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9 avril 2024 2 09 /04 /avril /2024 12:44

 

 

https://www.politis.fr/articles/2024/04/nos-camarades-etudiant-es-convoque-es-par-les-services-antiterroristes-pour-leur-soutien-a-la-palestine/

 

Nos camarades étudiants convoqués par les services antiterroristes pour leur soutien à la Palestine

Des syndicats, des partis politiques et des personnalités dénoncent la répression dont sont victimes des étudiants du Syndicat Unitaire et Démocratique (SUD) de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) convoqués par les services de lutte contre le terrorisme pour leur soutien au peuple palestinien.

La situation s’aggrave chaque jour en Palestine, où plus de trente-cinq mille palestiniens ont déjà été assassinés et soixante-sept mille autres palestiniens ont été blessés par Israël. Après quatre mois de massacres intensifs à Gaza et de nombreuses attaques dans les territoires occupés et les camps de réfugiés, la Cour Internationale de Justice (CIJ) a statué au mois de janvier 2024 sur le risque de génocide encouru par les palestiniens.

Le droit international n’a eu de cesse de sanctionner, depuis plus de soixante-quinze ans, les agissements d’Israël. Il reconnaît Israël comme puissance occupante, il sanctionne l’apartheid, comme de nombreux autres crimes de guerre dont Israël s’est rendu coupable, et il réaffirme le droit des peuples à lutter pour leur émancipation et contre la colonisation.

Au regard des récentes décisions de la CIJ et des résolutions de l’Organisation des Nations Unies (ONU), le gouvernement français s’illustre ainsi par son mépris du droit international. Le mouvement de solidarité qui s’est exprimé depuis la France a connu une répression particulièrement brutale, interdictions de manifester, plaintes pour apologie du terrorisme, amendes et gardes à vue pour des personnes dont le seul fait reproché était de porter un drapeau palestinien.

Maintenant, ce sont plusieurs de nos camarades du SUD de l’EHESS qui font les frais de cette criminalisation du mouvement de solidarité avec la Palestine. Convoqués par les services de lutte contre le terrorisme, ils sont accusés d’apologie du terrorisme pour avoir publiquement soutenu le peuple palestinien dans sa lutte de libération nationale. Cela les expose à des peines de prison et à une inscription au fichier des auteurs de crimes terroristes, pour des positions politiques en totale conformité avec le droit international.

Si c’est ici le soutien à la Palestine qui est visé, c’est plus largement la possibilité de l’expression de toute parole politique qui est attaquée. L’accélération que marquent ces convocations s’inscrit dans un contexte répressif global du mouvement social, qui est toujours plus criminalisé, illégitimé et étouffé. Cette accélération vise à faire taire toute forme de contestation.

Nous apportons notre soutien aux camarades du SUD de l’EHESS mis en cause, en défense de nos libertés syndicales et politiques et du droit d’exprimer des positions anticoloniales en France.

Premiers signataires

Manuel Bompard, Michèle Sibony, Pierre Stambul, Mireille Fanon Mendes France, Gilbert Achcar, François Burgat, Frédéric Lordon, Olivier Le Cour Grandmaison, Françoise Vergès, Dominique Vidal, Claude Calame, Catherine Samary, Olivier Besancenot, Eyal Sivan, Ludivine Bantigny, Antoine Boulangé, Youssef Boussoumah, Razmig Keucheyan, Thierry Labica, Ugo Palheta, Thomas Vescovi

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8 avril 2024 1 08 /04 /avril /2024 19:06

 

 

https://nouveaupartianticapitaliste.fr/plainte-contre-israel-de-lavocat-franco-palestinien-salah-hamouri/

 

Plainte contre Israël de l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri

Samedi 6 Avril 2024

L’avocat franco-palestinien Salah Hamouri, âgé de trente-huit ans, a porté plainte à Paris pour détention arbitraire et torture afin de dénoncer les conditions de son incarcération en Israël en 2022. Dans cette plainte avec constitution de partie civile, ses avocats affirment qu’il a été victime d’un harcèlement intense de la part des autorités israéliennes, d’un déni de ses droits fondamentaux, de détentions arbitraires répétées et d’actes de torture au cours de ces privations de liberté. Ils évoquent dans le document différentes arrestations et détentions entre 2001 et 2018 et ils dénoncent sa détention administrative sans charge officielle entre le mois de mars 2022 et le mois de décembre 2022, avant son expulsion vers la France. Au mois de juillet 2022, après son transfert vers un nouveau centre de détention, il avait dû endurer des privations de nourriture et de sommeil, un isolement punitif consécutif à une grève de la faim, la restriction prolongée et l’interdiction de contacts avec sa famille.

Le ministère français des affaires étrangères avait estimé que son expulsion était contraire au droit. Le Haut-Commissariat aux Droits Humains (HCDH) de l’Organisation des Nations Unies (ONU) avait écrit que son expulsion était un crime de guerre. Nous ne savons pas si cette action en justice aboutira, mais elle aura au moins le mérite de rappeler que ce qui est arrivé à Salah Hamouri n’est pas un cas isolé, mais que c’est la norme de milliers de prisonniers palestiniens qui croupissent dans les prisons israéliennes.

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8 avril 2024 1 08 /04 /avril /2024 18:52

 

 

https://ujfp.org/face-au-genocide-en-cours-bilan-du-meeting-juif-international-a-paris/

 

Contre le génocide en cours, bilan du meeting juif international à Paris

Samedi 30 Mars 2024, à l’occasion de la journée de la terre palestinienne, s’est tenu à Paris, au siège du Parti Ouvrier Indépendant (POI), un meeting international organisé à l’initiative de Tsedek et de l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP) en coordination avec de nombreux groupes et collectifs juifs internationaux antisionistes ou non-sionistes.

La parole a été donnée à des collectifs palestiniens, à des groupes antiracistes, à des partis politiques français de la gauche de rupture et à des chercheurs engagés pour la justice en Palestine et contre la répression.

Suscité par un sentiment d’urgence, contre l’horreur de la guerre génocidaire à Gaza, contre l’inaction de la communauté internationale, contre l’impunité dont jouit l’état d’Israël et contre la répression particulièrement renforcée en France et dans d’autres pays occidentaux, ce meeting marque une étape importante dans le regroupement d’un mouvement anti-impérialiste, anticolonialiste et anti-autoritaire en France.

Lutter contre le génocide qui se déroule sous nos yeux à Gaza depuis près de six mois, et le nommer, c’est prendre nos responsabilités et c’est refuser d’être les cautions de la guerre coloniale menée par l’état israélien contre le peuple palestinien depuis plus de soixante-quinze ans. La violence et le racisme du colonialisme israélien relèvent d’une vision du monde qui prolonge celle que portent le colonialisme et l’antisémitisme historique.

Lutter conséquemment contre le colonialisme d’une part et l’antisémitisme d’autre part n’est possible qu’en inscrivant ces deux luttes dans une même démarche politique de rupture avec les structures d’oppression et dans le cadre plus global de la lutte contre le racisme sous toutes ses formes. C’est sur les chemins de la lutte et de la résistance que se créent les conditions de la transformation sociale et de la réinvention du monde et de nos diasporas.

Nous traversons une époque particulièrement dangereuse pour les minorités juives, prises en étau entre, d’une part, l’antisémitisme historique occidental et la fascisation des sociétés occidentales et, d’autre part, le ressentiment anti-juif provoqué par le colonialisme israélien et le sionisme réellement existant. La place qui nous est accordée dans ce monde est intenable et le sentiment d’isolement et de mal-être qui touche de larges parties des communautés juives est étouffant.

Ce meeting constitue également un moment fondateur dans la construction d’une alliance juive internationale de rupture avec le sionisme et le soutien à l’état israélien.

Cette tâche politique nécessaire et urgente est encore largement devant nous, mais nous sommes fiers d’avoir pu, avec nos partenaires, construire une étape importante de ce processus. La constitution d’une expression politique juive anticolonialiste forte et légitime est un appui essentiel dans le combat contre la colonisation de la Palestine et pour la libération nationale du peuple palestinien.

De même, elle jette les bases d’une coexistence pacifique entre les juifs et les arabes et entre les israéliens et les palestiniens, en Palestine. C’est, enfin, un enjeu central dans la lutte contre l’antisémitisme et dans la protection de la pluralité et de la richesse de la tradition juive et des judéités diasporiques.

Nous remercions encore une fois l’ensemble de nos partenaires, des intervenants et des participants d’avoir rendu possible ce meeting international. Nos efforts doivent se prolonger dans toutes nos luttes communes et ils doivent converger dans la solidarité active avec le peuple palestinien pour arrêter le génocide en cours.

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8 avril 2024 1 08 /04 /avril /2024 18:39

 

 

https://news.un.org/fr/story/2024/04/1144646

 

Après six mois de combats brutaux entre les forces israéliennes et les militants palestiniens et avec le plus grand hôpital de Gaza en grande partie détruit et hors service, l'accès aux soins de santé à Gaza est désormais totalement inadéquat, a déclaré l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) à l’issue d’une mission conjointe d’évaluation à l'hôpital al-Shifa, dans le nord de la bande de Gaza.

La mission multi-agence, menée par l'OMS le Vendredi 5 Avril 2024, a examiné l'étendue des destructions suite à une offensive israélienne de plusieurs semaines visant à éradiquer les forces militantes qui opéraient prétendument à l'intérieur de l'établissement.

La mission très complexe a été menée en collaboration avec le directeur intérimaire de l'hôpital.

Avant cette mission, les efforts de l'OMS pour atteindre l'hôpital afin d'évacuer les patients et le personnel et d'effectuer une évaluation avaient été refusés, retardés ou entravés à six reprises entre le Lundi 25 Mars 2024 et le Lundi Premier Avril 2024.

L’OMS écrit que « comme la plus grande partie du nord de Gaza, l'hôpital al-Shifa n'est plus qu'une coquille vide après le dernier siège et il ne reste plus aucun patient dans l'établissement. La majorité des bâtiments sont gravement endommagés ou détruits et la majorité des équipements sont inutilisables ou réduits en cendres. L’ampleur de la dévastation a rendu l'établissement totalement inutilisable, ce qui réduit encore l'accès aux soins de santé vitaux à Gaza. Le rétablissement d'une fonctionnalité même minimale à court terme semble peu plausible et il nécessitera des efforts considérables pour évaluer et débarrasser le terrain des munitions non explosées afin de garantir la sécurité et l'accessibilité ».

Les bâtiments du service des urgences, de la chirurgie et de la maternité de l'hôpital ont été gravement endommagés par les explosifs et les incendies. Au moins cent quinze lits dans ce qui était autrefois le service des urgences ont été brûlés et quatorze couveuses dans l'unité de soins intensifs néonatals ont été détruites, parmi d'autres biens. Une évaluation approfondie par une équipe d'ingénieurs est nécessaire pour déterminer si ces bâtiments peuvent être rendus sûrs pour une utilisation future.

L'usine d'oxygène de l'hôpital a été détruite, laissant l'hôpital Kamal Adwan comme seule source de production d'oxygène médical dans le nord. Une évaluation plus complète est essentielle pour évaluer la fonctionnalité des équipements vitaux tels que les tomodensitomètres, les ventilateurs, les dispositifs de stérilisation et les équipements chirurgicaux.

L’OMS écrit que « de nombreuses fosses communes ont été creusées devant le service des urgences et devant des bâtiments administratifs et chirurgicaux. Dans la même zone, de nombreux cadavres étaient partiellement enterrés avec leurs membres visibles. Au cours de la visite, le personnel de l'OMS a vu au moins cinq corps partiellement recouverts sur le sol, exposés à la chaleur, avec une odeur âcre de corps en décomposition qui envahissait l'enceinte de l'hôpital. La sauvegarde de la dignité, même dans la mort, est un acte d'humanité indispensable ».

Selon le directeur intérimaire de l'hôpital, les patients ont été retenus dans des conditions épouvantables pendant le siège. Ils ont souffert d'un manque cruel de nourriture, d'eau, de soins de santé, d'hygiène et d'assainissement, et ils ont été contraints de se déplacer d'un bâtiment à l'autre sous la menace des armes. Au moins une vingtaine de patients sont morts en raison du manque d'accès aux soins et des déplacements limités autorisés pour le personnel de santé. Malgré la déconfliction, la mission du Vendredi 5 Avril 2024 a subi des retards importants au point de contrôle militaire en route vers l'hôpital al-Shifa.

Vendredi 5 Avril 2024, une autre mission de l'OMS à destination des hôpitaux al-Awda et Kamal Adwan, dans le nord de la bande de Gaza, pour livrer des fournitures médicales et du carburant, pour déployer des équipes médicales d'urgence et pour soutenir l'orientation des patients en situation critique, a subi des retards inutiles, y compris la détention d'un chauffeur de camion de ravitaillement qui faisait partie du convoi.

« Entre le mois d’octobre 2023 et le mois de mars 2024, plus de la moitié des missions de l'OMS ont été refusées, retardées, entravées ou reportées. Alors que les besoins en matière de santé augmentent, l'absence d'un système de déconfliction fonctionnel constitue un obstacle majeur à l'acheminement de l'aide humanitaire à l'échelle nécessaire. La destruction de l'hôpital al-Shifa et du complexe médical al Nasser dans la ville de Khan Younis, au sud du pays, au mois de mars 2024, a brisé la colonne vertébrale d'un système de santé déjà mal en point », a écrit l’OMS.

L'OMS a réitéré ses appels à la protection des patients, des travailleurs sanitaires et humanitaires, des infrastructures sanitaires et des civils. Les hôpitaux ne doivent pas être militarisés, utilisés à mauvais escient ou attaqués.

Alors que l'OMS célèbre Dimanche 7 Avril 2024 la journée mondiale de la santé sur le thème « ma santé, mon droit », ce droit fondamental est totalement hors de portée pour les civils de Gaza. L’accès aux soins de santé à Gaza est devenu totalement inadéquat et la capacité de l'OMS et de ses partenaires à apporter leur aide est constamment perturbée et entravée.

Sur les trente-six hôpitaux principaux qui desservaient les deux millions de palestiniens de Gaza, seuls dix hôpitaux restent à peu près fonctionnels et les types de services qu'ils peuvent fournir sont très limités.

Toute incursion militaire à Rafah, où près d’un million cinq cent mille palestiniens sont réfugiés, ne pourrait qu'entraîner une perte supplémentaire de soins de santé et elle aurait des conséquences sanitaires inimaginables. Le démantèlement systématique des soins de santé doit cesser.

L’OMS a également demandé l'ouverture de nouveaux points de passage terrestres, afin de permettre un accès plus sûr et plus direct à la bande de Gaza, signalant qu’Israël avait indiqué à la suite d'un appel avec la Maison Blanche en début de semaine qu'il était prêt à le faire.

« Alors que la famine menace, que les épidémies se propagent et que les lésions traumatiques augmentent, l'OMS appelle à un accès sans entrave de l'aide humanitaire à travers la bande de Gaza, ainsi qu'à un cessez-le-feu durable », a conclu l’OMS.

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8 avril 2024 1 08 /04 /avril /2024 14:41

 

 

https://news.un.org/fr/story/2024/04/1144651

 

Espoir de voir l'Organisation des Nations Unies (ONU) inonder Gaza de nourriture malgré la crainte d'une invasion imminente de Rafah

La mission primordiale de l'ONU à Gaza, qui consiste à inonder l'enclave de nourriture et à éviter la famine, a progressé cette semaine grâce à l'engagement public d'Israël d'augmenter le flux d'aide, malgré les signes d’une invasion imminente et redoutée de Rafah.

C'est ce qu'a déclaré Jamie Mac Goldrick, coordinateur humanitaire pour les Territoires Palestiniens Occupés (TPO), lors d'un entretien avec ONU Info, six mois après l'attaque sanglante perpétrée par le Hamas suivie par les représailles militaires israéliennes. Il a souligné que l'ensemble de l'effort d'aide de l’ONU visait à sauver des vies et rien d'autre.

Le haut responsable humanitaire s'exprimait alors que les Forces de la Défense Israélienne (FDI) ont annoncé Dimanche 7 Avril 2024 qu'elles avaient retiré une division de troupes de Gaza pour se préparer à de futures opérations, à la fin d'une semaine au cours de laquelle les leaders israéliens se sont également engagés à augmenter le volume et le flux de l'aide humanitaire, sous la pression de Washington, mais nous ne savons pas exactement quand les changements de politique se matérialiseront.

Jamie Mac Goldrick a déclaré que la combinaison de la pression politique et de la condamnation internationale croissante à la suite de l'assassinat de sept travailleurs humanitaires de l'Organisation Non Gouvernementale (ONG) World Central Kitchen (WCK), ainsi que des mois de plaidoyer de l'ONU, devrait se traduire par une augmentation de l'aide pour les palestiniens de Gaza, « lentement mais sûrement, les israéliens prennent conscience de l'ampleur de la crise humanitaire, en particulier dans le nord de la bande de Gaza. Nous espérons que, avec l'ouverture de tous ces passages, nous pourrons commencer à inonder l'endroit avec de la nourriture et d'autres produits, afin de nous préparer à la suite ».

Question. S’agissant des informations concernant un retrait des troupes israéliennes du sud de la bande de Gaza, quel est votre commentaire à ce sujet.

Réponse. Je pense que cette phase de l'opération militaire a dû se terminer à Khan Younis. Je pense que c'est là qu'ils retirent les brigades. Cela signifie que, avec un peu de chance, ces zones seront beaucoup plus sûres et que les palestiniens pourront peut-être commencer à retourner chez eux, mais c'est aussi une question inquiétante dans le sens où ils vont peut-être se regrouper et se préparer à l'incursion proposée contre Rafah.

Question. Vous avez mentionné qu'Israël s'est engagé à plusieurs reprises à augmenter l'aide à Gaza en réponse aux demandes répétées de l'ONU. Vous avez mentionné sept engagements. Pouvez-vous nous expliquer le plus important d'entre eux ?

Réponse. Je pense que le plus crucial d'entre eux est d'obtenir plus d'ouvertures et un flux d’aide plus important à Gaza. Pour l'instant, nous sommes très limités dans ce que nous pouvons faire entrer. Nous n'avons qu'un seul point de passage important, celui de Kerem Shalom, à Rafah, qui nous permet d'acheminer deux cent cinquante camions par jour. Nous devons passer à plus de cinq cent camions par jour et, pour ce faire, nous demandons depuis le premier jour qu'il y ait plus de passages terrestres notamment en provenance de la Jordanie. Actuellement, nous n'avons qu’une centaine de camions par semaine. Nous devrions recevoir trente à cinquante camions par jour. Au nord, Ashdod est un port moderne qui fonctionne très bien et nous demandons à ce qu'il soit rouvert. Cela pourrait nous apporter une centaine de camions supplémentaires par jour. Ainsi, avec Kerem Shalom, nous aurions près de cinq cent camions par jour, ce qui répondrait aux besoins sur le terrain, surtout dans le nord, où la famine est imminente.

Question. Connaissez-vous la date de mise en œuvre de ces engagements et la date à partir de laquelle les palestiniens de Gaza commenceront à en ressentir l'impact ?

Réponse. Nous espérons que ce sera rapide. Les israéliens nous ont dit, lors de nos rencontres du Vendredi 5 Avril 2024, que ces choses étaient en cours et que des préparatifs avaient lieu. Une réunion a eu lieu Samedi 6 Avril 2024 en Jordanie avec toutes les parties, les Etats-Unis, l'ONU et les forces armées jordaniennes, afin de trouver un moyen de résoudre le problème du flux d’aide limité dont nous disposons actuellement. De même, nous faisons pression contre les israéliens pour savoir quand nous pourrons ouvrir le port d'Ashdod afin d'augmenter les approvisionnements et de les acheminer directement à Erez, ou à l'un des autres points de passage du nord, sans avoir à passer par le sud. Cela nous permettrait d'augmenter très rapidement la quantité de nourriture acheminée. Pour l'instant, nous ne recevons que dix à vingt camions par jour dans le nord et nous avons besoin de trente camions tous les jours sans exception, afin que nous puissions faire face à la grave insécurité alimentaire et surtout à la famine imminente parmi les groupes les plus vulnérables de la région.

Question. Les engagements vont de la planification à l'intention, en passant par les assurances. Sont-ils suffisants pour mettre en œuvre le bond en avant demandé par l'ONU pour l'acheminement de l'aide et pour éviter la famine imminente à Gaza ?

Réponse. Nous avons sur la table les développements qui nous ont été promis et, comme vous vous en souvenez, ils sont le fruit de notre longue campagne de plaidoyer pour obtenir ces ouvertures, une meilleure déconfliction et une meilleure interface avec l'armée israélienne. Tragiquement, cela n'a été possible qu'à la suite de l'incident très grave du Lundi Premier Avril 2024, au cours duquel sept travailleurs humanitaires de la WCK ont été tués, et aussi à la suite de la pression politique du président américain Joseph Biden et d'appels téléphoniques au premier ministre Benjamin Netanyahou. Tous ces éléments se sont combinés à peu près en même temps au cours de cette semaine, ce qui nous a permis de commencer à obtenir certaines des concessions que nous demandions depuis un certain temps. Elles ne seront pas faites immédiatement, mais nous pouvons commencer à travailler. En ce moment, nous avons des délégations de haut niveau dans la région et à Tel-Aviv, qui se mobilisent sur un certain nombre de questions, y compris toutes ces nouvelles promesses ou concessions qui nous ont été accordées.

Question. Israël a reconnu ces derniers jours l'immense ampleur des souffrances à Gaza et sa propre capacité à faciliter l'augmentation de l'aide. Est-ce une façon de dire que l’ONU était prête à faire tout ce qu'elle pouvait, mais qu'il y avait tellement de contraintes ? D'après vous, les autorités israéliennes n'étaient-elles pas au courant de l'immensité des souffrances et de leur capacité à faciliter l'aide ?

Réponse. Il n'y a pas qu'un seul Israël. Il ne s'agit pas d'un corps homogène. Il y a le côté politique, qui penche beaucoup vers la droite. Vous avez également un cabinet de guerre composé de personnes qui ont des objectifs de guerre très sérieux après les événements tragiques du Samedi 7 Octobre 2023. La société civile israélienne fait pression pour que les otages soient libérés. Il y a la combinaison de la société civile israélienne et des responsables politiques. Il y a l'armée israélienne et le COGAT, qui est l'organe avec lequel nous traitons régulièrement. Il y a donc de nombreuses parties fragmentées. Nous devons donc trouver un moyen de les convaincre ou de leur faire comprendre. C'est ce qui s'est produit, lentement mais sûrement. C’est le résultat direct des preuves que nous avons apportées, à savoir que plus d'enfants qu'il n'aurait dû y en avoir sont morts de malnutrition et d'émaciation dans le nord. Ils devraient comprendre pourquoi nous sommes là et ce que nous essayons de faire. Nous sommes là pour sauver des vies et rien d'autre. J'ai moi-même vu à l'hôpital de Kamal Adwan, il y a deux semaines, la profondeur et la gravité de la souffrance des palestiniens dans le service pédiatrique, cela ne devrait pas arriver. Cette situation, combinée à la politique, à la pression et au plaidoyer au plus haut niveau, la pression du président Joseph Biden et de toute l'équipe qui s'est rendue dans la région à cette fin, a permis d'aboutir à une reconnaissance générale du fait que des progrès n'ont pas été accomplis et que nous dénonçons ce problème depuis longtemps. Nous commençons maintenant à voir cette réalisation dans les différents secteurs d'Israël, comprenant qu'ils doivent faire plus avec nous et nous permettre de faire plus pour la population de Gaza, et qu'ils ne devraient pas être méfiants.

Question. Si ces engagements sont tous mis en œuvre, quels seront les autres défis que vous redoutez pour la fourniture de l'aide ?

Réponse. Nous sommes actuellement confrontés à une situation très instable et à une activité militaire très hostile. Des millions de palestiniens souffrent. Tout le monde dans la bande de Gaza a besoin de notre soutien. La question du maintien de l'ordre y est certainement pertinente, car les palestiniens sont désespérés. C'est pourquoi, lorsqu'ils voient des camions, ils viennent les attaquer, les piller et les saccager. Cela signifie qu'une partie de la nourriture ne parvient pas à tous les palestiniens qui devraient en bénéficier. Il est donc important pour nous de stabiliser la situation et la façon de stabiliser les choses est de submerger l'enclave, de l'inonder de nourriture partout. Nous devons la démonétiser, enlever sa valeur. La stabilité que cela entrainerait nous permettrait de fournir l'aide plus facilement. Nous devons donc changer l'instabilité, l'anarchie et le vide sécuritaire, et nous devons disposer d'une quantité massive de nourriture. L’incursion de Rafah est imminente, nous devons être en mesure de prépositionner des stocks et, pour l'instant, nous ne pouvons pas le faire.

Question. Quand vous dites que nous savons que l'incursion de Rafah est imminente, vous n'avez aucun espoir que cela puisse être évité, que la partie israélienne ait commencé à écouter et à répondre positivement à la pression mondiale ?

Réponse. Ils sont à l'écoute, mais ils ont des objectifs de guerre, qui l'emportent sur les objectifs humanitaires. Nous devons être en mesure de reconnaître que, pour eux, la guerre n'est pas terminée et le retrait de Khan Younis a pour but de les préparer à la suite. En ce qui nous concerne, nous ne jouons aucun rôle dans les mouvements de population, mais nous devons nous préparer à l'éventualité que des palestiniens quittent Rafah, parce qu'il y a très peu d'endroits où ils peuvent aller. Nous avons vraiment du mal à prépositionner suffisamment de matériel, d'articles non alimentaires, d'abris, de matériel et d'eau, en particulier à cette époque de l'année où il fait si chaud, ainsi que la possibilité d'avoir un soutien et une protection sanitaire mobile. Tous ces éléments constituent donc de véritables enjeux pour nous, nous ne disposons pas des capacités, des ressources et de l'expertise nécessaire à l'heure actuelle et nous avons vraiment du mal à nous préparer. Espérons que, avec l'ouverture de tous ces passages dans le nord, nous pourrons commencer à inonder la région avec de la nourriture et d'autres produits, afin de nous préparer à tout ce qui se passera ensuite.

Question. En gros, vous êtes dans une course contre la montre ?

Réponse. C’est vrai, pour l'instant, nous vivons au jour le jour. Nous arrivons à peine à faire face aux problèmes auxquels nous sommes confrontés. Cela n'inclut pas le nord, dont les besoins humanitaires sont encore plus alarmants. Tant que nous n'aurons pas réglé ce problème, nous ne serons pas en mesure de dire que nous pouvons constituer des stocks, comme c'est le cas dans d'autres situations d'urgence et d'autres catastrophes. La planification d'une incursion à Rafah, qui pourrait déplacer huit cent mille palestiniens, est en cours.

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7 avril 2024 7 07 /04 /avril /2024 16:36

 

 

VINGT ANS APRES LA MORT DE RACHEL CORRIE

Par Bernard Fischer

Dimanche 7 Avril 2024

Dans mon dernier message politique personnel relatif à la dernière guerre d’Israël contre la Palestine, je parlais de la perspective de la construction d’un port américain à Gaza et de la livraison de l’aide humanitaire à Gaza par l’armée américaine. C’était il y a quinze jours et j’ai l’impression selon laquelle c’était il y a plusieurs mois ou plusieurs années.

Cela semblait, mais ce n’était pas une perspective totalement utopique. Un premier bateau d’aide humanitaire quittait le port chypriote de Larnaca au mois de mars 2024 et il arrivait à Gaza trois jours plus tard. C’était le bateau de l’Organisation Non Gouvernementale (ONG) espagnole Proactiva Open Arms (POA). Une autre ONG humanitaire, l’ONG humanitaire américaine World Central Kitchen (WCK) construisait une jetée flottante à Gaza et permettait le déchargement de deux cent tonnes d’aide humanitaire.

Cette opération ne tombait pas du ciel, elle bénéficiait du soutien officiel d’Israël, des Etats Unis, de Chypre, de l’Union Européenne et des Emirats Arabes Unis (EAU). Elle avait toutes les autorisations depuis le mois de novembre 2023. Elle attendait le discours annuel de l’état de l’union de Joseph Biden au début du mois de mars 2024.

Dès l’annonce de ce projet de construction d’un port provisoire américain à Gaza, huit navires militaires américains et mille soldats américains quittaient la base militaire de Langley en Virginie.

Il y avait rapidement des premiers messages de dénonciation de la collaboration entre les ONG, l’armée israélienne et l’armée américaine. Les drones militaires israéliens apportaient rapidement une contribution définitive à cette polémique. Le deuxième bateau des ONG arrivait à Gaza le premier jour du mois d’avril 2024 et l’armée israélienne assassinait sept travailleurs humanitaires de la WCK deux ou trois heures après le début du déchargement de l’aide humanitaire.

Pour la première fois, il y avait une enquête de l’armée israélienne et cette enquête aboutissait trois jours plus tard à la révocation de deux officiers israéliens. Nous nous souvenons de l’assassinat de trois otages israéliens par l’armée israélienne au mois de décembre 2023, de l’assassinat de deux cent travailleurs humanitaires de l’Organisation des Nations Unies (ONU), d’une centaine de journalistes palestiniens et, bien sûr, de trente-trois mille palestiniens depuis le début de la guerre. Il n’y avait jamais ni enquêtes, ni excuses, ni sanctions.

Comme je l’écrivais dans mon dernier message, le premier bateau à Gaza arrivait après dix-sept ans de tentatives symboliques de levée du blocus de Gaza, dont la plus importante d’entre elles était celle du bateau humanitaire turc du Mavi Marmara au mois de mai 2010. L’intervention de l’armée israélienne à bord du Mavi Marmara dans les eaux internationales provoquait la mort d’une dizaine de militants humanitaires turcs.

Tout commençait il y a vingt ans pendant la deuxième intifada avant le retrait de l’armée israélienne de Gaza. L’armée israélienne assassinait en 2003 et en 2004 trois militants internationalistes à Gaza, l’américaine Rachel Corrie et les britanniques Thomas Hurndall et James Miller. Ils étaient les héros et les martyrs de 2003 et de 2004. Les travailleurs humanitaires de la WCK, Zomi Frankcom, Damian Sobol et Jacob Flickinger, sont les héros et les martyrs de 2024.

Ce sont les symboles de l’évolution de la solidarité internationale pour Gaza. Il y a vingt ans, après la deuxième intifada et le retrait de l’armée israélienne de Gaza, devant le blocage des états, la société civile internationale multipliait les campagnes citoyennes de solidarité internationale et les campagnes de défense du Droit International Humanitaire (DIH).

Les principales d’entre elles étaient le mouvement pour le Boycott, le Désinvestissement et les Sanctions (BDS), le mouvement de dénonciation de l’apartheid israélien, la création de la Cour Pénale Internationale (CPI), la multiplication des plaintes devant la Cour Internationale de Justice (CIJ) et la multiplication des actions des agences humanitaires de l’ONU. Toutes ces campagnes connaissaient des succès relatifs.

Vingt ans plus tard, c’est le monde à l’envers. Les associations passent à nouveau le témoin aux états. De plus en plus d’états multiplient les actions pour la défense du DIH. Par contre, la crise idéologique de la gauche et de l’extrême gauche occidentale provoque l’épuisement des campagnes citoyennes de solidarité internationale.

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7 avril 2024 7 07 /04 /avril /2024 15:49

 

 

http://alencontre.org/europe/russie/russie-le-voyage-continue-une-lettre-de-prison-de-boris-kagarlitsky.html

 

Lettre de prison de Boris Kagarlitsky

Lundi 25 Mars 2024

Après mon retour à Moscou depuis Syktyvkar, dans la république des Komis, à mille trois cent kilomètres au nord-est de Moscou, un journaliste de ma connaissance m’a incité à écrire quelque chose sur mes expériences en prison. L’idée m’a séduit et je me suis immédiatement mis au travail mais, après avoir écrit une quinzaine de pages, je me suis rendu compte que je n’avais pas assez de matière pour un livre entier. Le problème a été rapidement résolu, car le Léviathan a veillé à ce que j’aie de nouvelles occasions d’approfondir mes connaissances sur la vie en prison. A la suite d’une requête du bureau du procureur, une cour d’appel a décidé de réexaminer la peine prononcée à Syktyvkar le 26 juillet 2023 pour des appels publics au terrorisme et elle m’a de nouveau envoyé, le 13 février 2024, derrière les barreaux, après avoir été libéré le 13 décembre 2023.

Ma dernière expérience de la prison s’est révélée différente à bien des égards de la précédente. En l’espace d’un peu plus d’un mois, je suis passé par trois prisons et cinq cellules, avant de m’installer dans ma cellule de longue durée de Zelenograd, dans l’oblast de Moscou, où j’écris ces lignes. Le résultat est que j’ai fait la connaissance de nouveaux prisonniers et que j’ai eu accès à un matériel extrêmement riche. Beaucoup de nouvelles pensées me sont venues à l’esprit et je les écris petit à petit. Ces pensées n’ont pas toujours un rapport avec la vie carcérale, mais elles sont évidemment influencées par l’expérience que j’ai vécue ici. Les occasions de réfléchir à la philosophie et à la psychologie ne manquent pas, mais les découvertes les plus riches sont liées aux transferts d’une prison à une autre que j’ai été obligé de subir.

Bien que les règles de la vie carcérale soient fondamentalement les mêmes partout, la pratique réelle peut être très différente, non seulement d’une prison à l’autre, mais même d’une cellule à l’autre. Dans chaque prison, des communautés distinctes naissent, évoluent, se désagrègent et se reforment au gré des circonstances. Il y a des grandes et des petites prisons, des riches et des pauvres prisons, dans les provinces et dans la capitale. Les gardiens peuvent être aimables et même compréhensifs, mais ils peuvent aussi être méchants. Les détenus sont de différents profils humains, appartenant à différents groupes culturels et classes sociales. Il y a toujours des sujets de conversation, même si ces conversations ne sont pas toujours agréables. Lorsque les détenus sont transférés d’une prison à l’autre, ils échangent des informations sur ce qui se passait dans leur dernière prison et sur ce à quoi ils peuvent s’attendre dans le nouvel établissement. Ce qui intéresse le plus les prisonniers, c’est bien sûr la nourriture. Manger décemment est l’un des principaux plaisirs que nous pouvons espérer de la vie en prison et la qualité de la nourriture carcérale fait donc l’objet de discussions particulièrement animées.

Lorsque je suis arrivé à Zelenograd, j’ai été placé, pour une raison quelconque, dans une cellule de quarantaine, bien que les deux semaines que j’avais passées à Kapotnya, au sud-est de la municipalité de Moscou, équivalaient déjà à une quarantaine. Le problème de cette quarantaine était qu’il n’était pas possible de me contacter normalement. Je ne recevais pas de colis et mes trois nouveaux compagnons de cellule étaient exactement dans la même situation. C’est là que j’ai entendu parler de la maison d’arrêt de Medvedkovo, à Moscou, dans laquelle, paraît-il, les prisonniers sont très bien nourris. J’ai entendu beaucoup de louanges sur les cuisiniers de cette prison pendant ma période de quarantaine à Zelenograd, sur le porridge dans cet endroit, sur la quantité de viande dans la soupe et sur la taille des portions distribuées au dîner. A en juger par les commentaires de mes compagnons de cellule, cet établissement méritait une étoile Michelin.

Lorsque vous atterrissez dans une cellule dotée d’un réfrigérateur et d’un téléviseur, vous commencez à dépendre moins de la cuisine de la prison et à dépendre plus des colis alimentaires et de vos compagnons de cellule. Tout n’est pas partagé, ni avec tout le monde, mais la gestion en commun des ressources est tout à fait naturelle et raisonnable. Dans la cellule où j’ai été placé à Kapotnya, j’ai été frappé par le fait que des procédures démocratiques avaient été mises en place, certaines questions étaient décidées par vote et d’autres questions étaient décidées par consensus. La nourriture, en revanche, ne relevait pas de la propriété commune. Les détenus s’étaient répartis en plusieurs groupes, nous étions en tout entre treize et quinze détenus, avec des arrivées et des départs constants, et à l’intérieur de ces groupes, les ressources étaient partagées. J’ai fini par y voir une sorte d’anarchisme socialisme, même s’il y avait aussi des individualistes. Par exemple, il y avait un ancien responsable universitaire qui avait été emprisonné pour corruption. Le réfrigérateur était rempli par ses réserves de nourriture, qu’il ne partageait avec personne. Une fois, il est vrai, il s’est approché de moi et il m’a offert un morceau de gâteau. J’ai été étonné et j’ai accepté le cadeau avec gratitude. Malheureusement, la raison de sa générosité est apparue immédiatement. Le gâteau avait dépassé sa date de péremption.

A Zelenograd, la cellule est plus petite, il ne vient à l’idée de personne d’établir des procédures formelles et encore moins de procéder à des votes. Néanmoins, des communautés informelles prennent inévitablement forme et fonctionnent selon leurs propres règles. Le degré de solidarité et d’entraide qui y règne est sensiblement plus élevé qu’à l’extérieur.

Bien sûr, j’ai eu de la chance. J’ai été placé dans une cellule avec des prisonniers corrects, pour autant que cela soit possible dans de telles conditions, mais ce n’est peut-être pas si surprenant. La plupart des détenus, après tout, ne sont pas des malfaiteurs endurcis, mais des russes ordinaires qui sont entrés en conflit avec la loi, qui ont cédé à une tentation ou qui ont perdu le contrôle de leur situation. Lorsque j’ai été placé dans ma cellule à Kapotnya, l’un des détenus, qui était là depuis plus longtemps que les autres, m’a immédiatement demandé si j’étais en prison pour un meurtre. Je lui ai demandé si j’avais l’air d’un meurtrier. Il m’a répondu que les prisonniers qui étaient en prison pour meurtre non prémédité étaient tous très décents, intelligents et gentils. En revanche, la réputation des prisonniers politiques n’est pas toujours très bonne. Certains d’entre eux ont une trop haute opinion d’eux-mêmes et, dans l’ensemble, ils sont enclins à l’hystérie. J’espère avoir pu améliorer quelque peu la réputation des prisonniers politiques aux yeux de mes compagnons de cellule.

La prison de Zelenograd est une petite prison et elle dispose de ressources limitées. Cela se voit dans la quantité et la qualité de la nourriture et dans le fait que l’établissement est en sous-effectif chronique. Les gardiens se plaignent constamment de tout cela, s’attirant la sympathie et la compréhension des prisonniers. En général, cependant, la qualité de la nourriture de la prison cesse de vous déranger une fois que vous êtes placé dans une cellule équipée d’un réfrigérateur. Notre cellule a beaucoup de chance. L’un des détenus est diplômé d’un institut de cuisine et il est pâtissier de métier. Il a réussi à obtenir une cocotte-minute pour la cellule et, chaque soir, l’endroit est rempli d’arômes délicieux.

Malheureusement, si un réfrigérateur peut devenir source d’émotions positives, il en va tout autrement d’un téléviseur. Curieusement, ces deux appareils existent dans une sorte d’unité organique, soit vous avez les deux, soit vous n’avez rien. Chaque jour, la télévision vous abreuve de propagande qui se transforme en une sorte de bruit de fond auquel il est difficile d’échapper en changeant de chaîne. Le message est partout le même. Au bout d’un certain temps, cependant, nous développons une immunité. La télévision a également une fonction positive. Elle permet de connaître l’heure.

En discutant avec mes compagnons de cellule pendant quelques semaines et dans certains cas seulement quelques heures, j’ai peu à peu constitué une sorte d’encyclopédie des types humains et des histoires de vie, sur la base de laquelle je pourrais peut-être, un jour, écrire un bon livre. Toutes ces expériences et connaissances devront cependant encore être résumées et retravaillées. J’espère pouvoir le faire à l’extérieur. Pour l’instant, je me contente d’accumuler des connaissances. Le voyage continue.

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7 avril 2024 7 07 /04 /avril /2024 15:23

 

 

https://fr.timesofisrael.com/pelosi-rejoint-les-37-democrates-appelant-biden-a-stopper-le-transfert-darmes-a-israel/

 

Nancy Pelosi rejoint les trente-sept parlementaires démocrates appelant Joseph Biden à stopper le transfert d’armes à Israël

Le soutien apporté par l’ancienne présidente du Congrès souligne une demande de plus en plus forte à l’intérieur du Parti Démocrate

Plusieurs dizaines de parlementaires du Parti Démocrate du Congrès, et notamment l’ancienne présidente du Congrès, Nancy Pelosi, ont envoyé une lettre au président Joseph Biden et au secrétaire d’État Antony Blinken réclamant l’arrêt du transfert d’armes à Israël, après la frappe israélienne qui, à Gaza, a entraîné la mort de sept employés de l’Organisation Non Gouvernementale (ONG) World Central Kitchen (WCK), dont un ressortissant américano-canadien, « au vu de cet incident, nous vous exhortons à reconsidérer votre décision récente d’autoriser le transfert de nouvelles armes à Israël et de mettre en suspens tout transfert futur d’armement offensif à Israël jusqu’à ce que l’enquête sur la frappe qui a tué des travailleurs humanitaires soit terminée. Nous vous demandons aussi de mettre en suspens ces transferts si Israël devait échouer à suffisamment limiter les atteintes faites aux civils innocents à Gaza, notamment aux employés des organisations humanitaires, si Israël est dans l’incapacité de faciliter, s’il refuse de manière arbitraire ou s’il restreint le transport et la délivrance de l’assistance humanitaire à Gaza ».

Faisant remarquer qu’Israël a expliqué que la frappe meurtrière commise contre les travailleurs humanitaires était non-intentionnelle, les membres du Congrès ont écrit que « si c’est vrai, c’est une erreur scandaleusement inacceptable ». Ils ont appelé l’administration à lancer des investigations minutieuses sur l’attaque. La Maison Blanche a répété, Vendredi 5 Avril 2024, qu’aucune enquête américaine ne serait ouverte.

La plus grande partie des signataires appartiennent à l’aile gauche du Parti Démocrate, mais le soutien apporté par Nancy Pelosi indique que l’appui apporté à l’arrêt des livraisons d’armes à Israël gagne du terrain à l’intérieur du Parti Démocrate des Etats Unis.

Parmi les trente-six autres parlementaires qui ont signé la lettre, il y a les représentantes Barbara Lee, Rashida Tlaib et Alexandria Ocasio-Cortez.

Joseph Biden a renforcé les pressions exercées sur Israël, ces dernières semaines et une fois encore après la mort des travailleurs humanitaires, tout en rejetant les suggestions qui laissaient entendre qu’il pourrait couper les aides à Israël.

Joseph Biden a expliqué Vendredi 5 Avril 2024 qu’Israël se conformait à sa demande de laisser entrer des aides à Gaza, vingt-quatre heures après avoir mis en garde Benjamin Netanyahou contre un tournant net de la politique des Etats Unis.

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7 avril 2024 7 07 /04 /avril /2024 14:31

 

 

https://www.timesofisrael.com/car-rams-protesters-wounding-5-as-large-crowds-demand-hostage-deal-in-tel-aviv/

 

Une voiture percute des manifestants, faisant cinq blessés, alors que de grandes foules à Tel Aviv réclament un accord pour la libération des otages

Des dizaines de milliers de manifestants se sont également rassemblés contre le gouvernement et ils ont appelé à des élections anticipées.

Six mois après l’attaque du Hamas du Samedi 7 Octobre 2024, des manifestants ont participé Samedi 6 Avril 2024 aux rassemblements hebdomadaires dans tout le pays pour protester contre le gouvernement, pour exiger des élections anticipées et pour exiger un accord immédiat pour la libération des otages.

Le grand rassemblement antigouvernemental de Tel Aviv, auquel ont participé des dizaines de milliers de manifestants, a vu certains manifestants se heurter à la police, avec au moins cinq arrestations.

Il y a eu également un attentat à la voiture bélier qui a blessé cinq manifestants, ce qui a suscité de larges condamnations et inquiétudes face à l'aggravation des tensions sociales alors que la guerre lancée en réponse à l'attaque du Hamas se poursuit.

La participation plus élevée à Tel Aviv cette semaine a incité les organisateurs à organiser la manifestation sur la Place de la Démocratie, à l'intersection de la Rue Menahem Begin et de la Rue Eliezer Kaplan, devenue en 2023 emblématique pour son rôle de toile de fond des manifestations contre la réforme judiciaire tous les samedis soirs avant le Samedi 7 Octobre 2023.

Selon une estimation de la treizième chaîne de la télévision israélienne, quarante-cinq mille israéliens ont manifesté Samedi 6 Avril 2024 à Tel Aviv. Les organisateurs ont affirmé qu’il y avait cent mille participants. Des milliers d’autres manifestants ont rejoint l’appel à des élections anticipées à Jérusalem, à Haïfa et dans des dizaines d’autres villes et villages du pays, notamment à Césarée, où les manifestants se sont rassemblés devant la maison privée du premier ministre Benjamin Netanyahou.

A Tel Aviv, des manifestants brandissant des drapeaux israéliens et des pancartes contre le gouvernement actuel ont scandé « Elad, nous sommes désolés », pleurant l’otage tué Elad Katzir, dont le corps a été retrouvé lors d’une opération de l’armée israélienne plus tôt dans la journée du Samedi 6 Avril 2024. L'armée israélienne a déclaré qu’Elad Katzir avait été assassiné au mois de janvier 2024 par le Jihad Islamique Palestinien.

« Elad, nous sommes désolés de ne pas avoir poussé plus fort, d’être restés chez nous et de ne pas avoir bouleversé le monde », a crié le manifestant à la tête de la manifestation.

Parmi les orateurs s'adressant aux manifestants réclamant des élections anticipées sur la Place de la Démocratie figuraient des survivants et des témoins de l’attaque du Hamas du Samedi 7 Octobre 2023, qui a provoqué la mort de mille deux cent israéliens et la prise en otage de deux cent cinquante-trois autres israéliens, dont environ cent trente d’entre eux sont toujours à Gaza, mais pas tous en vie.

Anat Gilor, membre fondatrice du kibboutz Holit dans le Néguev, a déclaré à la foule qu’elle n'avait reçu aucune aide du gouvernement alors qu'elle se cachait dans sa pièce sécurisée, le Samedi 7 Octobre 2023.

« Ma défense, ma sécurité et ma confiance ont été prises, tout ce que je tenais pour acquis a été pris et personne n’est venu s’excuser », a-t-elle déclaré aux milliers de manifestants présents dans la foule. Exigeant des élections, Anat Gilor a juré que, pour le reste de sa vie, elle ne pardonnerait jamais au gouvernement.

Après la fin des discours, Place de la Démocratie, des affrontements ont éclaté entre la police et certains manifestants, Rue Menahem Begin. Au cours des affrontements, le Times of Israel a vu un manifestant arrêté de force.

Un policier a eu le nez cassé par une manifestante qui a été bousculée par un autre policier, qui est tombé à terre et qui s'est accidentellement cogné le visage avec son coude.

Les forces de l’ordre ont publié une déclaration accusant la manifestante de l’avoir frappé au visage, mais elles ont ensuite rétracté leurs allégations, reconnaissant que la manifestante n’avait pas agi avec une intention malveillante, après qu’une vidéo de l’incident ait été largement partagée en ligne.

Des manifestants de la Rue Menahem Begin ont marché vers le siège de la puissante fédération syndicale Histadrout, Rue Arlozorov, au lieu de tenter de bloquer l’Autoroute Ayalon, comme les samedis précédents.

Devant le bâtiment du syndicat, les manifestants ont allumé un feu de joie et ils ont scandé « grève maintenant », exigeant que le président du syndicat, Arnon Bar-David, appelle à une grève à grande échelle pour faire pression contre le gouvernement afin qu'il accepte plus de concessions que ce qu'il est actuellement disposé à faire dans le cadre d'un accord pour la libération des otages. Le président du syndicat avait appelé à une grève d’une journée en 2023 pour s’opposer aux efforts de réforme judiciaire du gouvernement, une décision à laquelle s'étaient joints les travailleurs de l’aéroport David Ben Gourion et de nombreuses autres organisations syndicales.

Samedi 6 Avril 2024 vers 22 heures, un conducteur est brièvement sorti de sa voiture pour injurier les manifestants avant d'être repris par la police. Il a ensuite soudainement foncé dans la foule avec sa voiture, blessant cinq manifestants, dont une femme âgée de cinquante ans, légèrement blessée et transportée à l'hôpital Ichilov. Les quatre autres manifestants ont été légèrement blessés.

Selon la police, les forces de l'ordre ont réussi à arrêter le conducteur peu après qu'il ait jeté son véhicule dans la foule. Il a ensuite été identifié comme un ancien joueur et entraîneur de football.

L'incident a été dénoncé par de nombreux leaders israéliens, qui ont mis en garde contre un retour aux tensions politiques et sociales qui secouaient le pays avant les atrocités du Samedi 7 Octobre 2023.

Dans une déclaration qualifiant l’incident de très grave, le président Isaac Herzog a averti que la violence est une ligne rouge qui ne doit jamais être franchie et il a appelé à ce que ceux qui agissent violemment soient traduits en justice, « nous ne pouvons pas revenir au Vendredi 6 Octobre 2023. Nous devons tout faire pour maintenir l’unité d’Israël. Ce n’est qu’ensemble que nous vaincrons nos ennemis ».

Le ministre de la guerre, Benny Gantz, a dénoncé cet incident horrible et il a déclaré que « nous devons tous nous exprimer d’une voix claire contre toute violence. Nous devons dénoncé les comparaisons entre les manifestants et nos ennemis, quand ces comparaisons accusent les manifestants de vouloir assassiner le premier ministre. Tous les leaders politiques devraient agir avec sensibilité envers toutes les parties de la société, particulièrement en ces jours difficiles. Nous ne pouvons pas revenir au Vendredi 6 Octobre 2023 ».

Le député Chili Tropper du Parti de l’Unité Nationale de Benny Gantz a appelé à ce que l’incident soit largement dénoncé, disant que « Benjamin Netanyahou et tous les leaders politiques doivent le faire. Quiconque reste silencieux face à l’incitation ne peut pas dire qu’il a les mains propres ».

Le leader de l’opposition Yair Lapid a suggéré que Benjamin Netanyahou en était responsable, accusant l’attaque d’être le résultat direct de l’incitation croissante du gouvernement, « ils ne nous dissuaderont pas et ils ne nous empêcheront pas de manifester jusqu’au retour des otages et à la chute de ce terrible gouvernement ».

Le ministre des communications, Shlomo Karhi, du Likoud de Benjamin Netanyahou, a écrit « n’écrasez pas les manifestants, n’attaquez pas les policiers et ne jetez pas de torches allumées contre la maison du premier ministre. Même si la réalité de permettre des perturbations et de bloquer les routes est intolérable, il faut faire preuve de retenue et il faut être très prudent. Cette dégradation de la situation, permise par les leaders de gauche, à l’intérieur et à l’extérieur de la coalition, n’aide personne et nous déchire en pleine guerre ».

La manifestation à Tel Aviv s'est poursuivie Samedi 6 Avril 2024 jusqu'à minuit environ, heure à laquelle elle a été dispersée. La police a arrêté quatre manifestants dans la Rue Arlozorov. Un manifestant, un homme âgé, a été renversé par un cheval de la police.

À Haïfa, Carmit Palty Katzir, la sœur de l'otage tué Elad Katzir, a prononcé un discours dans lequel elle a imputé la mort de son frère au gouvernement. La Protestation du Peuple, un groupe d’Haïfa à l’origine de la marche, a publié sa déclaration sur Facebook juste avant la manifestation, « membres du cabinet de guerre et membres de la coalition, regardez-vous dans le miroir et demandez-vous si ce n'est pas votre main qui a versé ce sang. Il vous reste encore cent trente-trois otages à racheter et des mondes à sauver ».

Lors de la manifestation des familles des otages à Jérusalem, qui a rassemblé environ deux mille manifestants, l’organisateur Tom Barkai a cité Carmit Palty-Katzir dans son discours d’ouverture devant la résidence du premier ministre, « nous avons vu que les otages reviendront par des accords et qu’ils ne reviendront pas par des combats ».

Après Tom Barkai, le réserviste et militant travailliste Yaya Fink s'est adressé à la foule, demandant pardon aux membres des familles des otages toujours détenus par le Hamas pour être rentrés chez eux après cent quarante-deux jours de service de réserve sans parvenir à ramener leurs proches chez eux. Il a ensuite conduit la foule à chanter « je n'ai pas d'autre pays », tandis que les manifestants agitaient la lampe torche de leur téléphone au rythme de la mélodie.

L’ordre des deux manifestations organisées à Jérusalem a été inversé cette semaine, avec des centaines de manifestants commençant par le rassemblement des familles des otages avant de marcher vers la résidence du président pour entendre des militants et des orateurs antigouvernementaux. Les deux rassemblements ont été relativement silencieux et la foule devant la résidence du président s'est dispersée presque immédiatement après la fin des discours.

Devant la résidence du président, l’avocate Nitzan Caspi Shilony a appelé à des élections anticipées et il a tourné en dérision l’invocation de l’unité par le gouvernement, qu’elle a accusé les hommes politiques d’utiliser comme outil pour dénigrer les manifestations contre le gouvernement, « l’unité n’est pas un mot magique qu’il faut prononcer et qui se produit et ce n’est pas un moyen pour faire taire les critiques ».

À Césarée, des manifestants réclamant des élections et la démission de Benjamin Netanyahou ont fait tomber les barricades de la police alors qu’ils manifestaient à quelques centaines de mètres de sa résidence privée. Au moins une personne a été arrêtée.

Par ailleurs, trois cent manifestants ont assisté à un rassemblement au carrefour Shaar Hanegev, près de Sderot. Contrairement à la plupart des autres rassemblements du Samedi 6 Avril 2024, les organisateurs de la manifestation au conseil régional de Shaar Hanegev ont qualifié leur programme de non partisan.

Le rassemblement commémore les six mois depuis le début de la guerre et le fait que cent trente otages restent à Gaza, ont écrit les organisateurs.

Dimanche 7 Avril 2024, de nombreux manifestants étaient attendus à nouveau à Jérusalem pour protester devant le bâtiment du parlement israélien sous le slogan « la victoire nationale, c’est le retour des otages ». Avant l’événement, les organisateurs organisaient des déplacements vers Jérusalem depuis tout le pays.

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6 avril 2024 6 06 /04 /avril /2024 14:13

 

 

https://fr.timesofisrael.com/la-cour-supreme-donne-6-jours-au-gouvernement-pour-repondre-a-la-crise-humanitaire-a-gaza/

 

La Haute Cour de Justice d’Israël (HCJI) donne six jours au gouvernement pour répondre à la crise humanitaire à Gaza

Les groupes de défense des droits humains demandent à savoir pourquoi davantage de points de passage n'ont pas été ouverts et pourquoi Israël a interdit le passage de l’aide humanitaire par le port d'Ashdod.

La HCJI a ordonné Jeudi 4 Avril 2024 à l’état de fournir des réponses dans les six jours à des questions clés sur les politiques du gouvernement israélien concernant l’aide humanitaire à Gaza, soulevées lors d’une audience relative à la situation humanitaire désastreuse à Gaza.

La HCJI a ordonné à l’état de fournir des réponses plus exhaustives à ces questions suite aux questions difficiles soulevées lors de l’audience du Jeudi 4 Avril 2024 sur une requête déposée par l’Organisation Non Gouvernementale (ONG) de défense des droits humains Gisha et plusieurs autres organisations, demandant à la HCJI d’obliger le gouvernement à augmenter l’approvisionnement en aide humanitaire afin d’alléger les souffrances des civils à Gaza, où la guerre fait rage depuis des mois.

Les questions soulevées par l’avocate des plaignants étaient notamment de savoir pourquoi des points de passage supplémentaires n’avaient pas été ouverts, afin d’approvisionner notamment le nord de la bande de Gaza, pourquoi le port d’Ashdod n’avait pas été utilisé pour approvisionner la bande de Gaza et pourquoi l’aide n’avait pas été acheminée à partir d’Israël et de la Cisjordanie.

Elle a également fait référence aux accusations de l’Organisation des Nations Unies (ONU) du mois de février 2024 selon lesquelles cinquante et un pour cent des missions prévues par les organisations humanitaires pour acheminer l’aide au nord de Gaza avaient été refusées par les autorités israéliennes, y voyant l’une des principales causes de la crise humanitaire, malgré le fait qu’Israël permette à l’aide de traverser la frontière.

Le président en exercice de la HCJI, Uzi Vogelman, a semblé sensible aux préoccupations des requérants, reconnaissant la gravité de la crise humanitaire et insistant sur le fait que l’état devait apporter des réponses.

L’avocat représentant l’état a souligné, comme le gouvernement le fait depuis des mois, que le volume d’aide autorisé à entrer dans la bande de Gaza est illimité, bien que cette affirmation ait été contestée par l’avocat de Gisha, qui a fait valoir que les restrictions logistiques imposées par le gouvernement à Gaza ont entraîné une grave pénurie de nourriture et de fournitures humanitaires, en particulier dans le nord de la bande de Gaza.

La HCJI a donné à l’état jusqu’au 10 avril 2024 pour présenter un dossier complémentaire pour répondre à plusieurs questions clés soulevées dans la requête et lors de l’audience.

Israël a déclaré la guerre après l’assassinat de mille deux cent israéliens et l’enlèvement de deux cent cinquante-trois autres israéliens par le Hamas le Samedi 7 Octobre 2023.

Selon le ministère de la santé de Gaza, dirigé par le Hamas, les combats ont déjà fait plus de trente-trois mille morts palestiniens, un chiffre qui ne peut pas être vérifié de manière indépendante et qui, selon Israël, inclut treize mille militants du Hamas. Il y a également des dizaines de milliers de blessés palestiniens.

L’ONU estime que trois cent quarante-six mille enfants palestiniens courent un risque élevé de malnutrition à Gaza, et le cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) a estimé au mois de mars 2024 que la famine était annoncée et imminente dans le nord de la bande de Gaza et dans les gouvernorats de Gaza. Israël a contesté ces conclusions, soulignant le manque de données précises.

La requête a été déposée par Gisha, Hamoked, Physicians for Human Rights Israel (PHRI), Association for Civil Rights in Israel (ACRI) et Addalah, et elle demande à la HCJI d’ordonner au gouvernement d’augmenter de manière significative le volume de l’aide à Gaza, en ouvrant notamment des points de passage terrestres entre Gaza et Israël et en répondant à tous les besoins de la population civile conformément aux obligations d’Israël en tant que force occupante.

Les requérants affirment que la politique d’Israël constitue une violation flagrante du droit international et qu’elle enfreint les mesures provisoires ordonnées par la Cour Internationale de Justice (CIJ) du mois de janvier et du mois de mars 2024, en vertu desquelles Israël est tenu d’assurer l’entrée sans entrave de l’aide humanitaire à Gaza.

« Israël est en train d’enfreindre le droit international et de conduire à la détérioration de la situation humanitaire à Gaza et à la propagation de la famine, de la soif et des maladies », a dit Osnat Lipshitz-Cohen, l’avocate de Gisha, devant la HCJI.

Citant de nombreuses agences de l’ONU et des organisations d’aide internationale, Osnat Lipshitz-Cohen a dit que « le système de santé s’est effondré, des milliers de malades et de blessés ne reçoivent pas les soins nécessaires, des amputations sont pratiquées sans anesthésie et de nombreux malades et blessés perdent la vie parce qu’il n’y a pas assez de médicaments, d’équipements ou de personnel médical. Ce n’est pas un tsunami ou un tremblement de terre, c’est une guerre provoquée par l’homme ».

Interrogée par Uzi Vogelman et par le juge Noam Sohlberg sur la fiabilité des informations en provenance de Gaza, Osnat Lipshitz-Cohen a reconnu qu’il était difficile d’obtenir des données fiables, mais elle a insisté sur le fait que certaines informations provenaient d’organismes d’aide sur le terrain, notamment l’UNICEF et l’Office for the Coordination of Humanitarian Affairs (OCHA) de l’ONU.

Elle a notamment cité un rapport de l’UNICEF datant du début du mois de mars 2024, établi à la suite d’une mission sur le terrain dans les hôpitaux al-Shifa, al-Awda et Kamal Adwan, selon lequel des niveaux alarmants de malnutrition et de morts d’enfants dus à la famine ont été signalés.

Osnat Lipshitz-Cohen a également relevé plusieurs incidents à Gaza au cours desquels des civils ont trouvé la mort lors d’opérations de distribution de nourriture, notamment un incident survenu au mois de février 2024 au cours duquel des dizaines de palestiniens sont morts dans une bousculade alors qu'ils se précipitaient vers des camions d’aide, ainsi que plusieurs cas de noyade de palestiniens qui tentaient d’atteindre de la nourriture larguée par avion et tombée dans la mer. Ces scènes, a-t-elle dit, montrent le besoin désespéré de nourriture des palestiniens de Gaza.

Jonathan Berman, qui représentait l’état, a reconnu que la situation humanitaire à Gaza n’était pas bonne, en particulier dans le nord de Gaza, mais il a insisté sur le fait qu’Israël n’avait nullement restreint l’acheminement des produits humanitaires, « nous ne contestons pas le fait que la guerre à Gaza a causé de grandes souffrances à la population civile de Gaza. Cela est dû au fait que le Hamas utilise des boucliers humains et des structures civiles ».

Les arguments de Jonathan Berman ont été contestés par Osnat Lipshitz-Cohen sur plusieurs points. Elle a demandé pourquoi le passage du kibboutz de Beeri n’avait été ouvert que récemment et pourquoi seuls soixante camions l’avaient emprunté.

Elle a également demandé pourquoi le gouvernement israélien avait bloqué l’utilisation du port d’Ashdod pour l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, optant plutôt pour Port Saïd en Égypte, qui se trouve à plus de deux cent kilomètres de Gaza, alors qu’Ashdod est seulement à trente-sept kilomètres de Gaza.

Elle a par ailleurs demandé à savoir pourquoi Israël avait empêché le secteur privé de Gaza d’acheminer de la nourriture en provenance d’Israël, étant donné que quatre-vingt-onze pour cent des marchandises entrant à Gaza par le point de passage de Kerem Shalom avant le Samedi 7 Octobre 2023 provenaient d’Israël et de Cisjordanie et qu’elles étaient acheminées par le secteur privé du territoire.

Uzi Vogelman a déclaré de manière très claire que l’état devra répondre à toutes ces questions de manière appropriée, « le nord de Gaza est l’endroit où la situation humanitaire est la plus grave et il est donc important pour nous de recevoir des explications sur les raisons de l’absence d’aide dans cette région ».

Un représentant de l’agence pour la coordination des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT), une division du ministère de la santé, a indiqué que quatre cent camions de fournitures humanitaires avaient atteint le nord de Gaza au mois de mars 2024. Osnat Lipshitz-Cohen a répondu que, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), trois cent camions par jour étaient nécessaires pour faire face à la crise humanitaire actuelle.

« Nous nous concertons au quotidien avec les organisations d’aide internationale pour déterminer où sont les besoins, ce qu’il faut livrer et en quelle quantité. Nous procédons à une évaluation journalière de la situation, qui couvre par ailleurs la coordination tactique des activités, les leçons à tirer et l’identification de la manière dont les choses peuvent être améliorées pour le jour suivant. L’utilisation du passage du kibboutz Beeri est plus compliquée en termes de sécurité que l’utilisation d’autres passages à niveau et nous ne pouvons pas répondre à cette question en public. Nous aborderons les problèmes liés à l’acheminement de l’aide depuis Ashdod dans un document supplémentaire, ainsi que les restrictions imposées au secteur privé de Gaza pour l’importation de produits en provenance d’Israël et de Cisjordanie », a dit Jonathan Berman.

Dans son arrêt rendu à l’issue de l’audience, la HCJI a demandé au gouvernement d’indiquer le montant de l’aide nécessaire pour faire face à la crise humanitaire à Gaza, les goulets d’étranglement qui limitent l’acheminement de l’aide humanitaire et les mesures qu’il entend prendre pour accroître l’entrée et l’acheminement de l’aide humanitaire.

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