fait peser contre elle, et pour la Russie, qui doit changer. Les russes décideront du sort de Vladimir Poutine et de leur propre avenir mais, si nous voulons que la paix et l’espoir renaissent sur notre continent, Vladimir Poutine doit perdre cette guerre.​ 

Partager cet article
Repost0
15 décembre 2022 4 15 /12 /décembre /2022 18:11

 

 

https://www.reuters.com/article/turquie-politique-imamoglu-idFRKBN2SY1D4

 

Peine de prison pour le maire d'Istanbul et opposant turc Ekrem Imamoglu (Reuters)

Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul et rival potentiel du président Recep Tayyip Erdogan aux élections présidentielles de 2023 en Turquie, a été condamné Mercredi 14 Décembre 2022 à deux ans et sept mois de prison et à une peine d’inéligibilité pour des insultes contre des officiels.

La décision, qu’Ekrem Imamoglu a qualifiée de politique et illégitime, doit encore être confirmée en appel, ce qui pourrait prendre plusieurs semaines ou mois. Les élections présidentielles doivent avoir lieu avant le mois de juin 2023.

L’opposition ne s’est pour l’heure choisi aucun candidat commun, mais Ekrem Imamoglu, de par sa popularité, est considéré comme un rival potentiellement dangereux pour Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis près de vingt ans.

Issu du principal parti d’opposition en Turquie, le parti républicain du peuple (CHP), Ekrem Imamoglu avait dit, dans un discours, que les responsables électoraux qui avaient annulé sa courte victoire aux élections municipales du mois de mars 2019 aux dépens du candidat du parti de la justice et du développement (AKP), le parti au pouvoir, étaient des imbéciles.

Lors d’un nouveau scrutin organisé trois mois plus tard, il avait conquis la mairie avec une large marge, mettant fin à vingt-cinq années de règne de l’AKP sur la ville de dix-sept millions d’habitants. Il risquait jusqu’à quatre ans de prison.

Avant le verdict, plusieurs milliers de soutiens d’Ekrem Imamoglu se sont rassemblés devant la mairie, à l’appel de ce dernier, en criant « vérité, droit et justice ».

Des policiers en tenue anti-émeute ont été déployés devant le tribunal, pendant qu’Ekrem Imamoglu a ostensiblement continué à travailler, ignorant la procédure judiciaire.

« Une poignée de personnes ne peut pas reprendre l’autorité donnée par le peuple. Notre lutte est appelée à devenir encore plus grande, avec l’aide de dieu », a-t-il déclaré dans une courte vidéo diffusée sur le site de la municipalité.

Alors que les opposants à Recep Tayyip Erdogan dénoncent une justice à la botte du président turc, le gouvernement turc affirme que la justice est indépendante.

« Le jugement ne sera définitif qu’une fois que les tribunaux d’appel auront décidé de confirmer ou non la décision. Dans ces circonstances, il serait erroné de dire qu’une interdiction politique est en place », a estimé Timucin Koprulu, professeur de droit pénal à l’université Atilim d’Ankara.

Partager cet article
Repost0
14 décembre 2022 3 14 /12 /décembre /2022 18:43

 

 

https://www.aa.com.tr/fr/monde/liran-procède-à-une-deuxième-exécution-capitale-sur-fond-de-troubles-et-de-manifestations/2761468

 

L'Iran procède à une deuxième exécution capitale, sur fond de troubles et de manifestations

Majid Reza Rahnavard a été condamné pour le meurtre de deux membres du personnel de sécurité

Depuis le début des manifestations à la suite de la mort de Mahsa Amini, une deuxième personne a été exécutée en Iran, Lundi 12 Décembre 2022. Majid Reza Rahnavard a été condamné pour le meurtre de deux membres du personnel de sécurité dans la ville de Mashhad, dans le nord-est du pays, au mois de novembre 2022.

Majid Reza Rahnavard a été pendu en public dans sa ville natale de Mashhad, Lundi 12 Décembre 2022, pour moharebeh, guerre contre dieu, a annoncé l'agence de presse Mizan, affiliée au pouvoir judiciaire.

Majid Reza Rahnavard a été accusé d'avoir poignardé à mort deux membres du personnel de sécurité, Hossein Zeinalzadeh et Danial Rezazadeh, dans la ville de Mashhad, le 17 novembre 2022. Il a également été accusé d'avoir blessé quatre membres des forces de sécurité avant de fuir les lieux, selon la même source.

L’incident est survenu après que des manifestants aient appelé les commerçants de la rue Har Ameli à baisser leurs volets en réponse à un appel de protestation de trois jours pour marquer le troisième anniversaire des troubles du mois de novembre 2019.

Des images de vidéosurveillance diffusées par la police après l'incident ont montré un homme armé d'un couteau poignardant l'un d'eux avant de frapper l'autre au milieu d'une violente bagarre.

L'accusé a été arrêté par les forces de l'ordre deux jours plus tard, alors qu'il tentait de fuir le pays, a indiqué l'agence de presse Mizan, citant des responsables.

Le 24 novembre 2022, Rahnavard a été condamné à la peine capitale pour guerre contre dieu, ce qui est couramment utilisé en Iran depuis la révolution de 1979.

Il s'agit de la deuxième exécution liée à des manifestations nationales en moins d'une semaine. Les manifestations ont été déclenchées par la mort de la jeune femme Mahsa Amini à la suite de sa garde à vue par la police des mœurs au mois de septembre 2022.

Jeudi 8 Décembre 2022, l'Iran a exécuté Mohsen Shikari pour avoir menacé des citoyens avec une arme blanche et blessé un agent de sécurité lors de manifestations dans le quartier de Sattar Khan, à l'ouest de Téhéran.

Mohsen Shikari a été condamné à la peine de mort le 20 novembre 2022 par un tribunal de la capitale iranienne pour troubles à l'ordre social et à la sécurité.

L'exécution a été largement condamnée par de nombreux pays occidentaux ainsi que par l'Organisation des Nations Unies (ONU).

« Les exécutions à la suite de procès inéquitables constituent une privation arbitraire de la vie », selon un communiqué d'experts de l'ONU, exhortant l'Iran à établir un moratoire sur les exécutions en vue d'abolir la peine de mort.

Au moins onze condamnations à mort ont été prononcées jusqu'à présent dans le cadre des troubles qui durent depuis des mois et qui, selon les autorités, font l'objet d'un appel devant le tribunal suprême avant d'être exécutées.

Partager cet article
Repost0
14 décembre 2022 3 14 /12 /décembre /2022 18:29

 

 

https://www.reuters.com/article/iran-femmes-idFRKBN2SW0R8

 

Deuxième exécution liée aux manifestations en Iran (Reuters)

L’Iran a procédé Lundi 12 Décembre 2022 à l’exécution en public d’un homme condamné pour avoir tué deux membres des forces de sécurité, rapporte Mizan, l’agence de l’autorité judiciaire iranienne.

Il s’agit de la deuxième exécution en moins d’une semaine liée aux manifestations qui secouent le pays depuis le mois de septembre 2022.

« Majid Reza Rahnavard a été pendu en public Lundi 12 Décembre 2022 à Machhad, ville sainte chiite dans le nord-est du pays », écrit l’agence Mizan, en précisant qu’il avait été condamné à mort pour avoir mortellement poignardé deux membres des forces de sécurité.

Selon l’agence semi-officielle Fars, Majid Reza Rahnavard a tué deux miliciens basidji et en a blessé quatre autres.

La milice Basidj, force paramilitaire constituée de volontaires et qui dépend du corps d’élite des Gardiens de la Révolution, est en première ligne dans la répression de la vague de contestation qui a émergé en Iran au mois de septembre 2022, dans le sillage de la mort de Mahsa Amini après son arrestation pour avoir porté un voile non réglementaire.

L’Iran a déjà exécuté un premier manifestant, Jeudi 8 Décembre 2022, Mohsen Shekari, qui avait été condamné pour avoir blessé un paramilitaire et pour avoir bloqué la circulation dans une artère de Téhéran, suscitant une série de condamnations internationales.

Selon Amnesty International, au moins vingt-et-un manifestants sont sous la menace d’une condamnation à mort dans le cadre de simulacres de procès destinés à intimider les participants au soulèvement populaire qui secoue l’Iran.

L’Organisation Non Gouvernementale (ONG) Human Rights Activists News Agency (HRANA), basée aux Etats-Unis, fait état de quatre cent quatre-vingt-huit morts, dont soixante-huit mineurs, parmi les manifestants depuis le début du mouvement. Elle a également recensé soixante-deux morts parmi les forces de sécurité et plus de dix-huit mille arrestations.

Les estimations de l’Organisation des Nations Unies (ONU) s’établissent à plus de trois cent morts et les autorités iraniennes évoquent un bilan de deux cent morts, en incluant les morts dans les rangs des forces de sécurité, depuis le début des manifestations, dont les autorités de Téhéran estiment qu’elles sont fomentées par les puissances étrangères.

Partager cet article
Repost0
14 décembre 2022 3 14 /12 /décembre /2022 18:10

 

 

https://aplutsoc.org/2022/12/12/la-pire-repression-antisyndicale-en-europe-depuis-franco/

 

L’anéantissement du syndicalisme indépendant par le régime d'Alexandre Loukachenko en Biélorussie

Espace international de la Confédération Générale du Travail (CGT)

Mercredi 7 Décembre 2022

Le 20 décembre 2022 s’ouvrira à Minsk le procès des leaders du congrès des syndicats indépendants de Biélorussie (BKDP), Aliaksandr Yarashuk, Siarhei Antusevich et Iryna But Husaim, arrêtés le 19 avril 2022. Ils risquent jusqu’à quatorze ans de prison et ils font partie des trente-sept leaders et militants syndicaux du BKDP, dont neuf femmes, qui sont actuellement en prison.

C’est ainsi que le régime d'Alexandre Loukachenko anéantit le mouvement syndical indépendant de Biélorussie, incarné depuis trente ans par le BKDP, qui a vu officiellement le jour en 1993 et dont la liquidation a été prononcée par la cour suprême du pays le 17 juillet 2022.

La naissance du BKDP est très étroitement liée à l’exercice effectif du droit de grève et à sa contestation par les autorités biélorusses. Une autre ligne de fracture essentielle avec le syndicalisme officiel passe par le refus d’accepter dans ses rangs la direction des entreprises.

Les militants du BKDP ont pris une part active à l’explosion sociale qui a suivi l’élection présidentielle truquée de 2020 et ils ont animé les comités de grèves qui ont surgi sur les lieux de travail et d’étude. Des peines de prison fermes ont été prononcées à leur encontre dès l’automne 2020. Au mois d'avril 2021, dans la continuité de ces comités de grève, émergea la coordination du Mouvement Ouvrier. Animée par les militants du BNP, un des syndicats affiliés au BKDP, cette organisation a été considérée comme une organisation extrémiste par le KGB biélorusse au mois de septembre 2021 et des dizaines de militants ont été arrêtés.

Le BKDP s’est élevé publiquement contre la guerre de Vladimir Poutine en Ukraine dès le 24 février 2022 en proclamant que « le fait que le gouvernement russe ait déclenché une guerre contre l'Ukraine ne peut être compris, justifié ou pardonné. Le fait que l'agresseur ait envahi l'Ukraine depuis le territoire de la Biélorussie avec le consentement des autorités biélorusses ne peut être ni justifié ni pardonné ».

Le 29 mars 2022, Aliaksandr Yarashuk, président du BKDP, adresse au pays un vibrant appel à stopper la guerre, « exigez sur vos lieux de travail, au nom des collectifs de travail, non à la guerre et non à la participation de la Biélorussie à celle-ci. Exigez l'interdiction d'envoyer des troupes biélorusses en Ukraine, exigez le retrait des troupes russes de notre pays. Faisons-le maintenant, parce que, demain, il sera trop tard et parce que demain pour les biélorusses ne viendra peut-être jamais ». Aliaksandr Yarashuk avait déjà tenu ces propos lors d’un webinaire organisé par la CGT le 25 mars 2022 avec des syndicalistes ukrainiens.

Le 19 avril 2022, le régime a répondu par la répression et la violence à ces appels pacifistes en arrêtant la quasi-totalité des leaders du BKDP. Les conditions de détention des syndicalistes sont inhumaines. Les détenus vivent dans des cellules surpeuplées avec la lumière et la télévision constamment allumées, ils sont réveillés trois ou quatre fois par nuit, ils sont forcés d’apprendre l’hymne national et ils ne peuvent lire que trente minutes par jour les livres puisés uniquement dans la bibliothèque de la prison. En parallèle, des centaines de travailleurs syndiqués ont été licenciés. Les familles des militants sont harcelées par les autorités. Les portraits de ces militants emprisonnés sont présentés ci-dessous. Leurs noms sont donnés dans deux transcriptions, du biélorusse et du russe vers l’alphabet latin, car les deux versions sont en circulation actuellement.

La CGT exige la libération de toutes et tous les syndicalistes biélorusses injustement emprisonnés, la réintégration des travailleurs licenciés pour cause d’activité syndicale et l’annulation des décisions judiciaires qui ont rendu possible la liquidation des syndicats indépendants.

Plusieurs dizaines de militants ont réussi à fuir vers l’Europe, essentiellement vers l’Allemagne, et ils ont fondé le BKDP en exil. Le syndicat est actuellement présidé par Maxime Pozdniakov, issu du BNP. Lors de la rencontre internationale de solidarité qui s’est tenue à Brême du 23 septembre au 25 septembre 2022 et à laquelle la CGT a participé, son nouveau dirigeant a rappelé que le BKDP est engagé dans une vision de la société et du rôle du syndicalisme qui lui fait rejeter à la fois les dictatures oligarcho-capitalistes comme celle d'Alexandre Loukachenko, mais aussi les illusions libérales de ceux qui pensent que la démocratie passe par une dérégulation des droits sociaux et syndicaux, « notre projet est celui d’une démocratie ouvrière et sociale qui garantisse les droits de ceux qui produisent et qui redistribue les richesses justement »

Pour la direction en exil du BKDP, le syndicat est par essence et par définition engagé dans une lutte au service des intérêts de la classe ouvrière. Cette caractéristique différencie automatiquement les objectifs et les méthodes que porte le syndicalisme par rapport aux partis politiques. De plus, en Biélorussie, le champ politique est occupé au pouvoir par une oligarchie réactionnaire capitaliste et étatique et, dans l’opposition, en majorité, par des représentants de courants libéraux qui ne comprennent pas bien le syndicalisme et qui ne soutiennent pas ses buts profonds. Le fait que l’opposition au régime ait plusieurs visages ne peut être effacé artificiellement. Mais il est clair que le régime dictatorial capitaliste et oligarchique d'Alexandre Loukachenko est le premier ennemi du mouvement syndical indépendant et de lutte en Biélorussie.

La situation politique, économique et sociale en Biélorussie rend nécessaire et urgente une réflexion sur la place du syndicalisme dans l’après-dictature. Pour peser sur la trajectoire que leur pays pourrait emprunter un jour, les syndicalistes du BKDP en exil fixent des lignes rouges pour apprécier les attitudes des forces politiques et pour faire pression sur l’agenda social de l’opposition. Ils les ont formulées de la manière suivante lors de cette rencontre de Brême.

Le travail et la nature ne sont pas des marchandises. Les moyens de production doivent appartenir à ceux qui produisent. Les ressources naturelles doivent être un bien commun contrôlé par un état honnête au service du peuple biélorusse et pas par des oligarchies d'état.

Il en va de même pour les entreprises actuellement qualifiées de champions nationaux qui sont en réalité tournées vers le voisin russe sous contrôle oligarchique;

Le secteur public doit être préservé des privatisations capitalistes comme des privatisations de facto au profit d’oligarchies capitalistes et étatiques. L'égalité de genre est une vraie lutte et ne doit pas être traitée de façon cosmétique. Les biens communs ne doivent en aucun cas être marchandisés. Les Investissements Directs Etrangers (IDE) doivent être conditionnés à des considérations sociales et environnementales fixées par les syndicats et ils ne doivent pas alimenter les réseaux de corruption étatique comme c’est le cas maintenant. Les exemptions de fiscalité actuellement en vigueur pour ces IDE doivent cesser. L'égalité de tous et de chacun devant la loi, citoyens, responsables politiques, fonctionnaires et entreprises, doit être garantie par l'état.

Partager cet article
Repost0
14 décembre 2022 3 14 /12 /décembre /2022 17:21

 

 

https://www.francetvinfo.fr/politique/info-france-info-condamnation-d-adrien-quatennens-gerald-darmanin-a-decide-de-porter-plainte-pour-diffamation-apres-les-propos-calomnieux-du-depute-du-nord_5542746.html

 

Condamnation d'Adrien Quatennens, Gérald Darmanin a décidé de porter plainte pour diffamation après les propos calomnieux du député du Nord

Dans un entretien accordé à la Voix du Nord, Adrien Quatennens déclare que, selon plusieurs sources concordantes, le ministre de l’intérieur aurait fait fuiter dans la presse que l’ancienne femme du député avait déposé une main courante pour des violences conjugales.

Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a décidé de porter plainte pour diffamation après les propos calomnieux d'Adrien Quatennens, indique Mercredi 14 Décembre 2022 le cabinet de la place Beauvau. Après avoir été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour avoir giflé son épouse, le député du Nord s'est exprimé dans les colonnes de la Voix du Nord. Il dénonce un lynchage médiatique. Il dit qu’il est victime d'un coup politique destiné à l’abattre et que ce coup politique est orchestré depuis le ministère de l’intérieur.  

Selon l'ancien numéro deux du Mouvement de la France Insoumise (MFI), les fuites dans la presse, et notamment de la main courante déposée par son épouse, sont évidemment politiques, « plusieurs sources concordantes me disent que cela a été directement orchestré depuis le ministère de l’intérieur, mais je ne suis pas en mesure de l'affirmer moi-même ».

Dans ce même entretien, Adrien Quatennens exclut de démissionner de son poste à l'Assemblée Nationale et il dénonce un lynchage médiatique incessant, « j’ai reconnu une faute et j'ai été sanctionné par la justice pour celle-ci. Cela suffit ».

Partager cet article
Repost0
13 décembre 2022 2 13 /12 /décembre /2022 18:29

 

 

https://www.cfdt.fr/portail/presse/communiques-de-presse/communique-intersyndical-solidarite-avec-les-manifestantes-et-manifestants-d-iran-srv1_1264329

 

Communiqué intersyndical de la Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT), de la Confédération Générale du Travail (CGT), de la Fédération Syndicale Unitaire (FSU), de l’Union Syndicale Solidaire (USS) et de l’Union Nationale des Syndicats Autonomes (UNSA)

Solidarité avec les manifestants d’Iran

Mercredi 7 Décembre 2022

Depuis la mort de Mahsa Amini, la colère gronde en Iran, les étudiants se mobilisent, les femmes manifestent à visage découvert et certaines brûlent le voile islamique que le pouvoir iranien leur impose de porter. Ce vent de révolte pour la liberté et contre le régime des mollahs gagne les travailleurs, les syndicats et la population toute entière, qui défient chaque jour les forces de l’ordre au péril de leur vie. C’est un véritable soulèvement populaire déclenché par la lutte des femmes pour leur liberté.

La répression contre les manifestants est sanglante. En Iran, vouloir constituer des syndicats, manifester, faire grève ou exprimer des opinions ou des convictions contre le pouvoir, sont considérés comme des crimes, que le régime iranien réprime par l’application généralisée de sévices et de la torture, de très lourdes peines, des exécutions arbitraires et des méthodes répressives inacceptables, dignes d’un temps qu’on croyait appartenir à l’histoire.

Cette répression, qui vise à créer une atmosphère de peur pour dissuader tous ceux qui voudraient lutter pour les revendications justes, n’entame pas la détermination du peuple iranien qui continue à manifester appelant à la chute du régime. « Ni mollahs, ni chah », entend-on parmi les slogans scandés.

Nous saluons le courage des iraniens et nous renouvelons notre solidarité envers les victimes de la répression en Iran.

Nous condamnons fermement la répression, les arrestations arbitraires et les sentences de peines de mort.

Nous soutenons le combat des femmes qui luttent pour leurs droits élémentaires à disposer de leurs corps et à pouvoir se vêtir comme elles le souhaitent et nous rappelons que l’existence même de la police des mœurs en Iran est contraire au respect des droits humains.

Nous exigeons la libération immédiate et sans condition de tous les manifestants détenus, dont les défenseurs des droits humains, les syndicalistes, les militants, les étudiants et les journalistes, et nous appelons le monde du travail et les peuples du monde à agir avec force et détermination pour la liberté du peuple iranien.

Nous sommes mobilisés aux côtés des iraniens pour que leurs aspirations légitimes de liberté et de démocratie deviennent une réalité.

Partager cet article
Repost0
13 décembre 2022 2 13 /12 /décembre /2022 18:14

 

 

https://aplutsoc.org/2022/12/12/la-pire-repression-antisyndicale-en-europe-depuis-franco/

 

La pire répression antisyndicale en Europe depuis Francisco Franco.

Free jailed unionists

Lundi 12 Décembre 2022

Pour s’être dressé contre l’état patron en 2020 et pour avoir assuré le peuple ukrainien de sa solidarité en 2022, le congrès des syndicats indépendants de Biélorussie (BKDP), est officiellement dissous et ses leaders et ceux de ses structures fédérées, sa fédération de la métallurgie, sa fédération des électrotechniciens, ses structures interprofessionnelles et sa coordination des usines et des lieux de travail, sont en prison et ils sont soumis à la torture de la privation de sommeil. Contre le syndicalisme vertical avec les tueurs d’Alexandre Loukatchenko, affilié à la Fédération Syndicale Mondiale (FSM), le pire dictateur en Europe depuis Francisco Franco, ils sont la fleur de la classe ouvrière.

Nous appelons à signer la pétition de Labour Start et à soutenir les initiatives qui seront prises pour les sortir des griffes d’Alexandre Loukatchenko, en particulier pendant le procès des principaux leaders qui doit s’ouvrir à Minsk le 20 décembre 2022, en relation avec le BKDP maintenu et sa direction basée à présent en Allemagne.

Nous publions à ce sujet une importante et très informée note du secteur international de la Confédération Générale du Travail (CGT) française, qui montre les photographies de ces camarades. 

Partager cet article
Repost0
13 décembre 2022 2 13 /12 /décembre /2022 17:59

 

 

https://www.mediapart.fr/journal/politique/111222/l-extreme-gauche-le-npa-s-est-autodetruit

 

À l'extrême gauche, le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) s'autodétruit

Par Mathieu Dejean

Lors de son cinquième congrès, le NPA a définitivement explosé. Les partisans d’Olivier Besancenot et de Philippe Poutou ont annoncé la rupture avec l’autre moitié de la formation trotskiste, hostile à tout accord avec le Mouvement de la France Insoumise (MFI).

Ambiance spectrale à la bourse du travail de Saint-Denis, dans la grande salle, Dimanche 11 Décembre 2022, beaucoup de sièges sont vides. Seule la moitié des deux cent délégués du cinquième congrès du NPA sont encore présents, l’autre moitié ayant quitté les lieux avec pertes et fracas, Samedi 10 Décembre 2022, autour de leur ancien candidat au premier tour des élections présidentielles, Philippe Poutou, en raison de désaccords profonds, tant sur l’orientation politique que sur le fonctionnement et la conception du parti, qui avaient rendu sa vie interne irrespirable depuis des mois.

« Nous allons continuer nos vies séparément », ont annoncé solennellement les délégués regroupés autour de la direction sortante, dans un texte interne que Mediapart a pu consulter, et qui a été défendu à la tribune, Samedi 10 Décembre 2022, « il y a, d’une part, ceux qui font vivre le NPA depuis des années, ses campagnes, notamment pour les élections présidentielles, ses instances démocratiques, son expression, la coordination de ses activités et sa librairie, et il y a, d’autre part, des fractions qui ont déjà leur propre vie et qui sont en désaccord avec le projet qui a présidé à la fondation du NPA, même si elles se revendiquent de son logo ».

Ce texte, signé par cent des cent deux délégués de la plateforme B, une des orientations proposées aux militants, a ouvert la voie à une séparation en bonne et due forme.

C’est l’épilogue d’une crise qui durait en réalité depuis des années, sur fond de divergences stratégiques sur l’attitude à avoir par rapport au MFI et de pratiques d’entrisme de fractions à l’intérieur du NPA. À l’issue du vote des mille cinq cent militants réunis dans les assemblées générales préparatoires du congrès, l’organisation paraissait plus fracturée que jamais. La plateforme B, « unitaire et révolutionnaire, un NPA utile face aux ravages du capitalisme », signée par l’actuelle direction dont fait partie Olivier Besancenot, a recueilli quarante-huit pour cent des suffrages exprimés, contre quarante-cinq pour cent pour la plateforme C, « actualité et urgence de la révolution », qui coalise quatre fractions internes, l’Etincelle, Anticapitalisme et Révolution, Socialisme ou Barbarie et Démocratie Révolutionnaire. Une plateforme plus modeste, réunie sous le mot d’ordre éloquent « ni scission, ni marasme », a obtenu six pour cent des voix.

Le différend entre elles est bien sûr d’ordre politique. La plateforme B, soutenue par le noyau historique de la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR), fondée en 1966 et dissoute à la naissance du NPA en 2009, annonçait sa volonté de se rapprocher du MFI en utilisant la phraséologie du front unique, fidèle à l’héritage trotskiste de ce courant.

« Le centre de gravité de la gauche française s’est déplacé du social-libéralisme de François Hollande à l’antilibéralisme de Jean Luc Mélenchon », écrivent ses signataires, « l'existence d’une opposition de gauche au pouvoir et d’une critique visible du capitalisme néolibéral peut redonner confiance, en particulier dans des secteurs qui ne sentaient pas représentés, et suscite des dynamiques militantes. Il s’agit donc d’assumer et de poursuivre notre orientation unitaire ». Dans cette optique, tout en se défendant de vouloir rejoindre le MFI ou de se dissoudre dans la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale (NUPES), ce courant affirme que des élus anticapitalistes seraient utiles aux luttes et aux mobilisations, ainsi qu’à la critique du fonctionnement et de la nature des institutions bourgeoises.

Cette démarche unitaire favorable aux alliances électorales avec la gauche antilibérale était vivement critiquée par divers courants identitaires en interne, dont celui de Gaël Quirante, Anticapitalisme et Révolution, qui a pris la tête de la fronde.

Aux dernières élections législatives, après le refus du NPA de rejoindre la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale, du fait de l’intégration du Parti Socialiste dans la NUPES, le NPA avait toutefois décidé de soutenir les candidatures de l’union de la gauche et des écologistes, sauf celles issues du Parti Socialiste, voire d’anciens macronistes, comme dans la deuxième circonscription de Lyon. De même, aux élections régionales de 2021, l’alliance avec le MFI s’était faite dans plusieurs régions, en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie, suscitant des remous à l’intérieur du NPA.

C’est contre ce rapprochement que les fractions du NPA réunies dans la plateforme C s'élèvent. Dans leur texte, elles analysent différemment la position dominante désormais occupée par le MFI à gauche, « cette percée électorale du MFI et le rééquilibrage au sein de la gauche institutionnelle au profit du MFI ne changent pas notre objectif fondamental qui est de construire des organisations indépendantes de la bourgeoisie, mais aussi de toutes les nuances de la gauche institutionnelle, dont le MFI ». Elles se défendent pour autant d’entrer dans une logique d’isolement, en reprenant à leur compte la formule léniniste « marcher séparément pour frapper ensemble », considérant que des jonctions sont possibles avec le MFI dans la rue.

La plupart de ces fractions privilégient cependant un rapprochement avec Lutte Ouvrière, l’Etincelle est d’ailleurs issue d’une scission de Lutte Ouvrière en 2008, de même que Démocratie Révolutionnaire, qui avait rejoint la LCR à la fin des années 1990. « S’il y a un front à faire, c’est avec toutes les forces d’extrême gauche, de Lutte Ouvrière au Courant Communiste Révolutionnaire (CCR) », dit Maurice Amzallay, retraité cheminot et militant de l’Etincelle. « Faire un pôle avec Lutte Ouvrière, ce serait un phare plus lumineux pour ceux qui veulent donner une perspective révolutionnaire à leur colère », dit son camarade Damien Scali.

Mais les divergences ne sont pas seulement des divergences politiques. Elles portent aussi sur le fonctionnement de l’organisation. C’était le point qui était à l’ordre du jour quand la séparation a été actée. Déjà au congrès du NPA en 2018, la direction s’inquiétait de la constitution d’un front des fractions à l’intérieur du NPA. Depuis, le groupe CCR, plus connu sous le nom de son média Révolution Permanente, a quitté le NPA et tenté de présenter la candidature d’Anasse Kazib au premier tour des élections présidentielles, en vain.

Mais la crise interne a continué, au point que la direction du NPA parle d’un véritable front d’organisations, « nous refusons que, comme c’est le cas maintenant, des fractions qui sont en réalité des organisations séparées transforment le NPA en un front d’organisations », écrit-elle, dénonçant notamment des recrutements propres, des trésoreries parallèles et un fonctionnement parallèle par rapport au NPA.

« C’est un prétexte », estime Damien Scali, ancien porte-parole de Philippe Poutou pendant la campagne pour les élections présidentielles de 2022, désormais dans la plateforme C, qui dénonce l’irresponsabilité de la direction pour casser un outil comme le NPA, « aucun délégué n’avait pour mandat explicite de faire scission. Les militants du NPA n’ont pas eu à se prononcer par rapport à la scission ».

Aux yeux de la direction, ces problèmes de fonctionnement ne sont cependant pas pour rien dans l’hémorragie militante du parti, passé de dix mille militants à sa fondation en 2009 à mille cinq cent militants en 2022. Le départ de la Gauche Anticapitaliste, qui avait rejoint le Front De Gauche (FDG) en 2012, témoignant déjà du champ magnétique exercé par le courant de Jean-Luc Mélenchon, n’était certes pas pour rien dans cet affaiblissement numérique. Il fut suivi d’autres départs vers le MFI, dont beaucoup militent dans Ensemble autour de Clémentine Autain. 

Le problème organisationnel n’a pas arrangé les choses. « Le front d’organisations ne permet pas d’échanger, nous nous sommes éloignés de ce que nous avons voulu faire en 2009, un parti unitaire et révolutionnaire », dit Philippe Poutou. « Le NPA a fait le choix de ne pas devenir un front de tendances ni une secte politique. Nous n’avons pas de rapport fétichiste au parti politique et nous voulons réaffirmer notre disponibilité unitaire », dit Olivier Besancenot, porte-parole du NPA. « Nous avons besoin d’un NPA fidèle à son histoire, radical sur le fond, mais accueillant », dit Christine Poupin, une militante historique de la LCR, qui espère renouer avec ce fil.

S’ouvre désormais une période incertaine, pendant laquelle les deux parties, qui affirment toutes les deux vouloir continuer le NPA, vont se disputer la légitimité d’utiliser le nom du parti, ses réseaux sociaux, sa trésorerie ou encore ses locaux. Une commission de contact, vouée à discuter des modalités de cette séparation, pourrait se réunir, Lundi 12 Décembre 2022. La bagarre ne fait donc que commencer. Dimanche 11 Décembre 2022, les militants de la plateforme C disaient regretter l’émiettement de l’extrême gauche. Avec cette séparation, et la fondation annoncée par Révolution Permanente d’une nouvelle organisation d’extrême gauche pendant le week-end du Samedi 17 Décembre et du Dimanche 18 Décembre 2022, la balkanisation d’un courant né il y a plus d’un demi-siècle se poursuit.

Partager cet article
Repost0