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20 mai 2020 3 20 /05 /mai /2020 13:36

 

 

https://cdkf.fr/declaration-du-hdp-sur-la-saisie-de-cinq-nouvelles-municipalites-kurdes/

 

Déclaration du parti démocratique des peuples (HDP) sur la saisie de cinq nouvelles municipalités kurdes

Dans une précédente déclaration du 24 mars 2020 sur la saisie de nos municipalités, nous avons souligné que le gouvernement turc poursuivait sa politique pernicieuse contre les kurdes, même dans le contexte de la crise mondiale liée à la pandémie. Le gouvernement turc profite de la pandémie pour réprimer davantage les institutions démocratiques kurdes, en particulier les municipalités. En plus de saper la démocratie locale et la volonté politique du peuple kurde, il détruit les infrastructures sociales et sanitaires déjà faibles mises en place par les municipalités, ce qui rend les villes concernées encore plus vulnérables à la pandémie.

Le 23 mars 2020, le gouvernement a illégalement saisi huit municipalités kurdes dirigées par le HDP. Moins de deux mois plus tard, Vendredi 15 Mai 2020, jour de la fête de la langue kurde, cinq autres municipalités kurdes ont été saisies. Il s’agit de Siirt, Igdir, Kurtalan, Baykan et Altinova, les deux premières étant des chefs-lieux de province et les autres des districts.

La police turque a encerclé les municipalités avec des barricades. Nos maires ont été arrêtés après des perquisitions brutales menées à leur domicile très tôt le matin et ils ont été remplacés par des administrateurs, qui ne sont autres pour nous que des agents coloniaux.

Ces dernières saisies portent à quarante cinq le nombre des municipalités du HDP auxquelles le gouvernement turc a assigné des administrateurs depuis les élections locales du 31 mars 2019 où le HDP a remporté soixante cinq municipalités.

En outre, six maires du HDP se sont vu refuser leur mandat au lendemain de ces élections, au prétexte qu’ils avaient antérieurement été licenciés par décret-loi pris dans le cadre de l’état d’urgence. Au total, ce sont donc cinquante et une mairies qui ont été saisies.

À ce jour, vingt et un maires kurdes élus au mois de mars 2019 sont derrière les barreaux et cinq sont en garde à vue. Par ailleurs, des dizaines d’anciens maires HDP élus en 2014 sont toujours emprisonnés.

Tout comme dans les cas précédents, ces nouvelles arrestations et nominations de tuteurs ne sont justifiées par aucune décision de justice. Il s’agit de mesures administratives prises par le ministère de l’intérieur. Les accusations portées contre nos maires sont typiques, soutien au terrorisme. Dénuées de tout fondement, elles servent juste de prétexte à la destruction des municipalités kurdes.

Comme nous avons déjà eu l’occasion de le souligner, nous luttons simultanément contre deux virus, le coronavirus et l’autoritarisme raciste dirigé contre les kurdes et contre leur volonté démocratique, autrement dit deux graves problèmes de santé publique.

Une fois de plus, nous appelons la communauté internationale, le secrétaire général du conseil de l’Europe, le congrès des pouvoirs locaux et régionaux et le comité des régions de l’Union Européenne en particulier, ainsi que nos partis frères et tous les tenants de la démocratie à élever la voix et à agir contre ces politiques racistes du gouvernement turc qui tente d’ériger le régime de tutelle en norme.

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20 mai 2020 3 20 /05 /mai /2020 13:12

 

 

https://npa2009.org/actualite/vie-interne/les-notres-emile-fabrol

 

Les nôtres, Émile Fabrol

Par Patrick Le Moal

Mardi 19 Mai 2020

Notre ami et camarade Émile Fabrol nous a quittés.

Il a combattu la maladie jusqu’à la fin, en tentant de cacher sa gravité et en trouvant à chacune de ses évolutions un motif pour nous rassurer. Même affaibli par la maladie et les traitements, il suivait avec passion et lucidité la situation politique et il continuait à agir et à être présent aux réunions autant que possible.

Émile Fabrol, c’était une présence, discrète mais forte de sa simplicité, une tête ronde de cheveux en bataille et d’une barbe exubérante, un sourire complice, un accent méridional, une écharpe rouge et dans les réunions une attention concentrée et curieuse soutenue par des dessins sans fin, tout le contraire d’un arriviste, un militant sincère et bienveillant et un militant indépendant avec une pensée libre et ouverte et avec une passion pour le débat démocratique.

Sa vie militante est jalonnée d’expériences diverses. Adhérent au Mouvement des Jeunes Communistes de France (MJCF) à Apt avant 1968, il en est exclu pour guévarisme. Il rejoint l’l'Alliance des Jeunes pour le Socialisme (AJS) pour en démissionner à cause du refus lambertiste des barricades étudiantes en 1968. Il intègre alors un groupe de trotskistes qui font un travail entriste dans le Parti Communiste Français (PCF). Il restera dans ce parti avec eux jusqu’en 1981, refusant la présence des ministres du PCF au gouvernement. Suit une période où il intègre divers petits groupes révolutionnaires, la Ligue Trotskyste de France (LTF), la Gauche Révolutionnaire et le groupe Prométhée, avant de travailler avec la Gauche Communiste, courant animé par Jean-Jacques Karman à Aubervilliers.

Il est dès le départ un de ces milliers de militants à rejoindre le projet du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), partisan de la fondation d’une organisation élargie défendant radicalement les intérêts des exploités et des opprimés et une alternative antiproductiviste. Il s’y engage à fond, tout en restant disponible au débat partout où se discute et où s’élabore en pointillés une pensée pour l’émancipation, fraternel dans les échanges tout en restant ferme dans ses convictions, même s’il savait être caustique contre le sectarisme. Il sera ainsi actif dans la revue Carré Rouge, Cerises la Coopérative, les activités du réseau pour l'émancipation et ces dernières années dans toutes les rencontres et dans toutes les tentatives de regroupement autogestionnaire et éco socialiste.

Alors que l'idée même d'un projet émancipateur global, mobilisant des millions d'exploités et d'opprimés apparaît toujours aussi lointaine, bien que la flamme de la résistance, des combats et des alternatives, existe, il pensait qu’il fallait discuter ensemble de ce que chacun d’entre nous doit remettre en cause, pour que puisse naître petit à petit un véritable projet émancipateur appuyé sur les mobilisations de ceux d'en bas, fusionnant le meilleur, dans lequel tous s’enrichiront d’approches différentes. Dans ces débats, attentif aux autres, il intervenait avec conviction, sans verbiage, fidèle à la cause de l’émancipation et en plus il avait de l’humour. Une bien belle personne qui nous manque.

Amitiés fraternelles à la compagne de sa vie, Yannick Fabrol, à son fils et à ses amis.

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19 mai 2020 2 19 /05 /mai /2020 16:15

 

 

https://gomet.net/didier-raoult-rapport-audition-senat/

 

A propos de l’audition de Didier Raoult devant les sénateurs

La publication des réponses du professeur Didier Raoult aux questions d’un groupe de sénateurs de la commission des affaires sociales a suscité sur notre site Gomet un intérêt remarquable, au point de saturer notre serveur, Vendredi 15 Mai 2020. Des dizaines milliers d’internautes ont demandé à télécharger le document.

Certains se sont étonnés de cette publication et ils ont émis des doutes sur sa véracité. Ce document nous est parvenu en effet par une voie non conventionnelle, celle d’un fidèle lecteur que nous tenons à remercier.

Nous avons alors nous-mêmes vérifié l’intérêt et la nature de ce rapport. La première vérification est intellectuelle. Est-ce que ce document est dans la logique des interventions du professeur marseillais ? Est-ce que le ton, les thèmes et les dires sont dans son historique d’intervention ?

Sans être des exégètes agréés de la pensée raoultienne, nous l’avons trouvé fiable. D’autant que, au même moment, le rapport date du Vendredi 8 Mai 2020 et Paris Match publie, Samedi 9 Mai 2020, une interview certainement réalisée dans la semaine et qui aborde les mêmes sujets de façon plus châtiée, avec un style plus élaboré digne de la patte des secrétaires de rédaction de Paris Match.

Mais pour autant, ce pourrait être un écrit apocryphe talentueux. Nous avons alors vérifié et authentifié l’origine réelle de ce rapport, l’existence d’une réunion en téléconférence avec des sénateurs et l’argumentaire documenté du professeur Didier Raoult.

Restait une question, les rapports des auditions publiques de la commission des affaires sociales sont mentionnés sur le site du sénat et les réunions sont à l’agenda de l‘honorable institution et la réunion avec Didier Raoult ne l'est pas.

Il s’agit en fait d’une réunion organisée à l’initiative d’un rapporteur de la commission des affaires sociales, une pratique courante, qui a sollicité le patron de l’Institut Hospitalier Universitaire (IHU) Méditerranée Infection.

L’audition a été demandée par le rapporteur Catherine Deroche, sénatrice des Républicains du Maine et Loire. Elle s’est déroulée Jeudi 7 Mai 2020 en fin de matinée. Deux sénateurs de la métropole ont participé à la réunion, Michel Amiel et Bruno Gilles. Le sénateur Bruno Gilles a confirmé à Gomet les propos très argumentés du professeur Didier Raoult, sa détermination et la précision de ses propos. L’élu précise qu’un compte rendu officiel sera bien diffusé et il évoque une surcharge de travail des services de la commission des affaires sociales pour expliquer le délai de publication.

Dans son rapport, le professeur précise son choix sur le lazaret plutôt que le confinement, la quarantaine par laquelle on confine tout le monde ne fonctionne pas, elle consiste à enfermer des personnes contagieuses avec des personnes non contagieuses, en faisant référence à l’expérience marseillaise des lazarets, ceux notamment d’Arenc, puis du Frioul.

Mais il hausse surtout le ton au plan politique. Après la visite d’Emmanuel Macron, l’exécutif observait une neutralité bienveillante avec Didier Raoult. Mais Lundi 4 Mai 2020, Édouard Philippe a évoqué au Palais du Luxembourg un certain savant qui assure sans réelle preuve qu’il ne peut y avoir de deuxième vague de coronavirus. Sans mentionner le virologue, Édouard Philippe a déclaré que « tel savant nous dit, affirmatif et catégorique, qu’il ne peut pas y avoir de deuxième vague et que le virus s’éteindra avec l’été, tel autre, tout aussi savant et respecté, nous dit l’inverse. L'histoire nous dira qui avait raison. Mais je crains que nous n’ayons pas le temps d’attendre que l'histoire se fasse juge ».

Le ministre de la santé, Olivier Véran a également marqué son agacement dans le Parisien du Samedi 2 Mai 2020, « je dirais que, en terme de prévision, je préfère me référer à des experts qui ne disent pas qu’il y aura moins de morts du coronavirus que par accidents de trottinette ou qui ne disent pas qu’il n’y aura pas de seconde vague après avoir dit qu’il n’y aurait pas de première. Ce n’est pas très responsable et je le lui dirai ».

Didier Raoult, placide, derrière son calme apparent, en tournicotant sa barbiche, a voulu dans cet échange sénatorial remettre les pendules à l’heure et, dans une colère froide, il met en cause les autorités politiques et les place face à leurs responsabilités. Il dénonce les délires, les émotions, la manipulation de l’opinion, les conflits d’intérêts et les mensonges d’un autre monde.

« Ceci, affirme-t-il, décrédibilise durablement les décisions de l'état dans une situation de crise, quand les praticiens sont massivement en désaccord avec les autorités, et cela représente un danger pour l’avenir. Ceci ressemble à l’histoire du sang contaminé », avertit Didier Raoult et il pointe ce qui pourrait devenir une non-assistance à personne en danger, voire un procès politique, « l'idée de proposer, officiellement, aux patients de ne pas chercher de soins avant de sentir des difficultés respiratoires, a été une décision extrêmement dangereuse ».

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19 mai 2020 2 19 /05 /mai /2020 15:50

 

 

https://www.politis.fr/articles/2020/05/bresil-bolsonaro-le-debut-de-la-fin-41815/

 

Jaïr Bolsonaro, le début de la fin

Par Patrick Piro

Vendredi Premier Mai 2020

Départ de ministres, gestion irresponsable de la crise du coronavirus et vigilance des militaires, le président d’extrême droite est de plus en plus isolé politiquement et la perspective d'un processus de destitution se profile désormais.

La démission du ministre de la Justice du Brésil, Sergio Moro, pourrait bien donner le signal de ralliement qu’attendait une part grandissante de la classe politique au Brésil. L'enclenchement d’une procédure de destitution de Jair Bolsonaro devient désormais crédible. Certes, un tel projet fermentait depuis longtemps à gauche, où se regroupent les plus fermes opposants au président d’extrême droite. Il restait cependant une hypothèse d’école tant il semblait peu réaliste d’y faire adhérer au moins deux tiers des députés fédéraux pour le rendre effectif. Le système politique brésilien, doté de nombreux partis plus ou moins opportunistes, a créé un important ventre mou de parlementaires suivistes de l’exécutif, le centrao, assurant à Jaïr Bolsonaro une réserve de voix suffisante pour contrer une manœuvre de destitution, en dépit de l’accumulation de ses turpitudes et de ses outrances. Cependant, le rapport de force parlementaire est en train d’évoluer rapidement sous l’effet conjoint de la crise du coronavirus, de dissensions internes au gouvernement et d’appétits politiques grandissants.

Le limogeage par Jaïr Bolsonaro de son ministre de la santé, le 16 avril 2020, concluait une crise ouverte au sein du gouvernement sur la conduite à tenir pour gérer la pandémie de coronavirus. Luiz Mandetta préconisait la distanciation sociale, une doctrine que le président piétinait allègrement, allant à la rencontre de ses groupes de fans, serrant des mains et défendant son droit de prendre des risques. Celui qui qualifiait la maladie de grippette, il y a peu encore, est largement à l’origine du terme corona sceptique, il est aussi un climato sceptique actif. Les militaires, qui occupent plus d’un tiers des postes ministériels, ont tenté en vain de s’opposer au renvoi de Luiz Mandetta, qui en était venu à prendre l’opinion à partie.

« Les brésiliens ne savent plus à qui se fier, au président ou au ministre de la santé », s’inquiétait Luiz Mandetta quatre jours avant d’être démis. Un sondage indiquait que la population lui faisait bien plus confiance, avec soixante seize pour cent de réponses positives, qu’au président, avec trente trois pour cent de réponses positives, dans la gestion de la crise. Le coronavirus aurait déjà tué cinq mille cinq cent personnes, mais ces chiffres officiels sont fortement mis en question. Selon les chercheurs du groupe Coronavirus Brasil, au mois d’avril 2020, le nombre de cas de contaminations pourrait être sous-estimé d’un facteur quinze.

La démission de Sergio Moro, le 24 avril 2020, porte un coup d’une tout autre portée au régime de Jaïr Bolsonaro. Le ministre, magistrat de profession, a piloté les investigations dans l’énorme affaire dite Lava Jato de corruption politico-financière impliquant au premier rang l’entreprise pétrolière nationale Pétrobrás. Son zèle, clairement partisan, lui confère une notoriété internationale quand il parvient en 2018 à faire condamner l’ancien président Luis Inacio da Silva, dit Lula, à près de neuf ans de prison, il a été temporairement libéré au mois de novembre 2019, à la suite d’une procédure expresse et entachée d’irrégularités flagrantes. Son image de pourfendeur de la corruption lui a cependant conféré une forte popularité et son entrée au gouvernement a été considérée comme le meilleur coup politique de la prise de pouvoir de Jaïr Bolsonaro au début de l’année 2019.

La semaine dernière, le président annonce son intention de remplacer le directeur de la police fédérale, un corps d’investigation judiciaire placé sous tutelle du ministère de la justice. Le problème est que Mauricio Valeixo, alors titulaire, est un intime de Sergio Moro, son ancien bras droit dans les enquêtes du Lava Jato. Le ministre se braque et pose sa démission. Des ministres militaires, encore, tentent une conciliation, mais rien n’y fait.

Et Sergio Moro se lâche. Le nouveau directeur annoncé, Alexandre Ramagem, est un ami personnel de la famille de Jaïr Bolsonaro, et l’ancien ministre accuse ouvertement le président d’avoir voulu mettre la police fédérale à sa botte, pour contrôler notamment les affaires judiciaires en cours contre ses fils Flávio Bolsonaro, détournement de fonds et corruption, et Carlos Bolsonaro, impliqué dans l’assassinat de Marielle Franco. Sergio Moro affirme détenir des enregistrements à l’appui de ses dires, cinquante six pour cent des brésiliens soutiennent Sergio Moro, vingt pour cent des brésiliens soutiennent les dénégations de Jaïr Bolsonaro et les accusations ont paru suffisamment graves au Supremo Tribunal Federal (STF) pour qu’il ouvre une enquête, avec suspension de la nomination d’Alexandre Ramagem à la tête de la police fédérale. L’impact est immédiat. Jaïr Bolsonaro a renoncé dans la foulée à son projet.

Ce n’est pas la seule enquête du STF impliquant le président. S’il n’y est pas nommément cité, une investigation cherche à déterminer qui a organisé, devant le quartier général des armées à Brasília le 19 avril 2020, un rassemblement réclamant le retour de dispositions en vigueur pendant la dictature militaire et auquel il a participé. Cet acte, qualifié par des commentateurs de pré coup d’état, fait écho au soutien apporté un mois plus tôt par le président à des manifestations appelant à suspendre le congrès et le STF, accusés d’entraver l’action du gouvernement. Une autre action a été engagée, cette fois-ci directement contre lui, pour crime de responsabilité en raison de sa désinvolture face à la pandémie, qui suscite un tollé chez de nombreuses personnalités politiques. La requête demande le transfert d’un certain nombre de prérogatives présidentielles entre les mains du vice-président, le général Hamilton Mourao.

Une sorte de prélude à la destitution, désormais appelée ouvertement par de multiples voix politiques outrées. Si Jaïr Bolsonaro s’obstine à envoyer la société brésilienne à l’abattoir, il faut l’envisager, estime Luis Inacio da Silva. À gauche, Fernando Haddad du Parti des Travailleurs du Brésil et Ciro Gomes du Parti Démocratique Travailliste (PDT), que Jaïr Bolsonaro a devancé aux élections présidentielles de 2018, sont à l’unisson. L’ancien président Fernando Henrique Cardoso demande brutalement à Jaïr Bolsonaro de démissionner avant d’être démis et d’épargner ainsi au pays, en plein coronavirus, un long processus de destitution. À droite, João Doria, du Parti de la Sociale Démocratie Brésilienne (PSDB), gouverneur de l’état de São Paulo, l’état le plus riche du pays, et ancien allié du président, déplore que le pays ait désormais deux virus à combattre. Au total, la chambre des députés a été saisie de près de trente demandes de destitution, portées par des partis de gauche, le Partido Socialismo O Liberdade (PSOL), le PDT et le Parti Socialiste Brésilien (PSB), le Réseau Durabilité et le Parti des Travailleurs du Brésil, dont le groupe parlementaire fédéral reste le plus fourni.

S’il a décidé d’endosser le slogan Fora Bolsonaro, très populaire dans la rue, le Parti des Travailleurs du Brésil hésite encore à mettre en branle la machine à destituer. C’est un choix tactique. Le parti des anciens présidents Luis Inacio da Silva et Dilma Rousseff, elle-même destituée en 2016 par une procédure très critiquée, ne veut pas apparaître agir par esprit de revanche, mais sur des bases juridiques solides, qu’il faut rendre consistantes. Surtout, il lui faut s’assurer d’appuis politiques en nombre suffisant. Est-ce le cas alors que l’opinion publique reste partagée ? Selon une enquête de l’institut Datafolha, quarante cinq pour cent des personnes sondées sont pour l’ouverture du processus de destitution et quarante huit pour cent sont contre l’ouverture du processus de destitution, parmi lesquelles se retrouve le noyau dur du soutien populaire à Jaïr Bolsonaro, entre trente et trente cinq pour cent, ainsi qu’une frange estimant que le pays est hors de condition de s’offrir une crise politique d’ampleur alors que le pic de contamination au coronavirus est encore à venir.

Et puis le Parti des Travailleurs du Brésil n’entend pas laisser à Sergio Moro le champ libre ni le bénéfice d’avoir pris ses responsabilités en focalisant le calendrier politique sur la destitution de Jaïr Bolsonaro, car l’ancien ministre de la justice ne cache pas ses ambitions pour les élections présidentielles de 2022.

« Ne le laissons pas nous la raconter à l’envers. Jaïr Bolsonaro est le fils de Sergio Moro, ce n’est pas le contraire, et les deux sont des malfaiteurs », dit Luis Inacio da Silva. L’activisme du juge, en provoquant l’incarcération de Luis Inacio da Silva au printemps 2018, l’avait écarté d’une élection présidentielle dont les sondages le donnaient alors largement vainqueur.

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19 mai 2020 2 19 /05 /mai /2020 15:00

 

 

https://www.reuters.com/article/us-health-coronavirus-usa-trends-graphic/where-u-s-coronavirus-cases-are-on-the-rise-idUSKBN22U28P

 

Le nombre de cas de coronavirus aux États-Unis dépasse un million cinq cent mille cas et les infections augmentent dans certains états du sud (Reuters)

Le nombre de cas de coronavirus aux États-Unis a dépassé un million cinq cent mille, Lundi 18 Mai 2020, alors que le nombre total de morts causés par le nouveau coronavirus approchait quatre vingt dix mille morts, selon les chiffres des états et des comtés.

La majorité des états américains ont signalé une baisse du nombre de nouveaux cas de maladie respiratoire pour la semaine qui s'est terminée Dimanche 17 Mai 2020, avec seulement treize états ayant vu une augmentation des infections par rapport à la semaine précédente, selon une analyse distincte de Reuters.

Le Tennessee a connu la plus forte augmentation hebdomadaire avec une augmentation hebdomadaire de trente trois pour cent. Les nouveaux cas en Louisiane ont augmenté de vingt cinq pour cent et le Texas a signalé vingt deux pour cent de cas supplémentaires par rapport à la première semaine du mois de mai 2020, selon l'analyse par Reuters des chiffres du Coronavirus Tracking Project, un effort mené par des bénévoles pour suivre l'épidémie.

Le Michigan a vu ses nouveaux cas augmenter de dix huit pour cent après cinq semaines de baisse. Le Michigan a été durement touché au début de l'épidémie, avec plus de quatre mille huit cent morts.

À l'échelle nationale, les nouveaux cas de coronavirus ont baissé de huit pour cent au cours de la semaine dernière, aidés par les déclins continus à New York et au New Jersey. Cependant, la quasi-totalité des cinquante états américains ont permis à certaines entreprises de rouvrir et aux résidents de se déplacer plus librement, ce qui fait craindre à certains responsables de la santé une deuxième vague d'épidémie.

Les Centers for Disease Control and Prevention (CDCP) ont recommandé aux états d'attendre que leur nombre quotidien de nouveaux cas de coronavirus diminue pendant quatorze jours avant d'assouplir les restrictions de distanciation sociale.

A la date du Dimanche 17 Mai 2020, treize états avaient satisfait à ces critères, contre quatorze états la semaine précédente, selon l'analyse de Reuters.

Le Kansas et le Missouri ont enregistré les baisses les plus importantes de nouveaux cas par rapport à la semaine précédente, après qu'une épidémie dans une usine de conditionnement de viande de Saint Joseph du Missouri ait entraîné plus de quatre cent cas au cours de la première semaine du mois de mai 2020. Saint Joseph du Missouri se trouve à la frontière entre le Kansas et le Missouri, juste au nord de Kansas City.

Washington District of Columbia a connu une baisse de trente deux pour cent après plusieurs semaines de croissance.

La Géorgie, l'un des premiers états à rouvrir, a vu ses nouveaux cas chuter de douze pour cent au cours de la semaine écoulée et il y a maintenant deux semaines consécutives de cas en baisse en Géorgie.

À l'échelle mondiale, les cas de coronavirus dépassent quatre millions cinq cent mille depuis le début de l'épidémie en Chine à la fin de l'année 2019. Par habitant, les États-Unis ont le troisième plus grand nombre de cas, avec environ quarante cinq cas pour dix mille personnes, selon une analyse de Reuters.

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19 mai 2020 2 19 /05 /mai /2020 14:31

 

 

https://www.trendsmap.com/twitter/tweet/1262496246205472768

 

Communiqué de Pour une Ecologie Populaire et Sociale (PEPS)

Emile Fabrol presente

Emile Fabrol est décédé Samedi 16 Mai 2020 d’un cancer contre lequel il s’était battu durant des mois. Membre du comité de Pantin du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), il avait représenté son organisation au congrès constitutif de PEPS, Samedi 16 Novembre 2019 et il avait tenu de rester toute la journée du Samedi 16 Novembre 2019 parmi nous malgré sa grande fatigue, s’excusant de ne pas pouvoir revenir, Dimanche 17 Novembre 2020.

Pour lui en tant qu’éco socialiste convaincu, la naissance de PEPS était une bonne nouvelle et il estimait que la commission écologie du NPA dont il était membre pourrait en devenir sa composante éco socialiste.

Emile Fabrol était un militant de longue date. Il avait été membre du Parti Communiste Français (PCF), y animant un courant, la gauche communiste du PCF, et une revue, Prométhée, avant de revenir à la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR) et au NPA.

Militant de terrain, syndicaliste, il avait intégré ces vingt dernières années la dimension écologique. Chaleureux et pas sectaire, il était de toutes les manifestations et de toutes les luttes populaires.

Camarade Emile Fabrol, presente

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18 mai 2020 1 18 /05 /mai /2020 16:32

 

 

https://www.facebook.com/ceriseslacooperative

 

Emile Fabrol, dernier combat

Par Sylvie Larue

Samedi 16 Mai 2020

Quand j'ai fait la connaissance d’Émile Fabrol, aux séances de travail de  l'équipe qui deviendra ensuite le réseau pour se fédérer pour l'émancipation, je me demandais qui était ce camarade en chemise blanche, écharpe rouge, taciturne, qui dessinait sur sa feuille et qui semblait parfois s'échapper de la conversation. C'était en fait sa façon de se concentrer et il n'en perdait pas une miette. Je crois que c'est Pierre Zarka qui l'avait convaincu de participer à l'aventure de Cerises la Coopérative. Aussitôt dit, aussitôt fait, au mois de novembre 2018, Émile Fabrol signait l’éditorial sur un thème qui lui était cher, la sécurité sociale. Il  participait à plusieurs séances du réseau et il nourrissait nos réflexions de ses interventions jamais trop longues, mais souvent percutantes.

Il prenait part au mouvement des Gilets Jaunes et il fustigeait les organisations qui critiquaient le mouvement. Émile Fabrol a navigué au Parti Communiste Français (PCF), puis au Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), mais chaque fois il a privilégié le mouvement d'émancipation au cadre étroit de l'organisation.

Je ne sais plus exactement à quel moment il nous a annoncé à quelques uns qu'il était malade, mais nous avons vite compris que le combat qu'il engageait allait être rude. Pierre Zarka et moi, nous prenions régulièrement de ses nouvelles. Au mois de décembre 2019, il avait bon espoir et il pensait avoir gagné le combat. Le 14 mars 2020, il nous annonçait que le traitement était inefficace et qu'il devait changer de protocole, mais que le moral était intact et qu'il continuait à se battre. Mon dernier message à la fin du mois d'avril 2020 pour prendre des nouvelles était resté sans réponse. J'ai hésité à appeler, j'aurais du, quand je lis le message de Jean Puyade qui l'a appelé Mercredi 13 Mai 2020.

Affaibli par la maladie, Émile Fabrol continuait quand même de participer aux  séances du réseau, avec Yannick Fabrol sa compagne qui se rendait disponible pour cela. Il produira avec elle une contribution pour alimenter le débat sur les retraites.

L'équipe de rédaction de Cerises la Coopérative est triste aujourd'hui de perdre un camarade chaleureux avec qui nous avions encore tant et tant de choses à faire ensemble.

Nous transmettons notre amitié à Yannick, à son fils et à ses amis.

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18 mai 2020 1 18 /05 /mai /2020 15:53

 

 

https://lundi.am/999-Biosecurite-et-politique

https://www.quodlibet.it/giorgio-agamben-biosicurezza

 

Biosécurité et politique

Par Giorgio Agamben

Lundi 11 Mai 2020

Dans le récit largement partagé sous l’empire du coronavirus, le civisme le plus pur a été associé au respect des mesures sanitaires, confinement, distanciation sociale et gestes barrières, rendant moralement suspect le questionnement sur le bien-fondé de tels choix qui, s’ils sont justifiés par le conseil des experts, relèvent de la décision politique. En France comme en Italie, sous le couvert de chasser les fake news, le gouvernement et ses relais médiatiques laissent peu de champ à la parole contraire, vite calomniée, si ce n’est effacée. Que la politique compose avec le pouvoir de la fiction n’est pas une révélation. La vigilance s’impose quand une action collective, fondée sur l’élaboration spectaculaire d’une vraisemblance, dirige en sens unique les chemins divers de nos vies. Considérant le déroulement de la crise épidémique, Giorgio Agamben énonce les enjeux d’un nouveau régime de gouvernement, qui confirmeraient l’analyse de Patrick Zylberman en 2013 sur l’usage stratégique de la sécurité sanitaire, faisant adopter des réponses globales, qui entament la souveraineté démocratique, en créant une sorte de terreur inédite.

La biosécurité trace une voie dangereuse vers le règne de la transparence, une société de contrôle où, la connexion virtuelle se substituant au lien sensible, l’existence s’éloignerait d’un destin proprement humain.

Ce qui frappe dans les réactions aux dispositifs d’exception qui ont été mis en place dans notre pays, et pas seulement dans celui-ci, est l’incapacité de les observer au-delà du contexte immédiat dans lequel ils semblent opérer. Rares sont ceux qui essaient, à l’inverse, comme pourtant une analyse politique sérieuse imposerait de le faire, de les interpréter comme les symptômes et les signes d’une expérimentation plus large, dans laquelle est en jeu un nouveau paradigme de gouvernement des hommes et des choses. Déjà dans un livre publié il y a sept ans, qu’il vaut la peine de relire aujourd’hui attentivement, « tempêtes microbiennes », aux éditions Gallimard, en 2013, Patrick Zylberman avait décrit le processus par lequel la sécurité sanitaire, jusqu’alors restée en marge des calculs politiques, allait devenir une partie essentielle des stratégies politiques étatiques et internationales. Est en question rien moins que la création d’une sorte de terreur sanitaire comme instrument pour gouverner suivant ce qui est défini comme le worst case scenario, le scénario du pire des cas. C’est selon cette logique du pire que, déjà en 2005, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) avait annoncé deux à cent cinquante millions de morts pour la grippe aviaire qui arrivait, suggérant une stratégie politique que les états n’étaient pas alors encore préparés à accueillir. Patrick Zylberman montre que le dispositif que l’on suggérait s’articulait en trois points, la construction, sur la base d’un risque possible, d’un scénario fictif dans lequel les données sont présentées d’une façon qui favorise les comportements permettant de gouverner en situation extrême, l’adoption de la logique du pire comme régime de rationalité politique et l’organisation intégrale du corps des citoyens de façon à renforcer le maximum d’adhésion aux institutions de gouvernement, en produisant une sorte de civisme superlatif dans lequel les obligations imposées sont présentées comme des preuves d’altruisme et le citoyen n’a plus droit à la santé, health safety, mais devient juridiquement obligé à la santé, biosecurity.

Ce que Patrick Zylberman décrivait en 2013 s’est aujourd’hui vérifié avec exactitude. Il est évident que, au-delà de la situation d’urgence liée à un certain virus, qui pourra dans le futur laisser la place à un autre, ce qui est en question est le dessein d’un paradigme de gouvernement dont l’efficacité dépasse de très loin celle de toutes les formes de gouvernement que l’histoire politique de l’occident avait jusqu’à présent connues. Si déjà, dans le déclin progressif des idéologies et des croyances politiques, les raisons de sécurité avaient permis de faire accepter aux citoyens des limitations des libertés qu’ils n’étaient pas disposés à accepter auparavant, la biosécurité s’est démontrée capable de présenter l’absolue cessation de toute activité politique et de tout rapport social comme la forme maximale de participation civique.

Nous avons ainsi pu assister au paradoxe des organisations de gauche, traditionnellement habituées à revendiquer des droits et à dénoncer des violations de la constitution, accepter sans réserve des limitations de la liberté décidées par des décrets ministériels privés de toute légalité et que même le fascisme n’avait jamais rêver de pouvoir imposer.

Il est évident, et les autorités de gouvernement elles-mêmes ne cessent de nous le rappeler, que ce qui est nommé distanciation sociale deviendra le modèle de la politique qui nous attend et que, comme les représentants de la task force, dont les membres se trouvent en conflit d’intérêts manifeste avec la fonction qu’ils devraient exercer, l’ont annoncé, l’on profitera de cette distanciation pour substituer partout les dispositifs technologiques digitaux aux rapports humains dans leur dimension physique, devenus comme tels suspects de contagion, contagion politique s’entend. Les cours universitaires, comme le Ministère de l’Instruction, de l’Université et de la Recherche (MIUR) l’a déjà recommandé, se feront à partir de l’an prochain régulièrement en ligne, l’on ne se reconnaîtra plus en se regardant le visage, qui pourra être recouvert d’un masque sanitaire, mais par des dispositifs digitaux qui reconnaîtront les données biologiques obligatoirement prélevées et tout rassemblement, qu’il soit organisé pour des raisons politiques ou simplement d’amitié, continuera d’être interdit.

Se trouve en question l’entière conception des destins de la société humaine dans une perspective qui, par bien des aspects, semble avoir pris des religions désormais à leur crépuscule l’idée apocalyptique d’une fin du monde. Après que la politique eut été remplacée par l’économie, maintenant même celle-ci, pour pouvoir gouverner, devra être intégrée dans le nouveau paradigme de biosécurité, auquel toutes les autres exigences devront être sacrifiées. Il est légitime de se demander si une telle société pourra encore se définir comme humaine ou si la perte des rapports sensibles, du visage, de l’amitié et de l’amour, peut être vraiment compensée par une sécurité sanitaire abstraite et qui peut être présumée entièrement fictive.

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18 mai 2020 1 18 /05 /mai /2020 14:32

 

 

Un débat qui s'ouvre sur un passé très présent

Par Pierre Salvaing

Lundi 18 Mai 2020

Par son témoignage, Jacques Kirsner lance un débat qui est bien davantage qu’un simple rappel d’anciens combats et d'anciens combattants, même s’il en prend nécessairement la forme. Ce témoignage, courageux à sa façon, est déjà utile pour notamment, comme il le dit lui-même, contrecarrer les fausses informations, les fausses biographies comme celle de Claude Chisserey parue sur Wikipedia. On m’y prête notamment des propos et des responsabilités que je n’ai jamais tenus ni eues.

J’en suis personnellement d’autant plus heureux que ce genre de témoignage participe de ce que j’espérais en réalisant mon travail en 2016, « ce que je sais de ce fut l'Organisation Communiste Internationaliste (OCI) ».

Car, derrière la question de ce fut et de ce que fit l’OCI et sa direction dans les années 1960 et 1970, se profile un autre débat encore plus important et surtout actuel. Qu’est-ce que peut être, que pourrait être et que devrait être, une organisation révolutionnaire ? Débat nécessaire aujourd’hui où ne demeurent que quelques buttes-témoins, parfois très abîmées, de ce qui fut alors construit dans l’objectif affirmé de mettre à profit la période que nous définissions comme ouverte en 1968, construire une avant-garde pour permettre à la classe ouvrière de prendre le pouvoir à l’échelle planétaire, chasser le capital et, pour cela, surmonter l’obstacle gigantesque dressé par le stalinisme et ceux qui lui étaient subordonnés.

Débat très nécessaire aujourd’hui, où le prolétariat est presque totalement privé de représentation politique, a fortiori d’avant-garde, et pas seulement en France, tandis que la catastrophe dont parlait déjà Vladimir Lénine n’a jamais paru aussi imminente.

Je suis d’accord avec Jacques Kirsner  pour insister sur l’importance majeure de 1968. Oui jusqu’au Vendredi 10 Mai 1968, la Fédération des Etudiants Révolutionnaires (FER), et non pas l’OCI, a joué un rôle déterminant  dans la mobilisation et les manifestations étudiantes.

Quant aux événements du Vendredi 10 Mai 1968, je me demande encore s’il fut simplement un tournant pour l’OCI, ou s’il ne fut pas surtout un révélateur de ses faiblesses internes, politiques et organisationnelles. L'organisation s’est fêlée sous le choc qu’elle-même contribuait à impulser.  Et, comme le rappelle Jacques Kirsner, il ne lui fut pas possible, c’est-à-dire pas permis, de se donner les moyens d’en discuter et donc de corriger.

Jacques Kirsner écrit  en effet que « Pierre Lambert nous a réunis, Claude Chisserey, Jacques Lombard et moi, Christian de Bresson, blessé dans les affrontements, était à l’hôpital, pour en substance nous expliquer que si nous ouvrons cette discussion, Stéphane Just, François de Massot et Xavier, seront dénoncés et l’organisation n’y survivra pas. Il faut sortir de cette crise par le haut. Nous en parlerons plus tard ».

A mon avis, il faut aller plus loin. A mon avis, ce qui peut avoir fait agir ainsi Pierre Lambert, c’était le risque de mise en cause de sa propre responsabilité dans ce qui s’est passé, Vendredi 10 Mai 1968, il était absent. Préférer un congrès syndical, comme il a été dit qu’il y participait à ce moment là, à être présent à la tête de son organisation lors de journées aussi cruciales, cela avait déjà tout l’air d’une orientation politique.

Mais ne s’agit pas d’abord de Pierre Lambert. Il s’agit de l’OCI tout entière. Une organisation qui n’a jamais été capable, dans son mode de fonctionnement, de faire en sorte que son principal dirigeant rende jamais de compte réel sur son activité, c’est déjà un signe de faiblesse politique profonde, à terme mortelle, dans la conception même de sa construction. Le contrôle de la direction est pourtant la première garantie d’un fonctionnement démocratique.

Pierre Lambert n’a jamais eu à rendre compte de son activité, ni en 1968, ni avant, ni par la suite. Il a mené en toute liberté les manœuvres qu’évoque rapidement Jacques Kirsner. Celles-ci, à mon sens, furent à la base des dérives profondes qui conduisirent l’OCI et le Parti Communiste Internationaliste (PCI) à sa perte. De même, il n’y a qu’à lui seul que les permanents politiques devaient rendre des comptes, et jamais aux congrès de l’organisation. Il y a là, je le redis, responsabilité collective et d’organisation, très éloignée d’être celle du seul Pierre Lambert.

Aucun être humain, aucun dirigeant d’organisation qui se veut révolutionnaire, si brillant, expérimenté et habile soit-il, ne peut résister seul à la pression de la société bourgeoise, ni en fin de compte à sa corruption politique. Et le corrompu, du sommet où il se trouve, devient corrupteur à son tour.

L’histoire de ce que nous appelons le trotskysme fut jalonnée de dirigeants solitaires et de caudillos, dont l’isolement sonna le glas de leurs organisations. Léon Trotsky n’avait jamais procédé ainsi. Bien entendu, c’est loin d’en être la seule cause.

La démocratie dont se réclamait à cor et à cri le PCI, en se sabordant en 1984 au profit d’un prétendu Mouvement Pour un Parti des Travailleurs (MPPT), ancêtre des actuels Parti Ouvrier Indépendant (POI) et Parti Ouvrier Indépendant Démocratique (POID), qui s’en réclament toujours, cette démocratie était clamée par une organisation au sein de laquelle la seule véritable démocratie, la démocratie ouvrière, était depuis longtemps astucieusement mais totalement bafouée, les victimes, ses militants, étant associés à l’application permanente de ce déni.

C’est pourquoi Jacques Kirsner  a raison d’insister, en opposition, sur le caractère très démocratique du fonctionnement du Comité de Liaison des Etudiants Révolutionnaires (CLER) et de Révoltes. Ce fonctionnement était en effet contradictoire  avec celui de l’OCI, qui n’était encore qu’une organisation aux effectifs inférieurs à ceux de son organisation de jeunesse.

C’est pourquoi mon opinion est que l’organisation de jeunesse a été volontairement affaiblie, puis quasiment détruite par la direction de l’OCI, c’est-à-dire essentiellement par Pierre Lambert. L'Alliance des Jeunes pour le Socialisme (AJS), après la FER et Révoltes, se développait rapidement et assez sainement. Je tempère ce jugement parce qu’en même temps se développait un système de violence qui ne s’exerçait pas seulement de manière défensive, nécessaire contre le stalinisme, mais qui se généralisait et qui agissait comme un véritable repoussoir pour  de nombreux jeunes en quête d’organisation où se battre.

La perspective de la construction de l’Internationale Révolutionnaire de la Jeunesse (IRJ), concrétisée au rassemblement d’Essen de 1971 puis, pendant quelque temps, dans l’activité internationale réelle de l’Union Nationale des Etudiants de France (UNEF), semblait pouvoir devenir un objectif tangible.

Mais cette perspective n’entrait certainement pas dans l’orientation non-formulée de la véritable direction de l’OCI, dont Alexandre Hébert faisait effectivement partie.

Les cadres et les dirigeants de cette organisation de jeunesse ont été à peu près tous retirés du travail jeune pour devenir permanents au début des années 1970.

C’était une façon de mettre en cage des oiseaux de haut vol et de leur retirer progressivement toute liberté d’élaboration politique. C’était aussi une façon d’affaiblir politiquement l’organisation de jeunesse, précisément au moment où la prise de l’UNEF nécessitait à l’inverse un investissement d’autant plus vigoureux.  Claude Chisserey et Charles Berg n’auraient pas dû alors être retirés du travail jeune, pas plus que les autres cadres étudiants permanentisés. Mais ils l’ont accepté et l’OCI et ses congrès l’ont accepté.

C’était  une façon de mettre fin au danger d’émancipation politique permanent qui jaillit constamment d’une véritable organisation de jeunesse révolutionnaire. L’organisation de jeunesse est donc devenue un simple appendice de l’OCI, doublée de ce que Jacques Kirsner appelle les bonnes à tout faire de l’UNEF.

La prise de l’UNEF fut à ce titre une sorte de victoire catastrophique, de celles qui écrasent le vainqueur. Le fait que l’OCI ait été la seule organisation à l’occuper, la défendre et tenter de la construire, fut pour les jeunes militants une tâche écrasante, et déformante.

Jacques Kirsner fait cependant une erreur de date. Si ma mémoire est bonne, Yves Bonin et Michel Lanson ont adhéré à la FER dans la section des Lettres de la Sorbonne en 1968. Ils constituaient avec un troisième jeune militant, dont je ne sais plus rien, Coster je crois, un robuste et sérieux trio.

Jacques Kirsner fait une autre erreur de date. L'appel à la participation, contre laquelle nous avions tant combattu et le combat grâce auquel nous avions conquis l’UNEF, ne date que de l’automne 1981, comme appui direct au gouvernement de François Mitterrand, pas avant.

Nous avons littéralement, politiquement donné l’UNEF au Parti Socialiste. Il devenait donc parfaitement cohérent et inévitable que le corps des militants étudiants, dirigé par Jean Christophe Cambadélis, suive quelques années plus tard.

Claude Chisserey en avait certainement eu la perception, comme l’évoque encore Jacques Kirsner. Un souvenir personnel, au printemps 1979, au moment même où Charles Berg se faisait exclure de l’OCI par une manœuvre surprise de Pierre Lambert lors d’un congrès, Pierre Lambert était, bien entendu, depuis longtemps très informé de ce qu’il reprocha si opportunément à Charles Berg à ce moment choisi par lui, Claude Chisserey me demanda, comme il avait dû le faire à d’autres, si je serais prêt à participer à une fraction avec lui s’il en venait à cette décision. Oui, lui répondis-je aussitôt. Je partais alors pour la province.

Un détour, ce qu’on appela l'affaire de Charles Berg fut en réalité une affaire de l'OCI. La preuve est que, en 1981, pour aller à marches forcées vers la proclamation du PCI, c’est la méthode de Charles Berg de recrutement qui fut officiellement adoptée par l’unanimité du comité central.

L’affaire de Charles Berg m’avait, comme bien d’autres militants, profondément déstabilisé. J’ai écrit à Claude Chisserey quelques mois plus tard pour lui demander où en était son projet. Je ne recevais pas de réponse. Nous connaissons la suite, pour ce que nous en savons.

Les souvenirs de Jacques  Kirsner mentionnent mais ils ne précisent pas le contenu des manœuvres du dirigeant incontrôlé de l’OCI qu’était Pierre Lambert. Ces manœuvres n’étaient pas uniquement syndicales, elles étaient aussi politiques. Elles conduisirent entre autres à la transformation de l’OCI en machine à faire voter pour François Mitterrand au premier tour des élections présidentielles de 1981, puis en flanc-gauche des gouvernements de François Mitterrand. Elles menèrent au MPPT, à quoi participèrent activement des dirigeants de la Confédération Générale du Travail (CGT) Force Ouvrière, c’est-à-dire à la destruction du PCI trois ans à peine après sa proclamation, avec des chiffres d’adhésion falsifiés. Sur le plan syndical, elles conduisirent à une catastrophe, le passage brutal de centaines de militants et de cadres enseignants de la Fédération de l'Education Nationale (FEN) à la CGT Force Ouvrière laissa dans la FEN les mains libres aux courants politiques qui souhaitaient depuis longtemps sa destruction, le Parti Communiste Français et le Parti Socialiste. La FEN organisait des centaines de milliers d’enseignants. Après elle, la réforme de Lionel Jospin, première brèche d’importance dans la forteresse de l’école publique, en fut le premier résultat.

Et puis ces manœuvres constituaient aussi l’essentiel de l’activité professionnelle du dirigeant de l’OCI. L'interpénétration véritable des pouvoirs à la sécurité sociale comprenait Pierre Lambert au cœur du dispositif par le biais de ses responsabilités syndicales. Rien d’important n’a encore été dit sur ce pan obscur mais important de notre histoire, dont une des conséquences fut tout de même la condamnation et l’incarcération de deux importants militants, Jean Garabuau et Yvon Lheur. Elles furent aussi pour beaucoup dans la sombre histoire de la Mutuelle Nationale des Etudiants de France (MNEF).

Enfin, les souvenirs de Jacques Kirsner n’abordent pas un autre épisode qui ébranla également profondément Claude Chisserey, ainsi que Charles Berg, comme il le relate dans un entretien avec Karim Landais, l’affaire de Michel Varga.

Cette affaire, véritable provocation calomnieuse contre un militant hongrois membre du bureau politique, dont les divergences politiques s’affirmaient, eut des conséquences dramatiques pour un certain nombre de camarades. Durant des années, ceux qui avaient suivi Michel Varga furent très violemment frappés, pourchassés jusque dans leur travail, voire même dénoncés comme ce fut le cas au moins dans certains pays de l'est, comme la Hongrie et la Yougoslavie.

Pierre Broué se rendit en personne en Yougoslavie pour y dénoncer les camarades qu'il avait d'ailleurs pour l'essentiel, voire la totalité, lui-même gagnés au trotskysme. Car Jacques Kirsner oublie dans son texte, où il mentionne Jean Jacques Marie pour son travail remarquable vers les pays de l'est, Pierre Broué qui fut un constructeur exceptionnel dans ce travail difficile.

L'affaire de Michel Varga eut des conséquences aussi, plus secrètes, sur l’OCI. Elle prépara d’autres affaires dont celle contre Charles Berg en 1979 et l’exclusion de Stéphane Just en 1984, notamment. Et elle affaiblit considérablement tout ce qui avait été patiemment et si difficilement construit dans les pays sous l’emprise du stalinisme. Le silence qui est retombé sur cette affaire durant des décennies ne fait qu’en souligner, en creux, l’importance. Les placards de l’OCI et du PCI sont vastes, mais les cadavres les mieux cachés finissent bien par en sortir.

Car jamais l’OCI ni le PCI ni leurs successeurs et leurs succédanés n’ont émis la moindre critique sur cette persécution digne du stalinisme, ni réhabilité Michel Varga dans sa dignité de militant ouvrier, seule manière en somme de se réhabiliter soi-même. Sur cette question aussi, très peu de choses a encore été écrit. J’avais commencé à le faire dans mon travail publié en 2016.

J’espère, moi aussi, que d’autres témoignages et  points de vue viendront enrichir cette discussion très actuelle. Bien entendu, ce qu’écrit Jacques Kirsner ne manquera pas de susciter moult cris de haine, comme nous pouvons déjà les lire sur les commentaires dans Mediapart. Mais il faut trier dans cela tout ce qui peut faire avancer.

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18 mai 2020 1 18 /05 /mai /2020 12:55

 

 

https://aplutsoc.org/2020/05/17/adieu-camarade-emile-fabrol/

 

Adieu camarade Émile Fabrol

Nous apprenons avec grande tristesse la mort, Samedi 16 Mai 2020, du camarade Émile Fabrol, dont les interventions toujours propres à soulever bien des questions avaient alimenté pour nous bien des débats.

Jean Puyade nous fait savoir qu’il avait parlé avec lui peu avant, lui disant que des personnels hospitaliers avaient chanté « on est là ». Sans aucun doute le type d’information qui importait à Émile Fabrol, toujours préoccupé avant tout par ce que nous appelons les uns et les autres le mouvement réel.

Les uns et les autres, la tradition politique d’Émile Fabrol, dont nous nous étions dit plusieurs fois que, un jour, il faudrait en partager le récit en prenant le temps, s’alimente des entristes dans le Parti Communiste Français (PCF), la tendance de Michèle Mestre et de Mathias Corvin du trotskysme français, plus décidée encore que celle de Michel Raptis dit Pablo à soutenir le monde stalinien contre le monde capitaliste. C'était en 1954. Une longue histoire, dont nous devons avouer que nous la connaissons mal pour n’avoir pas passé la soirée qu’il aurait fallu passer avec Émile Fabrol, va de sa rencontre en 1968 avec ce courant en même temps que son entrée au PCF jusqu’aux activités politiques plus récentes d’Émile Fabrol quand nous l’avons connu, travail en commun avec le courant de la Gauche Communiste du PCF, un site Internet, Prométhée, et une forte préoccupation, répétons-le, envers le mouvement réel du prolétariat.

Émile Fabrol savait relativiser les traditions politiques et mettre un certain humour par-dessus les références. Sur la question ukrainienne ou sur la question syrienne, il n’avait rien d’un campiste, ressentant la réalité des luttes humaines. Nous l’avions croisé à un rassemblement contre Vladimir Poutine à la fin de l'année 2016 où il nous avait raconté des réunions avec Jean Luc Mélenchon qui, selon lui, annonçaient une dérive politique barrant la route à l’espoir en prétendant le diriger.

Émile Fabrol animait le comité de Pantin du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) et avait pris des responsabilité nationales au NPA, tout en participant au réseau pour se fédérer pour l'émancipation et il avait une large influence humaine et intellectuelle. Nous l’avions encore croisé à une réunion d’Arguments Pour la Lutte Sociale (APLS), en 2018, où il avait exprimé son inquiétude sur l’état des forces politiques susceptibles d’aider notre cher vieux mouvement réel.

APLS adresse ses amitiés aux siens et nous nous associerons à l’hommage souhaitable par-delà les conditions draconiennes des obsèques dans la France du néo-confinement macronien.

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