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Philippe Pétain grand soldat, pays réel et nation organique, le nauséabond glissement d'Emmanuel Macron vers une rhétorique d’extrême-droite
Mardi 19 Juillet 2022
Stratégie électorale dangereuse ou conviction nauséabonde profonde, Emmanuel Macron adopte la rhétorique d’extrême-droite. La polémique relative à Philippe Pétain de ce week-end, suite au tweet de Mathilde Panot, est l’occasion d’effectuer une série de rappels factuels, une série de déclarations d’Emmanuel Macron avec lesquels la macronie est visiblement mal à l’aise. Sept années d’appels du pied, de sourires complices et de clins d’œil appuyés, la république construite sur un malentendu, le grand absent de la politique est la figure du roi, Philippe Pétain est un grand soldat, rhétorique maurrassienne du pays réel contre le pays légal, Napoléon le premier des romantiques infiniment libres et la reprise du concept fasciste de la nation organique le jour de l’anniversaire de la prise de la Bastille.
Alors, stratégie électorale dangereuse ou conviction nauséabonde profonde d’Emmanuel Macron, la question reste ouverte. Le résultat est certain. Celui qui promettait bruyamment qu’il n’y aurait plus de raison de voter pour le Front National est devenu son meilleur marche pied. Nous retraçons pour vous sept ans d’appels du pied d’Emmanuel Macron à l’extrême-droite.
Au mois de juillet 2015, les tendances anti républicaines de celui qui allait s’autoproclamer Jupiter, le roi des dieux romains, qui allait plus tard rendre hommage à Napoléon et participer à la réhabilitation de Charles Maurras et Philippe Pétain, éclatent pour la première fois au grand jour.
Dans une interview, le ministre de l’économie de François Hollande fait tomber pour la première fois le masque, « il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort ». Cette première sortie lui vaut les hommages du très monarchique Lys Ardent. Emmanuel Macron est qualifié de jeune prodige et de sémillant ministre dans cette feuille de chou numérique dont la devise est « décorer le Lys Ardent pour rendre à la France sa couleur d’antan ». Plus réactionnaire que lui, tu meurs.
En 2017, c’est le lancement de la campagne du fils parricide du traître de la gauche François Hollande.
Après la reprise des mots des courants les plus réactionnaires de l’histoire de France, vient le moment de l’appropriation des symboles réactionnaires dès sa prise de pouvoir. Emmanuel Macron revient aux traditions les plus monarchiques des chasses présidentielles, qui ne sont en fait que la poursuite des chasses royales, « il ne faut pas être honteux, il faut les reconnaître comme un élément d’attractivité. C’est quelque chose qui fascine partout, cela représente la culture française, c’est un point d’ancrage ».
Ce n’est pas anecdotique et ce n’est pas juste un symbole. La politique se nourrit des symboles et les symboles bornent le dicible et le faisable du politique. Reprendre les symboles de la monarchie, c’est ouvrir la voie à des législations du bon vieux temps de l’Ancien Régime.
Du symbole à la législation, Emmanuel Macron ne se fait pas attendre. Dès le mois de septembre 2017, il lance ses troupes de députés au garde-à-vous dans le terrible projet de loi contre l’asile et l’immigration. L’objectif est d’empêcher les personnes qui fuient la mort de trouver asile dans la patrie des droits humains. Le Monde étrille un texte tout répressif. Le président ni de droite ni de gauche, une rhétorique abondamment utilisée par l’extrême droite fasciste depuis son origine, chasse bel et bien sur les terres les plus conservatrices de France.
Qui sera le plus dur avec les plus démunis de notre pays ? Le bal est lancé. Il aboutira quatre ans plus tard à un débat télévisé où le ministre de l’intérieur du parti se réclamant progressiste accusera Marine Le Pen d’être trop molle.
A partir de 2018, les gestes en direction des nostalgiques du régime de Vichy se multiplient depuis l’Elysée.
Pour le bicentenaire de l’armistice de la première guerre mondiale, le président se laisse aller à son admiration pour le maréchal Philippe Pétain. Polémique, outrage des défenseurs de la république, des associations antiracistes et des luttes contre l’antisémitisme, France Info décrypte cette opération de séduction des réactionnaires et des amoureux du chef de Vichy.
Tout commence avec une note sur l’agenda du ministère de l’Éducation Nationale, Dimanche 11 Novembre 2018, devant l’Hôtel National des Invalides, pendant la cérémonie organisée par l’état-major des armées et le gouverneur militaire de Paris, en présence du président de la république. Il s’agira de rendre hommage aux huit maréchaux qui ont dirigé les combats pendant la première guerre mondiale.
Le problème est que, pour arriver à huit, il faut aller bien au-delà des cinq maréchaux honorés au Panthéon. France info nous donne la liste, Joseph Joffre, Ferdinand Foch, Emile Fayolle, Louis Franchet d’Espèrey, Joseph Gallieni, Hubert Lyautey, Michel Joseph Maunoury et Philippe Pétain.
Cet hommage est justifié par le président lui-même qui assume haut et fort de rappeler aux français que le maréchal qui serrera la main d’Adolf Hitler était un bon soldat.
Qui retrouve-t-on en défense de son cher président ? Elisabeth Borne, alors ministre des transports, dit que « c’est une polémique incroyable. Il n’a jamais été question de rendre hommage au maréchal Philippe Pétain. Il y a un hommage à six maréchaux de la grande guerre, mais jamais au maréchal Philippe Pétain. Donc, il n’y a pas de rétropédalage ». Comment dire sans traiter de menteuse la future première ministre, c’est très exactement le terme dans ce cas de rétropédalage.
La note d’agenda sera supprimée face au tollé médiatique. Le bon mot du président envers le traître à la patrie Philippe Pétain reste comme une tache indélébile faîte à l’honneur de la république française, une tache bien loin de déplaire aux réactionnaires monarchistes, napoléoniens ou vichystes qui n’en n’ont jamais voulu de cette république.
Après cette tentative de réhabilitation d’un militaire antisémite et antidreyfusard bien avant la première guerre, dont le statut de bon soldat a aussi été vivement critiqué, puisque le vainqueur de Verdun s’est surtout illustré dans sa capacité à envoyer des milliers d’hommes à la boucherie sans jamais approcher un champ de bataille, toutes les digues ont sauté. Emmanuel Macron se lance à corps perdu dans la drague lourdingue des franges les plus réactionnaires de l’électorat.
En 2019, Emmanuel Macron susurre des confidences à Valeurs Actuelles. Il est impossible d’accéder au contenu sans donner de l’argent à Valeurs Actuelles. Les Inrocks nous livrent des extraits de cette conversation puante. A propos d’une manifestation contre l’islamophobie à Paris, Samedi 19 octobre 2019, Emmanuel Macron déclare que « la manifestation pour le voile, Place de la République à Paris, c’était du tiers-mondisme non-aligné aux relents marxistes ».
Cette nouvelle déclaration provoque une nouvelle levée de bouclier des défenseurs de l’égalité républicaine. Mais qui écoute encore dans la France d’Eric Zemmour et de Vincent Bolloré ?
Islamo gauchisme, séparatisme, Charles Maurras, Philippe Pétain et Vichy, le débat politique penche de plus en plus à droite sous la double poussée de CNEWS et de Radio-Télévision Emmanuel Macron.
Après la révolte des Gilets Jaunes qui impose au président de souder les puissances autoritaires autour de lui pour garder le pouvoir, Jupiter est en roue libre. La liste des nostalgiques de Vichy s’allongent au Panthéon macroniste.
Il fait un selfie avec Elie Hatem, admirateur de Charles Maurras, lors d’une remise de la Légion d’Honneur.
Légion d’Honneur toujours, cette fois-ci directement décernée à un partisan du renversement de la république. Sous Emmanuel Macron, Joseph Estoup retrouve les ors de la république, soixante ans après en avoir été banni suite au putsch manqué contre Charles de Gaulle du 21 avril 1961.
Il y a un autre symbole de la nostalgie monarchique d’Emmanuel Macron, c’est le rejet de la laïcité.
La rupture avec la laïcité républicaine est un des marqueurs des nostalgiques de la monarchie. Le président Emmanuel Macron est catholique et il aime le faire savoir. C’est pourtant formellement interdit par la constitution de la république française. Mais qui croit encore, arrivé ici de la lecture, qu’Emmanuel Macron y accorde une quelconque importance ?
Aux premières loges à l’église de la Madeleine pour la mort de Johnny Hallyday puis en visite à Lourdes, le chef d’un état laïque s’essuie tranquillement les pieds sur la séparation de l’église et de l’état. Après avoir injurié et stigmatisé les musulmans, Emmanuel Macron continue les appels du pied. Nouvelle polémique, encore une fois sur les terres de l’extrême-droite, le 9 avril 2018, Emmanuel Macron affirme vouloir réparer le lien entre l’église et l’état qui s’est abîmé. La laïcité et le progrès de l’égalité en droit de tous les citoyens attendront.
Nation organique et pays réel, quand Emmanuel Macron réhabilité Charles Maurras, le fondateur de l’Action Française
C’est d’abord la distinction entre le pays réel et le pays légal que le président emprunte à Charles Maurras, penseur antisémite inspirateur de Philippe Pétain. Cette doctrine radicalement antiparlementaire nourrit toutes les ligues d’extrême droite qui tentent d’abattre la république au mois de février 1934.
Tout récemment, lors de son discours du Jeudi 14 Juillet 2022, Emmanuel Macron réhabilite le terme de nation organique, rhétorique fondatrice des états fascistes en Italie et en Allemagne, une idée reprise ensuite fidèlement dans la doctrine de Vichy, « travail, famille et patrie » et la révolution nationale du maréchal fossoyeur de la république française entre 1940 et 1945.
Des Gilets Jaunes à la crise sanitaire, le chantre du modèle libéral a montré qu’il pouvait facilement se complaire dans une pente autoritaire.
En même temps, le président s’est toujours prétendu être le rempart contre l’extrême droite. Fidèle à son slogan, Emmanuel Macron a toujours souhaité s’afficher comme celui qui apporte de la nuance. De la nuance dans la mémoire des traitres à la patrie et des écrivains antirépublicains et antisémites, c’est tout un programme. Il serait erroné de dire que Emmanuel Macron leur rend fermement hommage. Non, il garde une posture critique, mais il nous explique que c’est plus compliqué que cela, qu’ils ont fait des choses terribles, mais qu’il faut regarder le tableau d’ensemble, bref, il se pose en adversaire respectueux des idées et de l’histoire des collaborateurs.
Le résultat est qu’Emmanuel Macron installe le débat sur les thèmes chers à ceux qui regrettent Philippe Pétain et le régime de Vichy.
Nous voyons bien que le projet d’extrême-droite ne fait pas fondamentalement peur à Emmanuel Macron. Sinon, il n’aurait pas fait du gringue à tout ce que la France compte de réactionnaire et de nostalgique de Vichy. Si Emmanuel Macron se montre en pourfendeur de l’extrême droite, c’est parce qu’il pense que c’est un adversaire moins redoutable que la gauche.
Emmanuel Macron craint plus la gauche que l’extrême droite, parce que la gauche est porteuse d’un véritable contre-projet politique, un projet émancipateur des personnes et un projet de mise en commun des biens nécessaires à l’intérêt général humain contre l’accaparement des richesses par une caste parasite. Ce projet est capable de fédérer le peuple, quand l’extrême droite n’est bonne qu’à le diviser en fonction de la couleur de peau ou de la religion.
L’extrême droite ne sait que mythifier le passé, elle n’invente rien, elle ne promet que le retour au passé. Sauf que ce n’était pas mieux avant, peut-être tout juste un peu moins pire dans certains cas. L’espérance de gauche est donc dangereuse pour tous les partisans de l’ordre établi si indécemment favorable aux ultra-riches. L’espoir d’un monde radicalement plus juste et plus fidèle à la devise de la révolution, « liberté, égalité et fraternité », peut permettre au peuple de surmonter sa peur de la répression et sa peur du changement pour renverser les puissants.
C’est pourquoi Emmanuel Macron a toujours favorisé un débat avec l’extrême droite et, pour cela, il faut parler avec ses mots et il faut concentrer le débat sur la sécurité et l’immigration. Il faut parler de tout sauf de la question sociale, du partage des richesses et de conquête de nouvelles libertés individuelles et collectives. Il faut débattre de Philippe Pétain et de Charles Maurras plutôt que de Karl Marx et de Pierre Bourdieu. Il faut garder une certaine distance avec Napoléon, mais il faut créer la polémique autour de sa mémoire pour que jamais le nom de Maximilien de Robespierre ne revienne dans le débat public. C’est raté, grâce à Antoine Léaument.
Dans tous les cas, c’est certain, cela ne fait pas peur à Emmanuel Macron de participer à la montée de l’extrême droite, voir à son arrivée au pouvoir. Il s’en fout. Ses proches et ses amitiés avec le grand capital seront tout autant choyés si les enfants de Philippe Pétain prennent le contrôle de l’état. Comme la grande bourgeoise libérale de l’entre-deux guerres, Emmanuel Macron préférera toujours Adolf Hitler au Front Populaire.