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7 août 2023 1 07 /08 /août /2023 19:26

 

 

https://lundi.am/Dissolution-des-Soulevements-de-la-Terre-5621

 

Dissolution des Soulèvements de la Terre

Le conseil d’état sous pression

Vendredi 4 Août 2023

Le 21 juin 2023, le gouvernement signait le décret de dissolution du mouvement des Soulèvements de la Terre. Tout l’intérêt de cette mesure d’exception est de permettre au gouvernement de s’affranchir de la justice et de son pendant théorique du contradictoire. C’est parce que l’état sait qu’il n’a rien pour faire condamner pénalement les Soulèvements de la Terre qu’il a recourt à cette mesure administrative. Mais comme il ne lui est pas tout à fait loisible d’abandonner la fiction de l’état de droit, le décret en question peut être contesté a posteriori devant le conseil d’état. Selon nos informations, des centaines voire des milliers de recours déposés ces derniers jours satureraient les serveurs et les secrétariats de la plus haute juridiction.

C’est donc un nouveau front ouvert par le mouvement des Soulèvements de la Terre, sur le plan juridique cette fois. Le 26 juillet 2023, deux avocats du mouvement, Aïnoha Pascual et Raphaël Kempf, déposaient un mémoire de cent dix pages faisant pièce aux sophismes des notes blanches du ministère de l’intérieur. Ce recours, le mouvement l’a rapidement mis à disposition en ligne accompagné d’un tutoriel. Toute personne se réclamant du mouvement ayant légalement un intérêt à agir se trouve de facto en droit de saisir le conseil d’état. Il est impossible de savoir pour l’instant combien des cent cinquante mille membres revendiqués du mouvement ont souhaité jouer le jeu de la justice. Ce qui est certain, c’est que le référé-suspension déposé par les avocats sera examiné en urgence, Mardi 8 Août 2023, en attendant le recours au fond. Comme l’écrivent les Soulèvements de la Terre dissous sur leur site, « voilà ce qu’il advient quand on prétend vouloir dissoudre d’un trait de plume un mouvement populaire ».

Rappelons que parallèlement à ce pan administratif, la répression contre les Soulèvements de la Terre a été simultanément déployée sur plusieurs autres fronts. Elle a été déployée dans l’enquête contre le désarmement de l’usine Lafarge à Bouc-Bel-Air au mois de décembre 2022 pour laquelle les services de la police antiterroriste ont été réquisitionnés. Après plusieurs dizaines de gardes à vue et perquisitions partout en France, deux personnes ont été mises en examen le 10 juillet 2023 pour association de malfaiteurs. Juste avant d’aller rencontrer la juge d’instruction, l’une d’entre elles s’est fendue de quelques explications quant à l’affaire en cours.

Le 27 juillet 2023, au tribunal de Niort, quatre personnes étaient jugées pour avoir participé à la manifestation de Sainte Soline du Samedi 25 Mars 2023. Identifié par reconnaissance faciale, le premier, Loïc Schneider, a été condamné à un an de prison ferme avec un aménagement à domicile sous bracelet électronique. Il lui était reproché un déguisement de moine et un tag contre un véhicule de gendarmerie déjà bon pour la casse. Les trois autres ont été condamnés à trois mois et à deux mois de prison avec sursis pour groupement, c’est-à-dire pour avoir participé au rassemblement. Un très bon résumé de l’audience est disponible sur le site de nos confrères de Contre-Attaque.

Enfin le 8 septembre 2023, à Niort encore, ce sont neuf représentants syndicaux et activistes qui sont convoqués pour organisation de manifestations interdites, en l’occurrence les deux derniers rassemblements de Sainte Soline, et pour certains il est reproché d’avoir frauduleusement soustrait des morceaux de canalisation de Méga-Bassine. Le mouvement a déjà annoncé un rassemblement pour réclamer la justice pour l’eau.

Sans surévaluer l’intelligence et les moyens stratégiques du ministère de l’intérieur, force est de constater que la répression contre les Soulèvements de la Terre est assez complète. Déchaînement de brutalité policière pour frapper et décourager les corps, dissolution administrative pour empêcher toute organisation et apparition publique, peines de prison pour criminaliser la simple participation à un rassemblement, intimidation des groupes constitués et solidaires et mobilisation des services de l’antiterrorisme pour créer la fiction et la narration d’un groupuscule clandestin et violent et mobiliser les moyens d’enquête et de surveillance idoine. Pour qui a pu s’intéresser à l’histoire des stratégies contre-insurrectionnelles à la française, nous retrouvons toutes les meilleures ficelles, frapper le mouvement dans le tas, constituer ses irréductibles, les isoler et les réprimer. Parallèlement, produire le discours sur l’ennemi intérieur pour convaincre l’opinion de la nécessité de l’écraser. Gérald Darmanin n’a pas parlé par hasard d’écologistes terroristes.

C’est d’ailleurs sur ce dernier levier que le mouvement semble donner le plus de fil à retorde au gouvernement, l’opinion publique. Que les mobilisations des Soulèvements de la Terre inquiètent suffisamment la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA) et l’agro-industrie pour que ces derniers exigent du pouvoir leur dissolution est une chose, que l’opinion adhère à la construction d’un nouvel ennemi intérieur dont la seule revendication est l’arrêt du désastre écologique en est une autre. Évidemment, la multiplication des poursuites judiciaires et l’épée de Damoclès que constitue la dissolution si elle était confirmée par le conseil d’état, sont autant de manières d’enliser le mouvement sur un terrain de la justice où il n’y a rien à gagner, si ce n’est de ne pas être condamné. C’est néanmoins un pari particulièrement risqué dans la mesure où tout ce que recouvre l’appellation des Soulèvements de la Terre accède simultanément à une publicité inédite.

Dissolution ou non, les expériences, les pratiques et les solidarités qu’incarne aujourd’hui le mouvement sont inscrites dans les corps et les esprits. C’est d’ailleurs ce que démontre la tenue du convoi de l’eau qui reliera Sainte Soline à Paris du 18 août au 27 août 2023. Au reste, c’est peut-être parce qu’il sait qu’il ne convainc plus personne de sa capacité à endiguer le désastre climatique que le gouvernement se doit de mettre toute son énergie contre ceux qui comptent s’en charger par leurs propres moyens.

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7 août 2023 1 07 /08 /août /2023 19:07

 

 

https://aplutsoc.org/2023/08/05/solidarite-avec-les-greves-du-gmb-au-depot-de-munitions-de-beith-gb/

https://ukrainesolidaritycampaign.org/2023/08/04/solidarity-with-the-gmb-strikes-at-beith-munitions-depot/

 

Solidarité avec les grèves du syndicat britannique General Municipal Boilermakers (GMB) au dépôt de munitions de Beith

Samedi 5 Août 2023

Le syndicat GMB, l’un des plus gros syndicats britanniques, mène une lutte pour les salaires au dépôt de munitions de Beith en Écosse. Ce dépôt joue un rôle important dans le circuit d’acheminement des armes envoyées par la Grande Bretagne à l’Ukraine. Il est remarquable que les grévistes reçoivent un plein soutien des syndicats ukrainiens qui comprennent très bien l’enjeu du renforcement des conditions salariales des salariés britanniques.

Ainsi, tout en soutenant la lutte de libération nationale menée par le peuple ukrainien contre l’agression impérialiste de Vladimir Poutine, il est possible et nécessaire d’appuyer les grèves des travailleurs britanniques, y compris dans les industries d’armement.

Pour mémoire, c’était la ligne pratiquée par la Workers International League (WIL) de Ted Grant de 1940 à 1944, qui gagna un certain crédit en appuyant et en aidant au développement des grèves sauvages, interdites pour cause d’union sacrée, dans toutes les industries britanniques tout en faisant une propagande sur le thème que c’était aux travailleurs de battre Adolf Hitler à leur manière et pas à la manière de Winston Churchill.

L’Ukraine Solidarity Campaign Scotland (USCS) s’est jointe aux membres du syndicat GMB dans une manifestation de solidarité lors de leur grève au dépôt d’équipement et de soutien militaire à Beith cette semaine.

Les travailleurs d’un dépôt de munitions dans l’Ayrshire font campagne contre les salaires effroyablement bas versés aux travailleurs. Le litige porte sur l’existence d’une main-d’œuvre à deux vitesses dans le dépôt. Les cadres et les ouvriers qualifiés reçoivent des primes, mais les ouvriers spécialisés ne reçoivent pas de primes.

Pour aggraver les choses, leur taux de rémunération horaire actuel est de vingt-trois pence de plus que le salaire vital national minimum de dix livres sterling. Un responsable du GMB a dit que « cela signifie que ces travailleurs reçoivent moins pour déplacer d’énormes bombes qu’ils ne le feraient pour une boîte de haricots dans un magasin, sans offenser les travailleurs qui travaillent dans le commerce de détail ».

La grève a reçu le soutien de la confédération des syndicats libres d’Ukraine (KVPU). Dans un message de soutien à son président, Mykhailo Volynets a écrit que « les approvisionnements que vous assurez sont une bouée de sauvetage pour les civils dans les villes constamment attaquées par les forces russes, ainsi que pour les braves militaires ukrainiens en première ligne. Nous apprécions sincèrement votre engagement à soutenir les travailleurs ukrainiens en ces temps difficiles et nous sommes solidaires avec les militants de votre syndicat dans leur lutte. Nous exhortons l’employeur à négocier pour résoudre le problème le plus rapidement possible ».

La grève a également été soutenue par la députée ukrainienne Lesia Vasylenko, « le travail effectué par les militants de GMB Scotland à Beith ne pourrait pas être plus important pour l’Ukraine alors que nous luttons pour notre liberté. Je remercie chacun d’entre eux pour leurs efforts, je soutiens leur combat pour l’équité et j’exhorte le management à négocier rapidement la fin de ce conflit et à assurer la poursuite de leur travail crucial ».

Une nouvelle grève est prévue, Lundi 7 Août 2023. Nous appelons ceux qui soutiennent l’Ukraine à rejoindre la ligne du piquet de grève et à se tenir aux côtés des militants du GMB.

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7 août 2023 1 07 /08 /août /2023 18:40

 

 

https://www.reuters.com/article/ukraine-cirse-russie-economie-idFRKBN2ZF0G0

 

La Russie double ses dépenses militaires prévues en 2023 (Reuters)

La Russie a doublé son objectif de dépenses de défense pour 2023 à plus de quatre-vingt-dix milliards d’euros, soit un tiers de toutes les dépenses publiques, selon un document du gouvernement examiné par Reuters, alors que les coûts de la guerre en Ukraine grimpent en flèche et pèsent de plus en plus sur les finances de Moscou.

Les chiffres indiqués par le document éclairent sur le coût du conflit, alors que les données sectorisées sur les dépenses budgétaires ne sont plus publiées.

Les chiffres montrent que, au premier semestre 2023, la Russie a dépensé douze pour cent de plus pour la défense que ce qu’elle avait initialement prévu de dépenser sur l’ensemble de l’année, le surcoût atteignant six cent milliards de roubles, cinq milliards huit cent millions d’euros, sur quatre mille neuf cent quatre-vingt milliards de roubles prévus.

Les dépenses de défense au cours des six premiers mois de 2023 se sont élevées à cinq mille cinq cent quatre-vingt-dix milliards de roubles, soit trente-sept pour cent des dépenses budgétaires totales qui atteignent quatorze mille neuf cent soixante-dix milliards de roubles sur la période, selon le document.

Le plan budgétaire de la Russie prévoyait de consacrer dix-sept pour cent du budget à la défense. Le gouvernement russe et le ministère des Finances n’ont pas répondu aux demandes de commentaires.

L’augmentation du coût de la guerre soutient la modeste reprise économique de la Russie cette année grâce à une production industrielle plus élevée, mais elle a poussé le budget vers un déficit d’environ vingt-six milliards d’euros, un chiffre aggravé par la baisse des recettes d’exportation.

L’augmentation des dépenses de défense pourrait creuser davantage le déficit, tandis que l’importance de la production industrielle pourrait cannibaliser d’autres secteurs et évincer l’investissement privé.

Les calculs de Reuters basés sur les données du document montrent que la Russie a dépensé pour la défense, au premier semestre, dix-neuf pour cent du budget initialement alloué pour l’ensemble de 2023.

Les dernières données accessibles au public montrent que Moscou a dépensé deux mille milliards de roubles pour l’armée au mois de janvier et au mois de février 2023. Au cours du premier semestre de l’année 2023, les dépenses budgétaires ont augmenté de deux mille quatre cent quarante milliards de roubles par rapport à la même période de 2022 et, selon le document, quatre-vingt-dix-sept pour cent de cette somme supplémentaire a été consacrée au secteur de la défense.

Le document fournit une nouvelle estimation des dépenses annuelles de défense, qui atteindraient désormais neuf mille sept cent milliards de roubles, soit un tiers des dépenses budgétaires totales prévues pour 2023, qui s’élèvent à vingt-neuf mille milliards de roubles. Il s’agirait de la part la plus élevée depuis au moins la dernière décennie.

Entre 2011 et 2022, la Russie a consacré un minimum entre treize pour cent et vingt-trois pour cent de son budget à la défense. Depuis le début de l’année, la Russie a déjà dépensé cinquante-sept pour cent du nouvel objectif budgétaire de dépenses de défense, selon le document.

La production militaire a été le moteur d’une forte reprise de la production industrielle et les analystes estiment que les contrats de défense de l’état ont été un élément clé du rebond de l’économie russe, en croissance depuis le début de l’année 2023 après une contraction de deux pour cent en 2022.

Le financement de la défense fait partie des dépenses classifiées, mais certaines données, bien qu’elles ne soient plus publiques, sont diffusées. Le document montre par exemple que la Russie a dépensé près de mille milliards de roubles pour les salaires des militaires au cours du premier semestre, soit cinq cent quarante-trois milliards de roubles de plus qu’au cours de la même période de 2022.

Le vice-premier ministre Denis Mantourov a déclaré au mois de juillet 2023 que l’industrie de la défense produisait désormais plus de munitions chaque mois que pendant toute l’année 2022.

Le financement des écoles, des hôpitaux et des routes, a déjà été réduit en 2023 au profit de la défense et d’autres domaines pourraient subir des coupes.

« Le complexe militaro-industriel soutient la croissance industrielle, tandis que les industries civiles ralentissent à nouveau », a déclaré Dmitri Polevoy, responsable des investissements chez Locko-Invest, après la publication, la semaine dernière, des données relatives à la production industrielle pour le mois de juin 2023.

Ces données montrent une augmentation de six pour cent en glissement annuel, en grande partie grâce à l’effet de base faible de l’année dernière. Hors variations saisonnières, la croissance est stable.

Evguéni Souvorov, économiste de Centro Credit Bank, explique que l’industrie militaire fonctionnait à pleine capacité.

« Nous ne savons pas jusqu’à quel point il est possible d’augmenter la production de chars et de missiles », a déclaré Evguéni Souvorov sur son canal Telegram, « mais nous savons que l’augmentation de cette production n’est possible qu’au prix d’une hémorragie de personnel dans d’autres secteurs de l’économie ».

La Russie, exportatrice nette, affiche généralement des excédents budgétaires, mais elle fera état d’un déficit pour la deuxième année consécutive, la valeur des exportations d’énergie ayant chuté de quarante-sept pour cent en glissement annuel au cours du premier semestre de l’année 2023.

L’augmentation des dépenses budgétaires accroît les risques d’inflation et la banque centrale a relevé ses taux à huit pour cent au mois de juillet 2023. Les analystes s’attendent à ce que le taux directeur augmente encore.

La Banque de Russie prévoit une croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) d’un à deux pour cent en 2023, conformément aux prévisions des analystes interrogés par Reuters la semaine dernière.

Au mois d’avril 2023, le Fonds Monétaire International (FMI) prévoyait une croissance d’un pour cent en 2023, mais l’isolement de la Russie devrait assombrir ses perspectives pour les années à venir.

« Les aides fiscales abondantes ont un assez bon impact pour le moment, mais elles n’améliorent pas la position de l’économie à moyen ou à long terme », dit Dimitri Polevoy, « dès que l’assainissement budgétaire deviendra inévitable, l’économie ralentira rapidement ».

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7 août 2023 1 07 /08 /août /2023 18:20

 

 

https://www.msn.com/fr-fr/actualite/monde/frappes-ukrainiennes-contre-un-pont-de-crimée-disent-moscou-et-kyiv/ar-AA1eRZbc

 

Frappes ukrainiennes contre un pont de Crimée, disent Moscou et Kiev (Reuters)

L'Ukraine a frappé et endommagé Dimanche 6 Août 2023 le pont routier de Chonhar reliant le pays à la Crimée annexée par la Russie ainsi qu'un autre pont, plus petit, situé entre la ville de Henichesk et la côte nord-orientale de la péninsule, ont déclaré des représentants locaux nommés par Moscou et l'armée de Kiev.

Dans la messagerie Telegram, le directeur de la région de Crimée nommé par la Russie a déclaré que « l'ennemi a lancé une attaque de missile contre la zone du pont de Chonhar au nord de la Crimée ».

« Une partie du missile a été touchée par les défenses aériennes », a dit Serge Aksyonov, ajoutant que la surface de la chaussée a été endommagée, forçant à dérouter le trafic et à procéder à des réparations.

Le gouverneur intérimaire de la région de Kherson, Vladimir Saldo, lui aussi désigné par Moscou, a déclaré que l'attaque contre le pont de Chonhar, l'un des trois axes routiers reliant La Crimée à l'Ukraine territoriale, a été menée avec un missile Storm Shadow franco-britannique. Il n'a pas apporté de preuve de ses dires.

La direction des communications stratégiques de l'armée ukrainienne a confirmé qu'une frappe a endommagé la surface de la chaussée du pont, l'un des axes routiers utilisés par les troupes russes pour se déplacer entre la Crimée et d'autres parties du territoire ukrainien qu'elles contrôlent. Kiev avait déjà mené une attaque contre ce pont au mois de juin 2023.

Par ailleurs, le pont de Henichesk s'est affaissé après des frappes ukrainiennes, a indiqué la direction des communications stratégiques de l'armée ukrainienne, sans davantage de précisions.

D'après Vladimir Saldo, un civil qui circulait à bord de son véhicule a été blessé et un gazoduc desservant Henichesk, centre administratif temporaire de la Russie dans la région de Kherson, a été touché, privant de gaz plus de vingt mille personnes. Une école a aussi été endommagée, a-t-il ajouté.

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6 août 2023 7 06 /08 /août /2023 16:44

 

 

https://www.chroniquepalestine.com/guerre-populaire-en-cisjordanie-occupee/

https://www.raialyoum.com/war-in-the-west-bank/

 

Guerre populaire en Cisjordanie occupée

Par Abdel Bari Atwan

Mardi 27 Juin 2023

Face à l’occupation israélienne, la résistance palestinienne bouleverse les règles du jeu.

Il y a environ dix-huit mois, j’ai rencontré un éminent leader arabe qui s’était arrêté à Londres alors qu’il se rendait à une grande conférence internationale. La première question qu’il m’a posée était de savoir qui, selon moi, succéderait au président Mahmoud Abbas à la tête de l’Autorité Palestinienne, quelles politiques ce successeur mènerait et quel soutien populaire il pouvait espérer.

J’ai répondu qu’il n’y aurait pas de successeur à Mahmoud Abbas. L’alternative probable serait la résistance, un type différent de résistance armée et sophistiquée qui serait difficile à contrôler.

Mon interlocuteur a été surpris et a pensé que j’exagérais. J’espère qu’il se souvient de cette rencontre lorsqu’il suit la profusion d’opérations de résistance armée en Cisjordanie menées par divers groupes nouveaux et bien ancrés, sous le regard de l’Autorité Palestinienne, comme d’un badaud qui n’a rien à voir avec ce qui se passe.

Les huit cent mille colons armés de Cisjordanie se transforment rapidement en milices terroristes au-dessus de toute loi, protégées par l’armée israélienne et la couverture internationale américaine et européenne, pour exécuter les plans de Benjamin Netanyahu et de ses alliés Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich.

Mais les résultats pourraient être contraires à ceux escomptés, en provoquant une réaction palestinienne qui ébranle la sécurité et la stabilité de l’état sioniste d’une manière qui pourrait finalement conduire à son effondrement.

L’armement du peuple palestinien de Cisjordanie et de ses camarades syriens du Golan occupé, également en révolte, sera une option clé dans la période à venir.

Lorsque les autorités d’occupation manquent à leur obligation légale de protéger les personnes vivant sous leur occupation contre les meurtres et les incendies criminels perpétrés par les milices des colons, l’armement du peuple devient la seule option légitime et logique.

Nous avons vu ces milices en action, menant des pogroms contre des villes et des villages palestiniens dans les régions de Ramallah, siège de l’Autorité Palestinienne, Naplouse et al-Bireh, en particulier le village de Turmusaya dans lequel un palestinien a été assassiné, des dizaines d’autres palestiniens ont été blessés et des centaines de maisons et de véhicules ont été incendiés.

Lorsque le ministre nazi Itamar Ben-Gvir exige l’aplanissement des maisons, que Benjamin Netanyahu surenchérit en annonçant la construction de mille unités de peuplement dans la colonie d’Eli, lieu de la dernière opération palestinienne de représailles au cours de laquelle quatre colons ont été tués et sept soldats israéliens ont été blessés, et que Bezalel Smotrich menace d’une opération militaire massive dans le nord de la Cisjordanie impliquant des dizaines de milliers de soldats, nous n’avons plus affaire à un état, mais à une bande de gangsters criminels.

Le monde arabe et la communauté internationale doivent les traiter comme tels. L’opération militaire d’envergure dont parle le trio est censée ressembler à l’opération Bouclier Défensif lancée en 2002 pour tenter d’écraser la première intifada armée.

Trente mille soldats et des centaines de chars et de véhicules blindés ont été déployés à cette fin, mais ils n’ont pas atteint leur objectif. La fin de l’intifada en 2005 n’est pas la conséquence de cette opération armée, c’est la conséquence de la fraude internationale à laquelle l’Autorité Palestinienne s’est laissée prendre, à savoir le mensonge de la feuille de route et du Quartet.

Il convient de rappeler que, à l’époque, les forces de sécurité de l’Autorité Palestinienne se sont rangées du côté de l’intifada armée et elles ont fait leur devoir en utilisant leurs armes pour servir et protéger leur peuple. Nous pouvons nous attendre à ce que les forces de sécurité actuelles de l’Autorité Palestinienne, fortes de soixante mille hommes, suivent la même voie et descendent dans la rue pour protéger leur peuple, d’autant plus que la direction de l’Autorité Palestinienne est en suspens.

La Cisjordanie est désormais en état de guerre. Il semble que nos frères et sœurs syriens du plateau du Golan aient adhéré à la théorie des fronts unis et qu’ils aient entamé leur propre intifada.

Si l’ennemi qui déploie des hélicoptères Apache, des drones et des chars, n’est pas en guerre, de quoi s’agit-il alors ?

Les opérations de résistance de cette année ne sont pas des réactions instantanées pour venger les martyrs du camp de réfugiés de Jénine, elles sont le produit d’une planification minutieuse et d’une forte détermination. C’est ce qui les différencie des précédentes et c’est ce qui donne des frissons aux colons de toute la Palestine.

Le site web israélien Kippa a cité un général de réserve qui a déclaré que les événements de Jénine étaient sans précédent. Il ne s’agissait pas de quelques hommes armés tirant contre des véhicules blindés, mais d’une véritable bataille impliquant plus d’une centaine de combattants.

D’autres généraux ont déclaré au site web de renseignement Walla que l’embuscade sophistiquée tendue à Jénine et d’autres opérations en Cisjordanie ont changé les règles du jeu et qu’elles présagent une nouvelle escalade majeure dans la région.

Lorsque notre peuple du Golan se soulèvera et que Walid Joumblatt changera son fusil d’épaule et qu’il appellera à fournir des armes aux révolutionnaires de Jénine, de Naplouse et du Golan, alors l’écriture sera vraiment sur le mur et ce ne sera que le début.

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6 août 2023 7 06 /08 /août /2023 16:18

 

 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/08/06/guerre-en-ukraine-l-efficacite-des-sanctions-en-question_6184616_3232.html

 

Guerre en Ukraine, l’efficacité des sanctions en question

Éditorial du Monde

Faute d’un contexte géopolitique adapté, les sanctions n’ont pas mis à genoux la Russie, en témoigne notre enquête sur la flotte fantôme qui transporte clandestinement le pétrole russe et qui représente de dix pour cent à vingt pour cent de la capacité totale de transport de la flotte mondiale de pétroliers.

L’Inde, nouvelle puissance pétrolière, le doublement en un an de ses exportations de produits pétroliers vers l’Union Européenne peut en donner l’illusion. Comme le raconte l’enquête minutieuse publiée par le Monde à propos du pétrole russe, il ne s’agit en fait que de la conséquence de l’affaiblissement de l’arme diplomatique des sanctions. L’Inde achète en effet ce pétrole proscrit dans de nombreux pays à bas prix pour le raffiner et le réexporter.

Les sanctions ont constitué initialement le cœur de la riposte occidentale à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, prélude à une guerre conventionnelle dont nous ne voyons pas la fin. En s’attaquant aux exportations d’hydrocarbures sur lesquelles repose le régime de Vladimir Poutine, les alliés de Kiev ont espéré frapper Moscou plus efficacement qu’en sanctionnant un nombre toujours plus élevé de personnalités et d’entités économiques ou politiques.

Cette stratégie, qui n’épargne plus guère que le Gaz Naturel Liquéfié (GNL) russe, a incontestablement produit des effets sur les finances russes. Si elle a résolu pour ses architectes une impossible contradiction, le financement de fait d’une guerre qu’ils dénoncent, elle n’a cependant pas mis à genoux la Russie, faute d’un contexte géopolitique adapté.

Le dernier succès diplomatique obtenu par des sanctions, la reprise des négociations sur le nucléaire iranien, qui avaient débouché en 2015 sur un accord hélas déchiré par Donald Trump après son arrivée à la Maison Blanche, rappelle que cette arme diplomatique ne peut être efficace que si elle bénéficie d’un solide consensus international. Faute de pouvoir rassembler ensuite la vaste coalition mise alors sur pied par son prédécesseur, Barack Obama, les pressions maximales unilatéralement imposées par Washington ont été incapables de faire fléchir Téhéran.

Il en va de même avec l’endiguement économique et industriel de la Russie, compromis par un trop grand nombre de contournements. La flotte fantôme qui transporte clandestinement le pétrole russe, que met en évidence notre enquête, représente de dix pour cent à vingt pour cent de la capacité totale de transport mondiale. Elle permet donc de passer outre à ces sanctions, y compris par des pays-clés particulièrement courtisés par les occidentaux, à commencer par l’Inde.

L’étanchéité du dispositif est même compromise dans les deux sens, puisque la Russie parvient toujours à se procurer par ailleurs des composants électroniques indispensables pour une industrie d’armement particulièrement sollicitée par une guerre de haute intensité. Les sanctions se heurtent là à la politique. L’endiguement impliquerait de durcir le ton vis-à-vis de pays tiers, comme le Kazakhstan, au moment où les occidentaux espèrent les détacher de l’orbite russe.

Longtemps, la politique des sanctions a été critiquée pour des raisons morales, parce qu’elle frappait directement les populations civiles, alors que les régimes qu’elle visait parvenaient à s’en accommoder, voire à la retourner à leur profit, comme ce fut le cas en Irak avec le programme de pétrole contre nourriture de l’Organisation des Nations Unies (ONU) de 1996 à 2003. Devenues une réponse automatique aux crises, pénalisées au sein des états de l’Union Européenne par l’absence d’une vérification dissuasive de leur respect, les sanctions voient aujourd’hui leur efficacité plus que jamais remise en question.

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6 août 2023 7 06 /08 /août /2023 16:03

 

 

https://www.reuters.com/article/ukraine-crise-attaque-citerne-idFRKBN2ZG04V

 

Pétrolier russe frappé par un drone ukrainien, près du pont de Crimée (Reuters)

Un pétrolier russe sous le coup de sanctions américaines a été endommagé par une attaque de drone dans le détroit de Kertch, près du pont stratégique reliant la Russie à la Crimée, ont déclaré des responsables russes, Samedi 5 Août 2023.

Cette attaque contre le navire-citerne SIG n’a pas fait de victime, mais le trafic sur le pont de Crimée et le transport par ferry ont été suspendus pendant plusieurs heures, ont indiqué les autorités de Crimée, annexée par Moscou en 2014.

Le drone naval ukrainien transportait quatre cent cinquante kilogrammes d’explosifs et il a frappé le pétrolier qui transportait du carburant pour l’armée russe, a déclaré à Reuters une source des services de renseignements ukrainiens.

L’attaque a été menée conjointement par le service de sécurité d’Ukraine (SBU) et par la marine nationale dans les eaux territoriales ukrainiennes, a ajouté la source.

Le navire et son propriétaire, la société russe Transpetrochart basée à Saint-Pétersbourg, font l’objet de sanctions américaines depuis 2019 pour avoir fourni du carburant aux forces russes en Syrie.

L’agence fédérale russe des transports maritimes et fluviaux a déclaré dans un communiqué sur l’application de messagerie Telegram qu’une attaque de drone naval a fait un trou dans le pétrolier SIG côté tribord près de la ligne de flottaison.

Selon les médias russes, le pétrolier, qui s’approchait du détroit de Kertch entre la Mer Noire et la Mer d’Azov, a été touché par des drones ukrainiens.

L’agence Interfax Ukraine, citant une source anonyme des services ukrainiens de sécurité, a rapporté que l’attaque avait été menée par les forces navales de l’Ukraine à l’aide de drones. Reuters n’a pas été en mesure de vérifier ces informations dans l’immédiat.

Vendredi 4 Août 2023, un navire de guerre russe a été endommagé dans le port de Novorossiisk, sur la rive orientale de la Mer Noire. Selon l’agence de presse ukrainienne Unian, trois explosions ont été signalées dans la région.

Le pont de Crimée n’a pas été visé, a déclaré Oleg Kryoutchkov, conseiller du gouverneur de Crimée installé par la Russie, « une fois de plus, il n’y a pas eu d’attaque directe contre le pont de Crimée et il n’y a pas eu d’explosion dans les environs immédiats ».

Vladimir Rogov, un leader de l’autorité régionale d’occupation installée par Moscou à Zaporijjia, a publié sur Telegram un clip audio dans lequel l’équipage du pétrolier demande à être remorqué.

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6 août 2023 7 06 /08 /août /2023 15:48

 

 

https://aplutsoc.org/2023/08/05/campisme-par-pascal-morsu/

 

Campisme

Par Pascal Morsu

Samedi 5 Août 2023

L’agression russe contre l’Ukraine et les inévitables débats internes au mouvement ouvrier qu’elle occasionne a fait ressurgir le terme de campisme. A ce propos, nous avons pu lire diverses explications, pas toujours justes selon moi, d’où ce bref billet.

La discussion trouve en fait ses origines dans les conceptions défendues au début des années 1950 par Michel Pablo, alors secrétaire de la Quatrième Internationale. En 1951, celui-ci affirme que « la réalité sociale objective, pour notre mouvement, est composée essentiellement du régime capitaliste et du monde stalinien. Du reste, que nous le voulions ou bien que nous ne le voulions pas, ces deux éléments constituent la réalité objective tout court, car l’écrasante majorité des forces opposées au capitalisme se trouvent actuellement dirigées ou influencées par la bureaucratie soviétique ».

Exit la lutte de classes comme facteur premier de la réalité sociale objective et les contradictions internes au monde stalinien, nous pouvions comprendre où tout ceci menait en lisant la brochure que Michel Pablo publia en 1952, « la bureaucratie soviétique elle-même, malgré son conservatisme et son caractère contre-révolutionnaire organique, sera obligée de donner une certaine impulsion révolutionnaire aux masses qu’elle contrôle ou influence. Devant le danger qui en ce moment est le danger imminent et principal de se trouver battue par l’impérialisme et d’être détruite ainsi en tant que couche sociale privilégiée qui tire ses avantages et sa puissance des fondements économiques et sociaux actuels de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS), la bureaucratie soviétique est obligée à sa manière de défendre ces bases ».

Si l’appareil du Kremlin pouvait donner une certaine impulsion révolutionnaire aux masses, il eut été irresponsable de ne pas l’y encourager. Bref, tout ceci ne pouvait que mener au renoncement au combat contre le stalinisme et à réaligner la Quatrième Internationale comme aile gauche de l’appareil international du stalinisme.

Ce que confirme un compte-rendu du troisième congrès de la Quatrième Internationale en 1951, « Michel Pablo rappelle que l’attachement à la défense de l’URSS et de la Chine nous permet d’être dans le même camp que les forces révolutionnaires mondiales opposées à celles de l’impérialisme ».

La Quatrième Internationale dans le même camp que Mao Zedong et Joseph Staline, en fait, les thèses pablistes n’étaient que la réfraction de la pression du stalinisme, alors au faîte de sa puissance, sur le mouvement trotskyste.

Les positions défendues par Michel Pablo remettaient en question de fond en comble les positions défendues par la Quatrième Internationale, y compris après la mort de Léon Trotsky. Ainsi un manifeste de 1946 affirmait-il que « l’oligarchie du Kremlin favorise les desseins de l’impérialisme contre l’URSS ellemême et en même temps elle entreprend la tâche de supprimer directement les mouvements indépendants des masses pour leur émancipation, mouvements dont elle partage la haine et la crainte avec les leaders capitalistes. Seule l’action révolutionnaire des masses peut contrecarrer les plans de rapine de l’impérialisme, défendre et étendre le bouleversement social de la révolution russe du mois d’octobre 1917 ».

À l’époque, il s’agissait donc bien de combattre à la fois l’impérialisme et le stalinisme, contre Wall Street et contre le Kremlin. Nous mesurons donc l’ampleur du tournant que défendait Michel Pablo.

Tout ceci suscita un tollé dans la Quatrième Internationale. Le premier à s’exprimer fut Marcel Bleibtreu, leader du Parti Communiste Internationaliste (PCI), Section Française de la Quatrième Internationale (SFQI). Dans un texte important dont le titre était « où va le camarade Michel Pablo », en 1951, il dénonçait une ébauche de révision sur la nature de la bureaucratie, « le principal danger de l’explication donnée par Michel Pablo est qu’elle a pour effet de masquer le caractère organiquement contre-révolutionnaire de la bureaucratie ouvrière de l’URSS ».

Quelques mois plus tard, tout ceci mena à la scission. A cette occasion, la direction du parti américain, le Socialist Workers Party (SWP), publia une lettre aux trotskystes du monde entier, dans laquelle elle dénonçait le suivisme pabliste vis-à-vis du stalinisme. Notamment, le SWP des Etats Unis dénonçait le refus de revendiquer le retrait des troupes russes qui avaient été envoyées en République Démocratique Allemande (RDA) pour mater la révolte des ouvriers de la RDA au mois de juin 1953.

Ultérieurement, en ce qui concerne la France, l’Organisation Communiste Internationaliste (OCI) de Pierre Lambert reprit à son compté et développa l’essentiel des conceptions défendues par Marcel Bleibtreu, en particulier dans Défense du Trotskysme de Stéphane Just.

En 2002, Daniel Bensaïd, leader de la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR), publie un petit livre qui présente sa vision de l’histoire de ce mouvement.

Cinquante ans après l’effondrement de la Quatrième Internationale et quatre ans après la mort de Michel Pablo, les successeurs des leaders trotskystes qui l’avaient soutenu pouvaient donc revenir sur la politique suivie à partir de 1951 sans risque de se déchirer à ce propos. L’enjeu immédiat de ces débats s’était largement estompé en ces années où le stalinisme était déjà en loques.

Dans ce bref texte, Daniel Bensaïd reconnaissait donc que, sur l’essentiel, les critiques des adversaires de Michel Pablo étaient justifiées. Plus précisément, il écrivait que l’accusation de campisme et de conciliation avec la bureaucratie soviétique portée par les contradicteurs de Michel Pablo était une accusation justifiée.

C’est la première fois que, pour ma part, j’ai vu employé ce mot de campisme. Il désigne donc une méthode consistant à partir des camps en présence dans une situation donnée, donc des grandes puissances, au lieu de partir de la lutte des classes fondamentales.

Notamment, le campisme consiste à soutenir tout camp s’opposant à l’impérialisme dominant, l’impérialisme américain, les fameuses forces révolutionnaires mondiales opposées à celles de l’impérialisme, comme disait et écrivait Michel Pablo. Avec le temps, ces forces sont devenues très diverses, au-delà des staliniens, des groupes ont soutenu par exemple le régime de Rouhollah Khomeyni.

L’agression russe contre l’Ukraine entamée le 24 février 2022 a remis la question du campisme à l’ordre du jour.

Pour un marxiste, incontestablement la situation est complexe. Au nom du nécessaire combat contre l’impérialisme américain, peut-on piétiner le droit du peuple ukrainien à disposer de lui-même ? Inversement, le soutien au peuple ukrainien justifierait-il de s’aligner sur l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), l’Union Européenne et autres organisations impérialistes ?

En tout cas, au nom de la lutte contre l’impérialisme, voire du gouvernement d’Emmanuel Macron, diverses organisations trotskystes se sont engagées dans une politique de complaisance envers la dictature du Kremlin.

Nous savons que, fondamentalement, la guerre actuelle est le produit de la politique de remise en place de la prison des peuples par Vladimir Poutine et son régime, après la Tchétchénie, la Géorgie et la Biélorussie. Pourtant, niant l’évidence, et les discours de Vladimir Poutine lui-même, ces groupes présentent l’OTAN et les impérialismes occidentaux comme au moins coresponsables de la guerre, ce qui revient à minorer les crimes du Kremlin depuis 2014.

D’autres groupes minimisent le poids des crimes du stalinisme en Ukraine et ils relaient la propagande du Kremlin qui présente le gouvernement de Volodimir Zelinsky comme un gouvernement nazi, là encore contre toute évidence.

Ces organisations mènent aussi campagne contre le droit de l’Ukraine à disposer des armements nécessaires à la défense du pays. Dit autrement, ils militent pour laisser aux troupes de Vladimir Poutine leur supériorité militaire, dans un contexte où il est avéré que les troupes du Kremlin multiplient les crimes de guerre.

À l’évidence ces organisations n’accordent guère d’attention aux droits du peuple d’Ukraine, historiquement défendus par la Quatrième Internationale. La seule chose qui compte est de combattre l’impérialisme américain, l’OTAN et le gouvernement d’Emmanuel Macron, fût-ce au prix d’un alignement plus ou moins explicite sur la propagande du Kremlin.

Concernant cet aspect de la question, il faut rappeler ce qu’écrivait Léon Trotsky, « dans quatre-vingt-dix pour cent des cas, les ouvriers mettent bien un signe moins là où la bourgeoisie met un signe plus. Cependant, dans dix pour cent des cas il sont contraints de mettre le même signe que la bourgeoisie, mais ils le font avec leur propre position, exprimant ainsi leur défiance envers la bourgeoisie. La politique du prolétariat ne se déduit pas automatiquement de la politique de la bourgeoisie en mettant le signe contraire. Le parti révolutionnaire doit s’orienter chaque fois de façon indépendante ».

Appliquer cette méthode au cas de l’Ukraine, ce n’est pas s’opposer à ce qui va dans le sens de la défense de l’Ukraine, bien au contraire. C’est refuser toute union nationale sur ce terrain et ne pas accepter de s’embourber dans le soutien à l’OTAN.

Pour conclure, la politique suivie par ces organisations a peu à voir avec les principes de la Quatrième Internationale. Par contre, l’accusation de campisme portée contre elles est parfaitement légitime. Obnubilées par le combat à mener contre l’impérialisme, elles en ont oublié le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et par voie de conséquence leur devoir internationaliste de défense du peuple ukrainien.

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5 août 2023 6 05 /08 /août /2023 17:06

 

 

QUESTIONS INTERIEURES UKRAINIENNES

Par Bernard Fischer

Samedi 5 Août 2023

Je reçois de plus en plus de messages relatifs à l’économie, aux syndicats, aux travailleurs et aux questions intérieures ukrainiennes, et je comprends de moins en moins le sens de ces messages.

Je ne connais rien en fait des questions intérieures ukrainiennes et j’ai l’impression selon laquelle les rédacteurs et les diffuseurs de ces messages sont dans la même situation. J’ai l’impression selon laquelle ils parlent des questions intérieures ukrainiennes comme s’il n’y avait pas de guerre en Ukraine.

Nous sommes toujours dans une situation de prolongation et d’internationalisation de la guerre d’Ukraine. Depuis le début de la guerre il y a dix-huit mois maintenant, il y a toujours des questions simples sans réponses.

Par exemple, sommes-nous, oui ou non, pour l’adhésion de l’Ukraine à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et à l’Union Européenne ? Il y a une véritable union nationale en Ukraine par rapport à ces questions et, si des militants ukrainiens prenaient position contre ces deux questions, leur position serait totalement inaudible et incomprise.

Je cherchais et je ne trouvais pas de messages relatifs aux questions les plus simples de l’économie ukrainienne. Les chiffres les plus clairs sont la diminution de trente pour cent du Produit Intérieur Brut (PIB) de l’Ukraine en 2022 par rapport au PIB de l’Ukraine en 2021 et la destruction de deux cent cinquante entreprises, de six cent institutions médicales, de six cent écoles maternelles et de mille institutions d’éducation, en raison de la guerre. Je cherchais et je ne trouvais pas de messages relatifs au pouvoir d’achat, au niveau des salaires, au taux d’inflation et au taux de chômage des travailleurs ukrainiens.

Qui sont les propriétaires de la majorité des entreprises ukrainiennes, l’état ukrainien ou bien les oligarques ? Quel est le secteur économique majoritaire de l’économie ukrainienne, le secteur public ou bien le secteur capitaliste ? Comment les institutions ukrainiennes fonctionnent-elles ? Le parlement ukrainien vote-t-il le budget de l’état en excédent, en déficit ou bien en équilibre ? Quelle est la date des prochaines élections ? Y aura-t-il des listes d’union nationale ou bien le Mouvement Social par exemple ou bien d’autres partis présenteront-ils des candidats contre les candidats du parti du président ?  Quel est le pourcentage du budget de l’armée et des dépenses militaires dans le budget général de l’état ukrainien ?

Il y a dix-huit mois, des milliers et des dizaines de milliers de civils ukrainiens prenaient les armes pour la défense de leur pays. Combien y avait-il de soldats professionnels dans l’armée ukrainienne avant la guerre ? Combien y a-t-il de soldats ukrainiens dix-huit mois plus tard ? Combien y a-t-il de médecins, de professeurs, d’étudiants et de travailleurs de chaque secteur professionnel dans l’armée ukrainienne ? Y avait-il une industrie d’armement en Ukraine avant la guerre et cette industrie d’armement fonctionne-t-elle encore ou bien la totalité des armes de l’armée ukrainienne vient-elle des livraisons d’armes occidentales ? D’ailleurs, quelle est la meilleure solution, la fabrication des armes de l’armée ukrainienne en Ukraine, sous la menace de la destruction des usines d’armement par l’armée russe, ou bien l’importation de la totalité des armes ? L’aide militaire et économique massive occidentale à l’Ukraine n’est pas une aide gratuite, c’est une aide sous forme de prêts, dans une situation dans laquelle personne ne voit le moindre début de commencement de remboursement de cette dette dans un futur proche. De ce point de vue, la revendication d’annulation de la dette extérieure ukrainienne est une revendication importante. Nous sommes tout de même dans une situation extraordinaire dans laquelle il n’y a pas de conscription obligatoire, dans laquelle l’engagement dans l’armée est volontaire et dans laquelle il n’y a pas de refus collectif d’engagement dans l’armée. Les nouveaux soldats ukrainiens reçoivent-ils toujours leurs salaires et sont-ils toujours dans les effectifs de leurs anciennes entreprises d’avant la guerre ?

Je n’ai en fait aucune connaissance et aucune compétence en matière d’économie de guerre et j’ai l’impression selon laquelle les rédacteurs et les diffuseurs des messages relatifs aux questions intérieures ukrainiennes n’en ont pas non plus.

Dans ces conditions, ne donnons pas de leçons et faisons confiance au peuple ukrainien, ne faisons pas comme si cette guerre était d’abord et avant tout une question intérieure nationale ukrainienne, comme si cette guerre n’était pas dès le premier jour une guerre russe, européenne et mondiale, et comme si cette guerre ne concernait pas directement les citoyens des pays du monde entier.

La guerre d’Ukraine est la conséquence d’une agression extérieure et la paix sera le résultat de l’action d’une alliance politique, militaire et économique internationale. La guerre d’Ukraine n’a pas d’issue à l’intérieur des frontières de l’Ukraine. Il n’y a plus depuis longtemps de guerre nationale sans aucune intervention extérieure. Il n’y a plus depuis longtemps d’économie nationale à l’extérieur du marché impérialiste mondial.

Après la fin de la guerre, il faudra et il y aura un Conseil National de la Résistance ukrainienne et il y aura un nouveau plan Marshall pour l’Ukraine, mais nous n’en sommes pas là.

Il y avait récemment des discussions dans le Réseau Européen de Solidarité pour l’Ukraine (RESU) relatives à la question des armes à sous munitions et à la question des prisonniers politiques russes. Il y aura d’autres discussions.

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5 août 2023 6 05 /08 /août /2023 10:35

 

 

https://www.reuters.com/article/ukraine-crise-novorossysk-idFRKBN2ZF09Z

 

Un navire de guerre russe endommagé lors d'une attaque dans le port de Novorossisk (Reuters)

L’armée ukrainienne a fortement endommagé Vendredi 4 Août 2023 un navire russe au cours d’une attaque de drones dans la base navale russe de Novorossisk, sur la rive orientale de la Mer Noire.

Le port, qui gère deux pour cent de l’approvisionnement mondial en pétrole et d’où partent des exportations de céréales, a dû suspendre ses opérations civiles avant de reprendre son activité, selon le Caspian Pipeline Consortium qui y exploite un terminal pétrolier.

Le ministère russe de la défense a indiqué qu’une attaque ukrainienne conduite par deux drones avait été repoussée et que les drones avaient été détruits. Aucun dommage n’est mentionné dans le bref communiqué et le Kremlin n’a pas souhaité faire de commentaire.

Une source des services de renseignements ukrainiens a déclaré que l’Olenegorsky Gornyak, un bâtiment de débarquement de la marine russe avec une centaine d’hommes à bord, avait été touché par un drone maritime transportant quatre cent cinquante kilogrammes de Tri Nitro Toluène (TNT).

« A la suite de l’attaque, le navire russe Olenegorski Gorniak a subi de sérieuses brèches et il ne peut plus mener de missions de combat », a dit la source, « toutes les déclarations russes sur une attaque repoussée sont fausses ».

André Ryzhenko, capitaine de marine ukrainienne à la retraite, a estimé que les drones avaient parcouru sept cent quarante kilomètres depuis la zone de lancement présumée jusqu’à Novorossisk, ce qui représenterait une nette augmentation de leur portée.

« C’est la première fois que la marine ukrainienne projette sa puissance aussi loin », a dit le consultant.

Une source au fait des opérations portuaires a indiqué qu’un gros navire russe avait dû être ramené à terre après avoir été endommagé, sans préciser le nom du bateau.

L’Ukraine a fait référence à l’Olenegorsky Gornyak mais sans revendiquer directement la responsabilité de l’attaque.

« Nous disposons d’informations publiques indiquant qu’il est effectivement endommagé », a déclaré Natalia Humeniuk, porte-parole du commandement militaire du sud, « il est tout à fait légal de détruire le potentiel de l’ennemi en temps de guerre ».

André Kravtchenko, un responsable de la ville de Novorossisk, a indiqué sur Telegram que le navire russe Olenegorski Gorniak avait été l’un des premiers à réagir instantanément pour parer l’attaque ukrainienne.

Plus tôt dans la matinée du Vendredi 4 Août 2023, les réseaux sociaux s’étaient faits l’écho d’explosions et de tirs près du port qui contrôle notamment l’accès au détroit de Kertch, entre la Russie continentale et la Crimée.

Depuis que Moscou a refusé au mois de juillet 2023 de prolonger l’accord sur les exportations des céréales de la Mer Noire, les affrontements dans la zone se sont intensifiés. Des drones et des missiles russes ont ciblé plusieurs infrastructures portuaires ukrainiennes.

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